II- Sanctions de la violation des règles de forme :
La violation d'une règle de forme, et plus
précisément en l'absence d'offre régulière
n'entraine pas ipso facto la nullité de l'acte mais
généralement une amende a l'encontre du professionnel. En effet,
en vertu de l'article 187 alinéa 1er de la loi n°31-08 :
« Le prêteur qui omet de respecter les formalités
prescrites aux articles 77 à 83 et de prévoir un formulaire
détachable dans l'offre de crédit, en application de l'article
85, sera puni d'une amende de 6000 à 20.000 dirhams».
Cependant cette peine est trop faible pour être dissuasive. C'est
pourquoi, la loi prévoit une sanction civile qui, elle, est fortement
décourageante : le contrat de crédit dépourvu des mentions
obligatoire déchoit le professionnel de son droit aux
intérêts15.
C'est ainsi que le professionnel qui enfreint les conditions
concernant l'offre préalable est déchu du droit aux
intérêts et l'emprunteur n'est tenu qu'au seul remboursement du
capital selon l'échéancier prévu. Il s'agit d'une sanction
appropriée qui « n'est pas la nullité de droit même
relative », mais la conversion par réduction16.
Cependant la seule inscription des mentions sur l'acte
écrit n'est pas suffisante pour protéger intégralement le
consentement du consommateur, en effet reste à savoir si ce dernier a eu
le temps de les lire et analyser. C'est pourquoi le législateur
consumériste a prévu un autre aspect à l'offre
préalable, il s'agit de son rôle temporel.
Sous-section deuxième : le
rôle temporel de l'offre préalable
Bien qu'en possession de toutes les données objectives
liées à l'opération de crédit, le
législateur a fait le constat que le consommateur débutant se
laissait généralement séduire par un professionnel qui,
c'est d'ailleurs tout l'art de sa profession, sait admirablement se montrer
convainquant.
Informer correctement le consommateur sur ses droits comme sur
l'objet du contrat qu'il envisage de conclure, ne suffit pas pour qu'il donne
un consentement intègre.17 En effet, un amas d'informations
sans suite, n'a aucun intérêt pour un consommateur qui normalement
a une capacité d'absorption limitée. C'est pourquoi, le
législateur s'est tourné vers le facteur temporel donnant ainsi
au dit consommateur, non pas l'assistance d'un conseiller mais celui du temps.
Le temps apparait donc comme un facteur de protection.
C'est ainsi que le banquier est obligé à
maintenir les conditions citées dans l'offre et ce pour une durée
de sept jours au moins à compter de son émissions18,
laissant donc au consommateur un temps de réflexion où il peut
utilement s'interroger, sur l'opportunité de l'opération
projetée et éventuellement mettre en concurrence plusieurs
prêteurs pour
15 Article 89 : « Le
prêteur qui accorde un crédit sans saisir l'emprunteur d'une offre
préalable satisfaisant aux conditions fixées par les articles 77
à 83 est déchu du droit aux intérêts et l'emprunteur
n'est tenu qu'au seul remboursement du capital suivant
l'échéancier prévu. Les sommes perçues au titre des
intérêts, qui sont productives d'intérêts au taux
légal à compter du jour de leur versement, seront
restituées par le prêteur ou imputées sur le capital
restant dû. »
16 Malaurie Ph et Aynes, L., Droit civil;
5e édition
17 Rzepecki N., Droit de la consommation et
théorie générale du contrat. Les éditions PUAM.
18 Article 77 de la loi n°31-08
: « [É]La remise de l'offre préalable oblige le
prêteur à maintenir les conditions qu'elle indique pendant une
durée minimum de sept jours à compter de sa remise à
l'emprunteur. »
déterminer le contrat le plus avantageux pour lui. De
plus, ce temps de réflexion n'a pas pour seul rôle de
pondérer l'enthousiasme instantané du consommateur il est
également le moyen pour ce dernier de prendre connaissance des
informations qui lui auront préalablement été transmises
par le professionnel.
Par ailleurs, dans le cas ou le professionnel n'accorde pas ce
délai de réflexion au consommateur il encourt les peines
citées précédemment pat les articles 89 et 187 de la loi
n° 31-08.
En outre, et vu que la temps de réflexion ne fait pas
par lui-même obstacle à une acceptation
inconsidérée, le législateur a prévu dans son
article 85 un délai où le consommateur peut repentir après
avoir accepté l'offre.19
En effet, et dans un délai de sept jours, le
consommateur peut revenir sur son engagement préconsentis, donnant une
deuxième chance au consommateur impatient d'être en possession du
bien convoité de réfléchir une dernière fois sur
l'étendue de son engagement.
Cependant, Pour permettre l'exercice d'e la faculté de
rétractation, un formulaire détachable devra être joint
à l'offre préalable. La remise de ce formulaire détachable
est obligatoire pour le professionnel sous peine d'amende20.
Ajoutons que l'absence de formulaire permet au consommateur de demander la
nullité du contrat.
Le législateur marocain a prévu par la suite
dans son article 85 alinéa 4 que: «L'emprunteur est tenu, en cas de
rétractation, de déposer le formulaire contre
récépissé comportant le cachet et la signature du
prêteur».
Chapitre deuxième : Les
obligations, les responsabilités et les incidents liés à
l'exécution du contrat
Comme tout engagement librement consenti, la formation du
contrat de crédit produit des effets a plusieurs niveaux, notamment la
responsabilité contractuelle des parties qui peut être
engagée en cas de mauvaise exécution ou d'inexécution
totale ou partielle des obligations nées du dit contrat.
C'est dans cette optique que la responsabilité du
banquier commence là où cesse l'exercice normal de son
activité qui est principalement financière, et peut donc engager
sa responsabilité à l'occasion de l'accomplissement de telle ou
telle opération de crédit, peu importe les
spécificités propre de chaque opération et peut importe la
technique de financement usitée. Ce concours financier se traduit par la
formation d'un contrat de prêt qui requiert un formalisme faisant de lui
un contrat consensuel qui se forme par l'acceptation d'une offre ; ce qui n'est
pas sans conséquence sur les obligations qui en découlent tant
pour le banquier que pour l'emprunteur.
19 Article 85 de la loi
n°31-08 : « [...] Toutefois, l'emprunteur peut, dans un délai
de sept jours à compter de son acceptation de l'offre, revenir sur son
engagement [...] »
20 Article 187 de la loi n°31-08
: « Le prêteur qui omet de respecter les formalités
prescrites aux articles 77 à 83 et de prévoir un formulaire
détachable dans l'offre de crédit, en application de l'article
85, sera puni d'une amende de 6000 à 20.000 DH... »
Nous allons donc essayer d'exposer quelques obligations et
responsabilités découlant de la formation du contrat de
crédit (section 1) pour ensuite nous retourner vers les incidents
pouvant découler de la mauvaise exécution de celui-ci (section
2).
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