Chapitre 9 :
Interprétation des résultats issus des
données analysées
La perception de la pauvreté
Une enquête consistant à évaluer la
pauvreté par une méthodologie qualitative et participative a
été conduite en novembre 2015 dans quelques villages du pays. Il
ressort de l'analyse des données recueillies auprès des
58ménages interrogés que la pauvreté était
perçue à travers plusieurs dimensions ou plutôt qu'elle se
manifestait à travers les formes suivantes : dépendance,
marginalisation, rareté, restriction des droits et des libertés
et incapacité à prendre des décisions. La perception de la
pauvreté n'est cependant pas uniforme. C'est un phénomène
perçu différemment en fonction du lieu, de la période, de
la catégorie sociale et/ou de la position sociale occupée (Oduro
et Aryee, 2003). Mais, comme le montre le tableau 15, quelque soit le groupe,
la pauvreté, renvoie essentiellement à un état de manque.
(Cf. tableau 15)
Dans cet état de manque, trois ressources sont
communément citées : les ressources alimentaires, les ressources
financières et les biens matériels main d'oeuvre à travers
le nombre d'enfants, et les animaux. Cette perception de la pauvreté
cadre avec les définitions institutionnelles qui la perçoivent
sous l'angle de manque et/ou d'indisponibilité de ressources
indispensables pour satisfaire les besoins essentiels ; c'est à dire,
une situation dans laquelle la majorité de la population vit avec un bas
niveau de revenus ne permettant pas de satisfaire leurs besoins.
On perçoit à travers la perception de la
pauvreté des populations que la pauvreté à Soubré
est un phénomène multidimensionnel, illustré par la
diversité des termes utilisés dans le vocabulaire local pour
caractériser les différents états de manque.
Selon les ménages, les causesvont au-delà du
manque d'argent: elles se manifestent également à travers
différentes formes de privation et de marginalisation souvent
ancrées au niveau local.
L'accès aux ressources foncières, le
vieillissement des plantations, le niveau de revenu des paysans, sont
identifiés par ces derniers comme étant les causes de la
pauvreté.
L'étude a montré que la pauvreté a un
caractère multidimensionnel, qui crée des privations aussi bien
au niveau social qu'économique.
Au niveau social, les populations n'ont pas aux services de
base tels que l'eau potable, l'électricité, l'école et
l'électricité. Plus de 80% de la population n'ont accès
aux services sociaux de base. (Cf. tableau 12)
Au plan économique, les populations ont un revenu qui
ne leur permetpas d'assurer les dépenses du
ménage(Voirtableau13).L'éducation constitue également un
autre secteur dont l'état renseigne sur la pauvreté dans cette
localité. Plus de 70% des chefs de ménages n'ont aucune
instruction (voir graphique).Le faible accès aux services de base,
l'exclusion sociale, la faiblesse du capital humain, l'accès difficile
à la terre, sont autant de facteurs qui agissent simultanément
sur certaines catégories sociales et contribuent ainsi à les
maintenir dans ou à les tirer vers une situation de pauvreté.
Enfin l'absence d'infrastructures pour faciliter la
circulation ou le stockage des produits agricoles, introduit des distorsions
énormes dans les mécanismes du marché et contribuent par
conséquent à renforcer la vulnérabilité et la
pauvreté des petits producteurs. Tous ces facteurs interagissent pour
confiner les populations dans un cercle vicieux de la pauvreté que l'on
pourrait schématiser comme suit :
Pauvreté
Faible accès
Manque
aux services de base
de ressources
Faible capacité
d'investissement
Implication des résultats
L'étude ayant mis en évidence les conditions de
vie précaires chez les communautés vivant dans les zones
cacaoyères en général, elle fera des recommandations afin
de résoudre de manière durable le problème de
pauvreté.Ces recommandations sont de deux(02) ordres.
Actions à court terme
Ø Mettre en place des programmes d'alphabétisation
pour les personnes adultes afin de faire reculer le niveau
d'analphabétisme ;
Ø Ouvrir des centres de formation aux métiers
ruraux pour jeunes déscolarisés ;
Ø Sensibiliser les populations pour la scolarisation aussi
bien des jeunes garçons que des filles ;
Ø Sensibiliser les populations aux cultures
vivrières ;
Actions à moyen et long terme
Ø Améliorer l'accès des populations aux
services sociaux de base par la construction d'infrastructures
appropriées (écoles primaires et secondaires, hôpitaux et
routes) ;
Ø Encourager l'amélioration des revenus par une
politique de diversification des cultures ;
Ø Intensifier la production vivrière ;
Ø Améliorer le système de
commercialisation des produits vivriers ;
Ø Renforcer la politique semencière permettant
d'approvisionner les zones de production en semences améliorées
;
Ø Assurer l'entretien des pompes des villages et
augmenter la couverture nationale d'adduction d'eau ;
Ø Augmenter la couverture nationale
d'électrification des villages producteurs de cacao;
Ø Définir et mettre en oeuvre des
stratégies de réduction de la pauvreté en milieu rural
d'une manière général : diversification agricole,
financement de la recherche d'innovations en matière
d'itinéraires techniques, recherche de financement, commercialisation
agricole, développement des métiers ruraux, etc.
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