I.1.1.6 La gouvernance dans la chaîne de valeur
La gouvernance se réfère à l'organisation
d'une chaîne de valeur et à la coordination entre les acteurs,
permettant d'acheminer un produit de la production primaire à
l'utilisation final. (ONUDI, 2011).
Une analyse ciblée sur la gouvernance de la
chaîne examine les règles et les règlements qui
déterminent le fonctionnement et la coordination d'une chaîne de
valeur, les barrières existantes à l'entrée et la
prédominance de certains agents tels que les acheteurs, les fournisseurs
ou les agents commerciaux. Il se réfère également aux
relations contractuelles et informelles entre les différents acteurs de
la chaîne qui aident les acteurs à fonctionner de façon
efficace, et absorbent et diffusent les savoirs, les technologies et les
compétences. (ONUDI, 2011).
Etant donné que la chaîne de valeur implique la
répétitivité des interactions entre agents, la gouvernance
pourrait être le reflet de l'organisation des activités dans la
chaine (Kaplinsky and Morris, 2001). Il s'observe au sein d'une chaîne de
valeur plusieurs types gouvernances. Pour Mathias et al. (2012), il existe
trois modes de gouvernances d'une chaîne de valeur dont notamment :
![](Analyse-de-la-chane-de-valeur-des-produits-de-pche-dans-la-cite-dUvira-cas-de-stelothrissa30.png)
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1. Les relations hiérarchiques
Beaucoup de chaînes de valeur comptent un acteur
dominant qui détermine la nature globale de la chaîne de valeur.
Les acteurs puissants sont souvent appelés « entreprises dominantes
», celles qui cherchent à gouverner la chaîne de valeur. Les
entreprises dominantes fixent souvent et/ou appliquent des conditions dans
lesquelles les autres acteurs de la chaîne de valeur opèrent.
Quand une entreprise exerce un contrôle étendu voire reprend la
propriété directe de certaines parties de la chaîne de
valeur, on parle de relations hiérarchiques.
2. Relations de type « réseau
»
Dans d'autres chaînes de valeur, on relève une
interaction intense, mais les relations entre les entreprises sont
inégales. On parlera alors de relations de type « réseau
». (Mathias et al., (2012).
Jones et al., (1997) proposent de caractériser la
gouvernance en réseau comme une forme de gouvernance qui implique un
ensemble sélectionné, persistant et structuré des firmes
ou des acteurs engagés dans la création de produits ou de
services basé sur des contrats implicites et non finalisés pour
s'adapter aux contingences environnementales et pour coordonner et garantir les
échanges. Ces contrats sont cimentés socialement et non
légalement. Cette définition souligne que la gouvernance en
réseau, dont l'objectif et l'adaptation, la coordination et la
sécurité des échanges est assurée par des
systèmes sociaux informels plutôt que par des structures
bureaucratiques internes à la firme (hiérarchie) ou des relations
contractuelles sont formelles entre les firmes (Ehlinger et al., 2007).
Pour Mathias et al., (2012), ces relations incluent :
> Des relations modulaires, où les fournisseurs
fabriquent des produits ou offrent des services selon les spécifications
du client, et tendent à être très compétents et
capables de fournir des services « clé en main » ou «
complets ».
> Des relations relationnelles, qui sont souvent des
interactions complexes entre acheteurs et
vendeurs et créent une dépendance mutuelle et
une spécificité des actifs. Dans ce type des relations toutes les
parties concernées ont un certain pouvoir qu'ils peuvent exercer. Dans
ce cas, Mohamed et al, (2015) qualifie cette mode de gouvernance « une
gouvernance à réseau équilibré »
> Des relations captives, qui sont typiques des situations
où les fournisseurs dépendent fortement des transactions avec des
acheteurs beaucoup plus grands. Les fournisseurs sont confrontés
à des coûts de transformation et sont donc « captifs
»». Ces types des relations
![](Analyse-de-la-chane-de-valeur-des-produits-de-pche-dans-la-cite-dUvira-cas-de-stelothrissa31.png)
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sont conformes à celles que Mohamed et al, (2015)
qualifie « mode de gouvernance à réseau dirigé
» du fait qu'il existe un petit nombre d'acheteurs qui absorbent la
quasi-totalité de la production de fournisseurs. Une gouvernance
à réseau dirigé est celle constituée par un
ensemble fini d'acteurs connectés entre eux par des liens financiers
(Lionel, 2010).
3. Relations basées sur le
marché
Toutes les chaînes de valeur ne sont pas régies
par des entreprises dominantes puissantes. Dans certaines chaînes de
valeur, il y a certes achat et vente (transaction), mais peu d'échange
d'informations et d'apprentissage entre les uns et les autres (interaction). Ce
type de gouvernance de la chaîne de valeur consiste en des relations
basées sur le marché, parce que les conditions de
l'échange de biens et services sont négociées
quotidiennement sur la base du prix du marché. Nous pouvons aussi
ajouter cette quatrième mode de gouvernance développé par
l'ONUDI, (2010)
4. Quasi-hiérarchique: ici, les
sociétés (en général les plus petites, les plus
faibles, les plus récemment arrivées sur le marché)
fonctionnent en respectant strictement les instructions communiquées par
les entreprises chefs de file. Les différents modes de gouvernance sont
synthétisés dans le tableau ci-dessous :
Tableau n° 1: Catégorie de la gouvernance de
la chaîne de valeur
Gouvernance de marché
|
Gouvernance de réseau
|
Gouvernance quasi- hiérarchique
|
Gouvernance hiérarchique
|
Relations sans lien de dépendance des acteurs
|
Coordination des activités en raison
d'une dépendance mutuelle des acteurs
|
Une société est subordonnée à
l'autre.
|
Intégration verticale au sein d'une
firme, possession d'une (d'une partie) par une autre.
|
Les indicateurs :
|
Indicateurs :
|
Indicateurs :
|
Indicateurs :
|
- Moindre dépendance au
|
- Dépendance au
|
- Forte dépendance au
|
- Forte dépendance au
|
marché ;
|
marché faible à
|
marché ;
|
marché ;
|
- pas de concentration des
|
élever ;
|
- Forte concentration
|
- Très fortes
|
ventes ;
|
- Concentration des
|
des ventes ;
|
concentration des
|
- asymétrie de l'information
|
ventes moyennes à
|
- Forte asymétrie de
|
ventes ;
|
non existante ou non
|
élever ;
|
l'information ;
|
- Asymétrie
|
problématique ;
|
- Faible asymétrie de
|
- Une société fixe les
|
d'information
|
- , prix fixé par le marché ;
|
l'information ;
|
prix d'une autre ;
|
variable ;
|
- biens de consommation
|
- Prix fixés par
|
- Haute spécificité du
|
- Pourvoir de fixation
|
courante ou standard.
|
consensus ;
|
produits/services mais
|
des prix très
|
|
- Produits complexes.
|
en position de faiblesse peut
être remplacée.
|
important ;
- Très grands spécificité du produit.
|
Source : ONUDI, 2011, p.66, d'après Humphrey et Schmitz,
2000 ; et Gereffi et al., 2005 et Bazan et Navas-Aleman, 2004.
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