2. Création et mise en place de la
démarche artistique
Le projet « Regardons nous grandir » s'articule en
trois phases, se déroulant toutes au sein du pensionnant marocain. La
directrice de la compagnie théâtrale, un vidéaste et une
graphiste composent l'équipe française qui se rend à
Tiznit. Sur le terrain, le projet concerne trente jeunes filles de 12 à
14 ans collégiennes du pensionnant, trois médiateurs de
santé de l'ONG Bani, trois médiateurs de l'association Tamount,
un professeur de français du collège et un psychologue
clinicien.
« La sélection des participantes au projet
s'est faite naturellement par les équipes encadrantes de l'association
Tamount ainsi que par les professeurs engagés dans le projet. Le projet
a été soumis aux jeunes filles de 4eme et 3eme du collège
et a fait l'objet d'une inscription. De plus, le projet a été
intégré dans le cadre du parcours pédagogique du
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professeur de Français »18.
Ces jeunes volontaires ont donc choisi de participer à ce projet
culturel. Selon la directrice de la structure, les échos les plus
entendues de la part des jeunes filles viendraient du fait qu'il existe peu de
propositions parascolaires au sein de leur pensionnat et qu'elles voient en ce
projet une façon de s'amuser, de se détourner de leur vie
quotidienne faite d'apprentissage scolaire et de la lecture du Coran.
C'est autour de cette notion du jeu que le projet culturel a
été construit par la metteure en scène. La première
phase d'une durée d'une semaine, réalisée en aout 2013,
consistait en une collecte d'histoires de la part des jeunes filles,
d'écriture et de réponse à un questionnaire censé
cibler quels rapports elles entretiennent avec leur corps. Un training corporel
ayant pour but de pousser les participantes à penser leur corps au sein
d'un espace a également été réalisé selon le
parti pris que libérer son corps permet de libérer les paroles.
Les questionnaires remplis par les jeunes filles ont ensuite été
remis en forme par la metteure en scène lors de son retour en France.
Durant ce retour à Montreuil, une soirée de projection a
été organisée par la compagnie en partenariat avec la
Maison des Femmes de Montreuil (MdFM) qui a projeté le film
retraçant la première partie de l'action au Maroc dans ses
locaux. Le film a été suivi d'une pièce de
théâtre interprétée par des jeunes filles
françaises amatrices qui lisaient les textes des jeunes marocaines
après leur réécriture.
La deuxième phase du projet qui aura lieu au Maroc en
octobre 2014 durant quinze jours, consistera en des cours d'improvisation
théâtrale avec les jeunes filles qui devront se projeter en adulte
et imaginer ce qui les attend, afin d'accepter ou rejeter ce modèle.
C'est à partir de cette matière théâtrale
filmée par le vidéaste que, neuf mois plus tard, lors de la
troisième phase du projet, les pensionnaires créeront avec la
metteure en scène la pièce de théâtre finale ainsi
que le support audiovisuel qu'elles apprendront à réaliser et
monter selon des techniques récentes de prise de vue (time laps).
Finalement, la matière finale (support audiovisuel) sera
projetée, accompagnée d'une pièce de théâtre
jouée comme lors de la première phase, par des jeunes filles
françaises, à la MdFM.
18 Nathalie Guisset, entretien réalisé
le 15 avril 2014 dans les locaux de la compagnie à Montreuil, France
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