La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale( Télécharger le fichier original )par Willy MUKADI SABUE Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016 |
I.3.4. La souveraineté en Afrique centrale : prémices des conflits interétatiquesDans l'analyse des relations internationales et leur dynamisme qui met l'accent sur les relations qu'entretiennent les Etats, les rapports régissant les Etats sont harmonisés par des garde-fous qui sont en l'image des principes internationaux. Ces principes sont désormais consacrés dans les instruments juridiques et de coopération internationaux, qu'ils soient universels, régionaux et sous régionaux. C'est notamment le principe du respect de la souveraineté des Etats, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, l'intangibilité des frontières nationales, la coopération mutuelle, le règlement pacifique des différends, j'en passe les meilleurs. Parce qu'il s'agit du principe de respect de la souveraineté de l'Etat, celui-ci s'accompagne toujours et exclusivement de l'intangibilité des frontières nationales et de l'intégrité territoriale. Cette combinaison de ces trois principes d'or affirmant la souveraineté internationale fonde même la puissance d'un Etat et sa stabilité interne. Cependant, le fait que les Etats africains actuels ne sont pas une issue de la réalité originale ou historique de l'organisation politique traditionnelle en Afrique, les frontières héritées du tracé colonial sont aujourd'hui la cause principale qui plonge le continent africain en général, et la région de l'Afrique Centrale en particulier dans une dynamique des conflits qui dépasse même la compréhension humaine. Le brassage de plusieurs ethnies qui dans l'histoire formaient des macro-nations, sur un même territoire impose cette réalité qui oblige aujourd'hui tous les pays africains à abandonner toutes leurs souverainetés au profit du régionalisme. Depuis les années 1963 qui correspondent à la création de l'OUA, le continent africain a déjà enregistré plus d'une trentaine de conflits interétatiques et plusieurs conflits intra étatiques, opposant souvent des ethnies sur la cohabitation sur un même espace géographique leur imposé par le colonialisme. Le rêve inassouvi de l'unité africaine se heurte malheureusement à la pesanteur d'un espace éclaté dont l'histoire remonte, pour l'essentiel, au XIXème siècle lors du partage colonial qui a façonné la configuration des frontières des Etats actuels. Les crises actuelles montrent avec évidence que les populations vivent mal à l'intérieur des frontières des Etats-nations et posent avec acuité la gestion de cet héritage colonial qui a fixé des frontières aussi bien artificielles qu'arbitraires. Ces crises touchent aussi bien les grands Etats comme la RDC, l'Angola, le Nigéria, le Mali, que les petits Etats comme le Rwanda, le Burundi, la Sierra Leone, le Sénégal, la Guinée Bissau, ou bien d'autres. Paradoxalement, ces crises reflètent avant tout les conflits internes qui ont des répercussions sur le plan externe et reposent indirectement le problème de la redéfinition des frontières sinon d'un nouvel espace territorial, économique et culturel susceptible de consolider la paix et la sécurité des populations.35(*) Cela dépasse largement le problème des frontières dont l'histoire doit être replacée dans la longue durée si l'on veut appréhender les défis de l'intégration régionale et de l'unité du continent. Cependant, les africains ne doivent pas brandir leur souveraineté comme blocage de leur émergence commune. Car dans le vrai sens du concept souveraineté, elle est la capacité de faire, faire faire et interdire de faire à autrui. Leurs souverainetés sont encore classables dans la catégorie des souverainetés déchues, dépourvues de la capacité de défense et de sécurité (Etat gendarme), de la gouvernance des territoires, des populations, des ressources naturelles (Etat manager), et de penser le futur étant donné que « gouverner, c'est prévoir », « prévoir, c'est savoir » (Etat savant).36(*) Autrement dit, le Pari sur la souveraineté nationale a été, à quelques exceptions près, perdu et car il n'existe en Afrique d'Etat gendarme, manager et savant. * 35BOUBACAR B., « Histoire et perception des frontières en aux XIXème et XXème siècles : les problèmes de l'intégration Africaine » In Des frontières en Afrique du XIIème et XXème, UNESCO, Bamako, 1999, pp 55-56. * 36MWAYILA T. L'Afrique face aux défis des futurs, Harmattan, Paris, 2013, p. 8. |
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