CHAPITRE DEUXIEME :
CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA METHODE DE
RECHERCHE
La science se caractérise par un objet d'étude
et une méthode. Ainsi, on ne peut mener une recherche sans
méthodologie, car elle représente un guide de recherche nous
permettant de collecter les données qui seront nécessaires pour
l'analyse. C'est pour cela que dans ce chapitre, nous ressortirons les champs
sociologiques mobilisés, les théories utilisées, les
hypothèses et la méthodologie sollicitée.
2-1- CHAMPS SOCIOLOGIQUES MOBILISES, THEORIES UTULISEES
ET HYPOTHESES
2-1-1- Champs sociologiques mobilisés
Dans le cadre de notre travail, nous nous situons d'abord dans
le champ de la sociologie politique. Qui est l'utilisation des principes
sociologiques pour l'étude des faits politiques, c'est-à-dire des
faits en relation avec la notion de pouvoir. Autrement dit, la sociologie
politique se pose la question de savoir à qui appartient le pouvoir et
qui le gère. Le pouvoir entendu ici comme étant la
capacité de faire triompher sa volonté dans une relation sociale
selon Max Weber 36(1919). Aussi, c'est la capacité d'obliger
tous les membres à se soumettre à des lois et à respecter
un certain nombre de politiques internes au sens de Guy
Bajoit37(2004). Dans une approche conflictuelle il renvoie à
la capacité pour une classe sociale à atteindre ses objectifs.
En plus de la sociologie politique, nous sommes dans une
sociologie du « monde d'en bas ». En effet, nous travaillons sur les
bidonvilles, considérés comme des milieux des petits gens, des
« en bas d'en bas », des « laissés-pour-compte »,
des « gens sans importance ». Aussi les milieux de
débrouillardise, de bricolage utilisé par ces derniers pour
résoudre leurs problèmes quotidiens de vie et de
survie.38
36 Weber (max), Le Savant et le Politique,
1919
37Bajoit (guy), Le Changement Social : une
Approche Sociologique des Sociétés Occidentales
Contemporaines, Collection Cursus-Armand Collin, 2004
38Ela (jean marc), Innovations Sociales et
Renaissance de l'Afrique Noire, les Défis du « Monde d'en bas
», Paris, l'Harmattan, 1998
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
2-1-2- Théories mobilisées
Selon Gingras39(1993) :
« La théorie est un ensemble de propositions
logiquement reliées, encadrant un plus ou moins grand nombre de faits
observés et formant un réseau de généralisation
dont on peut dériver des explications pour un certain nombre de
phénomènes sociaux ».
Comme pour dire que la théorie est la partie
langagière de la science, qui a pour but de soutenir des explications
susceptibles de rendre compte de n'importe quel phénomène social
en écartant d'emblée les explications courantes40.
Ainsi, afin de mieux appréhender ces réalités, nous avons
opté pour trois théories, à savoir :
2-1-2-1-La théorie de la participation
La participation désigne des procédures,
démarches ou tentatives de donner un rôle aux individus dans une
prise de décision affectant une communauté. Ce qui
caractérise cette théorie de la participation c'est le passage
d'un potentiel à un acte, indépendamment du succès obtenu,
il ne s'agit dont pas d'évaluer l'action en terme de lien
résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts
(efficience), mais en terme de lien efforts /potentiels .elle s'appuie sur une
double hypothèse :
En amont, plus on est motivé, plus on participe.
En aval, plus on participe, plus on obtient les résultats
satisfaisant.
La consultante Américaine Sherry A. Arnstein dans son
ouvrage A ladder of cidizen participation, en 1969, ressort
huit niveaux de participation des citoyens au projet les concernant. Cette
échelle est toujours utilisée par les sociologues pour analyser
la manière dont les pouvoir publics informent voire, font participer le
citoyens aux prises de décisions.
Le premier niveau est celui du contrôle citoyen : il
s'agit ici qu'une communauté locale
gère d'une manière autonome un équipement
ou un quartier.
Le deuxième c'est celui de la délégation
du pouvoir : ici, le pouvoir central délègue à la
communauté locale le pouvoir de décider d'un programme et de le
réaliser
Le troisième c'est celui du partenariat : la prise de
décision se fait à travers une négociation entre les
pouvoirs publics et les citoyens.
Le quatrième renvoie à la conciliation :
quelques habitants sont admis dans les organes de décision et peuvent
avoir une influence sur la réalisation du projet.
39 Gingras, Recherches en Sciences Sociales,
Quebec, Presses Universitaires du Quebec, 1993, p.114 40Yomb
(jacques), les Courants Sociologiques, 2èmes années
licence, Université de Douala, 2008-2009
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Le cinquième niveau est celui de la consultation : des
enquêtes ou des réunions publiques permettent aux habitants
d'exprimer leur opinion sur les changements prévus
Au sixième niveau, il est question d'information : ici,
les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours,
mais ne peuvent donner leur avis
Au septième, il s'agit de la thérapie ou
traitement des problèmes rencontrés par les habitants, sans
aborder les vrais enjeux.
Enfin, le huitième niveau renvoie à la
manipulation. Ici, l'information est biaisée et utilisée pour
« éduquer » les citoyens en leur donnant l'illusion qu'ils
sont impliqués dans le processus.
Son utilisation réside ici dans le fait qu'elle nous
permettra d'analyser la manière dont les pouvoirs publics informent,
voire font participer les citoyens aux prises de décisions. Aussi
d'analyser le degré de participation pour voir s'il y'a un pouvoir
effectif des populations, ou alors une coopération symbolique, ou tout
simplement pas de participation des populations dans ces quartiers.
Mais cette théorie est beaucoup plus utilisée
dans la sociologie du développement, c'est pour cela que nous ferons
juste une transposition sans l'appliquer dans tous ses paramètres,
puisque nous somme dans le domaine politique. Aussi, cette théorie ne
pourrait pas nous permettre de comprendre ou alors de saisir les rapports de
sens, les significations que les habitants des bidonvilles donnent à
leur implication insuffisante. D'où la mobilisation d'une
deuxième théorie : celle du « cens caché » de la
participation de Daniel Gaxie (1978).
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