Sommaire
Remerciements 2
Dédicace 3
Résumé
6
Introduction générale 9
CHAPITRE I:
Méthodologie et cadrage
théorique 13
I- Positionnement du problème de
rechèrche 14
1- Objectif 14
2- Problématique 15
3- Hypothèse(s) 16
4- Motif du choix 16
5- Méthodologie 17
6-
Corpus.............................................................................................................................17
6.1-Présentation du
corpus...........................................................................................18
6.2- Conditions de recueil des
données.......................................................................18
6.3-Transcription du
corpus.........................................................................................19
6.4- Conventions de
transcription...............................................................................20
II- Cadrage théorique
22
1- La situation sociolinguistique en
Algérie 22
2- Evolution de l'arabe dialectal 24
III- Définitions de notions et
concepts 25
1- Le contact des langues 25
2- Le bilinguisme 26
3- L'alternance codique 27
4- L'emprunt 29
5- Le code mixing et le métissage
linguistique 29
6- Le lexique 30
7- La créativité lexicale ou le
néologisme 30
IV- L'usage des langues dans la
télévision en Algérie 31
1- Définition des médias
31
2- Aperçu sur l'évolution de la
télévision algérienne 32
3- L'arabe dialectal dans l'espace
médiatique 33
CHAPITRE II:
Analyse du corpus 34
I- Procédés creatifs
lexicaux 35
1-L'affixation 35
2- La simplification 36
3- Les changements sémantiques 37
II- Prcocédés créatifs
morphosyntaxiques 38
1- Conjugaison des verbes 38
2- La négation 39
3- Le genre 39
4- Le pluriel 39
CHAPITRE III:
Résultats et conclusion
40
I- Particularité de l'emprunt
algérianisé 41
II- Vérification de
l'hypothèse 42
Conclusion générale 47
Bibliographie..........................................................................................................................49
Sitographie..............................................................................................................................52
Remerciements
Je tiens à exprimer mes remerciements les plus vifs
à ma directrice de rechèrche la professeure TEMIM Dalida pour ses
inestimables conseils, sa précieuse assistance et sa patience à
mon égard.
Mes chaleureux remerciements vont également aux
membres du jury qui ont accepté de lire et d'évaluer mon travail,
ainsi que de participer à cette soutenance.
En définitive, je témoigne de ma profonde
reconnaissance et ma gratitude à mon responsable de master, le docteur
BAHLOUL Noureddine ainsi qu'à tous mes enseignants, qui depuis tant
d'années m'encouragent et dont le soutien m'a permis d'aller
jusqu'à la fin de mes études.
Dédicace
Je dédie ce modeste travail :
A la mémoire de mes grands parents : Tayeb et
Lyamna (Zeghouda)
A mes parents, à qui, je souhaite une heureuse et
longue vie.
A ma petite famille, ma femme et mes enfants
A tous mes collègues les étudiants et les
étudiantes
Résumé
L'Algérie connait un plurilinguisme de fait qui
ne cesse de marquer les usages quotidiens de tous les algériens. Le
plurilinguisme en question se traduit par la coexistence de l'arabe standard,
l'arabe dialectal, le berbère et le français1(*). Les pratiques linguistiques
médiatiques manifestent une prise en charge de cette diversité
linguistique et culturelle. I. Chachou2(*) soutient qu'« Aujourd'hui,
l'environnement médiatique est moins cloisonné sur le plan
linguistique où on y constate une diversité dans les
usage ». En effet, les chaines de télévisions, en
particulier, s'avèrent être un lieu de liberté
langagière et d'innovation linguistique et trouvent leur source dans le
discours social. A cet effet, nous pouvons avancer que les chaines de
télévision ont participé plus ou moins activement à
la diffusion et la promotion de l'arabe dialectal dans toutes ses
variétés. Ainsi, ce parler retrouve sa capacité de
création et se transforme en une norme endogène dont les
principales caractéristiques sont la mixité et l'hybridité
linguistique, qui se manifestent à travers l'appropriation et
l'adaptation du français à un contexte local. C'est à ce
phénomène de métissage dans les productions linguistiques
que nous nous intéresserons dans le présent mémoire.
Mots clés: Plurilinguisme,
arabe dialectal, médiatique,
innovation linguistique, discours social, norme endogène,
mixité et hybridité linguistique.
Summary Algeria knows a de facto
multilingualism which does not stop marking the daily uses of all the Algerian.
The multilingualism in question is translated by the coexistence of standard
Arabic, dialectal Arabic, Berber and French. The media linguistic practices
show a coverage (care) of this linguistic and cultural diversity. Chachou
supports that " today, the media environment is less divided up on the
linguistic plan where we notice a diversity in the uses(practices) there. ".
Indeed, television channels, in particular, turn out to be a place of
linguistic freedom and linguistic innovation and find their source (spring) in
the social speech. For that purpose, we can move forward that television
channels participated more or less actively distribution (Broadcasting) and the
promotion of dialectal Arabic in all its varieties. So, to speak it finds its
capacity of creation and is transformed into an endogenous standard the main
characteristics of which are the coeducation(mixing) and the linguistic
hybridity, which show themselves through the appropriation and the adaptation
of French to a local context. It is in this phenomenon of interbreeding in the
linguitiques productions that we shall be interested in the present report.
Keywords: multilingualism, dialectal,
media Arabic, linguistic innovation, social speech, endogenous standard,
coeducation (mixing) and linguistic hybridity.
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Introduction générale
Soucieux d'éclairer les faits linguistiques
émergeants et impliquant des situations de contact et de brassage
socio-langagiers, plusieurs chercheurs ont tenté de comprendre, d'une
part, les relations qu'entretiennent les médias et les langues en
présence. D'autre part, de répertorier celles dont l'usage y est
récurrent3(*). Dans
le contexte algérien, nous pouvons citer Ibtissem Chachou (2011 : 160),
qui sous le titre de « Langues et communication médiatique en
Algérie », consacre une partie entière de sa thèse
à la question des langues dans le paysage médiatique
algérien. Dans cette partie, l'auteure a répertorié toutes
les langues en usage dans l'espace médiatique algérien en trois
catégories: La langue française, les langues algériennes
(arabe dialectal et le berbère) et l'arabe institutionnel.
Pour ce qui nous concerne, nous constatons d'une part que les
chaines de télévision sont des lieux de circulation de plus d'une
langue. Nous pouvons donc avancer qu'il s'agit d'une situation bilingue dans la
mesure où les participants alternent, très souvent, l'arabe
dialectal et le français. D'autre part nous constatons qu'avec
l'émergence de l'espace audiovisuel, l'arabe dialectal gagne du terrain
dans les chaines télévisées. Ainsi, de nombreuses
émissions de variété sont diffusées dans ce parler.
Certaines chaines proposent même des journaux d'information en arabe
dialectal, c'est le cas par exemple d'El Djazairia.
L'arabe dialectal ou la Derja est, comme le souligne
A.Arezki, (2008 : 23), la langue parlée de la majorité des
natifs algériens. Les nombreux accents qu'il génère ne
constituent aucun obstacle à la communication et demeurent largement
compréhensibles par la plupart des interlocuteurs. Ainsi, il s'impose en
tant que première langue véhiculaire en Algérie, charriant
toute une culture populaire. Il convient de mentionner que parmi les
langues présentes, il est le plus révélateur sur
l'identité du locuteur algérien. Le célèbre
humoriste et comédien Mohamed Fellag décrit l'arabe dialectal
comme étant sa langue qu'il « ... parle naturellement, et
elle est comprise naturellement, parce que le public est comme moi, que ce soit
au marché, dans la rue, dans le bus ou dans les milieux scientifiques,
les gens parlent comme ça ! [...] Je ne suis pas linguiste, mais je
pense que c'est comme ça que les langues sont faites, en se
mélangeant à d'autres langues4(*)».
Néanmoins, ce parler est fortement
dévalorisé au plan officiel et inapte à véhiculer
les sciences et à être enseigné à l'école. Il
est souvent perçu comme langue stigmatisée qui n'est pas
pure, truffée de mots étrangers venant de différentes
langues et ne possède pas de grammaire fixe5(*). Dans l'un de ses discours lors
d'une visite à travers les wilayas de l'est du pays, le président
Abdelaziz Bouteflika déclare:« Je ne parviens pas à
déterminer quelle langue parlent les Algériens. Ce n'est ni de
l'arabe, ni du français ni même de l'amazigh [...] ce n'est qu'un
mauvais mélange, des propos hybrides que l'on comprend à peine.
Prenons l'exemple le terme mayixistiche (cela n'existe pas), qui ne peut
être compris que par l'Algérien du
XX1e siècle5(*) ».
Le contact de l'arabe dialectal avec les langues qui
coexistent en Algérie, notamment le français, a engendré
plusieurs cas d'hybridité6(*). Procédé très présent dans
les pratiques des locuteurs algériens qui, en mixant différents
traits linguistiques propres à ces deux langues, font preuve d'une
grande capacité de créativité lexicale. Cette
créativité, ou néologie, se distingue entre autres par le
recours à un emprunt très particulier, désormais
« emprunt algérianisé »7(*), qui aboutit à la
production de mots composites dont les radicaux appartiennent à la
langue française alors que les préfixes et les suffixes sont en
arabe dialectal. Les termes crées sont tout de suite
intégrés dans la morphologie lexicale du système de
l'arabe dialectal et ne sont plus ressentis et considérés comme
mots étrangers au point où les locuteurs n'ont plus la conscience
d'utiliser un mot français.
Nous avons structuré notre travail en trois
chapitres.
Le premier chapitre sera réservé à la
méthode de travail et au cadrage théorique. Nous y
décrirons, dans un premier temps, la situation sociolinguistique en
Algérie, tout en mettant l'accent sur l'arabe dialectal et les facteurs
qui ont favorisé son émancipation. Par la suite, nous y
exposerons les notions et les concepts de base qui serviront d'outils dans
notre analyse. Nous donnerons également dans ce chapitre, un
aperçu du paysage audiovisuel algérien et les langues qui y sont
en usage. Il convient de noter que les médias seront abordés dans
cette étude en tant que moyens contribuant à la vulgarisation et
l'innovation de l'arabe dialectal, et non en tant que facteur ou fonction
conversationnelle influençant les comportements langagiers des sujets
parlants. I. CHACHOU, (2011: 11), considère que: « les
médias, jouissant d'une puissance de diffusion qui va crescendo et d'une
autorité à dire le monde [...] et à l'interpréter,
ils contribuent fortement à l'évolution des langues et à
leur dynamique »8(*). Nous terminerons ce chapitre par la
présentation de notre corpus, les circonstances du recueil des
données ainsi que les conventions de transcription utilisées.
Le deuxième chapitre, pratique, sera consacré
à l'étude des procédés de création lexicale
et à l'analyse des structures morphosyntaxiques dans l'arabe dialectal.
Cette étude sera illustrée par des lexies néologiques et
des énoncés extraits de leurs contextes discursifs
émanant de notre corpus. Elle portera sur des processus qui se
résument principalement en : L'affixation préfixale et
suffixale, la mutation sémantique, détournement de sens, et en
fin de la simplification. Il s'agit d'abandonner certains phonèmes ou
les remplacer par d'autres plus simples, processus que nous analyserons en nous
basant sur le modèle insertionnel de Carol. Myers-Scotton: the Matrix
Language Frame que nous expliquerons par la suite.
Le troisième chapitre, récapitulatif, sera
consacré à l'analyse des résultats obtenus, à les
mettre en relation avec la problématique et à voir si les
interrogations posées au début de la recherche ont pu avoir des
éléments réponses.
CHAPITRE I
Méthodologie et
cadrage théorique
Nous proposerons dans ce qui suit d'expliciter notre objectif
de recherche ainsi que la problématique qui a motivé la
réalisation de ce mémoire
I- Positionnement du
problème de recherche
1- Objectif
Les sociolinguistes ont démontré que tout
groupe, se construisant comme tel, vise à produire et à valoriser
ses traits linguistiques emblématiques, aboutissant à une
variété de langue et parfois à long terme à une
langue spécifique9(*). L'arabe dialectal n'échappe pas à
cette dynamique de construction, et subit des transformations dont les
principales caractéristiques sont le métissage linguistique et
l'hybridité néologique. Ces mutations se manifestent à
travers l'acclimatation10(*) du français aux règles du code de
l'arabe dialectal. Il prend ainsi des formes et des couleurs en vu de
répondre à un besoin langagier de contexte local. A cet
égard M. BENRABAH, (1999: 177) souligne: « La
créativité linguistique qui caractérise le locuteur natif
[...], dictée par des besoins immédiats de communication, produit
une situation de convivialité et de tolérance entre les langues
en présence...».
Dans ce modeste travail, qui s'inscrit dans une perspective
descriptive et qualitative, nous nous intéressons aux
procédés créatifs lexicaux et morphosyntaxiques dans
l'arabe dialectal. Autrement dit, nous nous focalisons sur le processus que
suivent les locuteurs pour produire des termes et des expressions, dont la
forme la plus saillante, est l'emprunt de traits linguistiques. Il ne s'agit
pas ici d'un emprunt dû à un besoin qui conduit une langue
à prendre un trait ou une unité lexicale dans une deuxième
langue, tel que défini par Dubois et Al. Ces auteurs affirment qu'il y a
emprunt linguistique « quand un parler A utilise et finit par
intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait
précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne
possédait pas; l'unité ou le trait empruntés sont
eux-mêmes qualifiés d `emprunts»11(*). En outre, l'emprunt
algérianisé se manifeste inversement. Il se distingue par l'ajout
des traits linguistique de l'arabe dialectal comme les (désinences, les
flexions, les pronoms personnels, les déterminants, les
éléments de négation...), malgré l'existence de
traits équivalents, aux radicaux (des verbes, des noms, des adverbes,
des adjectifs...) français. Citons, à titre d'exemple: le verbe
votina (nous avons voté), le nom
lcachiet (les cachets), l'adverbe
belbien (aisément). En d'autres termes, c'est
l'arabe dialectal qui emprunte à la langue française ses traits
linguistiques pour la production de nouveaux termes en arabe dialectal, pour
les adopter par la suite. Nous envisageons dans le cadre de notre étude
de comprendre les procédés de construction de ces
catégories ou classes de mots et dégager les raisons qui
amènent les participants à pratiquer ce
« transcodage »12(*) au cours des émissions d'Echaab
yourid d'Echourouk TV et de Sarih jidan d'Ennahar TV.
2- Motif du
choix
Deux raisons ont motivé notre choix:
D'une part, la question des langues en Algérie qui est
toujours d'actualité. D'autre part le contexte médiatique qui a
permis à notre corpus de se matérialiser. Le corpus soumis
à l'analyse se réfère à deux émissions de
télévision. Il s'agit de l'émission Echaab yourid
(ce que veut le peuple) émise par la chaine Echourouk TV et de
l'émission Sarih jidan (en toute franchise) émise par la
chaine Ennahar TV. Ces chaines sont arabophones, toutefois, elles
tolèrent l'utilisation d'autres langues entre autres le français
mixé à l'arabe dialectal. Cependant, l'arabe standard
censé animer ces émissions est peu présent.
3-Problématique
De nombreuses problématiques ont été
étudiées afin d'éclairer la situation sociolinguistique
algérienne13(*). La plupart de ces problématiques ont
porté un regard sur les différentes marques transcodiques
existant dans les usages quotidiens des locuteurs algériens. Parmi ces
marques, il y a lieu de relever le métissage linguistique. Ce dernier
constitue un intérêt certain pour tout chercheur qui
s'intéresse à l'étude de l'hybridation lexicale. Celle-ci
résulte- dans le cas qui nous concerne- d'un processus d'alternance
continu entre arabe dialectal et français parlé. Ce processus
d'alternance est caractérisé par la production de termes
composites où prédomine le phénomène d'emprunt
algérianisé. A cet égard, CHRISTIAN Baylon
(1991 :122), soutient : « dans certaines conditions, la
société peut être un lieu de création, de naissance
d'une langue et de sa structuration : c'est le cas de ce que l'on a
coutume d'appeler des langues mixtes, des langues naturelles empruntant
certains traits à une langue et certains traits à
d'autres ». Le questionnement qui fonde notre recherche est de
mesurer les conséquences de la créativité lexicale,
ci-dessus décrite, sur les pratiques langagières actuelles.
Autrement dit, tenter de comprendre si ce phénomène de transfert
de trait d'une langue à l'autre : ici arabe dialectal vers le
français et inversement, répond nécessairement à un
besoin langagier imposé par des « situations de
communication »14(*)
4- Hypothèse(s)
Une seule hypothèse alimente notre analyse et qui se
résume comme suit:
L'arabe dialectal envahit les médias audiovisuels
algériens et propose ainsi de nouvelles donnes. Par le biais des
différents contacts qu'il entretient avec le français, il prouve
de jour en jour ses capacités d'innovation ainsi que son
adaptabilité aux mutations socio-économiques, socioculturelles et
technologiques. Ces pratiques langagières tendent à se
généraliser pour toucher la société tout
entière notamment lorsqu'il s'agit de communication dont le
référent est local.
5-Méthodologie
Pour analyser le corpus, notre étude prend appui sur
le modèle insertionnel de Carol. Myers-Scotton (1993, 1997, 2002) :
The Matrix Language Frame15(*) Ce modèle insertionnel est fondé sur la
hiérarchie des deux langues en contact. Il distingue entre la langue
matrice (ici, l'arabe dialectal), celle qui génère le cadre
morphologique et syntaxique de l'énoncé dans lequel
s'insère l'autre langue, dite enchâssée (ici, le
français).
Nous précisons que ces deux langues ne participent pas
de la même manière dans la construction du nouveau lexique. La
langue matrice fournit les éléments grammaticaux pertinents
syntaxiquement tel que les déterminants et les désinences,
tandis-que la langue enchâssée, elle, pourrait contribuer par les
morphèmes servant de base comme par exemple les radicaux et les racines.
Ce processus est nécessaire pour que la néologie puisse se
réaliser.
6- Corpus
La sociolinguistique est une discipline qui favorise le
terrain. Elle veut étudier la langue utilisée dans la
communauté linguistique, la langue dans son usage quotidien. Elle
travaille sur un corpus, et sa méthode consiste à enregistrer les
locuteurs dans des interactions ordinaires.
Ce dernier est défini comme un ensemble des faits
collectés, recueillis grâce à une enquête
menée selon des règles établies empiriquement et conduites
grâce aux techniques de l'observation directe, du questionnaire et de
l'entretien. A cet égard, John Sinclair définit le corpus comme:
« une collection de ressources langagières
sélectionnées et organisées à partir des
critères linguistiques explicites et destinées à servir
d'échantillons representatives 16(*)
Quant à Maingueneau (2009: 39), il le définit
comme « un recueil plus au moins large, parfois exhaustif, de
données verbales ou non verbales [...] que l'on veut
étudier. »16(*)
6.1-Présentation du corpus
Le corpus sur lequel nous avons travaillé est
constitué de quatre enregistrements télévisés
équivalents à 31 minutes et 33 secondes. Le premier est
tiré de l'émission Echaab yourid d'Echourouk TV,
enregistré à Skikda et émis en 2014. Cet enregistrement
est d'une durée de 12,34 minutes et traite le thème des
élections présidentielles de 2014.
Les trois autres enregistrements sont extraits de
l'émission Sarih jidan d'Ennahar TV.
Ainsi le premier est enregistré à Alger,
émis en 2014, d'une durée de 2.50 minutes et traite la
vente de la drogue et des psychtropes. Quant au deuxième, il est
enregistré dans la ville d'Oran, émis en 2014, d'une durée
de 09.17 minutes et traite le thème de la dote de la mariée.
Quant au troisième, il est enregistré à Alger, émis
en 2014, d'une durée de 07. 32 et traite le thème de l'absence
de la femme algérienne supporteuse dans les stades.
Il s'agit d'interactions verbales qui tiennent à la
fois de la conversation et du dialogue. Une sorte d'interview informelle
enrégistrée dans des lieux publics où le nombre des
participants, la durée et l'alternance des tours de paroles ne sont pas
prédéterminés. Par contre, ce qui est fixé au
début de chaque émission est le thème de l'échange.
Une fois réalisées, ces émissions sont retransmises
quotidiennement en différé à 08 heures 35 minutes sur la
chaine Echourouk tv et à10h 50 minutes sur la chaine Ennahar tv.
6.2- Conditions de recueil des données
Ces numéros ont été choisis
d'une façon aléatoire sur you tube, site web
d'hébergement de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent
envoyer, regarder et partager des vidéos. Toutefois, nous avons pris en
considération certains critères qui pourraient servir notre
objectif notamment le phénomène du métissage linguistique,
la disparité des interlocuteurs en ce qui concerne (le sexe, l'âge
et l'origine géographique). Nous avons recueillis des émissions
enregistrées à l'est du pays (Skikda), au centre (Alger) et
à l'ouest (Oran). Les enregistrements en question touchent des hommes et
des femmes de tout âge.
6.3- La transcription du corpus
Dans le but de simplifier le traitement et l'accès au
corpus, il est nécessaire de le transcrire. Traverso (2007 :23), voit
dans cette étape « une préparation indispensable du
corpus, à travers laquelle on cherche à conserver à
l'écrit le maximum des traits de l'oral. ».
Pour faciliter la lecture du corpus, nous avons choisi une
transcription orthographique non phonétique, nous avons suivi en cela
Traverso pour qui
« D'une manière générale, on
n'utilise pas de transcription phonétique, trop difficile à lire,
mais des transcriptions orthographique, plus au moins standard et
adaptées » (Traverso 2007, Ibid).
Il nous semble important de signaler quelques
difficultés que nous avons rencontrées lors de la transcription
de notre corpus. En effet, certains passages nous ont échappé
surtout lorsque les interpelés répondaient en même temps
aux journalistes. Ces chevauchements de plusieurs voix nous ont
empêchés de décoder certains segments.
Comme la langue de base des productions verbales des
participants aux émissions Echaab yourid et Sarih
jidan est l'arabe dialectal avec des passages contenants des propos
hybrides (métissés) à certains points du discours, nous
avons donc procédé à la traduction des mots produits, en
langue française.
6.4-Les conventions de transcription
Evoquant les conventions de transcription, Traverso
(1999 : 24), affirme: « il n'y a pas aujourd'hui un système de
transcription unifié, chacun forge son système du moment que la
transcription répond aux contraintes de précision, de
fidélité et de lisibilité...»
En nous appuyant sur des modèles de transcription
rencontrés dans des travaux antérieurs, notamment ceux
menés par Traverso (2007) et en nous inspirant des travaux de SADI Nabil
dans sa thèse « L'usage du français à la
chaine III : Aspects syntactico-sémantiques », nous
avons pu construire nos propres conventions de transcription que nous
résumons en ce qui suit :
- La traduction des énoncés émis en arabe
dialectal est indiquée en italique.
- Les termes métissés (produits par le mixage du
français et l'arabe dialectal) sont signalés par la mise en
« gras ».
- La traduction littérale des termes
métissés est mise entre parenthèse.
- Les participants à l'émission sont
indiqués par les initiales (L1, L2, L3.. .), à l'exception
des journalistes enquêteurs est indiqué par J.
- Nous avons chiffré toutes les interactions, chaque
tour de parole correspond à un numéro allant de « 1 »
jusqu'à la fin de la séquence transcrite et ce afin de faciliter
le recours aux text
Pour ce qui est de transcription des passages de l'arabe
dialectal, nous les avons orthographiés en graphie latine standard avec
certains aménagements, compte tenu de certaines caractéristiques
phoniques de l'arabe dialectal.
Nous résumons ci-après les conventions de
transcription et les symboles retenus dans le cadre de notre travail :
[ : Interruption et chevauchement, le crochet apparait
sur chacune des deux lignes. En voici un exemple tiré de la
séquence(1), du premier enregistrement de l'émission de Sarih
jidan d'Ennahar tv, dont le thème est la vente de drogue et des
cachets.
L2 : [taa
burou mondeouvre (bureau main d'oeuvre)
L1 : [taa burou
mondeouvre. Machi haja.
:: Allongement d'un son
+ Pauses courtes
++ Pauses longues
` Chute d'un son
// Intonation montante
/ Intonation descendante
?? Pour indiquer les voix non identifiées
TR : traduction
(Rire, toux) : note rire
(Rire collectif) : note rire collectif
(Silence) : note silence
Les interjections genre « euh », marquant
les hésitations ou autres, sont notées selon leur transcription
courante
*** Suite de syllabe incompréhensible
- Mot interrompu brutalement par le locuteur
II- Cadrage
théorique
Afin de mettre en évidence la notion
de créativité lexicale dans l'arabe dialectal, nous devons
développer certains concepts théoriques. Ainsi, nous
décrirons en premier lieu, la situation sociolinguistique en
Algérie, tout en mettant l'accent sur les langues en contact et
particulièrement sur l'arabe dialectal et son évolution. Nous
définissons par la suite certains concepts comme le contact des langues,
le bilinguisme, l'alternance codique ainsi que les phénomènes qui
en résultent à l'instar de l'emprunt, le métissage
linguistique, le lexique et le néologisme. Il s'agit de perspectives
théoriques dans lesquelles s'inscrit notre travail et qui serviront par
la suite d'outils pour notre analyse.
1- La situation
sociolinguistique en Algérie
Le profil linguistique algérien est marqué,
comme le soutient SEBAA. R. dans son article sur la culture et le
plurilinguisme en Algérie:«... par une situation de
quadrilinguité sociale : arabe conventionnel / français / arabe
algérien / tamazight... ».
Toutefois, nous constatons que trois parmi ces quatre langues
en usage, comportent chacune une référence à une
communauté. Il s'agit premièrement du tamazight, institué
langue nationale suite à l'article 03 bis de la constitution de 2002. Il
est le plus anciennement parlé en Algérie. Cependant, il souffre
de sa non-standardisation et de son éclatement en plusieurs dialectes
vernaculaires variés. Nous citons essentiellement (le kabyle à
Tizi-Ouzou et Béjaia, le chaoui à Batna et Khenchela, le m'zabi
à Ghardaia, le tergui à Tamenrasset, le chenoui à
Chenoua,..). Cet éclatement rend malaisée
l'intercompréhension entre ses locuteurs.
Ensuite, vient l'arabe classique, qui conformément
à l'article 03 de la constitution de 1976, était
décrété langue officielle de la république. Il est
peu utilisé par les populations et ne constitue aucunement la langue de
l'usage quotidien et spontané. Il demeure ainsi circonscrit dans des
espaces officiels fermés tels que les administrations, les
médias, les lieux de culte et les établissements scolaires. K.
Taleb El ibrahimi, (1998 :122), soutient à ce sujet [que]:
« L'usage de l'A. S. (=Arabe Standard) s'amenuise au fur et à
mesure que l'on s'éloigne des contextes formels, que l'on se rapproche
des situations informelles».
Quant à la troisième langue, le français,
ce dernier a occupé comme il le stipule l'article76 de la constitution
de 1963, la place d'une langue seconde destinée à l'enseignement
technique et académique nécessaire pour le développement
du pays. La maîtrise du français est quasi-obligatoire pour tout
postulant à un emploi supérieur, ce qui limite son usage correct
à une élite de cultivés.
Cette différentiation des langues rend difficile
l'interaction entre les locuteurs natifs. Une langue commune véhiculaire
s'impose alors. Cette situation a poussé au choix intuitif par la
population de l'arabe dialectal, langue maternelle de la majorité des
algériens16(*). Il
s'établit sur un substrat initialement berbéro-punique tout en
comportant un important apport lexical de l'arabe classique, d'où il
est directement issu et tire aussi son appellation17(*). Il a en outre
été enrichi par les langues des groupes ayant influencé
l'Algérie au cours de l'histoire notamment, le turc ottoman, l'espagnol
et plus récemment le français.
Au fil des années, l'arabe dialectal connait des
transformations importantes sur tous les niveaux : morphosyntaxique,
lexical et sémantique, et une variété standard de cette
langue tend à émerger.
2- Evolution de l'arabe
dialectal
Partant ainsi d'un statut quasi officiel, faisant de lui un
rival à l'arabe classique, l'arabe dialectal a servi de support à
de nombreux travaux médiatiques et culturels relatifs au patrimoine
national. Ceci s'illustre par les scénarios de films très
réussis qui relatent des évènements historiques importants
de la nation. Nous citons à titre d'exemple le film
« Chronique des années de braise » de Lakhdar Hamina
(palme d'or au festival de Cannes en 1975) et celui de « Cheikh
Bouamama » écrit par l'ex ministre algérien de la
culture Boualèm Bessayeh. Sur le plan artistique, nous trouvons la
poésie populaire locale (les Kassaied), matière de base de la
musique andalouse « Malouf » et
« Chaabi ». OEuvres appartenant à des auteurs
célèbres à l'image de Med Benguitoun, Sidi Lakhdar Ben
khlouf et combien d'autres encore pour ne citer que ces deux là.Tous ces
travaux sont réalisés, en cette époque d'après
l'indépendance, à partir d'un arabe dialectal sans
interférence avec le français.
Par la suite, ce parler s'est distingué par un recours
à une alternance codique. Cette pratique langagière
interfère généralement avec la langue française
à laquelle s'ajoute souvent, selon le cas (origine sociale,
qualités des participants et aussi le thème des discussions), une
des variétés de tamazight (le kabyle, le chaoui, le tergui ou le
m'zabi). Cette alternance de code a toujours préservé les
règles de la syntaxe. C'est une forme de stratégie de
communication-une compensation- loin d'une méconnaissance des langues
parlées, puisqu'elle ne les altère pas et le sens des
énoncés demeure inchangé.
L'arabe dialectal arrive enfin à un stade de
métissage basé sur l'emprunt algérianisé que nous
avons précisé supra. Cette situation a fait que ce parler adopte
des termes nouveaux qui vont enrichir les interactions quotidiennes des
locuteurs natifs de toutes les classes sociales. Dabène, (1981: 39)
soutient à ce sujet: « En Algérie, le français
conserve le statut de langue seconde pour toute une génération
d'Algériens colonisés, il a laissé des traces importantes
sous forme d'emprunts dans l'arabe dialectal ».
III- Définitions de
notions et concepts
L'observation des pratiques langagières
spontanées des locuteurs algériens dans les émissions
télévisées révèle la réalité
du métissage linguistique. On peut dire que le contact des langues
notamment, l'arabe dialectal et le français, constitue principalement un
répertoire ouvert dans lequel les locuteurs puisent leurs ressources
langagières.
Le premier chercheur à avoir utilisé le terme
de « contact des langues » est Weinreich (1953). Selon lui le contact
des langues a d'abord lieu chez l'individu. Il oppose, de ce fait, la notion de
contact de langues à celle de bilinguisme dans la mesure où le
contact des langues renvoie à un état individuel (l'usage
alternatif de deux langues) alors que le bilinguisme renvoie à la
présence de (deux ou plusieurs langues) dans la
société.
1- Le contact des langues
Selon Dubois & Al, le contact des
langues est «l'événement concret qui provoque le
bilinguisme ou en pose les problèmes[...]D'une manière
générale, les difficultés nées de la coexistence
dans une région donnée (ou chez un individu) de deux ou plusieurs
langues se résolvent par la commutation ou usage alterné, la
substitution ou utilisation exclusive de l'une des langues après
élimination de l'autre ou par amalgame, c'est-à-dire
l'introduction dans des langues ,de traits, appartenant à
l'autre...»18(*).
Pour Hamers, « le contact des
langues inclut toute situation dans laquelle une présence
simultanée de deux langues affecte le comportement langagier d'un
individu » (Hamers, in Moreau : 94). Ainsi, la présence
de deux codes linguistiques qui peuvent avoir une incidence sur le comportement
langagier des locuteurs est une situation de contact de langues.
En Algérie, La question du contact
des langues a été enclenchée par de nombreux chercheurs
depuis quelques années. Ainsi les travaux menés dans ce cadre,
ont montré que l'Algérie est un pays plurilingue puisque l'on
assiste à la coexistence de plusieurs idiomes, en l'occurrence l'arabe
standard, l'arabe dialectal, le tamazight et le français. Parlant de la
situation sociolinguistique en Algérie, Taleb-Ibrahimi (1998: 22),
souligne que : « Les locuteurs algériens vivent et
évoluent dans une société multilingue où les
langues parlées, écrites, utilisées, en l'occurrence
l'arabe dialectal, le berbère, l'arabe standard et le français,
vivent une cohabitation difficile marquée par le rapport de
compétition et de conflit... »20(*). L'auteure note que la société
algérienne est multilingue dans la mesure où il y existe quatre
langues différentes en usage quotidien chez les locuteurs
algériens.
2- Le bilinguisme
Le contact entre les quatre langues en
présence dans le paysage sociolinguistique algérien engendre de
nombreux phénomènes, tel que le bilinguisme qui donne à
son tour lieu à l'apparition des marques transcodiques dans les
pratiques langagières des locuteurs algériens.
Plusieurs définitions ont été
données de ce concept. Pour Dubois (1973 : 65), le
bilinguisme « est, d'une manière générale,
la situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits
à utiliser alternativement, selon les milieux ou les situations, deux
langues différentes, c'est le cas le plus courant du
plurilinguisme »
En Algérie, le français qui est d'un usage fort
fréquent, est employé comme une langue de civilisation à
côté des langues maternelles notamment l'arabe dialectal. Dans un
article consacré aux langues du Maghreb et d'origine maghrébine,
Dominique Caubet, (2002 :119), constate que : «Ces
deux langues sans statut officiel ont dans l'esprit des gens une valeur
différente pour ce qui est des représentations. Le
français demeure la langue de la modernité, à forte valeur
économique et culturelle, l'arabe algérien, marocain ou tunisien,
dialectes de l'arabe sans code graphique fixé, restent la langue du
quotidien, mais également et, surtout, sans que cela soit reconnu ou
dit, la langue de l'identité, de la complicité, de l'humour, une
langue qui a structuré la personnalité dans l'enfance et tout au
long de la vie ».
Dans ce cas, les locuteurs autochtones éprouvent le
besoin d'adapter leur langue maternelle aux situations nouvelles
imposées par le progrès de la civilisation dominante. Pour la
réalisation d'innovations linguistiques, les sujets parlants adoptent
plusieurs manières dont on cite essentiellement celle décrite par
Meillet & Sauvageot, (1934): « le sujet parlant s'empare
d'une forme qui existe dans la langue et l'emploie dans une fonction nouvelle
pour exprimer une catégorie dont il a appris le maniement par la
pratique d'une langue étrangère. »
3- L'alternance codique
De nombreux travaux traitant du phénomène
d'alternance codique ou aussi code-switching, terme inventé par
E. Haugen dès 1956, proposent des définitions variées.
Dans notre étude nous tentons de tenir compte de celles qui, selon nous,
sont les plus significatives, à savoir la définition de Gumperz
« l'initiateur des études sur le phénomène » et
celle de Hamers& Blanc.
Gumperz définit l'alternance codique comme :
« la juxtaposition à l'intérieur d'un même
échange verbal de passages où le discours appartient à
deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents
» Gumperz John.J. (1989).
Ce qui caractérise la définition de
l'alternance codique chez Gumperz, c'est la prise en compte de l'aspect
linguistique. L'alternance consiste à passer d'une langue à une
autre langue ou d'une variété de langue à une autre et les
énoncés bilingues produits par les locuteurs sont
structurés grammaticalement c'est-à-dire que ces
énoncés semblent obéir à une seule et même
syntaxe.
La deuxième définition nous est proposée
par Hamers et Blanc. Pour eux, « deux codes (ou plusieurs) sont
présents dans le discours, des segments de discours alternent avec des
segments de discours dans une ou plusieurs langues. Un segment (x) appartient
uniquement à la langue (ly), il en va de même pour un segment (y)
qui fait partie uniquement de la langue (lx), un segment peut varier en ordre
de grandeur allant d'un mot à un énoncé ou à un
ensemble d'énoncés, en passant par un groupe de mots, une
proposition ou une phrase [...] »20(*).
Dans cette définition, Hamers et Blanc
précisent que l'alternance codique se manifeste dans le discours lorsque
des segments alternent avec d'autres segments et que ces éléments
linguistiques appartiennent à plusieurs langues à la fois.
Il nous semble que cette définition vient
compléter celle de Gumperz dans la mesure où, dans un même
discours ou production verbale, nous rencontrons une succession de segments qui
appartiennent à des langues différentes. Les segments
alternés peuvent varier entre un mot jusqu'à une phrase.
De notre part, nous pensons que les émissions
télévisées sur lesquelles nous travaillons sont des lieux
d'alternation de plusieurs langues notamment l'arabe dialectal et le
français. Nous pouvons donc avancer que cet usage alternatif dans les
productions verbales des locuteurs se réalise à différent
niveaux de structures linguistiques, dans l'énoncé et aussi au
sein du mot, et c'est ce que nous projetons de vérifier.
4- L'emprunt
Nous avons déjà proposé une
définition de l'emprunt, celle de Dubois et Al. Pour plus d'explications
sur les différentes formes de ce phénomène, nous proposons
la description émise par Hamers. Ainsi, la linguiste souligne, à
ce sujet, que les segments empruntés sont souvent limités au
lexique et peuvent être un morphème, un mot et même une
expression à condition que ce segment ne soit pas traduit,
c'est-à-dire pris tel qu'il est. L'auteure définit l'emprunt
comme « un mot, un morphème ou une expression qu'un locuteur ou
une communauté emprunte à une autre langue, sans le traduire
» 21(*).
Dans le cas algérien, l'emprunt
algérianisé, se manifeste par une sorte de combinaison des traits
linguistiques de l'arabe dialectal et du français. Il s'agit d'un
métissage linguistique qui met en lumière l'émergence
néologique, engendrée principalement par des situations de
communications vécues par les locuteurs. Un procédé de
production lexicale à propos duquel Kateb Yacine précise
que : « le locuteur colonise à son tour la langue
française et la charge d'écarts et particularismes pour
exprimer son algérianité ».
5- Le code mixing et le
métissage linguistique
Hamers et Blanc (1989 :455),
considèrent ce mélange de codes, dans lequel un locuteur
transfère un élément d'une langue dans la langue de base
de son énoncé, comme une stratégie de communication. Les
auteurs ajoutent « A la différence de l'emprunt,
généralement limité à des unités lexicales,
le mélange de codes transfère des éléments à
des unités appartenant à tous les niveaux linguistiques et
pouvant aller de l'item lexical à la phrase entière... ».
Les deux linguistes distinguent donc entre le code mixing
où l'on peut transférer toutes les unités linguistiques
sans exception aucune, et l'emprunt qui est limité à des
unités lexicales. C'est d'ailleurs à ce dernier
phénomène que nous consacrerons la suite du présent
mémoire.
Dans cette perspective, il convient de préciser la
conception et la définition que l'on associe au terme lexique.
6- Le lexique
Il est défini comme étant toutes les
unités ou les mots qui appartiennent à une langue donnée,
comme il est cité dans Le Petit Dictionnaire Larousse 2008 :
« Ensemble de mots formant la langue d'une
communauté et considéré abstraitement comme l'un des
éléments constituants le code de cette
langue »22(*).
Pour bien cerner la définition de ce mot, les
linguistes l'opposent au terme vocabulaire considéré comme un
ensemble de mots que possède un locuteur ou que l'on utilise dans un
domaine donné. Donc, à l'opposé du vocabulaire, le lexique
peut être un ensemble de vocabulaires.
7- La
créativité lexicale ou le néologisme
Concept défini, par le dictionnaire
l'internaute, comme : « Ensemble des processus de formation
de nouvelles unités lexicales »23(*). Le dictionnaire distingue
deux sortes de néologismes : le néologisme de forme,
unité lexicale pourvue d'une forme et d'un sens nouveaux, et le
néologisme de sens, acception nouvelle pour une unité qui
existait déjà dans la langue.
En Algérie, la néologie se situe à la
fois sur le plan formel et sur le plan sémantique et qu'on
désigne souvent par les termes de néologie de forme et
néologie sémantique : La néologie de forme se manifeste
généralement par rapport à l'usage traduisant un contexte
spécifique, mais assez souvent par le besoin de créer de nouveaux
mots pour exprimer des réalités nouvelles et ces mots finissent
par devenir des emprunts : on dit « lmarché » pour
désigner en français standard « le marché »
IV- L'usage des langues dans
la télévision en Algérie
Les médias audiovisuels, les chaines de
télévision en particulier, sont devenues un terrain
d'investigation de nombreuses études qui s'inscrivent dans une
perspective micro-sociolinguistique en contexte algérien. I.
CHACHOU24(*) soutient
que : «ce domaine [...] s'offre comme un terrain
privilégié de production des langues : ces dernières,
outils linguistiques au service de la communication médiatisée
[...] tant sur le plan des pratiques que sur celui des
représentations»
Avant d'aborder l'usage des langues à la
télévision algérienne, nous définissons tout
d'abord les médias. Nous donnons par la suite un aperçu de
l'évolution de la télévision algérienne et les
conditions d'émergence des chaines d'Echourouk TV et d'Ennahar TV. En
fin nous aborderons l'usage de l'arabe dialectal sur cet espace
médiatique.
1- Définition des
médias
De manière générale, les medias
désignent tous les moyens de communication qui servent à
transmettre des informations comme la presse, la radio et la
télévision. Selon Barbier et Lavenir, les médias
désignent « tout système de communication permettant
à une société de remplir tout ou partie des trois
fonctions essentielles de la conversation, de la communication à
distance des messages et des savoirs, et de la réactualisation des
pratiques culturelles et politiques » (Barbier et Lavenir, 1996,
cité par Matanga, 2007)
2- Aperçu sur
l'évolution de la télévision algérienne
La première télévision
algérienne est lancée en 1956, par la
Radiodiffusion-télévision française (RTF) dont « les
programmes diffusés étaient importés de France
»25(*)
Au lendemain de l'indépendance de l'Algérie en
1962, l'état algérien a créé la Radiodiffusion
télévision algérienne (RTA), et en 1986, l'Entreprise
nationale de télévision (ENTV) est créée, suite
à la séparation des activités gérées par la
RTA
Ainsi, dans la période (1950,1990), l'ENTV qui sera
appelée par la suite « la télévision
algérienne terrestre » a été l'unique chaîne de
télévision nationale algérienne pendant assez
longtemps.
En 1994, l'Etat algérien lance une nouvelle chaine
télévisée : « Canal Algérie ». Cette
chaîne cible un public particulier, à savoir les Algériens
résidant à l'étranger. En 2001 une troisième chaine
télévisée étatique« Algérie3 »a
été mis en service. En 2009, le groupe ENTV est
étayé par deux autres chaines publiques : « Algérie 5
» et « Coran TV ».
Après l'annonce de l'ouverture du champ audiovisuel
aux investisseurs privés en 2011, plus de neuf 26(*)télévisions
privée ont vu le jour, entre autres, EnnaharTV » et «
EchouroukTV ». Ces deux chaînes commencent d'abord par être
clandestines dans la mesure où elles fonctionnent sans autorisation
administrative, faute de reconnaissance de la part de l'Etat algérien. A
partir d'avril 2013, le ministère de la Communication confirme l'octroi
d'agrément à ces chaînes de
télévision26(*).
3- L'arabe dialectal dans
l'espace médiatique
La création des chaines de télévision
avait essentiellement pour but de s'intéresser davantage aux
problématiques et au vécu des téléspectateurs de
l'ensemble des régions d'Algérie. Il est naturel que la langue du
quotidien soit l'arabe dialectal. Queffélec et Al, (2002 :121-122),
soulignent au sujet de l'usage médiatique de l'arabe
dialectal : «... [qu'il est] avant tout la langue de la
gestion de la quotidienneté [...] et par excellence l'outil de
l'expression des différents rapports interpersonnels [...]. Il couvre
les domaines de la vie familiale, de l'affectivité, des sentiments, des
états d'âme et de la religiosité du sujet
parlant ». Ce parler s'impose donc dans la majorité des
émissions comme langue de diffusion, surtout celles interactives, qui
exigent l'intervention des locuteurs. Les émissions sarih jidan
d'Ennahar TV et celle d'echaab yourid d'Echourouk TV, sont deux
modèles représentatifs pour servir notre étude sur la
créativité lexicale dans l'arabe dialectal.
CHAPITRE II
Analyse du corpus
Le présent chapitre se fonde sur une description
qualitative des procédés de créativité lexicale et
de la structure morphosyntaxique de l'arabe dialectal. Une approche qui
consiste à choisir, parmi les données recueillies, des
modèles de termes et expressions hybrides puis les étudier comme,
dirait Philippe Blanchet (2007: 344)26(*): « le rôle du corpus est d'exemplifier un
repérage interprétatif des traits saillants proposés comme
significatifs d'une situation sociolinguistique particulière ».
I- Procédés
créatifs lexicaux
Il convient de rappeler que la
créativité lexicale dans l'arabe dialectal use d'un emprunt
algérianisé, basé sur la complémentarité et
l'addition de traits linguistiques des codes de l'arabe dialectal et du
français. Il demeure que l'intégration des emprunts ne se fasse
sans la modification du mot emprunté. Ce trait nous conduit à
observer que l'élément emprunté essaie de s'assimiler au
système de la langue d'accueil sur différents niveaux.
Ainsi, les modifications entraînées par l'emprunt
pourront se résumer en certains procédés dont nous citons:
1-L'affixation
Notre corpus est riche de mots hybrides qui sont
constitués d'éléments provenant principalement de l'arabe
dialectal et du français. En procédant par affixation de ces
éléments, ceci va aboutir à la création de mots
composites dont nous citons quelques exemples:
Lcachiet (les cachets) : Le mot est
obtenu sur la base française (cachets) et l'ajout du préfixe
(L : article défini de l'arabe dialectal) ainsi
que le suffixe (iet : désinence indiquant le
genre, ici le féminin ; et le nombre, ici le pluriel).
Remarquit (j'ai remarqué) : mot
obtenu sur la base du radical du verbe français du 1er groupe
(remarquer) et l'ajout du suffixe it, terminaison qui
renvoie à la première personne du passé de l'arabe
dialectal.
Tiviti (pour que tu évites) : mot
obtenu sur la base du radical du verbe français du 1er groupe
(éviter) et l'ajout du préfixe t, qui
renvoie au pronom personnel de la deuxième personne du singulier, et
aussi du suffixe i, terminaison qui renvoie à la
deuxième personne du singulier du temps passé. Du fait que le
conditionnel, est un mode inexistant dans l'arabe dialectal.
Il est à noter que les verbes français
subissent une algérianisation et sont intégrés et ainsi
conjugués à la manière de l'arabe dialectal avec les
suffixes et préfixes caractéristiques, comme pour le verbe :
ma nvotich (je ne vote pas), nous avons le
préfixe de négation ma et le suffixe de
négation ch.
Nous signalons ici que le statut du verbe qui subit la
morphologie de la langue emprunteuse est ambigu. Cette forme est tantôt
classée comme emprunt établi et tantôt comme un code
switching (Karima Ziamari, ibid.)
Exemples extraits de notre corpus: EnTV, Er1,
S1.27(*)
2- La simplification
La simplification des mots empruntés du
français est un procédé très répandu dans la
créativité lexicale dans l'arabe dialectal. Il s'agit
d'abandonner certains phonèmes ou les remplacer par d'autres plus
simples que nous illustrons par les exemples suivants:
foutit (j'ai
voté) : Nous remarquons dans cet exemple que le
phonème v, absent dans l'arabe dialectal, va
s'estomper pour laisser place au F. Ce phénomène
est une forme de simplification que le locuteur adopte en remplaçant le
plus difficile par son correspondant plus simple.
coudbi (coup de pied) :
même chose ici concernant le phonème p absent
dans l'arabe dialectal, qui s'estompe et cède la place au
B.
Le système consonantique de l'arabe dialectal est plus
varié que celui du français, mais présente deux cases
vides dans les séries sourdes/sonores. Nous relevons que l'occlusive
bilabiale sonore /b/ n'a pas sa correspondante sourde
/p/ ce qui entraine son remplacement. De même, la
fricative labiodentale/f/ n'a pas sa correspondante sonore
/V/. Devant l'absence de certains phonèmes, les
locuteurs assimilent le phonème étranger qui se situe au
même point d'articulation. Déroy, (1956 :224), souligne
à ce propos : « Négliger les phonèmes
inconnus ou imprononçables, leur substituer des phonèmes
usuels, introduire des phonèmes nouveaux pour donner au mot un
air familier, déplacer le ton conformément aux règles de
la langue emprunteuse ».
Pour ce qui est du système vocalique, les locuteurs
algériens, ne possédant pas les séries des voyelles orales
composées /y/, /o/, /oe / et les voyelles nasales
/ã/ /õ/, ils les rendent par les voyelles
simples correspondantes : par exemple, les locuteurs ont souvent tendance
à remplacer le /y/ par un /i/dans le mot dossi (un
dossier). Les locuteurs ont aussi tendance à réduire la
voyelle nasale à la voyelle simple: calmo
(calmant). Ajarda (le
jardin)
De même, nous avons pu remarquer que les verbes du
premier groupe de notre corpus changent de terminaison devenant ainsi
/i/ à la place du /e/, tel que le
verbe calmer, éviter, voter ... utilisés avec
un /i/ chez de nombreux locuteurs.
Exemples:- Ah++ hadha calmo icalmini
(calmer).
-wanta wantaya bech
tiviti (éviter) hadh ella hadhouma ::
Exemples extraits de notre corpus : EchTV28(*), Er1, S1
3- Les changements
sémantiques
La créativité lexical
générée par les locuteurs algériens dans les
émissions télévisées Echaab yourid et
Sarih jidan, reste particulière et appropriée au
contexte algérien. En effet, les locuteurs utilisent des lexies
auxquelles ils vont faire subir des changements sémantiques. Le
processus mis en oeuvre est principalement le transfert de sens. Deroy (1956 :
261) soutient que : « L'emprunt d'un mot entraîne aussi parfois
des modifications sémantiques »
C'est ainsi que, certains lexèmes se voient
attributer un nouveau sens. Reprenons l'exemple de
« enavigui » qui est un emprunt du
français (naviguer) et qui se retrouve modifié et connote dans la
réalité algérienne travailler ou activer. Nous trouvons
aussi « bouanb », un autre emprunt du
français (bombes), modifié et qui signifie en arabe dialectal,
les pétards (feux d'artifice).
D'autres mots français ont subi différents
traitements phonologiques qui les ont amenés à la troncation, en
aphérèse ou en apocope, qui est une réduction du nombre de
syllabes dans un mot polysyllabique, comme dans l'exemple suivant:
L2. 8 : ma andich aalaka maa stade+
nchouf fetélé (à la
télévision) bessah ma andich aalaka
Exemples extraits de notre corpus: EnTV, Er1, S1 et
S2
II- Prcocédés
créatifs morphosyntaxiques
Actuellement, à notre connaissance, il n'existe pas de
grammaire formelle développée de l'arabe dialectal pour servir de
référence à notre étude. La tradition grammaticale
arabe, fondée sur la langue coranique et la poésie
archaïque29(*), n'a
en effet jamais pris en compte les dialectes30(*).
En l'absence de corpus étiqueté de libre
accès ou de manuels scolaires et normatifs constituant la source
principale de la langue, nous nous contenterons de la description de quelques
procédés syntaxiques qui y sont employées, à
savoir :
1- Conjugaison des verbes
Au présent de l'indicatif, un locuteur algérien
dirait n'voti (je vote), structure dans
laquelle le pronom n' marque la première personne du
singulier. A la deuxième personne, le pronom n'(forme
courte de ana) est remplacé par t' (n'
contracté en t') tu (toi), ce qui donne
t'voti . Si l'énonciateur s'inclut dans un groupe,
n'voti (je vote) se transforme en n'votiou
(nous votons), n'bougiou (nous bougeons).
Nous remarquons donc que les verbes français
intégrés dans le système morphologique de l'arabe
dialectal subissent des modifications et se conjuguent tout comme les verbes de
la langue emprunteuse.
2- La négation
Pour exprimer la négation en arabe avec un verbe
français, on ajoute ma à l'initiale et
che à la finale, ainsi « je ne vote pas » se
transforme en « ma votiche ».
Exemples extraits de notre corpus : EchTV, Er1, S1
3- Le genre
Le genre féminin est marqué parfois par la
finale a ajoutée aux noms intégrés,
exemple: tabla (table)
Exemple extrait de notre corpus : EnTV, Er1,
S1
4- Le pluriel
Pour exprimer le pluriel, on ajoute t aux
termes empruntés, on obtient alors : lcachiet (les
cachets).
Exemple extrait de notre corpus : EnTV, Er1,
S1
En conclusion du présent chapitre, nous
pouvons dire que cette analyse s'est penchée essentiellement sur les
processus de production qui constituent la toile de fond de notre travail. Nous
nous sommes donc limités, dans un premier temps à l'étude
des procédés de création des termes. Dans un
deuxième temps, nous avons décrit la structure morphosyntaxique
de l'arabe dialectal, notamment la conjugaison des verbes, la négation,
le genre et le nombre ici rendus par le pluriel. Les résultats de cette
analyse, nous les présenterons dans le chapitre qui suit.
CHAPITRE III
Résultats et
conclusion
Le dernier chapitre nous le consacrons à
l'analyse des résultats obtenus après exploitation du corpus.
Ensuite, nous mettrons ces résultats en relation avec la
problématique pour voir si les interrogations posées au
début de la recherche ont pu avoir des éléments de
réponse.
Ainsi, nous examinerons en premier lieu, la
réalité de l'emprunt algérianisé. Ensuite nous
procéderons à la vérification de l'hypothèse. En
fin, nous terminerons par une conclusion.
En procédant à
l'analyse des données dans le chapitre pratique, nous avons
constaté que la néologie, dans l'arabe dialectal, repose sur des
stratégies ou des processus que l'on a identifiés sous forme de
procédés. Ces procédés sont basés
initialement sur le métissage des codes de l'arabe dialectal et du
français en usant du phénomène de l'emprunt
algérianisé.
I- Particularité de
l'emprunt algérianisé
Notre analyse des séquences enregistrées nous a
permis, dans un premier temps, d'observer deux catégories distinctes
d'emprunt. La première comprend les pérégrinismes ou
xénismes, c'est-à-dire les mots qui restent étrangers
pour le locuteur. Il s'agit ici d'un emprunt ordinaire, auquel recourt toute
langue pour combler les cases vides de son répertoire lexical.
La deuxième catégorie, cas que nous
étudions, renferme des mots français complètement
intégrés dans l'arabe dialectal Ces mots subissent des
modifications et deviennent une partie du lexique de ce dernier. Les
exemples suivants tirés de notre corpus élucident bien ce cas de
figure : lbirou (bureau),
lmarché (le marché), edefo
(le défaut).
Exemples extraits de notre corpus : EnTV, Er1, S1 et
Er2, S1
Dans un deuxième temps, nous avons pu constater que
les mots français qui servent de base dans la production, ainsi que les
éléments de l'arabe dialectal empruntés possèdent
des équivalents linguistiques dans les deux langues. Or, les
sociolinguistes précisent, comme nous l'avons vu au niveau de la
théorie, pour qu'emprunt soit31(*), il faut qu'il y ait absence d'éléments
équivalents dans la langue emprunteuse et aussi que les
éléments transférés ne soient pas traduits. Les
exemples qui suivent, illustrent bien notre constat : astade
(le stade), issuportiou (ils/ elles
supportent), nchoumer (je chôme), mots qui
trouvent leurs équivalents en arabe dialectal respectivement dans :
Melaab, ichageaou, betal.
Exemples extraits de notre corpus : EnTV, Er2, S1 et
EchTV, Er1, S2
Ces constations confirment, donc, notre postulat concernant
l'algérianité de l'emprunt dont font usage les locuteurs
algériens lors de leurs interventions télévisées.
II- Vérification de
l'hypothèse
Tout lexique composant une langue, reste affecté et
exposé au phénomène de l'évolution linguistique,
car la société évolue et la création de nouveaux
mots devient un besoin, voire une nécessité. Le locuteur
algérien est aussi un créateur actif, pour cela il fait appel
dans son discours, notamment lorsqu'il s'exprime dans des espaces
médiatiques, à un ensemble de processus d'innovation lexicale.
Dans le cas de l'arabe dialectal, ces processus
relèvent souvent d'un métissage de traits linguistiques
empruntés de/à la langue française.
Cependant, cela ne peut aller sans s'interroger si ce
phénomène d'emprunt qui caractérise la
créativité lexicale dans l'arabe dialectal, répond
nécessairement à un besoin langagier imposé par des
situations de communication.
En réponse à ce questionnement, nous avons
avancé une hypothèse unique. En effet, nous avons supposé
dans que le recours à cette forme d'innovation lexicale, de la part de
nos locuteurs, était dans le but d'adapter l'arabe dialectal aux
exigences des mutations socioculturelles, socioéconomiques, et
technologiques. Nous avons ajouté aussi, que ces pratiques
langagières tendent à se généraliser pour toucher
la société tout entière notamment lorsqu'il s'agit de
communication dont le référent est local.
Notre observation des enregistrements des émissions
télévisées sur lesquelles nous menons notre enquête,
nous a permis de constater d'une part, que l'arabe dialectal et le
français s'interpénètrent, s'influencent, se juxtaposent
et donnent le nouveau lexique dans ses formes que nous avons
précédement détaillées32(*). D'autre part, l'analyse des
nouveaux termes et expressions que les locuteurs essayent de s'approprier et
pour les réinterpréter à leur manière dans leurs
interactions, révèle que ces innovations ne sont pas vraiment
nécessaires pour répondre aux besoins concrets de ces situations
de communication. Nous disons ceci, car il s'agit ici, comme c'est le cas de
l'emprunt algérianisé, de termes qui ont des équivalents
dans l'arabe dialectal. Les deux exemples qui suivent justifient notre
positionnement:
Ex1: L2.10: la la votina (nous avons
voté) à khouya + aou+ fatet lantikhabet
belbien+ euh+ kima ikoulou naziha ou cheffafa+
oualhamdoulilah ya rabi ma sra walou+ ouhadhi bladna lazem nvotiou
(que nous votions) wa anadiou el ouajeb antaana+ euh
lvot (le vote) haja kanaa chakhsia koul wahed
kifech kivoti (il vote)
Dans cet énoncé, nous remarquons que le mot
français lvot (le vote) possède un
équivalent dans l'arabe dialectal qui est: lantikhabet.
Ex2: L3.14 : voila+ hadhi
hia
Dans le second exemple, nous trouvons que le mot
français voila qui signifie dans ce contexte (c'est ça),
trouve son équivalent dans l'arabe dialectal dans l'expression hadhi
hia.
Exemples extraits de notre corpus: EchTV, Er1,S et EnTV,
Er2, S1
De ce fait, nous nous pourrons qu'infirmer l'idée que
nous avons avancée au début de notre hypothèse, justifiant
le recours des locuteurs algériens à ce phénomène
de créativité lexicale, pour des fins d'accomodations aux
situations de communication auxquelles ils sont confrontés.
Quant à la question de généralisation de
ces pratiques langagières, nous pensons que celles-ci relèvent
beaucoup plus des représentations que des pratiques
langagières.Il est donc nécessaire d'etre renseigner sur
certaines données comme le niveau d'étude des sujets parlants,
les langues qu'ils parlent, les diplomes obtenus ou en préparation, la
situation sociale. Vu que les indices sus-cités ne sont pas contenus
dans notre corpus, nous nous sommes basés dans notre analyse sur
d'autres faits observables qui, donneront l'explication à cette
tendance, à savoir :
1. Le recours des locuteurs, de différentes
régions et dans différentes situations, aux mêmes
procédés de création de lexies et l'application d'un
système syntaxique unifié dans leurs énoncés.
Dans les deux exemples qui suivent, extraits de deux
émissions de Sarih jidan enregistreés dans deux regions
différentes, l'une à Alger et l'autre à Oran. Nous y
constatons que les termes qu'utilisent les locuteurs sont prononcés de
la même manière et ont la même signification:
Ex1:
L1.8: mlih le saha. Parceque koun ma necherbouch ndir haja
mich mliha. Kount enavigui (je
travaillais) parking, ennako ajardin ak fehem
kifeh ? ou mbaad men ouraha wahed darelna parking
gratuit. Dhork ma ranech nakhdmou ala rouhna bech nakoul ? nrouh
nesserk !+ cha nesrek ? nesrak wahed kima ana !? tebghi
nesserkek antya ?++ ma tebghich+ ? ma kenech hal, edawla ma
dertelnech hal dert hal errouhi bhadha.
Ex2 :
L5.22 : inavigui (il
travaille) bark
L4.23 : michi inavigui+ ikoun
rajel khatarch aalah ? el bent ma ilekelhech*** el mouhim tmedha
quatre millions walla cinq million*** ki
tkoun mliha maa rajelha adhek houa essah
2. L'hétérogéneité des sujets
parlants en ce qui concerne le sexe, l'age et les origines
géographiques.
Pour le critère d'âge, nous citons, à
titre d'exemple, trois énoncés tirés du 1er enregistrement
de l'émission Echaab yourid réalisée à
Skikda. Ces énoncés concernent respectivement: Un vieux
agé d'environ 80 ans, un jeune home agé d'environ 25 ans et un
homme adulte agé d'environ 45 ans.
L1.1: Ana vieux ma nakhdemch ou ma nal walou men *** + bessah
ana nfouti (je voterai) nlahet ala elaman oua
elistikrar+ ou rabi iaychou ou rabi itawalou fi laamor+ themantaach nesna w
ouana nhareb+ ou nahani nidham hadha taychouni coudbi
(coup de pied) kali rouh trawah+ mridh rouh trwah+ ki mridh
anrawah nrawah+ ana aw ankaci ou kamem (quand
même) +euh+ errouh alwatania foutit
(j'ai voté) + ala bouteflika
L2.2 : ana ma nvotich (je ne vote
pas)
L3.9 ; lvot (le vote) votina
(nous avons voté) wa elhamdoulilah+ rana sahemna ala
kadr el moustataa kima el aada+ouaou++ euh+ binesba la lvot
(le vote) antaana jina li kataa atariq amam
enas+ aou amam achkhas youridouna an yoghrikou el djazair fi euh++ barakin min
edima
Ces énoncés démontrent que les trois
locuteurs, malgré la différence d'age, usent d'un même
lexique métissé. Cette pratique ne touche pas les hommes
uniquement, les femmes de leur coté contribuent à la
vulgarisation des nouveaux termes de l'arabe dialectal, comme dans
l'énoncé de cette femme âgée d'environ30 ans,
tiré de l'émission Sarih jidan enregistrée
à Alger :
L2. 8 : ma andich aalaka maa stade+
nchouf fetélé bessah ma andich aalaka
3. L'implication de l'élite cultivée dans ces
comportements langagiers.
Les locuteurs cultivés et de niveau académique
sont aussi impliqués dans ces comportements langagiers. A cet
égard, Chériguen, (2002: 11) soutient
que: « ...Ce parler bilingue se maintient surtout chez les
autochtones cultivés qui emploient des termes locaux quand le
référent est une réalité
locale ».
Nous disposons dans notre corpus d'énoncés
formulés par les journalistes, animateurs des deux émissions, qui
confirment nos propos. Il s'agit du journaliste, homme, d'Echourouk TV et de sa
collègue dans la chaine d'Ennahar TV.
Ex1: J.2: votit (tu as
voté)?
(Énoncé du journaliste d'Echourouk TV, 2eme
séquence)
Ex2 : j.3 : icalmique
(çeci te calme) hadhou !
L ??.4 : chefti rajel mahgour bezef a khti.***
J.5 : wanta wantaya bech tiviti
( éviter) hadh ella hadhouma ::
(Énoncés de la journaliste d'Ennahar TV, 2eme
séquence)
Au terme de ce chapitre, on a pu remarquer que l'emprunt
algérianisé demeure le phénomène dominant dans les
constructions néologiques de l'arabe dialectal.
Conclusion
générale
Conclusion générale
L'ouverture médiatique impose ses empreintes et
contribue largement à faire évoluer l'état des pratiques
linguistiques. Le plurilinguisme est présent sur les chaines de
télévision où la créativité lexicale
s'épanouit dans la plupart des émissions interactives. Comme
l'affirme Med BENRABEH : « devant
une panoplie de langues en contact, le locuteur algérien se retranche
dans son maquis linguistique et crée sa propre langue ».
Il s'agit d'une nouvelle forme endogène qui est née d'un
système approximatif conçu à partir d'une combinaison de
l'arabe dialectal et du français.
L'analyse de notre corpus nous montre que les sujets parlants
semblent spontanés et non gênés quant à la pratique
du métissage linguistique. Cela nous permet de dire que la
réalisation des emprunts algérianisés n'est pas
systématiquement volontaire et consciente. Ce constat nous amène
à considérer ces comportements langagiers comme un
éventuel déficit lexical dans l'arabe dialectal. C'est
l'hypothèse qui a été infirmée après
l'analyse du corpus, dans la mesure où les termes et les expressions
crées ont des équivalents dans les deux langues.
Ceci nous donne à penser alors, que les locuteurs font
usage de ce nouveau lexique comme une stratégie de communication,
même s'il peut résulter d'une incompétence en
français et/ou en arabe. Il reste vrai qu'en Algérie, ce
phénomène est généralisé au sein des
différentes catégories sociales, mais il touche aussi la
catégorie de l'élite. Ainsi le recours des deux journalistes
d'Echourouk TV et d'EnnaharTV aux mêmes pratiques langagières, met
les autres locuteurs dans une atmosphère de sécurité
linguistique, et ces derniers ne se sentent nullement embarrassés. C'est
aussi une manière d'affirmer une identité qui est propre aux
algériens. Autrement dit un marqueur identitaire.
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Annexes
* 1 Taleb Ibrahimi,
l'Algérie : coexistence et concurrence des langues (1998 : 22)
* 2 I. CHACHOU, citée
par KHELIFI Hanane, L'alternance codique dans l'émission radiophonique
"média mania " de Jijel FM, mémoire de master, pp:120-121
* 3- Camille Roger ABOLOU,
langues, dynamiques des médias audiovisuels et aménagement
médiato-linguistique en Afrique
-M. SADI Nabil, thèse de doctorat, L'usage du
français à la chaine III : Aspects
syntaxico-sémantiques
-KHELIFI Hanane, mémoire de master, L'alternance codique dans
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* 4
Fiche
Algérie dans tlfq.ulaval.ca [
archive]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_alg%C3%A9rien
2 Foued LAROUSSI, (1997:711), Plurilinguisme et identités
au Maghreb, publications de l'université de Rouen
* 5 City-
dz
magazine:La langue arabe «matixistiche» en Algérie [
archive]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe_alg%C3%A9rien
* 6 Se dit de mots formés
d'éléments issus de deux langues
différentes
* 7 Terme que nous avons
emprunté àIbtissem I.Chachou, le mixage linguistique dans la
publicité en Algérie, RÉSOLANG 6-7 - 2e semestre 2011,
p :77, consulté le 05/052015
* 8 Ibtissem CHACHOU,
thèse de doctorat, Aspect des contacts des langues en contexte
publicitaire algérien : Analyse et enquête sociologique, 2011
P : 11
* 9-Samira
Boubakour,« ÉTUDIER LE FRANÇAIS...QUELLE HISTOIRE
! », //www.google.com/search, consulté le
24/04/2015
* 10Terme que nous
empruntons à Louis Jean Calvet(1999). En Algérie, le
français s'acclimate tout en acceptant les mutations qui lui
confèrent l'aspect local.
* 11KHELIFI Hanane, mémoire de master,
L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania
"Jijel FM
* 12 Par transcodage, il est
entendu par Ludi et Py (2003 :142), Etre bilingue, Berne, Peter
Lang : « tout observable, à la surface d'un discours
en une langue ou une variété donnée, qui
représente, pour les interlocuteurs et/ou le linguiste, la trace de
l'influence d'une autre langue ou variété ».
* 13 Taleb Ibrahimi, K.
(1996,2004), AsselahRahal, S. (2000,2001),Dourrari, A. (2003) (2011),Saadi, N.
(2012)
* 14 Notion que nous
utilisons pour la prise en charge de tous les éléments
contribuant à un échange langagier : les locuteurs (avec
toutes leurs spécificités), les lieux, le thème de
l'échange...etc
* 15 Inspéré
de Karima ZIAMARI, dans son article, Le code switching arabe marocain
français, quelle place pour une seule matrice, p:03
* 1 Maingueneau, D. (1996) : Les
termes clés de l'analyse du discours, Paris : seuil
* 16A. DOURARI, Politiques
linguistiques en domaine francophone, Vienne, Octobre, 2011, P: 6
* 17 Moatassime, A. :
Le bilinguisme sauvage, blocage linguistique, sous développement et
coopération hypothétique, l'exemple maghrébin.- Paris,
Tiers-Monde, éducation et développement, tome XV, 1974.- p.p.
619-670.
* 18 Dubois, J & Al.
(1994). Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris
.Larousse, p.115
19 Taleb-Ibrahimi K. 1998. « De la
créativité au quotidien, le comportement langagier des locuteurs
algériens ».
* 20 Hamers J.F et Blanc M.
(1983) : Bilingualité et Bilinguisme, Bruxelles, Mardaga, p.
176
* 21 Hamers, in Moreau,
1997: 136
* 22 Dictionnaire Le
Petit Larousse 2008, p.586.
* 23 Dictionnaire
français Larousse,
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/n%C3%A9ologie/73001,consulté
le 08/05/2015
* 24 Ibtissem CHACHOU, Le
mixage linguistique dans la publicité en Algérie, revue n°
6- Résolang 2011 n° 6-7, P: 71,
http://eprints,aidenligne-français-université.auf.org/665/1Chachou-simple.pdf,
consulté le 04/05/2015
* 25 Site internet des
médias Algérie,
http://www.medias-algerie.com/(consulté
le 28/04/2015)
* 29 Le quotidien « l'expression
»,7 avril 2013.
* 26 Cité par
Mohammed Zakaria Ali-Bencherif dans son article L'emploi alternatif de l'arabe
algérien et du français dans des conversations bilingues: Modes
de fonctionnement, régulation et ritualisation dans les séquences
d'ouverture, Synergies Algérie n° 8 -
2009 pp. 79-89, consulté le 07/05/2015
* 27 EnTV : Ennahar TV,
Er1 : Enregistremnent1, S1 : Séquence1
* 28 EchTV : Echourouk
TV
* 29 Poésie arabe
préislamique (djahilite)
* 30 Sylvette Larzul,
Grammatisation et lexicographie de l'arabe algérien au XIXe
siècle, Synergies Monde arabe n°7-2010, pp.89-100
* 31 Voir le chapitre
cadrage théorique et définitions des concepts
* 32 Voir notre
chapitre, Procédés de créativité
dans l'arabe dialectal
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