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La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale

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par Willy MUKADI SABUE
Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016
  

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III.2.2. Le nombrilisme politique comme blocage au processus d'intégration

Engagés depuis les premières heures des indépendances africaines dans le processus d'intégration régionale afin de confirmer leur identité économique et politique commune, les pays centrafricains sont toujours restés attachés au nombrilisme politique, c'est-à-dire à l'égoïsme ou à l'égocentrisme politique. Cette attitude a été souvent à la base du blocage du processus d'intégration régionale dans lequel ils se sont engagés.

Cela se justifie du fait qu'en dehors des contraintes régionales auxquelles ils doivent faire face dans leur synergie, il y a des contraintes d'ordre national liées à la gouvernance politique, au social de leurs populations respectives et à l'intérêt national. Face à une situation pareille les dirigeants africains accordent beaucoup d'importance à leurs intérêts égoïstes, surtout qu'ils sont presque tous dictateurs et autocrates. Ils perdent beaucoup de temps à consolider leurs caisses de résonnance politique afin de mater leurs populations et ainsi s'éterniser au pouvoir. Cet état de chose les conduit souvent à négliger le fait régional, et l'intérêt national pour la prospérité de leurs nations, et adopter des stratégies purement égocentristes pour se chercher des parrains politiques internationaux.

Face aux Etat avec lesquels ils sont dans la région ou dans l'organisation, ils adoptent une attitude d'hostilité car ils se considèrent tous comme ennemis les uns des autres. C'est le cas de la situation actuelle entre Rwanda et le Burundi. En effet, le Burundi accuse le Rwanda d'avoir logé et de former les rebelles burundais sur son territoire afin de les larguer au Burundi pour renverser le régime de Nkurunzinza. Ces mêmes accusations sont portées même contre la RDC. Or ces Etats sont tous membres de la CEPGL. Donc nous vivons les velléités de la fameuse expression `'l'homme est un loup pour l'homme'', au même moment qu'ils ont dû renoncer à ces égards pour penser l'intégration de la sous région.

III. 2.3. Les avantages de l'intégration et les limites du souverainisme

Les Etats, dans la quête de leur prospérité mettent sur pied des mécanismes susceptibles à cette fin et adoptent des options multiples pouvant leur faciliter cette tâche. En Afrique centrale, tous les Etats sont souverains, mais tous engagés dans la recherche du bonheur national, cela par le biais du processus d'intégration régional ou sous régional. Pour justifier ce choix du régionalisme au détriment de leurs souverainetés respectives, ces Etats ont compris les opportunités qu'offrent les processus d'intégration face aux limites de leurs souverainetés singulières.

En effet, l'intégration présente des multiples opportunités pour ceux qui s'y engagent. Face à la montée vertigineuse du processus de mondialisation et les mutations opérées dans les relations économiques internationales marquées par l'entrée en danse d'autres acteurs plus compétitifs que les Etats, les africains ont compris que pris isolément, ils ne peuvent pas s'inscrire dans cette dynamique. Dans cette perspective, l'intégration régionale ou sous régionale s'avère comme un moyen pour l'Afrique de bénéficier des opportunités de la mondialisation économique, politique et culturelle en cours et de faire face aux phénomènes de replis identitaires qui se développent dans différentes zones suite, en partie du moins, à l'accélération des dynamiques économiques, et culturelles transnationales. C'est alors que les Etats africains, à travers leurs leaders ont pris conscience sur la nécessité de construire des blocs régionaux et sous régionaux capables d'aider à répondre à un double défi : faire face à la marginalisation économique et politique, mais aussi resserrer les liens entre eux pour prendre en charge les besoins des populations qu'un Etats-seul ne peut faire.

En plus, l'intégration permet d'améliorer la stabilité politique entre pays voisin et à stimuler le développement économique dans une région. Sur des marchés très vastes et largement harmonisés, la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes permet des économies d'échelle et stimule les échanges et investissement. Ainsi, l'intégration économique régionale entre pays en développement est un vecteur de croissance économique et peut contribuer à la réduction de la pauvreté.

La motivation principale sous-jacente de toute intégration régionale ou sous régionale provient de la conviction que l'union fait la force dans un monde globalisé où les équilibres entre les principaux acteurs mondiaux reposent sur des éléments de rapport de puissance.

Quant aux limites du souverainisme, il faut voir d'abord la réduction du cadre d'action à un territoire national, jaloux et orgueilleux de son absolutisme sur ses sujets et son égalité à l'égard d'autres Etats. En effet, la souveraineté qui se comprend comme un pouvoir absolu d'être suprême à tous les autres et de n'être soumis à quelque injonction que ce soit n'a besoin d'être concurrente avec une autre. La souveraineté limite son titulaire à vivre dans un vase clos. La souveraineté implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et son indépendance internationale dans la limite de ses engagements internationaux. Seulement, les Etats d'Afrique centrale ont du mal à respecter leurs engagements internationaux, encore moins leurs engagements communautaires dans le cadre de l'intégration. La sacralisation de la souveraineté contribue au développement de l'égoïsme national sur l'esprit communautaire, qui est très indispensable à la mise en oeuvre des programmes et projets communs de manière harmonisée entre les regroupements d'intégration dans la région.

Le fait de sacraliser la souveraineté et le primat de l'intérêt national sur l'intérêt régional obère le processus d'intégration. En effet, les frontières contribuent à ce que chaque Etat se perçoive comme un tout distinct des autres Etats.70(*) En Afrique centrale, les chefs d'Etat se considèrent comme des `'princes'' à l'intérieur de leurs frontières. Ils sont jaloux de leur souveraineté. Ce comportement est incompatible avec toute éventuelle politique de fusion des volontés nationales qui donnerait davantage de pouvoir aux autorités fonctionnelles et limiterait celui des Etats. En Afrique centrale l'Etat reste l'intelligence personnifiée de la collectivité, il reste omniprésent, et n'est point contourné, encore moins remplacé par des autorités fonctionnelles.

* 7071 MOREAU (F-D), Introduction à la géopolitique, Ed. du seul, paris,2005, p.33

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