Conclusion
Notre présent mémoire visait à dresser
l'esquisse d'une analyse des idées politiques de la pensée
zadiste en comparant les zads à d'autres phénomènes
politiques et en confrontant les idées à des idéologies
qui nous apparaissaient proches. L'hypothèse principale de ce travail
était que les zads, qui apparaissaient comme un ensemble
hétérogène idéologiquement et sociologiquement,
développaient une pensée politique cohérente. La
première étape pour vérifier cette hypothèse fut de
dresser la définition zadiste de la zad. Nous avons pu ainsi regrouper
ses caractéristiques autour de trois grands pôles en utilisant les
nombreuses sources primaires. Il existe une cohérence entre les zads
concernant la critique du système capitaliste actuel et la
volonté de mettre en place une alternative qui reposerait sur des
valeurs de complémentarité, de partage et de
créativité. De plus les zads adoptent une position commune quant
aux différentes techniques de lutte en combinant la lutte violente et
non-violente. Enfin les zads s'inscrivent également dans un
réseau. Elles constituent un réseau dans le réseau contre
les Grands Projets Inutiles et Imposés. La seconde étape fut
guidée par une de nos intuitions premières à savoir des
liens de « filiation » entre les zads et les mouvements
altermondialistes comme la lutte du Larzac. Cette intuition s'est
révélée en partie fausse étant données les
différences fondamentales entre les deux phénomènes tant
en terme de lutte que d'organisation. Enfin la dernière étape de
vérification a été de vérifier la place des zads
dans la classification idéologique. Nous avons
délibérément retenu deux idéologies
particulières : l'idéologie développée par le
Comité Invisible et le municipalisme libertaire. Le premier choix fut
guidé par des comparaisons que nous avons pu lire ou entendre dans les
champs politiques et médiatiques. Le deuxième choix fut plus
d'ordre personnel en raison de notre intérêt pour le municipalisme
libertaire. La vérification de ces hypothèses nous a conduit
à estimer que la pensée politique zadiste n'est pas une
idéologie car elle ne constitue pas « l'ensemble structuré
de représentation du monde social » comme le définit
Philippe Braud1. Bien qu'elle repose sur des croyances et qu'elle
vise à légitimer une certaine forme de pouvoir, elle refuse de
fournir une explication du social et du politique à vocation
universel.
Ce travail ne peut prétendre à
l'objectivité la plus complète bien que nous nous sommes toujours
efforcés, dans la mesure du possible, à retranscrire la
pensée des acteurs et
1 BRAUD Philippe, Sociologie Politique..., Op.cit..
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des auteurs dans leur intégralité. Nous estimons
que toute recherche scientifique est guidée par des choix. L'important
est de les préciser.
Enfin, nous ne prétendons pas établir une
étude exhaustive de la pensée politique zadiste. Nous
espérons, en toute humilité, apporter quelques
éléments de réflexion sur un objet très peu
étudié en science politique. Ce travail apparaît dès
lors comme une esquisse qu'il est possible d'améliorer.
Premièrement, l'étude des sources primaires
nécessiterait un travail sur un plus long terme en raison de leur
multitude et de la difficulté de les synthétiser. Si travailler
sur la pensée zadiste en étudiant les différentes zads
reste intéressant, il serait également pertinent de ne se
focaliser que sur l'étude d'une seule zad pour établir un travail
de recherche plus précis et plus élaboré. Le risque est
dès lors celui de travailler sur un sujet nouveau et de tomber dans la
simple monographie sans vertu explicative.
Deuxièmement, il serait intéressant d'adopter
une approche interdisciplinaire pour traiter ce sujet.
L'interdisciplinarité doit permettre d'articuler les connaissances
acquises pour livrer une analyse d'avantage révélatrice des
multiples enjeux de ce phénomène. Ainsi le recours à la
sociologie tourainienne et la production d'entretien combinées à
une observation participante pourrait améliorer notre perception de la
pensée politique zadiste. Il s'agit moins de confronter les analyses
à la réalité que d'élargir nos connaissances afin
de mieux comprendre cette pensée.
Troisièmement, nous pensons qu'un travail de recherche
pourrait être entièrement consacré à la place des
zads dans les nouveaux mouvements de contestations sur le plan international.
La mise en réseau assez récente de tous ces mouvements
évolue parallèlement au processus de métropolisation qui
dépasse les frontières du monde occidental.
Finalement, cette tentative d'analyse de la pensée
politique zadiste a amené bien plus de questions qu'elle n'en a
résolues. C'est peut être bien là tout l'enjeu de la
recherche, répondre à des interrogations par d'autres
interrogations.
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