7.2.4.1. Faits envisagés ou envisageables sur le plan
développementiste familial
Dans son « Plan Local de Développement
2010-2014 », la chefferie » de Ngweshe
envisage :
- améliorer l'accès à l'eau potable et
réduire la vulnérabilité de façon qu'au 31.et
12.2014, 80 % de la population ait accès à l'eau potable et
l'assainissement du milieu
- améliorer les conditions d'accès à
l'éducation, aux sports et aux loisirs de façon que,
conformément aux objectifs du millénaire, chaque enfant de la
chefferie accède à la l'éducation de base
- assurer à chaque habitant une habitation
décente
- améliorer l'accès aux soins de
santé
- assurer l'accès de la population à
l'énergie électrique de façons que chaque habitant de la
chefferie soit desservi en électricité au 31.12.2014
- réduire les risques de nouvelles contaminations du
VIH/SIDA à travers le renforcement de la sensibilisation à la
prévention et la lutte contre le VIH/SIDA de telle sorte que tous les
villages soient dotés d'ici 2020 des centres de dépistage
volontaire
- accroître la production agricole (cultures et
élevages)
- accroître la circulation des marchandises, des biens
et des services
- promouvoir les activités commerciales, artisanales,
minières, les petites et moyennes entreprises et au besoin les
activités industrielles
- promouvoir la bonne gouvernance.
Les actions envisagées par la chefferie sont
importantes mais elles manquent du réalisme, certaines apparaissent
très ambitieuses, d'autres s'inscrivent dans un cadre
macroéconomique de façon qu'elles ne peuvent en aucun cas
s'exécuter au sein d'une entité aussi « micro
sociétale » de Ngweshe par rapport à toute la nation
congolaise. C'est le cas de bonne gouvernance qui n'est pas l'apanage d'une
chefferie, car tous les services opérant au sein de la chefferie
relèvent de l'administration provinciale et nationale.
Un autre fait qui paraît avec peu
d'ambigüité, c'est, par exemple, l'accès à
l'électricité par toute la population d'ici le 31 décembre
2014. Un projet d'une telle envergure nécessite la concertation et
l'unanimité de toute la population adulte, des partenaires nationaux et
internationaux. On sait que l'électricité est un luxe et que tout
luxe requiert et exige des moyens adéquats. Malgré les
potentielles hydrauliques dont dispose la chefferie, il apparaît comme un
rêve de penser qu'en seulement quatre ans, on peut aménager des
centrales hydroélectriques qui desservent en énergie
électrique toute la population de Ngweshe. Qui s'engagerait d'abord dans
un tel projet ? Pour quel intérêt pour un si laps de temps et
par quelles ressources humaines, matérielles et
financières ? La question est de taille car à deux ans de
la fin du projet, personne au sein de la chefferie n'en est informé.
Aucune étude de faisabilité n'a été menée
sur aucune chute, aucun partenaire même pas la Société
Nationale d'Electricité (SNEL) qui a le monopole de produire et de
gérer l'électricité en République
Démocratique du Congo semble ne pas n'être pas informée du
projet.
La sécurité au sein de la chefferie est aussi
un autre défi à relever et ceci n'est pas de l'apanage de la
chefferie dont les autorités et toute la population, du reste,
observent, impuissamment les exactions qui se commettent en son sein par des
personnes qui ne sont même pas du milieu mais qui agissent hors la loi et
contre la dignité de tout être humain. C'est le cas des Forces
Démocratiques pour la Libération du Rwanda et leurs complices qui
sèment la terreur au sein de la chefferie et ailleurs depuis 1996 ;
le Raiya Mutomboki, une milice née dans le Territoire de Shabunda
depuis 2000, et qui s'est répandue en tache d'huile sur d'autres
territoires limitrophes sans parler d'autres bandits inciviques. Nul n'est
besoin de le rappeler, ceci étant une vérité
universellement connue : l'Est de la République Démocratique
du Congo est devenu une jungle depuis que l'armée rwandaise du feu
Président Habyarimana s'est enfuie avec tout son arsenal militaire dans
les provinces du Nord et Sud-Kivu.
Nous estimons, à notre humble avis, que la Chefferie
de Ngweshe connaît, certes des problèmes mais qu'il y en a dont
les solutions ne relèvent même pas de la conjugaison des forces
de ses habitants mais plutôt des gouvernements provincial et central.
Tout compte fait, la dynamique de changement tant quantitatif
que qualitatif au sein de la chefferie doit souscrire aux aspects
suivants :
· La concertation et l'unanimité sur les
projets prioritaires :
Cet aspect relève des principes énoncés
antécédemment impliquant que la concertation et
l'unanimité populaire, au sein d'une entité sociale par rapport
à un projet, aboutit toujours à l'appropriation dudit projet et
des ouvrages par toute la population présente et à venir.
· L'introduction et le respect des normes de la
planification familiale au sein de la communauté :
Ceci nous amènera à avoir une taille de famille
plus réduite, plus raisonnable et en adéquation avec les
ressources de la famille ; avoir des enfants et des mères beaucoup
plus en bonne santé. Plus les enfants sont moins nombreux au sein d'une
famille aux ressources médiocres, plus la scolarisation peut être
facilement abordable. Il va sans dire que nous n'aurons pas de familles
stables aussi longtemps que nous serons irresponsables dans notre
procréation, aussi longtemps que nous remettrons au compte de Dieu les
fruits de notre sexualité effrénée et
incontrôlée.
Tous les membres de la communauté, à tous les
âges adultes, devront ainsi être informés et
sensibilisés sur la paternité et la maternité
responsables ; sur le fait qu'il ne sert à rien d'avoir des
enfants qu'on ne peut pas nourrir ; que les naissances nombreuses
affectent malencontreusement la santé de la mère et peuvent
provoquer, à coup sur, aussi bien le décès de la
mère que des enfants ; que les grossesses au-delà de 39 ans
et au-delà de la septième grossesse sont avérées
des grossesses à haut risque pour la mère et le nouveau-
né ; que les grossesses trop rapprochées ou nombreuses ne
permettent pas à la famille d'épargner quoi que ce soit... Elles
appauvrissent plus qu'elles n'enrichissent. La famille concernée par
cet état de chose se retrouve constamment dans une situation
mélancolique, aux lendemains incertains et aux dépenses
insupportables. Un accent particulier devra donc être mis sur pied pour
qu'il y ait dans chaque village, au sein des Centres d'Etudes d'Actions pour
le Changement, des unités actives qui sensibilisent les jeunes
célibataires, les jeunes couples sur le nombre d'enfants qu'il faut
avoir et comment les avoir, c'est-à-dire déterminer le type d'
espacement de naissances qui convient entre deux accouchements successifs.
Faudra-t-il, par exemple, avoir deux enfants en quatre ou en huit ans.
L'exigüité des espaces arables et habitables, l'explosion
démographique, la vie chère, la faible technologie sont des
facteurs qui font de la planification familiale une contrainte au sein de la
Chefferie de Ngweshe.
· Le travail et le manque d'ambigüité
discursive :
Comme dit précédemment, la famille est
essentiellement travail et discours. Elle doit maîtriser ce qu'elle fait
et saisir toutes les opportunités par rapport aux actions productives
dans lesquelles elle s'engage. Elle doit saisir ce qu'elle dit et ce qu'elle
entend pour éviter d'être à la remorque des gens sans
idéal praxéologique rationnel. La chefferie devra donc
décourager toutes les Eglises qui estiment qu'on peut vivre seulement au
compte des prières et qu'il faut, au lieu de travailler, s'enfermer dans
des chambres des prières, invoquer l'être suprême et
attendre de lui toutes les solutions aux problèmes du croyant. Pour
faire face au défi de développement, la Chefferie
s'attèlera à des démarches actionnalistes et discursives
orientées vers le principe de l'auto-évaluation permanente.
Ainsi, ces démarches requièrent le
renouvellement du système économique de production. Etant
donné que les espaces cultivables et habitables se sont
avérés réduits et que l'infertilité du sol est
devenue manifeste à travers toute la chefferie, il convient qu'on
recourt à de nouvelles habitudes alimentaires, de nouveaux modes de
culture ou d'exploitation agricole ou encore introduire dans le milieu des
nouvelles cultures. C'est par exemple le riz de montagne, la pomme de
terre,..., et développer l'artisanat à travers toute
l'entité.
C'est à ce prix que l'on peut encore relancer petit
à petit la production au sein de la chefferie, nourrir tout le monde et
tendre vers l'autodépendance.
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