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L'inscription d'un site naturel sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO comme moyen de protection de l'environnement : cas des chutes de la Karera et de la faille de Nyakazu au Burundi

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par Olivier Dismas NDAYAMBAJE
Université de Limoges  - Master en Droit International et Comparé de l'environnement (DICE)  2014
  

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A. Lenteur dans l'avancement du dossier

Pour bon nombre de biens, il peut être très utile d'aborder la proposition d'inscription comme un processus comprenant au moins deux étapes, se situant un certain temps après l'établissement d'une Liste indicative.

La première étape consiste à :

· déterminer la valeur universelle exceptionnelle virtuelle du bien ;

· s'assurer au moyen d'une analyse comparative que cette appréciation est justifiée ;

· faire en sorte que le bien fasse l'objet de mesures de protection, de conservation et de gestion appropriées.

79 Essessé, A. (2008), Op. Cit. ; 32

80 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition, 2011 ; p 10

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Lors de la première étape, il convient en principe de constituer l'équipe responsable et de mener à bien toutes les tâches (requises). Une fois cette étape achevée, il est alors possible d'entreprendre la rédaction du dossier de proposition d'inscription81.

Selon les propos recueillis dans un entretien réalisé avec M. Ernest NAHIMANA82, le processus d'inscription du site de la faille de Nyakazu et des chutes de Karera est déjà amorcé. En premier lieu, un inventaire de tous biens culturels, naturels et mixtes du patrimoine national burundais a été fait. Deuxièmement, une liste indicative des biens susceptibles d'être inscrits a été déposée auprès de l'UNESCO en 2007. De cette liste, les chutes de la Karera et la faille de Nyakazu ont été préférées comme étant le site ayant plus de chances d'être inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Troisièmement, une étude sur la justification de la valeur universelle exceptionnelle du site a été en 2008 avec l'appui d'un expert du Centre du Patrimoine Mondial (Amélie ESSESE). Quatrièmement, en 2009, avec l'appui du Fond du Patrimoine Mondial, un plan d'aménagement et de gestion du site a été réalisé. Ces deux derniers documents doivent être finalisés et complétés. Toujours, est-il qu'il manque un statut juridique de ce site. Ainsi, il faut prendre des mesures règlementaires pour améliorer sa gestion.

Réaffirmant que le processus d'inscription des biens sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO est devenu plus complexe qu'auparavant, c'est aussi un long processus qui prend beaucoup de temps. Néanmoins, en analogie avec d'autres biens qui ont été inscrits endéans deux ans ou cinq ans en moyenne, M. NAHIMANA a été d'accord que le processus d'inscription de la faille de Nyakazu et des chutes de Karera a duré longtemps que ce qu'il fallait.

81 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition, 2011 ; p 58

82 Entretien avec Monsieur Ernest NAHIMANA, Chef de service Musée, Sites historiques et Monuments au Ministère de la Jeunesse, Sports et Culture (Burundi) le 28 août 2014

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B. Les motifs internes et externes de la lenteur

Pour M. NAHIMANA83, la lenteur dans l'inscription du site de la faille de Nyakazu et des chutes de Karera s'explique pour quelques raisons. D'abord, le Burundi ne s'est pas intéressé a faire inscrire ses biens sur la liste du patrimoine mondial dès après son adhésion à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel le 19 mai 1982. C'est une entreprise assez récente et le Burundi ne dispose pas d'experts très qualifiés dans l'élaboration des dossiers de proposition d'inscription d'un bien. Les seuls qui sont au Ministère de la Jeunesse, Sports et Culture ont reçu une formation accélérée et ont besoin d'un coup de main des experts externes surtout ceux de l'UNESCO pour la confection d'un tel dossier. Un autre hic concerne le budget qui n'est pas assez suffisant pour mener toutes les tâches nécessaires à cette fin.

A ajouter qu'aujourd'hui, le processus d'inscription des biens sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO est devenu plus complexe qu'auparavant.

L'analyse détaillée de tous les dossiers d'inscription des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial menée à la fin des années 1990 a révélé une situation qui aurait pu mettre en péril la crédibilité de la Convention. Des éléments aussi essentiels que les limites du bien inscrit étaient souvent inconnus ou imprécis. Les inscriptions étaient généralement constituées de quelques pages contenant des données assez générales. Avec une documentation aussi limitée, la protection et la gestion mêmes du bien inscrit auraient pu être compromises84.

Ces points faibles justifiaient un meilleur processus d'inscription. En 1999, une vérification du caractère complet des dossiers d'inscription fut entamée. Jusqu'alors, les inscriptions étaient automatiquement transmises aux Organisations consultatives sans vérification préalable de leur contenu par le Secrétariat. En conséquence, un

83 Entretien avec Monsieur Ernest NAHIMANA, Chef de service Musée, Sites historiques et Monuments au Ministère de la Jeunesse, Sports et Culture (Burundi) le 28 août 2014

84 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition, 2011 ; p 2

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grand nombre de dossiers d'inscription de biens inscrits entre 1978 et 1998 sont globalement insuffisants en termes de conservation85.

Lorsqu'une version révisée des Orientations est entrée en vigueur en 2005, le Comité du patrimoine mondial a avalisé la vérification du caractère complet de chaque dossier ainsi qu'un nouveau formulaire d'inscription plus détaillé et annoté. Depuis 1999, l'amélioration générale de la qualité des informations contenues dans les dossiers a renforcé de façon significative le processus d'inscription au patrimoine mondial. Cela a permis en outre de mettre en oeuvre la Convention de façon encore plus précise, notamment en développant et en facilitant le suivi de l'état de conservation des biens inscrits86.

Comparativement au Canal du Midi (France), un bien a été inscrit sur la Liste en 1996 au terme d'un travail de préparation qui a duré deux ans (délais relativement courts). Les principaux facteurs du retard dans le processus d'inscription de la faille de Nyakazu et des chutes de Karera peuvent être les suivants :

· un comité de pilotage et un comité scientifique efficaces n'ont pas été constitués ;

· les experts burundais ne sont pas bien préparés, sur le plan intellectuel et pratique, et à même d'établir le dossier ;

· des tensions avec la population environnante du site n'ont été totalement réglées;

· le budget pour le financement du processus n'est pas suffisant;

· la bonne documentation de base est toujours en cours d'élaboration.

En résumé, les études qui ont été menées jusqu'ici penchent en faveur d'une valeur universelle exceptionnelle du site de la faille de Nyakazu et des chutes de la Karera, autrement connu comme le Massif sacré du Nkoma ou Monuments Naturels de l'Est du Burundi.

85 Idem

86 UNESCO / ICCROM / ICOMOS / UICN, Établir une proposition d'inscription au patrimoine mondial, Deuxième Edition, 2011 ; p 2

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La suite devrait permettre de prouver combien l'inscription de ce site sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO serait bénéfique pour la protection de l'environnement de ces monuments quoi qu'il reste encore des défis à relever afin de mener à bien ce projet.

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2ème Partie : LES DEFIS ET ENJEUX DE L'INSCRIPTION DE LA FAILLE DE NYAKAZU ET DES CHUTES DE KARERA AU PATRIMOINE MONDIAL

De grands enjeux en matière de protection de l'environnement au niveau de la faille de Nykazu et des chutes de la Karera sont imputables à leur éventuelle inscription sur la liste du patrimoine mondial (Chapitre 2) ce qui justifie l'urgence de lever tous les obstacles à ce noble projet (Chapitre 1).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway