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Finitude et destinée humaines chez Maurice Blondel

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par Christophe MABOUNGOU
Université Pierre Mendès-France - Master II 2011
  

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CHAPITRE PREMIER

SITUATION HISTORIQUE DU PROBLÈME:
Blondel en son Temps

Introduction

Il convient de présenter d'abord une vue d'ensemble de l'homme et de l'oeuvre. Le but principal étant d'aider à situer nos analyses ultérieures. Car, il est clair qu'en tant que philosophe, il s'inscrit inéluctablement dans une tradition philosophique. Et que dans cette tradition philosophique, il a marqué son originalité et sa démarche mieux sa méthode philosophiques. Nous commencerons par une esquisse biographique, nous examinerons le problème de l'élaboration de l'oeuvre principale, et enfin nous tenterons de le revisiter dans et à travers le dialogue qu'il a pu entretenir avec d'autres philosophes surtout à propos de la problématique de la volonté.

1.1. Esquisse biographique

Il est incontestable que c'est par une approche de deux ouvrages importants : les petits cahiers composés au fil des jours par le jeune Maurice Blondel, principalement de 1883 à 1949 22(*) et ses entretiens avec Frédéric Lefèvre en 192823(*), qu'il est facile de situer les motivations, mieux l'éclosion de sa vocation philosophique24(*). Mais aussi et surtout la rédaction, la soutenance et la publication de sa thèse(1893), malgré les controverses qu'elle suscita à l'époque. En effet, dans un mémoire envoyé à un prêtre de Saint Sulpice, le 9 septembre 1893, Blondel résume son itinéraire, mieux son parcours en ces termes :

« Pénétré dès mon enfance, par de pieuses influences, élevé par une mère et une tante profondément chrétiennes, entouré d'affection par les bonnes soeurs du couvent.[...] J'ai fait paisiblement mes classes au lycée de Dijon...Sur l'avis de sages directeurs, mes parents, malgré leurs préférences, me laissèrent achever ma rhétorique et ma philosophie comme externe au Lycée. Cette décision était conforme à mon désir : car, dès lors, mon attrait c'était de connaître l'état d'âme des ennemis de la foi, afin de pouvoir efficacement agir sur eux [...] Au sortir du Lycée, très jeune encore, n'ayant point changé d'idée, mais n'entendant aucun appel, je me laissai tout naturellement aller préparer ma licence ès lettres [...]. D'après leur désir, je pris également mon baccalauréat ès sciences et mon baccalauréat en droit ; mais je sentais que ces études auxquelles je m'adonnais accessoirement par obéissance étaient sans intérêt pour moi. La vraie inspiration, qui me vint de mon arrière-pensée, ce fut, alors que j'étais étudiant à la Faculté de Droit de Dijon, de me présenter à l'École Normale : dans le milieu très peu universitaire où je vivais, timide comme je l'étais, très attaché à la vie de famille, de santé délicate, pusillanime à l'excès en face de tout inconnu, jamais je n'aurais seulement conçu ce projet, si je n'y avais pas été soulevé par l'idée qui me pressait secrètement. Sans même remarquer l'étrangeté du moyen, il me semblait que cette École (je ne la connaissais que de nom), qui inspirait autour de moi de l'effroi, était la voie qu'il me fallait prendre pour en venir à mes fins, pour m'armer contre ceux à qui je souhaitais de faire entendre la vérité, pour m'acquérir une connaissance plus directe et plus profonde des esprits égarés ou des incrédules sincères dont mon rêve d'adolescent était de dissiper les préjugés en leur parlant leur propre langage. »25(*)

Ceci nous oriente à comprendre que le terreau qui préparait le futur philosophe était révélateur des ses origines, de ses choix et de son orientation. L'influence de l'éducation familiale, fortement marquée par le catholicisme constitue un élément essentiel et déterminant qui non seulement va structurer sa pensée, mais surtout sa métaphysique et son anthropologie. En effet, à ses yeux, la philosophie n'est complète en elle-même : elle prépare la voie à une expérience, celle d'abriter dans sa conscience un hôte intérieur.26(*)

De fait, Maurice Blondel est né à Dijon le 2 novembre 1861, d'une très ancienne famille bourguignonne. La fortune de son père, notaire à l'époque, lui assurait une vie exempte des soucis d'argent. La tradition familiale lui transmettait une éducation délicate et un christianisme solide. Il fit ses études secondaires à Dijon . Il passe son baccalauréat de philosophie, puis, l'année suivante, celui des mathématiques. Sa famille souhaite qu'il prépare l'École polytechnique ; il a les dons nécessaires, puisque l'un de ses cousins, André Blondel (1863-1938), dont il sera proche toute sa vie, y entre et devient un physicien expérimenté réputé, membre de l'Académie des Sciences.

Il prit ensuite aux Facultés les grades de licencié ès Lettres, de bachelier ès Sciences27(*) et en Droit. L'influence de deux professeurs, Alexis Bertrand au Lycée, et henry Joly à la Faculté des Lettres, contribua à l'orienter vers la philosophie. En 1881, il entre à l'École Normale (que Bergson venait de quitter). Aussi, dès le début de la deuxième année, il fixa son projet de thèse sur L'Action, sujet qui surprit alors et ne fut pas accepté sans difficulté28(*). Les années d'études de Blondel à Paris se terminèrent durant l'été 1886 lorsqu'il réussit, au second essai, l'agrégation. Il avait été étudiant à l'École Normale29(*), dans la promotion de 1881, avec pour condisciples Frédéric Rauh, Pierre Duhem et Victor Delbos (ces deux derniers étant de la promotion de 1882). Ses deux principaux professeur à la rue d'Ulm furent Léon Ollé-Laprune et Emile Boutroux qui le marqueront et l'influenceront considérablement. Le premier développa sur le jeune Blondel l'intérêt pour la philosophie de la religion et les rapports entre philosophie et théologie; tandis que le second l'initiera aux exigences d'une méthode philosophique rigoureuse et à une solide connaissance de l'histoire de la philosophie moderne. À l'automne 1886, il est nommé professeur de philosophie au Lycée Mignet d'Aix-en -Provence. C'est là qu'en 1887, il écrivit au doyen de la Sorbonne pour soumettre à son approbation les titres et sujets de ses thèses de Doctorat. Et c'est à Aix que vers la fin de l'année 1888 il commença la rédaction de sa thèse principale, l'Action. À la fin de l'année académique, en été 1889, il obtînt, un congé de l'Université pour se consacrer entièrement à la préparation de son doctorat30(*). La soutenance de thèse en Sorbonne eut lieu finalement le 7 Juin 1893. Le jury fut déconcerté à la fois par la méthode et les conclusions de l'ouvrage, mais dut en reconnaître la vigueur et la pertinence. La thèse complémentaire, en latin, portait sur le Vinculum substantiale de Leibniz. Cette curieuse théorie a été l'un des points de départ de la réflexion de Blondel. Il cherchait précisément dans « l'action ce lien substantiel qui constitue l'unité concrète de chaque être en assurant sa communion avec tous.»31(*)

* 22 Ces cahiers seront publiés, à titre posthume, en 1961 sous le titre évocateur de Carnets Intimes. Cf. Maurice BLONDEL, Carnets Intimes,tome I (1881-1894), Paris, Cerf, 1961; Cartnets Intimes, tome II (1894-1949), Paris, Cerf, 1966.

* 23 Maurice Blondel, Itinéraire philosophique. Propos recueillis par Frédéric Lefèvre, Paris, Spès, 1928.

* 24 À partir d'une revisitation des Carnets Intimes, Yvette Périco a pu relever trois traits, mais qui ne sont en réalité que trois facettes d'une conviction qui aura caractérisé le jeune Blondel, à savoir : une vocation, un projet philosophique, une mission. Cf. Yvette PERICO, Jésus-Christ, Rédempteur de l'Homme, Ed. du Carmel, 1986.

* 25 Maurice Blondel, op.cit, t.I, p.545-546.

* 26 Cf. Bertrand Saint-Sernin, Blondel. Un univers chrétien. Paris, Vrin, 2009.

* 27 En effet, le baccalauréat en mathématiques était obligatoire, à l'époque, pour passer l'agrégation en philosophie. Cf. Bernard SAINT-SERNIN, op. cit. p. 16 (note).

* 28 Voir Henri BOUILLARD, Blondel et le Christianisme, Paris, Seuil, 1961, p16-18.

* 29 Blondel traduit une reconnaissance à ses maîtres et condisciples ses professeurs : « ...Alexis Bertand (qui l'initia à la philosophie de Maine de Biran) ; Henry Joly (qui l'initia à la pensée de Leibniz), léon-Ollé Laprune (à Pascal) ; Émile Boutroux (à l'esprit critique); ses condisciples : Victor Delbos, Frédéric Rauh, André Pératé, Pierre Duhem; ses amis : Laberthonnière, l'abbé J. Wehrlé, Henri Bremond, Auguste Valensin, Paul Mulla, Candie, Jacques Paliard, Louis Ruy, Jules Chaix, Joseph Segond, André Giraud... » Cf. Itinéraire philosophique, p. 56-61.

* 30 Dans son ouvrage, Michael SUTTON souligne par exemple :« Le titre de gloire de Blondel et sans doute le plus durable, était sa thèse de doctorat à la Sorbonne, l'Action ,qui avait suscité une certaine émotion et même un vrai scandale dans les milieux académiques lors de sa parution en 1893. La raison en est que, dans cet ouvrage d'universitaire destiné à l'université, Blondel avait eu l'audace de présenter une phénoménologie de l'Action dont la dialectique mène à poser le caractère intelligible et désirable d'une option ontologique et existentielle, qui en dernière analyse est un acte de foi catholique en bonne et due forme». Cf. Michael Sutton, Charles Mauras et les catholiques français 1890-1914 : Nationalisme et positivisme, Paris, Beauschesne, 1994, p.137-138.

* 31 L'itinéraire philosophique de M. Blondel, p. 66-67.

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