II.3.4. La guerre du pétrole dans la reconnaissance
du Sud-Soudan
En 2010, la Chine est devenue le premier consommateur mondial
d'énergie, devançant les Etats-Unis (P-A. Brand, 2005: 19).
Aussi, pour les autorités politiques chinoises, le pétrole est-il
devenu une véritable « obsession nationale ». Ne disposant que
de 1,7% de réserves mondiales d'hydrocarbures, ses besoins croissent de
façon vertigineuse. Vers 2020, la Chine devra importer chaque jour entre
10 et 15 millions de barils, plus du double de la production actuelle de
l'Arabie Saoudite, l'équivalent de toute la production
africaine.21 Pour pallier cet important déficit
énergétique, la Chine déploie sur l'ensemble des zones
stratégiques de la planète, une véritable «
diplomatie des ressources ». Elle opère un important
réexamen de sa politique d'importation de pétrole et met en
oeuvre une nouvelle politique énergétique. Dans cette
perspective, l'intérêt géostratégique pour l'Afrique
croît de façon exponentielle dans la politique
énergétique chinoise. Pour la Chine, les pays africains
constituent une sorte de « terre promise » (Fogue Tedom ; 2010: 265).
Au rang de ces derniers figure le Soudan.
Le Soudan dispose d'un sous-sol riche en hydrocarbures, le
brut soudanais assouvit à lui seul 10% des besoins pétroliers
chinois. En 2008, exportait quotidiennement en moyenne 800 000 barils de
pétrole du Soudan (Serge Michel et Michel Beuret ; 2008 268). Le Soudan
est le seul pays du continent africain où la Chine s'adonne à la
production pétrolière avec ses propres installations. Cela sera
d'ailleurs considéré comme un tel succès à
Pékin que tous les dirigeants de la CNPC seront
récompensés d'un avancement hiérarchique au sein du parti
communiste. La Chine y exploite le pétrole dans le bassin de Muglad, par
le biais de la China National Petroleum Corporation (CNPC), elle est devenue le
premier acheteur de pétrole et possède plus de 40% du consortium
soudanais Greeter Nile Petroleum Operating Compagny (GNPOC).22
Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis, la
diminution des réserves nationales de pétrole et la
dépendance qu'elle génère vis-à-vis des
fournisseurs étrangers, combinés à la nationalisation du
pétrole par Hugo Chavez, défunt-président de la
République bolivarienne du Venezuela, ont poussé l'ensemble de la
classe politique américaine à redéfinir de nouvelles zones
d'intérêt stratégique pour ses approvisionnements en
énergie. C'est dire que pareillement aux autres
21Serge Michel et Michel Beuret 2008: 272
22FweleyDiangitukwa ; 2009: 139
47
puissances industrielles, les ressources africaines,
soudanaises notamment, intéressent grandement les Etats-Unis (Fogue
Tedom : 2010). En effet; le soutien des États-Unis au gouvernement du
Sud-Soudan vise, depuis la proclamation de l'indépendance du Sud le 9
juillet 2011, à priver la Chine d'accès aux champs
pétroliers appartenant désormais au 193e État de la
planète : quelque 80 % des réserves de l'ex-Soudan (Raphael
Rossignol : 2011). Pour s'octroyer ces importantes ressources
pétrolières, endiguer la pénétration chinoise dans
le pays et neutraliser le régime islamiste de Khartoum, les Etats-Unis
mettent à contribution l'ensemble de leur dispositif de puissance.
L'intérêt porté au Soudan par les Américains s'est
confirmé sous la présidence Obama par la nomination d'un
envoyé spécial, Scott Gration, général à la
retraite. Sa tâche fut de promouvoir une politique d'ouverture envers le
gouvernement soudanais en jouant la politique de la carotte et du bâton
(pression et incitations), tout en veillant à garantir les
intérêts américains au Sud. C'est ainsi que a nommé
un représentant spécial du département d'état dans
les négociations entre Khartoum et les rebelles du Sud-Soudan.
Négociations qui ont abouti à l'Accord global de Paix, qui a mis
fin à la guerre entre le Nord et le Sud et ont permis au Sud
d'être indépendant en 2011 et ainsi affaiblir le Soudan, un des
plus importants partenaires africains de la Chine, en suscitant sa
dislocation.
Cette scission est d'autant plus préjudiciable pour
Pékin que les 3/4 des ressources pétrolières se trouvent
dans le sud, dans la sphère d'influence américaine. (Nzeugang,
Alexis, 2010: 220).
L'intensification de la coopération bilatérale
entre la Chine et le Soudan dans les domaines de la construction, de
l'agriculture, de l'éducation et de la santé, couplée
à une importante aide financière, fait de la Chine le plus
important partenaire économique du Soudan. Les échanges entre les
deux pays ont dépassé le seuil de trois milliards de dollars en
pétrole et possède plus de 40% du consortium soudanais Greeter
Nile Petroleum Operating Compagny (GNPOC) (Fweley Diangitukwa ; 2009: 139).
Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis, la
diminution des réserves nationales de pétrole et la
dépendance qu'elle génère vis-à-vis des
fournisseurs étrangers, combinés à la nationalisation du
pétrole par Hugo Chavez, défunt-président de la
République bolivarienne du Venezuela, ont poussé l'ensemble de la
classe politique américaine à redéfinir de nouvelles zones
d'intérêt stratégique pour ses approvisionnements en
énergie [8]. C'est dire que pareillement aux autres
48
puissances industrielles, les ressources africaines,
soudanaises notamment, intéressent grandement les Etats-Unis (Fogue
Tedom : 2010). En effet; le soutien des États-Unis au gouvernement du
Sud-Soudan vise, depuis la proclamation de l'indépendance du Sud le 9
juillet 2011, à priver la Chine d'accès aux champs
pétroliers appartenant désormais au 193e État de la
planète : quelque 80 % des réserves de l'ex-Soudan (Raphael
Rossignol : 2011). Pour s'octroyer ces importantes ressources
pétrolières, endiguer la pénétration chinoise dans
le pays et neutraliser le régime islamiste de Khartoum, les Etats-Unis
mettent à contribution l'ensemble de leur dispositif de puissance.
L'intérêt porté au Soudan par les Américains s'est
confirmé sous la présidence Obama par la nomination d'un
envoyé spécial, Scott Gration, général à la
retraite. Sa tâche fut de promouvoir une politique d'ouverture envers le
gouvernement soudanais en jouant la politique de la carotte et du bâton
(pression et incitations), tout en veillant à garantir les
intérêts américains au Sud. C'est ainsi que a nommé
un représentant spécial du département d'état dans
les négociations entre Khartoum et les rebelles du Sud-Soudan.
Négociations qui ont abouti à l'Accord global de Paix, qui a mis
fin à la guerre entre le Nord et le Sud et ont permis au Sud
d'être indépendant en 2011 et ainsi affaiblir le Soudan, un des
plus importants partenaires africains de la Chine, en suscitant sa
dislocation.
Cette scission est d'autant plus préjudiciable pour
Pékin que les 3/4 des ressources pétrolières se trouvent
dans le sud, dans la sphère d'influence américaine. (Nzeugang,
Alexis, 2010: 220)
L'intensification de la coopération
bilatérale entre la Chine et le Soudan dans les domaines de la
construction, de l'agriculture, de l'éducation et de la santé,
couplée à une importante aide financière, fait de la Chine
le plus important partenaire économique du Soudan. Les échanges
entre les deux pays ont dépassé le seuil de trois milliards de
dollars en2009. Aussi la Chine est-elle déterminée à
protéger le régime soudanais contre les pressions des puissances
occidentales. En effet, /a Chine « apporte son soutien au Soudan au
Conseil de sécurité de l'ONU sur la question du Darfour. Quand le
président Omar al-Bachir s'est opposé au déploiement des
troupes onusiennes en remplacement des soldats de l'Union africaine dans la
région de l'Ouest, la Chine, qui n'avait pas voté la
résolution en ce sens,
49
s'est aussi opposée à l'adoption de toute
sanction visant. le régime soudanais, avant de refuser, fin 2006, une
action internationale commune dans le cadre du règlement du conflit.
Privilégiant ses intérêts avec Khartoum» (Pierre
Péan ; 2011 : 481).
En effet, en 2004, Pékin menace de faire usage de
son droit de véto contre la résolution 1564 du Conseil de
sécurité, au sujet d'un embargo décrété sur
les armes à destination du Soudan, proposé par les
Américains. Bien plus, en août 2006, grâce au soutien
chinois le régime de Khartoum résiste aux pressions
internationales, notamment celles du Conseil de sécurité des
Nations-Unies qui, par l'entremise de la résolution 1706
prévoyait envoyer 17 300 casques bleus, relever les 7 000 casques blancs
de l'Union africaine. Qui plus est, le 23 octobre, Jan Pronk, le
représentant spécial du secrétaire général
de l'ONU, est expulsé du Soudan. Ainsi, « à mesure que les
sanctions américaines et internationales s'intensifient, l'emprise de la
Chine sur le Soudan se renforce » (Serge Michel et Michel Beuret ; 2008:
242-243).
La communauté internationale se trouve
obligée de négocier avec la Chine pour l'envoi des casques bleus.
Pékin, en position de force, soumet à conditions sa participation
à cette mission. La Chine se présente comme une « planche de
salut », qui investit lourdement au Soudan, lui livre des armes et lui
offre au conseil de sécurité des Nations-Unies une protection
sans faille.
Après avoir saisie l'essentiel de ce chapitre, abordons
à présent la question des conséquences de la non
application des droits des peuples Palestinien sur la vie sociopolitique et
sécurité internationale. Cela fait l'objet du chapitre
subséquent.
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