Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive( Télécharger le fichier original )par Pierre BAKENGA SHAFALI Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012 |
2° Le paradigme atomisteLe point de vue de Max Weber est différent de celui d'Emile Durkheim, c'est le paradigme atomistique qui détermine l'action sociale. Pour lui, et plus certainement encore pour Georg Simmel, chaque individu est un atome social. Les atomes agissent en fonction de motifs, intérêts, d'émotions propres et sont liés aux autres atomes. Un système d'interactions constantes entre les atomes produit et reproduit la société. Selon ce point de vue, l'objet des recherches sociologiques est l'action sociale. L'accent est porté sur la cause des actions sociales et le sens donné par les individus à leurs actions. On ne cherche plus des arrangements d'institutions mais un horizon de significations qui servent de références. L'institution est là mais elle sert les motifs et les intérêts des agents et les enserre : c'est la « cage de fer » de la bureaucratie. 3° Le constructivisme socialLe constructivisme social envisage la réalité sociale et les phénomènes sociaux comme étant « construits », c'est-à-dire produits et institutionnalisés. L'émergence récente d'une analyse sociologique fondée sur les réseaux sociaux suggère des pistes de recherche dépassant l'opposition entre approche holistique et approche atomistique. De même, la sociologie pragmatique a considérablement modifié les manières de lier logiques d'enquêtes, productions de modèles et styles de restitution des travaux. Ainsi, on peut considérer la langue comme étant un élément produit par la société et les individus usagers bien que celle-ci préexiste avant l'individu social. 4° Le paradigme normatif : la langue est un corps de règles au même titre que d'autres institutions tels que l'Etat, la famille, le droit, l'armée... Au-delà des paradigmes linguistiques, la société regroupe d'autres éléments tels que l'imaginaire social qui regroupe partiellement les catégories du pensé et de l'impensé sociaux. Le pensé peut être codifié. L'impensé peut être l'objet de ce qui pourrait par hypothèse s'apparenter à un refoulement collectif. Du coté du pensé, l'imaginaire irrigue les « univers symboliques » tels que les idéologies et les religions. Du coté de l'impensé, il se nourrit des mythes lesquels sont des récits fabuleux d'origine populaire et non réfléchie, dans lesquels les agents impersonnels le plus souvent les forces de la nature, sont représentés sous forme d'êtres personnels, dont les actions ou les aventures ont un sens symbolique.24(*) Nous pourrions ajouter que chaque époque a sa pensée qui lui est spécifique et développe, ipso facto, des paradigmes qui lui sont appropriés. Ainsi, Marc Luycky Ghisi a établi un critérium des paradigmes se rapportant aux époques prémoderne, moderne et transmoderne. Tableau n° 1. : Comparaison entre trois paradigmes
Source : M. Luyckx Ghisi, Au-delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme. La société réenchantée, p. 51. Commentaire : Trois paradigmes sont présentés dans ce tableau, et à chaque paradigme correspond des critères dont les sens et les considérations varient selon les époques. Au sein de notre univers, il importera de voir comment les paradigmes ont évolué. Ont - ils été statiques ou ont-ils évolué, ou varié selon les circonstances et les péripéties de la vie ? Le tout fait référence à notre préoccupation de départ selon laquelle la famille est à la fois objet d'observation, de changement et de continuité, ce qui lui confère ces différents paradigmes Disons, enfin, qu'un paradigme est le détail d'une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée...). Selon Claude Javeau, le social brut tel qu'il se manifeste peut se représenter de la manière suivante : Tableau n° 2 : Le schéma du social
Source : C. Javeau, Leçons de sociologie, p. 51. Les différents éléments qui figurent dans le schéma sont en constante interaction. Il serait erroné, par exemple, de faire d'une idéologie un simple reflet d'une institution matérielle (le militarisme comme reflet de l'armée) ou à l'inverse, d'une institution la simple concrétisation de la pensée marxiste-léniniste). Enfin, Aristide Kagaragu a décrit la famille des Bashi qu'il qualifie de « famille modèle », avec un père responsable, une mère douce, respectueuse, fort soumise à son mari, bonne éducatrice, bonne ménagère, croyante, courageuse, relationnellement et culturellement équilibrée.25(*) Tous ces aspects et bien d'autres qu'il s'agisse des discours, de la religion, de l'idéologie, de mythes, du pensé et de l'impensé, le tout se réalise et ne se manifeste qu'à travers le verbe, c'est-à-dire le discours. Les interactions sont ainsi permanentes entre les différents locuteurs et les multiples auditeurs, une adéquation entre ces acteurs doit être de mise pour éviter tout mal entendu. Ce bref parcours des ouvrages ayant traité de la famille démontre qu'il existe d'innombrables auteurs qui se sont penchés sur l'étude de la famille en tant que système social, mais aucun n'abordé cette trilogie « famille- discours et environnement » dans une dynamique réciproque. C'est là que se situe l'originalité de cette thèse si modeste, soit-elle. Il s'agit, pour ce fait, d'étudier une famille en tant que locutrice et auditrice, une famille qui lutte, et toujours confrontée à des obstacles et à son environnement, mais qui tente de se transcender dans le but d'aller de l'avant à travers des faits conçus et matérialisés ou praxéologisés, c'est-à-dire, une famille insérée dans un processus de pragmatisme et d'autodétermination. * 24 . Idem, p. 49. * 25 ARISTIDE KAGARAGU, Omulala gw' omushi, Bukavu, 1971. |
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