1.6. La prise en charge de la malnutrition
aiguë sévère en soins intensifs
Il s'agit de la prise en charge de la malnutrition aiguë
sévère compliquée suivant le protocole de prise en charge
au Mali.
1.6.1. Prise en charge de la
malnutrition en général
L'organisation de la prise en charge de la malnutrition
comprend quatre volets :Le dépistage, la prise en charge du
malnutri, le suivi, la référence/contre référence.
Elle s'effectue selon les trois types de prise en charge
suivant :
- URENI (Unité de Récupération et
d'Education Nutritionnelles Intensive) : pour les enfants souffrants d'une
malnutrition aiguë sévère avec un appétit
médiocre et/ou présentant des complications.
- URENAS (Unité de Récupération et
d'Education Nutritionnelle en Ambulatoire pour Sévères) : pour la
prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et avec
appétit modéré ou bon et ne présentant pas de
complications médicales.
- URENAM (Unité de Récupération et
d'Education Nutritionnelle en ambulatoire pour Modérées) : pour
la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée.
La mobilisation communautaire en est une composante
essentielle car elle est indispensable pour un bon dépistage actif des
personnes souffrant de malnutrition aiguë et pour leur suivi à
domicile durant leur traitement en ambulatoire (URENAS/URENAM).
L'organisation de la prise en charge requiert des
infrastructures ainsi que des ressources humaines, matérielles et
financières adéquates pour en garantir la réussite.
1.6.2. Les étapes de prise en
charge en Unité de Récupération et
d'ÉducationNutritionnelle Intensive (URENI)
Pour le cas de prise en charge en Unité de
Récupération et d'Éducation Nutritionnelle Intensive
(URENI), la réussite des activités nécessite une
restructuration des services de santé à savoir, la mise en
place d'une structure appropriée (une salle pour préparation des
laits thérapeutiques, une salle de stockage des intrants, une salle
d'hospitalisation), du personnel qualifié.
Afin d'assurer l'accessibilité financière,
l'hospitalisation et les soins de prise en charge totale de la malnutrition
(pour les modérés et les sévères) doivent
être gratuits à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Cette
gratuité totale concerne, les médicaments et les examens
complémentaires, les aliments thérapeutiques (lait F-75, F-100,
Plumpy nut,etc...), les aliments de supplémentation (farine + sucre +
huile). Ces aliments sont pour l'instant fournis par des partenaires de lutte
contre la malnutrition aiguë.
Au-delà de ces gratuités sur les soins, la
ration de protection du malade, la prise en charge alimentaire de la
mère ou de l'accompagnant lors de l'hospitalisation du malnutri et le
processus de transfert / évacuation doivent être gratuits.
v Phase aiguë
Il s'agit de la phase où les enfants présentent
des cas de pathologies graves ou une anorexie (test de l'appétit
mauvais) associées à l'état de malnutrition.
Le traitement de la Phase I doit toujours être
donné en centre de 24 h et en centre de jour (la matinée).Elle a
pour but d'apporter des éléments nutritifs à l'enfant afin
de rétablir l'équilibre hydro-électrolytique et
empêcher une altération de son état général.
Cette phase implique l'utilisation du lait thérapeutique F75 qui doit
être uniquement utilisé en milieu hospitalier ou Unité de
Récupération et d'Éducation Nutritionnelle Intensive
(URENI), mais aussi le traitement des infections associées à la
malnutrition.
Ce lait permet de rétablir le métabolisme de
base mais pas d'assurer une prise de poids. L'utilisation d'une sonde
nasogastrique s'impose pour les enfants qui n'arrivent pas à consommer
plus de la moitié de leur ration de lait.
Toutes fois, certains médicaments sont
administrés de façon systématique aux malnutris aigus
sévères. Il s'agit de la vitamine A, de l'acide folique,
d'un antibiotique (amoxicilline ou gentamycine ou ceftriaxone etc.), d'un
antipaludique selon le protocole national, du vaccin anti-rougeoleux.
v Phase de transition
Durant la phase de transition, un nouveau régime
diététique est introduit : le lait F100 ou un autre Aliment
Thérapeutique prêt à l'emploi (ATPE) tel que le
« Plumpy-Nut ».
Cette phase prépare le patient au traitement de la
phase II à l'Unité de Récupération et
d'Éducation Nutritionnelle Ambulatoire Sévère (URENAS),
qui peut se faire soit dans les Unités de Récupération et
d'Éducation Nutritionnelle (UREN), soit de préférence en
ambulatoire. La phase de transition dure entre 1 et 5 jours - en
général 2 à 3 jours.
La seule différence avec la phase intensive sur le plan
nutritionnel est le changement de régime.On passe alors de l'utilisation
du F75 au F100 ou ATPE.
Cependant l'apport calorique augmente automatiquement à
raison de 130 kcal / 130 ml / kg / jour et le F100 permet de gagner du poids
grâce à l'apport plus important en protéines, sodium,
lipides et à la densité des autres nutriments présents
dans le F100 (ce qui n'est pas le cas avec le F75 durant la phase intensive).
Au cours de la phase de transition, les oedèmes qui constituent une
forme de complication, peuvent disparaître sans que l'on ait une perte de
poids. On peut aussi avoir une augmentation du poids jusqu'à la fonte
totale des oedèmes (sans perte de poids).
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