Le droit à l'éducation, à
la formation et à l'information est reconnu par la loi.
La constitution de 1996(révisée en
2005) détermine en ses articles 33, 34, 35, 36 et 38 les missions
d'éducation assignées à l'Etat. Ainsi elle affirme entre
autres que :
· tout citoyen a droit à l'instruction.
· L'enseignement public est laïc et gratuit.
· L'enseignement privé est reconnu et s'exerce
dans les conditions définies par la loi.
· L'enseignement fondamental est obligatoire.
· Les parents ont le droit naturel d'élever et
d'éduquer leurs enfants. Ils sont soutenus dans cette tâche par
l'Etat et les collectivités territoriales décentralisées.
Depuis son accession à l'indépendance
le 11 août 1960, le Tchad a fait du secteur de l'éducation l'une
de ses priorités. Mais la poussée démographique et la
demande sociale d'éducation rendent difficile la réalisation des
objectifs dans ce domaine. Pour mieux orienter la formation en fonction des
besoins du marché du travail, en 1990 a été mis en place
un programme Education-Formation en liaison avec l'Emploi (EFE) dont la
stratégie vise sur le plan qualitatif l'amélioration du rendement
du système et sur le plan quantitatif l'accroissement
régulé du nombre de bénéficiaires directs des
services d'éducation et de formation.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS),
célébrée du 15 janvier au 6 avril 1993 a recommandé
les Etats Généraux de l'Education Nationale qui se sont tenus du
19 au 29 octobre 1994. Dans la même lancée, en 2002, s'est tenue
en Suisse, une réunion (table ronde de Génève IV)
sectorielle sur l'éducation et la formation au Tchad. Au cours de cette
conférence, le gouvernement tchadien a présenté à
ses partenaires qui l'ont approuvé sa politique sectorielle en
matière d'éducation et la stratégie de sa mise en oeuvre.
Le plaidoyer et la mobilisation sociale en faveur de la scolarisation des
enfants et des filles en particulier sont les grands axes de la
stratégie. La réduction des disparités occupe une place de
choix dans cette stratégie. Elle vise à donner davantage de
chance d'accès à l'éducation aux enfants des deux genres
issus de toutes les régions et de différents milieux. L'accent
sera mis sur la scolarisation des filles, notamment leur maintien et leur
performance, l'alphabétisation fonctionnelle destinée aux femmes,
aux jeunes déscolarisés et non scolarisés y compris les
enfants des nomades.
Avec les efforts notables déployés par
les différents gouvernements qui se sont succédés pour
favoriser la scolarisation de tous les enfants tchadiens et en particulier les
filles tchadiennes, l'on a constaté une amélioration quantitative
de la scolarisation certes mais elle est demeurée en déca des
attentes.
Il se pose d'abord un problème d'offre
scolaire. L'insuffisance des structures d'offre de l'éducation constitue
le principal handicap au développement de l'instruction au Tchad : il y
a en moyenne 70 élèves par classe et au moins autant par
enseignant. L'état de délabrement et de précarité
des infrastructures et d'équipements scolaires est très
avancé : 65% sont des abris provisoires (en secco ou en Poto-poto)
dont la durée de vie correspond à une année scolaire
(MPDC, 2003; MEN, 2003; Farabe, 2004). L'Etat n'arrive donc pas à
satisfaire les besoins en matière de scolarisation de la population
tchadienne. Car Comme le dit le petit Larousse illustré 2005,
scolariser : c'est " doter un pays, une région des
établissements nécessaires à l'enseignement de toute une
population" (Larousse, 2004 :967).
Le cycle infernal des années
blanches et des années scolaires élastiques ou tronquées
surtout au niveau universitaire fait partie de la réalité
scolaire au Tchad.
De nombreuses disparités sont
cachées par les taux globaux calculés au niveau national. Ainsi
en 1993, d'importants déséquilibres sont observés au
niveau des préfectures. On passe en effet d'un taux de 6% au Lac
à 55,9% au Logone Oriental (tableau1.1). Trois préfectures ont
des taux supérieurs à 50% : le Logone Oriental (55,9%), le Logone
Occidental (55,7%) et le Moyen Chari (50,3%). A l'opposé, cinq
préfectures ont des taux inférieurs à 10% : le Batha
(7,2%), le Biltine (7,4%), le Kanem (8,7%), le Lac (6,0%) et le Ouaddaï
(6,1%).
Par rapport à la moyenne
nationale (31,8%), on constate que cinq (5) préfectures sur quatorze
(14) accusent des taux supérieurs à cette moyenne. On retrouve
une grande disparité entre les garçons et les filles et ce dans
les préfectures à haute scolarisation que dans celles à
faible scolarisation.
D'après la Banque mondiale (2005),
le Tchad est : le pays qui a le ratio élèves/maître le plus
élevé d'Afrique avec 68 élèves par maître et
la plus faible proportion de maîtresses du primaire : 11%.
Le rapport de la 47ème session
de la Conférence Internationale de l'Education tenue à
Genève en septembre 2004 (cf. tableau 1.2) montre que le rapport de
féminité des taux de scolarisation au niveau de l'enseignement
primaire au Tchad est passé de 57,64% (58 filles scolarisées pour
100 garçons) en 1999 à 64,21% (64 filles scolarisées pour
100 garçons) en 2003 et que le taux brut de scolarisation primaire au
Tchad en 2003 est de 78% alors qu'il est de 92% au niveau de l'Afrique . Dans
la zone CEMAC, les pays ayant les plus faibles taux de scolarisation durant
l'année scolaire 2002/2003 sont la RCA et le Tchad. Le Niger, pays
sahélien et limitrophe du Tchad présentent les plus bas taux
par rapport à ceux des pays de la zone CEMAC.
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