e) Le contexte technologique
Depuis la première révolution industrielle,
l'industrie textile est très mécanisée. En effet, la
filature, le tissage ou encore l'ennoblissement ou la teinture sont des
industries de volume propice à l'automatisation. Seule la confection
demeure aujourd'hui encore très gourmande en main d'oeuvre. Ce qui
explique probablement pourquoi les technologies en amont de la confection se
sont banalisées et ont été délocalisées au
plus près de la main d'oeuvre quiconfectionne, et ce, malgré la
faible intensité propre en main d'oeuvre de la filière amont. En
effet,puisque les coûts et délais du transport ne sont pas
neutres, pourquoi continuer à fabriquer du tissu en France, même
de manière automatisée, s'il est ensuite envoyé en Chine,
au Bengladesh ou en Ethiopie pour être découpé et
assemblé ? Il n'y a donc pas de barrière technologique qui
semble résister à la globalisation.
Paradoxalement, ce contexte favorable aux
délocalisations, malgré la haute technicité, redevient peu
à peu favorable aux relocalisations dans un écosystème
dont les équilibres évoluent. En effet, parmi les contreparties
des délocalisations, il y a la multiplication des intermédiaires
chargés de la coordination, de la distribution et de la
commercialisation qui captent l'essentiel de la valeur. Car en effet, dans le
prêt-à-porter globalisé, moins de 10% du prix de vente
final est consacré à la fabrication. De ce fait, les technologies
de coordinations et de distribution deviennent un élément
clé de la compétitivité.
(1) Internet et les circuits courts de
distribution
Dans le cas des jeans « traditionnels » de
grandes marques, moins de8% du prix final TTC concerne en
général la fabrication. La distribution jusqu'au client
semble l'inducteur de coût principal. De son
côté, 1083 s'est contenté de réduire la part
dela distribution de 28% en court-circuitant le réseau de distribution
habituelvia le web. Donc en économisant sur la distribution et
probablement en étant moins gourmand ! Ainsi il peut consacrer une
part plus importante de la valeur pour rémunérer des entreprises
et des emplois productifsen France.
Figure 5 : Comparaison du businness model (Structure
des coûts) entre 1083 et un Jeans de marque
De là, nous pouvons pressentir que les nouvelles
technologies de production en flux tirés, internet,
l'automatisation/robotisation, et globalement la supply chain dans son
ensemble, puissent être un axe essentiel de la problématique de la
relocalisation en France. Travailler sur cet axe devrait permettre de
réduire les délais, la distance et les intermédiaires
entre le client et le lieu de production, ainsi que la complexité de la
coordination entre tous les intermédiaires associés aux
coûts des stocks.
|