II.3. Aspects Géostratégiques
influençant la dualité dans la
reconnaissance des Etats Palestinien et Sud
Soudanais
II.3.1. La géostratégie et
géopolitique de la Palestine
La Palestine est située à l'intersection de la
rive asiatique et la rive africaine du Monde arabe, au point de jonction de la
route continentale des Indes et de la route maritime, le bassin syro
palestinien et son prolongement égyptien, au point de convergences des
voies d'eau du Moyen orient (Jourdain, Oronte, Hasbani, Zahrani) et des
gisements pétroliers de la péninsule arabique. L'existence de la
Palestine, de par son positionnement géographique, signe
stratégiquement la rupture de la continuité territoriale de
l'espace arabe.
Pour le malheur du peuple palestinien qui paie le prix de
cette entreprise de délocalisation de l'antisémitisme
récurrent de la société occidentale, et pour le plus grand
malheur des Arabes entravés de la possibilité de constituer une
masse critique à l'effet de peser sur les relations internationales.
Le conflit israélo-arabe se déroule au coeur
d'une région hautement stratégique dans la géopolitique
mondiale. En effet depuis le ter gisement découvert en 1908 à
Masjed soleyman, le pétrole et le gaz naturel ont placé le Proche
et le Moyen Orient au centre des conflits d'intérêts des
puissances industrielles. Les « majors » ont constitué un
« Etat dans l'Etat » et favorisé les intervention
sétrangères. Avec 46% des exportations mondiales de
pétrole et 60% de réserves prouvées de pétrole,
cette région est vouée à demeurer longtemps encore un
enjeu majeur de la géopolitique mondiale. Cet important réservoir
pétrolier suscite l'engouement des pays occidentaux, au ter chef les USA
qui pour le fonctionnement de leurs industries se doivent de sécuriser
les sources d'approvisionnement et pour ce faire, n'hésitent pas
à collaborer avec certains régimes pourtant jugés
autoritaires (Arabie Saoudite, Qatar, Koweït). Pour assurer la
pérennité de ces régimes alliés, les
américains proposent leur soutien sécuritaire lié au
problème crucial de la lutte contre le
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terrorisme.
Par ailleurs, il se pose le problème de la quête
hégémonique dans la région. Il convient de souligner que
le Proche et Moyen Orient n'étaient pas au départ un enjeu Est -
Ouest. Mais soucieuse de trouver des alliés, faire propager leur
idéologie et trouver des débouchés économique et
militaire l'URSS supporta les arabes radicaux et les USA, Israël et
certains pays arabes riches en pétrole. Mais devenant l'unique
superpuissance au lendemain de l'effondrement du bloc soviétique,
l'Amérique a outrageusement dominé et joui d'une influence
certaine dans le Proche-Orient. Cela se remarque à travers le soutien
indéfectible qu'apportent les USA à l'Etat hébreu pour sa
sécurité et pour sa survie et ainsi bloquer tout projet visant
l'indépendance de la Palestine, Etat qu'il considéré comme
un carrefour de promotion des Islamistes arabes.
Des analystes comme Patrick Seale ont
prouvé que la campagne militaire américaine en IRAK en mars 2003
a été motivée par l'envie de donner une leçon aux
arabes, par l'ambition de contrôler les importantes ressources
pétrolières irakiennes et peut être surtout par la
volonté d'améliorer l'environnement stratégique
d'Israël en écrasant un grand Etat arabe. Pour preuve, affirmait-il
dans "Jeune Afrique l'intelligent" N° 2397 du 17 au 23 décembre
2006 à la page 23 : « N'a -t-il pas été
démontré de façon incontestable que c'est le souci de la
sécurité de l'Etat hébreu, la volonté
d'écarter toute menace à l'Est et l'ambition de remodeler toute
la région à son avantage qui a incité le secrétaire
adjoint à la Défense Paul Wolfowitz et son collègue
Douglas Feith à faire campagne pour la guerre en Irak ? ». Mais
l'attachement des USA à ce conflit s'explique aussi par le souci
d'assurer leur propre sécurité. En effet au lendemain du 11
septembre 2001 les amis arabes et des alliés européens de
Washington ont donné à croire que Ben Laden devait son audience
au conflit israélo-arabe (référence aux propos de Ben
Laden qui prônent le djihad islamique international contre les
croisés et les juifs) que les USA avaient tout intérêt pour
apaiser les tensions au Moyen-Orient, pour atténuer
l'antiaméricanisme, à faire un geste en direction des
palestiniens. Aussi les USA se servent-ils du conflit israélo-arabe non
seulement pour diviser le monde arabe, son unité constituant un danger
pour les intérêts mais aussi pour la sécurité d'un
Etat faisant partie du monde judéo-chrétien.
L'autre enjeu stratégique du conflit
Israélo-arabe est la lutte pour le leadership dans la région. Il
s'installe indubitablement dans le Moyen Orient une
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concurrence acharnée entre certains Etats, chacun
voulant apparaître comme le leader de la cause arabe.
C'est le cas de l'Iran (Perse), adversaire plus sérieux
de la puissance américaine dont les ambitions semblent être
purement régionales et défensives. Téhéran cherche
à rompre l'isolement artificiel que lui ont imposé les USA et,
veut être reconnu comme une puissance de premier plan dans le Golfe et
comme le protecteur des communautés chiites partout dans le monde. Sur
le plan militaire, plutôt qu'à attaquer d'autres pays, il cherche
à se doter de moyens qui lui permettraient de contrer, voire
d'empêcher une attaque et d'échapper à une
dévastation à l'irakienne.
La Syrie manifeste le désir d'être aussi
présente sur la scène israélo-arabe. En effet, elle est
fortement présente au Liban à travers les soutiens incontestables
qu'elle apporte au mouvement armé, le Hezbollah (le Hezbollah en
permanente confrontation avec l'Etat hébreu). Officiellement, les
revendications du Hezbollah consistent en la récupération des
fermes de Chebab ainsi que la libération de quelques anciens dignitaires
libanais. Mais la Syrie a besoin de garder de l'influence au Liban pour
empêcher Israël ou autre puissance hostile d'installer sur ce
territoire une tête de pont à partir de laquelle seraient
lancées des opérations contre elle. Elle cherche néanmoins
à normaliser ses relations avec les Etats-Unis et Israël d'une part
en lançant des négociations avec Israël sur le retrait de
l'armée Israélienne du plateau de Golan, d'autre part à
aider l'armée américaine à lutter efficacement contre le
terrorisme islamiste en Irak, potentiel terreau d'aggravation de la crise
Israélo-arabe.
Au plan régional, l'Arabie Saoudite, pays arabe
à majorité sunnite nourrit aussi des ambitions de leadership.
En effet, elle constitue le 1er, pays exportateur
du pétrole et compte sur son allié américain qui lui
apporte des soutiens militaires pour s'imposer dans la région. Elle joue
un rôle déterminant dans le règlement du conflit
Israélo-arabe à travers des plans de paix proposés
à Israël par la ligue arabe dont elle est l'initiatrice.
Quant à l'Egypte, elle est présente sur la
scène israélo-arabe depuis la période de la guerre froide,
et n'a jamais renoncé à cette position de leader qu'elle entend
toujours préserver. Pour ce faire, elle a renforcé les liens avec
les USA sur le plan militaire (financement de son budget militaire) dans leur
lutte contre le terrorisme.
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L'Egypte constitue également un Etat dominé par
les sunnites dont le symbole est la mosquée d'Al Azhar et manifeste la
ferme volonté de contrôler le mouvement de la défense de la
cause arabe face à la montée en puissance de l'Islam chiite dont
le centre se trouve en Iran.
L'Etat d'Israël, pays du Moyen-Orient est baigné
par la Méditerranée à l'ouest, bordé par le Liban
au nord, par la Syrie et la Jordanie à l'est, le golfe d'Aqaba et
l'Égypte au sud. Les frontières actuelles, issues du partage de
la Palestine, ne correspondent pas à celles qui ont été
fixées, le 14 mai 1948, lors de la proclamation de l'État
d'Israël par l'Organisation des Nations unies.
Au lendemain des accords d'armistice de 1949, Israël
s'est retrouvé avec des frontières élargies (de 14 100 km2
à 20 770 km2); celles-ci se sont encore agrandies
après la guerre des Six Jours (juin 1967) avec la conquête du
Sinaï, de la bande de Gaza, de la Cisjordanie, de la partie arabe de
Jérusalem et du Golan.
Ces territoires annexés par Israël n'appartiennent
pas à l'Etat d'Israël. En 1993, selon les accords d'Oslo de la
bande de Gaza et de la ville de Jéricho en Cisjordanie devaient devenir
autonome. Suite à ce traité, un Etat palestinien devait voir le
jour. En août 2005, Israël a décidé de quitter la
bande de Gaza, tout en conservant le contrôle des frontières:
à l'heure actuelle, tous les- territoires palestiniens sont toujours
occupés et contrôlés par l'armée
israélienne.
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