A. Les services privés
Plusieurs associations sont créées dans le cadre
de protéger les intérêts des pêcheurs mais leurs
actions ne sont pas visibles en pratique. Parmi ces associations on peut
retenir :
> La mutualité des pêcheurs artisanaux sur le lac
Tanganyika (MUPALTA) ;
> Association pour le développement des
pêcheurs dans le lac Tanganyika (ASSPLTA) ; > Action pour la promotion
de la pêche sur le lac Tanganyika et Kivu (APPETAKI) ; etc.
Outre ces associations, il est important de signaler l'importance
des organisations
internationales telles que la FAO et le PRODAP.
III.1.3 Analyse de la gouvernance et de financement de la
chaîne de valeur de fretin dans
la cité d'Uvira
Cette partie de ce chapitre traite en premier lieu sur les
analyses qualitatives de la gouvernance de la chaîne de valeur de Ndagala
telles que la relation et réglementation entre les acteurs, le mode de
payement et de fixation de prix entre les acteurs, le financement dans la
chaîne de valeur de fretin dans la cité d'Uvira. L'analyse se
poursuivra en second lieu dans la partie performance en tenant compte des
variables telles que la part de valeur ajoutée dans la chaîne, la
part de profit de la chaîne et le taux relatif de profit.
60
III.1.3.1 les relations, la réglementation et
stratégies des acteurs
Tableau n° 20 : Les relations entre les acteurs de
la chaîne et leurs significations
statistiques
ACTEURS
|
Relation entre les acteurs
|
|
|
Pêcheurs
|
Clients
|
contrat verbal (social)
|
confiance (Amis, Frères, Voisinage)
|
Aucune
|
Khi-deux
|
Probabilité associée
|
Significativité à
< 0,05
|
Grossistes
|
31
|
11
|
-
|
13,895
|
0.000
|
0,05
|
Grossistes et Détailants
|
1
|
20
|
-
|
Pourcentage
|
61,5%
|
38,5%
|
-
|
|
|
Grossistes
|
Fournisseurs
|
contrat verbal (social)
|
confiance (Amis, Frères, Voisinage)
|
Aucune
|
Khi-deux
|
Probabilité associée
|
significativité à
< 0,05
|
Pêcheurs
|
21
|
10
|
-
|
6,774
|
0,009
|
0,05
|
Grossistes
|
0
|
4
|
-
|
Pourcentage
|
60,00%
|
40,00%
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
Clients
|
contrat verbal (social)
|
confiance (Amis, Frères, Voisinage)
|
Aucune
|
Khi-deux
|
Probabilité associée
|
Significativité à
< 0,05
|
Grossistes et Détaillants
|
0
|
8
|
2
|
20,066
|
0,000
|
0,05
|
Détaillants
|
0
|
15
|
2
|
Détaillants et consommateurs
|
0
|
0
|
8
|
Pourcentage
|
|
65,70%
|
34,30%
|
|
|
Détaillants
|
Fournisseurs
|
contrat verbal (social)
|
confiance (Amis, Frères, Voisinage)
|
Aucune
|
Khi-deux
|
Probabilité associée
|
Significativité à
< 0,05
|
Pêcheurs
|
1
|
4
|
2
|
7,294
|
0,026
|
0,05
|
Grossistes
|
0
|
38
|
19
|
Pourcentage
|
1,50%
|
66,20%
|
32,30%
|
|
|
|
|
|
|
|
Clients
|
contrat verbal (social)
|
confiance (Amis, Frères, Voisinage)
|
Aucune
|
Khi-deux
|
Probabilité associée
|
Significativité à
< 0,05
|
Restaurants et consommateurs
|
-
|
0
|
2
|
0,249
|
0,618
|
0,05
|
Consommateurs
|
-
|
7
|
56
|
Pourcentage
|
-
|
10,80%
|
96,90%
|
Source : Auteur, traitement des données
de l'enquête.
61
Les enquêtes ont révélé que les
relations qu'entretiennent les différents acteurs de la chaîne de
valeur des fretins (Ndagala) sont assez complexes. Plusieurs situations sont
rencontrées dans cette relation selon les acteurs:
Pour les pêcheurs, avec comme principaux clients les
grossistes, la confiance (entre amis, frères et voisinage) (soit 38,5%)
et les arrangements contractuels (soit 61,5%) avec ses clients sont des
principales relations qui dominent ce maillon. Ces relations sont
statistiquement significatives au seuil de 5% avec (Khi-deux = 13,895, ddl = 1,
p = 0,000). Les grossistes à leur tour, s'approvisionnant en
majorité auprès des pêcheurs entretiennent ces mêmes
relations (la confiance et le contrat social). Ces relations qu'entretiennent
les mareyeurs grossistes sont significatives au plan statistiques au seuil de
5% (Khi-deux = 6,774, ddl = 1, p = 0,009). Donc ces relations ont une influence
entre ces acteurs.
Ainsi, l'approvisionnement régulier des pêcheurs
en intrants est tributaire de la nature des relations qui lient les
pêcheurs aux grossistes. En effet, les pêcheurs sont
dépendants de leurs clients grossistes. Par conséquent, ils
optent pour une stratégie de fidélisation traduite par un
arrangement informel. Cette relation peut aller jusqu'à des engagements
verbaux entre les deux groupes d'acteurs (conventionnel), qui permet aux
grossistes d'acheter la totalité de sa production à crédit
ou tout comme en espèce.
Ce type de relation fait naissance à la domination des
grossistes sur les circuits de commercialisation des fretins. Il a
été constaté que pour asseoir leur domination, les
grossistes jouent un rôle important dans la couverture des besoins des
pêcheurs en fonds de roulement. Ce préfinancement au quotidien des
opérations de pêche vient asseoir cette prééminence.
Ils accordent aux pêcheurs des avances pour l'achat du carburant, des
vivres, du matériel de pêche, et pour régler les
dépenses d'entretien des moyens de production. Cette assistance continue
devient cruciale en période de faible productivité de la
pêche ou d'inactivité totale. Par conséquent, le
pêcheur demeure redevable à son client et ne peut pas se passer de
ses services. Ceci a pour cause, le pêcheur étant dans
l'obligation de traiter avec le même client jusqu'au remboursement total
de ses créances. Il se voit contraint de lui remettre sa production
à des conditions qui sont davantage dictées par son client que
par le jeu de la loi de l'offre et de la demande. L'abus de confiance et
convention par le grossiste est sanctionné par une séparation
totale avec le pêcheur. Les grossistes aussi, de leur côté,
en besoin d'une relation stable et de la disponibilité des fretins, ils
octroient des crédits à un taux nul aux pêcheurs, les
laissant libre de choisir leur modalité de remboursement en fonction de
leurs besoins et de leur production.
62
En ce qui concerne la relation entre grossistes et ses
clients, il relève de l'enquête que la relation de confiance entre
les grossistes (soit 65,7%) et les détaillants (qui constituent la
majorité des clients) (soit 42,8%, tableau n°11) est celle qui
domine. Cette relation est statistiquement significative au seuil de 5%
(Khi-deux = 20,066, ddl = 1, p = 0,000), donc cette relation a influence sur
les relations transactionnelles entre ce deux groupes d'acteurs. En effet, Il
s'agit, d'être amis, frères, voisins ou être en bonne
relation avec le grossiste pour avoir l'accès à ses marchandises.
Cette confiance donne droit aux détaillants de s'approvisionner à
crédit et de payer après la vente. Dans ce cas, le
détaillant gagne comme profit le surplus après déduction
de tous les coûts dans les ventes totales et la perte due à la
situation de l'offre et de la demande est supportée par les deux
acteurs. Cette relation facilité d'échanger les produits en
ajoutant une marge et en tenant compte de la situation du marché.
Signalons la relation qu'entretienne les détaillants et
leurs clients consommateurs (confiance 10,8%), n'est donc pas significative
(Khi-deux = 0,249, ddl = 1 et p = 0,618).Ceci permet de dire que la confiance
n'aucune influence sur les opérations transactionnelles de ces deux
groupes d'acteurs. Il suffit pour les détaillants d'étaler les
fretins au marché et de recevoir tous consommateurs ayant envie de
fretins.
III.1.3.2 Mode de payement et de fixation de prix sur
les différents marchés
Tableau n°21 : Statistiques relatives au mode de
payement et à la fixation de prix sur différents
marchés.
Variables
|
Modalité
|
Les acteurs de la chaîne de valeur de fretin
|
|
Les pêcheurs
|
Les grossistes
|
Les détaillants
|
Effet
|
En %
|
Effet
|
En %
|
Effet
|
En %
|
Fixation de prix au marché
|
L'acheteur
|
1
|
1,9
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Vous-même
|
0
|
0
|
3
|
5,7
|
0
|
0
|
Marchandage
|
51
|
98,1
|
32
|
94,3
|
65
|
100,0
|
Mode de payement
|
Total
|
52
|
100,0
|
35
|
100,0
|
65
|
100,0
|
Crédit
|
5
|
9,5
|
14
|
40,0
|
-
|
|
Cash
|
9
|
17,3
|
12
|
34,3
|
-
|
|
Crédit et cash
|
38
|
72,2
|
9
|
25,7
|
65
|
100,0
|
Total
|
52
|
100,0
|
35
|
100,0
|
65
|
100,0
|
Source : Auteur, traitement des données
de l'enquête.
63
Le mode de fixation du prix est différent selon qu'on
se trouve au niveau de producteurs-pêcheurs, au niveau du marché
de gros ou au niveau du marché de détails.
> Au niveau des pêcheurs, les résultats de
l'enquête relèvent que (98,1%) des pêcheurs
enquêtés vendent leurs captures aux prix fixés après
marchandages avec les clients. Lors du marchandage, les pêcheurs fixent
le prix en tenant compte de la qualité et de période de
pêche dans laquelle on se trouve et non sur coûts engagés.
Pour les pêcheurs situés sur les plages de Kigongo, katongo et
kabimba, loin de la cité, dans la fixation du prix, ils tiennent compte
de la distance parcourue par les clients pour les atteindre. Pour les
mêmes unités de mesure (caisse et seau en plastique ou Bumba), le
prix de vente peut varier en fonction du pouvoir de négociation du
pêcheur et de relation qu'il entretienne avec son client. le payement
s'effectue soit à crédit ou soit en espèce.
> Au niveau du marché de gros, tout comme chez les
pêcheurs, les résultats de l'enquête relèvent que
(94,3%) des grossistes enquêtés pratiquent le prix qu'après
le marchandage avec les clients. cette discussion tient compte de la
qualité de fretin (petite ou grande taille), de la période de
pêche dans laquelle on se situe (forte production ou faible production)
et des coûts engagés (frais de transport, prix d'achat, etc.) par
les grossistes pour disponibiliser les fretins au marché. La collusion
entre les grossistes pour fixer les prix n'existe pas et le payement peut se
faire soit à crédit ou soit en espèce.
> Au niveau du marché, il résulte de
l'enquête que (100,0%) des détaillants enquêtés
commercialisent au prix du marché. Ce prix varie en fonction du volume
de tas et de la période de pêche. Le payement à ce niveau
s'effectue en espèce.
64
III.1.3.3 Mode financement des activités dans la
chaîne de valeur de fretin dans la cité
d'Uvira
Tableau n°22 : Les modes de financement des
acteurs
Variables
|
Modalité
|
Les acteurs de la chaîne de valeur de
fretin
|
|
Les pêcheurs
|
Les grossistes
|
Les détaillants
|
Effet
|
En %
|
Effet
|
En %
|
Effet
|
En %
|
Source de fonds de démarrage
|
Crédit
|
3
|
5,8
|
0
|
0
|
2
|
3,1
|
Fonds propres
|
49
|
94,2
|
35
|
100,0
|
35
|
53,8
|
Neutre
|
0
|
0
|
0
|
0
|
28
|
43,1
|
Total
|
52
|
100,0
|
35
|
100,0
|
65
|
100,0
|
Accès au crédit
|
Oui
|
6
|
11,5
|
0
|
0
|
1
|
1,5
|
Non
|
46
|
88,5
|
35
|
100,0
|
64
|
98,5
|
Total
|
52
|
100,0
|
35
|
100,0
|
65
|
100,0
|
Motifs de ne pas
avoir accès au crédit
|
Pas besoin
|
12
|
23,1
|
5
|
14,3
|
11
|
16,9
|
Accès difficile
|
17
|
32,7
|
16
|
45,7
|
24
|
36,9
|
Intérêt élevé
|
12
|
23,1
|
4
|
11,4
|
7
|
10,8
|
Peur du crédit
|
7
|
13,5
|
4
|
11,4
|
16
|
24,6
|
Pas des IMF à notre soutien.
|
4
|
7,6
|
6
|
17,2
|
7
|
10,8
|
Total
|
52
|
100,0
|
35
|
100,0
|
65
|
100,0
|
Source : Auteur, traitement des
données de l'enquête.
La lecture de ce tableau montre que la majorité des
acteurs (94,2% des pêcheurs, 100,0% grossistes et 53,8% de
détaillants) enquêtés de cette chaîne de valeur ont
jamais contracté un crédit pour financer leurs activités,
cependant, ils financent leurs activités avec des fonds propres contre
(5,8% des pêcheurs et 3,1% des détaillants) qui déjà
contractés un crédit pour financer leurs activités. En ce
qui concerne l'accès au crédit, il s'observe que la
majorité des acteurs de la chaîne (88,5% des pêcheurs,
100,0% des grossistes et 98,5% des détaillants) n'ont pas l'accès
au crédit d'une institution financière de la place pour financer
leurs activités. Le non accès au crédit peut s'expliquer
par le fait que les certains acteurs n'ont pas besoin du crédit pour
financer leurs activités (23,1% des pêcheurs, 14,3% des grossistes
et 16,9% des détaillants) ; l'accès difficile au crédit,
taux d'intérêt trop élevé, la peur des conditions
offertes par les institutions financières pour octroyer du crédit
ne laissent pas
65
66
100%
80%
60%
40%
20%
0%
faible production
forte production
Somme de M.O
Somme de restauration M.O
Somme de carburant
Somme de charge batterie
Somme de Amortissement machine
l'occasion aux acteurs de s'aventurier à contracter un
crédit et l'absence des institutions de micro finance qui se soucient
uniquement des financer ces acteurs.
III.1.4 analyse des coûts et de prix
III.1.4.1 Analyse de coût
L'analyse des coûts a pour objectif de déterminer
les coûts de production pour les pêcheurs et les différents
coûts de transaction pour les mareyeurs.
III.1.4.1.1 Analyse de coût de production au
niveau des pêcheurs
Le coût de production au niveau des pêcheurs est
égal à la somme des toutes les charges engagées avant et
après la sortie. Ainsi, il est constitué par le coût
variable et le coût fixe. Dans l'analyse des charges variables, le
coût de la main d'oeuvre est fonction des captures et est calculée
en faisant la différence entre le chiffre d'affaires total et tous les
autres coûts divisé par deux.
Tableau n°23 : Structure des coûts totaux
à la production par sortie de pêche.
|
Forte production
|
Faible production
|
Montant en FC
|
Part/ coût total
|
Montant en
FC
|
Part/coût total
|
Coûts fixes
|
Louage Machine
|
6788,46
|
4,8%
|
6788,46
|
11,8%
|
charge batterie
|
3807,69
|
2,7%
|
3807,69
|
6,6%
|
carburants et
huile machine
|
20617,31
|
14,7%
|
20617,31
|
35,9%
|
restauration M.O
|
7807,69
|
5,6%
|
7807,69
|
13,6%
|
Total coût fixes
|
39021,15
|
27,8%
|
39021,15
|
79,7%
|
|
M.O
|
101479,81
|
72,2%
|
11660,1
|
20,3%
|
Total coût variable
|
101479,81
|
72,2%
|
11660,1
|
20,3%
|
Coût total
|
140500,96
|
100,0%
|
57469,71
|
100,0%
|
Source : Auteur, calcul sur base des données de
l'enquête aux pêcheurs.
Figure n° 4 : part de chaque coût de
production dans le coût total
Source : Auteur, enquête aux
pêcheurs
L'observation du tableau n°23 montre que les
coûts fixes présentent en moyenne 27,8% et de 79,7
% de coût total respectivement pendant la période forte
production et pendant la période de faible production. Quant aux
coûts variables, ils représentent en moyenne 72,2
% pendant la pério de de forte production contre 20,3
% pendant la période de faible production.
Tableau n°23 et La figure n°4 montre que le
coût de la main d'oeuvre (M.O) représente à lui seul, en
moyenne, 72,2% du coût total pendant la période de forte
production et constitue la charge la plus élevée supportée
par les pêcheurs dans cette période. Il est suivi de coût du
carburant et huile de machine, de restauration de la main
d'oeuvre, amortissement machine et de charge batterie qui représente en
moyenne respective 14,7%, 5,6%, 4,8% et 2,7% du coût total.
Le coût du carburant et huile bas record pendant la
période de faible production, il représente en moyenne,
35,9% du coût total suivi de la main d'oeuvre, de restauration
main d'oeuvre, de l'amortissement machine et de charge batterie avec une
moyenne respective de 20,3%, 13,6%, 11,8% et 6,6% du coût
total.
III.1.4.1.2 Analyse de la structure des coûts de
transaction dans la commercialisation de
fretin dans la cité d'Uvira.
Cette analyse porte sur les différentes charges
supportées par les grossistes et les
détaillants dans la commercialisation de
fretin.
a) Structure des coûts de transaction au niveau du
marché de gros
La structure des coûts de transaction au niveau
de marché de gros a été déterminée à
partir des moyennes sur les données collectées auprès des
grossistes sur les plages de la cité d'Uvira sous étude.
Généralement, trois types des coûts de transaction sont
supportés par les
67
grossistes dont le frais de transport, de séchage
et des diverses taxes (taxe de chefferie, d'hygiène, taxe de la
cité).
Tableau n °24 : Structure des coûts de
transaction au niveau du marché de gros
coûts de transaction
|
Faible production
|
Forte production
|
Transport
|
885,3
|
33,8%
|
20428,6
|
91,5%
|
Frais de séchage
|
271,4
|
10,4%
|
428,6
|
1,9%
|
Taxes à la plage
|
1460
|
55,8%
|
1460
|
6,6%
|
Total
|
2616,7
|
100,0%
|
22317,2
|
100,0%
|
Source : Auteur, calcul sur base des
données de l'enquête aux grossistes.
L'analyse des coûts de transaction sur le
marché du commerce en gros présentée dans
le tableau n°23 montre que les frais de transport sont
plus importants, en moyenne ils représentent 91,5% des
coûts transaction pendant la période de forte production contre
33,8% des coûts de transactions pendant la période de faible
production. Le frais des différentes taxes constituent en moyenne une
part importante 55,8% des coûts de transaction pendant la
période de faible production par contre il en
représente que 6,6% des coûts de transaction pendant la
période de forte production et en fin, les frais de
séchage sont moyennement faible par rapport aux
autres charges, il est de 10,4% et 1,9% respectivement pendant la
période de faible production et de forte production. Toutes ces
informations sont bien visualisées dans la figure n°5.
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Faible production
forte production
Somme de taxe
Somme de Frais de séchage Somme de Transport
Figure n°5 : Structure des coûts de
transaction au niveau du marché de gros en % Source : Auteur,
enquête aux grossistes
68
b) Structure des coûts de transaction au niveau
du marché de détail
Les données sur les moyennes des coûts de
transaction ont été collectées sur les marchés de
la cité d'Uvira auprès des détaillants. De part ces
données, le coût de transaction est constitué par les frais
de transport, le frais de séchage, les différentes taxes
payées au marché (ticket ou Jeton du marché, chefferie et
hygiène) ainsi que le frais de louage de place au
marché. Le tableau n°24 et la figure n°6
fournissent les détails sur la structure des
coûts de transaction sur le marché de détail.
Tableau n O 25 : Structure des coûts de
transaction au niveau du marché de détail
Coûts de transaction
|
Faible production
|
Forte production
|
Transport
|
201,5
|
19,7%
|
549,2
|
32,7%
|
Frais de séchage
|
164,6
|
16,2%
|
475,4
|
28,3%
|
Taxes au marché
|
406,2
|
39,8%
|
406,2
|
24,2%
|
Place au marché
|
248,3
|
24,3%
|
248,3
|
14,8%
|
Total
|
1020,6
|
100,0%
|
1679,1
|
100,00%
|
Source : Auteur, calcul sur base des données de
l'enquête aux détaillants.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Faible production
forte production
Somme de Taxe au marché
Somme de place au marhé
Somme de frais de séchage
Somme de Transport
Figure n° 6 : Structure des coûts de
transaction au niveau du marché de détail en % Source :
Auteur, enquête aux détaillants.
Une analyse par poste de coût permet
d'établir que les taxes au marché enregistrent en
moyenne le coût de transaction le plus important ( 39,8%
de coût total de transaction) pendant la période de faible
production alors qu'il se situe à 2 4,2% pendant la période de
forte production. On note aussi une part importante de frais de transport
(32,2 %) du coût total de transaction pendant la
période de forte production alors qu'il est de 19,7% pendant la
période
69
de faible production. Les autres coûts
représentent une moyenne respective pendant les deux périodes
16,2% et 28,3% pour le frais de séchage et 24,3% et 14,8% pour la place
au marché.
III.1.4.2 Analyse de prix de vente
Il s'agit ici d'analyser le par rapport entre le prix au
pêcheur et celui qui est payé par le consommateur final
(perçu par les détaillants) en fin de déterminer la
pression des acteurs de la chaîne sur le prix de vente de fretin. Les
données utilisées sont constituées par les moyennes des
prix de vente de fretin en considérant le seau en plastique (Bumba)
comme unité de mesure.
Tableau n° 26 : les pressions sur les prix aux
pêcheurs et aux consommateurs
Situation de pêche
|
Prix aux pêcheurs (PP)
|
prix au mareyeur grossiste (PG)
|
Prix au
consommateur (PC)
|
valeur en FC/Bumba
|
En % PCP
|
valeur en FC/Bumba
|
En % PPG
|
% en PCG
|
valeur en FC/Bumba
|
En % du PPC
|
Forte
production
|
11653,9
|
57,4
|
16928,6
|
145,3
|
83,4
|
20292,6
|
174,1
|
Faible production
|
41057,7
|
78,5
|
47085,7
|
114,7
|
90,0
|
52330,7
|
127,5
|
Moyenne pendant les 2 périodes
|
26355,8
|
67,9
|
32007,2
|
130,0
|
86,7
|
36311,7
|
150,8
|
Source : Auteur, traitement des
données de l'enquête.
L'analyse de prix représentée dans ce tableau,
montre que les prix au pêcheur constituent en moyenne 67,9% des prix aux
consommateurs sur le marché de fretin dans la cité d'Uvira. Les
prix au mareyeur grossiste représentent en moyenne pendant les deux
périodes 86,7% des prix payés par les consommateurs aux mareyeurs
détaillants. Les prix au pêcheur passent près de son double
à la vente de gros soit 130,0% et plus de son double au stade du prix
payé par les consommateurs (150,8%), en moyenne pendant les deux
périodes sous étude.
Les rapports des prix-consommateurs par rapport aux
prix-producteurs montrent davantage des disparités dans la
répartition entre les différents acteurs de la chaîne de
valeur de fretin. En effet, le rapport prix-consommateur/prix-producteur le
plus élevé se rencontre pendant la période de forte
production soit en moyenne (174,1%) suivi de celui de faible production qui
représente une moyenne (127,5%).Ces écarts importants des prix
entre les pêcheurs et ceux payés par les consommateurs aux
détaillants s'expliquent aussi par des coûts de transactions
supporté par les intermédiaires dus à la
précarité des infrastructures, aux taxes et l'asymétrie de
l'information. Cette situation montre clairement que le pêcheur, premier
maillon de la chaine de valeur de fretin, est le moins favorisé dans ce
système.
70
III.1.5 Analyse de la performance de la chaîne
de valeur de Ndagala (fretin)
Cette partie du travail consiste à analyser les
indicateurs de la performance de la chaîne de valeur de fretin dans la
cité d'Uvira. Les données sont analysées en moyenne par
seau ou Bumba du fait du manque d'une unité de mesure de poids
utilisable par tous les acteurs. Le Seau en plastique (Bumba) est jugé
comme unité de mesure utilisable par un grand nombre d'acteurs de la
chaîne de valeur. Ainsi, les diverses charges moyennes supportées
par les acteurs sont divisées en fonction de leur quantité
moyenne produite ou commercialisée. Les divers éléments de
calcul sont en Annexe 1, 2, 3 et les résultats ainsi
interprétés sont des moyennes entre les deux situations de
pêche qui s'observent. Dans les développements qui suivent, les
mécanismes de création et de distribution de la VA et de profit
sont examinés pour l'ensemble de la chaîne de valeur de fretin.
Tableau n° 27 : Représente la valeur, le
profit, le taux de valeur ajoutée et de profit
|
fretins frais
|
Qualité intermédiaire
|
Variables
|
Acteurs
|
En valeur
|
Part en %
|
En valeur
|
Part en %
|
Valeur ajoutée
|
Pêcheurs
|
15589,6
|
63,8
|
15589,6
|
64,4
|
Mareyeurs grossistes
|
4906,3
|
20,1
|
4827,4
|
20,0
|
Mareyeurs détaillants
|
3940,5
|
16,1
|
3775,3
|
15,6
|
Total de deux périodes
|
24436,4
|
100,0
|
24192,3
|
100,0
|
|
|
|
|
|
|
Profit
|
Pêcheurs
|
7794,75
|
49,0
|
|
Mareyeurs grossistes
|
4503,8
|
28,3
|
4424,9
|
28,1
|
Mareyeurs détaillants
|
3620
|
22,7
|
3502,8
|
22,3
|
Profit Total
|
15918,55
|
100,0
|
15722,45
|
100,0
|
|
|
|
|
|
|
Taux de valeur
ajoutée
(VA/CA) x 100
|
Pêcheurs
|
|
67,6
|
|
67,6
|
Mareyeurs grossistes
|
|
17,6
|
|
17,4
|
Mareyeurs détaillants
|
|
12,2
|
|
11,6
|
|
|
|
|
|
|
Taux marge
d'exploitation (Profit/CA) x100
|
Pêcheurs
|
|
32,3
|
|
|
Mareyeurs grossistes
|
|
14,1
|
|
13,3
|
Mareyeurs détaillants
|
|
10,8
|
|
10,3
|
Source : Auteur, traitement des
données de l'enquête.
Il s'observe de ce tableau que toute la chaîne de valeur
de fretin (Ndagala) est rentable. Les valeurs ajoutées et les profits
sont tous positifs pour tous les acteurs et ceci dans toutes les chaînes
de valeur. En d'autres termes, la production de fretin est profitable pour le
pêcheur, le mareyeur grossiste et le mareyeur détaillants quelle
que soit la qualité de fretin commercialisée. En effet, les
valeurs ajoutées et les profits sont positifs pour tous les acteurs et
ceci à toutes les qualités sous étude. La comparaison
entre les chaînes de valeurs indique
71
que la chaîne de valeur de fretin frais est la
plus profitable soit 17, 21% contre 17,01% en moyenne
et présente une bonne performance globale soit 26,4% contre 26
,2% en moyenne. Lorsqu'on s'intéresse aux ratios
de la valeur ajoutée par acteur, l'on constate
que c'est le pêcheur qui perçoit plus de valeur
ajoutée. En effet, un 100 FC du chiffre d'affaires
pour les deux produits génèrent 67, 6 FC de
valeur ajoutée. En termes de la capacité
bénéficiaire dégagée par
l'exploitation, l'indicateur obtenu (taux de marge nette
d'exploitation) montre que l'activité de pêche est
une activité à profit élevé (soit
32,2 %) que l'activité de commerce en gros
(14,1%) et du commerce en détail (10,8%) en moyenne.
3%
de valeur
16%
23%
49%
trai
20%
28%
64%
Figure n°7.2:Répartition de la valeur
ajoutée entre les agents
Mareyeurs détaillants Mareyeurs grossistes
Pêcheurs
Figure n° 7.3: Répartition de
profit
Mareyeurs détaillants Mareyeurs
grossistes
Pêcheurs
figure n° 7.1 :Partage de la valeur ajoutée
au nivau de la chaîne
i Divers iimpôts
et taxes M.O
profit
65%
32%
Figure n°7 : Répartition de la valeur
ajoutée et de profit.
Source : Auteur, traitement des données de
l'enquête.
En ce qui concerne la création et la
distribution de la valeur ajoutée, la richesse créée dans
la chaîne de valeur de fretin (Ndagala) est distribuée, en premier
lieu, sous forme de bénéfices (résultat net
d'exploitation) pour les différents acteurs de la chaîne
soit 65% en moyenne (figure n°7. 1). Ensuite, 32% de la
valeur ajoutée est versée sous forme de salaires aux
pêcheurs occasionnels et 3% sous forme de différents impôts
et taxes collectés par divers services de l'Etat auprès de
mareyeurs grossistes et détaillants.
L'examen de la contribution des acteurs de la
chaîne de valeur dans la création de la VA totale
révèle que les pêcheurs procurent plus de la moitié
de la VA créée soit 64% (figure n°7. 2).
Les mareyeurs grossistes viennent en second lieu, en apportant 20% de la
richesse. Ils sont suivis par les mareyeurs détaillants qui
ajoutent 16% à la VA globale. Les coefficients de
72
corrélations associées à cette analyse
(Annexe n°4) ont montré qu'il existe une relation significative
entre la valeur ajoutée totale et les valeurs ajoutées des
acteurs au sein de cette chaîne de valeur. Cette relation est forte pour
les pêcheurs (r = 0,751, p = 0,000) et pour les mareyeurs grossistes (r =
0,645, p = 0,000) et d'intensité moyenne pour les détaillants (r
= 0,333 et p = 0,007). En part relative, les mareyeurs (grossistes et
détaillants) captent une part importante (51%) de profit que celle des
pêcheurs (49%) (Figure n°7.3). Cette différence de profit qui
s'observe entre les pêcheurs et les mareyeurs (grossistes et
détaillants) est significative (Test t = 3, 498, ddl = 150 et p = 0,001)
(Annexe n°5). Ces résultats permettent d'affirmer que la
répartition de profit entre les acteurs au sein de la chaîne de
valeur de Ndagala dans la cité d'Uvira est inéquitable.
III.1.6 La progressivité de la chaîne de
valeur de fretin dans la cité d'Uvira
Cette partie analyse les différentes innovations
intervenues au courant de cinq dernières années sur
différents niveaux de la chaîne de valeur de fretin. Ainsi, les
informations sur l'innovation et l'adoption des innovations sont en
présentées dans le tableau ci-dessous.
Tableau n°28 : Innovations et adoption des
innovations par les acteurs de la chaîne de
valeur de fretin
Les acteurs Avoir reçu l'innovation Adoption de
l'innovation
Oui Non Oui Non
Effectif En % Effectif En % Effectif En % Effectif En
%
Les Pêcheurs 52 100,0 -
-
52 100,0 -
-
Les Grossistes 17
|
48,6 18 51,4 12 70,6 5 29,4
|
Les Détaillants 26 40,0 39 60,0 22 84,6 4
15,4
Source : Auteur, traitement des
données de l'enquête.
Il s'observe de ce tableau que, les pêcheurs ont connu
une innovation dans leur activité de pêche (100,0% des
pêcheurs enquêtés l'affirme) qu'est le remplacement de la
lampe Anchor utilisant le Kérosène pour s'allumer par les lampes
tube utilisant l'énergie électrique via les batteries
chargeables. Cette nouvelle technique dans la pêche artisanale de fretin
dans cité d'Uvira est adoptée par tous les pêcheurs soit
100,0% des pêcheurs enquêtés et elle a qu'un effet positif
dans la diminution des dépenses. En effet, les pêcheurs
effectuaient une dépense énorme de carburant
(Kérosène) en utilisant les lampes Anchors pour avoir la
lumière, mais avec l'arrivé des lampes tubes, ils voient leur
dépenses diminuées.
73
Quant aux mareyeurs (grossistes et détaillants), il
s'observe des innovations dans la pratique de séchage avec les claies de
séchage modernes et dans la pratique de conservation de fretin frais
avec l'arrivé des chambres froides dans certaines plages. Plus de la
moitié (soit 51,4% pour les mareyeurs grossistes et 60,0% des mareyeurs
détaillants) enquêtés, affirme de ne pas avoir connu des
innovations dans leur activité de commercialisation de fretin. Ceci est
dû du fait de l'absence de ces matériels dans différents
marchés et plages de la cité et hors la cité tels à
Kilomoni I, Kasenga, Kabimba et Kigongo. Et ceux qui ont affirmés
d'avoir reçus ces innovations (48,6% des mareyeurs grossistes
enquêtés et 40,0% des mareyeurs détaillants
enquêtés), la majorité l'ont adoptés soit 70,6% pour
les grossistes et 84,6% des détaillants contre au 29,4% des grossistes
et 15,4% des détaillants qui n'ont pas adoptés suite
l'insuffisance de ces matériels. Ces pourcentages des adoptants laissent
croire que les acteurs sont très sensibles aux innovations et peuvent
les adoptées dès qu'elles sont mises à leur
disposition.
III.1.7 Analyse des contraintes et des
opportunités au développement de la chaîne de valeur de
fretin dans la cité d'Uvira
III.1.7.1 les contraintes au développement de la
chaîne de valeur de fretins
Le développement de la chaîne de valeur de
fretins dans la cité d'Uvira fait face à des multiples contraints
dont l'impact affecte la productivité et les performances de tous les
acteurs. Ces contraintes sont remarquées aux différents niveaux
de la chaîne de valeur:
1. Au niveau de l'appareil de production
La production fretin (Ndagala) est assurée par une
technique artisanale dont les unités de pêche restent peu modernes
et ne disposant pas des équipements permettant de capturer les fretins
nageant dans la profondeur plus éloignée de la surface et aussi
des équipements permettant de conserver le poisson dans des conditions
optimales. Du fait de ces conditions de transport et de stockage en vrac de
dizaines de kilogramme de fretin, dans des caisses en bois ou des Seaux en
plastique non réfrigérées, pour une longue distance, la
qualité des captures se trouve détériorée avant
même son arrivée aux plages.
2. Au niveau des captures
> Ces dernières années, on assiste à
une régression du stock de la biomasse disponible et de la
productivité des pêcheurs en raison d'une gestion approximative de
la ressource marquée notamment par la concentration de l'effort de
pêche et le non adaptation des pêcheurs aux comportements de
fluctuation des stocks. De plus, les fretins migrent de plus
74
en plus vers les zones plus profondes, ils s'éloignent
ainsi des unités de production et augmentent les coûts de
transport. Par ailleurs, la pollution et la pêche des alevins
(appelé communément KAUZU) affectent sensiblement la
qualité de l'écosystème, le milieu naturel de vie et de
reproduction des fretins.
> Les voies d'accès aux ressources halieutique sont
libres (C'est-à-dire qu'il y a une libre entrée des
pêcheurs de fretins dans la cité d'Uvira). En effet, les
pêcheurs opèrent en général sous un régime
d'accès libre. Cette situation est clairement intenable. Un accès
libre aboutit classiquement à une surexploitation des ressources et
à une baisse de recettes pour tous les participants parce qu'il est
caractérisé par une course à l'exploitation qui fait que
tous les pêcheurs s'efforcent de capturer la plus grande part possible de
la ressource, qu'il y ait ou non réglementation, avant que leurs
concurrents ne le fassent. L'accroissement des pressions de la population dans
la cité d'Uvira engendre des conséquences graves.
3. Au niveau des débarquements
Absence des infrastructures nécessaires aux
débarquements de fretins. En effet, les manutentionnaires ou
débardeurs transportent par les mains ou sur la tête, ces
techniques n'offrent pas les conditions nécessaires pour permettre un
débarquement des fretins dans des conditions optimales de qualité
et d'hygiène.
4. Au niveau de la transformation
La transformation est élément essentiel de la
valorisation de produit, dans la cité
d'Uvira le séchage reste encore le seul moyen de
transformation et de valorisation des fretins. Ce dernier est pratiqué
avec des techniques rudimentaires (en majorité le sable)
réduisant la qualité et la valeur de fretin. En effet, on assiste
à une forte demande de fretin orientée vers l'extérieure
du pays (soit au Burundi ou Tanzanie) où le fretin (Ndagala) est
séché en majorité sur des claies métalliques.
5. Au niveau de la commercialisation
Les principales contraintes à ce niveau sont liées
:
> au manque d'infrastructures de commercialisation et de
circuits de distribution ainsi qu'au non maîtrise de la chaîne
froide. Cette situation affecte la qualité du produit, empêche le
suivi de sa traçabilité et favorise le développement de
circuits de commercialisation informels nuisibles à la sauvegarde de
l'aspect sanitaire de fretin.
> l'insuffisance d'effort de lutte contre le circuit
informel de vente, qui est très développé,
entraînant des problèmes de qualité et de contrôle
sanitaire.
75
> L'absence de moyens des conservations, de stockage et de
transformation rassurant la meilleure qualité des fretins
commercialisés loin de la cité. > Faible prix de vente pendant
la période de forte production.
6. Au niveau des acteurs de la chaîne
> pour les pêcheurs, le faible niveau de la
qualification de la main d'oeuvre occasionnelle, non respectueuse des bonnes
pratiques d'hygiène.
> De même pour les mareyeurs (grossistes et
détaillants), la faiblesse du taux de réussite de lancer un
nouveau produits qui s'adapte aux exigences des consommateurs.
7. Au niveau de l'encadrement des acteurs de la chaîne
> Encadrement technique, les intervenants de la
chaîne de fretin dans la cité d'Uvira (les pêcheurs, les
mareyeurs grossistes et détaillants) ne bénéficient ni de
formation ni d'encadrement dans le cadre de leurs activités
professionnelles. Les pratiques acquises sont le fruit de l'expérience
et des conseils prodigués par les plus anciens dans le la pêche ou
le commerce. Le Service National de vulgarisation du Ministère de
l'agriculture pêche et élevage est inexistant sur le terrain. Les
associations des pêcheurs qui existent n'ont aucun effet en pratique.
Chaque acteur travaille de manière isolée sans structure de
protection en cas de difficultés professionnelles.
> Encadrement financier, il s'observe un accès
difficile des acteurs aux services financiers malgré l'émergence
actuelle des institutions financières et des banques. La majorité
des acteurs (94,2% des pêcheurs, 100,0% grossistes et 53,8% de
détaillants) enquêtés de cette chaîne de valeur sont
exclus par les institutions de Micro-finance et les Banques. Cette absence de
financement institutionnel fait naissance à une dépendance entre
les acteurs.
> Au niveau informationnel, le système d'information
peut être défini comme l'ensemble des données et des moyens
de communication utilisés par les opérateurs pour
apprécier l'offre et la demande des produits vivriers (PANZU P., 2012).
La diffusion de l'information concourt au bon fonctionnement des
échanges et à une meilleure organisation des marchés. Les
besoins en information portent généralement sur les prix aux
différents stades de la chaîne de valeur, la disponibilité
et la localisation précise de produit. En ce qui concerne la
chaîne de valeur de fretin, aucun système d'information
structuré diffusant les informations sur les marchés n'a
été identifié. Les médias classiques
(Télévision, Radio et Journaux) ne diffusent pas les informations
sur le prix et la disponibilité de l'offre. La circulation de
l'information entre les acteurs se fait soit de «
76
bouche à oreille » ou soit par
téléphone et cette information arrive avec retard aux
destinateurs.
III.1.7.2 Opportunités de développement
Les opportunités de développement de la
chaîne de valeur de fretin dans la cité sont énormes dont
nous avons retenu :
> Le contexte actuel marqué par l'expansion
remarquable de la demande mondiale des produits de la mer et la stagnation de
la production mondiale des captures. La FAO estime que la consommation mondiale
de poissons serait de 120 millions de tonnes à l'horizon 2010 contre 75
millions de tonnes actuellement.
> Au niveau national, on se retrouve à une
disponibilité moyenne annuelle de 5,2 Kg de poisson par tête
d'habitant, disponibilité nettement inférieure à la norme
qui est de 13 Kg par tête d'habitant/an (FAO, 2014), ce qui fait que les
pêcheurs ont encore à faire pour disponibiliser les
quantités de fretins permettant de couvrir cette moyenne.
> Au niveau local, il s'observe une forte importation de
fretins due à l'insuffisance et à la qualité de la
production locale, ceci offre aux acteurs une opportunité d'augmenter
leur productivité et d'améliorer la qualité de fretin.
> Adaptation de la production et du prix de vente à
la demande par la valorisation. La valorisation est définie comme une
démarche effectuée au niveau du producteur, permettant d'ajouter
de la valeur à sa production, sans qu'il y ait forcément de
transformation du produit initial ni d'ajout de produits extérieurs
(OFIMER, 2001). La valorisation c'est l'idée à la mode
aujourd'hui dans le domaine de la pêche artisanale (AZIZ LAMTAI, 2010).
Ainsi, les acteurs de cette chaîne de valeur de fretin ont cette
opportunité de développer les techniques de transformation ou de
conservation de fretins qui leur permettront de mettre en place les fretins de
qualité et ainsi d'augmenter leur profit.
> Les acteurs de la chaîne de valeur de fretin ont
une opportunité de développer un système
de labellisation et de diversification de la qualité de
fretins en fin d'augmenter leur valeur ajoutée ainsi que le profit.
> La disponibilité de la main d'ouvre à
moindre coût offre l'opportunité d'investir dans ce secteur.
> La réalisation de profit par tous les acteurs de
cette chaîne de valeur, rassure à tout autre personne voulant y
entrer qu'il réalisera un profit quelle que soit la période de
pêche.
> Suite à un système de financement interne,
les acteurs effectuent leurs activités sans interruption.
77
Les faiblesses
D La pêche est encore artisanale avec des unités
peu moderne et ne disposant pas des équipements permettant de
pêcher dans des longues profondeurs.
D Utilisation des équipements de transport non
réfrigérés ne permettant pas de conserver les fretins dans
les conditions optimales.
D La gestion approximative de la ressource halieutique.
D L'absence des infrastructures de débarquement
nécessaire à la préservation de la qualité de
fretin.
D Les techniques de transformation de fretin sont encore
rudimentaires.
D Non maîtrise d'une chaîne froide dans la
commercialisation des fretins.
D Les points de ventes finaux inadaptés.
D l'insuffisance d'effort de lutte contre le circuit informel
de vente
D L'absence de moyens des conservations, de stockage et de
transformation.
D Faible prix de vente pendant la période de forte
production.
D le faible niveau de la qualification de la main d'oeuvre
occasionnelle.
Les menaces
D La migration des stocks de fretin.
D Les voies d'accès aux ressources halieutique sont
libres.
D L'insuffisance d'effort de lutte contre l'informel et la
pêche illégale.
D Absence d'encadrement technique.
D Les acteurs travaillent de manière isolée sans
structure de protection.
D Le non accès au crédit bancaire.
D Absence d'un système d'information.
D La saisonnalité dans la production des fretins.
D La Régression du stock de biomasse disponible suite
à l'effort de pêche concentré sur cette espèce
D Les voies d'accès aux ressources halieutique sont
libres.
D .
Source : Auteur, traitement des données
de l'enquête.
III.1.7.3 Présentation des contraintes et
opportunités dans la matrice SWOT
De façon synthétique, les contraintes et les
opportunités de la chaîne de valeur de fretin sont
présentées dans la matrice SWOT comme suit :
Tableau n° 29: les forces, faiblesses,
opportunités et menaces de la chaîne de valeur de fretin dans la
cité d'Uvira.
Les forces
|
|
Les opportunités
D Existence de marché potentiel au niveau mondial de
plus en plus accrue.
D Existence du marché national et local.
D Nouvelles perspectives offertes par le pays dans le cadre
des accords de libre -échange.
D Nouvelles orientations pour le développement du
secteur basées sur: la gestion rationnelle de la ressource halieutique,
la réforme de la législation du secteur, la mise à niveau
du secteur à différents maillons de la chaîne de valeur, le
renforcement des infrastructures de conservation et de transformation de
fretin, ...
D Nouvelles perspectives offertes dans le cadre des
investissements dans l'une des activités de la chaîne de
valeur.
D Développement d'un système de labellisation de
fretin.
D Nouvelles perspectives offertes dans cadre de valorisation
de fretin par une meilleure conservation et transformation.
D La disponibilité de la main d'ouvre à moindre
coût.
D les acteurs de la chaîne opèrent en
général sous un régime d'accès libre.
|
D La réalisation de profit par tous les acteurs de
cette chaîne de valeur.
D Existence d'un système de financement interne.
D Les acteurs fonctionnent dans des relations de
confiance.
D Expérience des acteurs dans l'exercice de leurs
activités.
|
D
|
D
|
78
III.2 DISCUSSION DES RESULTATS
Dans la revue empirique nous avons constaté que,
plusieurs auteurs ont déjà abordé sur les aspects qui
portent sur notre travail. Il revient alors de comparer ces résultats
avec ceux de ces auteurs.
Ainsi, les résultats portant sur les caractères
sociaux des acteurs relèvent que la chaîne de valeur de fretin
dans la cité d'Uvira est dominée à 56,7% par les femmes du
fait qu'elles sont majoritaires dans la commercialisation (soit 71,4% dans le
mareyage en gros et 89, 2% le mareyage en détail) que les hommes. Des
femmes sont peu remarquables dans la pêche (9,6%) que les hommes (90,4%)
avec une main d'oeuvre dominée à (100%) par les hommes pour la
raison que cette activité est effectuée uniquement la nuit et
demande une capacité physique importante pour faire face aux obstacles
liés aux vents violents du lac et aux fortes pluies. Ces
résultats sont similaires à ceux d'une étude
antérieure effectuée au Bénin par Holroet, (2010) qui ont
aboutis au constat que la chaîne de valeur de crabes est
constituée en 75% des femmes et qu'elles sont majoritaires dans la
commercialisation que la pêche.
En ce qui concerne la section portant sur la gouvernance de
chaîne de valeur de fretin dans la cité d'Uvira, les
résultats de l'enquête montrent d'une part qu'une relation
d'arrangement contractuel (61,5%) domine entre les pêcheurs et les
grossistes et (60,0%) entre grossistes et pêcheurs. Ce type de relation
rend le pêcheur dépendant à son client, limité la
compétition entre les mareyeurs (commerçants) et le pouvoir de
pêcheur dans la fixation de prix de vente de fretin du fait de
crédit octroyé et de financement des opérations de
pêche effectués par les grossistes. Le pêcheur est dans
l'obligation de vendre la totalité de sa production à son client
et ne peut s'en empêcher de celui-ci qu'après avoir
remboursé la totalité ses créances. Dans ce cas, la
chaîne de valeur présente les caractéristiques d'un «
réseau dirigé ». Il existe un petit nombre d'acheteurs qui
absorbent la quasi-totalité des fretins pêchés. D'autre
part, une relation de confiance existe entre les acteurs (soit 38,5% pour les
pêcheurs à leurs clients, 40,0% les mareyeurs grossistes à
leurs fournisseurs et 66,2% des détaillants à leurs
fournisseurs). Pour de type de relation, Il existe, en effet, un nombre
suffisamment important d'intermédiaires pour créer une
compétition effective entre les acheteurs. Dans ce cas, le client suit
les performances des pêcheurs et les problèmes de fixation de prix
et de financement sont résolus par la négociation plutôt
que par voie de menace ou de sortie, étant donné le partage
d'intérêts et des risques dus à la situation de l'offre et
de la demande. Dans cet autre cas, la chaîne présente les
caractéristiques d'un « réseau équilibré
». L'analyse statistique associée aux relations entre les acteurs
de la chaîne
79
80
81
de valeur montre que ces relations sont significatives. Ce qui
nous ont permis de conclure que la chaîne de valeur de fretin dans la
cité d'Uvira présente un mode de gouvernance à «
réseau dirigé » du fait qu'elle est à cheval entre un
« réseau équilibré » et un « réseau
dirigé ». Ces résultats conduisent à confirmer notre
hypothèse selon laquelle au vu de l'analyse des indicateurs relatifs
à la gouvernance ; la chaîne de valeur de fretin dans la
cité d'Uvira présenterait un mode de gouvernance à
réseau dirigé du fait que cette chaîne de valeur couvre un
mode de gouvernance à caractère mixte qui est à cheval
entre un « réseau équilibré » et un «
réseau dirigé ». Par rapport aux travaux antérieurs
cités précédemment, ces résultats correspondent aux
conclusions de Mohamed et al. (2015), qui aboutit aux constats que le
modèle de gouvernance le plus fréquent dans les chaînes de
valeur domestique au Maroc (contrairement aux chaînes de valeur de
l'exportation) s'apparente à un réseau dirigé. Il existe
quelques principaux clients qui absorbent la totalité de l'offre.
Pour Holroet, (2010), contrairement à nos
résultats, la dynamique dans de la chaîne de valeur de crabe peut
être caractérisée par une gouvernance monopolisée
(situation de hiérarchie) par les grossistes du marché de
Lomé et ce pouvoir des grossistes et des collecteurs exportateurs
proviennent du système de financement, l'envoi des cargaisons, et la
faiblesse des autres acteurs dans la maîtrise de qualité et des
quantités des produits convoyés.
La section sur l'analyse des coûts et de prix de vente
sur le long de la chaîne de valeur montre que parmi les charges
supportées par les pêcheurs, la charge de la main d'oeuvre
présente en moyenne une partie plus importante (soit 72,2 % du
coût total) pendant la période de forte production que pendant la
période de faible production (soit 20,3% du coût total) du fait
cette charge varie en fonction de la production. Pendant la période de
faible production, le frais de carburant est plus élevé (soit
35,9% ) du fait que pendant cette période, les pêcheurs parcourent
des longues distances à la recherche de fretin. Pour ce qui est des
mareyeurs (grossistes et détaillants), les coûts de transport et
des taxes constituent les postes les plus importants dans leurs coûts de
transaction. L'analyse des prix de vente au différent niveau de la
chaîne de valeur relève que le rapport
prix-consommateur/prix-producteur le plus élevé se rencontre
pendant la période de forte production soit en moyenne (174,1%) suivi de
celui de faible production qui représente une moyenne (127,5%).Ces
écarts importants des prix entre les pêcheurs et ceux payés
par les consommateurs aux détaillants s'expliquent aussi par des
coûts de transactions supportés par les intermédiaires dus
à la précarité des infrastructures, aux taxes et
l'asymétrie de l'information. Cette situation montre clairement que le
pêcheur, premier maillon de la chaine de valeur de fretin, est le moins
favorisé dans ce système. La
comparaison des coûts aux prix de vente sur le long de
la chaîne de valeur ont relevé que les coûts totaux
supportés par les agents sont inférieurs à leurs prix de
vente. Cette comparaison fait apparaître les marges qui
rémunèrent tous les acteurs de la chaîne de valeur. En
effet, les valeurs ajoutées et les profits sont positifs pour tous les
acteurs et ceci dans toutes les chaînes de valeur. Ces résultats
nous a permis d'affirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle
l'analyse des coûts et des prix sur chaque maillon de la chaîne de
valeur de Ndagala montrerait que tous les acteurs réaliseraient un
profit parce que leurs recettes seraient supérieures à leurs
coûts. Ces résultats ainsi trouvés corroborent les
conclusions des travaux d'Aquilas et al. (2013) sur l'analyse de la
compétitivité de la chaîne de valeur ajoutée
crevette fraîche et crevette fumée du Bénin qui ont abouti
au constat que les différents maillons de la chaîne de valeur sont
rentables. Et aux résultats D'EPIPHANE et al. (2011), sur Analyse de la
performance des chaînes de valeurs de l'ananas au Bénin qui ont
trouvés que toutes les chaînes de valeurs de l'ananas
béninois sont rentables, En effet, les valeurs ajoutées et les
profits sont positifs pour tous les acteurs et ceci dans toutes les
chaînes de valeurs.
L'examen de la contribution des acteurs de la chaîne de
valeur dans la création de la VA totale révèle que les
pêcheurs procurent plus de la moitié de la VA créée
soit 64%. Les mareyeurs (grossistes et détaillants) viennent en second
lieu, en apportant 36% de la richesse total.
Les coefficients de corrélations associées
à cette analyse (Annexe n°4) ont montré qu'il existe une
relation significative entre la valeur ajoutée totale et les valeurs
ajoutées des acteurs au sein de cette chaîne de valeur. Cette
relation est forte pour les pêcheurs (r = 0,751, p = 0,000) et pour les
mareyeurs grossistes (r = 0,645, p = 0,000) et d'intensité moyenne pour
les détaillants (r = 0,333 et p = 0,007).La richesse ainsi
créée est distribuée, en premier lieu, sous forme de
bénéfices (résultat net d'exploitation) pour les
différents agents de la chaîne de valeur soit 65% en moyenne.
Ensuite, 32% de la valeur ajoutée est versée sous forme de
salaires aux pêcheurs occasionnels et 3% sous forme de différents
impôts et taxes collectés par divers services de l'Etat
auprès de mareyeurs (grossistes et détaillants).
La distribution de la VA sous forme de bénéfices
aux différents acteurs de la chaîne de valeur relève que,
en part relative, les mareyeurs (grossistes et détaillants) captent une
part importante (51%) de profit que celle des pêcheurs (49%). Cette
différence de profit qui s'observe entre les pêcheurs et les
mareyeurs (grossistes et détaillants) est significative (Test t = 3,
498, ddl = 150 et p = 0,001) (Annexe n°5). Ces résultats permettent
d'affirmer que la
répartition de profit entre les acteurs au sein de la
chaîne de valeur de Ndagala dans la cité d'Uvira est
inéquitable.
Ces résultats confirment notre troisième
hypothèse selon laquelle sur le long de la chaîne de valeur de
Ndagala, le profit ainsi trouvé serait réparti de manière
inéquitable parce que la plus grande partie de profit serait
trouvé entre les mains des mareyeurs (les grossistes et les
détaillants). Comparativement aux travaux antérieurs, ces
résultats de nos analyses vont dans le sens de ceux trouvés par
la FAO, (2010) qui ont abouti au constat que dans toutes les chaînes de
valeur analysées, ce sont les petits pêcheurs et les petits
aquaculteurs qui reçoivent les bénéfices
économiques les plus faibles relativement aux autres agents de la
chaine. Les transformateurs et les commerçants de détail captent
plus d'avantages en raison de leur pouvoir de négociation relativement
plus élevé.
Mohamed et al. (2015), aboutit aux mêmes constats que le
pêcheur est le principal générateur de valeur; mais, ce
sont les intermédiaires qui dominent la filière et captent la
plus grande partie des revenus.
En fin, Holroet, (2010), contrairement à nos
résultats trouve que pour la chaîne de valeur des crabes de
terre, les collecteurs exportateurs ont le plus de valeur
ajoutée (soit 72,7% de la richesse créée au lac
Ahémé et 49,9% au lac Nokoué) contre (4,5% et 15,5% des
pêcheurs respectivement pour les deux lacs. Le reste est réparti
aux commerçants, et aux collecteurs locaux). Les commerçants du
Lac Nokoué ont une part importante de la valeur ajoutée (52,3%)
pour les crabes à l'eau que les pêcheurs (4,8%).
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