Pacification et sécurité nationale. Quelles stratégies pour la RDC ?( Télécharger le fichier original )par Frédéric BIRINDWA MIHIGO Univesrité Simon Kimbangu de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010 |
Tableau n°1 :Sécurité :référent et objet
Le bien-être est ici abordé au sens large. Il peut être économique, social ou culturel Cependant, la priorité lexicale et analytique accordée au niveau national de la sécurité doit tenir compte du fait que la sécurité endogène à un secteur n'égalera jamais celle accomplie dans un autre en vertu du coût marginal que cela entraîne. Il y a donc un déséquilibre intrinsèque au sein de la sécurité nationale étant donné que le degré de sécurité atteint à l'intérieur d'un secteur se fait au détriment des investissements dans un autre. En définitive, le degré de sécurité national d'un acteur sera souvent fonction de l'équilibre entre la « somme totale »de sécurité à travers les secteurs et la pression exercée par le système international sur chacun de ceux-ci . Toutefois, le caractère équivoque de la position de l'Etat dans le système international contemporain, entre référent et instrument de sécurité, obscurcit et rend incertaine la réponse aux questions conceptuelles que nous avons évoquées : la sécurité de qui ou de quoi(individu, Etat, Collectivité, global) ; et la sécurité pour quelles « valeurs »(bien-être, souveraineté, identité, écosystème). Dès lors il est probable que la technique qui permet de détourner ces deux principaux volets de travail et leur contenu avec le moins des risques est logée dans une contextualisation et dans une prise en compte des niveaux analytiques qui structurent en retour ce contexte. c) Le concept de Stratégie34(*)Guerres civiles et génocides ont provoqué un regain de militarisme dans certains pays moins développés(milices armées, seigneur de la guerre, enfants soldats, valeurs « héroïques » , sacrifices, attaques suicides, etc.), qui militant en faveur du retour de la paix et de l'intégrité nationale, peut être considéré comme une forme de nationalisme. Parallèlement les pays démocratiques et développés semblaient de leur coté s'éloigner définitivement du militarisme, au point où certains observateurs diagnostiquaient l'avènement des sociétés « post-militaires »ne pouvant se lancer, et encore péniblement, que dans les guerres « post-héroïques ». Dans ces sociétés, le sentiment national, notamment en Europe occidentale, est plutôt déclinant, l'enseignement d'une histoire « nationaliste »paraît également en retrait, et le regard porté sur les conflits du passé, comme la Première Guerre Mondiale ; s'est profondément transformé le rendant, pour partie, incompréhensibles. En dehors des quelques cas particuliers, comme Israël, la démilitarisation des politiques extérieures de l'Allemagne et du Japon semblait devenue la règle plus que l'exception . Pourtant, libéré de certaines des contraintes qu'imposaient la Guerre froide(notamment le risque d'escalade nucléaire entre deux super-puissances), favorisé par l'émergence d'un droit d'ingérence humanitaire, l'emploi de la force armée loin de décliner a continué, sous les formes renouvelées, à caractériser l'action extérieure des Etats. Parfois propulsés, grâce aux interventions « humanitaires », « garants nécessaires des grandes espérances humaines »,comme l'anticipait Charles de Gaule en 1934( de Gaule, 1934 p.270), les soldats sont redevenus les acteurs qu'ils n'étaient plus tout à fait au cours de la guerre froide, lorsque l'équilibre de la terreur, donc la quasi non-emploi des forces conventionnelles terrestres notamment en France, dominait les pensées et les pratiques. Maintien de la paix, intervention humanitaire, restauration de la paix, « nouvelles missions », « contrôle de foules », « maîtrise de la violence » : depuis la fin de la guerre froide, les missions principales des armées notamment dans les pays occidentaux ont vu coexister le combat de haute intensité( comme lors de la guerre du Golfe en 1990-1991) et la préparation de son éventualité, avec d'autres missions qui, si elles n'étaient pas toutes inédites, sont devenues plus fréquentes. Les armées des principaux pays européens et à un degré moindre, des Etats-Unis, se sont efforcés d'ajouter au combat de haute intensité « la maîtrise des espaces de crise » en combinant la force armée à des actions politiques souvent complexes et multinationales, comme l'établissement d'un plan de paix, la surveillance d'une zone, l'appauvrissement d'une population, la protection de « zone de sécurité », l'organisation d'élections ou le désarmement des groupes rivaux. La crise de certains Etats, les flux des réfugiés, les situations de famine ont conduit les forces armées à participer de plus en plus fréquemment, à des opérations que les Américains appellent « autres que la guerre ». A la fin du 19e siècle, le colonel Britannique Charles E. Callwell( 1859-1928) codifiait les pratiques de ce que l'on a désigné au début des années 1980 par l'expression « conflits de basse intensité ». Ces missions dans lesquelles la force armée peut produire des effets sans nécessairement user de violence(sa seule présence conduisant à des formes de dissuasion) ont replacé au premier plan des modes d'actions que les armées avaient déjà pratiquées par le passé, par exemple, par la France et le Royaume-Uni dans leurs empires coloniaux ou, pour ce qui concerne les interventions «humanitaires », par les armées françaises en Syrie(1860-1861, en Turquie et en Grèce(1920-1923) ou bien encore en Haute Silésie(1920-1922). Certaines de ces missions, comme les opérations de « maintien de la paix » inscrites dans le cadre des dispositions de la charte des Nations Unies(chap. VI) étaient classiques : il s'agissait de maintenir la paix après la cessation des hostilités avec le consentement des parties en présence, comme au Cambodge(autorité provisoire des Nations Unies, 1992-1993). L'opération « d'imposition de la paix »(Chapitre VII) est organisée en vue de s'opposer par la force à un agresseur identifié (Guerre du Golfe, 1990-1991). La doctrine française a ajouté la « restauration »c'est-à-dire une intervention destinée à favoriser le retour à la paix dans un pays en état de guerre civile où la sécurité des populations est gravement menacée mais où, en théorie aucun agresseur n'est désigné(Force de réaction rapide en Bosnie-Herzégovine ou opération Turquoise au Rwanda, Juin-Août 1994 ). La force qui intervient n'est pas neutre. Sans prendre position sur les buts politiques des belligérants , elle refuse la passivité en cas de non application du mandat par l'une ou l'autre des parties. L'emploi de la force est possible dans ce cadre, mais il doit rester aussi limité que possible. Des telle opérations ne conduisent pas à un effacement des caractéristiques classiques du métier des armes, comme le combat proprement dit, mais à un certain élargissement des savoir-faire des militaires en opération et surtout à des passages rapides à des types d'action et de comportements différents, du combat à la négociation. Les interventions internationales en Somalie en 1993, l'intervention et l'occupation de Haïti par les troupes américaines en 1994 et plus encore l'action de la force de protection des Nations-Unies en ex- Yougoslavie de 1991 à 1995 ont relevé les apports mais également les ambiguïtés et les impasses dans lesquelles pouvaient se trouver les militaires lorsque les objectifs politiques et militaires n'étaient pas accordés, ou que la possibilité de l'emploi de la force n'était pas pleinement intégrée à la mission. Dans un tel contexte, la puissance aérienne a connu une utilisation intensive notamment par les Etats-Unis. Outre la guerre du Golfe et la guerre de Bosnie, la puissance aérienne a été mise en oeuvre en Somalie, des frappes aériennes ont été utilisées par les Etats-Unis en Août 1998 au Soudan(contre une entreprise soupçonnée de dissimuler la fabrication d'armes chimiques) et simultanément en Afghanistan(contre les camps d'entraînement des groupes dirigés par Ousama Ben Laden suspecté de terrorisme), contre l'Irak sous forme d'une surveillance des zones aériennes interdites aux Irakiens au Nord et au Sud du pays , puis des frappes presque ininterrompues sur le potentiel militaire Irakien à partir de décembre 1998 et au cours de la crise bosniaque. Même s'il n'est pas inédit, y compris dans les guerres limitées, voir dans des opérations de contrôle des colonies, par exemple l'usage de l'arme aérienne s'est banalisée depuis la fin de la guerre froide. L'emploi de l'arme aérienne au Kosovo a montré sa contribution à la diplomatie coercitive comme certaines de ses limites. Les forces spéciales ont pris de même une part plus grande dans les emplois de la force armée, ce que «montre en France la création du commandement des opérations spéciales(COS) en 1992 et aux Etats-Unis le développement de telles forces. Etymologiquement, le terme stratégie provient du Grec « stratégos » composé à partir de « stratos », armée et « agein », conduire. Il signifie direction d'une armée en campagne et correspond à la science et à l'art du général(chef d'armée, à Athènes, stratège). En dépit de cette étymologie, « stratégie »n'a guère été utilisé en ce sens Grec et en Latin. Longtemps, il n'a été repris dans les langues occidentales que de manière restreinte ou pour désigner la fonction athénienne de stratégie. Les Grecs utilisent plutôt le mot « tactique »(art de ranger, de disposer) pour désigner l'art de la guerre et la « chose militaire » et il en va de même des Romains et des Byzantins. Au Moyen-Age on évoquait les « stratagèmes » et les auteurs de la renaissance parlaient « d'art de la guerre »(Machiavel, par exemple), de « tactique » ou de « science des fortifications ». En dehors des cas exceptionnels et isolés, comme Paul Joly de Maizeroy(1719-1780), ce n'est qu'au 19e siècle, et de manière de plus en plus courante à partir de la deuxième moitié du 19e siècle, que le terme « stratège » est utilisé pour désigner le commandement d'armées importantes sur des théâtres d'opérations étendues. Emprunté au dérivé grec « strategia » (commandement d'une armée, aptitude à commander une armée), la stratégie est au début des années 1800 l'art de faire évaluer une armée sur un théâtre d'opération jusqu'au moment où elle entre en contact avec l'ennemi. En 1845, le mot « stratège » désigne le général en chef d'une armée importante qui conduit des opérations de grande envergure et peut agir « stratégiquement »(1844), tandis que le « stratégiste »(1845) est celui qui écrit sur la stratégie. C'est à partir de 1870 que ce qui est relatif à l'art de la guerre est appelé « stratégique »(1872) et que la stratégie est comprise comme la partie de la science militaire qui concerne la conduite générale de la guerre et l'organisation de la défense d'un pays(1876). Au 20e siècle, le terme stratégie a connu une extension sans limite et parallèlement une dilution de sa signification. En dépit de toutes les tentatives, plus ou moins claires et plus ou moins heureuses, pour élargir le sens du mot stratégie, son emploi le plus précis et le plus fiable dans la pratique comme dans l'étude des Relations Internationales reste celui qui a trait à la puissance militaire et à ses rapports avec le politique. Il s'agit d'ailleurs de l'usage retenu par les diplomates et les militaires. * 34 Dictionnaire des Relations Internationales, pp.473-477 |
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