Pacification et sécurité nationale. Quelles stratégies pour la RDC ?( Télécharger le fichier original )par Frédéric BIRINDWA MIHIGO Univesrité Simon Kimbangu de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010 |
Section III. Stratégies de Sécurité en RDC· De la mise en place des institutions de Transition Le gouvernement d'union nationale, formé le 30 Juin 2003 était chargé de mettre en oeuvre le processus électoral dont le référendum constitutionnel organisé le 18 et le 19 décembre 2005 constitue la première étape, suivi par les élections présidentielles et législatives en Juillet et octobre 2006. Il s'agit des accords qui comprennent notamment : -L'accord global et inclusif sur la transition en RDC signé à Pretoria le 17 décembre 2002 ; -Le mémorandum sur les questions militaires et les questions de sécurité du 06 mars 2003, adopté le 1er avril 2003 ; -Les 36 résolutions adoptées par les participants de dialogue inter congolais (DIC) à Sun City en mars et avril 2002. Ce gouvernement est aussi chargé de rétablir l'autorité de l'Etat dans toutes les provinces de la République Démocratique du Congo, autorité bafouée par les belligérants qui se sont repartis leur contrôle administratif et militaire, au gré de leurs alliances et de leurs intérêts économiques. Ce gouvernement de transition s'est heurté à des difficultés dans l'exécution de sa mission notamment : q Des freins à l'action du gouvernement transitoire : certains éléments influents des anciens belligérants conservent une mentalité de guerre et cherchent activement à faire échouer la transition ; q Des freins au rétablissement de l'autorité de l'Etat : le pouvoir de l'Etat est déficient ou inexistant dans les nombreuses parties du pays où l'autorité est exercée par les administrations parallèles qui ont été créées par les groupes armés, y compris d'anciens éléments belligérants du gouvernement de transition ; q Des freins au rétablissement de la sécurité : la sécurité est la pierre angulaire de la réussite de la transition politique. L'absence du progrès concernant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR) des ex- combattants Congolais a constitué un important facteur de déstabilisation. Malgré les efforts fournis par des commandants des régions militaires chargés d'assurer l'intégration dans les Forces Armées de la RDC (FARDC), les groupes armés du pays sont encore loin d'être véritablement intégrés et les commandants des régions militaires n'ont guère de prise sur les éléments armés qui leurs ont été confiés. Signalons qu'en dépit de ces difficultés, certains progrès ont été accomplis avec la nomination, le 15 Mai 2004, des gouverneurs et vice-gouverneurs qui ont depuis lors pris leurs fonctions dans les 11 provinces. Pour la police nationale, certains progrès ont été accomplis vers l'intégration depuis longtemps en souffrance dans les forces de police Congolaise, dont l'effectif s'établirait aux alentours de 70.000 à 80.000 hommes.56(*) Concernant les élections, pour la première fois, un scrutin électoral, libre et pluraliste est organisé le 3O Juillet 2006 sous la supervision de la communauté internationale. Une première dans un pays ravagé par la guerre et plutôt habitué à être gouverné par une seule main de maître. Ces élections ont été exemplaires : ce que Koffi Annan appelait à juste titre un « cauchemar logistique ».57(*) Ce scrutin fut le signal de la 3ème République, attendue depuis 1990, inaugurée par une nouvelle constitution adoptée par référendum le 18 décembre 2005 et promulguée le 18 février 2006. La racine du malaise de ce scrutin a été la fixation et le respect des procédures, dont l'égalité du droit de vote pour chaque citoyen Congolais résidant sur le territoire.58(*) · De la conférence sur la paix, la sécurité et le développement59(*) Les tensions politico-militaires observées au Nord et au Sud- Kivu ont été la preuve que plusieurs acteurs se sont affichés comme réfractaires au processus de normalisation, notamment les groupes armés ou politiques aussi bien nationaux qui ont refusé d'adhérer au processus de reconstruction nationale et/ ou d'intégration dans la nouvelle, qu'étranger qui résistent au processus de rapatriement vers leur pays d'origine. Face à cette situation qui n'a fait qu'exacerber la crise multidimensionnelle que connaît cette partie de la République, les ressortissants du Nord et Sud -Kivu, toutes les tendances confondues, ont pris l'initiative d'explorer toutes les voies et tous les moyens en vue de mettre fin à la crise dans leurs provinces respectives. D'où l'idée d'organiser une conférence sur la paix, la sécurité et le développement qui a eu lieu du 06 au 23 janvier 2008 à Goma. Convoquée par Ordonnance présidentielle du 20 décembre 2007, cette conférence s'est proposée d'amener les différents acteurs directs et indirects à discuter sur toute la problématique de la Paix, de la sécurité et du développement dans les provinces du Nord et du Sud- Kivu en vue de parvenir à une paix durable et à une stabilité, préalables pour un développement harmonieux de cette partie du territoire national. Les attributions de cette conférence étaient d'évaluer les préjudices subis sous ses différents aspects par les provinces du Nord et Sud- Kivu depuis 1994, de proposer des mécanismes appropriés en vue du désarmement des groupes armés nationaux et étrangers, de faire le diagnostic de la situation qui prévaut dans cette partie de la RDC en vue d'aboutir à une compréhension commune des causes et des conséquences de l'insécurité. La conférence visait également à dissiper les peurs, les méfiances réciproques, les suspicions, les frustrations et colères qui rendent la cohabitation difficile et amener tous les acteurs de la vie politique, économique, militaire et sociale de cette région à faire acte d'engagement pour la paix, la sécurité et le développement de deux provinces. Bien plus, la conférence cherchait à créer, en appui aux institutions légitimes établies, un cadre permanent de concertation et de règlement pacifique des conflits. Il s'agissait aussi de proposer des mécanismes d'accroissement et de renforcement des capacités de gestion des provinces et des entités territoriales décentralisées, d'inventorier les potentialités des deux provinces en vue d'élaborer un plan d'urgence de développement, de mobiliser toutes les forces vives du Nord- Kivu et du Sud- Kivu pour mieux les impliquer à la cohabitation pacifique et à amorcer la reconstruction et le développement durable. A l'issue de la conférence, les communautés de base, les groupes armés, les mouvements politico-militaires du Nord- Kivu et Sud- Kivu ainsi que les personnalités nationales, membres de la conférence ont exigé l'instauration du cessez-le-feu ainsi que la cessation des hostilités sur toute l'étendue de deux provinces. La restauration de l'autorité de l'Etat, le démantèlement de tous les groupes armés et mouvements politico-militaires nationaux et étrangers, soit par leur intégration dans les FARDC, soit par leur enrôlement dans le PNDDR pour les nationaux, soit enfin par le rapatriement dans leurs pays d'origine, font partie des grandes décisions de cette conférence. Il a été aussi demandé aux Nations Unies le déploiement des observateurs et forces armées de la MONUC pour surveiller le cessez-le-feu, en assurer le respect et sécuriser le retour des déplacés internes et réfugiés dans leurs milieux d'origine. Le 23 janvier 2008, un acte d'engagement pour mettre fin à la guerre a été signé. Les signataires s'abstiennent de poser des actes nuisibles à la paix et à la sécurité. Il s'agit entre autres de : toute attaque, tout acte de provocation ou de sabotage, tout propos ou toute déclaration de nature à favoriser la reprise des hostilités ; pour ne citer que ça. · Des opérations militaires Le 05 décembre 2008, le ministre congolais des Affaires Etrangères, Alexis THAMBWE MWAMBA, et son homologue rwandais, Rose- Marie MUSEMINALI, ont annoncé une opération conjointe immédiate contre les FDLR, appelée « UmojaWetu ». Comme lors des précédentes tentatives des négociations, le général rwandais James KABAREBE et le Général congolais John NUMBI figuraient parmi les acteurs-clés.60(*) a)Les opérations « UmojaWetu »Le 20 janvier 2009, au moins 4000 soldats rwandais, et peut être beaucoup plus, ont franchi la frontière et ont pénétré dans l'Est du Congo pour combattre les FDLR dans le cadre d'une offensive Rwando -Congolaise conjointe appelée « UmojaWetu ».61(*) Bien que cette opération soit qualifiée d'offensive conjointe, des nombreux soldats congolais étaient gênés par l'intégration complexe dans leurs rangs d'ex- combattants du CNDP, ainsi que d'autres groupes armés, et ils étaient pour une grande part absent de l'opération. Les troupes rwandaises ont avancé très rapidement, parfois aux côtés d'ex-combattants du CNDP, attaquant une des principales bases des FDLR à Kibua, en territoire de Masisi (Nord- KIVU), ainsi que d'autres positions des FDLR aux environs de Nyamilima, Nyabyondo, Pinga et Ntoto (Nord- Kivu) . Même S'il y a eu quelques confrontations militaires, essentiellement dans la zone autour de Nyabyondo et Pinga, les combattants FDLR ont souvent battu en retraite dans les collines et forêts environnantes avant les attaques. Après 35 jours d'opérations militaires au Nord- Kivu, et dans un laps de temps qui était probablement convenu entre les présidents Kabila et Kagame, l'armée rwandaise s'est retirée du Congo le 25 février 2009. Une cérémonie de clôture et u défilé militaire ont été organisés à Goma, en présence des ministres rwandais et congolais des Affaires Etrangères et de la Défense, du chef de la MONUC, Alan DOSS, ainsi que des diplomates de Kinshasa et Kigali. Le général NUMBI, l'un des principaux artisans de l'accord, a annoncé que l'opération avait été une réussite.62(*) * 56 Eléments recueillis à l'inspection Provinciale de la Police Nationale Congolaise du Sud- Kivu à Bukavu. * 57 www.Codesria.com * 58 KENNES, E. , La République Démocratique du Congo en 2006. Tournant historique in Entwick lungsträter in der D.R. Kongo , p.125. * 59 Magazine périodique de la MONUC, Janvier-février 2008-vol. VI, n°40 * 60 www.minaffet.gov.rw * 61 «UN says up to 4.000 Rwandan troops in DR Congo», Agence France-Presse, 21 Janvier 2009 * 62 www.crisisgroup.org |
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