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La contribution de la microfinance au développement socio-économique dans la commune de Carrefour: le cas d'ACME pour la période 2000-2009

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par Jonathan SAINT JEAN
Université d'état d'Haà¯ti - Licence ès Sciences Economiques 2015
  

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9.3 L'environnement social d'Haïti

Sur le plan social, nous retenons deux problèmes majeurs en Haïti : pauvreté et inégalités. Selon les économistes, la pauvreté est la résultante des inégalités qui règnent dans le pays sous toutes ses formes. Mais la conception de la pauvreté qui parait la plus appropriée dans l'analyse des liens entre pauvreté et inégalité est celle de pauvreté humaine ou sociale développée principalement par A. Sen (MPCE, p.8, 2006b).Ces problèmes résultent d'un affaiblissement de l'appareil étatique qui n'élabore pas des politiques de développement pouvant atterrir chez les couches les plus vulnérables. La majorité de la population n'ont pas accès aux services sociaux de base, tels : l'eau potable, les soins de santé, éducation, l'électricité, l'information etc. Un taux élevé de la population vit dans le chômage et dans la misère. Le pays présente une situation sociale très dramatique comme il est d'ailleurs aussi le cas sur le plan économique. Les unités de la population se diffèrent suivant le sexe, les zones de résidence, les structures de consommations, le niveau d'éducation, la distribution du revenu etc. Les lignes qui suivent analysent ces phénomènes en mettant en exergue les indicateurs qui permettent de les caractériser.

9.3.1 Inégalités et Pauvreté

Les problèmes sociaux d'Haïti sont très nombreux. Dans le cadre de cette étude nous abordons à tour de rôle les problèmes d'Inégalités et de pauvreté.

a) Inégalités

Il est depuis bien des temps admis que les pays présentant des difficultés dans leur processus de développement sont ceux dans lesquelles les inégalités sont très fortes dans leur structure sociale. Adam Smith déjà, dans la Richesse des Nations, voyait dans les inégalités et la pauvreté un obstacle au progrès et au bien-être dans un pays (Ibid., p.5). Haïti, Inde et Brésil sont des pays dans lesquelles existent de fortes inégalités. L'économiste indien, prix Nobel d'économie de 1998, Amartya Kumar Sen, dans sa conception sur la pauvreté humaine ou sociale fait révéler l'existence des liens entre pauvreté et inégalités. D'autres courants sont aussi d'avis de nos jours, que les inégalités ne favorisent pas réellement la croissance comme on l'entendait jadis. Nombreux sont ceux qui admettent l'existence d'une corrélation entre les inégalités et la pauvreté haïtienne. Le coefficient de Gini qui est un des indices mesurant les inégalités indique un niveau d'inégalités de 0.5 pour Haïti, comparé à 0.49 pour le Brésil. Selon le principe, plus le coefficient est élevé, plus élevés sont les inégalités (Ibid., p.6). Donc, Haïti est en proie à de très fortes inégalités. D'après le MPCE, quatre (4) formes d'inégalités sont constatées en Haïti :

1) Une première forme qui revoit à la profonde différenciation urbain/rural, inégalités spatiales ;

2) Une deuxième forme relative au genre qui partent de différences d'abord biologiques, se transplantent sur les plans social et économique et se différencient quelque peu avec l'âge et le milieu de vie urbain/rural,

3) La troisième est une lutte de classe, basée sur la problématique des classes moyennes. Ce sont les inégalités pauvres / non pauvres.

4) Enfin, les inégalités liées aux catégories socioprofessionnelles qui font intervenir le mode d'insertion dans l'activité économique lequel est aussi lié aux capacités individuelles, aux structures économiques et au niveau de développement du marché du travail.

Toutes ces formes d'inégalités n'ont pas la même ampleur dans le tissu social haïtien. Il existe des inégalités globales, inter et intra groupe, des inégalités de revenu correspondant aux inégalités de conditions et de niveau de vie, et les inégalités monétaires qui ont leur racine dans les inégalités d'opportunités et de capacités. Des études montrent que les inégalités monétaires et de capacité, sont révélées plus importantes que les inégalités de consommation en raison principalement des différences culturelles et dans l'accès aux biens et services.

Le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté, rapporte que les inégalités de revenu ou de consommation contribuent pour 17% aux inégalités totales alors que les inégalités spatiales y contribuent pour 83% (MPCE, p.32, 2007). Les inégalités entre les catégories socioprofessionnelles expliquent 6.38% des inégalités totales. Celles relatives à l'âge et au genre ont une contribution nettement faible, soit de 1% en ce qui a trait à l'âge (Id.).

Selon le ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE), dans sa publication inégalités et pauvreté en Haïti (2006), les inégalités de consommation sont moins élevées que les inégalités de revenu. Le coefficient de Gini indique un niveau d'inégalités de revenu de 0.653 sur la base de l'ECVH (2001) et 0.476 pour les inégalités de consommation sur la base de l'EBCM (2000). Selon cette même étude, les inégalités de revenu sont plus importantes dans les aires rurales (Gini : 0.629) que la région métropolitaine (Gini : 0.523), mais moins importantes dans les autres urbains (0.639) ; tandis que les inégalités de consommation sont plus élevés dans l'aire métropolitaine (0.550) contre (0.411). Ce qui traduit une plus grande différenciation des niveaux de vie des ménages dans l'aire métropolitaine que dans les autres milieux.

b) Pauvreté

Pour les économistes et les gouvernements, la pauvreté est une préoccupation majeure depuis toujours (Falcucci, 2012). Le concept de pauvreté présente beaucoup d'ambiguïté en vue d'une définition. Jean ETIENNE et al. dans le dictionnaire de sociologie (1997), définissent la pauvreté comme étant « le seuil en deçà duquel l'existence biologique est menacée ». Pour ces auteurs, le pauvre est vu comme celui qui ne peut accéder aux biens de premières nécessités : alimentation, santé, éducation, logements etc (Visene, 2003)34(*). Au sens d'Amartya Sen, le pauvre est donc un individu qui souffre d'un défaut de capacités à avoir accès aux ressources et à pouvoir les utiliser (autrement dit les convertir en « capabilités ») pour assurer les « fonctionnements » (c'est-à-dire des accomplissements physiques élémentaires, comme être en bonne santé, et d`autres de nature sociale, comme participer à la vie en société (Paul, p.47, 2011). On distingue la pauvreté monétaire de la pauvreté humaine.

La littérature des sciences économiques catégorise deux grands niveaux de pauvreté, la pauvreté relative et la pauvreté extrême ou absolue. La pauvreté extrême est la situation des gens vivant avec moins de 1 $ par jour, en parité du pouvoir d'achat. Dans l'autre niveau, les gens vivent avec moins de 2 $ PPA et par jour. La lutte contre la pauvreté et les inégalités constitue pour Haïti un défi majeur (MPCE, 2006).

Le DSNCRP révèle, se basant sur l'ECVH (2001), qu'en 2001, 56% de la population Haïtienne, soit 4,4 millions d'habitants sur un total de 8.1 millions, vivait en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1$ US PPA par personne et par jour. Sur 10 personnes, on estimait qu'environ 7,6 étaient considérées pauvres, c'est-à-dire ne disposant pas de 2$ US PPA par personne et par jour, 40% des plus pauvres de la population n'ont accès qu'à seulement 5.9% du revenu total, tandis que les 20% les plus nantis captent 68%. Ainsi 80% de la population ne dispose que de 32% des revenus et que les 2% les plus riches seraient en possession de 26% du revenu total (MPCE, pp.14-15, 2007).

En 2005, Haïti avait régressé dans l'échelle du développement passant du 146e rang en 2000 au 153e rang. L'IHSI, conjointement avec le Centre Latino-Américain de Démographie (CELADE) et l'UNFPA, estime l'espérance de vie à la naissance à 58,1 (2000-2005), sur la base des données du Recensement de 2003 (Id.). La mortalité maternelle est passée de 457 à 630 pour 100 000 naissances vivantes entre 1990 et 2005. En 2003, le taux d'analphabétisme est de 39%, le taux des enfants scolarisés est de 49% parmi les enfants en âge de fréquenter l'école. Ce qui est la conséquence d'un manque de capacité réceptive des institutions scolaires. De la population âgée de 6 à 24 ans une frange de 45% fréquentait un établissement scolaire ou universitaire. La majorité de la population n'arrive pas à se procurer la ration alimentaire minimale établie par la FAO, savoir 225 kg de calorie par an et par individu35(*).

La diminution progressive de la couverture forestière, la malnutrition des enfants, la baisse moyenne annuelle du produit réel per capita et de la consommation moyenne, sont d'autres indices révélateurs d'une dégradation des conditions de vie.

* 34 Extrait de l'article « La pauvreté rurale en Haïti : Cercle vicieux du sous-développement local » de Jean Laforest VISENE, publié dans le journal Le Nouvelliste, no. 36742 du vendredi 8 au dimanche 10 août 2003, pp. 16, 23. L'article est disponible sur le blog : http://visenejl.blogspot.com . Page consultée le 10 juillet 2014.

* 35 Comme pour le paragraphe précédent, les données de ce paragraphe sont tirées du document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (MPCE, pp.31-33, 2007).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway