1-2- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
La revue critique de la littérature joue un grand
rôle dans la conception d'une recherche, car elle permet de faire
l'économie de ce qui a déjà été dit sur la
question, de ne pas refaire ce que les autres ont déjà fait, afin
d'avoir son originalité et de préparer son cadre
théorique9. Ainsi, nous avons axé la notre autour de :
participation politique, bidonvilles et participation politique dans les
bidonvilles.
1-2-1- travaux relatifs à la participation
politique
Avant de parler de la participation politique dans les
bidonvilles, il est important de faire l'économie des travaux des uns et
des autres sur la participation politique elle-même, en passant par le
comportement politique et l'espace public.
B. Flasher 10(2012) dans ses travaux sur le sujet,
nous rappelait d'abord le fait que l'idéal démocratique
était ou est l'implication du peuple qui peut se faire à travers
de nombreuses activités et aux travers de divers groupes ou associations
; rendant ainsi le citoyen actif et non plus passif. Il met également
l'accent sur le fait que la participation pour qu'elle soit effective,
certaines conditions doivent être remplies. Pour lui, la participation
politique a ceci d'important qu'elle permet de responsabiliser politiquement le
citoyen et le met en contact avec les hommes politiques pour la
résolution des problèmes d'intérêt collectif il
soulignait également qu'on avait comme dimension la participation
conventionnelle et la participation non conventionnelle. Il n'évoquait
déjà que le champ de la participation politique s'analysait
à trois nivaux, géographique, économique et social,
administratif.
Flasher ressort déjà ici le fait que la
participation politique pour quelle soit effective, doit être sous-tendue
par certaines conditions à savoir : un sentiment d'appartenance, un
sentiment d'être pris en compte, une indépendance
matérielle, une inclusion de toutes les composantes, catégories
sociales, une recherche d'intérêt général et la
prise en compte de toutes les dimensions de la citoyenneté.
A la question du pourquoi d'une faible participation des
citoyens, il essaie de faire le rapprochement avec la démocratie
représentative en faisant remarquer que celle-ci a ses limites dans le
sens ou selon la problématique d'Hirschman(1991) qui s'appuie sur trois
thèses : celle de l'inanité, des effets pervers et le vecteur du
sentiment d'égalitarisme qui contribue en la mise en péril des
libertés individuelles et du progrès économique tout
ceci
9Gerard d'Ambrile, le Projet de Recherche de
l'Administration, University Law, 1996 10 B Flasher, «
la Participation Politique », PUL, article 2012
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s'expliquant par le fait qu'intrinsèquement, la
représentation dans son mécanisme crée un décalage
entre la volonté du peuple et les délibérations de ses
représentants. De plus, elle remet au devant de la scène la
volonté ancienne de tenir le pouvoir éloigné de la
pression populaire ; comme le soulignait déjà
Hamilton11 (1757-1804):
«Toute communauté se repartit entre
l'élite et la multitude, entre les gens riches et bien nées, et
la masse du peuple... turbulent, et inconscient, le peuple juge rarement avec
raison. Donner donc dans le gouvernement une place distincte et permanente
à cette première classe... »
Comme pour dire qu'il y a toujours cette intention permanente
de discriminer ou de distinguer relativement à la position sociale ceux
qui peuvent être impliqués dans la gestion de la cité.
Flasher(2012) postule que pour une effectivité de la
participation politique, il faut que le concept de la citoyenneté
(juridiquement renvoie à la jouissance des droits civiques
attachés à la nationalité. Aujourd'hui, c'est le droit de
vote aux consultations politiques, l'éligibilité, l'exercice des
libertés publiques qui donne sens à la participation politique,
enfin, l'accès aux fonctions d'autorité dans l'appareil de
l'Etat.)12,soit rempli dans tous les sens afin qu'il n'yait pas une
certaine exclusion. Ainsi, que cela passerait par la construction d'un espace
public qui est un lieu abstrait où un ensemble d'interlocuteurs exercent
sur les affaires collectives leur « raison pratique ». Raison
conduisant les individus à se concevoir membres d'une communauté
politique et subsumant ainsi les particularismes. Habermas (1929) soutient cela
en soulignant que l'espace public est le lieu de production et d'échange
publics d'arguments sur les affaires de la cité ; il est le lieu de
communication entre les divers interlocuteurs qui sont les hommes politiques et
les citoyens « ordinaires ». Renchérit-il : « le
caractère public des échanges produit les effets de
disqualification des « mauvais » arguments ». Cependant, pour
l'auteur, l'espace public a pour effet négatif que le citoyen au niveau
du quartier lorsqu'il sera confronté à des espaces publics plus
grand pourra développer un complexe d'infériorité. Ceci
renvoyant au «cens caché » de D. Gaxie (1978).
Il relève que le local est un niveau valorisé de
la citoyenneté parce que, étant au plus près de leur
préoccupation, il s'intéresse à la chose publique et que
c'est à travers cela que la municipalité peut toucher du doigt
les aspiration des populations et bénéficier de leurs
énergies pour les satisfaire.
11 HAMILTON un des pères fondateurs de la
constitution américaine
12 Armand colins, Guy Hermet, Pierre birnbaum,
Philippe braud, Bertrand badie, Dictionnaire de Science Politique et des
Institutions Politiques, paris, 1994, P 49
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La critique que l'on pourrait apporter ici est
premièrement au niveau des conditions de la participation politique, car
ce qui fait problème c'est que certains habitants quand bien même
ils les remplissent ne s'impliquent pas parce que la situation l'arrange
relativement à ses affaires. Aussi, parce que parfois lorsque plusieurs
personnes s'impliquent, cela génère souvent les conflits, alors
ils préfèrent se mettre à l'écart. De plus,
concernant les effets négatifs de l'espace public à savoir le
niveau du quartier si les élites amènent les populations ou le
citoyen ordinaire à s'en tenir aux préoccupations de son quartier
et à tenir compte du fait qu'il est un citoyen à part
entière, il éviterait tout complexe et ainsi, serait au-dessus de
toute considération d'ordre distinctif.
A la suite de B Flacher, D. Gaxie13 a
effectué des travaux sur la participation politique à travers sa
théorie du « sens caché » de la participation.
Théorie dans laquelle il pense que comme la démocratie suppose
que le citoyen possède une capacité à apprécier les
enjeux et la symbolique du champ politique, cette capacité n'est pas
donnée à tous dans les mêmes proportions. Il y a un
inégal accès à la compréhension de la « chose
politique » qui dépend en définitive, d'un habitus de
classe. Dans un système démocratique ; cette
inégalité conduit à une division entre d'une part les
professionnels de la politique et d'autres part, les spectateurs et les
indifférents doublement marqués par une faible maîtrise des
schèmes de classification et d'évolution en rapport avec
l'organisation politique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique.
Jacques T. Godbout14(1983) pour sa part soutient
que la participation est un élément essentiel de la vie
politique, car que ce soit dans la démocratie ou autre système
politique, le citoyen n'est jamais entièrement extérieur à
« son » gouvernement. Cette participation permet au citoyen de
compenser une faible possibilité de retrait au sens d'Hirschman (1991).
Cependant il souligne que cette participation est effective dans la
démocratie directe, tous les membres étant ici actifs et
décisionnels, contrairement à la démocratie
représentative ou la relation entre gouvernement et gouvernés
échappe en partie au principe de la participation.
Pour lui, participer politiquement renvoie à toute
manifestation des citoyens « ordinaires » de ceux qui n'ont pas de
pouvoir. Cette participation se faisant à travers un vote,
l'appartenance à un comité au niveau du quartier, une
manifestation. Il souligne en s'appuyant sur la description des nouvelles
structures d'O'Neill, qu'il y a comme une
13 D Gaxie, le Cens Caché, le seuil,
1978
14Jacques T. Godbout, La Participation Politique :
Leçons des Dernières Décennies, Collection Question
de Culture, 1991, P 11-31
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diminution du pouvoir des citoyens, dont le rôle est
déplacé en amont de la décision, au stade de son
élaboration.
Philippe Braud15(2008) en considérant la
participation politique comme l'exercice d'une citoyenneté dynamique et
réfléchie, fait également ressortir qu'une partie
insignifiante se mobilise activement pour la politique. Cette faible
participation peut être sous-tendue par le coût inhérent
à la mobilisation, le coût en temps, le coût en termes
d'information, puisque l'implication politique demande une compréhension
de ses enjeux.
Allant dans la même lancée que lui, Dominique
Chagnallaud16(2010) souligne que seule une minorité politique
participe activement à la vie politique.
Dominique Memmi17(1985) leur emboitant
déjà le pas avait souligné que l'activité politique
était en réalité pratiquée par une fraction de la
population à savoir les militants et les professionnels de la politique
qui cumulent plusieurs postes à la fois et composent18une
sphère restreinte d'initiés qui vivent par et pour la
politique.
Voici pour ce qui est de la participation politique en
elle-même, qu'en est-il de cette participation en rapport avec les
bidonvilles ? Mais bien avant, que pouvons nous relever sur les bidonvilles
?
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