PRET-A-PORTER
MADE IN FRANCE
Quels facteurs pourraient
Amplifier la dynamique
des relocalisations ?
Alyona CHARLES
MEMOIREEXECUTIVE ESC 2015-2016
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance a` mon
Directeur de mémoire Monsieur Alain StefanCieslewicz. Je le remercie
pour sa grande disponibilité et ses précieux conseils.
J'aimerais également témoignermon respect et ma
gratitude envers Alexandre Asselineau, Directeur Knowledge& Transfer et
Directeur Executive Education de la BurgundySchool of Business.
Je voudrais remercier aussi particulièrement tous les
professionnels qui ont accepté de me rencontrer et de répondre a`
mes questions durant mes recherches.
Je remercie enfin très spécialement mon mari
Yves, qui a toujours été là pour moi, pour son soutien
inconditionnel et ses encouragements.
RESUMÉ
Aujourd'hui le Made In France occupe de plus en plus le devant
de la scène, stigmatisant une volonté des consom'acteurs à
consommer plus éthique, plus responsable et plus durable. Le
présent travail de recherche a pour vocation de répondre à
la question : « Prêt-à-porter Made In
France : Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique de
relocalisation ? »
Hypothèse de travail : S'il est
possible de faire connaître et commercialiser des produits de
prêt-à-porter Made In France, au même prix et dans les
mêmes délais de mise sur le marché que des produits
fabriqués à l'étranger, alors le
prêt-à-porter Made In Francesera compétitif, et,de ce fait,
susceptible d'encouragercette dynamique de relocalisation pour une part
significative de l'industrie de l'habillement prêt-à-porter en
France.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
2
RESUMÉ
4
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION
6
A. LE PÉRIMÈTRE DU
SUJET : « L'HABILLEMENT MADE IN FRANCE »
6
B. MES MOTIVATIONS
6
C. PROBLÉMATIQUE
7
D. MÉTHODOLOGIE ET
ÉNONCÉ DU PLAN
7
PARTIE I REVUE DE LITTÉRATURE
9
A. CONTEXTE : HISTOIRE ET TENDANCE DE
L'HABILLEMENT « MADE IN FRANCE » (CONSTATS/FAITS)
9
1. UN APERÇU HISTORIQUE DE
L'ÉPOPÉE D'UNE INDUSTRIE AUX RACINES ANCIENNES
9
2. QUELQUES DÉFINITIONS ET
DESCRIPTION DE LA CHAÎNE DE VALEUR DE LA FILIÈRE
11
3. LES PIONNIERS DU MOUVEMENT MIF DANS LE
PRÊT-À-PORTER
16
B. POURQUOI EXISTE-T-IL CETTE TENDANCE DU
MIF ?
19
1. UN CONTEXTE FAVORABLE POUR LES
RELOCALISATIONS
19
2. OFFRE : LES MODÈLES
CLASSIQUES DE LA CHAINE DE VALEUR
35
3. DEMANDE : LA SATISFACTION DES
ATTENTES CLIENTS
39
C. INVENTAIRE DES LEVIERS FAVORABLES AU MIF
(EXTERNES ET INTERNES)
44
PARTIE II ETUDE EMPIRIQUE
45
A. ANALYSE COMPARATIVE : COMMENT AMPLIFIER
LE MOUVEMENT DU MIF ?
45
1. LE SUCCÈS DU MODÈLE ZARA UN
EXEMPLE SOURCE D'INSPIRATION
45
2. COMPARAISON AVEC LES LEVIERS D'ACTION
LISTÉS EN PREMIÈRE PARTIE
50
3. TRANSPOSITION DES LEVIERS D'ACTION ZARA
AU MIF
51
4. SYNTHÈSE DES LEVIERS D'ACTIONS
ISSUS DE L'ANALYSE COMPARATIVE & SWOT
63
B. ANALYSE QUALITATIVE : L'AVIS DES
EXPERTS
64
1. LISTE DE NOS INTERVIEWS D'EXPERTS
64
2. MÉTHODE : MOTRICITÉ ET
SENSIBILITÉ DES LEVIERS D'ACTION (D'APRÈS MICHEL GODET, 2001)
64
3. RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE
65
4. REGROUPEMENTS ET ANALYSE DES
RÉSULTATS
66
CONCLUSION GENERALE
70
GLOSSAIRE / LISTE DES ACRONYMES,
SIGLES ET ABREVIATIONS
71
BIBLIOGRAPHIE :
73
A. OUVRAGES & LIVRES
73
B. ARTICLES
74
C. INTERNET
75
INTRODUCTION
A. Le périmètre du
sujet : « l'habillement Made in France »
« Made in
France » Je m'intéresse à la
création de valeur en France et donc au moyen de rapprocher autant que
possible la production de son lieu de consommation (relocaliser), afin
d'optimiser le cycle de vie du produit vis-à-vis d'un consommateur de
plus en plus exigeant (fast& custom fashion, qualité premium). Mais
également dans un esprit responsable et durable afin d'essayer de
favoriser l'emploi local tout en préservant l'environnement et en
réduisant l'empreinte carbone. (Un jeans est par exemple un
désastre écologique qui nécessite à lui seul des
centaines de litres d'eau, des pesticides, des colorants, de puissants
détergents et des milliers de kilomètres de transport).
Je me limite de facto au périmètre de
« l'habillement »,prêt-à-porter
et de la mode (exclusion du secteur textile de production et autres
destinations, en particulier tous les autres usages domestiques ou
techniques).
A. B. Mes motivations
En tant
qu'étudiantej'ambitionne de faire carrière dans le
monde de l'habillement/mode qui me passionne. Réaliser mon
mémoire de master sur ce sujet me semble un excellent tremplin pour
mieux comprendre la filière et l'approcher. In fine, j'espère
faire suffisamment de rencontres pour y découvrir des
opportunités professionnelles pertinentes.
En tant que consomm'actrice je me
sens écoresponsable et surtout, je préfèrerais trouver sur
les étals davantage de choix de qualité au prix juste.
Plutôt que des produits de masse « jetables », de
piètre qualité, fabriqués par des enfants au Bangladesh
(qui meurent sous les décombres de Dacca). Ou bien encore, des produits
de « luxe » inaccessibles ne garantissant pas un niveau de
qualité que j'estime en rapport avec leur prix.
En tant que citoyennedans ce
contexte de crise / récession économique, oeuvrer pour
favoriser lacréation d'emplois me semble un combat
passionnant, essentiel pour tenter de préserver notre
modèle social et ralentir la paupérisation des classes moyennes.
L'entreprise agit par définition, elle me semble
un levier privilégié pour faire évoluer la
société dans un contexte morose de changement de
paradigme de nos modèles économiques.
Précision importante :Il ne
s'agit pas de promouvoir le protectionnisme économique ou le patriotisme
forcené mais de mettre à l'honneur le savoir-faire
français et oeuvrer pour l'enrichir encore. Tenter de
protéger et créer des emplois plus proches de chez nous, conforme
avec les attentes ressenties des consommateurs et la Responsabilité
Sociale des Entreprises (RSE). Suivre l'idée positive et apolitique
selon laquelle un business raisonnable et intelligent profite
à tous (à l'entreprise, aux consommateurs, à
l'environnement, aux citoyens, ...).
En fin de compte notre écosystème est complexe
et interagit constamment, l'ambition de ce mémoire est
d'explorer des solutions qui puissent être en mesure de faire converger
la promotion et le renforcement du savoir-faire français, l'engagement
citoyen, la préservation / protection de l'environnement et
l'investissement dans la vie locale avec un modèle de
développement économiquement soutenable dans le domaine du
prêt-à-porter.
C. Problématique
Face aux lames de fonds des délocalisations, la
question médiatique du Made in France interpelle : existe-t-il
réellement une opportunité sérieuse pour un nouveau
canal au sein de la filière susceptible de justifier de
relocaliser partiellement une industrie particulièrement mise à
mal dans nos pays industrialisés au cours des 50 dernières
années ?
S'agit-il d'un
épiphénomène ? D'une
« mode du Made in France » pour doux
rêveurs ? Ou alorsd'uneopportunité inédite de
changement de l'industrie en profondeur ?
· Quels sont les modèles dominants de la
compétition mondiale (chaine de valeur) ?
· Existe-t-il, ou bien peut-on éveiller une
clientèle significative ?
· Quel est son potentiel et sur quelles
attentes se fonde-t-elle ?
· Si tel est le cas, est-il possible de
répondre de façon concurrentielle ? Par quel(s)
moyen(s) ?
En somme, comment les nouveaux modèles
managériaux, l'innovation raisonnée, l'intra-logistique 4.0, les
systèmes ERP/PLM, le Green Supply Chainet les circuits courts,
entre-autres, peuvent-ils contribuer à l'émergence d'un nouveau
modèle du « made-in-France » ?
Ce mémoire a donc pour vocation de répondre
à la question :
« Prêt-à-porter Made In
France : Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique de
relocalisation ? »
D. Méthodologie et
énoncé du plan
La première partie a pour
objectif de nous permettre de mieux comprendre le phénomène du
MIF et de formuler des hypothèses sur les facteurs susceptibles
d'être les plus influents sur son évolution.
La seconde partie tentera de vérifier
empiriquement ces hypothèses par une analyse comparative de l'existant
(inspiration cas ZARA), étoffée par une étude qualitative
auprès des précurseurs experts du Made-In-France (interviews
téléphoniques + salon MIF Expo).
Pour ce faire, nous allons constater la dynamique du
phénomène après l'avoir resituée dans son contexte
historique et défini le cadre général de l'industrie.
Ensuite, nous analyserons l'écosystème afin de
déterminer les origines favorables puis les facteurs susceptibles
d'influencer ce phénomène du point de vue de l'offre et de la
demande. L'analyse se fera donc dans un premier temps sous le prisme de
l'environnement (social, environnemental, politico-légal,
économique et technologique). Puis nous chercherons à expliquer
les mécanismes stratégiques de l'offre afin d'en déduire
les facteurs clés de succès. Ensuite nous tenterons de comprendre
la demande afin de découvrir les sources d'avantages concurrentiels pour
le Made-In-France. Nous fournirons en synthèse de cette première
partie une cartographie des facteurs externes et internes qui nous semblent les
plus influents.
Dans un second temps nous allons d'abord nous inspirer de la
success story de l'Espagnol ZARA dont les productions sont majoritairement
domestiques puis Européennes. En effet, nous pensons que cet exemple est
source d'inspirations transposables en France et peut-être
optimisé car la maîtrise du temps (« Time to
market ») est LE facteur clé, à fortiori, dans le
domaine de la mode. A partir de cet exemple, nous tenterons de confirmer nos
hypothèses et d'isoler les leviers du succès pour le Made in
France. S'agissant d'une étude prospective, la dernière partie
reposera sur une enquête qualitative auprès d'experts pionniers du
Made in France rencontrés lors d'un salon thématique à
Paris en Novembre 2016.
Partie IRevue de
Littérature
Afin de mieux comprendre pourquoi il existe une tendance
naissante à la relocalisation du prêt-à-porter Made in
France, nous allons étudier le contexte de cette industrie. Pour ce
faire, nous constateronsdans un premier temps, la dynamique des pionniers du
Made in France, après un bref aperçu historique et quelques
définitions permettant de délimiter le sujet.
Dans un second temps, afin de découvrir les racines de
cette tendance, nous ferons l'inventaire des éléments de contexte
favorables aux relocalisations, puis nous observerons en détail les
modèles dominants de la chaîne de valeurqui structurent
actuellement cette industrie afin de déceler les brèches
favorables au MIF. Puis, nous tenterons d'analyser les mécanismes de la
demande pour comprendre comment le Made in France peut impacter la
décision d'achat.Enfin nous dresserons un tableau des leviers qui nous
semblent favorables au Made In France.
A. Contexte : Histoire et tendance de
l'habillement « Made in France » (Constats/Faits)
1. Un aperçu historique de
l'épopée d'une industrie aux racines anciennes
« Un peuple qui oublie son passé
se condamne à le revivre. » Winston Churchill
a) Une industrie à l'avant-garde des révolutions
industrielles
L'industrie de l'habillement compte parmi les plus
vielles du monde. Elle a pris son essor pendant la première
révolution industrielle en Angleterre grâce à la machine
à vapeur qui a permis de passer d'une société artisanale
à une société commerciale et industrielle. A l'instar du
novateur « Bon Marché » d'Aristide Boucicaut qui
préfigurait le commerce moderne, ou de la VAD inventée par la
Redoute en 1922, cette industrie des temps modernes a subi une
succession de bouleversements profonds à l'avant-garde des grandes
tendances mondiales du commerce et de l'industrie. En effet, la
filière s'est en permanence renouvelée, modernisée par
touches successives au fil du temps. D'ailleurs, la seconde révolution
industrielle correspond à la maitrise de l'électricité
pour la production en masse. Il est intéressant de constater que bon
nombre de manufactures textiles du début du 20ème
siècle étaient équipées de turbines à eau
pour produire leur propre électricité.
A l'aube de la première guerre mondiale cette
filière caracole en tête parmi les fleurons de nos industries
manufacturières.L'apogée du secteur en termes
d'emploi se situeau début des années 60 (environ
1 million d'emplois en France, 15% de la production manufacturière). Les
marchés de l'industrie de l'habillement étaient en forte
expansion suite à la conjonction de phénomènes
démographiques (baby-boom), économiques (la croissance moyenne
à 5,4% des « Trente Glorieuses ») et politiques
(l'ouverture au Marché commun en 1958). Mais aussi
l'urbanisation : en 1968, 60 % de la population vit
désormais en ville. Cette conjonction induit de nouveaux modes de vie
où le vêtement joue un rôle de plus en plus
important(Michèle Ruffat, CNRS IHTP).
a)
b) De la compétitivité vers la division internationale du
travail
Dans le même temps que la demande croît,
s'esquisse une mutation profonde de l'industrie. Les barrières aux
nouveaux entrants sont alors encore modérées et l'aubaine attire
nécessairement les convoitises. La compétition fait rage. Avec la
mécanisation, la productivité par individu est ainsi en
permanence multipliée, améliorée sans cesse par
l'abondance énergétique et les progrès techniques. Voici
la 3ème révolution industrielle qui s'annonce avec
l'automatisation et les microprocesseurs. Il faut donc investir toujours plus
pour préserver la compétitivité. La filière est
très verticale (séquencée en successions d'étapes)
et donc propice à son intégration. Les firmes ont ainsi
progressivement élargi l'étendue de leur contrôle à
la chaine de valeur globale pour maximiser leurs marges. Peu à peu, les
entreprises grossissent et s'internationalisent, les petits disparaissent, ou
sont absorbés. La productivité progresse déjà plus
vite que la demande, ainsi la concentration devient un pilier de la
réussite d'une industrie plébiscitée devenue de plus en
plus capitalistique (productivité), et qui deviendra de fait de moins en
moins manufacturière.
Cependant, la confection notamment est difficilement
mécanisable, et la main d'oeuvre pèse lourd dans la masse
salariale. De ce fait, les industriels sont attirés par les pays dont la
main d'oeuvre est bon marché. On assiste alors à une division
internationale du travail.
« Le textile et l'habillement sont devenues
des industries différentes. La filature, le tissage et
l'ennoblissement sont capitalistique, tandis que la confection de
vêtement demeure intensive en main-d'oeuvre ... Les clients et
les fournisseurs ne se trouvent plus sur le même territoire : les
distributeurs d'habillement ont internationalisé leurs
approvisionnements et les confectionneurs se transforment en donneurs
d'ordres en externalisant leur production »1(*)
c) La mondialisation et la déconstruction
généralisée vers l'usine du monde
« Dans cette industrie, les premières
délocalisations depuis la France ont été effectuées
dès les années 1960 en direction des pays d'Afrique du Nord
(Maroc et Tunisie). Les exemples sont nombreux comme en témoigne la
présence abondante d'entreprises de prêt-à-porter (Lacoste,
Petit Bateau, Promod, etc.), et de marques de lingerie (Aubade, Chantelle,
Princesse Tam Tam, etc.), installées en Tunisie ou au
Maroc »2(*).
En 1974, suite au premier choc pétrolier, la
croissance du PIB et la demande marquent le pas avec un effet
ciseau sur l'emploi. Malgré de solides avances concurrentielles
et « l'accord multifibres (AMF-GATT) » (suivi en 1995
jusqu'en 2005-2008 par un accord de l'OMC) la compétitivité,
l'hyper-concentration de la distribution et les politiques de
libéralisation des échanges mondiaux inscrits dans cette
dynamique, ont progressivement provoqués des
délocalisations de plus en plus brutales et la suppression de plusieurs
centaines de milliers d'emplois en France (le secteur en comptait 764
000 en 70, 350 000 en 95, pour moins de 60 000 aujourd'hui).
Peu à peu donc, les délocalisations de la
production se sont opérées au profit de clusters d'ateliers
spécialisés notamment en Asie et particulièrement
en Chine (plus des ¾ des importations de l'UE en 2012 provenaient
du quatuor Chine-Inde-Bangladesh-Pakistan). « La Chine a
créé plus de 9 millions d'emplois industriels
entre 1992 et 2010 suivie par le Mexique et le
Brésil »2.
Plus récemment encore, après les pays
émergeants, ce sont les pays les plus pauvres du monde comme l'Ethiopie
qui captent une part du marché productif. Et ce, bien entendu pour des
raisons de coûts de la main d'oeuvre (une couturière
éthiopienne coûte 20 euros quand une chinoise en coûte 200
et une européenne 2000 par mois). Mais il semblerait aussi, pour des
raisons de délais...
« Les pays producteurs s'inscrivent dans un cycle
historique de spécialisation-déspécialisation, en fonction
de leurs avantages concurrentiels. Il convient de distinguer les pays qui ne
possèdent qu'une activité embryonnaire de transformation des
fibres (le coton), de ceux qui ne produisent de manière substantielle
que du textile ou des vêtements. D'autre offrent une filière qui
peut être dans une phase de croissance, de maturité ou de
déclin. Enfin, il existe des pays dans lesquels la fabrication a disparu
et dominent les activités de conception, de marketing, de logistique et
de distribution »3(*) .
2. Quelques définitions et
description de la chaîne de valeur de la filière
a) Repères contextuels (Définitions textile,
habillement, grande conso...)
L'industrie de l'habillement vise toute la confection
(prêt-à-porter ou sur mesure), en toutes matières
(cuir, tissu, étoffes à maille, etc.), de tous vêtements
(dessus/dessous, hommes/femmes/enfants, travail/ville/loisirs) et accessoires
(INSEE).
L'industrie textile englobe l'ensemble des
activités de conception, de fabrication et commercialisation
des textiles et donc, entre autres, celle de l'habillement.Cette
industrie comptede très nombreux métiers tout au long
d'une chaîne de valeur composée des fabricants de tissus, de
produits finis et de distributeurs, qui transforment des matières
premières fibreuses en des produits semi-ouvrés ou
entièrement manufacturés.Les fabricants de fibres naturelles et
synthétiques interviennent en amont, et donc en dehors de cette
chaîne.
Les produits textiles sont pour l'essentiel des biens
de consommation. Les vêtements de prêt-à-porter
représentent une partie importante de ce secteur.
Attention, les frontières et statistiques sont parfois
floues dans la mesure où certains industriels de l'habillement
intègrent une grande partie de la filière textile lorsque dans le
même temps certains se « limitent » à la
commercialisation.
La filière textile recouvre ainsi la
préparation et la fabrication des fibres naturelles (laine, coton, soie,
lin, jute...) et artificielles (synthétiques ou cellulosiques), la
filature, le tissage et la fabrication d'étoffes a` maille ainsi que de
certains articles a` maille tricotés en forme (chaussettes, chandails).
Elle regroupe également la réalisation d'articles pour la maison
(linge de maison, tapis et moquettes) et l'ennoblissement qui apporte la touche
finale à ces différents produits en aval ou en amont de la
filière.
Ce secteur fabrique donc essentiellementdes produits
intermédiaires tels que des tissus pour l'habillement,
l'ameublement, des textiles a` usage industriel et médical mais aussi
quelques produits semi-finis ou finis.
« Les industries du textile et de
l'habillement sont imbriquées mais alors que les
vêtements sont entièrement faits de textile, moins de la
moitié de la production textile est transformée en
vêtements... L'industrie de l'habillement, souvent
dénommée confection,fabrique un produit fini, le
vêtement, exclusivement à partir des tissus que lui
fournissent les entreprises textiles. Toutefois en France, la fabrication des
articles chaussants, pull-overs et articles similaires (bonneterie)
relèvent de l'industrie textile, bien qu'il s'agisse aussi de
vêtements ; les autres articles en mailles (sous-vêtements)
étant classés depuis 1993 avec l'habillement. Aussi pour
définir avec précision le champ de ces industries, il convient de
se référer aux nomenclatures de produits établies au
niveau national et international »4(*).
Si l'habillement semble une division du textile,
l'habillement peut à l'inverse intégrer verticalement la
partie du secteur textile qui constitue son « sourcing »
principal, et qui lui-même source chez les producteurs de fibres
naturelles ou synthétiques. Les frontières semblent
discutables et malléables...
b) Made In France (Définition communautaire)
Aux termes de l'article 24 du Code des douanes
communautaires "Une marchandise dans la production de laquelle sont
intervenus deux ou plusieurs pays, est originaire du pays où a eu lieu
la dernière transformation ou ouvraison substantielle,
économiquement justifiée, effectuée dans une entreprise
équipée à cet effet et ayant abouti à la
fabrication d'un produit nouveau ou représentant un stade de fabrication
important."Cette définition laisse une grande part de
subjectivité et de liberté dans l'évaluation de l'origine
du produit. La Commission Européenne semble très
« permissive » et limite la répression des fraudes
par les douanes domestiques. Cette situation peu claire est sans doute à
l'origine de la création de multiples labels « Made In
France » qui s'appuient aussi sur des interprétations
différentes.
c) La relocalisation (Définition)
La relocalisation se définit au sens strict et au sens
large. Au sens strict, c'est le retour dans le pays d'origine d'unités
productives, d'assemblage ou de montage, antérieurement
délocalisées sous diverses formes dans les pays à faibles
coûts salariaux. Au sens large, la relocalisation peut se définir
comme le ralentissement du processus de délocalisation vers les pays
à bas salaires, c'est-à-dire la remise en cause des choix de
délocalisation ou la non-délocalisation dans les secteurs
sensibles à la compétition par les coûts (Mouhoud E.M.,
2011).
d)
Schéma de la chaîne de valeur selon Michael Porter et
représentation interne de la filière
Figure 1 : Schéma de la chaîne de valeur
selon Michael Porter et représentation de la filière
La figure 1 représente la chaîne de valeur
générique de la filière textile-habillement et
décompose ses flux organisationnels. En haut à gauche se trouve
le schéma de la chaîne de valeur selon M. Porter. Chacune des
couleurs des activités support (horizontales en-dessous) et principales
(verticales au-dessus) permettent de retrouver sur le diagramme des flux des
activités correspondantes.
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, la filière est très verticale et plus
ou moins intégrée chez les uns et les autres. Certaines
entreprises n'intègrent donc qu'un nombre limité de ces
étapes génériques. Ainsi, les bulles bleues sont
externalisables tandis que les rouges font partie du coeur de métier
minimal sine qua non de toutes entreprises. Les bulles blanches quant à
elles, sont nécessairement externes à l'entreprise.
Les flux physiques et les processus sont
matérialisés par des flèches noires tandis que les flux du
système d'information sont matérialisés par des
flèches bleues.
Les étoiles symbolisent des ressources
considérées comme clés par des entreprises leaders sur le
secteur.
e) Structure concurrentielle de l'industrie (Forces de
Porter)
(1) Concurrents directs :
Le secteur du prêt-à-porter est mature et
plutôt concentré. Fortement concurrentiel, il comporte de nombreux
acteurs « dominants » de taille importante.Le groupe
Inditex (ZARA-Espagne) est N° 1sur le marché de détail
en EuropedevantH&M (Suède) et se partagent tous deux de l'ordre de
20% du marché chacun. Suivent Primark (Irlande), PVH et M&S. Ces
trois derniers se partagent chacun plus de 10% du marché. De l'ordre de
70% du marché européen est donc entre les mains de 5 groupes.
La concurrence intra-sectorielle est féroce pour
maintenir ou consolider ses parts de marché, notamment via une pression
sur les prix de vente et le renouvellement fréquent des saisons.
Note sectorielle de cette
force : 10/10
(2) Entrants potentiels :
La menace de nouveaux entrants est faible car les
barrières à l'entrée sont nombreuses : marché
très saturé en faible croissance, notoriété des
grands groupes élevée (barrière commerciale),
investissements lourds (barrière financière), largeur et
fraicheur de gamme, saisonnalité, ...
Note sectorielle de cette
force : 1/10
(3) Fournisseurs :
Faible pouvoir de négociation des fournisseurs, les
fournisseurs sont généralement des entreprises de PEDqui sont
contraintes d'accepter les prix imposés par les Grandes Enseignes,
d'autant plus contraints que le groupe est puissant. Néanmoins ce choix
stratégique est lié au coût de la main d'oeuvre et impose
des coûts cachés et des délais importants.
Note sectorielle de cette
force : 8/10
(4) Clients et distributeurs :
Les clients sont des individus isolés, de telle sorte
qu'ils ont peu de pouvoir de négociation. Néanmoins, la pression
concurrentielle est telle qu'indirectement, les consommateurs tirent les prix
vers le bas. S'il s'agit parfois de vente directe sans intermédiaire
(ZARA), l'industrie est majoritairement structurée avec un réseau
de détail qui a tendance à multiplier les prix par 2.
Note sectorielle de cette
force : 10/10
(5) Produits substituts :
Le cycle de vie du produit « habillement »
semble durablement mature et peu évolutif. La menace de voir fleurir un
nouveau type de produit d'habillement apparaît assez abstraite.
Note sectorielle de cette
force : 0/10
(6) Etat :
Le marché est globalisé et uniformisé.
Les réglementations sur le libre échange sont permissives.
Note sectorielle de cette
force : 2/10
(7) Diagramme & Analyse
Figure 2 : Forces de Porter
Les principales forces sont intenses, donc le degré de
liberté et la marge de manoeuvre des entreprises en présence sont
faibles. L'enjeu pour le MIF est de taille. Dans ce mémoire nous allons
précisément découvrir et déterminer les
éléments stratégiques qui permettraient de maitriser les
facteurs clés de succès pour amplifier le phénomène
du MIF, et notamment, réorganiser la supply chain et le réseau de
distribution afin de mieux répondre aux attentes des clients que les
concurrents pour s'en différencier.
3. Les pionniers du mouvement MIF dans
le prêt-à-porter
a) Un mouvement qui fait parler de plus en plus de lui
De nos jours, nous entendons parler de plus en plus souvent de
production et consommation locale. Depuis 2012, une chronique quotidienne
intitulée "Made in France" dans l'émission "Midi en France" est
diffusée sur France 3 et TV5 Monde. En 2014, Canal+ a
diffusé "Made in France, l'année où j'ai vécu 100%
Français ", documentaire dans lequel Benjamin Carle, journaliste de 25
ans, a décidé de vivre pendant 1 an 100% Made in France". Il a
également écrit un livre sorti en 2015 intitulé "Mon
année Made in France".
D'ailleurs, la base de données Factiva a recensé
près de 3 000 articles de presse qui s'en sont fait l'écho en
2013, alors que seule une centaine le faisait dix ans plus tôt. Soit 30
fois plus !
Graphique 1 : Citations
de l'expression « Made in France » dans la presse
française entre 1997 et 2013
Dans ce contexte, il est intéressant de voir fleurir
des initiatives telles que l'entreprise « 1083 » (dans la
Drôme), qui relocalise la fabrication (à plus de 85% en France) de
jeans et de chaussures à moins de 1083 km de chez nous. Cette initiative
n'est pas isolée. Des marques comme Tricolore, Tuff's, Plus de Pulls et
Remade in France, fabriquent des vêtements 100% Made in France à
base de coton et de laine recyclés à partir de vêtements
usagés.
Nous pouvons également citer pêle-mêle
quelques exemples : Storks (polos, t-shirts, chaussettes Alsaciennes),
Version Française (Polos et chemises sur mesure à
Châlon/Saône), French Appeal (Jeans sexy à Paris), La
Révolution Textile, Galucebo ou encore les costumes Smuggler, chers
à l'ex-ministre de l'économie...
A titre d'illustration justement, Arnaud Montebourg,ancien
Ministre de l'Économie, du Redressement productif et du
Numérique, a fait du MIF son cheval de bataille. Il a mené une
campagne politico-médiatique très remarquée sur le sujet.
Après avoir prôné la démondialisation, le ministre a
tenu des discours volontaristes sur la nécessité de consommer du
« Made in France » et sur les réussites innovantes
françaises. « Une ambition de redynamisation du tissu
industriel qu'il a tenté d'
insuffler
à la tête de son ministère du redressement productif.
L'ancien avocat a d'abord réalisé un
travail de communication à
destination des consommateurs, en posant en marinière à la une du
Parisien Magazine, où il exprimait la volonté de
mettre
en place des rayons de produits français dans les supermarchés,
puis en réalisant une vidéo sur le
« génie » industriel français, en
écrivant un livre intitulé « La Bataille du
« Made in France », etc. Enfin Monsieur Montebourg a
annoncé la mise en place de trente-quatre plans destinés à
relancer l'
industrie française, en
la positionnant sur des secteurs innovants5(*) ».
b) Une filière qui s'organise et se
développe
Au-delà des opérations de communication et des
ambitions politiques des un ou des autres, ces projets laissent-ilsvraiment
augurer un nouveau souffle pour l'habillement « Made in
France » ?
Comme évoqué dans le chapitre
précédant, l'industrie de l'habillement est en permanente
évolution. Elle a suivi le rythme des révolutions industrielles
qui se sont succédées à un rythme de plus en plus
rapproché. Elle a fait évoluer continuellement son organisation
pour accroitre sa productivité ; de la production
manufacturière de masse du début du 20ème
siècle jusqu'à la première vague d'automatisation et le
premier choc pétrolier des années 70 qui ont
déclenchés les séries de délocalisations de
production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre. Chaque
évolution trouvant ses limites, désormais, la quatrième
révolution industrielle est en marche. Après les grandes vagues
de délocalisations, la tendance aujourd'hui semble s'inverser et les
initiatives de relocalisations se multiplient.
C'est ainsi que fleurissent et s'étoffent peu à
peu des salons qui témoignent concrètement de cette dynamique des
marchés. Spécifiquement, la 5ème édition
de MIF Expo a eu lieu en Novembre dernier Porte de Versailles à Paris.
MIF Expo réunit chaque année de plus en plus d'exposants et de
visiteurs (450 et 55 000 respectivement). Ce salon fait la promotion des
savoir-faire d'entreprises de toutes tailles et de tous secteurs qui ont fait
le choix du Made in France. De son côté, Première Vision
(réunion de tisseurs Lyonnais depuis 1973), qui organise
depuis 1984 à Paris Nord Villepinte l'événement
mondial des professionnels de la filière mode, a repris à sa
charge en 2014 le salon Made In France Première Vision. Le groupe
ouvrira en avril 2017, la 15e`me édition de ce salon des
savoir-faire français de la filière. Il présentera la
cartographie complète de l'industrie mode et textile hexagonale aux
créateurs et aux directeurs de collections en quête de solutions
textiles et matières, de techniques de fabrication et de confection, ou
encore de services production, pour le vêtement et les accessoires de
mode haut de gamme.
Le graphique ci-après représente
l'intérêt pour le Made in France vis-à-vis de la dynamique
de cette industrie, en comparant la fréquentation du salon MIF Expo
à son nombre d'exposants. Nous observons que l'évolution de l'un
par rapport à l'autre est colinéaire et que le nombre d'exposants
et de visiteurs a été multiplié par cinq en cinq ans.
Graphique 2 : Evolution de la fréquentation du
salon MIF Expo
B. Pourquoi existe-t-il cette tendance
du MIF ?
À l'origine de cette tendance, un
écosystème en mutation
1. Un contexte favorable pour les
relocalisations
a) Le contexte social
Les Français se montrent particulièrement
pessimistes vis-à-vis de la situation économique du pays. En
2014, seul 21% de la population pense que son niveau de vie a progressé
depuis 10 ans et 96% pense que le niveau de vie de l'ensemble des
Français a baissé sur cette période (source CREDOC). De
plus, 34% du revenu des ménages est aujourd'hui consacré aux
dépenses dites « contraintes » (logement,
téléphone, internet, énergie).
Ainsi, la récession, qui touche tous les pays d'Europe,
pousse les consommateurs non seulement à réduire leurs
dépenses mais aussi à favoriser in fine le MIF. En effet, les
délocalisations massives dès les années 1970 et
l'automatisation de la production (1 million d'emplois perdus entre 1960-2010
dans le secteur textile-habillement) contribuentà la perception par le
grand public de l'augmentation du chômage. Dans la conscience collective,
les délocalisations ont toujours été associées
à la quête de main d'oeuvre bon marché et à
l'affaiblissement durable du bassin d'emploi local. Elles sont donc, dans les
esprits, synonymes de chômage et de paupérisation des classes
moyennes. Dans unélan de solidarité avec les salariés et
les entreprises les plus exposées à la compétition
mondiale, la majorité des Français portent un regard critique sur
la mondialisation.
Graphique 3 : La perception de la mondialisation aux
yeux des individus
La tendance baissière et/ou atone du pouvoir d'achat
est largement ressentiecomme une conséquence de la mondialisation et ce
sentiment est partagé par un grand nombre de nos compatriotes depuis de
nombreuses années.
Graphique 4 : L'évolution du pouvoir d'achat en
France
D'autres indicateurs composites comme l'indice de
progrès véritable (IPV) ou indice de bien-être durable
(IBED) vont au-delà de la seule considération économique
du PIB. Ils y additionnent les bénéfices non-marchand des
activités humaines et y retranchent les consommations de ressources et
les dégradations sur l'environnement. Ces indices convergent avec les
constats sur le pouvoir d'achat faits ci-dessus : ils décrochent
globalement de la croissance du PIB à la même période.
Concrètement, les chiffres de la consommation vont dans
le sens de cette perception collective. Nous pouvons constater, dans
l'habillement en particulier, que la consommation des ménages baisse
franchement depuis la fin des années 80, avec des origines qui semblent
se situer dès le milieu des années 70.
Graphique 5 : Consommation finale effective Industrie
de l'habillement par ménage base 2010
Ces tendances accréditent dans la conscience collective
l'intérêt de relocaliser. Le MIF apparaît en effet pour la
majorité silencieuse comme un remède à ces
dégradations, un remède susceptible d'inverser la tendance sur
les emplois et le pouvoir d'achat. Ainsi dans les faits, une personne sur deux
en 2014 déclare privilégier les produits MIF et globalement,
près de deux tiers privilégient des produits industriels
fabriqués en Europe.
Graphique 6 : Quel produit industriel
privilégiez-vous ?
De fait, dans ce contexte de crise, faire des économies
et acheter plus intelligemment devient une nécessité pour de plus
en plus de ménages. Ainsi, ces derniersréduisent la
quantité des produits achetés, ou, le plus souvent, leur
qualité en achetant des produits low-cost « type
asiatique » réputés pour avoir une durée de vie
limitée. Dans ce dernier cas, ces produits doivent très vite
être remplacés. De ce fait le coût de revient global
à moyen/long terme vis-à-vis d'un produit de meilleure
qualité fabriqué en France est défavorable pour ces
consommateurs. Là encore le MIF semble en mesure d'apporter une
réponse crédible en ce qui concerne la qualité.
Graphique 7 : Comparaison de la qualité
des produits fabriqués hors d'Europe et en France
Au-delà du désir de réaliser des
économies et d'acheter des produits de qualité, les consommateurs
accordent de plus en plus d'importance à l'impact social, éthique
et environnemental de leurs achats. Le scandale en avril 2013 de Dacca, la
capitale du
Bangladesh, illustre
l'impact des délocalisations en termes de condition de travail. En effet
l'effondrement du Rana Plaza qui abritait plusieurs ateliers de confection
travaillant pour de grandes marques internationales de vêtements, a
provoqué la mort de 1138 ouvriers et blessé plus de 2000 autres.
Depuis, leFashionRevolution Day6(*)est célébré, chaque année
à la date anniversaire de la tragédie dans plus de 70 pays.
L'initiative #whomademyclothes, ("Qui a fabriqué mes vêtements") a
ainsi pour but de souligner le coût de la mode et les dysfonctionnements
de l'industrie. La créatrice de mode militante Carry Somers souhaite
ainsi inciter les marques de vêtements à avoir une approche plus
éthique, transparente et plus durable.
b) Le contexte environnemental
D'après les sondages7(*), les européens jugent que l'impact
environnemental fait partie des deux facteurs les plus influents sur leur
qualité de vie, et ce, très logiquement après les facteurs
économiques, mais de manière plus surprenante, devant les
facteurs sociaux.
Graphique 8 : Dans quelle mesure les facteurs suivants
influencent-ils votre qualité de vie ?
Donc, pour s'adapter à cette tendance environnementale,
les entreprises doivent proposer des produits conciliants avec l'environnement
à chaque étape de leur conception et de leur fabrication, et ce,
quand bien même elles ne partageraient pas ces considérations avec
la même conviction.Aujourd'hui, promouvoir le comportement responsable et
éthique est devenu néanmoins la norme plutôt qu'une
initiative isolée de certains militants. Le scandale dit du
« DieselGate » illustre l'importance de l'impact que
peuvent revêtir les considérations environnementales y compris
auprès des firmes les plus puissantes, en faisant subir à
Volkswagen des pertes considérables évaluées à ce
jour à 15 milliards de dollars.
(1) L'épuisement des
ressources
Ces exigences sont d'abord liées aux ressources qui se
raréfient exponentiellement. Aujourd'hui, l'humanité consomme au
moins 30% de ressources de plus que ce qui est renouvelé naturellement
par la Terre. Pire, il ne s'agit là que d'une moyenne : si chaque
être humain consommait comme un occidental, il faudrait de cinq à
huit planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale. Pour
prévenir la raréfaction des matières premières
(même renouvelables), l'Institut Robert-Schuman propose d'utiliser le
principe des 4 « R » : Réduire, Remplacer,
Réutiliser, Recycler.
L'exemple d'utilisation de l'eau : « ...il
faut 25m3 d'eau pour produire les 250 gr de coton nécessaires
à la fabrication d'un tee-shirt8(*) ».Dans les PED il n'existe pas de
réglementation pour réduire l'utilisation d'eau par les
industries et donc il n'y a pas de moyens pour contrôler la
quantité consommée et observer l'impact sur l'environnement.
L'exemple du cycle de vie d'un jeans :Le jeans est l'un
des vêtements les plus vendu au monde (90Million/an en France). C'est
environ 600 grammes de coton et quelques rivets et boutons en métal qui
peuvent parcourir une fois et demi le tour de la Terre avant d'arriver en
France. Pour la culture intensive du coton, comme en Ouzbékistan, les
champs sont irrigués et aspergés d'engrais et de pesticides.
Ensuite, les balles peuvent être filées en Turquie, à grand
renfort d'électricité fossile (97%).Pour la teinture, comme en
Bulgarie, de grandes quantités d'eau et de substances chimiques sont
rejetées sans épuration. La toile peut ensuite être
tissée à Taïwan et enfin, le jeans sera assemblé,
sans grand respect pour le travail des ouvriers, puis décoloré ou
usé au moyen de produits chimiques et d'énergie en Tunisie.
Particulièrement gourmand en eau et énergie pour son entretien,
il terminera sa vie le plus souvent incinéré.C'est donc de
l'ordre d'un kilo de coton richement ennobli qui est détruit en France
par an et par personne en provenance des jeans uniquement.
Figure 3 : Le Jeans à travers le Monde selon
l'ADEME
(2) Coût du transport et de
l'énergie.
Aujourd'hui, le prix du pétrole est extrêmement
volatile et spéculatif, sans lien direct avec la raréfaction de
cette ressource. Il parait indiscutable qu'il faut beaucoup moins
d'énergie pour transporter les matières premières et les
marchandises localement plutôt que de faire plusieurs tours du monde en
bateau ou en avion. Même si les gains effectués grâce
à la main d'oeuvre à bas coût couvrent encore les
surcoûts de transport,l'écart se réduit avec la baisse de
compétitivité relative des pays asiatiques.
Surtout, le surcoût du transport ne s'analyse pas
uniquement par le coût unitaire. Il faut également intégrer
la fréquence et le mode de transport utilisé. En effet, dans
l'industrie de l'habillement d'aujourd'hui, on observe une tendance forte
à multiplier considérablement le nombre de collections par an et
à s'adapter le plus possible à la demande. Or cette
dernière n'est pas constante, mais très fluctuante en fonction de
facteurs multiples comme la mode ou la météo.
Pour proposer des produits au plus juste des attentes en quasi
temps réel, le producteur doit produire de plus petites sérieset
maîtriser sa chaine de valeur avec une plus grande
réactivité (la logistique en particulier). Dans ce cas, il va de
faitmultiplier les transports et les réassorts au plus juste, ce qui
impose un nombre de rotations plus important et le recours plus fréquent
à l'avion qui est un mode de transport beaucoup plus onéreux et
plus polluant.
(3) Impact écologique globaldu
transport de fret
Les échanges sur les marchés internationaux ont
augmenté de 30 fois environ depuis 1950 et devraient encore selon l'OCDE
être quadruplés d'ici 2050. L'International Transport Forum (ITF)
estime que le fret international est aujourd'hui à l'origine de 30 % des
émissions de CO2 générées par la combustion du
carburant utilisé pour le transport et globalement de plus de 7 % des
émissions mondiales. D'après l'organisation des pays de l'OCDE
dédiée au transport, "l'impact à long terme du commerce
mondial sur les émissions de CO2 a été largement
ignoré9(*)".
Selon l'agence internationale de l'énergie, les
transports sont le deuxième émetteur mondial de CO2 avec plus de
6.600 millions de tonnes en 200710(*).
Les exemples précédents illustrent la position
privilégiée du MIF pour répondre avantageusement aux
attentes environnementales. En effet, au-delà de la proximitéqui
permet de réduire les transports et leurs impacts (consommation
d'énergie, émissions de CO2), le MIF permet également de
contrôler les moyens utilisés tout au long du processus de
fabrication pour s'assurer de leur conformité aux exigences
légales sur l'impact environnemental. En outre, de plus en plus
d'entrepreneurs devancent les exigences légales en mettant au point les
procédés innovants plus respectueux de l'environnement. C'est le
cas, par exemple, du recyclage de vêtements usagés (laine, jeans)
qui permet de réintroduire la fibre ainsi récupérée
dans le cycle de production de vêtements neufs.
c) Le contexte politico-légal
(1) Environnement - RSE
Les obligations créées par les
législateurs peuvent,elles aussi, favoriser le retour du MIF. C'est le
cas des lois environnementales, comme nous l'avons évoqué
précédemment.« En 1972 est adopté le 1er
Programme d'action pour l'environnement. Depuis lors, de très nombreux
actes communautaires ont été adoptés (80% de la
législation française en matière d'environnement est
d'origine communautaire) ... Enfin, le traité de Lisbonne ajoute un
nouvel objectif à la politique de l'Union dans le domaine de
l'environnement avec la "promotion, sur le plan international, de mesures
destinées à faire face aux problèmes régionaux ou
planétaires de l'environnement, et en particulier la lutte contre le
changement climatique" (article 191 du Traité sur le Fonctionnement de
l'Union Européenne (TFUE))11(*) ».
Par ailleurs, depuis 2010, le Grenelle 2 de l'environnement
impose aux grandes entreprises une publication transparente dans leurs rapports
de gestion en matière sociale, environnementale et sociétale. Ces
publications doivent être vérifiées par un organisme tiers
accrédité. De même, la norme ISO 26000 définit la
RSE pour la rendre applicable à tout type d'organisation. Si son
application reste volontaire à ce jour, les entreprises qui l'appliquent
peuvent obtenir les labels Afnor, Lucie, ou B-corp.
Ainsi, dans une étude publiée en 2016 par France
Stratégie, la RSE améliorerait de 13% la performance
économique des entreprises (étude réalisée
auprès de 8500 entreprises de plus de 10 salariés).
Au-delà de la performance discutable de la RSE, les
règlementations nationales s'appliquant à toutes les entreprises,
notamment le code du travail et les accords de branches. Elles assurent
indiscutablement aux salariés des conditions de travail favorables au
MIF en réponse aux excès des multinationales dans les pays
à bas coûts. Cet avantage comparatif est de plus en plus
perçu et apprécié du consommateur final.
(2) Libéralisation
douanière et protectionnisme
Le Traité Transatlantique de Libre Echange entre l'UE
et l'Amérique du Nord pourrait avoir des impacts importants sur le
MIF. Son objectif est de
libéraliser
le plus possible le commerce entre les deux côtés de l'Atlantique.
Il ambitionne aussi d'uniformiser les normes, en réduisant les
droits de douane et les « barrières
réglementaires », c'est-à-dire les différences
de réglementations qui empêchent l'Europe et les Etats-Unis de
s'échanger tous leurs produits et services, et qui
génèrent des coûts supplémentaires.
De nombreuses critiques ont émergées de
l'opinion public dues à l'opacité des négociations et la
mainmise des lobbys industriels et financiers sur ce dernier qui pourrait
porter atteinte à la souveraineté des peuples en stigmatisant une
mondialisation galopante inquiétante.Ces traités apparaissent
pour ses détracteurs comme une menace pour nos démocraties,
susceptible d'affaiblir nos normes sociales et environnementales.Face au
chômage et au risque du déclassement, les Européens ont
tendance à se tourner vers leur Etat-nation traditionnel, plutôt
que vers l'Europe. La tendance serait donc aux "protectionnismes sans
frontières".
Dans le même ordre d'idée,François Fillon,
candidat à la présidence de la république, propose dans
son programme une hausse de 2% du taux de TVA au profit de l'allègement
de la fiscalité des entreprises françaises et de la baisse
significative des cotisations sociales pesant sur le travail. Cette hausse
pénaliserait mécaniquement les produits d'importation face au
MIF.
(3) Politique d'aides publiques
Les politiques publiques en direction des entreprises
espèrent des « effets de fixation sur le
territoire » en favorisant l'investissement, l'innovation, le soutien
à la formation... Au-delà de la simplification et la
stabilisation de l'environnement réglementaire, administratif et fiscal,
voici quelques unes des aides en vigueur, inscrites dans le pacte pour
la croissance, la compétitivité et l'emploi,
susceptibles de renforcer le retour ou le maintien du MIF.
Le Crédit d'impôt pour la
compétitivité et l'emploi (ou CICE), 20 milliards
d'euros par an.Ce crédit d'impôt est équivalent à 4%
de la masse salariale de l'entreprise (hors salaires supérieurs à
2,5 fois le SMIC). Les entreprises doivent utiliser le CICE pour investir,
embaucher ou conquérir de nouveaux marchés et ne doivent pas
l'utiliser pour augmenter les salaires des dirigeants ou les dividendes des
actionnaires.
Le Crédit d'Impôt Recherche
(CIR), est une incitation et un soutien à
l'innovation par une réduction d'impôt calculée sur la base
des dépenses de R&D engagées par les entreprises. Il est
déductible de l'impôt sur le revenu ou sur les
sociétés dû par les entreprises au titre de l'année
où les dépenses ont été engagées (5,6
milliards d'euros en 2013).
La
Banque
publique d'investissement
(BPI), vise un accès amélioré
à des financements performants et de proximité avec une nouvelle
garantie publique permettant d'apporter plus de 500 M€ de
trésorerie aux PME et l'établissement d'un plan d'action pour
lutter contre l'allongement des délais de paiement.
L'Aide à la
réindustrialisation, gérée par le
ministère chargé de l'industrie en partenariat avec le CGET est
un dispositif de soutien à l'investissement qui s'adresse aux
entreprises dont le projet d'investissement industriel contribue par son
ampleur et son potentiel économique à la
réindustrialisation de la France et à la création
d'emplois. Ce dispositif a permis d'accompagner 95 projets depuis son lancement
en juillet 2010.
Soutien à l'investissement industriel
productif. Les investissements industriels réalisés
entre le 15 avril 2015 et le 15 avril 2017 peuvent bénéficier
d'un amortissement supplémentaire exceptionnel de 40 % du prix de
revient de l'investissement. Cet amortissement serait réparti sur la
durée normale d'utilisation des biens concernés.
d) Le contexte économique
(1) Déficit commercial
chronique& dette publique
Le solde commercial de la France est négatif depuis
2004, cela signifie qu'elle importe plus de marchandises et services qu'elle
n'en exporte. En 2014, la France abandonnait 58,4Mds€ de déficit
commercial, soit en valeur, l'équivalent de 2,5% de son PIB.Les
importations pour l'industrie du textile-habillement en France sont
estimée à 16 milliards d'euros 2015, leurs contributions au
déficit serait donc de l'ordre de1/3 du déficit commercial global
de la France !
Graphique 9 : Exportations, importations et solde
commercial depuis 2005
Par ailleurs, le paiement des seuls intérêts de
la dette a coûté à la France 46,1Mds€ en 2014. En
première approche la somme de la dette publique et du déficit
commercial diminuent d'autant la capacité de la France à
investir, faire croître son PIB ou encore de créer des emplois.
Qui plus est, les politiques de relance de la consommation vers des produits
dont l'essentiel est importé, semblent amplifier ce
phénomène. La faible croissance quant à elle, qui est le
seul moyen, avec la création monétaire et l'impôt, de
continuer à vivre à crédit, ne nous permet pas de cultiver
l'espoir de pouvoir rembourser une dette accumulée depuis 40 ans (qui
avoisine 100% du PIB). Cette conjoncture pèse de plus en plus lourd et
incite un grand nombre de citoyens à souhaiter réduire le
déficit commercial par les relocalisations.
Graphique 10 : Evolution du déficit public en
France depuis 1959
(2) Dilatation des marges et
globalisation
La concurrence mondiale est devenueasymétrique et
source d'inégalitésde part et d'autre. En effet,comme nous
l'avons vu précédemment, dans leur recherche de
compétitivité, les entreprises,de plus en plus multinationales,
ont procédé à des délocalisations vers des pays
dont le principal avantage compétitif est la faiblesse ou l'inexistence
de leurs normes sociales et environnementales. Ce faisant, ces derniers sont
maintenus dans une précarité relative, et par ailleurs, les
emplois à bas salaire délocalisés ne sont pas
systématiquement compensés par les mécanismes de
rééquilibrage au niveau macro-économique local.
Ceci s'explique par la dilatation des marges, le
« nomadisme » international autorisé par la
globalisation, ainsi que par la financiarisation du capital au niveau mondial.
En effet, le plus souvent, les gains de production obtenusdans le pays à
bas coûts ne sont pas répercutés sur le prix du produit
final réimporté dans le pays d'origine : un jeans fabriqué
en Ethiopie ou en Tunisie par exemple,sera vendu en France comme s'il avait
été fabriqué dans l'Hexagone (prix de vente similaire pour
1083 ou Tuff vs Levi's ou Diesel).
Graphique 11 : Baisse de la production domestique vs.
augmentation des marges
De plus, une partie non négligeable de ces compagnies
ne sont ni patriotes ni nationales. Elles profitent largement des effets
d'aubaine pour transférer/maintenir une part significative de leurs
marges là où la fiscalité est la plus accueillante
(détournement des profits avec les prix de transfert, Cf. Google Tax).
L'exemple ci-dessous (Figure 4) représentela contribution
à l'économie française de la vente d'une chemise
fabriquée en France vis-à-vis d'une chemise fabriquée
à l'étranger dont les 2/3 de la valeur échappe à
l'économie locale.
Figure 4 : Comparaison de la contribution d'une
chemise à l'économie française en fonction de sa
provenance
Enfin, la valeur ainsi réintégrée est
préférentiellement redistribuée le plus souvent à
un capital diffus dans le monde entier. Cet actionnariat avide et opportuniste
est très éloigné d'un modèle patriarcal plus
éthique inscrit dans le temps long, modèle largement dominant en
Allemagne par exemple. La conjonction de ces phénomènes pourrait
pour partie être un déterminant du déficit commercial
précité. Là encore, ce contexte renforce naturellement les
appétences pour le MIF.
(3) Les coûts cachés
Les coûts cachés ne sont pas toujours
anticipés par l'entreprise, mais ils peuvent impacter
considérablement la rentabilité de la structure
délocalisée. Une mauvaise estimation des coûts et des
risques liés aux délocalisations peut conduire in fine à
la relocalisation, ce qui se produit de plus en plus fréquemment
aujourd'hui dans diverses industries.
La main d'oeuvre bon
marché :L'undes arguments
synonymesd'attractivité salariale de la main d'oeuvre dans les PED est
la protection et les charges sociales faibles ou inexistantes. La contrepartie
est la quasi absence de formations. Ces qualifications insuffisantes entrainent
l'augmentation des contrôles de qualité ainsi que des efforts
permanentsde formations qui imposent tous deux des coûts
supplémentaires.
Le Turn over des
salariés :Les ouvriers des PED sont très
sensibles aux variations des salaires et peuvent facilement quitter une
entreprise pour une autre, qui propose un salaire même quelques centimes
plus élevé. Cette volatilité des ouvriers entraine
également une perte de qualification considérable pour
l'entreprise.
Selon le cabinet de conseil ATKearney, les coûts
cachés, liés à la délocalisation, peuvent
représenter de 15% à 60% du total des gains de l'entreprise
délocalisée. Ainsi,lorsque les coûts cachés
dépassent les économies liées aux avantages
comparatifs,alors la délocalisation devient difficilement
justifiable.
(4) Perte de compétitivité
du sourcing asiatique
De plus, nous assistons au début de la fin de
l'eldorado Chinois et la naissance d'un concurrent. Dans le contexte
où le coût de la main d'oeuvre chinoise a augmenté,
bénéficiant ces dernières années de son statut
d'atelier du monde de prédilection pour les industries occidentales,
nous avons vu que les donneurs d'ordres Européens recherchent
aujourd'hui de nouvelles alternatives auprès des pays les plus pauvres
comme en Afrique.
D'une certaine manière il semble que l'industrie
occidentale a contribué à l'augmentation du niveau de vie des
Chinois. Une certaine forme de rééquilibrage de la richesse qui
leur ferait implicitement perdre en compétitivité.
« Cette situation incite d'ailleurs bon nombre de confectionneurs
Chinois à délocaliser leur production de vêtements
bas-moyen de gamme vers des pays moins chers comme le
Cambodge »12(*).
Ainsi, si les délocalisations vers les pays les plus
pauvres ont probablement encore de beaux jours devant elles, le système
montre d'ores et déjà ses limites. En dehors de toutes
considérations sociales et environnementales, bien entendu, cette course
effrénée au moins cher du moins cher est mécaniquement
plafonnée par des facteurs comme la qualité mais aussi, on le
voit bien, le moins cher ne peut pas l'être durablement !
De plus, il faut considérer le fait que le transport
maritime par conteneurs impose des délais longs de plus d'un mois (47
jours via Suez), une autre limite du système est mise en
perspective : celle du cycle de vie du produit et du juste
à temps. Le « Time to market » devient de
plus en plus court.Certaines enseignes font aujourd'hui jusqu'à 10
collections par an.
e) Le contexte technologique
Depuis la première révolution industrielle,
l'industrie textile est très mécanisée. En effet, la
filature, le tissage ou encore l'ennoblissement ou la teinture sont des
industries de volume propice à l'automatisation. Seule la confection
demeure aujourd'hui encore très gourmande en main d'oeuvre. Ce qui
explique probablement pourquoi les technologies en amont de la confection se
sont banalisées et ont été délocalisées au
plus près de la main d'oeuvre quiconfectionne, et ce, malgré la
faible intensité propre en main d'oeuvre de la filière amont. En
effet,puisque les coûts et délais du transport ne sont pas
neutres, pourquoi continuer à fabriquer du tissu en France, même
de manière automatisée, s'il est ensuite envoyé en Chine,
au Bengladesh ou en Ethiopie pour être découpé et
assemblé ? Il n'y a donc pas de barrière technologique qui
semble résister à la globalisation.
Paradoxalement, ce contexte favorable aux
délocalisations, malgré la haute technicité, redevient peu
à peu favorable aux relocalisations dans un écosystème
dont les équilibres évoluent. En effet, parmi les contreparties
des délocalisations, il y a la multiplication des intermédiaires
chargés de la coordination, de la distribution et de la
commercialisation qui captent l'essentiel de la valeur. Car en effet, dans le
prêt-à-porter globalisé, moins de 10% du prix de vente
final est consacré à la fabrication. De ce fait, les technologies
de coordinations et de distribution deviennent un élément
clé de la compétitivité.
(1) Internet et les circuits courts de
distribution
Dans le cas des jeans « traditionnels » de
grandes marques, moins de8% du prix final TTC concerne en
général la fabrication. La distribution jusqu'au client
semble l'inducteur de coût principal. De son
côté, 1083 s'est contenté de réduire la part
dela distribution de 28% en court-circuitant le réseau de distribution
habituelvia le web. Donc en économisant sur la distribution et
probablement en étant moins gourmand ! Ainsi il peut consacrer une
part plus importante de la valeur pour rémunérer des entreprises
et des emplois productifsen France.
Figure 5 : Comparaison du businness model (Structure
des coûts) entre 1083 et un Jeans de marque
De là, nous pouvons pressentir que les nouvelles
technologies de production en flux tirés, internet,
l'automatisation/robotisation, et globalement la supply chain dans son
ensemble, puissent être un axe essentiel de la problématique de la
relocalisation en France. Travailler sur cet axe devrait permettre de
réduire les délais, la distance et les intermédiaires
entre le client et le lieu de production, ainsi que la complexité de la
coordination entre tous les intermédiaires associés aux
coûts des stocks.
(2) L'exemple d'Amazon
Pour illustrer notre propos, nous pouvons nous appuyer sur
l'exemple d'Amazon Prime Now H+1 qui interpelle. En effet,
depuis juillet 2016 (depuis fin 2014 à New York), l'américain
menace directement le circuit de distribution alimentaire
« traditionnel » en livrant aux Parisiens des
produits frais en moins d'une heure pour 6 euros (gratuitement en moins de 2
heures) ! En tout état de cause, cet exemple
emblématiquedémontre que rien n'est plus constant que le
changement,en particulier, grâce à la technologie. Cette
dernière apporte en permanence de nouvelles solutions dans la
compétition mondiale dictée par une supposée tyrannie de
l'impatience du consommateur. Et, par là même, cet exemple
illustre combienles modèles traditionnels doivent être
repensés et ajustés en permanence aux contextes des nouvelles
technologies susceptibles de redistribuer les cartes
rapidement.D'ailleurs les chiffres démontrent que si le
commerce traditionnel affiche une croissance atone (+1,1% en 2014), le
e-commerce, lui, affiche une croissance à deux chiffres en France
(+11,5% en 2014, +14,3% en 201513(*)).
(3) Intégration des
« high-tech »
Volontairement, je n'approfondiraipas les domaines
médiatiques des « high-tech » :
impression 3d, smart-textiles, fibretronique connectésou autres
applications médicales. Il faudrait raisonnablement analyser chaque
application en détail pour espérer en avoir une vision
suffisamment objective etpouvoir en mesurer l'impact sur le MIF. De plus, leur
couverture dans les tabloïds est le plus souvent irrationnelle et
inversement proportionnelle à la réalité des
marchés. Nous pouvons facilement comprendre que l'enjeu de la presse est
de faire sensation en offrant une vision souvent optimiste pour vendre du
papier, cependant, il y a objectivement peu de chance de découvrir un
véritable secret industriel à potentiel à la une de son
quotidien préféré.
Ces effets d'annonce me semblent assez hypothétiques
(généralement au stade de la recherche fondamentale) et leurs
applications concrètes demeurent incertaines et/ou lointaines (pour
mémoire :la technologie internet s'est par exemple diffusée
lentement pour devenir banale et universelle). Ils ne pourraient le cas
échéant ne concerner dans un premier temps que des niches
spécialisées relativement circonscrites (marchés
fragmentés en différentiation à moyen terme). Or le
prêt-à-porter est un marché de volume sur le prix
très inertiel et néophobe.
Néanmoins, le contexte technologique pourrait
également représenter à moyen-long terme un facteur en
devenir favorable aux relocalisations. Il permet de faire évoluer peu
à peu les règles de la compétitivité en explorant
de nouveaux débouchés ou business model innovants comme c'est le
cas par exemple avec le recyclage de vêtements usagés.
f) Synthèse de l'analyse PESTEL
Figure 6 : Analyse PESTE(L)
2. Offre : Les modèles
classiques de la chaîne de valeur
Dans cette partie, nous découvrirons l'organisation de
la proposition de valeur pour les clients. Nous analyserons les forces et les
fragilités des modèles actuels des chaînes de valeur et les
limites du principe de délocalisation qui n'est peut-être pas la
seule réponse possible aux attentes du marché.
Après ce panorama complet de l'environnement favorable
au MIF, il semble en effet essentield'observer les modèles des
entreprises dominantes, afin de découvrir leurs forces et leurs
faiblesses. En effet, ces dernières sont leterreau fertile en
opportunités pour le Made in France.
a) La domination par les coûts
Rappelons que le coeur de notre sujet concerne le
prêt-à-porter MIF. L'Europe est le plus grand marché de
l'habillement mondial. Il s'agit d'un marché mature global aux modes
uniformisées ou l'offre est surabondante et donc la pression
concurrentielle maximale.
C'est donc une industrie de volume guidée par une
stratégie de domination par les coûts ou les possibilités
de différentiation sont limitées dans un segment donné. En
effet,plus la part de marché est importante, plus le volume de la
production augmente. Ce qui entraîne une baisse des coûts par
économies d'échelle et effets d'expérience. Donc, plus les
volumes augmentent, plus les investissements deviennent rentables.
Ainsi l'entreprise de prêt-à-porter qui
souhaiteperdurer dans cet environnementtrès convoité et
dominés par des marques puissantes, en préservant à la
fois sa compétitivité et la rentabilité de ses capitaux
investis, semble ne pas avoir d'autre choix que de mettre en place une
stratégie offensive de conquête visant à maximiser ses
parts de marché,le tout, si possible, à l'échelle
mondiale.
b) « Make or buy »
Les entreprises basent de ce fait la structure de leur
chaîne de valeur sur une décision stratégique
organisationnelle appelée « make or buy ». Celles
qui délocalisent leur production sont en grande majorité
orientée vers le « buy ». Autrement dit, il
s'agitpour elles d'une stratégie d'externalisation des activités
principales de production et/ou de distribution. L'objectif de cette
stratégie est de réduire les capitaux engagésdans l'outil
productif en se concentrant sur les activités jugées
prioritairestelles que le marketing, la R&D, ...
En effet, une activité de production est très
consommatrice en capitaux propres (usines, machines, ...).Ces capitaux peuvent
être transférés de manière concentrée pour
conquérir des marchés, et ce, d'autant plus que l'augmentation de
chiffre d'affaires impose l'augmentation du besoin financier de l'exploitation
(BFR). Ce besoin en capital s'additionnerait àdes investissements
supplémentaires en capacité de production. Or, ces besoins
financiers sont mécaniquement limités lorsque la production est
sous-traitée et permettent davantage de croissance pour un
investissement similaire (c'est le sous-traitant qui investit dans l'outil de
production).
Le fait que la fabrication d'un jeans de marque traditionnel
représente moins de 8% du prix de vente final, illustre parfaitement le
fait que la production est devenue pour ces entreprises une activité
annexe, du même ordre de grandeur que le transport (4%).
Les contreparties de cette stratégie que nous
développerons plus loin sont : la perte de maîtrise du
processus de production, les risques liés aux sous-traitants
étrangers (qualité, compétence de la main d'oeuvre,
infrastructures, distance géographique, etc.), l'empilage des marges,
l'uniformisation de la mode, les coûts de transport et frais de
coordination... Parfois même, les bénéficiaires des choix
d'externalisation, comme l'entreprise chinoise Fang Brothers
(spécialiste pour de grands donneurs d'ordres), rachètent des
marques de vêtements pour compléter leur intégration
verticale.
c) Les différentes variantes de chaînes de
valeurs traditionnelles
Il existe différentes variantes de cette
stratégie impactant la structure de chaîne de valeur : avec
ou sans distribution, avec une partie de production, sans production, ... Nous
observons qu'il n'existe pas de règle universelle pour ce choix
stratégique.
(1) Sans production ni distribution de
détail
Certaines marques ont choisi de se concentrer sur la
création, le marketing et la logistique, en externalisant toute leur
production (produits complètement en négoce) et en passant par
des tiers pour la distribution. Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Nike, Adidas.
(2) Sans production, avec distribution
de détail
Le géant Suédois H&M sous-traite toute sa
fabrication en Europe et en Asie (80%), mais il a intégré dans sa
chaîne de valeur ses propres points de distribution.
(3) Une partie de production, sans
distribution.
La marque Italienne United Colours of Benetton a choisi de
maîtriser sa production, sans s'engager dans la distribution. Pour cette
tâche elle choisit des détaillants exclusifs.
(4) Toute la chaîne
ZARA a fait le choix d'intégration verticale pour
être plus réactif et flexible que ses concurrents. 80% des
collections sont fabriquées en Europe dont60% en Espagne. Elle
contrôle toutes les phases de sa chaîne : de la teinture des
tissus, jusqu'à la distribution. L'intégration verticale permet
à ZARA de s'adapter à la demande du client en maîtrisant
parfaitement le temps14(*).
d) Stratégie de sourcing
En matière de délocalisation, la
stratégie de sourcing est un levier très important. Il faut
préciser qu'il existe 2 grands types d'externalisation : le
sourcing proche de type communautaire ou avoisinant, et le sourcing lointain...
Ce levier permet de mieux maîtriser les coûts d'approvisionnement,
mais aussi de dynamiser l'offre(délais) et de fidéliser les
consommateurs.
Le prix de revient reflète en effet tous les
coûts induits par le bassin de sourcing. Ce prix comprend bien entendu le
prix d'achat payé au fournisseur qui dépend en grande partie du
coût de la main d'oeuvre. Mais il faut aussi comptabiliser les
coûts indirects d'acquisition que sont les frais dits annexes ou frais
d'approche qui ne sont pas toujours imputables à un produit
donné. Ils comprennent non seulement les droits de douanes, les frais de
transports, de relivraisons (du port à l'entreposage), mais aussi
d'éventuelles pénalités (surestaries de délais de
chargement-déchargement...).
(1) Sourcing lointain
Le coût de la main d'oeuvre en bassin lointain est
généralement plus faible et plus attractif. Il en résulte
une marge brute nettement plus intéressante. Cependant le fait que les
salaires en Chine augmentent, et qu'elle-même commence à
délocaliser, relativise cet avantage. De plus, le sourcing lointain
conduit de facto à des délais d'approvisionnement plus longs, ce
qui implique des commandes précoces. Cela nécessite
également de s'engager sur des volumes importants fondés sur des
prévisions de ventes qui comportent toujours un aléa quant
à la certitude de les écouler entièrement (soldes) ou du
risque de rupture de stocks. Le sourcing lointain comporte donc des contraintes
de rigidité liées aux engagements de volumes qui entraînent
une moindre réactivité/flexibilité en cours de saison. Il
est enfin exposé à plus d'aléas opérationnels,
monétaires voire géopolitiques.
(2) Sourcing proche
Un sourcing proche (Europe, Méditerranée) permet
par contre de s'approvisionner plus rapidement et plus
régulièrement. Cela permet une plus grande souplesse de
réapprovisionnement et de réduire le risque de rupture ou de
surstock. En contrepartie, la main d'oeuvre dans les pays sous-traitants comme
Europe de l'Est ou Maghreb est plus chère qu'au Bangladesh, par exemple.
S'approvisionner plus souvent signifie aussi des transports plus
fréquents, ce qui peut représenter un coût à ne pas
négliger bien que la distance soit plus faible. Le prix à payer
pour la souplesse de ce choix stratégique semble globalement
caractérisé par des marges brutes unitaires plus faibles. Mais du
fait que le plus souvent les échanges sont faits en Euro, les risques de
changes sont minimisés.
e) Le rôle-clef de planification économique
Comme nous venons de le voir, il existe une
interdépendance forte entre le lieu géographique de production et
de sourcing et la planification des ventes. Le multi-sourcing (qui consiste
à s'approvisionner auprès de plusieurs fournisseurs) permet en
partie de répondre à des besoins de sécurisation ou de
souplesse des approvisionnements vis-à-vis d'une saisonnalité
toujours plus complexe. Ainsi, un produit très pérenne (reconduit
d'une saison/année sur l'autre dans le meilleur des cas) pourra
avantageusement faire l'objet d'un sourcing lointain. C'est le cas des produits
peu sensibles aux modes dit « de fond de catalogue » qui ne
présentent que peu d'incertitude en termes de prévisions de
vente(comme par exemple des sous-vêtements masculins). En revanche, pour
un produit sujet aux tendances, plus saisonnier, voire
éphémère, un sourcing proche est à
privilégier. C'est notamment ici que le Made In France peut (re)-trouver
tout son intérêt. La proximité permet une supplychain plus
rapide et plus efficiente en apportant de la nouveauté aux clients.
L'offre devient plus attractive, capable de réagir à un
comportement imprévu des consommateurs ou même encore de la
météo.
f) L'importance de la coordination drivée par le
SI
Maitriser la chaîne de valeur c'est également
maîtriser l'interconnexion et la synchronisation de tous ses maillons, en
particulier lorsqu'ils sont nombreux. La coordination des acteurs de la
chaîne est susceptible de consommer une grande partie de la valeur
produite et de ralentir les délais. C'est un poste de charge de plus en
plus conséquent, souvent sous-estimé et difficilement imputable
à un produit en particulier. Souvenons-nous que seuls 12% de la valeur
est consacrée à la production et au transport !
Nous avons déjà symbolisé la
complexité des flux d'informations dans la chaîne de valeur
générique de la filière(Figure 1). L'objectif ici
n'est pas d'entrer dans le détail de chaque ramification, mais bien de
mettre en perspective la nature de plus en plus complexe et raffinée des
systèmes d'informations. Il semble reposer sur ces derniers une part
croissante de la création de valeur et ils sont devenus peu à peu
essentiels à la survie de chaque entreprise. En effet, ces
systèmes permettent de coordonner finement les différents acteurs
dans les délais les plus brefs, ainsi que de s'adapter en permanence au
rythme effréné des évolutions dictées par le
marché, et ce tant au niveau des produits que des
procédés.
En effet, la mode est de plus dynamique et impose son rythme.
Aujourd'hui, les marques produisent jusqu'à 10 collections par an et les
modèles de production évoluent rapidement. La longueur des
séries et les stocks sont limités au plus juste, en volume comme
dans le temps. La multiplication des intermédiaires de natures
très différentes complexifie davantage encore le système
et alourdit les coûts.
Une entreprise moderne, qu'elle délocalise ou non, se
doit donc d'intégrer un système d'information riche et
transversal. Il doit permettre de nourrir les données de bout en
bout,afin degarantir compétitivité, réactivité et
flexibilité, et ce, dans des conditions ou le facteur temps et les
signaux faibles sont essentiels à la préservation de son avantage
concurrentiel.
Ainsi la parfaite maîtrise des SI et de la coordination
des différents acteurs est devenue un facteur clé de
succès (FCS) prépondérant pour les marques de
prêt-à-porter. La diversité des stratégies
employées à ce jour, que nous avons évoquées
ci-dessus, démontre qu'il n'existe pas de « recette
universelle » pour préserver et renforcer son avantage
concurrentiel. Néanmoins, le modèle « hybride tout
intégré » de ZARA démontre une efficacité
particulièrement redoutable. Il nous suggère que
l'intégration verticale, le sourcing proche et le contrôle
avancé à toutes les phases sont des outils décisifs pour
la réactivité à la demande alors que le sourcing lointain
et l'hétérogénéité des intermédiaires
devrait être limités au strict minimum. Sous cet angle, il semble
donc exister un argument considérable qui milite pour les
relocalisations en France du prêt-à-porter. Pour confirmer ces
hypothèses, nous explorerons en détails dans la prochaine partie
ce modèle qui pourrait peut-être nous conduire vers une
opportunité sérieuse pour un canal significatif de
vêtements relocalisés en France ?
3. Demande : La satisfaction des
attentes clients
Quels que soient les modèles d'organisations et les
stratégies retenues par les entreprises, il est souhaitable de garder
à l'esprit que toute activité économique n'a de raison
d'être que dans la satisfaction de son client. En effet, une entreprise
qui perd ses clients ne survit pas plus qu'une entreprise qui perd sa
rentabilité !
La mode est par définition toujours en mouvement : elle
représente les goûts du moment qui dépendent de
phénomènes imprévisibles et irrationnels comme la tendance
imposée par certains leaders d'opinions ou encore même parfois la
météo. Cette incertitude permanente et exigeante impose aux
acteurs réactivité, agilité et une maîtrise
extrêmement fine de la chaine de valeur (e.g. distribution, production,
chaîne logistique transcontinentale, risques de change). Dans ce
contexte, le risque de stock invendu est majeur. L'expérience client est
donc essentielle (valeur
perçue/confort/bien-être/accessibilité/satisfaction
d'égo/effet de meute) avec un vêtement qui au-delà de la
fonction d'utilité, est devenu essentiellement un marqueur social
d'apparat et de démarcation.
Comprendre ses clients, c'est comprendre leurs comportements
d'achat. Comprendre ce qui les pousse à agir ! Cette
compréhension est la source d'avantage concurrentiel. Elle doit
permettre de construire une proposition de valeur attractive permettant de
convaincre et de fidéliser. En un mot, de satisfaire les attentes de ses
clients.
Or la nature humaine est complexe, versatile et duale,
partagée sans cesse entre son profit immédiat et l'anticipation
raisonnable d'un avenir incertain et par nature effrayant. En effet, c'est pour
préserver sa famille et son bétail du froid et des
prédateurs que le paysan construit une ferme. Et c'est aussi dans
l'espoir de la récolte aux beaux jours qu'il sème et qu'il
investit une partie du fruit de son travail passé. Mais s'il envisage
l'avenir et tente de le prévoir ou de l'influencer, c'est avant tout
pour nourrir sa famille ici et maintenant !
L'homme moderne n'échappe pas à ces
mécanismes contradictoires entre l'avenir et le présent, entre la
satisfaction du besoin ou de l'envie immédiate vis-à-vis de
l'anticipation raisonnable et raisonnée de l'avenir.Ainsi, après
la seconde guerre mondiale, l'élévation du niveau de la vie donna
une part plus grande dans les budgets à la consommation
discrétionnaire. Les vêtements furent alors choisis selon d'autres
critères qu'en milieu rural. Ces critères n'étaient plus
seulement qualitatifs mais sont devenus de plus en plus subjectifs et
sensibles. Ils dépassaient désormais, pour le plus grand
nombre, le primitif « besoin d'avoir qui protège »
afin de satisfaire une nécessité. Brusquement, ils
s'étaient déplacés en masse vers « le besoin
d'être et de paraître qui distingue de ses semblables »
et qui symbolise la place que l'on occupe dans la société
(ou que l'on revendique) (Dominique Jacomet, « Mode, Textile
et Mondialisation »).
Ce sont donc les mêmes mécanismes qui sont
à l'oeuvre dans le domaine du prêt-à-porter, entre nos
achats spontanés de T-shirts « sexy » à 5 euros,
confectionnés par une éthiopienne mineure, et
« l'investissement » dans une chemise sur mesure
« Made in France ». Dès lors, le prix bas serait
plutôt synonyme d'un bénéfice à court terme alors
que la qualité représenterait plutôt un
bénéfice et une expérience de qualité attendus
à long terme.
a) La « qualité
française »
Selon l'IFOP (Institut Français d'Opinion Publique),
pour 95% des consommateurs, acheter des produits fabriqués localement,
représente un acte citoyen qui contribue au profit de l'industrie et de
l'économie nationale. Comme nous l'avons vu, l'achat devient un acte
social, qui sauve ou même crée des emplois en France. Plus encore,
malgré le contexte économique morose, en 2014, 61% des
consommateurs français déclarent être prêts à
dépenser au minimum 5% plus cher pour acquérir un produit
d'origine française. Ils n'étaient que 39% à le penser
en 1997. Ainsi, selon ces déclarations d'intention, lorsqu'il est
question de choisir un produit, les consommateurs représentatifs de la
population françaisedisentprivilégier la
« qualité française » (valeur perçue)
plus encore qu'auparavantau prix ou à la
quantité. Le Prix n'est donc pas le seul critère. Les
clients s'interrogent de plus en plus sur la provenance d'un produit
acheté, d'où viennent les matières premières,
quelles sont les conditions de fabrication et de travail des ouvriers (respect
des normes sociales)15(*).
Graphique 12 : La hausse du consentement à
payer plus le MIF depuis 1997
Mais dans les faits combien sont-ils vraiment à
passer à l'acte ? Il existe en effet, un rapport complexe entre le
prix, la qualité et la valeur perçue par le client.
b) Comprendre la valeur perçue
Dans le langage courant, la qualité tend à
désigner ce qui rend quelque chose supérieure à la
moyenne. En ce sens elle s'apparente à la valeur perçue.Mais pour
certains, la qualité première d'un article peut-être celle
d'être de bon marché... Ainsi, la qualité est un mot-valise
qui conduit àl'évaluation du produit par le client en fonction
d'un certain nombre de critères de jugement plus ou moins objectifs et
personnels. Ces critères d'attractivité concernent en premier
lieu les attributs du vêtement (utilité, mode, matière,
style, finition, coupe, origine, compétitivité,proximité,
prix ...) mais également la relation client avec l'entreprise, ou encore
l'image de la marque et sa réputation.
D'ailleurs, selon la norme ISO 9000, la qualité est
l'aptitude d'un produit ou d'un service à satisfaire les exigences.
Cette définition confirme le lien direct entre la qualité (ou
valeur perçue) et la satisfaction des attentes clients.Il conviendrait
donc de pouvoir lister et pondérer chacun des critères
évalués par le client pour être en mesure de concevoir une
offre optimale.
Cependant, il existe pour chacun d'entre nous une subtile
grille d'évaluation plus ou moins complexe, consciente et
évolutive, dans laquelle chacun des critères possède une
importance qui nous est propre. Par exemple, les attentes éthiques
à long terme (client responsable, consomm'acteur de MIF) ne sont, bien
entendu, qu'une des composantes de cette grille d'évaluation qui sera
plus ou moins (ou pas) importante suivant la sensibilité et la culture
de l'individu ou encore les normes sociales.
c) Les critères d'évaluations les plus
influents
Néanmoins, si comme nous l'avons vu, les
critères qui permettent d'évaluer la qualité d'un produit
sont très variables d'un individu à l'autre, il est fort probable
qu'ils soient très similaires sur un même segment de marché
(adressant donc une même famille de clients). D'ailleurs, selon
l'étude du CREDOC sur l'attachement des français au MIF, les
critères (déclarés) qui influencent le plus leurs achats
sont basés à 70% sur la qualité et le prix. Les trois
autres critères les plus cités sont les services, l'origine du
produit et la marque. Les autres critères représentent moins de
1% des réponses.
Graphique 13 : Critères Influants lesachats de produits
industriels (total des réponses égales à 200 -
en%)
Cette étude indiqueque le rapport qualité/prix
est de loin le plus influent. Or,à« qualité »
égale, le rapport qualité/prix d'un produit fabriqué en
France serait défavorable dès lors que son prix serait
supérieur à un produit équivalent fabriqué à
l'étranger. Dit autrement, selon nos estimations,le rapport
qualité/prix est approximativement inversement proportionnel au prix
(graphique 14).
Graphique 14 : Evolution de la qualité/prix
selon le prix à qualité stable (évolution Q/P en fonction
de P en %)
Bien que le contexte soit favorable (qualité
perçue meilleure), le retour du MIF reste à ce jour encore
à la marge. C'est donc qu'il existe une grande différence
entre les intentions et les actes. Nous en déduisons que
malgré le consentement déclaré àpayer plus cher, la
réalité tend à démontrer que l'arbitrage s'effectue
infine sur le prix qui tire la qualité/prix Made in France vers le bas
en faveur des produits importés.
d) Hypothèse
De ce fait, nous formulons l'hypothèse que s'il est
possible de vendre à « qualités/attributs »
similaires, des produits de prêt-à-porter MIF au même prix
que les produits délocalisés, le MIF sera compétitif. Il
devrait être privilégié par la majorité des
consommateurs français et amplifier ainsi le phénomène
Made in France dans la mesure où le pays de fabrication
représente plus de 10% dans sa décision d'achat et que,comme nous
l'avons vu sur le
Graphique 7, la qualité est perçue
meilleure à 60% ou équivalente à 33% pour le MIF.
Finalement, la principale difficulté semble donc être de concevoir
une offre MIF compétitive et donc d'agir sur les leviers qui permettent
de réorganiser la chaîne et les inducteurs de coûts, afin de
proposer une offre plus attractive.
e) Lien avec le marketing mix (pull vs push)
Le prix et la valeur perçue (qualité/prix)
semblent être les facteurs les plus influents. Cependant, il existe un
troisième facteur lui aussitrès influent mais aussi très
sensible et interdépendant des deux premiers. Il est lié à
la perception et l'existence mêmede l'offre pour le client. En effet, il
ne suffit pas de savoir-faire en France aujuste prix et avec
la bonne qualité, pour atteindre les volumes suffisants, faut-il encore
le faire savoir pour être connu, reconnu et
présent dans les linéaires.
Enfin, il existe une attente implicite fondamentale du
marché. Comme nous l'avons vu précédemment, le
« Time to market » et globalement la maîtrise du
temps semblent avoir pris une dimension prépondérante du point de
vue du consommateur, ce qui pousse les marques à proposer de
deux à dix collections par an. Il paraît clair en effet qu'un
produit aussi sensible à la mode que le prêt-à-porter ne
peut plusêtre mis sur le marché tardivement au risque de venir
grossir le rayon des invendus.
Les 4 facteurs que nous venons d'isoler correspondent
auxévolutions modernes du marketing mix. Ce dernier
désigne la politique de décisions opérationnelles
relatives aux volets clés de la commercialisation d'un produit. En
effet, ces nouvelles approches sont centrées sur les besoins des
clients, ce qui correspond davantage au contexte économique
actuel plus difficile et plus concurrentiel sur un marché mature et
saturé. Préalablement, les quatre politiques du marketing mix
traditionnel (Product, Price, Place, Promotion - règle des 4P -
McCarthy/Kotler 1960) étaient principalement orientée du point de
vue de l'offre produit (Push). Ainsi, apparue dans les années 90, la
méthode des 4C par Robert F. Lauterborn, se concentre désormais
sur les besoins du Client (Customer, Costs, Convenience, Communication).
Figure 7 : Évolution du marketing mix 4P ->
4C
Tableau 1 : Correspondance des paramètres externes les plus
inluants vis-a-vis du marketing mix
C. Inventaire des leviers favorables au
MIF(externes et internes)
Comme nous venons de le voir, le prix, la qualité, la
parfaite maîtrisedu marketing et de la communicationainsi que le
« Time to market », semblentêtre les facteurs les
plus influents du point de vue de la demande (externe) pour amplifier le
mouvement MIF.Il n'y a d'ailleurs rien de vraiment original ou
spécifique au prêt-à-porter MIF.Tout produit doit pouvoir
répondre à ces facteurs qui sont davantage des barrières
à l'entrée que des facteurs clés de succès vecteur
de différentiation vis-à-vis des concurrents. Aujourd'hui, la
qualité française ne semble pas être discutée, les
axes de travail consisteraientdonc plutôt selon nous à
améliorer le prix, la communication et, bien entendu,d'être au
moins aussi rapide que les concurrents.
Du point de vue interne, c'est à dire peu visible du
point de vue du client, il y a les facteurs influents l'organisation interne de
la chaîne des coûts. Au cours de cette première partie,nous
avons découvert naturellement certainsleviers d'action,susceptibles
d'être mis en place ou renforcés par des entreprises
françaises afin d'amplifier le MIF (voir Tableau
2ci-après).
Dans la seconde partie nous tenterons de confirmer ces
hypothèses par une analyse qui doit permettre de confirmer et de
hiérarchiser l'articulation des leviers entre eux dont voici un
inventaire synthétique.
Tableau 2 : Leviers d'action pour amplifier la
tendance MIF
Partie IIEtude
Empirique
A. Analyse comparative : Comment
amplifier le mouvement du MIF ?
Dans la première partie nous avons découvert
l'existence et la dynamique actuelle d'une tendance à la relocalisation
de la production de prêt-à-porter qui retrouve un nouveau souffle
en France. Nous avons observé que cette reprise du Made in France trouve
sa source dans un contextefavorable(appétence) dont nous avons
dressé le portrait. Ensuite, nous nous sommes aperçus que les
entreprises françaises qui souhaiteraient participer à
l'amplification de ce phénomène doivent trouver et investir
simultanément sur des facteurs clé de succèsinternes et
externes à l'entreprise (l'offre et la demande). Au final, nous avons
émis l'hypothèse qu'un consommateur devrait majoritairement
privilégier un produit français si ses attributs
(qualité/prix/délais) sont identiques.Enfin, nous avons
dressé un inventaire de leviers d'actions qui nous semblaient pertinents
pour amplifier le phénomène MIF.
Dans la seconde partie, nous allons confronter empiriquement
ces hypothèses avec une analyse comparative de
l'existant en nous inspirant de la success-story de ZARA qui nous permettra de
vérifier que les leviers employés par la marque seraient
transposables au MIF. Cette analyse sera étoffée par une
étude qualitative auprès des précurseurs
experts du Made In France (interviews téléphoniques + salon MIF
Expo) qui nous permettra de conduire undiagnostic des impacts croisés de
ces facteursafin d'en évaluer la sensibilité et la
motricité. Nous dresserons enfin une matricepermettant d'évaluer
le degré d'impact de chaque variable susceptible d'amplifier le
mouvement du MIF.
1. Le succès du modèle
ZARA un exemple source d'inspiration
Dans ce chapitre nous allons voir, en quoi le modèle du
géant du « fastfashion » ZARA peut être une
source d'inspiration pour les producteurs français.
a) Position concurrentielle et désamorçage du
prétexte au dumping social :
ZARA est devenu le marchand de mode le plus rapide
d'Europe. En copiant la haute couture dès le premier
défilé dans le monde, la marque impose un rythme
effréné pour distancier ses concurrents. De ce fait, alors que
toute l'industrie textile cède aux sirènes du dumping social
lointain, ZARA fabrique 60%16(*) de ses collections à proximité de son
siège ou des centres logistiques en Espagne pour raccourcir les
délais et mieux contrôler/distribuer ses productions.
Avec 20 Md€ de CA,ZARA affiche des résultats nets
en croissance à 2 chiffres.Inditex est devenu, devant Gap et H&M,
le plus grandgroupede prêt-à-porter mondial.En
première approche, ce modèle désarme l'argument des
délocalisations systématiques au profit des PED qui pratiquentle
dumping social.Car en effet, la production sous-traitée du produit ne
représente qu'une faible partdu prix de vente final.Cela
relativise l'impactde la part main d'oeuvre essentiellement liée
à la confection.De ce fait,les relocalisations MIF à une
échelle de grande consommationsemblent tout à fait envisageables,
dans la mesure où les règlementations et les coûts
salariaux entre la France et l'Espagne sont voisins.
b) Clé du modèle :agilité
interne + « J-15 » = « La dernière
mode au meilleur prix » :
ZARA a donc choisi la production locale et le sourcing proche
comme nous l'avons évoqué dans la première partie. Elle
sous-traite le reste de ses productions chez des fabricants européens ou
méditerranéens et seulement 35% en Asie ou en Inde. Cette
stratégie donne à ZARAun avantageconcurrentiel de taille
enmatière de flexibilité et deréactivité par
rapport à ses concurrents, et lui permet de mieux maitriser ses
délais et ses coûts. Les usines en Espagne n'appartiennent pas
nécessairement à ZARA, mais sont des sous-traitants exclusifs.
Afin d'obtenir une performance économique
supérieure à ses concurrents dans cette industrie saturée
et peu attractive, ZARA a donc mis en place une stratégie unique :
« La dernière mode au meilleur
prix ». Pour ce faire, toute la chaîne est
verticalement intégréeet ce jusqu'à la
distribution de détail (hors filature et tissage) pour optimiser les
délais et rompre avec les saisons traditionnelles.ZARA dispose d'une
grande agilité interne et maitrise ses coûts. La marque ne
s'appuie pas seulement sur ses produits phares, elle encourage plutôt les
clients à acheter plus souvent et préfère une rotation des
stocks plus rapide pour éviter les soldes. ZARA choisi de
maîtriser et d'optimiser entre-elles toutes les opérations de la
chaine des coûts pour être plus performante globalement,
plutôt que réduire les coûtsunitaires à tout prix par
une politique de costing traditionnel et des externalisationsmultifournisseurs
complexes qui implique coordination et fuite des marges.Avec son
modèle « J-15 » entre le design et le rayon,ZARA
limite les soldes et encaisse 85% du prix total sur ses vêtements en
détail, tandis que la moyenne de l'industrie est de 60%
à 70%.Ce modèle à contre-courant se montre doncplus
performant que les organisations classiques.
Ainsi, malgré la crise profonde en Espagne, la
performance de ZARA est florissante. Le groupe Inditex est le leader mondial
dans le prêt-à-porter.Un tel modèlelaisse imaginer qu'il
est envisageable de s'inspirer des facteurs clés de succès de la
marque pour produire « Made in France », même en
sous-traitant une partie de la production dès lorsqu'une majeure partie
de la valeurest ajoutée dans l'Hexagone17(*).
c) Les règles internes de la Supply Chain de ZARA
suivant nos leviers d'action pressentis :
(1) Produire en petites séries.
(Agilité /marketing de la rareté)
Plutôt que viser les traditionnelles économies
d'échelle liées au grandes séries, ZARA
préfère la production et la distribution en petites
séries. La production en petites séries permet de s'adapter
finement à la demande et crée la sensation d'exclusivité.
Le client doit prendre une décision assez rapidement, car le lendemain
le produit qu'il désire risque de ne plus être disponible
(marketing de la rareté améliorant la qualité
perçue).Ainsi il vient plus souvent pour voir les nouvelles collections,
ce qui crée une circulation importante dans le magasin et multiplie les
revenus.Parfois même, pour plus de flexibilité, des espaces
entiers de magasins sont laissés vides, prêts à recevoir
une collection qui n'existe pas encore.
(2) Circuits-court
La marque dispose en propre de son réseau de 6340
magasins ce qui permet de s'affranchir des intermédiaires et d'avoir une
relation interactive privilégiée avec le client finaltout en
limitant les délais.Avec cette organisation intégrée en
circuit-court, ZARA contrôle toute la chaine de valeur, des flux
physiques à ceux de l'informationavec une grande rapidité
d'exécution(Figure1). Ainsi elle peut offrir à ses
clients des produits de qualité qui suivent (voire devancent) la mode
dont elle s'inspire, mais qui peine à être aussi
réactive.Les livraisons dans les magasins de détail sont à
cycles réguliers, planifiés et rapprochés de sorte que les
clients fidèles visitent régulièrement et plus souvent ses
boutiques. Cela permet aussi de simplifier les procédures
administratives telles que les commandes. De plus, plutôt que de tenter
de réduire au maximum ses coûts de transport, la marque joue la
carte du temps et préfère expédier des rack complets
pré-étiquetés etprêts à être mis en
rayon.Enfin, ZARA ne fait aucune publicité, en s'appuyant plutôt
sur l'intérêt permanent du client, le bouche à oreille et
des implantations stratégiques premium bien achalandées.
(3) Centraliser le design et le
développent des produits. (« Time to market »)
Traditionnellement, pour développer de nouveaux
produits dans l'habillement, les ressources internes et externes de
l'entreprise sont impliquées. Les fournisseurs échangent les
échantillons avec les acheteurs à de multiples reprises.ZARA
place ses équipes de design au coeur du processus de production afin de
faciliter la communicationet les prises de décisions rapides
(Figure1). L'élimination de cette division externe
réduit considérablement le « Time to
market ». De plus les designers sont directement connectésaux
clients via le SI et à proximité immédiate du marketing et
des chasseurs/copieurs de tendances. Il n'y a pas de fausses économies
sur le design, parmi l'ensemble des prototypes, seul 1 modèle sur 4 est
retenu in fine afin d'avoir le choix du modèle le plus optimal et
pertinent tant pour les clients que pour la production, et ce, en fonction de
l'engouement du consommateur en temps réel.L'objectif principal est de
réduire au maximum les temps de conception conformément à
son modèle « J-15 ».
Figure 8 : Modèle « J-15 »
de ZARA
(4) Utiliser une organisation en
« ilots» (Ecoconception/Lean).
Chaque nouvelle équipe qui travaille sur le
développement d'un nouveau produit a, à sa disposition, les
designers, les planificateurs des ventes, d'approvisionnement et de production
(lean management). L'enjeu de cette organisation est de réduire les
pertes et les coûts « du puits à la roue », en
créant une grande variété de produits similaires
adaptée à la chaine de fabrication. Grâce à une
telle organisation, ZARA a considérablement rationalisé ses
moyens et la communication interne. Elleobtient ainsi en production des effets
d'échelle comparables aux grandes séries grâce aux
similitudes des produits traités par ilots cohérents.
(5) Automatisation de la production et
de la Supply Chain
L'automatisation augmente la vitesse, la précision des
opérations et diminue les coûts de main d'oeuvre. Chez Zara elle
est considérée comme un FCS essentiel, car elle joue le
rôle clé dans la compétition basée sur le facteur
temps. Inditex possède 11 usines à proximité de La
Corogne. Dans l'une d'entre-elles par exemple,ZARA stocke des montagnes de
toutes sortes de tissus blancs, prêts à être teints en
fonction de la demande. Dans une autre,les tissus y sont découpés
sous vide au laser de façon automatiséed'après les patrons
dessinés quelques heures plus tôt par les stylistes en DAO
(dessinassisté par ordinateur). Une fois sur cintre, et
équipésde puces antivol RFID (radio frequency identification),
les vêtements sont automatiquement dirigés via des tunnels de
distribution en sous-sol vers une gigantesque plateforme logistique
automatisée ou sont traités 3 millions de pièces par
jour.Les paquets, identifiés par leur code-barres, sont guidés
automatiquement sur des tapis roulants, la main humaine n'intervient qu'au
déchargement et à l'ouverture des cartons.
(6) Système d'Information et
contrôle rigoureux de la planification.
ZARA à implémenté comme nous pouvions le
pressentir dans la première partie un système d'information
agile, complètement orienté vers la satisfaction du client. Sur
la base d'une communication transversale, ce système permet aux
équipes auto-organisées en ilots de travailler de manière
immersive et coordonnéedans l'organisation globale,tout en étant
conduit par les feedbacks des clients et des valeurs de confiance et
d'ouverture. Les managers des magasinsZARA peuvent passer commande
jusqu'à 2 fois par semaine. Les expéditions sont
préparées et livrées en moins de 24 heures (en Europe) et
les produits sont mis en rayons le jour même de leur livraison. Tout chez
ZARA procède à un rythme stable, ce qui permet de réduire
le temps d'attente sur chaque étape du processus. En outre, le
système centralise les besoins clients collectés chaque soir
auprès de tous les managers.Au-delà, il se nourrit des
données collectées à chaque étapepour une
amélioration continue des processus et une conception plus finement
adaptée aux attentes. Le système va jusqu'à analyser les
données météorologiques poury adapter la conception, la
production et les livraisons.
(7) Garder une part de production en
interne. (Intégration verticale)
ZARA fabrique environ 50% des vêtements en interne, avec
seulement un quart de production externalisée en Asie. ZARA
s'éloigne de plus en plus du modèle du sourcing lointain, en
investissant dans la fabrication locale. Délibérément,
ZARA garde une part d'externalisation proche pour être en mesure de
répondre rapidement aux demandes imprévues, plutôt que de
chercher à maximiser la production de ses usines. La marque pense que
cette stratégie de production en interne/sourcing proche permet
d'augmenter la flexibilité globale de l'entreprise et ses
résultats semblent probants.
d) Principaux Avantages Concurrentiels Apparents de
ZARA :
- création centralisée agile et
rapide, en lien direct avec les clients et la production (12
collections/an tirées par la demande, Lead time de 15j).
- limitation des risques de
surstocks/soldesgrâce à une politique de séries
limitées (marketing de la rareté)
- livraison rapide de ses magasins depuis l'usine à La
Corogne, grâce à son système de production locale
centralisée hyper automatisé et un circuit court
contrôlé (intégration verticale jusqu'au retail)
l'enseigne limite ainsi les intermédiaires, réduisant les stocks
incompressibles, BFR, et les délais.
- frais marketing divisé par 10 en
capitalisant sur des implantations stratégiques réputées
et une image de marque forte, aucune pub.
- parfaite optimisation des flux d'information
IT interconnectés d'un bout à l'autre de la chaîne
(Conception, Production, Logistique, CRM (Customer Relationship
Management) = des collections qui collent à la demande)
Au final, vu par le consommateur, le prix est une
conséquence invisible de cette organisation de même que la valeur
perçue, le mode de communication ou encore le « Time to
market ». Il s'agit des leviers externes qui ne sont pas directement
actionnés par l'entreprise mais plutôt la conséquence de
son organisation.
2. Comparaisonavec les leviers d'action
listés en première partie
En comparant les avantages concurrentiels de ZARA avec la
liste des facteurs susceptibles d'être un levier d'action favorable au
MIF, tel que nous l'avons envisagé dans la première partie, nous
nous apercevons que nos hypothèses semblent se confirmer pour la grande
majorité de ces leviers.
Tableau 3 : Comparaison des leviers d'action
listés en première partie avec les avantages concurrentiels de
ZARA
Délibérément, ZARA étant Espagnol
(et non MIF) nous avons répondu par la négative en ce qui
concerne la valeur perçue même si les produits sont globalement
appréciés.
De même, pour la communication qui est plutôt
minimale pour la marque. Cependant le fait de s'appuyer sur le réseau de
ses propres vitrines est une forme de communication inspirante en soi.
Comme pressenti, les tissus High Tech sont un levier pas ou
peu exploité par le groupe.
Enfin, la contrepartie du modèle
« J-15 » implique des transports plus fréquents
même si la distance parcourue est plus faible qu'un sourcing lointain. Au
final, il est probable que quantitativement (en tonne x km transportés)
le bilan soit néanmoins plus favorable que pour ses concurrents dans la
mesure où on évite le transport par bateau et que la distribution
par voie routièrerestesimilaire (hors avion). En effet c'est surtout la
variété et la rotation des produits qui change, pas la
quantité transportée (si on suppose que les camions sont aussi
pleins que pour des produits d'importation lointaine). Pourtant, on ne peut pas
qualifier de « green » la logistique de ZARA dans la mesure
où la production n'est pas réalisée au plus près du
consommateur. Au surplus, le « fastfashion » n'est pas un
modèle vertueux d'écoconception, dans la mesure où il tend
au renouvellement plus fréquent des gardes robes.
3. Transposition des leviersd'action
ZARA au MIF
Comme évoqué précédemment, le
prix, la valeur perçue, la communication ainsi que le « Time
to market » sont des leviers externes qui dérivent plus ou
moins directement de l'organisation interne de la chaîne de valeur et des
coûts de l'entreprise.
Nous supposerons dans un premier temps qu'un projet
d'entreprise MIF qui s'inspirerait du modèle ZARA pourrait réunir
les conditions suffisantes pour pratiquer une politique de prix et une
réactivité au marché similaire, tout en
bénéficiant d'une valeur perçue meilleure, puisque ses
produits seraient fabriqués majoritairement en France. Concernant la
communication et la distribution, il faudrait probablement trouver une
alternative au modèle ZARA, car il est possiblequ'il soit très
difficile de constituer rapidement un patrimoine aussi important que son
réseau des magasins de distribution à partir de zéro. Pour
ce faire, nous étudierons plus loin les leviers permis par les
groupements et les réseaux d'entreprises coopératives, qui
semblent pouvoir apporter des solutions tant du point de vue du réseau
de distribution, que de la communication.Enfin, nous évoquerons la
question des Labels faisant la promotion du MIF, car ils nous semblent
être un levier important en termes de communication.
(1) Produire en petites séries.
(Agilité /marketing de la rareté)
Armancio Ortega, le fondateur du Groupe Inditex, a bien
compris la grande volatilité de la mode et les attentes de ses clients.
C'est pourquoi l'organisationde ZARA n'est pas seulement ou uniquement
flexible, elle est globalement réactive et rapidement reconfigurable.
L'agilité de la production qui est une des caractéristiques du
Lean Manufacturing, permet à une entreprise de s'adapter rapidement
à son environnement. Cette agilité permet de faire évoluer
en permanence une large gamme de produits en fonction de la demande (pull). La
durée du cycle de vie des produits est un des principaux facteurs
déterminants l'organisation et la définition des moyens de
production de cette entreprise.Au final, la réduction des délais
de mise sur le marché (réactivité) et les petites
séries (flexibilité) minimisent les stocks et maximisent leur
rotation (faible taux d'échec, moins de gaspillages et de soldes).
L'Agilité est donc la combinaison
indissociable de ces deux facteurs, réactivité et
flexibilité. En effet, une entreprise réactive aux nouvelles
tendances, qui peutconcevoir rapidement de nouveaux produits de qualité,
peut échouer facilement si elle n'a pas la capacité d'adapter
rapidement son outil de production,pourle produire dans les délais et
quantités nécessaires.De même, est également
destinée à l'échec, une entreprise flexible, à la
pointe des technologies (Smart Factories, Logistique 4.0, CAO, MES/OPC,
GPAO,ERP, ...)qui ne suit pas les besoins fortement volatiles de ses clients
(CRM, PLM, Météo,...).
Ainsi,laFlexibilitépermet les
économies d'échelle malgré les petites séries et la
« personnalisation ».C'est une organisation des flux
à dominante physique rapidement reconfigurable. Tandis que la
Réactivité correspond davantageà
l'optimisation et la réaction en temps réel aux flux
d'informations,collectéesd'un bout à l'autre de la chaîne
et en particulier auprès du client. Ces deux capacités semblent
tout à fait transposables à toutes les entreprises
françaises qui s'en donneraient les moyens (financiers, humains et
matériels).
Néanmoins, le marketing de la rareté,cher
à ZARA, est plus discutable. En particulier s'il est envisagé
dans un esprit de consommation pure. Il est prudent de se rappeler que le
risque de raréfaction des ressources est au coeur des
préoccupationsdes Français. Ilimpacte donc la valeur
perçue. Allonger la durée d'usage grâce à une
qualité plus durable, réparable,recyclable, semble une
alternative ne nuisant pas à la sensation d'exclusivité produite
par les petites séries. C'est d'ailleurs une des valeurs fondamentales
de la marque 1083. Et donc, une capacité accessible etcompatible avec le
MIF, démontrée parune entreprise française.
(2) Circuits-court
Les circuits courts sont des circuits de distribution (et de
commercialisation de détail) dans lesquels intervient au maximum un
intermédiaire entre le producteur et le consommateur. D'origines
agricoles (voir définition officielle ci-après), ils investissent
désormais d'autres domaines d'activité, en particulier face aux
enjeux de développement durable.
Définition du ministère de l'Agriculture :
« est considéré comme circuit-court un mode
de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la
ventedirecte du producteur au consommateur, soit par la
venteindirecte, à condition qu'il n'y ait
qu'unseulintermédiaire entre l'exploitant et le
consommateur18(*)».
Rapprocher l'offre de la demande,en limitant les
intermédiaires est séduisant. C'est un des enseignements majeurs
du modèle ZARA (mais aussi de 1083 et de beaucoup d'autres). Celalui
permet rapidité, parfaite maîtrise de l'ensemble de la chaine de
valeur et de faire des économies substantielles sur les coûts (et
les marges des intermédiaires).In fine,les circuits courts permettent de
proposer un produit à prix compétitif sur le marché,
endonnant plus « d'oxygène » au
producteur/fabricant. Cependant, il y a un obstacle : à notre
connaissance, il n'existe a priori pas (ou peu) de fabricants français
en mesure de disposer de l'assiette financière nécessaire pour
constituer rapidement un tel réseau (ou empire) de boutiques !
Néanmoins, dans l'exemple de ZARA, il n'y a pas de
notion géographique entre le producteur et le consommateur comme dans
les relocalisations(lorsque le producteur se rapproche physiquement du
consommateur, indépendamment du nombre d'intermédiaires).La
géographie est d'ailleurs une des faiblesses du modèle deZARA qui
multiplie le nombre et la fréquence des transportset le recours à
l'avion pour obtenir sa légendaire agilité. Cette source de
coûts pour la marque devient donc un avantage concurrentiel inspirant et
favorable pour le MIF, en permettant d'envisager l'usage des circuits courts
relocalisés. De tels circuits courts relocalisés seraient en
effet moins onéreux et potentiellement plus rapides.
Ainsi, ce mode de commercialisation semble applicable au
MIF.La vente directe, « du fabricant au consommateur »,
peut être effectuée enVPC,VAD ou e-commerce. De plus, il existe
à la marge,des salons/marchés où les fabricants
présentent et vendent leurs produits au grand public(Cf. marques
rencontrées au salon MIF Expo, qui utilisent toutes le e-commerce dont
la croissance est fulgurante, et qui vendent en parallèle sur les salons
à des fins essentiellement marketing).La principalelimite de la vente
directe est qu'elle suppose des moyens marketing et communication importants et
souvent proportionnels à l'ampleur du marché visé.
Alternativement, il y a la possibilité du modèle
indirect avec un seul intermédiaire.
Un réseau de « détaillants
multimarques » qui va vendre, et surtout, faire connaître les
produits en réduisant le budget communication. Ce sont par exemple des
boutiques dédiées ou non aux produits « Made in
France », des grands magasins, ou encore la GSA/GSS.Bien entendu, ces
intermédiaires prennent une marge conséquente. Cette option
estd'ailleurs souvent privilégiée dans les secteurs du low-cost
ou du luxe (en raison des marges). Mais ils représentent un moyen de
donner de la visibilité à la marque à moindre frais.C'est
à dire qu'il est envisageable d'utiliser ce mode de distribution,
à marge faible ou nulle, en complément
« marketing » d'un autre réseau de distribution
comme internet. Une stratégie à évaluer et comparer,
surtout du point de vue de la perte de contrôle et de contact direct avec
le client. Pour garder le contact il reste possible
« d'incentiver » les managers/vendeurs des magasins
intermédiaires. Néanmoins il est plus compliqué d'imposer
un standard administratif etd'envoyer des racks de vêtements
pré-étiquetés chez des distributeurs différents aux
organisations hétéroclites.
Il existe enfin une autre possibilité : la
distribution au détail via un groupement ou un réseau
coopératif. L'exemple de coopérative des opticiens Krys (CA
750M€),dont les fabrications bénéficient du Label Origine
France Garantie,est une bonne illustration.Nous aborderons dans un paragraphe
particulier les avantages pour les fabricants, comme les achats groupés
ou la mutualisation de moyens supports.
(3) Centraliser le design et le
développent des produits. (« Time to market »)
La collaboration des divisions entre elles et leur
proximité est l'un des facteurs clé de la
réactivité chez ZARA. Il permet de réduire les
réunions et le cycle de prise de décision. Pour réussir le
modèle « J-15 » en effet,l'échange
d'informations doit être prompt et efficace.Par exemple, il n'y a que
deux jours entre le design et la coupe automatique ou entre l'entrée au
centre logistique et la mise en rayon. Il fallait donc de fait limiter le plus
possible les externalisations à la confection gourmande en main d'oeuvre
pour les produits de fond de catalogue (Les produits les plus techniques / mode
sont confectionnés en interne). De même, il fallait
intégrer le plus possible les phases en amont (teinture à la
demande) et en aval (vente au client final) pour en avoir le contrôle
temporel et la maîtrise des coûts(Cf. Intégration
verticale).
Cet équilibre subtil entre l'organisation, les
technologies et l'être humain, orienté vers le client tend
à bouleverser les modèles managériaux traditionnels. Il
semble être le fruit d'une pure décision stratégique
managériale et un modèle tout à fait transférable
au Made In France.
Ainsi, en nous inspirant de ZARA, plutôt que de
travailler par silos rigides isolésou divisions par métiers tels
que le studio de design, l'administration des ventes, la logistique ou encore
les acheteurs, le travail pourrait facilement être organisé par
ilots, dans de grands open-spaces flexibles, où il suffirait de se
retourner pour s'asseoir à une table de réunion. Les
équipes seraient regroupées autour du design et
développement produit, en un pôle d'activité
dédié pour un seul type de client (type de produits,
géographie, ...). Ce serait un peu comme une agglomération de
micro entreprises, avec chacune son commercial, son designer, son acheteur, son
directeurtechnique,...
C'est d'ailleurs pour tendre vers le
« J-15 »que l'organisation en ilots deZARA s'est
centrée autour du design et du développement du produit. Le
produit est ainsi conçu non seulement en fonction des clients en temps
réel,mais sa conception intègre à la source, tout le
processus d'approvisionnement, de fabrication et de livraison, jusqu'à
la mise en rayon. Les allers-retours avec les fournisseurs sont dès lors
extrêmement limités. Cette organisation évite de plus les
compétitions internes contre-productives entre services au profit de la
réussite globale de l'entreprise. En effet, chacun est jugé sur
sa contribution collaborative à un projet dans son ensemble plutôt
que sur ses indicateurs de performance individuelou encore ceux de sa division.
Lacollaboration efficiente des équipes est donc le coeur de
l'organisation et l'un des facteurs clé permettant la
réactivité et donc le « Time to market ».
(4) Utiliser une organisation en
« ilots » (Ecoconception/Lean).
Comme nous l'avons vu, l'une des forces de ZARA,essentielle
à son agilité,est d'obtenir une grande variété de
produits similaires sur une même chaine de fabrication, afin de
bénéficier,malgré de relatives petites séries, des
effets d'échelle et d'expérience propres aux grandes
séries.Dès le début de la chaine, le groupe retarde par
exemple jusqu'au dernier moment la personnalisation qui commence avec la
teinture ou l'impression, et ce jusqu'à la découpe laser
automatisée(en lien direct avec le design)qui rend le processus
irréversible.
En parallèle de cette agilité, son
système de production organisé par ilots cohérents
s'inspire du Toyota Production System (Lean Management) qui repose sur
l'élimination des gaspillages dans les processus de production
(MUDA : par exemple trop de stock, trop de déchets,
réduction des temps d'attente ou de changement de série,
déplacements inutiles ou sous-utilisations de compétences ...).
La pensée Lean vise à augmenter la capacité de production,
en réduisant les coûts et le temps de cycle. Elles`appuie sur la
compréhension des besoins des clients (flux tirés) et vise
perpétuellement la perfection, en améliorant la
qualité et en éliminant les gaspillages.
Dans ce contexte, Inditexambitionne de maximiser l'interaction
et l'efficacité homme-machines-environnement. En ce sens le groupe
s'approche du concept Allemand d'industrie 4.0, lui-même en partie
lié au concept d'écoconception, qui, dans sa définition
première, se focalise sur une approche conduisant à
l'amélioration continue et environnementale d'un produit tout au long de
la chaîne de valeur.
Là encore, le système de production de ZARA est
inspirant et semble transposable au MIF dans la mesureoù il correspond
essentiellement à une nouvelle façon d'organiser ses moyens de
production (en lien permanent avec ses équipes projet notamment).
L'objectif transposable au MIF serait donc la mise en place d'usines de
production textile dites « intelligentes » capables d'une
plus grande adaptabilité dans la production en France et d'une
allocation plus efficace des ressources. En effet, les « smart
factories » sont caractérisées par une interconnexion
des machines et des systèmes au sein des sites de production mais aussi
entre eux et l'extérieur (clients, partenaires, autres sites de
productions). Comme pressenti dans la première partie, le système
d'information fusionnant avec les systèmes cyber-physiques et l'internet
des objets devient une clé de voute de l'édifice qui semble
transposable et accessible au MIF.
« L'usine du futur » représente
également une réponse aux problématiques actuelles de la
gestion de l'énergie et des ressources. Avec ce système
d'information organisé selon un réseau de communication et
d'échange instantané et permanent, l'organisation devient capable
de rendre cette gestion plus efficace en coordonnant les besoins et
disponibilités de chaque élément du système de la
façon la plus efficiente possible, en densifiant leur exploitation,
alimentant par-là de nouveaux gains de productivité dans un
cercle vertueux.
D'autre part, la vision de l'écoconception a
évolué avec le temps. Elle exige une réflexion
légèrement différente suivant que son approche soit
purement produit, service ou système. Selon l'AFNOR en 2004,
« L'écoconception consiste à intégrer
l'environnement dès la conception d'un produit ou service, et lors de
toutes les étapes de son cycle de vie ».Selon cette
définition,il s'agissait plutôt d'une démarche
d'amélioration continue, portée par une volonté
établie au plus haut niveau, puis, mise en oeuvre au sein
« d'équipes projets transversales » (achats, bureau
d'études, design, marketing, ...). Ces équipessont
censéesintégrer les aspects environnementaux au même titre
que les aspects plus classiquement considérés
(économiques, technologies, attentes clients, ...).
Cette dimension « environnementale » reste
néanmoins à vérifier chez ZARA, dont le modèle
fast-fashion inspire par nature davantage un monde de consommation qu'un monde
de sobriété envers les ressources. C'est donc à priori une
source de différentiation pour le MIF. En effet, l'écoconception,
par son approche de réduction des impacts, peut conduire à des
économies significatives favorables au MIF en limitant, par exemple, le
coût des transports ou en favorisant la prévention à la
source (utilisation de moins de Matières Premières), le recours
à des matériaux issus du recyclage (recyclage jeans 1083)
...
En ce sens, depuis 2004 la vision de l'AFNOR a largement
évolué. En 2013, la Norme NFX 30-264définissait
l'écoconception comme : « Intégration
systématique des aspects environnementaux dès la conception et le
développement de produits (biens et services, systèmes) avec pour
objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs tout
au long de leur cycle de vie à service rendu équivalent ou
supérieur. Cette approche dès l'amont d'un processus de
conception vise à trouver le meilleur équilibre entre les
exigences, environnementales, sociales, techniques et économiques dans
la conception et le développement de produits ».
Créatrice d'innovation, l'écoconception permet
donc aux entreprises de diminuer les impacts tout au long de son cycle de vie
(de l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de
vie). Elle conduit à s'interroger notamment sur le choix de
matières et de leur capacité de renouvellement, sur les impacts
des procédés de fabrication (délavage / eau) mais aussi
l'amélioration continue, des transports (rotation et fraicheur des
stocks), de l'usage ou encore de la fin de vie
(collecte/recyclage)... Mais cet objectif réduction des impacts
environnementaux devrait être précédé par une
réflexion sur l'utilité et l'usage du produit en lui-même
afin de l'adapter au mieux à l'utilisateur et à ses besoins
(utilité du fast-fashion qui lasse ?).
(5) Automatisation de la production et
de la Supply Chain
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'automatisation est un facteur déterminant de premier ordre pour le
succès du modèle ZARA. Elle permet non seulement
d'économiser sur les coûts de main d'oeuvre en ce qui concerne les
taches pénibles et répétitives (Moins cher et plus
précis/stable qu'une chinoise ou une éthiopienne, c'est un
automate ou un robot !). Maisl'automatisation permet aussi et surtout, de
compacter les délais afin de répondre plus vite que les
concurrents aux attentes du marché (« Time to
market »). C'est un aspect fondamental du Lean : quantifier la
valeur du produit du point de vue du client pour produire seulement ce que le
client a commandé. Là encore il s'agit d'organiser la production
en considérant que le temps est, au-delà du prix, une
barrière à l'entrée exigée implicitement par le
client. Barrière qui permet de se différencier et de distancer
ses concurrents. Il s'agit donc encore essentiellement d'une vision
stratégique totalement compatible et transférable au MIF.
Lorsque l'on parle d'automatisation de la production, on pense
immédiatement aux machines qui fabriquent, mais de plus en plus, comme
le suggère le modèle du Groupe Inditex, il s'agit d'automatiser
autant que faire se peuttoutes les phases amont et aval de la confection
à proprement parler. Cette phase reste d'ailleurs encore aujourd'hui
difficilement automatisable (il n'existe pas encore de robot couturier). De
fait, ce sont tous les autres flux qu'il s'agit d'automatiser(Conception,
Approvisionnement, Fabrication, Conditionnement, Préparation,
Expédition). Pour, comme dans le Lean, créer un flux continu qui
réduise la taille des lots et les encours (WIP).
En effet, au-delà de la plateforme logistique
automatisée et alimentée automatiquement via des tunnels
sous-terrain (intra-logistique), il faut tenter d'automatiser tous les
processus répétitifs et leur ordonnancement / coordination, y
compris ceux qui sont immatérielscomme le traitement des commandes, la
planification des approvisionnements et des fabrications (teinture,
impressions, découpe, étiquetage, colisage, ...).
Par ailleurs, l'un des enjeux des usines intelligentes est la
flexibilité. C'est un défimajeur pour l'automatisation qui doit
devenir elle aussi « intelligente », car elle
suittraditionnellement une logiquerigide, séquencée en succession
d'actions répétitives sur un ilot dédié et
isolé. Mais cette façon basique de programmer les machines
provient d'une vision Taylorisée de l'industrie qui est aujourd'hui
dépassée.Or l'intelligenceest décrite comme une
faculté d'adaptation (apprentissage pour s'adapter à
l'environnement ou au contraire, faculté de modifier l'environnement
pour l'adapter à ses propres besoins).
L'automatisation « intelligente » devient
donc une façon de programmer les machines suivant une logique qui
s'enrichit des paramètres extérieurs comme pourrait l'être
par exemple la taille ou le coloris d'un T-shirt. Pour devenir
« intelligente » cette recette(taille et couleur) doit
être disponible sur le réseau et ordonnée par lui en
fonction de la commande client, de la conception du design, ... Elle implique
également d'autres actions sur toute la chaine à d'autres
étapes comme lasélection de la matière première, la
taille des cartons, codes à barres, étiquettes RFID, la gestion
des stocks, la préparation de commande, ...En somme l'automatisation
« intelligente » crée du lien sur toute la
chaîne.
Ainsi, avec dessites de production composés d'objets
intelligents (IoT), communicants et liés dans un réseau
lui-même relié à l'extérieur, l'agilité de la
production peut être accrue. Le consommateur final de même que les
différents partenaires peuvent prendre une place dans le processus,
permettant la personnalisation des produits et la modification de leurs
caractéristiques en fonction des demandes ou des difficultés. Il
devient donc possible de proposer une production à la fois à
grande échelle et personnalisée avec une réactivité
instantanée ou presque.
Nous l'avons vu, une des clés de la pensée Lean
est le « juste-à-temps » qui permet de limiter les
stocks gourmands en BFR.Un des leviers d'amélioration de la
compétitivité de l'hyper automatisation
« intelligente » est donc, là encore, la convergence
et l'interconnexion directe au système d'information.Cette organisation
génère un flux d'information permanenttrèssupérieur
à celui généré par des modes de productions
traditionnels. De plus, ces informations doivent être
échangées le plus rapidement possible avec les acteurs
logistiques extérieurs au lieu de production (approvisionnement,
confections sous-traitée, livraisons). Le système RFIDde bout en
boutpeut servir non seulement à tracer les produits sur toute la
chaîne de production, mais encore servir d'antivol et d'étiquetage
de caisse à son arrivée dans le magasin. Cette ressource
(SI&U4.0) essentiellement immatérielle n'est pas spécifique
à ZARA et peut-être améliorée en France par nature
(la technologie et les outils progressent chaque jour).
(6) Système d'Information et
contrôle rigoureux de la planification.
Comme nous venons de le découvrir, l'Industrie 4.0
correspond en quelque sorte à la numérisation de l'usinemais
aussi de son environnement afin de fluidifier et densifier les échanges
et l'exploitation des informations,avec l'objectif de raccourcir les
délais. À travers le recours aux systèmes
cyber-physiques(CPS) des automates intelligents et de l'internet des
objets,c'est-à-dire aux réseaux immatériels servant
à contrôler des objets physiques, l'usine intelligente se
caractérise par une communication continue et instantanée entre
les différents outils et postes de travail intégrés tout
au long des chaînes de production et logistique. L'utilisation de
capteurs communicants apporte à l'outil de production une
capacité d'autodiagnostic et permet ainsi son contrôle à
distance tout comme sa meilleure intégration dans le système
productif global. De tout temps, disposer d'un ensemble d'informations peu
accessibles et les exploiter a toujours été source d'avantage
concurrentiel. Ainsi, le coeur de ce système moderneest bien
l'information et les mécanismes qui organisent sa collecte, son
archivage, mais aussi et surtout, son traitement et sa transmission
interactive.
Ce système d'information résulte de l'assemblage
de briques technologiques aujourd'hui assez répandues dans l'entreprise
et pour l'essentiel disponibles sur étagères que ce soit au
niveau des logiciels ou des machines. Le principal enjeu à relever est
de coordonner entre elles ces briques encore trop souvent isolées. Ce
défi des technologies de l'information semble à la hauteur des
compétences disponibles en France et devrait pouvoir être mis en
oeuvre dans le cadre d'un projet de réindustrialisation du
prêt-à-porter Made In France.
Parmi les briques technologiques à coordonner ensemble,
nous proposons ci-après un inventaire non-exhaustif qui permet de se
faire une idée de cet enjeu.
CRM : Customer relationship management,
ou gestion des relations avec les clients, est l'ensemble des outils
informatiques et techniques destinés à capter, traiter, analyser
les informations relatives aux clients et aux prospects, dans le but de les
fidéliser en leur offrant le meilleur produit/service.
PLM : Product lifecycle management
permet la « gestion du cycle de vie des produits ». Il
désigne un cadre organisationnel et un ensemble de concepts,
méthodes et outils logiciels dont le but est de créer et de
maintenir les produits industriels tout au long de leur cycle de vie, depuis
l'établissement du cahier des charges du produit et des services
associés jusqu'à la fin de vie, en passant par le maintien en
conditions opérationnelles.
CAO : La Conception Assistée par
Ordinateur comprend l'ensemble des logiciels et techniques de
modélisation géométrique permettant de concevoir, tester
virtuellement et réaliser des produits manufacturés et/ou les
outils pour les fabriquer. Il ne faut pas confondre CAO et DAO (dessin
assisté par ordinateur). Au-delà de l'édition du dessin
(souvent 3D), la CAO est outil informatique métier, fonctionnant avec
des objets, qui permet ensuite la simulation de comportement de l'objet
conçu, l'édition éventuelle d'un plan ou d'un
schéma étant automatique et accessoire dans la mesure ou les
données peuvent être transmises plus ou moins directement à
la machine en vue de sa fabrication.
ERP : Enterprise Resource Planning est
un progiciel de gestion plus ou moins intégré selon la
spécificité de l'activité de l'entreprise, qui vise une
gestion globale, cohérente et simplifiée. Ils trouvent leur
origine dans le besoin de la planification et l'emploi des ressources pour la
production. Les ERP industriels reposent sur un module central de type GPAO ou
MES assurant une couverture plus ou moins étendue des
fonctionnalités. Le plus souvent, ils intègrent la gestion
commerciale, comptable et paye. Ils sont très dépendants des
métiers et leurs appellations/fonctionnalités ne sont pas
normalisées et restent flottantes.
GPAO : Gestion de la Production
Assistée par Ordinateur. Il s'agit d'un programme de gestion de
production permettant de gérer l'ensemble des activités,
liées à la production, d'une entreprise
industrielle communément incorporée dans les ERP : Gestion
des stocks et des achats, des commandes, des produits engendrés par ces
commandes, des articles entrant dans la fabrication de ces produits et de leurs
nomenclatures-gammes, des ressources par familles. Il permet la création
et la gestion du processus de planification et de l'ordonnancement, les
expéditions des produits et leur facturation ainsi que le suivi des
stocks, des coûts et des temps.
MES/OPC : Un ManufacturingExecution
System permet la gestion des processus industriels. Il s'agit d'un
système informatique dont les objectifs sont d'abord de collecter en
temps réel les données de production de tout ou partie d'une
usine ou d'un atelier. OPC (Open Platform Communication) a été
conçu pour relier les applications Windows et les matériels et
logiciels du
contrôle
de processus (comme les automates ou les robots). Ces données
collectées permettent ensuite de réaliser un certain nombre
d'activités d'analyse : traçabilité, contrôle
de la qualité, suivi de production, ordonnancement, maintenance
préventive et curative. En s'interfaçant / s'intégrant
avec un ERP, elles permettent potentiellement d'enrichir les données
économiques destinées au contrôle de gestion ou encore
à la facturation et la planification.
Ce bref aperçu éclaire l'enjeu de la convergence
des briques technologiques afin d'exploiter au mieux l'information le plus
souvent existante sous une forme ou sous une autre au niveau de l'entreprise ou
publiquement disponible (BigData, Météo, ...), en vue d'un
contrôle optimum de la planification et plus globalement du cycle complet
de la chaine de valeur.
« L'un des grands défis pour les entreprises
est l'optimisation de la chaîne de l'offre (« supply
chain ») pour raccourcir le cycle création/ fabrication/
distribution et, par conséquent, les délais de mise à
disposition du produit aux consommateurs (« Time to
market »)19(*) ».
(7) Garder une part de production en
interne. (Intégration verticale)
A la lumière de ce qui vient d'être dit, pour le
MIF, cultiver et développer une partie significative de la production
interne en France possède entre autres trois atouts majeurs :
- Le contrôle de l'information et des processus qui
induit la réduction et la maîtrise des délais
(réactivité/flexibilité)
- La réduction des coûts et des marges
(intermédiaire, transport, frais de coordination)
- La maîtrise du savoir-faire et l'entretien de la
compétence permettent de développer des produits pertinents de
qualité maîtrisée répondant aux attentes du
marché.
Au surplus, pour vendre du prêt-à-porter
Made-In-France il paraît incontournable à un moment ou à un
autre de fabriquer en France et de le faire savoir (communication/valeur
perçue) ! De plus, la maîtrise des leviers d'actions
précédents et leur mise en oeuvre, c'est-à-dire,
l'agilité, les circuits-courts, l'écoconception,
l'hyper-automatisation, l'usine intelligente et les systèmes
d'informations, dépendent fortement de l'intégration verticale de
la production.
Un mix équilibré entre la production interne et
le sourcing semble néanmoins inévitable pour disposer de produits
de fond de catalogue compétitif et pour conserver une certaine souplesse
face aux cycles de production et aux coûts de la main d'oeuvre.
Le problème du savoir faire disparu ou vieillissant et
non-renouvelé (absence de formations) concernant le coeur de
métier (confection, tissage, ...) n'est pas à négliger et
milite également pour une réintégration progressive de la
production.
Les investissements conséquents nécessaires sont
également un point de vigilance particulier à garder à
l'esprit dans tout projet de relocalisation. Néanmoins, nous avons vu
que les politiques d'aides publiques étaient très favorables
à cette dynamique. Dans cette optique, lepartage des risques sur
plusieurs entités membres d'un même groupement /
fédération semble un levier intéressant que nous allons
évoquer ci-après.
(8) Fédération /
Groupement et communication (Coopérative, Labels)
L'union fait la force ! Vu l'ampleur des challenges
à mener, les besoins financiers mais aussi marketing, il semble à
première vue intéressant d'envisager de fédérer les
initiatives et de réunir les producteurs, marques et distributeurs
français souhaitant développer le MIF au sein d'une
coopérative ou réseau / groupement d'entreprise permettant de
mettre en commun la distribution, la communication, les achats, la logistique,
les RH, les formations, ... Il en existe plusieurs formes connues :
« Une coopérative est une association
autonome de personnes (physiques ou morales) volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et
culturels communs au moyen d'une entreprise dont la propriété est
collective et où le pouvoir est exercé
démocratiquement20(*) ». (CREDIT AGRICOLE, KRISS, E.
LECLERC, MACIF,...)
« Un groupement d'intérêt
économique (GIE) est un groupement doté de la personnalité
morale qui permet à ses membres de mettre en commun certaines de leurs
activités afin de développer, améliorer ou accroître
les résultats de celles-ci tout en conservant leur individualité.
Le groupement peut avoir un objet civil ou commercial21(*) ». (AIRBUS, CB,
AG2R, CRISTALINE, ...)
Par ailleurs, comme nous l'avons vu, 60% des Français
pensent que les produits fabriqués en France sont « de
meilleure qualité » que les autres. Soit deux fois plus qu'il
y a quinze ans. A prix identique, le MIF dispose donc d'un avantage
concurrentiel à renforcer pour amplifier le phénomène.
Au-delà de rapprocher la production du consommateur, le MIF est
susceptible d'apporter de la valeur à l'image du produit (éthique
et responsable). Pour rendre visible cet avantage, la plupart des marques
françaises apposent une mention valorisante qui indique la production
française. Une telle valorisation peut constituer un avantage
concurrentiel pour le fabriquant, servir de différenciation parmi la
diversité des produits homogènes. Ce marquage n'est pas
obligatoire. Il est souvent délivré par des associations de
professionnels mais certains fabricants inventent de toutes pièces leur
propre logo, ce qui crée une certaine illisibilité pour le
consommateur. Payant, le Label Origine France Garantie doit apporter une valeur
ajoutée aux produits.
(9) Améliorer la
compétitivité par la technologie (Tissus High Tech)
La haute Technologie produit semble une fausse bonne
idée à court terme.
D'ailleurs, les mille premières entreprises dans le
monde qui investissent le plus dans l'innovation, ont dépensé 603
milliards de dollars pour leur R&D en 2011. Le cabinet Booz &Company a
identifié une très faible corrélation entre
investissements en R&D et les performances.
Dans les faits, même s'il est en croissance et bien
représenté en France, le marché des fibres techniques
reste à la marge (de l'ordre de 3%). Sur ce marché
déjà limité, les textiles innovants fabriqués en
France sont eux aussi à la marge. Même avec des croissances
à deux chiffres, ils ne représentent donc pas à court
terme un gisement d'évolution majeure pour le MIF d'autant plus que la
production de fibres techniques est extrêmement gourmande en ressources
(MP, énergie et capital). De ce fait, leur exploitation à grande
échelle n'est ni souhaitable ni soutenable et ne devrait concerner que
les applications où ils sont strictement nécessaires.
Globalement, le marché des textiles techniques
représente 6,1 Md€ en France22(*). Sur cette production, seuls
7% sont destinés à l'habillement (430M€). Les textiles
techniques destinés à l'habillement ne représentent donc
qu'une niche de l'ordre de 3% d'un marché de 15 Md€ en France.
Malgré des chroniques enthousiastes, ce marché est très
volatile et, in fine, sa croissance moyenne sur les 10 dernières
années (2004-2014) s'établit à -3,67%.
Graphique 15 : Taux de croissance annuel moyen des CA
par domaine d'application
De plus, il n'existe pas de statistiques fiables pour
évaluer la part des textiles vraiment innovants sur le petit
marché des textiles techniques (le GoreTex est par exemple
utilisé depuis 30 ans, n'est plus vraiment très innovant et
conserve par nature des applications limitées).
Une innovation de rupture reste néanmoins possible,
observons quelques candidats :
Les cosméto-textiles : par
exemple, des shorts amincissants, des ceintures abdominales raffermissantes ou
encore des gants antitaches et anti-âge (gants Hand-Filler de Filorga).
Comment cela fonctionne-t-il ? Par une action
« textile »gainant ou massant, obtenue par un tissage
spécifique associée à une action « cosmétique
", où les actifs sont soit micro-encapsulés soit enduits sur le
tissu comme le proposent les chaussettes et les gants Spa Adoucissants de
Sephora. D'emblée, il nous semble que ces débouchés
à usages unique ou limités dans le temps et
incompatibles avec le lavage resteront à la marge.
Les « smart »textiles :
La startup Cityzen Sciences23(*) a été créée en
2010. Chef de file du consortium Smart Sensing (CA 2013- 4 700€).
Grâce à l'important soutien de BPI France, Smart Sensing propose
des « vêtements connectés » capables d'effectuer le
monitoring d'individus (gamme destinée au monde sportif professionnel et
grand public).
Le textile en lui-même, n'est pas
innovant, il s'agit de grands communicants chasseurs de prime visant
à lever des fonds en intégrant au vêtement des
micro-capteurs biométrique communs (utilisés pour les
électrocardiogrammes...) pour les relier ensuite à un
smartphone.
Les textiles-traités : l'exemple
de The Best ShirtEver24(*) (campagne Kickstarter à $119)
estséduisant. C'est une chemise en tissu antitache, respirant,
imperméable, lavable à la machine. Selon son créateur, le
PRI est 200 à 300% supérieur car le traitement doit être
effectué très en amont de la filière, au moment du filage
du coton naturel et après teinture (ce qui impose des grandes
séries ET des variétés de couleur limitée :
Peu de flexibilité et de souplesse vis-à-vis de la
mode). Innovation discutable : L'innovation est
de plus relative puisque les textiles huilés (à base d'huile de
lin ou de cire d'abeille-veste de chasse imperméable) ou encore les
revêtements polyuréthane hydrofuge sont connus et exploités
depuis longtemps. Accessoirement, tous ces traitements ont une tenue dans le
temps et une résistance au lavage limitée. Enfin, quid des
impacts écologiques (déchets, recyclage) ?
Plus récemment, l'Institut Royal de Technologies de
Melbourne (RMIT) a annoncé travailler sur des revêtements
à base de nanoparticules métalliques afin de rendre le
textile autonettoyant à la lumière. Cet effet
d'annonce ne doit pas occulter les travaux antérieurs de 2011
menés par un chercheur Français du GEMTEX de Roubaix en
collaboration avec le laboratoire des matériaux céramiques et
procédés associés de Maubeuge et Probiogem, le laboratoire
de microbiologie de Lille. Les fibres textiles étaient traitées
dans un bain chimique, où étaient déposées des nano
aiguilles d'oxyde de zinc. Il s'agit de recherches fondamentales qui 5
ans après n'ont pas encore trouvé les
débouchésespérés. De plus les
nanoparticules sont fortement suspectées d'avoir des impacts
négatifs sur l'environnement et la santé.
Quoi qu'il en soit, les surcouts de production imposent donc
la vente en direct (hors circuit de détail traditionnel) ou sur des
marchés de niche en différenciation. La faible flexibilité
des procédés limite la fraicheur et la largeur de gamme
(« slow fashion »). Le tableau ci-après illustre
avec des chiffres approximatifs combien ce modèle de « textile
innovant » semble plutôt difficile à appliquer dans le
cadre d'une production « MIF » grande consommation.
Tableau 4 : Evaluation de la marge restante pour une
chemise BSE qui serait MIF
4. Synthèse des leviers d'actions
issus de l'analyse comparative& SWOT
En synthèse de cette étude comparative, voici la
2ème version mise à jour de notre inventaire des
leviers d'actions susceptibles d'être actionnés pour amplifier le
phénomène du MIF. L'analyse qualitative ci-après,
réalisée auprès de professionnels, devrait permettre de
les hiérarchiser en fonction de leur interdépendance
croisée (sensibilité/motricité) vis-à-vis du Made
In France.
Tableau 5 : Comparaison des
leviers d'actions ZARA/MIF
Figure 9 : Analyse SWOT de la production Made In
France
B. Analyse qualitative : L'Avis des
experts
1. Liste de nos interviews d'experts
Nous avons interviewé une douzaine d'experts
représentatifs du prêt-à-porter Made In France. Nous les
avons majoritairement rencontrés sur le Salon MIFEXPO, mais aussi par
téléphone :
EricNeri(Président / fabricant de textiles à
mailles) - MAILLE VERTE DES VOSGES
http://mvvosges.eu/maille-verte-des-vosges-mvv
Thierry Boutrelle(DG / fabricant de textiles à
mailles) - Groupe EMO
http://www.emo.fr
Eric Florin (Bénévole /
Fédération indépendante MIF) -
FIMIF
http://www.fimif.fr
Jean Jacques Tuffery(Co-fondateur / fabricant de jeans)
- TUFF'S
http://www.jeanstuffs.com
Emmanuel Sieger(Président / fabricant polos
T-shirts chaussettes) - STORKS
https://storks.fr
ThomazHuriez (Fondateur / fabricant de jeans et
chaussures)- 1083
https://www.1083.fr
Théophile Magnon-Pujo(OFG - Co-fondateur
French-Touch)-Label ORIGINEFRANCE GARANTIE
http://www.originefrancegarantie.fr
Charles Huet(Entrepreneur Auteur) -Guide des
produits MADEIN EMPLOIS
http://www.made-in-emplois.fr
Myriam Underwood(Fondatrice / Vêtements
éthiques) -JUSTE
https://www.larevolutiontextile.com
Marie-Laure Mouillon(Fondatrice) -Magasin
CHOUETTE FRANCE Dijon
https://www.facebook.com/chouettefrance.fr/
Daniel Forge(Fondateur / Fabricant de
prêt-à-porter masculin)-GALUCEBO
http://www.galucebo.com/fr/
Meriem Fradj(DG / Coopérative Laine)
-ARDELAINE
http://www.ardelaine.fr
2. Méthode :
Motricité et sensibilité des leviers d'action (D'après
Michel Godet, 2001)
La méthode qui va suivre s'inspire des travaux en
matière de prospective et d'analyse stratégique de Michel Godet
(Economiste, professeur au CNAM). Cette dernière a également
inspiré Atamer et Calori en 2003 dans Diagnostic et décisions
stratégiques.
Dans les chapitres précédents nous avons
identifié les variables influant sur l'évolution de l'industrie
du prêt-à-porter susceptibles d'amplifier le
phénomène du MIF. Les variables identifiées comme
pertinentes pour le MIF ont été répertoriées dans
le tableau de synthèse précédent avec la réponse
OUI. (Tableau5- Pour ne pas influencer les experts sur les tissus High
Tech qui semble peu influant, nous avons conservé ce levier pour
vérification).
Lors de nos interviews, nous avons interrogé chaque
expert sur l'histoire du secteur puis sur les forces et faiblesses susceptibles
de le transformer dans le futur. Ensuite, ils ont été
interrogés sur leur perception de l'évolution future de chaque
variable pertinente afin de se prononcer sur l'influence de chacune d'entre
elle sur la dynamique de l'industrie.
Or ces variables pertinentes n'ont pas toutes les mêmes
caractéristiques, afin de les hiérarchiser, nous avons eu besoin
de les classer suivant deux critères : la sensibilité
(dépendance) et la motricité (influence). La motricité
désigne le degré d'influence qu'exerce une variable sur
l'évolution du système concurrentiel. Ce sont les variables
à fortes motricité qui conditionnent la dynamique du
système. La sensibilité désigne le degré de
dépendance d'une variable vis-à-vis des autres. Elles
dérivent de l'évolution du système.
La motricité et la sensibilité sont
déduites de l'intensité de leur interrelation. Pour
évaluer cette intensité nous avons utilisé un outil simple
de la prospective: l'analyse d'impacts croisés sur un tableau à
double entrée. Chaque levier ou variable est inscrit à la fois en
ligne et en colonne. L'expert donne 1 si l'impact est positif, 0 s'il est
neutre et -1 s'il est négatif.Il y avait 12 experts et 12 variables. En
fonction des réponses de chacun, nous avons totalisé dans chaque
case du tableau la somme des impacts. Ensuite, nous avons réalisé
le total en valeur absolue de la somme des impacts par ligne qui donne la
motricité, et la sensibilité par colonne.
3. Résultats de
l'enquête
Tableau 6 : Analyse d'impacts croisés
Par ce procédé les variables ont
été enfin classées en quatre groupes dans une
matrice :
Variables autonomes : Ce sont des
variables qui ont peu d'influence sur l'évolution du système et
sont peu dépendantes des autres variables. En principe on ne tient pas
compte de ces variables.
Variables motrices : Ce sont des
variables qui influencent fortement l'évolution du système sans
être dépendantes de l'évolution d'autres leviers. Elles
sont les variables explicatives.
Variables noeuds : Ce sont des variables
à la fois très influentes et dépendantes. Elles
constituent les noeuds du système car elles ont des répercussions
importantes sur les autres leviers qui par effet de retour viendront influencer
leurs effets initiaux. Les tendances seront alors amplifiées ou
neutralisées. Elles sont les pivots des scénarios.
Variables sensibles : Ce sont des
variables dont l'évolution résultent de celles des variables
noeuds et motrices. Elles sont les effets principaux de la dynamique
d'ensemble.
Figure 10 : Classement des variables par groupes et
direction de l'influence
4. Regroupements et analyse des
résultats
Nos interviews ont permis d'isoler quatre groupes de
variables selon l'avis cumulé de nos experts. Les variables
autonomes, sensibles, noeuds et motrices. Le groupe des variables sensibles
(sur fond bleu) dépend des variables noeuds (sur fond rouge) qui sont
les leviers du système en faveur du MIF. Ce dernier groupe est
lui-même dépendant de celui des variables motrices (sur fond bleu)
qui sont à la base des évolutions structurantes pour amplifier le
phénomène.
En analysant chacun des groupes nous nous apercevons
qu'ils sont cohérents par nature de variables. En
effet, les variables sensibles sont toutes des leviers d'actions externes qui
représentent les barrières à
l'entrée(ou conditions sine qua non) du point de vue du client.
De même, les variables motrices sont toutes des leviers d'action
de nature organisationnelle et enfin les variables noeuds nous
apparaissent comme étant des facteurs clés de
succès prépondérants,mais composites,
résultant des leviers d'organisation
précédents.
La logique de cette matrice nous permet donc de mettre
en lumière les interdépendances et permet de hiérarchiser
le sens de l'action. Ainsi très logiquement le prix est une
conséquence de tout le reste, le « Time to market »
est une conséquence de l'agilité, elle même
conséquence composée de plusieurs facteurs organisationnels comme
les circuit-courts ou l'hyper automatisation.
Non-seulement, cette matrice nous permet de consolider
nos hypothèses, mais de plus, elle induit l'ordre des actions à
mener et les conséquences attendues de chacune
d'entre-elles.
a) Variables sensibles / Barrières À
l'Entrée (BAE) :
Dans ce groupe nous retrouvons, de la plus motrice à la
plus dépendante :
(1) « Time to
Market »
(2) La communication
(3) La valeur perçue
(4) Le prix
Comme nous pouvions nous y attendre, le « Time to
Market » est LE facteur prépondérant le plus moteur.
Plus qu'un facteur clé de succès, c'est une barrière
à l'entrée sans laquelle il n'est pas envisageable de
prétendre jouer un rôle significatif dans le jeu concurrentiel.
Très logiquement c'est la variable sensible la moins dépendante
de son groupe. Elle dépend essentiellement de la mise en oeuvre des
facteurs clé de succès composites ou variables noeuds qui sont
les pivots. La communication est également assez autonome dans le
groupe. Même si, bien entendu, elle dépend du « Time to
market » qui amplifiera ses effets et sans lequel elle
« tombe à l'eau ». La suite nous conduit logiquement
vers la valeur perçue. Elle dépend des deux premières
à l'intérieur du groupe comme bien entendu de variables pivots
(noeuds). In fine le prix apparaît comme la conséquence ultime de
toute l'organisation de la supply chain. Ce résultat, plutôt
intuitif, est confirmé par nos experts.
b) Variables noeuds / Facteurs Clés de Succès
Composites (FCSC) :
Dans ce groupe nous retrouvons, de la plus motrice à la
plus dépendante :
(1) L'agilité
(2) La fédération /
groupement (+sensible)
L'agilité est la plus motrice de nos deux leviers, avec
52% de sensibilité, elle est néanmoins entre les deux zones
(noeuds / motrice). Ce levier apparaît donc comme central pour le Made In
France aux yeux de nos experts. Ce résultat est cohérent avec ce
que nous avions déduit de l'exemple ZARA qui suggère que la
réactivité et la flexibilité sont les
éléments clés qui permettent à la marque de
répondre aux attentes des clients en fonction de la dernière
mode. Ce levier influence directement les variables sensibles qui sont
perçues par le client final.Elles-mêmeségalement
influencées par le levier Fédération / groupement. Ce
dernier est plus sensible encore et un peu moins moteur. Il paraît donc
plus difficile ou en tout cas plus long à mettre en place car il est
plus dépendant. Il s'agit d'un facteur amplificateur qui peut
difficilement exister sans le facteur agilité qui semble un
prérequis.
c) Variables motrices / Facteurs Clés de Succès
Organisationnels (FSCO) :
Dans ce groupe nous retrouvons de la plus motrice à la
moins motrice :
(1) Smart Industrie et Système
d'Information
(2) Hyper automatisation
(3) Circuits courts
(4) Ecoconception
(5) Intégration verticale
Nous voici au coeur de notre sujet. Ces cinq variables sont
les leviers stratégiques organisationnels qui, selon nous et les experts
que nous avons interviewés, peuvent permettre d'accéder et mieux
maitriser les facteurs clés de succès composites (agilité
puis fédération) pour amplifier le phénomène du
Made In France.
Elles sont globalement motrices et peu sensibles. Elles ne
dépendent pas d'un autre groupe. Les circuits-courts puis
l'écoconception sont dans l'ordre les plus autonomes.
L'hyper-automatisation est la variable la plus dépendante de toutes qui
ne peut être totalement aboutie sans l'intégration verticale et
l'organisation Smart Industrie & SI. Cette dernière est de loin le
facteur clé de succès organisationnel le plus moteur.
Néanmoins contrairement aux deux
précédents groupes il n'y a pas de logique chronologique
évidente bien que les circuits-courts et l'écoconception semblent
des prérequis. L'hyper automatisation devient centrale mais les
interdépendances deviennent rapidement complexes, ce qui milite en
faveur d'une mise en oeuvre de front et un mode de progression par
itérations successives.
Cette interdépendance soulève la question
épineuse des moyens financiers et de la création de valeur, car
en dernière analyse, la question de la faisabilité
s'étudie non seulement du point de vue technique mais in fine du point
de vue de la rentabilité financière ainsi que des capitaux
mobilisables.
d) Variables autonome / sans impacts :
Dans ce groupe nous retrouvons la variable qui n'a pas
d'impact pour amplifier le MIF :
Les Tissus High Tech
e) Synthèse des leviers susceptible d'amplifier le
phénomène du Made In France par ordre décroissant de
sensibilité et croissant de motricité
Tableau 7 : Liste des leviers d'actions ou facteurs
favorables à l'amplification du MIF
CONCLUSION
GENERALE
Dans les précédentes parties, nous avons
cherché à mieux comprendre le phénomène du Made In
France, afin de répondre à la
question :« Prêt-à-porter Made In France :
Quels facteurs pourraient amplifier la dynamique de relocalisation
? ».
Après avoir resitué le contexte et sa dynamique,
nous avons examiné l'environnement, les mécanismes de l'offre et
de la demande. Puis, nous avons dressé une liste de leviers possibles,
notamment tirés par la demande, que nous avons empiriquement
comparés au leader de la fabrication et de la distribution de
prêt-à-porter.
En effet, ZARA a mis en place avec succès une
organisation que nous devions mieux comprendre, tant elle est capable de
produire la dernière mode au meilleur prix sur le modèle agile
J-15. Cette compréhension était d'autant plus nécessaire,
qu'elle le fait majoritairement dans un pays voisin (l'Espagne) ou à
proximité (Portugal, Maroc, ...), ce qui relativise l'argument des pays
à bas coûts de MO, et éclaire les similitudes avec le
MIF.
En nous inspirant de ce modèle nous avons
transposé et optimisé les leviers qui nous semblaient les plus
pertinents pour répondre à notre question (en particulier
l'agilité). Enfin nous avons confirmé nos hypothèses,
consolidées qualitativement auprès d'experts du secteur.
Cette enquête de terrain nous a par ailleurs permis
d'établir une cartographie hiérarchisée de chacun de ces
facteurs, de les regrouper et d'illustrer leurs interdépendances dans
une matrice inspirée de la prospective.
En synthèse, amplifier le phénomène de
relocalisation du prêt-à-porter Made In France semble à
portée de main et dépend principalement des moyens industriels
qui y seront consacrés.
Le noeud de l'enjeu pour relocaliser se situe dans
l'agilité, c'est-à-dire le juste à temps imposé par
le rythme de la mode (réactivité) et les petites séries
pour s'affranchir des ventes soldées et de maximiser les marges
(flexibilité). Une éventuelle fédération /
regroupement coopératif permettrait d'amplifier le mouvement et donner
plus de corps et de puissance afin d'améliorer les effets
d'échelle et d'expérience.
Ces deux Facteurs Clés de Succès (agilité
et fédération) sont composites. Ils dépendent de Facteurs
Clés de Succès Organisationnels. C'est-à-dire de
l'organisation de la Supply Chain (Circuits-courts, Intégration
verticale, Hyper automatisation,Ecoconception), mais aussi en particulier de la
mise en place de moyen de pilotage performant (Smart Industrie & SI).
Ce faisant, il nous semble possible d'enjamber les
barrières à l'entrée de ce marché mature hyper
concurrentiel, ou l'offre est surabondante et la demande volatile. En effet, le
« Time to Market », la communication, la valeur
perçue et le prix afin de répondre au mieux aux attentes des
consommateurs, pourraient être amplifiés en faveur du MIF.
D'autant plus que ces derniers manifestent une appétence de plus en plus
prononcée pour le Made in France et que nous semblons évoluer
d'une société du marketing de l'offre vers le marketing de la
demande.
GLOSSAIRE / LISTE
DES ACRONYMES, SIGLES ET ABREVIATIONS
AMF
|
Accord Multifibres
|
BAE
|
Barrière à l'entrée
|
BCG
|
Business Consulting Group
|
BFR
|
Besoin en Fonds de Roulement
|
BPI
|
Banque Publique d'Investissement
|
CAF
|
Coûts, Assurance, Fret
|
CAO
|
Conception Assistée par Ordinateur
|
CGET
|
Commissariat Général á l'Egalité de
Territoires
|
CICE
|
Crédit d'impôt pour la Compétitivité
et l'Emploi
|
CIR
|
Crédit d'Impôt Recherche
|
CPS
|
Cyber-Physique
|
CREDOC
|
Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions
de Vie
|
CRM
|
Customer Relationship Management
|
DAO
|
Dessin Assisté par Ordinateur
|
ERP
|
Enterprise Resource Planning (progiciel)
|
FAB
|
Franco A Bord
|
FCS
|
Facteurs Clés de Succès
|
FCSC
|
Facteurs Clés de Succès Composite
(Noeuds/pivots)
|
FCSO
|
Facteurs Clés de Succès Organisationnels
|
GATT
|
General Agreement on Tarifs and Trade
|
GIE
|
Groupement d'Intérêt Economique
|
GPAO
|
Gestion de la Production Assistée par Ordinateur
|
IBED
|
Indice de Bien-Etre Durable
|
IFOP
|
Institut Français d'Opinion Publique
|
INSEE
|
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
|
IoT
|
Internet des Objets
|
IPV
|
Indice de Progrès Véritable
|
ISO
|
International Organization for Standardisation
|
IT
|
Information Technology
|
ITF
|
International Transport Forum
|
J-15
|
Jour moins quinze
|
MES
|
ManufacturingExecution System
|
MIF
|
Made in France
|
MP
|
Matière Première
|
NSP
|
Ne Sais Pas
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economique
|
OFG
|
Origine France Garantie
|
OMC
|
Organisation Mondiale du Commerce
|
OPC
|
Open Platform Communication
|
PED
|
Pays En Développement
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
PLM
|
Product Lifecycle Management
|
PME
|
Petite et Moyenne entreprise
|
PRI
|
Prix de Revient Industriel
|
R&D
|
Recherche et Développement
|
RFID
|
Radio Frequency Identification
|
RMIT
|
Royal Melbourne Institute of Technology
|
RSE
|
Responsabilité Sociétale des Entreprises
|
SI
|
Système d'Information
|
TFUE
|
Traité sur le Fonctionnement de l'Union
Européenne
|
TTC
|
Toutes Taxes Comprises
|
TVA
|
Taxe sur Valeur Ajoutée
|
U 4.0
|
Usine 4.0 / Smart Industrie / Usine du futur
|
UE
|
Union Européenne
|
VAD
|
Vente À Distance
|
VPC
|
Vente Par Correspondance
|
WIP
|
Work In Progress
|
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* 1 Dominique
JACOMET, « Mode, Textile et Mondialisation »,
p.196-197
* 2Dalila
Messaoudi « Le territoire français à l'épreuve
de la délocalisation des activités industrielles : le cas du
secteurtextile-habillement », p.8
* 3 Dominique
Jacomet, « Mode, Textile et Mondialisation », p.75
* 4Dominique
JACOMET, « Mode, Textile et Mondialisation »,
Encadré 0.1 p4 + Cf. nomenclature
INSEE
Industrie textile, habillement, cuir et chaussure
* 5
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/07/11/arnaud-montebourg-des-paroles-pour-quels-actes_4455655_4355770.html,
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* 6
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* 7
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http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_295_sum_fr.pdf,
visitée le 07/11/2016
* 8
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/02/28/le-monde-de-l-industrie-n-anticipe-pas-assez-la-rarefaction-de-l-eau_1161622_3244.html,
visité le 07/11/2016
* 9
http://www.lantenne.com/Les-emissions-de-CO2-du-transport-de-fret-multipliees-par-4-d-ici-2050_a28243.html
, visité le 24/08/2016
* 10
http://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/logistique-transport-marchandises/impacts-environnementaux-transports-marchandises.php4,visité
le 24/08/2016
* 11 Les
politiques environnementale et climatique de l'Union européenne,
http://www.rpfrance.eu/les-politiques-environnementale-et
, visité le 24/08/2016
* 12 Jean
François Limantour, Rapport CEDITH, Octobre 2013, p.14
* 13
http://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-l-e-commerce-en-france-39381111.htm,
visitée le 07/11/2016
* 14
http://www.journaldunet.com/economie/face-a-face/zara-hm/organisation.shtml,
visitée le 08/11/2016
* 15 Sondage
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(31/01/2013)
* 16
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visitée le 20/12/2016
* 17
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visitée le 13/11/2016
* 18
http://agriculture.gouv.fr/consommation-manger-local-partout-en-france,
visitée le 10/11/2016
* 19 Dominique
Jacomet, « Mode, Textile et Mondialisation », p.68
* 20ACI
(Alliance Coopérative Internationale) - Manchester, 1995
* 21Bauby P. et
al. (2014) Le groupement d'intérêt économique. In :
« Management public ». Paris : DUNOD. p.54
* 22
http://www.textilestechniquesenfrance.com/tableau-de-bord-conjoncturel-decembre-2015.html,
visitée le 25/10/2016
* 23
http://www.smartsensing.fr/smart-sensing/,
visitée le 25/10/2016
* 24
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Source visitée le 29/10/2016
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