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Projets culturels transnationaux : enjeux et perspectives

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par Roxane Garo
Université de Cergy Pontoise - Master Développement Culturel 2013
  

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Conclusion

A travers cette étude d'un projet culturel pensé comme un outil d'émancipation féminine, il semble possible d'affirmer qu'une certaine forme d'hybridation culturelle en découle. En effet, conduire une action artistique sur un territoire aux codes différents de ceux de ses acteurs peut être l'occasion de faire se rencontrer deux cultures et visions du monde qui, ensemble, peuvent déboucher sur une évolution des réflexions. Il est peut être nécessaire de créer la rencontre de regards différents pour prétendre à un désir de changement. En cela, l'émancipation féminine ne serait pas un fantasme, et les politiques culturelles seraient plus entachées d'une vision mondiale et humaniste que d'une vision occidentale en opposition avec l'orientale.

Cependant, les politiques culturelles françaises semblent également, inconsciemment ou non, reproduire une certaine forme de domination culturelle entrant en résonnance avec les fractures laissées par la colonisation. Le désir d'émancipation féminine à l'égard du public marocain ne reposerait finalement que sur la conviction que la France, en tant que pays plus évolué, se doit de pousser les autres à reproduire son propre modèle. Il s'agit d'une vision unilatérale de l'outil culture plus que d'un esprit de coopération, l'Autre étant ainsi régulièrement stigmatisé, et ce faisant, il s'éloigne.

Cette réflexion ne reposant concrètement que sur une étude de cas, il semble impossible d'en émettre des généralités. Un travail plus approfondi, ouvert sur d'autres structures effectuant des actions culturelles transnationales, devrait être mis en parallèle avec ce résultat afin d'avoir une vision plus complète, comme, par exemple, au sein d'une thèse. Cependant, l'analyse de certaines pratiques ou phénomènes collectifs contemporains montre, en tout état de cause, que les hiérarchies inventées et mises en oeuvre durant la colonisation ne relèvent pas du pur passé. Faut-il y voir un héritage, c'est-à-dire une transmission directe et consciente ; un effet persistant des systèmes symboliques ayant longtemps associé l'infériorité et des couleurs de peau ; ou la conséquence d'un long silence sur le passé ? Plutôt que de choisir, il est plus sage et plus réaliste d'opter pour une multiplicité des mécanismes qui, dans nos sociétés contemporaines, maintiennent de l'inégalité et de la non-identification là où l'égalité et la communauté des citoyens sont affichées.

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De plus, la persistance des disparités associées aux différences visibles est souvent renforcée par des institutions et des pratiques qui, sous couvert de neutralité, véhiculent la pensée de l'inégalité en « recyclant » des cadres administratifs nés dans le contexte colonial. Ces imbrications du passé dans le présent ont désormais pris la forme d'une question politique qui a été plusieurs fois débattue. Comment régler le passé ?

Qu'il faille absolument s'en souvenir ou aller au-delà, qu'on en écrive l'histoire, qu'on en brandisse la mémoire ou qu'on accepte d'en assumer la responsabilité collective, les politiques culturelles sont de plus en plus confrontées aux revendications ou aux souffrances des victimes ou de leurs descendants, à moins que les gouvernements ne prennent d'eux-mêmes la décision d'affronter leurs politiques passées pour s'en repentir. Pourquoi, en ce siècle dit de l'unification du monde sous l'emprise de la globalisation des marchés financiers, des flux culturels et du brassage des populations, la France s'obstine-t-elle à ne pas penser de manière critique la post colonisation ? Quelles sont les conditions intellectuelles qui pourraient faire en sorte que la France devienne, un jour, une véritable démocratie cosmopolite capable de poser en des termes inédits, et pour le compte du monde dans son ensemble, la question de l'avenir, de la démocratie à venir ?

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway