Déterminants de l'exclusion bancaire au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Martin AMBASSA Université Catholique de Bertoua - Master Recherche 2014 |
2. Les conséquences socio-économiques de l'exclusion bancaireL'exclusion est à la fois un processus et un état, consacrant un défaut d'intégration11(*). Ce défaut d'intégration souligné par Loisy génère des conséquences tant sur le plan social qu'économique qui entravent à la vie sociale. Il est donc question ici, de mettre en évidence les conséquences socio-économiques de l'exclusion bancaire.Ainsi, nous établissons en premier lieu, les conséquences économiques et second lieu les conséquences sociales de l'exclusion bancaire. (a) Les conséquences sociales de l'exclusion bancaire Être privé d'accès et d'usage à certains services bancaires a des conséquences pratiques immédiates sur la vie quotidienne des personnes concernées. Le fait de ne pas avoir accès ou de ne pas savoir comment utiliser correctement les services bancaires peut, en fonction des antécédents, du statut et de l'expérience de vie de la personne qui s'y trouve confrontée, exercer un impact sur l'estime de soi et mener à l'isolement et au délabrement des connexions sociales et des relations sociales avec les amis et la famille (Gloukoviezoff, 2004). Les personnes qui ne possèdent aucun compte bancaire éprouvent des difficultés, par exemple, pour toucher des chèques établis à leur nom par une tierce personne. Souvent, elles doivent payer pour encaisser ces chèques (Anderloni et Carluccio 2006 ; Hogarth et O'Donnell 1999, Kempson et Whyley, 1998 ; Kempson et al, 2000). Il arrive même que les payements en espèces donnent l'impression que l'argent n'est pas propre ou a été volé. Les personnes concernées par cette situation peuvent se sentir humiliées et perdre l'estime d'elles-mêmes (Gloukoviezoff, 2004). De même, il est quasiment indispensable de posséder un compte bancaire pour percevoir des prestations Sociales. On constate que, les conséquences sociales de l'exclusion bancaire touchent respectivement à la mise en cause de l'estime de soi, de la possibilité de prendre part à la société, et de la possibilité de faire face aux aléas de la vie en mobilisant les différents produits bancaires. (b) Les conséquences économiques de l'exclusion bancaire Les personnes incapables d'obtenir un crédit auprès des banques sont parfois contraintes de faire appel à des intermédiaires ou à des prêteurs à haut risque qui imposent des taux plus élevés ainsi que des conditions et modalités nettement moins bonnes (Anderloni et Carluccio, 2006 ; Corr, 2006 ; Treasury Committee 2006 ; Collard et Kempson, 2005 Kempson et al, 2000). Sans épargne, personne n'a les moyens de résister à des chocs financiers même limités ou à des dépenses inattendues, et ceux qui conservent leur épargne en espèces ne bénéficient pas du payement d'intérêts (Kempson et al, 2005). De plus, ceux qui conservent leur épargne en espèces chez eux prêtent le flanc au vol (Kempson et Whyley 1999; Kempson et al, 2000). Par son coût, l'exclusion bancaire a pour conséquence de restreindre la consommation, dont le rôle social n'est plus à démontrer. Mais elle peut également la restreindre en décourageant le vendeur, ou plutôt, dans le cas des ménages, un locataire potentiel. Ainsi, l'accès au logement, qui est un maillon essentiel dans la chaîne de l'exclusion sociale, peut être compromis par la privation de moyens de paiement scripturaux. En effet, l'absence de chéquier pourra rendre impossible la location d'un logement car le propriétaire en déduira un risque important d'impayés (Gloukoviezoff, 2004). * 11Loisy C., 2000, p. 42 |
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