2-1-2-2- La théorie du « cens caché
» de la participation de D. Gaxie
Cette théorie est développée par D. Gaxie
en 1978 dans son ouvrage le Cens caché. Elle stipule
que : dans un régime censitaire, la participation au vote est
subordonnée soit à la détention d'un patrimoine, soit
à la perception d'un revenu. Les régimes démocratiques
contemporains reposent par contre sur le suffrage universel. Or, pour D. Gaxie,
qui s'inspire des travaux de P. Bourdieu (2000), il existe un « cens
caché ». Selon lui, la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la « chose publique
» qui dépend, en définitive, d'un habitus de classe. Dans un
système démocratique, cette inégalité Conduit
à une division entre d'une part, les professionnels de la politique et,
d'autre part, les spectateurs et les indifférents, doublement
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 22
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
marqués par une faible maîtrise des
schémas de classification et d'évaluation en rapport avec
l'organisation publique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique.
De cette théorie, il ressort que l'abstentionnisme et
sa permanence sont le résultat d'une tendance liée à
l'inégale distribution du capital culturel dans les
sociétés occidentales. Son importance ici réside dans le
fait qu'elle peut nous permettre de comprendre le sens ou la signification qui
se cache derrière la participation ou la non-participation dans la
gestion de la cité des habitants de « bidonvilles ». Nous
l'utiliserons dans ces milieux en cherchant à toucher du doigt les
connaissances que ces habitants ont concernant la gestion de la chose publique
et des rapports entre gouvernants et gouvernés. En mettant
également l'accent sur le genre, en tant que notion qui renvoie au sexe
masculin ou au sexe féminin. Puisque dans la société
africaine en général et au Cameroun en particulier, la femme n'a
pas le même statut que l'homme. En effet, elle constitue une
catégorie sociale marginalisée qui subit les effets
cumulés de la discrimination de genre de la société
traditionnelle africaine, comme le relève Stella
Nana-Fabu41.In addition, she says that :
«Her economic role played a crucial part in
determining her overall status in society»42
Ce qui signifie que le désavantage qu'elles ont dans la
sphère économique est le même dans le domaine politique.
C'est donc pour ces raisons que cette théorie nous amènera
à jauger leur culture politique qui passe par la socialisation politique
afin de mieux cerner la conception que ces habitants ont de la chose
publique.
Cependant, cette autre théorie ne permet que d'avoir
une approche compréhensive de ce phénomène. Or nous
voulons avoir une approche du « fait social total » de cette
réalité. Aussi, nous envisageons voir la place des
déterminants sociaux dans une approche explicative de ce
phénomène. Ce qui nous amène à utiliser le
déterminisme social d'Emile Durkheim (1897).
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