Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive( Télécharger le fichier original )par Pierre BAKENGA SHAFALI Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012 |
INTRODUCTION GENERALECadrage de la thèseCette recherche est axée sur la famille, l'environnement et débouche sur le développement, trois secteurs interdépendants et complexes à travers tous les biosphères de l'humanité. Elle étudie la famille dans ses dynamiques, celles-ci s'intéressant aux changements multiples et accumulés, profonds et irréversibles qui affectent la chefferie de Ngweshe, ses cultures et ses structures. Elle s'attelle, aussi et fondamentalement, sur des aspects épistémologiques du fait qu'elle analyse discours et actions au sein de la chefferie de Ngweshe. Beaucoup de sociologues actuels de la famille tels que C. Cicchelli - Pugeaut, François de Singly et V. Cicchelli émettent des questions bien pertinentes sur la famille. Ils s'interrogent sur le fait que la famille soit un objet à la fois d'observation et d'intervention1(*). En effet, la famille doit être observée en tant que système social qui donne la vie, solidifie les liens sociaux et prône la cohésion sociale. C'est pour cette raison que beaucoup de scientifiques ont une vue braquée sur la famille, son fonctionnement, ses problèmes et son avenir. Elle est ainsi observée par les médecins, enquêteurs sociaux, juristes, administrateurs et politiciens, hommes d'Eglises, agronomes et écologistes, psychologues, etc. dans tous les milieux de la vie humaine par le fait qu'elle apparaît comme un guide, un vade mecum vital. De ce point de vue, dans la chefferie de Ngweshe comme partout ailleurs, la famille est perçue comme un système social, mais victime de diverses pathologies sociales à travers sa structure sociale, et toujours confrontée à son environnement dont elle dépend pour son mieux-être et vice-versa. La famille, en dépit de ces sévisses et secousses, doit chercher à se refaire et se parfaire, s'adapter, se maintenir, adapter et maintenir son équilibre et celui de son environnement, produire des discours, en consommer d'autres, (peu importe d'où ils proviennent) ; et réaliser des actions rationalisées, profitables à elle et/ou à toute la communauté. De ce point de vue, la famille doit être une unité de production, laborieuse et entreprenante. Il s'agit donc d'une famille qui agit, cogite, s'émeut, pour laquelle on agit ; une famille qui demande et reçoit ou ne reçoit pas lorsqu'elle formule et introduit une requête ; une famille qui produit des discours et qui en consomme d'autres plus qu'elle n'en produit d'ailleurs ; une famille en mutation, mise en contact avec d'autres cultures par effet de modernité, de politique, de religion, d' interactions sociales et, dans une simple mesure, de mondialisation ; une famille disposant d'un environnement auquel elle est intimement liée ; un environnement qu'elle gère bien ou qu'elle détruit, par moment, et dont, curieusement, elle dispose tant de mécanismes de gestion et de conservation. Bref, la famille et l'environnement sont, à la fois, objets de changement et de continuité. La famille est un objet de changement du fait de son dynamisme culturel, social, intégrateur, politique et économique. C'est au sein de la famille que les membres-sujets sociaux entrent en contact avec les premiers processus de la socialisation, d'intégration sociale primaire : ils apprennent à se comporter, à vivre, à produire, à s'adapter aux premiers rudiments de la vie, aux normes sociales, à gérer les biens mis à leur disposition et à la communauté dont ils font membres. C'est elle qui initie et conduit les premiers pas de l'individu humain, ce néophyte social. La socialisation demeure ce processus par lequel une société transmet ses normes et ses valeurs à ses membres. Si la socialisation sociale apparaît comme un apprentissage du code de la vie sous l'arbitrage des adultes, l'intégration sociale est une marque de conformité au catéchisme du comportement social. Dans son parcours, généralement difficile, constitué d'embuches, la famille doit veiller à perpétuer sa continuité à travers ses diverses fonctions de procréation, de production et de reproduction, d'éducation et d'instruction, de consommation et d'auto-prise en charge. C'est à travers l'exaltation de ces fonctions diverses que la famille se confirme comme système de formation, d'attribution des qualités humaines. En effet, on ne saurait naître, grandir hors de la famille ou du milieu humain et prétendre devenir un homme à part entière, un homme socialement établi. Le dynamisme familial dispose donc d'une capacité transformatrice de l'agent qui en est ressortissant. D'une manière générale et purement optimiste, on ne peut prétendre affirmer que la famille n'offre que des aspects positifs dans sa socialisation et son dynamisme. En fait, de l'aspect optimiste et positiviste du regard à porter sur la famille, il est pertinent de signaler que cela n'apparait que comme un idéal à atteindre, lequel, par moment et pour des raisons diverses, peut ne pas être atteint selon les particularités et les spécificités de chaque famille au regard de son environnement. En n'atteignant pas ses objectifs, la famille se retrouve dans une dynamique transformatrice en dehors de ses idéaux. Ainsi, observe-t-on certaines pathologies sociales se développer au sein des communautés, et à travers les familles, malgré leur bon vouloir de ne point prétendre voir en leur sein ce genre de comportement déviant. Toutefois, que le changement au sein d'une famille soit positif ou négatif, on parlera toujours d'une dynamique familiale, du fait que toute dynamique est à la fois qualitative et/ou quantitative. Ainsi, ces investigations ont permis de découvrir non seulement ce qu'il y a eu de négatif mais aussi ce qu'il y a eu de positif au sein de la famille dans la chefferie de Ngweshe, le tout déterminant le parcours, les défis et les enjeux de la famille au sein de cette univers. L'étude consacre donc un aspect dynamique ou mieux encore prospectiviste. Il s'agit, ainsi, de mener une étude sur des avenirs souhaités, une réflexion pour aider à construire de familles stables aux fins de répondre le mieux possible à leurs besoins essentiels. Ce sont besoins alimentaires, de logement, de santé, de sécurité, d'équilibre social et environnemental. Cependant, il est bon de rappeler que la famille, sous étude, vient de passer des moments difficiles, des faits des guerres à répétition qui ont sévi la chefferie en cette dernière décennie et qui ont provoqué plusieurs cas de meurtres, de viols et violations des droits de l'homme, des extorsions, des pillages des biens, des récoltes et du bétail, des incendies des maisons et villages entiers. Quatre éléments devront, ainsi, entrer en compte de cette analyse : - le passage en revue du passé récent et du présent - les profils des acteurs sociaux - l'évolution et l'état de l'environnement - l'aspect prospectiviste et configurationnel C'est sur base de ces quatre éléments que nous pouvons nous orienter vers des futurs possibles. Nous n'oublierons pas, cependant, des éléments pouvant provenir de l'environnement et qui peuvent se produire indépendamment du bon vouloir des acteurs et qui, par moment, peuvent désorienter le cours tracé pour des activités logiquement et rationnellement initiées. * 1 C. CICCHELLI - PUGEAUT et V. CICCHELLI, Les théories sociologiques de la famille, Paris, La Découverte, 1998, p.32. |
|