II.3.8. Etude écologique de l'espèce
L'écologie consiste à étudier les
conditions d'existence des êtres vivants en fonction du milieu naturel
où ils vivent. Notre étude écologique s'est
concentrée particulièrement sur l'analyse de l'habitat, le
domaine vital et le régime alimentaire de l'espèce
étudiée.
a) Analyse de l'habitat
Cette méthode permet de savoir l'influence des facteurs
externes sur le mode de vie de l'espèce cible et de comprendre les
conditions nécessaires pour son existence dans le milieu
d'étude.
Durant cette étude, deux sortes d'analyses d'habitat
ont été réalisées. L'une porte sur l'habitat du
territoire de nidification, afin de connaitre la structure écologique
exigée par l'espèce pendant la période de reproduction; et
l'autre analyse concerne l'évaluation de toutes sortes de perturbations
et menaces sur l'ensemble de l'habitat de cette espèce dans le site
d'étude.
+ Analyse de l'habitat de nidification
L'analyse de l'habitat de nidification a été
basée sur les paramètres suivants : les caractéristiques
et l'emplacement du nid, les caractéristiques de l'environnement du
nid.
Caractéristiques et emplacement du
nid
La détermination des caractéristiques et de
l'emplacement du nid repose sur les paramètres ci-dessous :
· nombre des branches (tiges) soutenant le nid ;
· diamètre de plante de l'emplacement du nid ;
· hauteur de l'emplacement du nid par rapport à la
surface d'eau ;
·
20
profondeur interne du nid ;
· hauteur externe du nid (de la base jusqu'à
l'extrémité supérieure du nid) ;
· diamètres interne et externe du nid ;
· hauteur des plantes de nidification ;
· orientation de l'ouverture du nid.
Caractéristiques de l'environnement du
nid
Pour analyser les caractéristiques de l'environnement
du nid, il faut tenir compte des paramètres suivants pour chaque nid
trouvé :
· la structure de la végétation aux alentours
de l'emplacement du nid ;
· la profondeur de l'eau entourant l'emplacement du nid
;
· la distance de l'emplacement du nid par rapport aux
éléments perturbateurs d'ordre anthropiques (campement et zones
fréquentées par les pêcheurs) ;
· la distance entre deux nids voisins ;
· la distance entre l'emplacement du nid par rapport aux
nids des autres espèces d'oiseaux.
Pour étudier la « structure de la
végétation » de l'habitat de nidification, nous avons choisi
d'adopter la méthode de Herrick et al., 2005. Cette
méthode est la mieux adaptée pour l'étude de l'habitat
caractérisé par les espèces Herbacées. Elle est
basée sur la richesse spécifique de la flore aux alentours du nid
et la hauteur de la végétation.
Richesse spécifique :
La méthode des points-contacts a été
utilisée afin d'estimer la richesse spécifique de la flore au
sein de l'habitat de nidification étudié (Herrick et
al., 2005). Elle consiste à tracer deux lignes (transects) de 25 m
de long, sur lesquels des relevés floristiques sont effectués
tous les mètres. Ces lignes sont tracées de telle sorte que
l'emplacement du nid se trouve au milieu (25 m vers le gauche et 25 m vers la
droite) (Figure 8).
Pour cela, nous avons étendu une corde de 25 m de long
marquée tous les mètres (point de chaque relevé). Le long
de cette corde, une tige de bois est placée perpendiculairement au sol
ou à la surface de l'eau sur chaque point de relevé, et toutes
les espèces de plantes qui touchent cette tige ont été
recensées. Si plusieurs parties d'un même individu touchent la
tige, cet individu ne sera compté qu'une seule fois.
21
Pendant ce travail, le nom vernaculaire de chaque plante
relevée a été déterminé par des guides
locaux et des techniciens de TPF. Puis, l'espèce a été
identifiée sur place par un Botaniste pour correspondre ces noms
vernaculaires avec leurs noms scientifiques.
Eau
Eau Eau
2 5 m 2 5 m
Végétation dense impénétrable
: Emplacement du nid
Figure 8 : Schéma montrant la mise en
place des transects pour évaluer la richesse spécifique de la
flore de l'habitat de nidification
Hauteur de végétation
Pour estimer la hauteur de végétation, la tige
(5 m de long) utilisée pour les relevés floristiques est
graduée. De cette manière, la hauteur dominante de la strate
supérieure, ainsi que celle de la sous-strate peuvent directement
être lues. Les mesures des hauteurs sont effectuées tous les deux
mètres le long de chaque transect.
Pour éviter la perturbation des activités du
couple dans le nid et à ses alentours, l'étude des
caractéristiques du nid et celles de son environnement ont
été faites après l'abandon du nid par le couple.
+ Evaluation des menaces et perturbations dans l'ensemble
d'habitat
Cette méthode vise à estimer toutes sortes de
perturbations et menaces, d'origines anthropiques et naturelles, sur l'habitat
ainsi que leurs impacts sur le mode de vie de l'espèce
étudiée. Il s'agit de constatations par des observations directes
pendant lesquelles nous identifions la nature de perturbation ou menace
(destruction d'habitat, gêne, prédation, etc.).
Les données issues de cette méthode permettent
d'adapter au mieux les mesures de gestion et d'exploitation des milieux dans
lesquels niche l'espèce cible (Amaurornis olivieri) ainsi que
les autres espèces inféodées.
b) 22
Détermination du régime
alimentaire
Le régime alimentaire de cette espèce a
été déterminé à partir des observations
directes des individus entrain de se nourrir. En plus de la
détermination des nourritures apportées par les adultes lors de
l'élevage des poussins dans le nid, nous avons suivi quelques individus
cherchant de nourritures en s'efforçant d'observer les différents
types de nourritures consommés. L'individu suivi est observé
autant que possible jusqu'à ce qu'il soit hors de la vue, notamment
lorsqu'il pénètre à l'intérieur d'une
végétation de roseaux parfois très dense. Pendant ce
suivi, des photos de nourritures consommées ont été prises
en vue de les identifier ultérieurement.
c) Estimation du domaine vital par
radiopistage
Le radiopistage permet de suivre les individus pendant leur
déplacement dans leur territoire. Grâce à cette
méthode, il est possible d'estimer le domaine vital,
c'est-à-dire, l'utilisation de l'espace et les rythmes
d'activités d'un individu suivi.
Pour ce faire, deux émetteurs ont été mis
sur deux individus adultes différents. Ils sont fixés sur le dos
des individus porteurs à l'aide d'un ruban spécial de
façon à ce que ces individus ne puissent pas les couper à
l'aide de leur bec (Figures 9 et 10). Ces émetteurs pèsent 3 g et
représentent en moyenne l'équivalent de 2 à 3 % du poids
de l'animal. Chaque émetteur possède sa propre fréquence,
et les individus munis d'émetteurs ont été codés
selon la fréquence de l'émetteur qu'ils portent (Rene de Roland,
2010).
Les individus porteurs d'émetteurs sont ensuite
pistés plusieurs fois, grâce à une radio réceptrice
(Model MS-1000) de fréquence 148-160 MHZ reliée à une
antenne directionnelle (model F217-3FB) jusqu'à ce que les
émetteurs ne donnent plus de signal. Afin de minimiser la perturbation
de l'animal, les suivis ont été alternés de deux jours
pour chaque individu.
Les positions géographiques de chaque point
d'arrêt des individus suivis ont été prises à l'aide
d'un GPS. Les coordonnées GPS obtenus lors des suivis ont
été transférées dans un ordinateur, puis
traitées avec le logiciel SIG `Arc GIS 10'. Ce logiciel donne ensuite la
répartition des points GPS sur une carte. Puis, nous avons
calculé la superficie des domaines vitaux des individus
radiopistés par le biais de la méthode du polygone convexe
minimum (PCM) (Morh, 1947) en utilisant toujours le logiciel SIG `Arc GIS 10'.
Le PCM est délimité en reliant les points de localisations les
plus externes les uns aux autres (Harris et al., 1990).
23
Figure 9 : Schéma montrant un
émetteur et sa mise en place sur un oiseau
Figure 10 : Adulte femelle du Râle
d'Olivier Amaurornis olivieri munie d'émetteur
(Pruvot, 2015)
24
|