3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et
à l'appartenance religieuse
Guy Michelat et Michel Simon71 relevaient
déjà l'importance du niveau d'étude et de la religion dans
la représentation du champ politique.
S'agissant du niveau d'étude, ces auteurs lui donnent une
signification :
« ... elle peut être l'indicateur de la
quantité d'exposition aux messages scolaires...
»72.
En rapport avec les bidonvilles, nous avons obtenus que 64,8%
des habitants ont un niveau inférieur ou égal au secondaire.
Tableau 6 : niveau d'étude avec
pourcentages
Niveau d'étude
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Sans nivo
|
Total
|
Effectif
|
35
|
110
|
88
|
17
|
250
|
%
|
14%
|
44%
|
35,2%
|
6,8%
|
100%
|
Source : par nos soins
Renvoyant ainsi à dire que dans ces milieux, il y a une
faible exposition aux messages scolaires ; ce qui permet de comprendre cet
interviewé :
« Ça ne me dit rien » « c'est le pure
bavardage »
Comme pour dire que c'est une chose compliquée, ennuyeuse,
inutile, sans importance et dangereuse. Également, Michelat et Simon
relèvent que :
« L'intérêt politique augmente avec le
niveau d'étude73 »
Dès lors, fort de ces déperditions scolaires,
très peu s'intéressent à la gestion de la chose publique,
puisqu'estimant que c'est trop pour eux. Aussi, le niveau d'étude
laisse
71Michelat(Guy), Simon(Mchel) , Classe, Relgion et
Comportements Politiques, fnsp, Paris,1977 72Michelat(Guy),
Simon(Michel),op.cit. p. 195
73 Ibidem, p.191
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 43
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
entrevoir un sens caché selon Daniel Gaxie74
et une certaine incompétence selon Pierre Bourdieu75. Et la
religion, quelle contribution ?
Rappelons que, la représentation (vécu
politique), est une manière de penser et d'interpréter la
réalité quotidienne, c'est le savoir du sens commun. Elle est
aussi la représentation de quelqu'un (individu ou collectif),
lui-même en rapport avec d'autres sujets76. En rapport avec la
religion et la politique, les conceptions sont relatives aux obédiences
religieuses auxquelles les individus appartiennent, pour rejoindre Michelat et
Simon. C'est ainsi que dans les quartiers qui constituent nos milieux
d'étude, nous avons comme appartenance religieuse : les catholiques, les
pentecôtistes, les musulmans, les témoins de Jéhovah, les
protestants et les églises éveillées.
Tableau 7 : appartenance religieuse et
pourcentage
Appartenance Religieuse
|
Catholiques
|
protestants
|
musulmans
|
Autres
|
Total
|
Effectif
|
141
|
55
|
36
|
18
|
250
|
%
|
56,4%
|
22%
|
14,4%
|
7,2
|
1OO%
|
Source : par nos soins
Aussi, lors de nos entretiens, nous avons approché un
pentecôtiste qui nous exposa relativement à sa conception de la
chose publique que :
« Je suis un enfant de dieu, ça ne me servira
à rien... »
Comme pour dire que c'est un domaine qui lui est interdit, qui
pourrait lui faire perdre ses valeurs. Ce qui vient rejoindre la position de ce
témoin de Jéhovah :
« Les témoins ne font pas la politique, ne se
mélangent pas aux politiciens »
Mais à coté de cette vision des autres
obédiences, les catholiques, les protestants et les musulmans
appréhendent le politique comme quelque chose qui concerne tout le
monde, car liée à chaque aspect de la vie de chacun. Dès
lors, nous retenons que la variable appartenance religieuse n'est pas
très influente sur la chose publique, mise à part ces
obédiences évoquées plus haut. Cela est aussi dû au
fait que catholiques, protestants et musulmans représentent 92,8% de la
population de ces quartiers. Cf. tableau ci-dessus.
74Gaxie(daniel), Le Cens Caché, le
Seuil,1978
75 Bourdieu (pierre), Propos sur le Champ Politique,
PUL, 2000
76 Dictionnaire de sociologie, Gilles Ferreol, 3 ed
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 44
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Nous ne saurons sortir de cette section sans évoquer la
variable appartenance ethnique. En fait, les bidonvilles sont des quartiers
spontanés qui se sont développés avec l'exode rural, ce
qui fait que nous y retrouvons une multitude d'ethnies que nous avons
évoquées dans la présentation de nos milieux
d'étude. En plus de ces ethnies, nous dénombrons des
ressortissants étrangers tels que : les tchadiens, les centrafricains,
sénégalais, nigérians, béninois, marocains, les
congolais. Qui considèrent la politique comme l'affaire des autres.
Puisque n'ayant pas la nationalité camerounaise.
En définitive et en tenant compte des variables, la
politique pour la populace, c'est la gestion des affaires publiques telles que
: l'électricité, la sécurité, l'eau, le travail et
autres. C'est également un domaine dangereux, réservé aux
autres car demande beaucoup de moyens financiers et un bon niveau scolaire.
Aussi, c'est une affaire de « gros sous », une « mangeoire
», un milieu hermétique et compliqué.
Après avoir ressorti la représentation que la
populace a de la chose publique, nous ferons un tour sur ce qu'ils entendent
par participer à la gestion de la cité.
|