CONCLUSION GENERALE
L'objectif de notre travail a été,
d'identifier les variables déterminantes de l'exclusion bancaire au
Cameroun. Les fondements théoriques que nous avons
développés identifient d'une part, les facteurs
socio-économiques ou facteurs liés à la demande et d'autre
part, les facteurs institutionnels ou facteurs liés à l'offre
comme variables déterminantes de l'exclusion bancaire. Ainsi, notre
objectif principal a découlé à deux sous objectifs.
· Identifier les facteurs socio-économiques de
l'exclusion bancaire au Cameroun ;
· Identifier les facteurs institutionnels de l'exclusion
bancaire au Cameroun.
Structurée en deux parties, cette étude
s'est appuyée sur des outils empruntés à la statistique
descriptive et à l'économétrie pour vérifier les
deux hypothèses. La première hypothèse a été
vérifiée dans la première partie. Cette partie a eu pour
objectif d'identifier les facteurs socio-économiques de l'exclusion
bancaire au Cameroun ou facteurs liés à la demande. Les facteurs
concernésont été le genre, l'âge, le milieu de
résidence, le taux d'alphabétisation, le taux de chômage,
le produit intérieur brute, le produit intérieur brute par
habitant,la masse monétaire et l'inflation.
La vérification de la première
hypothèse, révèle les résultats
ci-après :
(a) Les hommes ont plus
accès aux services bancaires que les femmes même si l'écart
s'avère réduit. En outre, le fait d'habiter dans les zones
rurales réduit la probabilité d'être bancarisée car,
les établissements bancaires au Cameroun sont plus concentrés
vers les milieux urbains. Par ailleurs, l'âge joue un rôle
déterminant dans l'accès ou l'usage des services bancaires. En
effet, les personnes très jeunes (15-24 ans) et les personnes
très âgées (65 ans et plus) ont une probabilité
assez importante d'être financièrement exclues.
(b) L'analyse
économétrique que nous avons mené nous a
indiquéqu'un niveau faible d'instruction est de nature à
exclureles ménages du système bancaire qui s'avère
complexe. En outre, les ménages en situation de chômage ne peuvent
supporter les coûts exigés par les banques. En plus, ces
ménages sont considérés comme peux rentables pour les
banques et constituent des risques élevés. Par ailleurs, le
niveau de revenu détermine également l'accès ou non aux
services bancaires. En effet, il est difficile pour les ménages ne
disposant pas de revenus ou disposant de faibles revenus d'accéder aux
services bancaires ou d'en faire usages.
S'agissant de la seconde hypothèse, elle a
été effectuée dans la deuxième partie. Cette partie
a eu pour objectif d'identifier les facteurs institutionnels de l'exclusion
bancaire ou facteurs liés à l'offre. Il a s'agit à partir
de l'analyse descriptive des facteurs tels que, les coûts de
crédit, les exigences de garanties, les documents à
fournir,l'exclusion géographiquele nombre de banques, le nombre de
guichets, le taux d'intérêt débiteur et la masse
monétaire.
La vérification de la deuxième
hypothèse indique les résultats ci-après :
(c)L'évaluation descriptive de ces
facteurs, renseigne d'une part que, la concentration du réseau bancaire
au Cameroun est inégalement répartie. En effet, les guichets
bancaires sont plus implantés dans les zones urbaines que celles
rurales. Nos résultats montrent que, 61.19% des guichets sont
situés à Yaoundé et Douala. Ainsi,involontairement les
ménages vivants dans les milieux ruraux sont exclus du système
bancaire du faite de l'absence des guichets dans leur milieu de vie. En outre,
il ressort également que, les coûts de crédit, les
exigences de garanties sont très élevé de même, les
documents à fournir ne sont pas toujours à la portée des
ménages. Dans l'incapacité de remplir toutes ces exigences, les
ménages se trouvent exclus du système bancaire.
(d) l'analyse économétrique
menée nous renseigne que, le nombre de banques et de guichets explique
l'exclusion bancaire. En effet, lorsque qu'il y a ouverture de nouvelles
banques ou de nouveaux guichets, les populations jusque-là exclus du
système ont une forte probabilité d'en intégrer. Ainsi,
une augmentation du nombre de banques et/ou du nombre de guichets, est de
nature à réduire le niveau d'exclusion bancaire. De même,
une réduction du rationnement du crédit augure une diminution du
niveau d'exclusion bancaire.
En sommes, nous sommes parvenus au résultat
selon lequel, les facteurs socio-économiques et institutionnels sont des
variables déterminantes de l'exclusion bancaire au Cameroun. Ainsi, afin
de réduire le niveau d'exclusion bancaire, des études
comparatives ont montré que, cette résolution de l'exclusion
bancaire passe prioritairement par les pouvoirs publics. Cependant, il faut
noter que dans le contexte Camerounais, des efforts émanant des pouvoirs
publics ont été effectué. Ces efforts ont
été instauré dès juillet 2011 par l'autorité
monétaire un service bancaire minimum garanti. Il a s'agit d'un bouquet
de 15 services délivrés gratuitement aux particuliers,
réduisant ainsi le coût d'accès aux services bancaires. La
création du Fonds de garantie des dépôts en Afrique
centrale pour protéger les petits épargnants de la
sous-région indemnisation à hauteur de cinq millions par client
et par banque en cas de faillite d'un établissement. L'extension du
réseau bancaire en a suivi. Les résultats de ces actions
renseignent que, le taux de bancarisation est passé de 7% avant 2011
à plus de 13.8% aujourd'hui selon la BEAC. A cet effet, malgré la
volonté des pouvoirs publics à réduire ce
phénomène, le niveau d'exclusion bancaire reste encore
très élevé. Ainsi, des efforts supplémentaires
s'imposent. Par ailleurs, la résolution de cette exclusion ne concerne
pas uniquement les pouvoirs publics. Elle exige la contribution
inébranlable des ménages et des institutions bancaires. Le
rôle des ménages doit consister à la quête de
l'éducation, la recherche de l'information, le partage des
difficultés et l'amélioration de leur condition de vie. Pour les
institutions bancaires quant à elle, il s'agit d'instaurer une bonne
qualité de la prestation des services bancaires, de contribuer à
l'éducation financière des consommateurs, d'étendre le
réseau bancaire et enfin, d'accroitre sa lutte contre les
asymétries d'information.
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