6. La méthode
Notre cheminement, à travers cette recherche, a
été guidée par la Méthode
praxéo-interdiscursive de Kambaji Wa Kambaji. Cette méthode,
bien que devant apparaître à travers tout le travail, devra
être élucidée dans le troisième chapitre axé
sur les fondements épistémologiques qui abordent méthode,
théories, concepts et ruptures.
Le choix de cette méthode se justifie par le fait
qu'elle demeure la voie pouvant permettre d'analyser avec cohérence les
actions et les discours qui se sont produits à Ngweshe surtout pendant
et après les périodes de tumulte qu'a connues la chefferie. Or,
il va sans dire que toute communauté agissante ne s'émeut et ne
se confirme qu'à travers ce qu'elle réalise, ce qu'elle dit et
la manière dont elle appréhende ce qu'elle entend,
c'est-à-dire ce qu'on lui relate en termes des discours.
En effet, la praxéologie interdiscursive nous permettra
de passer en revue les actions, certains discours qui se sont produits au sein
de notre univers, de jauger la capacité des locuteurs, des auditeurs et
de la société-histoire, analyser la transmutation
créatrice de l'énergie conscientielle concentrée,
identifier les problèmes majeurs au sein de l'entité et proposer
une thérapie sociologique schématisée,
systématisée, appropriée, efficace et durable.
7.
Délimitation spatio-temporelle et typologique
Sur le plan spatial, cette recherche est axée sur la
chefferie de Ngweshe, une entité qui a connu beaucoup de perturbations
d'ordre politique, économique et culturel émaillées des
situations de guerres et de conflits divers. Elle mérite une attention
particulière dans son parcours et sa dynamique sur les plans
géographique, humain, sociologique, culturel, historique et
politique
De ce point de vue, Ngweshe est un territoire vaste
disposant d'une population qui lui est reconnue et estimée à plus
de 600 000 habitants, diverses interactions se sont tissées en
son sein développant ainsi des réseaux des relations intenses et
durables, tantôt du genre irénique, tantôt du genre
agonistique (tendre, pacifiste ou conflictuel, le conflit étant
inhérent à tout milieu de vie). Les communautés de Ngweshe
disposent de leurs cultures, ses diverses manières d'être, de
penser et d'agir qui leur sont spécifiques bien que devant être
situées principalement dans la pensée bashi et même bantou.
L'histoire de Ngweshe est riche et variée de beaucoup de
péripéties : un peuple brave, travailleur, rationnel avec
des rois dynamiques qui ont fait l'honneur de ce peuple et surtout la digne et
brave femme M'Naluganda qui a dirigé la chefferie depuis 1960 jusqu'en
1992 pendant que son fils Pierre Ndatabaye était aux études ou
en dehors de la chefferie. Elle a administré la chefferie avec
compétence, maîtrise et responsabilité. Paix à son
âme.
Sur le plan temporel, ce travail, du fait, en partie, de
vouloir aborder l'aspect transitionnel de la famille, fait usage d'une approche
historique qui irait dans un profond lointain de la vie de cette entité.
Toutefois, les éléments les plus marquants sont ceux qui
concernent la période ayant couru depuis 1994, année à
partir de laquelle, la chefferie a connu des perturbations dans tous les
domaines même au sein de son environnement physique. Elle a connu des
troubles internes et externes qui ont abouti à une opération
« chasse aux sorciers » : tous ceux qui étaient
connus ou supposés sorciers ont été tragiquement
tués, leurs cases incendiées et leurs biens emportés. A ce
phénomène succédèrent, immédiatement,
à partir de 1996 des guerres, des constitutions de plusieurs groupes
armés, des massacres odieux, des viols massifs, des déportations
des populations en forêts et un exode rural impressionnant. A partir de
2010, une autre forme de banditisme a vu le jour ; c'est le
phénomène « kabanga » qui consiste à
étrangler clandestinement une personne par une corde. Il semble que
cette corde avec laquelle le bourreau réalise son forfait dispose d'un
pouvoir magique. Le bourreau a plus donc besoin de la corde que de la victime.
Il s'agit là d'un phénomène sur lequel il conviendra
d'attirer de l'attention pour mieux le comprendre.
Sur le plan typologique, cette recherche, sans
s'écarter de fondements épistémologiques, aborde les
aspects liés à la famille, au discours, au développement
et à l'environnement. Ces domaines sont importants pour tout acteur
social. La famille est un cadre de vie d'une grande importance. Elle assure
à l'individu la socialisation primaire qui contribue efficacement au
développement physique, psychologique, moral de l'individu qui en est
issu. La famille tend à tout moment à améliorer son
bien-être pour accéder au mieux-être. Ce passage voulu
à tout moment et peut-être non atteint ou atteint selon les
milieux, est appelé, ici, développement. Nous retiendrons
cependant que chaque famille vit dans un environnement qu'il influence et dont
il dépend fondamentalement. Ces considérations sont
générales, positives et idéales.
A ce jour, la famille dispose d'une autre perception
négative, notamment chez les marxistes qui estiment que la famille n'est
pas un cadre d'harmonie pour plusieurs raisons : elle anéantit la
liberté de ses membres, elle est souvent un cadre des tensions entre
les conjoints, entre les parents et leurs enfants, et entre les enfants
eux-mêmes. Ce sont des défis qu'il convient de relever.
Enfin, nous estimons que cette thèse, bien
qu'axée sur des systèmes sociaux tels que la famille, le langage
et l'environnement, s'inscrit en même temps dans la Sociologie
fondamentale du fait que la Sociologie du discours et la Praxéologie
interdiscursive sont des élargissements à la Sociologie
fondamentale. Elle s'oriente vers la sociologie du discours, la sociologie de
la famille, la sociologie du changement ou du développement, de
l'environnement et de la continuité.
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