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Dilemme du rapprochement américano-iranien: réflexion sur une politique étrangère d'adaptabilité

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par Christophe BALEMA LIMANGA
Université de Kisangani - Licence 2015
  

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2. Situation économique

L'Iran est le quatrième producteur et exportateur mondial de pétrole. Au cours du XXème siècle, la rente pétrolière a permis la construction d'infrastructures de qualité (routes, voies ferrées, aéroports, électrification, hôpitaux, écoles) et la mise en place d'une administration centralisée qui contrôle bien le pays (Organisation du plan et du budget, police) et d'une industrie qui satisfait les besoins de base du pays. En revanche, les exportations industrielles de l'Iran sont presque nulles et le pétrole représente toujours 90 % des exportations et 70 % des recettes budgétaires du pays. L'isolement politique de la République islamique depuis 1979 a placé le pays en marge de l'économie mondiale. La production de pétrole a dépassé 250 millions de tonnes de 1974 à 1978, pour tomber à 65 millions en 1980, par l'effet combiné de la Révolution islamique et de la guerre41(*).

Les tensions diplomatiques observées au cours des années 2000, sur fond de soutien au terrorisme et de programme nucléaire opaque, ont incité les États-Unis, les Nations unies et l'Union européenne à jouer de l'arme économique pour affaiblir les ardeurs iraniennes. Celle-ci s'est révélée efficace. Embargo pétrolier, gel d'avoirs, limitations des mouvements des capitaux, sanctions financières... L'Iran est devenu isolé. Le pays, pourtant si riche en ressources pétrolières et gazières, et en minéraux, s'est appauvri?: en 2012, le pays, qui possède la quatrième réserve de pétrole et la première de gaz au monde, produisait de 3 millions de barils de pétrole par jour?; en 2014, ce chiffre n'était que de 1,3 million en 201442(*).

Depuis bien de temps, l'Iran visait à ouvrir son économie et à s'insérer toujours davantage dans le commerce international, ainsi qu'en atteste sa demande répétéed'obtenir un statut de membre à part entière de l'Organisation mondiale ducommerce (OMC), dans laquelle la République islamique ne dispose qued'un statut d'observateur depuis 2005, en raison de l'opposition des États-Unis qui n'ont cessé de bloquer l'Iran dans ses efforts.L'industrie et les services représentent 90 % de l'économie nationale(45 % chacun) tandis que le secteur de l'agriculture pèse pour 10 %. Le PIBiranien, en parité nominale, est de l'ordre de 550 milliards de dollars par an.Mais il représente plus de 1000 milliards de dollars en parité de pouvoir d'achat (PPA). Le secteur de l'énergie est important en Iran et les principauxrevenus du pays sont tirés de la vente de pétrole et de gaz naturel.

Il convient, en effet, de relever tout d'abord le potentiel important que représente l'économie iranienne, qui dispose de 10 % des réserves pétrolières mondiales et de 18 % des réserves gazières mondiales (deuxième rang mondial, avec environ 30 milliards de mètres cubes deréserves). Historiquement, Total a développé plusieurs champs pétroliers et gaziers en Iran mais n'est plus présent pour l'exploration ou l'exploitation.

Les gisements de pétrole sont situés au nord de l'Iran et en offshore dans les eaux du golfe Persique, mais les infrastructures industrielles sontde plus en plus inefficaces car vétustes et ne profitant pas des avancéestechnologiques. De moins en moins de forages d'exploration sont effectués.

Pour ce qui concerne les réserves de gaz naturel, la plus grande partie demeure inexploitée. La production est essentiellement destinée à un usagedomestique. Les investissements étrangers sont insuffisants dans cessecteurs, comme l'ont expliqué à votre délégation MM. ALIREZA DAEMI,vice-ministre de l'Energie, et Ali MAJEDI, vice-ministre du pétrole, chargé desaffaires internationales.

L'origine de l'énergie utilisée en Iran est multiple. Traditionnellement, 75 % provient du gaz naturel, 18 % est tirée du pétrole et 7 % de l'énergie hydroélectrique ou des énergies nouvelles. Depuis les années 2000, l'utilisation de centrales thermiques au gaz et de stations hydroélectriques (400 barrages construits et 180 en construction ou en projet en 2014), l'amélioration des centrales thermiques au charbon et au pétrole et l'ouverture de parcs éoliens, de centrales géothermiques et le déploiement de panneaux solaires, auraient porté la capacité énergétique de l'Iran à de25 000 à 70 000 mégawatts. La demande interne en énergie électrique croîtrait d'environ 8 % par an.

Toutefois, il convient également de souligner que les capacités industrielles de l'Iran sont sous-exploitées. Par exemple, l'industrie minière est insuffisamment développée et ne contribue qu'à hauteur d'un demi-point de PIB à la richesse nationale, surtout en raison du manque d'infrastructures et des difficultés d'exploration. Pourtant, l'Iran dispose d'importantes mines produisant du charbon, du fer, du cuivre, du plomb, du zinc, du chrome, de la barite, du sel, du gypse, du molybdène, du strontium, de la silice, de l'uranium ou, encore, de l'or. Les mines de Sarcheshmeh contiennent, à elles-seules, le second filon de minerai de cuivre le plus grand du monde, avec 5 % du cuivre mondial. L'État iranien, qui possède quasiment toutes les mines et les industries connexes, cherche ainsi à attirer des investissements étrangers pour développer l'extraction. De même, dans le secteur automobile, la capacité de production de l'ordre de 2 millions de voitures par an est très loin d'être atteinte : les sitesne tournent aujourd'hui qu'à 25 % ou 30 % de leurs capacités.

L'impact des sanctions est significatif puisque, d'après le Fonds monétaire international (FMI), la croissance est négative en 2012 et, de façon moins prononcée, en 2013 (- 5,8 % puis - 1,7 %) et devrait revenir à + 1,5 %en 2014. Selon la Banque Centrale d'Iran, l'inflation avait atteint 45,1 % en juin 2013. La hausse des prix atteignait même 56,3 % pour l'alimentation et 64,7 % pour l'habillement. Très clairement, l'économie iranienne est au bord de l'hyperinflation et on assiste actuellement à une paupérisation des classes sociales les plus défavorisées, en dépit de la solidarité familiale et de l'action sociale des réseaux religieux. Parallèlement, l'économie serait également en situation de récession, alors même que le marché du travail doit absorber près de 600 000 personnes chaque année (du fait de la forte croissance démographique des années 1980). Cette situation a conduit à une très nette dégradation du marché du travail, puisque le taux de chômage serait d'au moins de 15 %43(*).Cependant, l'économie iranienne, bien qu'affaiblie, est loin de s'effondrer : elle fait preuve d'une résilience remarquable. Il est sûr que la situation économique et politique de l'Iran est différente de ce qui est montré dans les médias occidentaux. L'Iran n'est pas le pays épuisé présenté par certains.44(*).

* 41 HOURCADE, B.,Potentialité économique d'Iran, in ininEncyclopaediaUniversalis 2010

* 42HONTANG, A., Économie iranienne, une croissance attendue, Document publié le 15/07/2015 à 8h46, In http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Economie-iranienne-une-croissance-attendue-2015-07-15-1334562

* 43COVILLE, T.,L'élection de Hassan Rouhani et les attentes de la société iranienne, In Dossier Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, p. 11

* 44 M. Philippe MARINI, Mme Michèle ANDRÉ, MM. Jean-Claude FRÉCON, Aymeri de MONTESQUIOU, Philippe DALLIER et Gérard MIQUEL, Op.cit., p. 33-38

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