ORGANISME INTER-ETATIQUE
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
(www.iford-cm.org)
Année académique : 2004-2005
25ème promotion
DÉTERMINANTS DES DISPARITÉS
RÉGIONALES EN MATIÈRE DE SCOLARISATION DES ENFANTS AU TCHAD.
Mémoire de fin d'études
Présenté et soutenu publiquement
par :
NOUBADIGNIM Ronelyambaye
En vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Supérieures Spécialisées
en Démographie ( D.E.S.S.D.).
Option : Collecte et Analyse des
Données
Sous
la direction de : Dr. Jean WAKAM
Yaoundé, décembre 2005
DÉDICACE
A Dieu le
père
A notre père BEDAINGAR RONELYAMBAYE
A notre mère DIDJEMAL DANA
A nos soeurs RONEL EMELIE et REMADJI
CLARISSE
A tous les Tchadiens des deux
sexes
A tous les enfants confiés, orphelins
ou en situation
nécessitant une protection
spéciale
A tous les enfants qui aimeraient aller
à l'école mais qui
n'ont pas eu cette chance
Nous vous dédions ce modeste
travail.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail qui est une manifestation de la
grâce de Dieu, qu'il nous soit permis de remercier tous ceux qui de
près ou de loin ont contribué à sa réalisation.
Nos remerciements vont d'abord à notre directeur
de mémoire le Dr Jean WAKAM, pour les sacrifices qu'il a consentis en
acceptant de diriger ce travail et pour sa disponibilité malgré
ses multiples occupations.
Nos remerciements vont ensuite à tout le
personnel enseignant et administratif de l'IFORD/U.Y.II. Nos sincères
remerciements à l'ensemble des étudiants des
24è, 26è et surtout de la
25è promotion de l'IFORD.
Nos reconnaissances vont également à la
Banque mondiale et au gouvernement tchadien qui à travers le projet GEEP
(Gestion de L'Economie à l'Ere Pétrolière) ont
financé notre formation à l'IFORD. Et surtout au
député MOUSSA KADAM qui a suivi de bout en bout
l'évolution de notre dossier de bourse.
Au-delà de tout, nous ne saurions oublier notre
tante Mme NOUDJALBAYE Yotéal Ngoudjo, nos oncles NDILOÏNGAR
Nadjiounra et DJORALBAYE Nguétebaye pour leur soutien inconditionnel
durant ces deux années d'études.
A tous ceux qui nous ont toujours aidé et
soutenu dans la joie comme dans les difficultés pendant nos
études et qui n'ont pas été cités nommément,
qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.
SOMMAIRE
-
DÉDICACE.................................................................................ii
-
REMERCIEMENTS......................................................................
.iii
-
SOMMAIRE................................................................................iv
-
AVANT-PROPOS...........................................................................vii
- LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS..................................................viii
- LISTE DES
TABLEAUX...................................................................ix
- LISTE DES
FIGURES......................................................................xii
-
RÉSUMÉ...................................................................................xiii
INTRODUCTION
GENERALE......................................................1
CHAPITRE I : CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE
L'ÉTUDE..............6
1) QUELQUES TRAITS GÉNÉRAUX DU
PAYS..............................................6
1.1) SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE DU
TCHAD...................6
1.2) CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIO-ECONOMIQUES..........8
2) CARACTERISTIQUES SCOLAIRES DU
TCHAD........................................10
2.1) L'ORGANIGRAMME DU SYSTÈME ÉDUCATIF
TCHADIEN...........................10
2.2) LES ORIENTATIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
TCHADIEN..........................12
3) JUSTIFICATION DE
L'ÉTUDE...............................................................15
CONCLUSION
PARTIELLE..................................................................18
CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE........................19
1) REVUE DE LA
LITTÉRATURE...............................................................19
1.1) APPROCHE
INSTITUTIONNELLE...............................................................19
1.2) APPROCHE
SOCIOCULTURELLE................................................................21
1.3) APPROCHE
SOCIO-ECONOMIQUE.............................................................23
1.4) APPROCHE
SOCIO-DÉMOGRAPHIQUE......................................................25
1.5) LES INÉGALITÉS SOCIALES, RELATIONS DE
GENRE ET SCOLARISATION...32
2) HYPOTHÈSES ET CADRE
CONCEPTUEL................................................37
2.1)
HYPOTHÈSES............................................................................................37
2.2) CADRE CONCEPTUEL DE
L'ÉTUDE............................................................38
2.3) DEFINITIONS DES
CONCEPTS....................................................................40
CONCLUSION
PARTIELLE.....................................................................40
CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS
METHODOLOGIQUES............................................................41
1) DONNEES
UTILISEES........................................................................41
2) VARIABLES ET
INDICATEURS............................................................43
3) CADRE
ANALYTIQUE........................................................................45
4) ÉVALUATIONS DE LA QUALITÉ DES
DONNEES.....................................47
5) METHODES
D'ANALYSE.....................................................................52
CONCLUSION
PARTIELLE.....................................................................55
CHAPITRE IV : LES INEGALITES REGIONALES EN MATIÈRE
DE SCOLARISATION AU
TCHAD.........................................................56
1) VARIATIONS DE LA SCOLARISATION SELON LA RÉGION DE
RESIDENCE.56
1.1) RÉPARTITION DES ENFANTS DE 6-14 ANS SELON LA
RÉGION DE
RÉSIDENCE................................................
....................................................56
1.2) VARIATION DES TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS DE 6-14
ANS SELON LE DEGRÉ D'URBANISATION ET LA PRÉFECTURE DE
RÉSIDENCE... .....56
1.3) EXAMEN DE LA NON-SCOLARISATION DES ENFANTS SELON LES
RÉGIONS.........................................................................................................57
2) ANALYSE DES DISPARITÉS RÉGIONALES SELON LES
CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DE
L'ÉTUDE...........................................................................................61
2.1) VARIATIONS REGIONALES DE LA SCOLARISATION SELON LE
MILIEU DE
RÉSIDENCE.....................................................................................................61
2.2) VARIATIONS REGIONALES DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES MÉNAGES
................................................................62
2.3) VARIATIONS REGIONALES DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES CHEFS DE
MÉNAGE..................................................63
2.4) VARIATIONS REGIONALES DE LA SCOLARISATION SELON LES
CARACTERISTIQUES DES
ENFANTS..................................................................65
3) VARIATIONS REGIONALES DES INEGALITES SEXUELLES EN
MATIÈRE DE SCOLARISATION DES ENFANTS AU
TCHAD............................................66
3.1) EXAMEN SELON LES CARACTERISTIQUES
CONTEXTUELLES.....................66
3.2) EXAMEN SELON LE NIVEAU DE VIE DES
MÉNAGES....................................68 3.3)
EXAMEN SELON LE SEXE DU CHEF DE
MÉNAGE........................................68
3.4) EXAMEN SELON LE NIVEAU D'ÉTUDE DU CHEF DE
MÉNAGE....................70
CONCLUSION
PARTIELLE......................................................................71
CHAPITRE V : ESSAI D'IDENTIFICATION DE QUELQUES
DÉTERMINANTS DES DISPARITÉS RÉGIONALES EN MATIÈRE
DE SCOLARISATION DES ENFANTS AU TCHAD..............................73
1) VUE GLOBALE DES DISPARITÉS RÉGIONALES EN
MATIÈRE DE SCOLARISATION
.................................................................................73
2) DIFFÉRENCES SELON LE MILIEU DE
RÉSIDENCE...................................77
3) DIFFÉRENCES SELON LES CARACTERISTIQUES DU CHEF DE
MÉNAGE....79
4) DIFFÉRENCES SELON LE NIVEAU DE VIE DU
MÉNAGE...........................81
5) DIFFÉRENCES SELON LE SEXE DES
ENFANTS.......................................83
6) DIFFÉRENCES SELON L'AGE DES
ENFANTS..........................................84
CONCLUSION
PARTIELLE.........................................................................85
SYNTHÈSE ET CONCLUSION
GENERALE..................................87
BIBLIOGRAPHIE...................................................................91
ANNEXES.............................................................................97
AVANT-PROPOS
Le programme de formation à l'I.FO.R.D. est
centré sur la collecte des données démographiques,
l'analyse et l'interprétation des phénomènes
démographiques, la mise en évidence des relations existant entre
phénomènes démographiques et phénomènes
économiques et sociaux ainsi que sur l'élaboration et la gestion
des programmes de population.
Le mémoire est l'un des modules inscrits dans ce
programme afin de tester la capacité des étudiants à mener
des recherches sur un sujet portant sur la population et le
développement, bien entendu en respectant les différentes
étapes d'une recherche en Sciences Sociales.
Aussi avons-nous opté de travailler sur un sujet de
haute importance pour les populations humaines à savoir
l'éducation.
Faut-il le rappeler, l'éducation influence le
bien-être des personnes, des communautés et des nations. Elle
contribue à améliorer les conditions d'existence et la
qualité de la vie et permet d'offrir à tous les membres de la
société des opportunités irremplaçables (Banque
mondiale, 2000). Une éducation pertinente et de bonne qualité est
le moyen par excellence d'inculquer le sens de responsabilité en
même temps que de permettre l'exercice des droits individuels. Or en
Afrique, de nombreux enfants d'âge scolaire, et notamment les filles et
enfants orphelins ou confiés, ne vont pas à l'école.
En avril 2000, les délégués du Forum
Mondial sur l'Éducation tenu au Sénégal ont
rédigé collectivement le cadre d'activités de Dakar dans
lequel ils se sont engagés à :
- faire en sorte que d'ici 2015 tous les enfants, notamment
les filles et les enfants en difficulté ou issus de minorités
ethniques, aient la possibilité d'accéder à un
enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre
jusqu'à son terme ;
- éliminer les disparités entre les sexes dans
l'enseignement primaire et secondaire d'ici 2005 et instaurer
l'égalité dans ce domaine d'ici 2015 en veillant notamment
à assurer aux filles l'accès équitable et sans restriction
à une éducation de base de qualité avec les mêmes
chances de réussite.
Nous avons choisi de travailler plus
spécifiquement sur les disparités régionales en
matière de scolarisation et l'aspect "inégalités de
chances"des enfants car cela fait partie des huit Objectifs du
Millénaire pour le Développement (O.M.D.).
Les O.M.D. étant le fruit d'un consensus mondial sur
ce qu'il faut pour parvenir à réduire durablement la
pauvreté, nous aimerions grâce à ce travail contribuer
à mettre en évidence les pesanteurs régionales en
matière de scolarisation qui orienteront les actions de lutte contre la
pauvreté dans le monde.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ATEP : Association Tchadienne pour l'Etude
de la Population
BEPC : Brevet d'Etudes du Premier Cycle
BET : Borkou-Ennedi-Tibesti
BIT : Bureau International du
Travail
CEPE : Certificat d'Etudes Primaires
Elémentaires
CM : Chef de Ménage
DCAP : Direction de la Coordination des
Activités en matière de Population
ECOSIT : Enquête sur la Consommation et
le Secteur Informel au Tchad
EDS (DHS) : Enquête
Démographique et de Santé (Demographic and Health Surveys)
EIMT : Enquête par grappes à
Indicateurs Multiples du Tchad
EPT (EFA): Education Pour Tous (Education For
All)
EPU : Enseignement Primaire
Universel
FASAF : Famille et Scolarisation en
Afrique
FNUAP : Fonds des Nations Unies pour les
Activités en matière de Population
IDH : Indice de Développement
Humain
IFORD : Institut de Formation et de
Recherche Démographiques
IIPE : Institut International de la
Planification de l'Education
IPT : Indice de Parité des
Taux
ISSED : Institut Supérieur des
Sciences de l'Education
ISU : Institut de Statistique de
l'UNESCO
MEN : Ministère de l'Education
Nationale
MPDC : Ministère du Plan, du
Développement et de la Coopération
ONUSIDA : programme commun des Nations Unies
sur le VIH/SIDA
PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
RT : République du Tchad
SIDA : Syndrome Immuno Déficience
Acquise
SNRP : Stratégie Nationale de
Réduction de la Pauvreté
UEPA : Union pour l'Etude de la
Population Africaine
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
ZD : Zone de Dénombrement.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1 : taux de scolarisation
des enfants de 6-15 ans par sexe, selon la préfecture au RGPH de
1993.............................................................................................14
Tableau 1. 2 : Taux Brut (TBS) et Taux
Net (TNS) de scolarisation dans le primaire dans quelques pays africains de
1998 à 2003 (en
%)......................................................15
Tableau 3.1 : informations et
pondération utilisées pour la construction de l'indicateur du
niveau de vie des
ménages..............................................................................46
Tableau 3.2 : effectifs des
ménages, des femmes et des hommes sélectionnés,
identifiés et enquêtés et taux de réponse selon le
milieu de résidence...........................................47
Tableau 3.3: taux de réponses
selon les variables retenues.........................................48
Tableau 3.4: indices de
Myers.........................................................................51
Tableau 3.5 : indices de
Whipple......................................................................52
Tableau 4.1.1 :
répartition des enfants de 6 à 14 ans selon la
région de résidence...............56
Tableau 4.1.2.a : taux de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon le degré
d'urbanisation en
1996/1997..............................................................................................57
Tableau 4.1.2.b : taux de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon la préfecture de
résidence en
1996/1997..................................................................................57
Tableau 4.1.3 :
répartition des enfants de 6 à 14 ans par
région selon la fréquentation scolaire (avec N'djaména
comme région de
résidence)........................................................58
Tableau 4.1.4 :
répartition des enfants de 6 à 14 ans dans les trois
régions selon la fréquentation
scolaire.....................................................................................59
Tableau 4.2 : Indice de Parité
des Taux de non-scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes
régions du
Tchad............................................................................60
Tableau 4.3.1.a : taux de
scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes régions du
Tchad selon le milieu de
résidence.....................................................................61
Tableau 4.3.1.b : Variations des
IPT(r/i) et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le milieu de
résidence.....................................................................................................61
Tableau 4.3.2.a : taux de
scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes régions
selon les caractéristiques des
ménages.....................................................................................63
Tableau 4.3.2.b : Variations des
IPT(r/i) et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le niveau de
vie du
ménage.......................................................................................63
Tableau 4.3.3.a: taux de
scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes régions du
Tchad selon les caractéristiques des chefs de
ménage...............................................64
Tableau 4.3.3.b : variations des IPT
(r/i) et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le niveau
d'études et sexe du chef de ménage
..........................................................................64
Tableau 4.3.4.a:
taux de scolarisation des enfants des différentes
régions du Tchad selon sexe et l'âge de
l'enfant..............................................................................................65
Tableau 4.3.4.b Variations des
Indices de Parité des taux IPT (r/i) et taux
de scolarisation selon le sexe et l'âge de
l'enfant..........................................................................................65
Tableau 4.4 : taux de scolarisation des
filles et des garçons de 6-14 ans et IPT(g/f) par région selon le
milieu de
résidence.............................................................................66
Tableau 4.5.1 : variations des
rapports de féminité des taux de scolarisation (Rf) et
IPT (g/f) selon la région de résidence à l'EDS au Tchad en
1996/1997......................................67
Tableau 4.5.2 : variations des taux
de scolarisation des filles et des garçons et IPT (g/f) selon la
région de résidence à l'EDS au Tchad en 1996/1997 par
tranche d'âges.......................67
Tableau 4.6 : taux de scolarisation
des filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) par région
selon le niveau de vie des
ménages............................................................68
Tableau 4.7 : variations des
rapports de féminité des taux de scolarisation (Rf) et
IPT (g/f) selon le sexe du chef de ménage à l'EDS au Tchad en
1996/1997.................................69
Tableau 4.8: taux de scolarisation
des filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) par région de
résidence selon le sexe du chef de ménage à l'EDS au Tchad
en 1996/1997....................70
Tableau 4.9 : variations des
taux de scolarisation des filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f)
selon le niveau d'études du chef de ménage à l'EDS au
Tchad en
1996/1997...............................................................................................................................70
Tableau 4.10 :
variations régionales des taux de scolarisation des filles
et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) selon le niveau d'études
du chef de ménage à l'EDS au Tchad en1996/1997......
.........................................................................................71
Tableau 5.1: rapports de chances
de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence au
Tchad....................................................................................75
Tableau 5.2: rapports de
chances de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur
région de résidence et le milieu de résidence au
Tchad......................................................78
Tableau 5.3.1: rapports de
chances de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur
région de résidence et le sexe du chef de ménage au
Tchad................................................79
Tableau 5.3.2 : rapports
de chances de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur
région de résidence et le niveau d'instruction du chef de
ménage au Tchad.....................81
Tableau 5.4 :rapports de
chances de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur
région de résidence et le niveau de vie du ménage au
Tchad...............................................82
Tableau 5.5. : rapports
de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans
selon la région de résidence et le sexe de l'enfant au Tchad
...........................................................83
Tableau 5.6: rapports de
chances de fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans
selon la région de résidence et l'âge de
l'enfant au Tchad...........................................82
Tableau A.1 :
répartition des enfants de 6 à 14 ans par
région de résidence selon le niveau d'instruction du chef de
ménage au Tchad en
1996/1997...........................................97
Tableau A.2 :
répartition des enfants de 6 à 14 ans par
région de résidence selon le niveau de vie du ménage au
Tchad en
1996/1997................................................................97
Tableau A.3 :
répartition des écoles selon le milieu
d'implantation en 2000/2001 au
Tchad.......................................................................................................97
Tableau A.4 :
répartition des écoles élémentaires
selon l'année de création en 2000/2001 au
Tchad.......................................................................................................98
Tableau A.5 :
répartition des écoles selon la langue
d'enseignement en 2000/2001 au
Tchad......................................................................................................
98
Tableau A.6 : taux de
scolarisation des enfants de 6-15 ans par sexe, selon le milieu de
résidence et la religion au RGPH du Tchad en 1993 (en
%).......................................99
Tableau A.7 : taux de
scolarisation des enfants de 6-15 ans par milieu de résidence et sexe,
selon le grand groupe ethnique au RGPH du Tchad en 1993 (en
%)............................100
Tableau A.8 : rapports de
chances de fréquentation scolaire des enfants de 6 à 9 ans et
ceux de 10 à 14 ans en fonction de leur sexe au Tchad en
1996/1997.................................100
Tableau A.9: rapports de chances
de fréquentation scolaire des filles et des garçons de 6 à
9 ans et ceux de 10 à 14 ans par région de résidence au
Tchad en 1996/1997....................101
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1 : carte
administrative du
Tchad.....................................................................7
Figure 2.1 : schéma
conceptuel des déterminants des disparités régionales en
matière de scolarisation des
enfants...........................................................................................39
Figure 3.1: schéma d'analyse
des déterminants des disparités régionales en
matière de scolarisation des
enfants................................................................................
.45
Figure 3.2.1 : répartition des enfants
scolarisables selon l'âge.....................................49
Figure 3.2.2 : répartition des
effectifs des garçons par âge
........................................49
Figure 3.2.3 : répartition des
effectifs des filles par âge
...........................................50
Figure 3.2.4 : taux de scolarisation par
âge des enfants de 6 à 14 ans............................50
Figure 4.1 Proportions d'enfants non
scolarisés par région (avec N'djaména comme
région)......................................................................................................58
Figure 4.2 Proportions d'enfants non
scolarisés dans les 3
régions................................59
RÉSUMÉ
Au Tchad, le droit à l'éducation, à la
formation et à l'information est reconnu par la constitution. Garantir
le droit à l'éducation signifie que l'Etat a le devoir d'assurer
à tous les citoyens les moyens de satisfaire leurs besoins
éducatifs fondamentaux. L'éducation de base doit donc être
à la fois gratuite, obligatoire et de bonne qualité pour arriver
à satisfaire les exigences de l'EPT (Education Pour Tous) d'ici 2015.
En jetant un regard interrogatif sur la situation scolaire
des enfants tchadiens, on se rend compte que tous les enfants ne sont pas
scolarisés et que cette situation diffère selon les
régions. Il est évident que rechercher les facteurs explicatifs
de cette situation est une contribution à la résolution dudit
problème.
L'objectif général de la
présente étude est de mettre à la disposition des
décideurs et autres utilisateurs potentiels des informations
susceptibles de les éclairer dans la prise des décisions
relatives au développement social et économique du Tchad en
tenant compte des spécificités régionales.
A l'aide des données de l'EDS
(Enquête Démographique et de Santé) de 1996/1997, elle
évalue la scolarisation des enfants selon leur région de
résidence. Elle a ainsi montré qu'au Tchad :
1) les disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants sont plus prononcées en milieu rural qu'en
milieu urbain ;
2) les disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants sont plus prononcées dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction élevé, dans
les ménages pauvres que dans les ménages riches et presque
identiques dans les ménages dirigés par les hommes et dans ceux
dirigés par les femmes ;
3) les disparités régionales en matière
de scolarisation augmentent avec l'âge des enfants ;
4) les disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants sont plus importantes chez
les garçons que chez les filles.
Les disparités régionales
s'expriment crûment par une très forte variation des taux de
scolarisation. On constate que la région du Sud se détache des
autres régions en affichant le taux de scolarisation primaire le plus
élevé (44,0%). Le centre et le Nord enregistrent comme taux de
scolarisation primaire respectivement 33,5 % et 9,3%. Ce taux est de
32,6% sur le plan national.
Un certain nombre de recommandations ont
été formulées en vue de remédier à la
situation observée :
· inciter les autorités coutumières ou
traditionnelles et religieuses de toutes les régions et surtout celles
du Sud du pays à promouvoir le maintien des filles et enfants en
situation nécessitant une protection spéciale à
l'école au moins jusqu'à la fin du cycle primaire ;
· lutter contre la pauvreté des ménages par
une meilleure prise en charge de la demande scolaire des milieux
défavorisés et réduire les coûts d'acquisition des
fournitures scolaires ;
· l'offre scolaire en milieu rural doit être
améliorée par les pouvoirs publics : mise en place et
amélioration des infrastructures scolaires dans toutes les
régions et surtout la création des écoles bilingues dans
les régions habitées majoritairement par des musulmans.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
« Donnez aux gens une
obole ou un outil, et ils vivront un peu mieux.
Donnez-leur
l'éducation, et ils changeront le monde »
(Banque mondiale,
2000).
L'éducation est source de pouvoir et de
liberté. L'éducation est l'avenue de choix pour échapper
à la pauvreté, la marginalisation et la mauvaise santé
(ACDI, 2001). L'éducation est le fondement de la démocratie et
des droits de la personne. On sait que l'éducation, en particulier chez
les filles, est le meilleur investissement qu'un pays puisse faire.
L'éducation des filles et des mères
présente des avantages sociaux et économiques incommensurables.
En effet, les mères éduquées sont plus susceptibles
d'adopter de bonnes pratiques sanitaires et nutritionnelles que celles qui ne
le sont pas. Les filles qui ont un minimum de huit années de
scolarisation se marieront probablement plus tard, auront moins d'enfants et
utiliseront plus volontiers des moyens de contraception. Les mères
éduquées sont également plus enclines à envoyer
leurs propres filles à l'école et à veiller à ce
qu'elles tirent parti socialement et économiquement de
l'éducation qu'elles reçoivent. Les données disponibles
indiquent que chaque année supplémentaire de scolarisation des
filles se traduit par une baisse de 5 à 10% de la mortalité
infantile (Allen, 1995).
Pour Tchegho (1999), le développement humain
durable, qui apparaît de nos jours comme le seul moyen d'améliorer
le bien-être des générations actuelles sans compromettre
celui des générations futures, est inconcevable sans la
participation active des femmes. Elles constituent un important potentiel de
ressources humaines dont la non valorisation causerait beaucoup de
préjudices à l'environnement : déchets
ménagers, feu de brousse, méthode culturale, etc.
Il convient de préciser que
l'éducation, facteur de cohésion nationale, vecteur attendu de
justice sociale, agit également dans les domaines du travail et de la
lutte contre le VIH/SIDA. Lors du forum mondial sur l'éducation de
Dakar, Peter Piot, directeur exécutif de l'ONUSIDA, déclarait que
«l'éducation peut être une arme puissante-sans doute la plus
puissante-pour combattre l'extension du VIH/SIDA ». Il avait de
bonnes raisons de l'affirmer : cette maladie n'a pas de remède, les
perspectives de vaccin sont encore lointaines et l'accès universel et
durable aux thérapies antirétrovirales rencontre d'immenses
difficultés. Dans ce contexte, la société ne dispose que
de l'éducation pour endiguer l'épidémie (IIPE, 2004). Marx
(1976 : Cité par Kouamé, 1987 : 33) reconnaît que
l'éducation augmente les capacités de production des travailleurs
lorsqu'il écrit : « ...pour transformer la nature
humaine, pour lui faire acquérir aptitude, précision et
célérité dans une branche de travail
déterminée, c'est-à-dire pour en faire une force de
travail développée pour une tâche spéciale, il faut
une certaine éducation ou formation... ».
La scolarisation est une préoccupation
mondiale tant elle a fait l'objet des déclarations et des conventions
adoptées par la communauté internationale à des
différentes occasions. Nous citerons entre autres : la
déclaration universelle des droits de l'Homme (1948), la
conférence des États africains pour le développement de
l'éducation (1961), le sommet mondial pour les enfants (1990), la
conférence sur l'environnement et le développement (1992), la
conférence mondiale sur les droits de l'Homme (1993), la
conférence internationale sur la population et le développement
(1994), la conférence mondiale sur les besoins éducatifs
spéciaux : accès et qualité (1994), la
quatrième conférence mondiale sur les femmes (1995), la
conférence internationale sur le travail des enfants (1997) et le forum
mondial sur l'éducation (2000).
Au cours des rencontres qui ont abouti à
l'adoption de ces conventions et déclarations, l'objectif principal
était d'assurer à tous les enfants d'âge scolaire un
Enseignement Primaire Universel (EPU). Mais cet objectif est loin d'être
réalisé surtout en Afrique noire où presque tous les
indicateurs sociaux sont au rouge. Le bilan mondial de l'EPT à l'an 2000
montre que des progrès importants ont été accomplis dans
beaucoup de pays. Cependant, plus de 113 millions d'enfants n'ont pas
accès à l'enseignement primaire, l'on dénombre encore 880
millions d'adultes analphabètes, la discrimination sexuelle continue de
sévir dans les systèmes éducatifs et la qualité de
l'apprentissage et l'acquisition des valeurs humaines et de compétences
est loin de répondre aux aspirations et aux besoins des individus et des
sociétés. Beaucoup d'enfants sont exclus du système
éducatif formel.
En plus de ses problèmes traditionnels,
l'école africaine est victime des ajustements structurels auxquels sont
soumis les États. Il y a une inadéquation entre la demande et
l'offre scolaires. Le système scolaire est secoué et
l'État a du mal à soutenir l'édifice. La demande
d'éducation n'est pas satisfaite et parfois ignorée. Du fait de
la croissance démographique rapide, les infrastructures scolaires
deviennent de plus en plus insuffisantes pour accueillir les enfants ayant
l'âge officiel d'admission. Pour adapter les infrastructures et les
ressources disponibles à cette demande, certaines solutions sont
proposées à savoir l'instauration du système des classes
à double flux ou vacations dans les centres urbains et la
généralisation des classes multigrades à cours
jumelés en zone rurale. L'initiative privée essaie comme elle
peut de pallier les défaillances, souvent dans la plus grande anarchie.
Il faut noter que la demande existante ne concerne pas tous les enfants
scolarisables.
Et pourtant, dans notre société
basée sur le savoir, ceux qui reçoivent une bonne
éducation de base peuvent continuer à apprendre tout au long de
leur vie et se maintenir économiquement à flot alors que ceux qui
n'ont aucune formation scolaire solide sont voués à rester sur le
bord de la route (UNESCO, 1998). En plus sans instruction, les enfants sont
socialement, moralement et intellectuellement défavorisés. Ils
sont alors vulnérables face à divers dangers et maux de la
société (toxicomanie, vandalisme, prostitution, etc.).
Des études donnant des valeurs globales des
indicateurs et indices en matière de scolarisation peuvent occulter de
fortes disparités. Ainsi par exemple, au niveau des pays en voie de
développement, la vie scolaire peut atteindre 8 à 10 ans dans
certains pays asiatiques ou en Amérique latine mais reste faible sur le
continent africain où elle n'atteint pas toujours deux ni même
parfois une année dans la zone sahélienne (Guillon, 2004). Cela
peut donc susciter des études permettant de cerner ces
différences et les atténuer dans la mesure du possible.
D'après Wakam (2005), les problèmes
liés à la demande scolaire en Afrique sont :
- le défi démographique (l'explosion
de la population scolarisable) ;
- les inégalités en matière de
scolarisation (entre villes et campagnes, entre régions, entre
garçons et filles, entre riches et pauvres, etc.) ;
- l'absence de motivation dans certaines
régions pour des raisons culturelles entre autres.
D'après le même auteur, au recensement
du Cameroun, réalisé en 1987, il y avait une grande variation du
taux de scolarisation selon le milieu et la province de résidence. Les
provinces les moins scolarisées étaient le Nord et
l'Extrême-Nord (provinces très proches de la République du
Tchad en termes de distance et de contexte socioculturel).
Dans un rapport de 1989 intitulé
"scolarisation primaire dans la province de l'Extrême-Nord", le
Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire (MINPAT) du
Cameroun a fait ressortir un certain nombre de facteurs susceptibles
d'expliquer le faible niveau de scolarisation observé dans cette
province. Parmi les raisons évoquées, on note :
- l'incompréhension du bien-fondé de
l'école de la part des parents ;
- la prédominance dans cette partie du
territoire national des activités agricoles et pastorales auxquelles se
livrent les familles (migrations liées à la pêche,
déplacement pendant la période de transhumance à la
recherche des pâturages pour les troupeaux, récolte
saisonnière de riz et de coton...) ;
- la cohabitation conflictuelle des populations
islamisées et des populations animistes (Pilon et Yaro,
2001 :124).
La région de résidence constitue
l'une des variables pour lesquelles on relève d'importants
différentiels. Dans beaucoup de pays d'Afrique noire, les régions
sont des unités administratives qui présentent entre elles des
différences en matière de climat, de modes de vie,
d'activités économiques, de ressources alimentaires,
d'infrastructures sociales, etc. Ces différences entraînent
indubitablement aussi des différences de niveau de scolarisation.
Or, pour mieux connaître le tout, il faut
nécessairement connaître particulièrement les parties.
Élucider les disparités régionales en matière de
scolarisation est donc une contribution permettant de cerner la situation
globale avec plus de précision.
Le Tchad, pays d'Afrique subsaharienne
ayant connu trois décennies de troubles sociopolitiques qui ont
annihilé tous ses efforts dans les domaines socio-économiques
est confronté à de sérieux problèmes
d'éducation. Au Tchad, près de la moitié de la population
(48%) a moins de 15 ans, les taux bruts de scolarisation primaire sont de 31,8%
pour l'ensemble du pays, 53% pour le milieu urbain, 26% pour le milieu rural et
par rapport au sexe 40,4 % de garçons fréquentent contre 22,8% de
filles (RT, 1995).
Selon les résultats de
l'Enquête Démographique et de Santé (EDS)
réalisée en 1997 au Tchad, le taux d'analphabétisme chez
les 6 ans et plus est de 67% parmi la population tchadienne. Il atteint 78%
chez les femmes et 56% chez les hommes. Un homme sur trois (34%) et une femme
sur cinq (19%) ont une instruction primaire tandis que 9% des hommes et
seulement 2% des femmes ont atteint le niveau secondaire ou plus (Ouagadjio et
al., 1998).
A l'EIMT (Enquête par grappes
à Indicateurs Multiples du Tchad) ou MICS de 2000, 39,2% des enfants de
6 à 11 ans fréquentaient un établissement primaire. Les
résultats de l'EIMT montrent une nette différence selon le milieu
de résidence. Dans les zones urbaines, 55,3% des enfants sont
scolarisés, tandis que dans les zones rurales, seulement 34,4% le sont.
Particulièrement, à N'djaména, ce sont 59,2% des enfants
de 5 à 11 ans qui sont inscrits au niveau primaire (RT, 2000).
Il faut noter qu'on a observé beaucoup
d'écoles publiques des zones méridionales et des grandes villes
du Tchad fonctionner avec des effectifs pléthoriques alors que des
écoles construites dans certaines régions septentrionales
(bastion des populations nomades) du pays dotées de cantines scolaires
sont restées presque vides et des parents potentiellement en mesure de
supporter tous les coûts de scolarisation ne pas se préoccuper de
la scolarisation des filles. Pour beaucoup de spécialistes de
l'éducation au Tchad, il y a plus de filles non-scolarisées que
de garçons à tous les niveaux, même lorsque les chiffres
relatifs aux effectifs montrent qu'il y a davantage de filles à
l'école.
En somme on est tenté à l'observation
de dire que les connaissances, attitudes et pratiques des familles tchadiennes
en matière d'éducation des enfants sont sexistes car le droit
à l'éducation se résume à une affaire des
hommes ; situation qui a pour corollaires la féminisation de
l'analphabétisme et de la pauvreté lorsqu'on sait que
l'éducation formelle est un important facteur de mobilité sociale
et d'accès au secteur formel de l'économie (Mimché, 2004).
La non-scolarisation des enfants constitue
pour le Tchad un grand problème auquel des solutions urgentes doivent
être apportées. Son ampleur et sa complexité exigent une
intervention dans le domaine aussi bien des décideurs que des chercheurs
(Mbaindoh, 1996).
Pour Dabsou (2001), les
inégalités en matière de scolarisation au Tchad sont
très fortes dans toutes les régions. Les filles sont pratiquement
désavantagées dans toutes les régions, même si au
Centre, elles semblent avoir un léger avantage que leurs consoeurs du
Nord et du Sud en termes de rapport de chances de fréquentation
scolaire. Et que sur le plan national, les enfants confiés sont mieux
scolarisés que ceux des chefs de ménage.
D'après Akoto, «il est vain
de chercher à améliorer la scolarisation d'une population
uniquement à partir de l'offre d'éducation. La connaissance des
mécanismes qui sous-tendent sa demande (notamment au niveau de la
famille, de la collectivité et de l'État), couplée
à celle des facteurs liés à l'offre, est, à n'en
pas douter, l'une des meilleures voies pour atteindre cet objectif »
(Pilon et Yaro, 2001).
Comme ces résultats ne mentionnent pas les
facteurs qui sont à l'origine des déficits et des écarts
de scolarisation entre les régions, il est indispensable de mener une
étude approfondie pour mieux connaître les déterminants de
la non- scolarisation des enfants selon les régions, et notamment des
filles au Tchad. Des études sur la demande d'éducation sont ainsi
indispensables pour comprendre les logiques, étant donné que le
phénomène semble lié aux caractéristiques
socio-économiques, démographiques, culturelles et
idéologiques des parents ou du tuteur ainsi que de l'enfant (Wakam et
Banza, 1998).
Ces dernières années, de nombreux
travaux ont été réalisés sur la demande
d'éducation en Afrique. Ceux-ci montrent que les femmes chefs de
ménage scolarisent davantage et mieux
les enfants que leurs homologues hommes (Wakam, 2002a ;
Pilon et Yaro, 2001).
L'objet de cette étude est
d'expliquer les déséquilibres régionaux observés en
matière de scolarisation au Tchad en mettant un accent particulier sur
les inégalités de chances de fréquentation scolaire des
enfants résidant au Sud et au Nord du pays.
Notre question de départ est la
suivante :
Quels sont les déterminants des
disparités régionales en matière de scolarisation des
enfants au Tchad ?
De manière spécifique, nous
cherchons à répondre aux questions suivantes :
- les disparités régionales
en matière de scolarisation des enfants varient-elles en fonction de
l'âge et du sexe des enfants ?
- les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont-elles identiques en milieu
rural et en milieu urbain ? dans les ménages pauvres et dans les
ménages riches ? dans les ménages dirigés par des
chefs instruits et dans ceux dirigés par des analphabètes ?
dans les ménages dirigés par des hommes et dans les
ménages dirigés par des femmes ?
L'objectif général de cette
étude est de mettre à la disposition des décideurs et
autres utilisateurs potentiels des informations susceptibles de les
éclairer dans la prise des décisions relatives au
développement social et économique du Tchad en tenant compte des
spécificités régionales.
Il s'agira plus
spécifiquement :
1) de rendre compte des disparités
régionales en matière de scolarisation des enfants au Tchad ;
2) d'identifier la part des
caractéristiques des enfants (plus particulièrement du sexe et de
l'âge) dans l'explication des disparités régionales de
chances de scolarisation des enfants au Tchad ;
3) de cerner les déterminants de la
non-scolarisation des enfants selon les régions au Tchad.
La présente étude se compose
de cinq chapitres. Le premier portera sur le contexte et la justification de
l'étude. Le cadre théorique de l'étude sera
présenté dans le deuxième chapitre. Le troisième
chapitre abordera le cadre d'analyse et les aspects méthodologiques.
Dans le quatrième chapitre, nous examinerons les
inégalités régionales en matière de scolarisation
au Tchad. Le cinquième chapitre sera consacré à l'essai
d'identification de quelques déterminants des disparités
régionales en matière de scolarisation des enfants au Tchad. Nous
terminerons ce travail par les principales conclusions et recommandations
découlant de cette recherche.
CHAPITRE
I
CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE
L'ÉTUDE
Avant de présenter le cadre
théorique de notre étude, il est important de décrire
brièvement le contexte particulier dans lequel vivent les enfants dont
nous nous proposons d'étudier la fréquentation scolaire. Ce
chapitre présente sommairement les caractéristiques
générales et scolaires du Tchad ainsi que la justification de
l'étude.
1) QUELQUES TRAITS
GÉNÉRAUX DU PAYS
1.1) SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ADMINISTRATIVE
DU TCHAD
Situé au sud du tropique du cancer et au
coeur du continent africain, le Tchad est un pays sahélien marqué
par une continentalité accentuée dont l'étranglement
économique est l'une des conséquences. Il est situé entre
les 7e et 24e degrés de latitude nord et les
13e et 24e degrés de longitude est. Du nord au
sud, il s'étend sur 1700 km et, de l'est à l'ouest sur 1000 km.
Le Tchad occupe le cinquième rang des pays les plus vastes d'Afrique
après le Soudan, l'Algérie, la RDC et la Libye avec une
superficie de 1.284.000 km 2. Il est limité au nord par la
Libye, à l'est par le Soudan, au sud par la RCA et à l'ouest par
le Cameroun, le Nigeria et le Niger. Le pays est enclavé et utilise
principalement les ports de Douala au Cameroun et de Harcourt au Nigeria pour
la plupart de ses opérations commerciales. Sa capitale est
N'djaména.
On distingue trois types de climat au Tchad
(tropical au sud, sahélien au centre et désertique au nord) qui
correspondent à trois sortes de paysages : la savane dans la zone
tropicale, la steppe dans la zone sahélienne et le désert dans la
zone désertique.
Le Nord du Tchad qui est essentiellement
désertique pose de gros soucis aux planificateurs de l'éducation
au Tchad. Dans cette partie du territoire qui couvre la moitié de la
superficie du pays, l'offre scolaire seule ne suffit pas pour améliorer
le niveau régional de scolarisation. Primo, les parents surtout les
nomades ne croient pas à la valeur intrinsèque de l'école
française. Secundo, les enseignants affectés dans cette zone
hésitent à y aller et exigent le plus souvent des
indemnités avant de faire le déplacement.
Au centre du pays, la préfecture du Salamat
est très enclavée et beaucoup plus coupée des autres
régions pendant les saisons des pluies et au moment des rentrées
scolaires. Les enseignants nouvellement affectés et les
équipements destinés à l'enseignement arrivent le plus
souvent tardivement dans ladite préfecture. De même les enfants
des zones isolées sont presque exclus du système éducatif
formel dans cette partie du pays fortement islamisée. Au Guéra
où cohabitent chrétiens, musulmans et animistes, les chances de
scolarisation des enfants dépendent des conditions de vie des
ménages, des caractéristiques du chef de ménage et surtout
du milieu de résidence. Le Chari Baguirmi avec une offre scolaire
relativement satisfaisante surtout à N'djaména présente
des structures éducatives mieux implantées et
fréquentées dans les villes que dans les zones rurales.
Le Sud tropical humide est une zone habitée
majoritairement par des agriculteurs et chrétiens. Dans cette
région, à l'effort des pouvoirs publics en matière
d'éducation des enfants, s'est ajouté celui des missionnaires
chrétiens qui, en plus de leur mission d'évangélisation
ont entrepris la scolarisation et l'alphabétisation des populations sous
leur contrôle afin de mieux diffuser le message de la Bible.
On rencontre deux saisons au Tchad : la
mousson du sud-ouest provoque la saison de pluie et l'harmattan souffle du
nord-est en saison sèche.
Sur le plan administratif, le pays était
découpé en 1993 en 14 préfectures, 71
sous-préfectures, 23 postes administratifs, 54 communes, 11 sultanats et
446 cantons. En vue de permettre à l'administration de se rapprocher
davantage des populations et surtout de permettre la prise en main du
développement par les collectivités locales, la nouvelle
constitution de 1996 révisée en 2005 prévoit une
très forte décentralisation. Ainsi conformément aux
décrets 418/PR/MAT/2002 et 419/PR/MAT/2002 du 17/10/2002, le Tchad est
divisé en 17 régions, 48 départements, 209
sous-préfectures et arrondissements municipaux, 12 sultanats et 471
cantons.
Figure 1.1 : Carte administrative du Tchad
1.2) CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIO-ECONOMIQUES
Selon le RGPH d'avril 1993, le Tchad compte
6.279.931 habitants dont 48,4% de sexe
masculin et 51,6% de sexe féminin. Les
nomades sont au nombre de 353.489, soit 5,7% de la population totale.
La population du Tchad est jeune puisque 48% de la
population a moins de 15 ans, alors que les personnes âgées de
plus de 64 ans ne représentent que 3,5%. La densité moyenne de la
population est relativement faible (4,9 habitants/km 2) et varie de
0,1 habitants/km 2 au BET au Nord à 52 habitants/km
2 au Logone occidental au Sud du pays. L'indice synthétique
de fécondité a été estimé à 5,6
enfants par femme, la mortalité infantile à 132
%° entraînant une espérance de vie à la
naissance de 54,4 ans chez les femmes et de 47 ans chez les hommes en 1993.
Avec un taux brut de mortalité estimé à
16%° en 1993 et un taux de natalité de
41%°, le taux d'accroissement naturel atteint 2,5%, ce qui
signifie que la population tchadienne est appelée à doubler tous
les 28 ans et devrait atteindre 7 600 000 habitants en 2001.
Le Tchad est l'un des pays où la
situation sanitaire de la population est très précaire. Le manque
d'eau potable et les conditions défavorables d'hygiène sont les
principales causes de la morbidité et de la mortalité au sein de
la population. Les pathologies dominantes qui constituent les problèmes
de santé publique sont : le paludisme, la rougeole, le tétanos,
la bilharziose, la poliomyélite, la méningite, etc.
(Ministère des Finances, de l'Economie, du Plan et de
l'Aménagement du Territoire, 1997 : cité par Ouagadjio et al.,
1998).
Au défi sanitaire déjà
difficile à relever à court terme, vient se greffer celui de la
pandémie du VIH/SIDA dont la vitesse d'expansion est très
inquiétante. En effet, le nombre de cas de SIDA avéré qui
n'était que 10 en 1989 s'est établi à 1010 en 1993 pour
atteindre 1343 en 1996. Au 31 décembre 1999, le nombre cumulé de
personnes avérées séropositives était estimé
à 12000 (MPDC, 2003). D'après le Projet Population et Lutte
contre le SIDA (PPLS), le taux de prévalence du VIH/SIDA serait
d'environ 4%.
Avec un taux d'urbanisation de 21,4%, le Tchad est
l'un des pays les moins urbanisés de la sous-région. 40% de la
population urbaine est concentrée à N'djaména et seulement
25 villes avaient plus de 10 000 habitants en 1993. Et le fait qu'on soit dans
une région où domine le milieu rural n'est pas sans
conséquence sur le fonctionnement du système éducatif
d'autant plus que le milieu rural africain est généralement
fortement sous-scolarisé.
Le pays regroupe plus de 160 ethnies
regroupées en 13 grands groupes. Quatre religions
prédominent : l'islam (53,9%), le catholicisme (20,3%), le
protestantisme et religions connexes (14,4%) et l'animisme (7,4%). La partie
méridionale est habitée majoritairement par des ethnies fortement
christianisées et animistes alors que la zone septentrionale constitue
le fief des ethnies composées majoritairement des musulmans et quelques
rares animistes.
La population active (6 ans et plus) est
estimée à 2 719 497 individus décomposée comme suit
:
52,1% d'hommes et 47,9% de femmes ;
14,8% en milieu urbain et 85,2% en milieu
rural ;
99,3% sont des occupés et 0,7%
des chômeurs.
L'économie du Tchad repose avant tout
sur l'agriculture et l'élevage. La première culture commerciale
du Tchad est le coton. Le Tchad est le deuxième producteur mondial de la
gomme arabique avec le Soudan. Les cultures vivrières les plus
répandues sont le mil et le riz. Le Tchad est un grand pays
d'élevage. Mais l'élevage pratiqué au Tchad est beaucoup
plus un élevage de prestige.
Le Nord du Tchad fait partie du Sahara et est
habité majoritairement par des musulmans. C'est une zone
d'élevage mais aussi de pêche et d'agriculture surtout au niveau
du Lac. Au Centre du pays cohabitent musulmans et chrétiens avec pour
principales activités l'élevage et l'agriculture. Le Sud du Tchad
est une savane arborée où se trouve l'essentiel des terres
cultivables. Prenant leur source en RCA, les fleuves Logone et Chari arrosent
la vaste plaine du sud-ouest, inondable une partie de l'année avant de
se joindre à N'djaména, puis alimenter le lac Tchad. Les poissons
des fleuves Chari et Logone représentent une ressource importante, de
même que les mines de natron (carbonate de sodium). Les grandes zones
où sont localisés les puits de pétrole au Tchad sont au
Sud du pays (Doba, Moïssala, Bongor, ...). La majeure partie de la
population du pays est concentrée dans les zones fertiles, au sud des
fleuves Logone et Chari. Les populations noires dominantes au Sud sont les
Sara, un peuple de chasseurs, de pêcheurs et surtout d'agriculteurs.
Au RGPH de 1993, on a constaté que les
ethnies du Sud scolarisent plus les enfants que celles du Nord et du Centre.
Les Arabe, Ouaddaï et Peul sont les ethnies les moins scolarisées
en milieu rural tchadien. Et ces ethnies sont composées majoritairement
de musulmans et vivent dans les régions du Centre et du Nord du
Tchad.
Avec le phénomène d'enfants bouviers,
beaucoup des enfants des agriculteurs tchadiens du Sud du Tchad n'ont jamais
été à l'école ou l'ont abandonnée
précocement. Pour avoir en récompense des boeufs d'attelage mais
aussi pour avoir d'argent permettant de faire vivre la famille, les enfants
sont envoyés par leurs parents chez les éleveurs nomades du Nord
en transhumance au Sud en vue de garder leurs boeufs. De même les
enfants des pêcheurs sont très tôt préparés
à remplacer leurs parents ignorant du coup l'éducation scolaire.
Il faut noter qu'au Mayo-kebbi au Sud du Tchad, certains enfants sont
systématiquement exclus du système éducatif formel car ils
sont appelés à s'occuper des boeufs et chèvres de la
communauté.
Le Tchad est probablement l'un des pays d'Afrique
qui dispose du meilleur potentiel pour son développement
économique, notamment le potentiel agricole, artisanal, minier et
humain. Mais plusieurs problèmes ont entravé la mise en valeur de
ces potentialités. Il s'agit de la désertification, des guerres
successives, de l'éloignement des ports maritimes, de l'absence
d'infrastructures adéquates et de l'inadéquation formation
emploi.
La population tchadienne augmente plus vite (2,5%
par an) que les ressources économiques (2% par an). En d'autres termes,
les richesses produites par le Tchad couvrent de moins en moins les besoins des
Tchadiens. Il y a inadéquation entre croissance démographique et
progrès économique (RT, 1999).
Il faut surtout signaler que faire la guerre a un
coût : d'abord les Tchadiens se sont mis à dilapider les maigres
ressources disponibles pour financer les différentes guerres et ensuite
en temps de guerre aucun programme à long terme n'étant
efficacement concevable, les dirigeants n'ont plus mené que des
réflexions pour résoudre les problèmes urgents qui n'ont
cessé d'affecter la qualité de la vie des Tchadiens. Le pays est
surarmé par rapport à ses ressources économiques et la
corruption commence par installer son lit dans les différentes
structures étatiques. L'opposition entre le Nord musulman et le Sud
animiste et chrétien menace toujours l'unité nationale.
Le Tchad est l'un des pays les plus pauvres de la
planète pour lequel la lutte contre la pauvreté est prioritaire.
La vision du Tchad à l'horizon 2015 s'inscrit dans la perspective d'une
réduction de moitié de l'indice de l'extrême
pauvreté et d'une économie post-pétrolière
diversifiée et compétitive. Ainsi 80% des ressources directes
provenant du projet pétrole tchadien sont destinés aux
dépenses relatives aux secteurs prioritaires (Education, Santé,
Infrastructures, Développement rural, Environnement et Ressources en
Eau).
Les 5 principaux axes de la Stratégie
Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) sont :
i) promouvoir la bonne gouvernance.
ii) Assurer une croissance économique forte
et soutenue.
iii) Améliorer le capital humain.
iv) Améliorer les conditions de vie des
groupes vulnérables.
v) Restaurer et sauvegarder les
écosystèmes.
2) CARACTÉRISTIQUES SCOLAIRES DU
TCHAD
2.1) L'ORGANIGRAMME DU SYSTÈME ÉDUCATIF
TCHADIEN
Deux ministères sont directement
impliqués dans la gestion du secteur de l'éducation et de la
formation : le Ministère de l'Education Nationale (MEN) et le
ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche
scientifique et de la formation professionnelle.
Au niveau du MEN, trois organismes sont
rattachés au cabinet du ministre :
- la Commission Nationale Tchadienne pour l'UNESCO ;
- le Centre Pédagogique pour l'ISESCO ; et
- le Centre National des Curricula.
Administrativement, le Tchad est divisé en
14 préfectures. Ensuite viennent les sous-préfectures, les postes
administratifs et les cantons. A ce découpage administratif correspond
14 Délégations Préfectorales (1(*)) de l'Education Nationale
(DPEN), premier échelon déconcentré du Ministère de
l'Education Nationale.
Dans chaque DPEN se trouvent des structures
locales chargées de l'inspection, de la supervision, de l'encadrement et
de la formation : des Inspections de l'Enseignement Secondaire
Général (IESG) ; Inspections de l'Enseignement de Base (IEB) ;
Ecoles Normales d'Instituteurs (ENI) ; Centre de Formation Continue (CFC) ;
Secteurs d'Alphabétisation (SA) ; Centres de Formation et
d'Apprentissage (CFA).
Le système éducatif tchadien est
divisé en 4 niveaux d'enseignement : le maternel (ou éducation
préscolaire), l'élémentaire, le secondaire et le
supérieur.
Mais cette structuration par niveau est
précédée par une structuration par degré, avec
l'enseignement primaire comme le premier degré, l'enseignement
secondaire et l'enseignement supérieur.
* L'enseignement élémentaire
compte six années d'études et accueille les élèves
âgés théoriquement de 6 à 11 ans. La fin du cycle
est sanctionnée par le Certificat d'Etudes Primaires et
Elémentaires (CEPE).
* L'enseignement secondaire : il se
décompose en deux branches : la formation générale et la
formation technique.
- L'enseignement secondaire
général comprend deux cycles (1er et
2éme) d'une durée respective de quatre et de trois
ans. Le premier cycle accueille les élèves de fin de cycle
primaire et est sanctionné par le Brevet d'Etudes du Premier Cycle
(BEPC). Le second reçoit les élèves de premier cycle et
est sanctionné par le Baccalauréat de l'enseignement du second
degré.
- La formation technique accueille d'une
part les élèves de fin de la deuxième année du
premier cycle des collèges d'enseignement technique pour une
durée de trois ans pour déboucher au Certificat d'Aptitude
Professionnel (CAP) et d'autre part, les élèves de la classe de
3éme dans les lycées techniques pour la même
durée pour déboucher sur le Baccalauréat de technicien.
*L'enseignement supérieur comprend
les facultés, les instituts et les écoles professionnelles. Les
différents établissements accueillent les élèves
titulaires du baccalauréat pour une durée variable selon les
filières et écoles professionnelles. Cette structuration ignore
l'enseignement maternel car il est encore aux premiers balbutiements. Au niveau
de l'éducation préscolaire, 0,8% seulement des enfants
âgés de 3 à 5 ans suivent des programmes d'éducation
de la petite enfance organisés. On y dénombre 1% de
garçons contre 0,6% de filles (RT, 2000).
Les langues officielles d'enseignement sont le
Français et l'Arabe. Et l'enseignement coranique qui est un secteur non
conventionnel est parfois inséré dans les niveaux d'enseignement.
A l'opposé des écoles coraniques où l'enseignement se
résume à l'apprentissage des préceptes du coran, les
medersas dispensent deux types d'enseignement : un enseignement en Arabe et en
français aligné sur le système de l'école formelle
et un enseignement du coran. Les medersas sont ainsi reconnues par les
autorités publiques puisque leurs élèves passent les
mêmes examens que ceux de l'école formelle.
Grâce au lissage effectué par
le MEN du Tchad avec l'appui de l'IIPE à Paris des données du
dernier RGPH, on dénombre au 31 décembre 2000, 1 307 821 jeunes
enfants en âge de fréquenter l'école primaire et 1 140 361
enfants en âge de fréquenter l'école secondaire tout cycle
confondu. Le nombre d'enfants en attente d'être inscrits en
première année du primaire (CP1) est estimé à 240
807(MEN, 2003 : 10).
La richesse du pays consacrée
à l'éducation dans le cadre du budget de fonctionnement de
l'éducation en 2001 est de 2,5%. Quant au budget d'investissement du
MEN, il représente 0,9% de la richesse nationale.
La distribution des écoles
élémentaires selon leur statut démontre que les
écoles du secteur public sont majoritaires avec 54,2% suivi du
communautaire avec 38,4% et du privé 7,4%. Selon la localisation
géographique des établissements, les écoles
élémentaires sont en grande partie implantées dans le
milieu rural, soit 84,1% (cf. annexes tableau A.3). Les écoles
communautaires sont en majorité rurales tandis que celles du
privé sont urbaines (77,8%).
On dénombrait au Tchad en 2000, 93,9% d'écoles
francophones, 3,7% d'écoles arabophones et 2,4% d'écoles
bilingues (français et arabe).
2.2) LES ORIENTATIONS DU
SYSTÈME ÉDUCATIF TCHADIEN
Le droit à l'éducation, à
la formation et à l'information est reconnu par la loi.
La constitution de 1996(révisée en
2005) détermine en ses articles 33, 34, 35, 36 et 38 les missions
d'éducation assignées à l'Etat. Ainsi elle affirme entre
autres que :
· tout citoyen a droit à l'instruction.
· L'enseignement public est laïc et gratuit.
· L'enseignement privé est reconnu et s'exerce
dans les conditions définies par la loi.
· L'enseignement fondamental est obligatoire.
· Les parents ont le droit naturel d'élever et
d'éduquer leurs enfants. Ils sont soutenus dans cette tâche par
l'Etat et les collectivités territoriales décentralisées.
Depuis son accession à l'indépendance
le 11 août 1960, le Tchad a fait du secteur de l'éducation l'une
de ses priorités. Mais la poussée démographique et la
demande sociale d'éducation rendent difficile la réalisation des
objectifs dans ce domaine. Pour mieux orienter la formation en fonction des
besoins du marché du travail, en 1990 a été mis en place
un programme Education-Formation en liaison avec l'Emploi (EFE) dont la
stratégie vise sur le plan qualitatif l'amélioration du rendement
du système et sur le plan quantitatif l'accroissement
régulé du nombre de bénéficiaires directs des
services d'éducation et de formation.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS),
célébrée du 15 janvier au 6 avril 1993 a recommandé
les Etats Généraux de l'Education Nationale qui se sont tenus du
19 au 29 octobre 1994. Dans la même lancée, en 2002, s'est tenue
en Suisse, une réunion (table ronde de Génève IV)
sectorielle sur l'éducation et la formation au Tchad. Au cours de cette
conférence, le gouvernement tchadien a présenté à
ses partenaires qui l'ont approuvé sa politique sectorielle en
matière d'éducation et la stratégie de sa mise en oeuvre.
Le plaidoyer et la mobilisation sociale en faveur de la scolarisation des
enfants et des filles en particulier sont les grands axes de la
stratégie. La réduction des disparités occupe une place de
choix dans cette stratégie. Elle vise à donner davantage de
chance d'accès à l'éducation aux enfants des deux genres
issus de toutes les régions et de différents milieux. L'accent
sera mis sur la scolarisation des filles, notamment leur maintien et leur
performance, l'alphabétisation fonctionnelle destinée aux femmes,
aux jeunes déscolarisés et non scolarisés y compris les
enfants des nomades.
Avec les efforts notables déployés par
les différents gouvernements qui se sont succédés pour
favoriser la scolarisation de tous les enfants tchadiens et en particulier les
filles tchadiennes, l'on a constaté une amélioration quantitative
de la scolarisation certes mais elle est demeurée en déca des
attentes.
Il se pose d'abord un problème d'offre
scolaire. L'insuffisance des structures d'offre de l'éducation constitue
le principal handicap au développement de l'instruction au Tchad : il y
a en moyenne 70 élèves par classe et au moins autant par
enseignant. L'état de délabrement et de précarité
des infrastructures et d'équipements scolaires est très
avancé : 65% sont des abris provisoires (en secco ou en Poto-poto)
dont la durée de vie correspond à une année scolaire
(MPDC, 2003; MEN, 2003; Farabe, 2004). L'Etat n'arrive donc pas à
satisfaire les besoins en matière de scolarisation de la population
tchadienne. Car Comme le dit le petit Larousse illustré 2005,
scolariser : c'est " doter un pays, une région des
établissements nécessaires à l'enseignement de toute une
population" (Larousse, 2004 :967).
Le cycle infernal des années
blanches et des années scolaires élastiques ou tronquées
surtout au niveau universitaire fait partie de la réalité
scolaire au Tchad.
De nombreuses disparités sont
cachées par les taux globaux calculés au niveau national. Ainsi
en 1993, d'importants déséquilibres sont observés au
niveau des préfectures. On passe en effet d'un taux de 6% au Lac
à 55,9% au Logone Oriental (tableau1.1). Trois préfectures ont
des taux supérieurs à 50% : le Logone Oriental (55,9%), le Logone
Occidental (55,7%) et le Moyen Chari (50,3%). A l'opposé, cinq
préfectures ont des taux inférieurs à 10% : le Batha
(7,2%), le Biltine (7,4%), le Kanem (8,7%), le Lac (6,0%) et le Ouaddaï
(6,1%).
Par rapport à la moyenne
nationale (31,8%), on constate que cinq (5) préfectures sur quatorze
(14) accusent des taux supérieurs à cette moyenne. On retrouve
une grande disparité entre les garçons et les filles et ce dans
les préfectures à haute scolarisation que dans celles à
faible scolarisation.
D'après la Banque mondiale (2005),
le Tchad est : le pays qui a le ratio élèves/maître le plus
élevé d'Afrique avec 68 élèves par maître et
la plus faible proportion de maîtresses du primaire : 11%.
Le rapport de la 47ème session
de la Conférence Internationale de l'Education tenue à
Genève en septembre 2004 (cf. tableau 1.2) montre que le rapport de
féminité des taux de scolarisation au niveau de l'enseignement
primaire au Tchad est passé de 57,64% (58 filles scolarisées pour
100 garçons) en 1999 à 64,21% (64 filles scolarisées pour
100 garçons) en 2003 et que le taux brut de scolarisation primaire au
Tchad en 2003 est de 78% alors qu'il est de 92% au niveau de l'Afrique . Dans
la zone CEMAC, les pays ayant les plus faibles taux de scolarisation durant
l'année scolaire 2002/2003 sont la RCA et le Tchad. Le Niger, pays
sahélien et limitrophe du Tchad présentent les plus bas taux
par rapport à ceux des pays de la zone CEMAC.
En se référant aux
données du rapport mondial sur le développement humain du PNUD de
2004, au Tchad où le taux d'alphabétisation atteignait 45,8% en
2002 et le taux brut de scolarisation combiné (du primaire au
supérieur) 35% pour l'année scolaire 2001/2002, l'indice du
niveau d'instruction est de:
0,42= 2/3*(45,8/100) + 1/3*(35/100).
Cet indice est un vrai sujet de
préoccupation comparativement à l'indice du niveau d'instruction
pour l'Afrique subsaharienne et celui du monde en général qui
sont respectivement 0,56 et 0,72.
Alors que l'Indice de Développement Humain
(IDH) mesure le niveau moyen du développement humain (espérance
de vie, scolarisation et pouvoir d'achat) atteint par chaque pays, l'ISDH
(Indice Sexospécifique de Développement Humain) corrige ce niveau
de façon à refléter les inégalités
sociologiques entre femmes et hommes. Le Tchad se classe 167e/177
pays au niveau de l'IDH et 135 e/144 pays au niveau de l'ISDH avec
pour valeurs respectives : 0,379 et 0,368 (PNUD, 2004). Ce qui suppose de
très fortes inégalités sociologiques entre les femmes et
hommes dans la société tchadienne.
Tableau 1.1 : Taux de scolarisation des
enfants de 6-15 ans par sexe, selon la préfecture au RGPH de
1993
Préfecture
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Lac
Ouaddaï
Batha
Biltine
Kanem
Salamat
Chari Baguirmi**
Guéra
BET
Chari Baguirmi*
Mayo Kebbi
Tandjilé
Moyen Chari
N'djaména
Logone Occidental
Logone Oriental
|
8,0
7,7
9,7
10,7
11,2
15,1
17,8
30,1
34,4
35,2
60,2
62,5
60,9
59,0
69,8
70,0
|
3,9
4,5
4,8
4,3
6,1
6,8
10,2
15,7
15,7
24,9
27,0
28,3
39,0
47,8
41,3
40,5
|
6,0
6,1
7,2
7,4
8,7
11,0
14,1
23,0
25,1
29,2
43,8
45,6
50,3
53,5
55,7
55,9
|
Ensemble
|
40,4
|
22,8
|
31,8
|
*)Avec N'djaména
**)Sans N'djaména
|
Source : (République
du Tchad, 1995).
Tableau 1. 2 : Taux Brut (TBS) et Taux Net
(TNS) de scolarisation dans le primaire dans quelques pays africains de 1998
à 2003 (en %)
Données
|
Taux Brut de Scolarisation primaire Ensemble
|
Taux Brut de Scolarisation primaire Masculin
|
Taux Brut de Scolarisation primaire Féminin
|
Taux Net de Scolarisation
primaire Ens.
|
Années
|
1998/
1999
|
2001/
2002
|
2002/
2003
|
1998/
1999
|
2001/
2002
|
2002/
2003
|
1998/
1999
|
2001/
2002
|
2002/
2003
|
2002/
2003
|
Pays
|
|
Afrique
|
82
|
88
|
92
|
89
|
93
|
98
|
75
|
81
|
85
|
67
|
Came
roun
|
88
|
107*
|
108
|
96
|
115*
|
116
|
79
|
99*
|
99
|
...
|
Congo
|
50
|
86
|
80
|
51
|
88
|
83
|
48
|
83
|
77
|
54
|
Gabon
|
134
|
134
|
132
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
Guinée équato.
|
131
|
126
|
...
|
138
**
|
132
|
...
|
125
**
|
120
|
...
|
...
|
Niger
|
31
|
40
|
44
|
37
|
47
|
51
|
25
|
32
|
36
|
38
|
RCA
|
...
|
66*
|
66
|
...
|
79*
|
78
|
...
|
53*
|
53
|
...
|
Tchad
|
67
|
78
|
78**
|
85
|
95
|
95
**
|
49
|
61
|
61**
|
63**
|
**
|
Estimation ISU
|
*
|
Estimation nationale
|
SOURCE : Rapport de la Conférence
Internationale de l'Education.
47ème session (8-11 septembre
2004).
3) JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE
Point n'est besoin de démontrer le
bienfait de l'instruction pour le bien-être individuel et familial et
pour le développement social, économique et culturel d'un pays.
Or, comme on le sait, de nombreux enfants africains d'âge scolaire, et
notamment les filles et enfants issus de milieux défavorisés, ne
vont pas à l'école. Même si l'on peut évoquer
à juste titre le manque ou l'insuffisance d'infrastructures scolaires
(offre scolaire), il y a lieu de penser qu'il ne suffit pas à expliquer
cette situation. Cette pratique est déterminée par un
réseau de facteurs et non une causalité simple et
linéaire.
Comme l'écrit en effet Marc PILON
(1991), «face à une même offre scolaire, faible ou forte, on
observe des disparités, en ville comme en milieu rural, le
phénomène le plus connu est la sous-scolarisation des
filles ». De plus, pour expliquer cette situation, des études
ont mis en évidence d'autres facteurs tels que la profession, le niveau
d'instruction, l'appartenance ethnique du chef de ménage (Martin,
1982 ; Dupont, 1983 ; de Vreyer, 1993 ; Clignet, 1994 :
cités par IFORD, 1996).
Bref le phénomène semble
grandement lié tant aux caractéristiques socio-économiques
que culturelles et idéologiques du chef de ménage ainsi qu'au
statut familial des enfants, et découlerait plus ou moins des
stratégies familiales dont il conviendrait de mieux comprendre les
logiques.
Le fait de ne pas scolariser une fille est
un problème qui doit toucher la nation entière car ne dit-on pas
"qu'éduquer un homme c'est éduquer un individu mais
éduquer une femme c'est éduquer une nation ?". Tout individu
sans distinction de couleur, de race, de religion et de pays n'a pas seulement
le droit à l'éducation mais le devoir de se faire éduquer
pour le bien-être de tous. Car comme l'affirme Tchegho (1999), l'objectif
quantitatif affirmé de tous les systèmes scolaires est de
scolariser toutes les ressources humaines dont la mobilisation optimale permet
d'accroître la production des richesses, paramètre important du
bien-être.
Chacun sait aujourd'hui que la variable
géographique affecte d'une manière déterminante la
scolarisation. Les chances d'aller à l'école dépendent de
la région où l'on vit et cela renforce généralement
les inégalités entre garçons et filles....
Il est admis que l'urbanisation tend à
diminuer les inégalités dans l'enseignement mais des
études approfondies manquent pour mieux connaître les situations
réelles et leurs véritables causes. On sait par ailleurs combien
est importante l'influence du milieu familial. Le taux de scolarisation varie
selon la catégorie socio-professionnelle de la famille (Deble, 1980).
De très fortes disparités scolaires
s'observent dans les pays africains : la plupart des pays de la zone
sahélienne (le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l'Éthiopie et
Djibouti) présentent des taux de scolarisation inférieurs
à 50% pour les garçons et compris entre 20% et 35% pour les
filles ; à l'opposé, presque tous les pays d'Afrique
australe et la plupart des pays du Maghreb (sauf le Maroc) ont de taux bruts
supérieurs à 100% tant pour les garçons que les filles, et
donc avec des rapports de parité entre sexes très
élevés. Globalement, les pays anglophones scolarisent davantage,
et notamment les filles, que les francophones (Lange, 2000).
L'extrême diversité des pays
d'Afrique nous amène à centrer nos préoccupations sur les
pays africains situés au sud du Sahara et principalement sur le cas du
Tchad.
Il nous semble impérieux de mener
une étude sur ce pays sahélien situé au coeur de l'Afrique
en vue de l'aider à arriver à instaurer dans les années
à venir l'enseignement primaire universel.
Le pays semble être divisé en deux
parties : le Nord et le Sud correspondant respectivement aux zones musulmane et
chrétienne. Les guerres civiles surtout celle de 1979 et les incessants
conflits tribaux ou claniques voire religieux ont profondément
marqué les esprits et améné beaucoup de Tchadiens à
ne réfléchir qu'en termes d'opposition Nord/Sud ou
musulman/chrétien conduisant à des habitudes et comportements
différenciés qui ont certainement une influence notable sur la
scolarisation des enfants selon les régions.
Les divergences semblent encore s'approfondir
avec l'instauration du bilinguisme Français-Arabe. Les Tchadiens du Nord
se considèrent comme tributaires de l'Arabe et ceux du Sud se soucient
très peu de l'Arabe en considérant le Français comme la
seule langue officielle valable pour eux. Une conciliation des deux langues
devrait être fructueuse pour tout Tchadien mais le fait de voir dans la
langue en filigrane la religion qui l'utilise fréquemment empêche
beaucoup de Tchadiens de tenir compte de la fonction première de chacune
de ces deux langues. Et dans cette querelle, les enfants sont les grands
perdants.
Pour être durable, un programme de
développement doit veiller à préserver les
intérêts des générations futures. Autrement dit, il
faut que celles-ci aient des possibilités supérieures ou
égales de développement que la génération actuelle.
Le Tchad doit investir en faveur de ses enfants afin de maximiser ses chances
de développement futur. Or pour comprendre le processus de
développement, il faut reconnaître toute la complexité et
tenir compte du contexte. Faire un état des lieux s'avère donc
nécessaire. Comme le dit Mme Carol BELLAMY, directrice
générale de l'UNICEF, « il y a bien des moyens de
mesurer le progrès, mais les mesures axées sur les enfants sont
les plus parlantes » (UNICEF, 2003).
En plus, la planification de
l'éducation grâce à la carte scolaire qui vise à
assurer l'égalité entre l'offre et la demande d'éducation,
la répartition équitable des ressources éducatives, la
prise en compte des spécificités locales et une bonne
articulation des réseaux scolaires ne peut se faire qu'à l'aide
des analyse-diagnostics du système éducatif existant du genre de
la présente étude.
Nous avons choisi de travailler uniquement sur la
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans en vue de voir
préférentiellement la situation des enfants tchadiens par rapport
à l'EPU. Et surtout de scruter là où les enfants issus
des familles pauvres peuvent du moins prétendre avoir accès sans
difficulté. Cette tranche d'âges est aussi indispensable quand on
veut se lancer dans des comparaisons internationales. Nonobstant l'apport non
négligeable de l'enseignement secondaire et supérieur dans le
processus de développement, nous avons voulu contribuer à la
lutte pour la manifestation des signes précurseurs de la
non-discrimination dans la société tchadienne prioritairement par
l'examen de la situation au niveau de l'enseignement de base.
Cette étude vient en appui à certaines
sollicitations et préoccupations de chercheurs africains et africanistes
concernant les problèmes de genre en matière de scolarisation et
la connaissance des déterminants familiaux de la scolarisation. Ainsi
pour Daouda et al. (2001), « la prise en compte de la demande
d'éducation reste tout à fait rare au Niger, même s'il est
admis aujourd'hui que l'interrogation sur les déterminants familiaux est
essentielle pour la résolution des problèmes de
scolarisation....
Comment peut-on expliquer par exemple le fait que le taux de
scolarisation soit aussi bas à Zinder (21,4%) et Tillaberi (23,5%), deux
grandes villes de l'Est et de l'Ouest du pays, alors qu'il est plus
élevé dans des régions apparemment moins dotées en
infrastructures et en enseignants, comme celle d'Agadez en zone
désertique du Nord avec 42,4% d'enfants
scolarisés ? ».
A la fin d'une étude sur les
déterminants socio-économiques et démographiques de la
scolarisation au Tchad avec les données de l'Enquête sur la
Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT), Mbaïndôh
(1997) a formulé des propositions allant dans le sens d'un
approfondissement des résultats avec la prise en compte des variables
telles que le revenu des ménages, l'ethnie et la religion du chef de
ménage, l'activité des adultes occupés qu'il n'avait pas
pu prendre en compte car ne figurant pas dans le fichier ménage qui a
servi à cette étude.
Par ailleurs, des études menées soit
par les démographes de l'ATEP (Association Tchadienne pour l'Etude de la
Population) et de la DCAP (Direction de la Coordination des Activités en
matière de Population) en collaboration avec le FNUAP soit par les
chercheurs de l'ISSED (Institut Supérieur des Sciences de l'Education)
avec l'appui de l'UNICEF ont à maintes reprises attirées
l'attention du public sur l'existence d'énormes disparités
scolaires au Tchad. Les différentes études se sont surtout
beaucoup plus appesanties sur les disparités en matière de
scolarisation entre les sexes et dans une moindre mesure entre les
régions (Galy, 1986; Djarma et Tolmbaye, 1995; Ngar-one, 1998; Ningam,
1999; Ignegongba, 1999; Hagam, 2003).
Cette étude permettra d'appréhender
les caractéristiques des enfants les moins scolarisés en mettant
un accent particulier sur leur région de résidence et les
caractéristiques des ménages et des chefs de ménage
où ils vivent d'une part et les inégalités entre sexes en
matière de scolarisation d'autre part.
Parce que, dans nombre de pays d'Afrique,
la majorité des enfants en âge scolaire légal n'ont jamais
été ou ne sont plus à l'école, l'étude de la
demande d'éducation doit aussi porter sur la
«non-scolarisation » : en s'intéressant aux enfants
«déscolarisés » et aux enfants «jamais
scolarisés ». Mieux appréhender leurs
caractéristiques constitue une autre manière d'aborder la
question de la demande. La scolarisation des filles, toujours autant
problématique dans la plupart des pays, mérite évidemment
une attention renouvelée....
Des différences de scolarisation entre
garçons et filles aux différences de pratiques scolaires entre
hommes et femmes se trouve ainsi posée la problématique de la
scolarisation sous l'angle du genre, des rapports entre sexes. C'est là
une question fondamentale, qui dépasse le seul cadre éducatif, et
touche au coeur du fonctionnement des sociétés (Pilon et Yaro,
2001 : 219).
Les enjeux de la scolarisation se
révèlent assurément multiples et complexes car comme le
souligne Gérard (1997), ils ne sont pas «simplement
éducatifs mais aussi démographiques, sociaux, politiques,
symboliques..., et liés tout autant au travail qu'à
l'éducation ». Depuis les années 1980, l'attention des
économistes sur la demande d'éducation dans les pays en
développement s'est centrée sur la question de l'accès
à l'école.
La recherche dans ce domaine chez les sociologues,
anthropologues et démographes n'est presque qu'à ses
débuts.
La rareté des études sur les
disparités régionales en matière de scolarisation des
enfants en Afrique subsaharienne justifie l'urgence de la réalisation de
cette étude.
Nous souhaitons contribuer à une meilleure
connaissance des facteurs influents sur la scolarisation des enfants et
suggérer des solutions afin de rehausser le niveau de scolarisation des
enfants de 6 à 14 ans et de réduire les disparités entre
les régions et les sexes en République du Tchad.
Conclusion partielle :
Ce chapitre avait pour objectif de présenter
brièvement le contexte de l'étude. Après avoir
présenté certaines caractéristiques
générales du pays, nous avons décrit le système
éducatif tchadien et donné la justification de l'étude. La
principale conclusion qu'on peut tirer au terme de ce premier chapitre est que
le Tchad est un pays très pauvre et situé au coeur du continent
africain. Le niveau de développement socio-économique reste
faible et le niveau d'instruction observé dans le pays en est le reflet.
Tout ceci a pour conséquence l'aggravation des problèmes relatifs
à l'éducation des enfants.
CHAPITRE
II
CADRE THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE
Dans ce chapitre, nous allons
élaborer le cadre théorique qui va servir de base à notre
étude. Dans un premier temps il s'agira de présenter la revue de
la littérature relative aux disparités régionales et entre
sexes en matière d'éducation. Après cette revue de la
littérature, nous formulerons les hypothèses qui vont sous-tendre
cette étude. Avant de terminer, nous schématiserons les relations
entre les concepts contenus dans ces hypothèses.
1) REVUE DE LA
LITTÉRATURE
Nous nous proposons d'examiner les
différents facteurs liés à la scolarisation des enfants en
général et ceux relatifs aux inégalités en
matière de scolarisation des enfants en Afrique subsaharienne en
particulier.
La problématique de la scolarisation
revêt en général deux aspects : l'offre et la demande
scolaires. L'offre scolaire est le produit des politiques. La demande scolaire
est le produit d'un ensemble de facteurs (scolaires, économiques,
sociaux, démographiques, religieux, culturels), que les individus et les
groupes prennent en compte, directement ou indirectement consciemment ou non,
dans leurs pratiques de scolarisation ; ces facteurs conditionnent ainsi la
mise à l'école, l'itinéraire scolaire et la durée
de la scolarité (Pilon et Yaro, 2001 :8).
Quatre principales approches
permettent d'appréhender les problèmes liés à la
scolarisation dans les pays en voie de développement (l'approche
institutionnelle, l'approche socioculturelle, l'approche
socio-économique et l'approche socio-démographique).
1.1) approche
institutionnelle
Elle repose plus sur l'offre scolaire que sur la
demande d'éducation et intègre des éléments comme
la capacité d'accueil des établissements scolaires, leur nombre,
la quantité et la qualité des enseignants et des enseignements,
etc. C'est par ces différents facteurs que cette approche explique les
écarts observés entre certaines catégories sociales et
régions.
Pour expliquer la
sous-scolarisation dans certaines régions on évoque comme causes
entre autres :
- les contenus des enseignements ;
- les méthodes ;
- les compétences des enseignants
;
- l'éloignement de l'école
;
- le nombre limité
d'établissements scolaires ;
- la qualité médiocre de
l'enseignement et apparemment sans rapport avec la vie réelle ;
- les coûts élevés de
la scolarité ;
- les faibles perspectives d'emploi pour
les diplômés ;
- etc.
Quant à la faible scolarisation des
filles, elle résulterait grandement des curricula (contenus, valeurs,
compétences, organisations et gestion du temps et de l'espace) des
écoles publiques qui ne prendraient pas suffisamment en compte les
attentes des parents.
Pour Djarma et Tolmbaye (1995), la
décision de la fréquentation scolaire des filles émane des
familles. Cette décision est conditionnée au niveau des parents
par :
- le désir et la capacité à
prendre en charge les coûts directs qui sont liés aux frais de
scolarité (écolage, cotisations mensuelles, fournitures
scolaires, participation aux constructions...) ;
- le désir et la capacité à
supporter les coûts indirects appelés coûts
d'opportunités (ou encore manque à gagner) ;
- l'espérance d'un revenu à l'issue de
la scolarisation des filles ;
- leurs appréciations des facteurs internes du
système.
Les écoles sont souvent concentrées dans
les villes et zones où résident les familles riches et cela
empêche ceux qui sont éloignées de ces centres de
fréquenter. En plus de cela l'inadéquation entre les attentes des
parents et le sort réservé aux enfants sortis
diplômés du système constitue une source de
découragement, de perte de confiance des parents vis-à-vis de
l'école, ce qui freine leur élan à en scolariser d'autres.
L'école facteur de mobilité sociale mais aussi de reproduction
des classes sociales apparaît aux yeux des parents comme un moyen
d'accès aux statuts sociaux supérieurs. Mais dès qu'elle
cesse de jouer ce rôle, elle ne fait plus partie des priorités des
parents.
Au Tchad, l'arrêt par le gouvernement des
recrutements systématiques des diplômés dans la fonction
publique dans les années 1990 a amené certains chefs de
ménages à cesser de scolariser les filles et certains
élèves à abandonner l'école pour se lancer dans la
vie active. Car pour ces derniers, il est difficile de rattraper les autres
-qui exercent déjà dans le secteur informel ou dans
l'agriculture- après avoir passé tout son temps à
étudier pour ne rien gagner en fin de compte.
En Amérique latine, les
inégalités du niveau d'études sont attribuées
à l'inefficacité de l'école publique, dont les pauvres
sont tributaires, et à la part relativement faible du budget
consacré à l'enseignement primaire et secondaire, dont les
pauvres tirent généralement le plus de profit. Même quand
l'Etat consacre suffisamment de ressources pour améliorer l'accès
des pauvres à l'éducation, il arrive que les services fassent
défaut (Bilo'o, 2004 :26).
La littérature
révèle également que, même lorsque
l'éducation a fait l'objet d'une réforme, la formation des
enseignants a souvent été négligée et seul un
faible pourcentage de l'appui financier a été affecté
à la formation avant l'entrée en service ou en cours d'emploi. Le
manque de personnel enseignant au Tchad était si considérable en
2000 à tel point que les solutions de rechange telles que la
multiplication des classes multigrades étaient devenues un
impératif pour l'amélioration de l'offre scolaire en milieu
rural. Durant l'année scolaire 2000/2001, les classes multigrades
à deux niveaux représentaient 34% des classes dans le secteur
public, 10,7% dans le secteur privé et 55,68% dans le secteur
communautaire (MEN, 2003 : 33).
1.2) approche socioculturelle
Elle est basée sur la perception et la
valeur que les parents ont non seulement de l'éducation des enfants mais
aussi du rôle de ceux-ci. La littérature sur la demande
d'éducation fait souvent référence à des facteurs
socioculturels, en particulier la religion et l'ethnie pour expliquer les
réticences observées en matière de scolarisation des
enfants.
La prééminence de certaines
données sociales, comme les différences de statut et de
rôle selon les sexes, entre notamment dans l'explication de la
sous-scolarisation des filles. Si la sélection des enfants à
scolariser est dictée par des considérations économiques,
le fait qu'il se fasse au détriment des filles relève davantage
de considérations socioculturelles. Les traditions africaines relatives
au mariage et à la fécondité jouent fortement en faveur de
la non-scolarisation des filles.
-la religion
La religion musulmane est souvent
citée par les auteurs comme étant un frein à la
scolarisation des enfants. Yaro (1995), dans une étude
réalisée dans le département de Bani au nord du Burkina
Faso, Gérard (1997) dans ses recherches dans le canton Baya au sud-ouest
du Mali, Amadou et al. (1998) dans une étude au Niger, mettent en
évidence le conflit qui règne entre l'école publique
(laïque) et les écoles confessionnelles, notamment musulmanes. Dans
le département de Bani, fortement islamisé, les ménages
préfèrent envoyer leurs enfants à l'école
coranique, car pour eux "l'école (classique) est sans valeur"; et "les
enfants de la communauté qui sont allés à l'école
(classique) n'ont jamais été récupérés par
la religion musulmane"(Extraits d'entretiens, Yaro, 1995 : 682 ).
Au Tchad, les données du recensement de 1993
montrent qu'en milieu rural tout comme en milieu urbain, les chrétiens
sont mieux scolarisés que les musulmans tant chez les filles que chez
les garçons. Les chrétiens sont plus enclins à inscrire
leurs enfants à l'école française que les musulmans. On a
constaté chez ces derniers une certaine concurrence entre l'école
française et l'école coranique dans les milieux les plus
conservateurs.
Cependant, il est à remarquer que
l'Islam ne devrait pas être tenu pour principal responsable des faibles
taux de scolarisation en Afrique subsaharienne. Pour preuve, on a par exemple
le cas du Soudan où le Nord musulman présente des taux de
scolarisation significativement plus élevés que le Sud
christianisé et traditionnel (Pilon et Yaro, 2001 :28).
-l'ethnie
L'ethnie, en tant que concept désignant un
groupement socioculturel, c'est-à-dire, pour reprendre les termes de
Nicolas (1973 : cité par Kobiané, 2001 :31), ce
"composé spécifique, en équilibre plus ou moins stable, de
culturel et de social", apparaît souvent comme un facteur de
différenciation en matière de scolarisation des enfants. La
conquête coloniale et l'implantation des missions catholiques (à
l'origine de l'école classique) et les rapports qui en sont nés
(rapports de conflits ou de soumission) peuvent aider à comprendre les
attitudes de certaines communautés ethniques d'Afrique en matière
de scolarisation.
Au Tchad, l'étude de la scolarisation selon
le grand groupe ethnique en 1993 a montré que trois groupes fortement
christianisés et basés au Sud du pays se démarquent des
autres. Il s'agit du groupe "Sara" avec 57,5% des enfants scolarisés, du
groupe "Tandjilé" avec 48,4%, et "Mayo kebbi" avec 47,8%. Cette
prédominance s'observe aussi bien chez les garçons que chez les
filles (RT, 1995 : 94). Les enfants des groupes ethniques fortement
islamisés et habitant la partie septentrionale sont les moins
scolarisés du pays. Mbaïsso (1990) considère la forte
scolarisation observée dans certaines préfectures du Tchad comme
le résultat d'une acculturation. Pour lui, la sous-scolarisation
concerne plus les peuples qui sont restés attachés à leurs
traditions.
Dans les sociétés africaines
traditionnelles, le contrôle sur la préservation et la
pérennisation des acquis culturels par les membres s'opère au
niveau de l'ethnie, sous la supervision de la famille. Compte tenu du fait que
la scolarisation véhicule un modèle culturel étranger
à ces sociétés, on comprend dès lors le rôle
que peut jouer cette institution dans l'appréciation du système
scolaire par rapport aux normes et valeurs sociales en vigueur et au
modèle de développement souhaité (Diallo, 1997 : 13).
Bonini (1998) explique le faible niveau de
scolarisation des enfants chez les Massaï de Tanzanie (populations vivant
essentiellement d'activités pastorales) par le fait que, depuis son
introduction, l'école de type occidental était
considérée par ces populations comme une contrainte-elle
empêchait les enfants de s'occuper du troupeau-, alors qu'elle
n'apportait que de faibles compensations en retour.
De manière générale, il
semble "qu'en raison de sa rigidité, de sa tendance à la
centralisation et son insensibilité aux différences culturelles,
le système scolaire formel n'a pas réussi à attirer et
à retenir les enfants issus des groupes sociaux marginaux" (UNESCO,1991:
11).
Les travaux s'intéressant beaucoup plus aux
facteurs socioculturels sont de nos jours très prisés par tous
les chercheurs travaillant dans le domaine des sciences sociales. Mais ils sont
surtout l'apanage des anthropologues et sociologues. Les travaux
socio-anthropologiques à travers les outils d'investigation tels que les
récits de vie mais aussi entretiens de groupe
(focus group) mettent en évidence les fondements des choix des
parents pour la scolarisation de tel ou tel enfant : à travers les
représentations des rôles et des statuts, par exemple, on
perçoit pourquoi les parents préfèrent investir davantage
dans la scolarisation des garçons que des filles. Ces outils permettent
de mettre en évidence les subtilités des stratégies
familiales ou des négociations intrafamiliales que ni les approches
économiques ni les apports de la démographie à
l'étape actuelle ne permettent de cerner (Kobiané, 2002).
Les travaux sociologiques sur la demande
d'éducation dans les pays du Sud présentent un certain nombre de
limites qu'il n'est pas judicieux de les ignorer. La principale limite
inhérente aux travaux sociologiques -qui n'est pas propre au champ de
l'éducation -est celle de la difficulté de
généraliser les résultats trouvés dans des
contextes socio-économiques différents et souvent bien
spécifiques (Kobiané, 2002 :33). Une autre limite est celle
qui consiste à s'en tenir à l'effet de chacun des facteurs
socioculturels (instruction des parents, religion, ethnie, etc.) pris
isolément. Une telle démarche, il faut en convenir, ne permet pas
d'appréhender la complexité et la totalité des
différents rapports à l'école dans une
société donnée.
1.3) approche socio-économique
Elle est basée sur le travail
des enfants ainsi que sur le niveau de vie des ménages. Trois
préoccupations guident essentiellement les recherches :
- coût de la scolarisation et demande
scolaire ;
- scolarisation et travail des enfants ;
- demande scolaire et marché de l'emploi.
La pauvreté est la principale cause des
problèmes qui empêchent le développement des pays
africains. Comme l'UNICEF le définissait dans son rapport de 1996, "la
pauvreté est à la fois un phénomène
économique, social et culturel. Du point de vue économique, elle
consiste en la privation de biens essentiels répondant aux besoins
vitaux : se nourrir, se loger, se vêtir. Du point de vue social,
c'est l'absence de contrôle sur les institutions et la
dévalorisation. Du point de vue culturel, c'est l'imposition des valeurs
des classes dominantes, la dépendance, la frustration ! La
pauvreté n'est donc pas uniquement une privation de biens
matériels-nourriture, logement, vêtement - et de biens
culturels-loisirs, instruction, communication -mais aussi une absence de
contrôle et de pouvoir social" (UNICEF, 1996 : cité par
Ndoye, 2002 :8). La pauvreté apparaît donc comme une raison
majeure de la non-scolarisation des enfants africains.
Une étude menée par l'UNICEF
(1998 : cité par Ndoye, 2002 :8) met en évidence le fait que
vivre dans la pauvreté a des effets directs sur la capacité des
élèves à apprendre car la pauvreté les
empêche d'apprendre. Comment peut-on s'instruire quand il faut survivre
au jour le jour ?
Dans un contexte de misère, le
travail des enfants constitue pour les parents une source de revenu leur
permettant d'assurer les besoins familiaux, contrairement à
l'éducation qui serait pour eux une dépense de plus s'ajoutant
aux besoins vitaux déjà non satisfaits. En d'autres termes, "la
survie du groupe passe par une participation aux activités de
subsistance de chacun de ses membres" (Marcoux, 1994).
Mensah (2004) a montré qu'au Togo,
les enfants n'ayant pas de rapport de filiation avec le chef de ménage
ont moins de chances que les autres à concilier l'école et le
travail. Et qu'au fur et à mesure que le niveau de vie augmente,
l'accès à l'éducation des enfants aussi augmente. Au
moment de l'EIMT, 3,3% des enfants tchadiens âgés de 5 à 14
ans effectuaient un travail rémunéré, 23,3% participaient
à un travail non-remunéré pour une personne autre qu'un
membre du ménage (RT, 2000) .
L'interdiction du travail des enfants avant la fin de
la scolarité obligatoire qui est largement respectée dans la
plupart des pays développés ne se trouve pas sérieusement
prise en compte dans les pays en voie de développement. Ainsi, 61% des
enfants travailleurs vivent en Asie, 32% en Afrique, 7% en Amérique
latine. "Dans l'absolu, c'est en Asie que l'on trouve le plus grand nombre
de travailleurs enfants, mais en proportion c'est l'Afrique qui détient
le record : environ 40% d'enfants de 5 à 14 ans " (BIT, 1996 :
cité par Guillon et Sztokman, 2004).
Le travail des enfants est fortement lié
à la situation économique des pays et aux modes de fonctionnement
des entreprises. Nombre d'employeurs souhaitent en effet embaucher des enfants.
Les facteurs les plus fréquemment évoqués pour justifier
cette demande sont à la fois économique et technique : moindre
coût de cette main-d'oeuvre juvénile, plus grandes aptitudes,
meilleure agilité. Comme souligné ci-haut, le travail des enfants
est surtout la conséquence de la situation économique et sociale
des familles. Pour beaucoup, c'est le moyen, espère-t-on, de donner
à son enfant l'occasion d'acquérir une formation, une
qualification susceptible d'assurer son avenir professionnel. Laissant ainsi de
côté la formation scolaire.
On a toutefois constaté en Afrique
subsaharienne que de nombreux enfants actifs sont scolarisés
malgré la lourdeur des horaires et des tâches effectués.
La réflexion sur les
modalités d'emploi de l'éducation pour promouvoir le
développement économique a considérablement
évolué au fil des années. Au cours des années 50,
le débat a porté, dans une large mesure, sur le besoin d'actifs
instruits. La planification des actifs a gagné en popularité
comme méthode d'analyse des besoins en ressources humaines d'un pays en
développement. L'accent qu'elle met sur la formation
intermédiaire et supérieure des actifs implique qu'une forte
priorité doit être donnée à la formation secondaire
et supérieure. Ensuite, le désenchantement à
l'égard de cette stratégie a marqué les années
60.
Nombre de gouvernements ont constaté que la
politique suivie pour développer simultanément tous les niveaux
de scolarité pesait trop lourdement sur leurs budgets. Et l'augmentation
du chômage des diplômés a amené les responsables
à se demander s'il fallait consacrer une proportion constamment
croissante de moyens à l'expansion du système scolaire,
simplement pour amener des gens au chômage.
La prise de conscience croissante des
coûts a correspondu à une nouvelle méthode d'analyse des
investissements éducatifs, introduite dans les années 60.
Fondée sur la théorie du capital humain, l'analyse
coûts-bénéfices compare les coûts et les avantages de
l'éducation, à la différence de celle des ressources
humaines, qui en considère exclusivement les avantages (Malcolm et al.,
1998 : 332).
Il convient de préciser que
l'analyse économique de la demande d'éducation s'inspire beaucoup
plus de la théorie micro-économique.
La théorie
micro-économique
L'hypothèse de rationalité
individuelle, à la base de l'analyse micro-économique, stipule
que les agents décideurs ont un comportement rationnel, cherchant
à maximiser leur bien-être en fonction de l'environnement
économique et des ressources dont ils disposent.
Cette approche, qui a d'abord été
utilisée pour étudier les comportements de consommation, a
été appliquée dès les années 60, notamment
par Gary Becker, à la demande d'éducation. Selon Gary Becker
(1964), la scolarisation constitue un moyen d'augmenter le "capital humain" de
l'individu, concept qu'il définit comme étant l'ensemble des
connaissances et des capacités de l'individu. Ainsi en allant à
l'école, l'enfant développe des savoirs qui augmenteront sa
productivité future et qui seront valorisés sur le marché
du travail. En fait, selon Becker, la scolarisation se comprend en
considérant le cycle de vie de l'individu (Bommier et Shapiro, 2001 :
50).
La scolarisation des enfants est un
investissement particulier parce que, bien que ce soit en général
les parents qui prennent les décisions de scolariser les enfants, et qui
en supportent les coûts, les bénéfices semblent en revenir
aux enfants. En réalité, le bénéfice ne revient pas
seulement aux enfants et la littérature économique met l'accent
sur deux types de motivations des parents qui les poussent, dans leur propre
intérêt, à investir dans la scolarisation de leurs enfants.
Dans le premier cas, les décisions des parents sont vues comme
reflétant l'altruisme : les parents sont supposés tirer une
satisfaction du bien-être de leurs enfants, et accroissent cette
satisfaction en donnant à leurs enfants les opportunités d'une
vie meilleure. Un autre point de vue, qui se rapproche de la littérature
sur la fécondité, consiste à dire que les enfants
constituent une forme d'assurance pour les vieux jours des parents. En
investissant dans l'éducation des enfants, les parents se garantiraient
les lendemains meilleurs, car une fois âgés, leurs enfants bien
dotés en capital humain pourront leur assurer un revenu confortable
(Bommier et Shapiro, 2001 : 51). Dans les deux cas, les parents font des choix
de scolarisation afin de maximiser le revenu net des enfants (revenu
cumulé le long du cycle de vie, net des coûts directs et indirects
engendrés par la scolarisation).
Toutefois, la théorie du capital
humain doit être prise avec précaution :
· primo, l'éducation ne permet pas toujours
d'accroître la productivité. Pour les tenants de
la théorie du filtre, l'éducation sert moins
à apprendre qu'à sélectionner. Et pour les
économistes tels que Lester, l'école est un filtre en même
temps qu'un repère social (Schouamé, 2005).
· Secundo, le modèle d'investissement en capital
humain en traitant la scolarisation d'un
enfant indépendamment de la scolarisation des autres
enfants ne permet pas de décrire les différences que l'on observe
parfois entre aînés et cadets ou entre garçons et
filles.
Pour faire ressortir ces différences, les
chercheurs font recours à des modèles familiaux. Les
modèles familiaux permettent de prédire les différences
importantes entre la scolarisation des enfants d'une même famille par les
contraintes de liquidité, de rendements croissants de la scolarisation,
ou encore d'une volonté des parents de diversifier les risques.
Les modèles familiaux de la demande
d'éducation, bien que d'un intérêt certain comportent des
limites surtout dans le contexte des pays en développement. En plus de
leur caractère statique et de la non prise en compte de l'incertitude
quant aux revenus futurs des enfants, il y a le processus même de prise
de décision dans le ménage (de Vreyer, 1996). La décision
de scolariser les enfants n'est pas toujours prise seulement par le chef de
ménage ou le couple mais la famille élargie peut également
y participer.
1.4) approche socio-démographique
Elle est essentiellement basée sur la
demande scolaire et intègre trois caractéristiques essentielles :
les caractéristiques des ménages, les caractéristiques des
chefs de ménage et les caractéristiques des enfants.
D'après Kobiané
(2002 :11), la contribution de la démographie à la
compréhension de mécanismes de la demande d'éducation est
très faible parce que d'abord la démographie n'est pas une
discipline prolifique en théories explicatives (Tabutin, 1999) et
ensuite du fait de l'intérêt relativement récent
accordé par les démographes-du moins dans le monde francophone
où la démographie constitue une discipline à part
entière-à la question de la demande d'éducation. En effet,
comme le fait remarquer à juste titre Pilon (1993), en
démographie, l'éducation est plus souvent
appréhendée comme facteur explicatif des comportements
démographiques que comme objet d'étude en soi. C'est surtout
l'analyse des déterminants de la scolarisation qui a beaucoup plus
attiré l'attention des démographes africains et
spécialistes du Sud dont les contributions méthodologiques en
termes de valorisation des sources de données démographiques
classiques et de recours aux méthodes d'analyse biographique constituent
une grande avancée dans ce domaine.
* Au niveau des caractéristiques
des ménages, les différentes études se sont
intéressées à :
- la relation entre la taille du
ménage ou de la famille et scolarisation des enfants
La relation attendue entre la taille du
ménage ou de la famille et la scolarisation des enfants est
négative mais les travaux réalisés en Afrique
subsaharienne tendent, au contraire, à infirmer cette hypothèse.
La relation entre la taille du ménage ou de la famille et la
scolarisation des enfants est plutôt inexistante, voire positive.
L'existence des réseaux de solidarités familiales qui facilitent
la pratique du confiage ou de la circulation des enfants dans le contexte
africain est souvent évoquée pour expliquer cette absence de
relation. Compte tenu de l'importance de ce phénomène de confiage
des enfants en Afrique subsaharienne et de la diversité des mobiles qui
en sont à l'origine (perpétuation des liens de solidarité,
accès à l'instruction et/ou à l'emploi, besoin de
main-d'oeuvre, etc.), un intérêt croissant se manifeste pour
l'étude de la relation entre statut familial et scolarisation des
enfants (Kobiané, 2001 :20).
Pour la majorité des africains
noirs, la vie en ménage de grande taille reste fréquente. Ainsi
à part le chef de ménage, on peut par exemple rencontrer dans le
ménage, son père et sa mère, son épouse, ses
enfants, ses petits enfants, ses frères et soeurs de sang, ses cousins
et cousines, ses neveux et nièces, les parents et connaissances de son
épouse, ses amis, les enfants des amis confiés, les bonnes, etc.
Dans un tel ménage tous les enfants ne sont pas forcement
scolarisés et il s'avère nécessaire d'identifier ceux qui
sont scolarisés par rapport à leur région de
résidence et caractéristiques individuelles.
- la structure par âge des membres du
ménage et scolarisation des enfants
La présence d'enfants en bas
âge (0 à 5 ans) dans un ménage accroît les besoins en
temps pour prendre soin d'eux, responsabilité qui est le plus souvent
partagée entre les enfants plus âgés (surtout les filles)
et les adultes (surtout les femmes) du ménage. Par conséquent,
plus le nombre d'enfants en bas âge est élevé, plus les
enfants d'âge scolaire, et notamment les filles, seront sollicités
et tenus à l'écart de l'école (Chernichovsky,1985; Lloyd
et Gage-Brandon,1994).
Pour les tenants de la théorie
de quality-quantity trade-off of education, les ménages et les
familles sont supposés réaliser des choix entre
privilégier le nombre des enfants (la "quantité") et
privilégier l'investissement moyen par enfant (la "qualité")
mesuré le plus souvent par le niveau moyen d'éducation atteint
par l'enfant. L'enfant est considéré comme un bien
économique dont "l'utilité" dépend de ses avantages et
coûts perçus par les parents (Becker et Lewis, 1973; De Tray,
1973 : cités par Kobiané, 2002). L'interaction entre
quantité et qualité des enfants implique pour ces auteurs une
relation négative entre l'éducation et le nombre des enfants.
Mais cette relation négative
n'est pas toujours vraie. Ainsi Marcoux (1994) observe en milieu urbain malien
que la présence d'enfants de 0-4 ans dans le ménage accroît
la scolarisation des enfants de 8-14 ans.
De même la présence
dans le ménage d'une domestique a un impact positif sur la scolarisation
des enfants alors que celle des adultes masculins influe négativement
sur la scolarisation des enfants.
Wakam (2003) a montré pour
le cas du Cameroun que toute chose égale par ailleurs :
(1) la présence et le nombre d'enfants en bas
âge (moins de 6 ans) affecterait très peu la scolarisation des
enfants de 6-14 ans et toucherait davantage celle de 15-24 ans, et surtout
celle des jeunes filles, à qui serait probablement
transférée la responsabilité de la garde des plus
petits.
(2) Le nombre d'enfants scolarisables est
très positivement associé tant à la scolarisation des
filles qu'à celle des garçons de 6-14 ans et de 15-24 ans. La
"quantité" semble ainsi non seulement compatible avec la
"qualité", mais lui est plutôt positivement associée.
(3) Le nombre d'adultes et de personnes
âgées est très positivement associé à la
fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans, et il en est de
même pour les jeunes de 15 à 24 ans. Mais l'étude selon le
sexe des membres adultes du ménage fait apparaître des
différences significatives : le nombre de femmes adultes et
âgées agit positivement tant sur la scolarisation des filles que
sur celle des garçons, témoignant ainsi de la
"substituabilité" des femmes dans l'accomplissement des tâches
domestiques, alors que le nombre d'hommes adultes et âgés tend
plutôt à réduire systématiquement la scolarisation
des jeunes filles.
(4) La structure démographique du
ménage se révèle, en définitive, de loin plus
déterminante pour la scolarisation des filles, alors que la structure
économique est beaucoup plus déterminante pour celle des
garçons.
-le milieu d'habitat et la région de
résidence
Les effets du milieu de
résidence et la région de résidence sur les risques de
fréquentation scolaire des enfants en Afrique subsaharienne sont
relevés dans plusieurs études. Les régions tout comme les
milieux sont caractérisés par des spécificités qui
peuvent expliquer les disparités observées entre les taux de
scolarisation à l'intérieur d'un même pays.
Ainsi au Burkina Faso, Yaro (1995), a
trouvé de très fortes disparités entre les 30
entités administratives qui composent son pays. Alors que les provinces
de la Tapoa et du Séno ont des taux bruts de scolarisation de 10
à 15%, d'autres comme le Kadiogo, principalement constitué de la
ville de Ouagadougou, offrent une scolarisation qui concerne environ 82% des
enfants âgés de 7 à 14 ans. Les enfants du Kadiogo auraient
donc plus de chance de fréquenter l'école que leurs camarades des
deux autres provinces. Pour l'auteur, les raisons de la disparité
scolaire entre les unités administratives du pays tiennent
principalement à des déterminants géographiques,
historiques, démographiques, économiques, culturels ou
religieux.
Les proportions des enfants qui
fréquentent dans les pays en voie de développement sont
généralement plus élevées en ville qu'en campagne.
Ceci est dû à la forte concentration des infrastructures scolaires
(écoles, collèges, lycées,...) en milieu urbain au
détriment du monde rural.
Wakam (2002a) a montré qu'au
Cameroun les enfants du milieu urbain avaient nettement plus de chances de
fréquenter que ceux du milieu rural et que les inégalités
entre les filles et les garçons seraient plus grandes en campagne qu'en
ville.
Au Tchad en 1993, sur 100 enfants de
6 à 15 ans, 45 sont scolarisés en milieu urbain et 21 en milieu
rural (RT, 1995 : 81). Le niveau de scolarisation des garçons des
centres urbains est plus élevé que celui des garçons des
zones rurales (50,0% contre 27,6%). Le même phénomène est
observé chez les filles (40,8% contre 14,8%). Ainsi pour 100
garçons tchadiens de 6-15 ans scolarisés, on a 82 filles de 6-15
ans scolarisées en ville et seulement 54 filles de 6-15 ans
scolarisées en campagne. Par ailleurs le déséquilibre
entre centre urbain et zone rurale à l'intérieur d'une même
préfecture est énorme. Les taux urbains sont de loin
supérieurs aux taux ruraux. Cette situation s'observe dans toutes les
préfectures du pays. Le niveau de scolarisation des enfants des centres
urbains de la préfecture la plus scolarisée du pays à
savoir le Logone oriental au Sud est plus élevé que celui des
enfants des zones rurales (74,3% contre 53,6%). Le même
phénomène est observé chez les enfants vivant dans la
préfecture la moins scolarisée à savoir le Lac au Nord du
pays (43,2% contre 4,4%).
- le niveau de vie des ménages et
scolarisation des enfants
La scolarisation des enfants
dépend largement du niveau de vie des ménages. Ainsi, les enfants
des familles pauvres, tout comme les filles et les enfants surtout des zones
rurales ont le plus souvent une participation très faible dans le
système éducatif formel. Quel que soit leur milieu et /ou
région de résidence, les pauvres sont les moins nombreux à
s'inscrire à l'école et les plus nombreux à abandonner
l'école avant terme.
* Au niveau des
caractéristiques des chefs de ménage, les
différentes études se sont intéressées
à :
- la relation entre le
sexe, la situation matrimoniale du chef de ménage et la scolarisation
des enfants
Les ménages ayant à leur
tête une femme étant beaucoup plus susceptibles d'êtres
pauvres (Barros et al, 1997; Buvinic et Gupta, 1997; Lloyd et Blanc, 1996;
Lloyd et Brandon, 1991 : cités par Kobiané, 2001), on
s'attend généralement à ce que le niveau de scolarisation
des enfants y soit plus faible comparé aux ménages dirigés
par un homme. Mais excepté l'étude de Lututala et al. (1996)
portant sur la ville de Kinshasa, presque toutes les autres études
menées en Afrique subsaharienne (de Vreyer, 1993; Marcoux, 1994; Pilon,
1995; Pilon, 1996 ; Kaboré et al., 1999) montrent que les enfants ont
plus de chance d'être à l'école et/ou d'y rester plus
longtemps lorsqu'ils appartiennent à un ménage dirigé par
une femme; et que la sous-scolarisation des filles y est moindre. Cette
différence entre le résultat trouvé en Afrique
subsaharienne et celui trouvé ailleurs semble être due à
des différences de systèmes familiaux.
Bien que relativement peu
abordée dans les études sur les déterminants de la demande
scolaire, la situation matrimoniale du chef de ménage semble avoir une
incidence sur l'accès et le parcours scolaires des enfants. La
polygamie, pratique matrimoniale assez courante en Afrique au sud du Sahara,
permet souvent des formes d'organisation de la production domestique qui
peuvent alléger la demande de main-d'oeuvre enfantine, et par
conséquent augmenter les chances d'un enfant d'être
scolarisé (Kobiané, 2001 :23). Certaines études
montrent que les garçons appartenant à des ménages dont le
chef est polygame présentent les plus forts taux de scolarisation
(Marcoux, 1994) et d'autres par contre font ressortir que les chefs de
ménage monogames scolarisent davantage les enfants que les polygames
(Pilon, 1993; Lututala et al., 1996; Gérard, 1998).
- le niveau d'instruction du chef de
ménage
L'instruction du chef de ménage a un
effet positif sur la scolarisation des enfants. Plus le chef de ménage
est instruit, plus il y a de chance que les enfants le soient également.
Cet effet est d'autant plus important que le chef de ménage a atteint au
moins le niveau secondaire selon Clevenot et Pilon (1996). Abagi et Wamahiu
(1995) ont montré pour le cas du Kenya que le niveau d'instruction du
chef de ménage est un facteur d'élimination des discriminations
scolaires entre filles et garçons. En d'autres termes, ce sont les chefs
de ménage les plus instruits qui ont tendance à scolariser de
façon égalitaire les filles et les garçons. Dabsou (2001)
a montré pour le cas du Tchad que plus le niveau d'études du chef
de ménage augmente, moins sont les inégalités entre filles
et garçons en matière de scolarisation.
* Au niveau des
caractéristiques des enfants, les différentes
études se sont intéressées :
- au sexe de l'enfant
De nombreux travaux
réalisés en Afrique subsaharienne ont montré que les
enfants de sexe féminin ont moins de chance d'être
scolarisés que les garçons (de Vreyer, 1993; Clevenot et Pilon,
1996). Murad (1998) a montré que les taux d'inscription des filles sont
inférieurs de 20 à 25% à ceux des garçons. Pilon en
1996, s'inspire du recensement du Togo de 1981 et constate que les
garçons sont davantage scolarisés que les filles, mais que cette
différence dépend du sexe du chef de ménage. Les
disparités sont réduites quand c'est la femme qui dirige le
ménage (Ndzomo, 2004 :20).
Selon le RGPH du Tchad de 1993, le
taux de scolarisation des garçons était 40,4% contre 22,8% chez
les filles. Pour Bonini (1998), la scolarisation des filles est
tolérée dans certaines régions au niveau du primaire mais
elle n'est plus encouragée au-delà de ce niveau. Galy (1986) qui
a fait une étude sur la déperdition scolaire dans la
circonscription urbaine de N'djaména au Tchad souligne qu'à
N'djaména comme en province, les filles n'ont beaucoup plus leur place
qu'au foyer. Les résultats de son enquête ont montré que
47,50% des parents vivant dans la périphérie de la capitale
empêchent leurs filles de poursuivre les études. Ces cas
d'abandons sont plus importants dans les milieux pauvres et chez les parents
analphabètes.
- au statut familial de l'enfant
Le sexe n'est pas la seule
caractéristique des enfants qui influence la scolarisation. Les travaux
de Zougrana et al. (1998), de Vreyer (1993) et de Pilon (1996) ont
montré que globalement les enfants des chefs de ménage sont les
mieux scolarisés comparativement aux autres enfants. Selon qu'on soit
enfant confié, orphelin ou enfant biologique du chef de ménage on
n'a pas les mêmes chances d'être scolarisé.
Une étude initiée par l'INSAE
(Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique) du
Bénin en 1997, a conduit aux résultats suivants :
· les filles, relativement plus nombreuses à vivre
sous la tutelle d'autres personnes que leurs parents, ont peu de chance
d'être scolarisées ;
· les chances de scolarisation des garçons
semblent moins dépendantes du statut familial que celles des filles ;
· la meilleure fréquentation scolaire des enfants
apparentés , autres que ceux du chef de ménage , dans certaines
localités rurales, illustre les stratégies familiales
spécifiques en matière de scolarisation, à travers la
pratique du confiage (Pilon et Yaro, 2001: 94).
Etre enfant orphelin est le fait pour un
enfant non majeur d'avoir perdu l'un au moins de ses deux parents. Le nombre de
ces enfants ne cesse d'augmenter. Il est difficile d'estimer le nombre total
d'orphelins toutes causes confondues. Avant la propagation du SIDA, 2% des
enfants étaient orphelins en Afrique, aujourd'hui, la proportion se
situe entre 15% et 17% dans les pays les plus affectés par la
pandémie. Cette proportion est de 5,7% au Sénégal, de 6%
au Mali, de 14% en Angola et de 17% en Afrique du sud et au Mozambique (Bilo'o,
2004 : 16).
Les enfants orphelins sont souvent
recueillis par les femmes qui d'une manière générale ont
un accès limité aux ressources. Parfois, lorsque l'aspect
économique n'est pas en cause, c'est la perception que l'on a de
l'orphelin qui pose problème. Au Tchad par exemple, Faya (1994 :
cité par Bilo'o, 2004 : 17) a montré que les enfants
orphelins sont le plus souvent abandonnés par leur famille, car on les
dit "touchés par le mauvais sort". Contraints de travailler pour nourrir
leur famille, les enfants orphelins sont parfois privés d'instruction.
Tout comme les enfants orphelins, les
enfants confiés font partie des enfants les plus
défavorisés dans certaines sociétés africaines. Le
confiage des enfants est le fait, pour des parents, de placer un ou plusieurs
de leurs enfants auprès d'autres personnes qui sont le plus souvent des
membres de la famille élargie. C'est aussi un don ou prêt d'enfant
ou parfois une adoption d'enfants (Antoine et Guillaume, 1984). Il s'agit
d'après Messan (2002), d'une pratique courante qui traditionnellement va
aussi dans l'intérêt des parents (expression et réception
de solidarité) que dans celui des enfants (socialisation, scolarisation,
apprentissage...).
Dans la littérature, la
problématique du confiage des enfants est abordée sous plusieurs
angles : selon les motivations (raisons) même du confiage, selon les
caractéristiques du ménage, du chef de ménage et de
l'enfant confié et selon le milieu et/ou région de
résidence.
Dans l'approche sociologique du confiage
des enfants, celui-ci était traditionnellement perçu comme une
confirmation des alliances ou des amitiés entre deux familles ou entre
deux personnes . La famille "adoptive" percevait cela comme une faveur. La
notion de père ou de mère renvoyait à un groupe
d'individus chez lesquels l'enfant pouvait "circuler" (Antoine et Guillaume,
1984). Il n'y avait presque pas de calcul économique dans cette
mobilité. Comme l'affirme Jean WAKAM travaillant dans le contexte
négro-africain et camerounais en particulier, l'accueil des enfants au
sein des ménages rend compte de la capitalisation de l'humain
plutôt que de l'économique. Ici les plus grandes valeurs sont
celles de l'estime et du prestige qui se mesurent à travers le nombre de
personnes que l'on peut rassembler autour de soi et dont on peut s'occuper
(Wakam, 1994). Ici l'enfant est considéré comme enfant du groupe
et non comme enfant d'un individu (Rwenge, 1999). De nos jours , avec les
diverses mutations des valeurs culturelles intervenues dans les
sociétés africaines, les difficultés économiques et
l'insertion de ces sociétés dans le monde moderne, le confiage
perd son sens traditionnel et les enfants confiés vivent souvent un
calvaire (Fagnon et Kpadonou, 1997: cités par Bilo'o, 2004:19).
Pour certains auteurs, les motivations des uns
et des autres font que cette pratique se détourne de plus en plus de ses
objectifs initiaux et tend de plus en plus vers l'exploitation des enfants
confiés d'une part et des familles d'accueil d'autre part, perdant par
la même occasion sa valeur sociale. Pilon (2002) travaillant sur le
travail des enfants et la scolarisation est arrivé à la
conclusion selon laquelle le confiage en direction des villes est plus un
transfert de main d'oeuvre qu'une pratique de socialisation. Cette pratique
apparaît de nos jours comme une stratégie élaborée
afin de diversifier les sources de revenus des couples et des ménages
dans le court terme avec la dégradation de la situation
économique. L'enfant est incité à partir travailler en
ville afin d'alléger son ménage d'origine d'une bouche et de
rapporter des revenus supplémentaires.
L'approche basée sur les
caractéristiques du ménage, du chef de ménage et des
enfants confiés prend en compte des variables comme le niveau de vie du
ménage, le sexe du chef de ménage, son niveau d'instruction,
l'âge de l'enfant confié ainsi que son sexe. L'examen de la
littérature révèle que ce sont surtout les ménages
socio-économiquement bien situés qui reçoivent le plus
d'enfants; le plus souvent la personne à qui est confié l'enfant
est moins démunie et plus instruite que les parents biologiques. Le
transfert d'enfants se fait le plus souvent des zones rurales vers les zones
urbaines. Mais dans certains cas, c'est le phénomène inverse qui
se produit. En effet, comme la crise économique a aggravé le
chômage, occasionné la baisse des salaires, élevé le
coût de la vie beaucoup plus en ville qu'en campagne, on assiste de plus
en plus à un transfert d'enfants du milieu urbain vers le milieu rural
(Messan, 2002).
Bilo'o (2004) a démontré
qu'au Mali les inégalités en matière de scolarisation
entre les enfants orphelins ou confiés et les enfants vivant avec leurs
deux parents, en faveur de ces derniers sont plus fortes chez les femmes chefs
de ménage que chez leurs homologues hommes. Et que ces
inégalités sont plus grandes dans les ménages urbains,
chez les chefs de ménage instruits, dans les ménages de niveau de
vie élevé et chez les filles.
Les différentes approches montrent
dans beaucoup de cas que les enfants ne souffrent pas nécessairement du
fait de vivre loin de leurs parents biologiques mais que tout dépend de
la personne avec laquelle ils vivent et des conditions dans lesquelles ils se
trouvent.
Malgré les enseignements et les
éclairages qu'ils apportent à la compréhension des
mécanismes de la demande scolaire, les travaux que nous venons de
présenter comportent des limites qu'il convient de relever. D'abord le
ménage n'est pas la famille. Or la plupart des études parlent des
stratégies familiales qui on le sait sont très complexes au
niveau des sociétés africaines. Remplacer le concept famille par
ménage à cause de l'indisponibilité de données
conduit inévitablement à des biais. Ensuite le manque de
statistiques fiables sur la situation des femmes chefs de ménage est
lié au problème de concept de chef de ménage mais surtout,
il s'agit d'une affaire de reconnaissance par les sociétés
elles-mêmes et les institutions qui produisent les données, de la
réalité très diverse des femmes chefs de ménage.
Un problème
méthodologique le plus souvent évoqué est la
temporalité ou l'antériorité dans la relation entre la
structure démographique du ménage et la scolarisation des enfants
: la taille et la composition par âge et par sexe des membres du
ménage observées sont susceptibles de changer. D'ailleurs, elles
n'ont pas toujours été ce que l'on constate au moment de
l'observation. Par conséquent, on ne peut expliquer des indicateurs de
stock tels que le niveau moyen d'études atteint ou le nombre moyen
d'années d'éducation par de telles données du moment.
Comme le rappellent par ailleurs Lloyd et Gage-Brandon (1994 :
cités par Kobiané, 2002 :22), les indicateurs de taille ou de
composition ne correspondent pas généralement à la
période au cours de laquelle les décisions en matière de
scolarisation ont été prises. A la limite, on pourrait supposer
que la taille et la composition du ménage à un moment
donné puissent influer sur la fréquentation scolaire des enfants
qui est, quant à elle, un indicateur du moment.
Les différences
méthodologiques en ce qui concerne surtout l'indicateur de niveau de vie
rendent difficiles la comparaison des résultats trouvés par les
uns et les autres. Les indicateurs de niveau de vie sont le plus souvent
construits à partir des informations relatives :
· aux biens d'équipement ;
· aux caractéristiques de l'habitat ;
· aux dépenses ;
· au revenu ;
· aux biens d'équipement et
caractéristiques de l'habitat.
Comme le montrent Hagenaars et de Vos (1988 :
cités par Kobiané, 2001 : 37) à partir de huit indicateurs
de niveau de vie, la proportion de ménages considérés
comme pauvres varie énormément d'une définition à
une autre.
1.5) les inégalités
sociales, relations de genre et scolarisation
Pour mieux comprendre les écarts et
déficits en matière de scolarisation, nous allons
présenter la problématique de genre et les
inégalités sociales en matière de scolarisation.
Le mot genre ou gender (Anglo-saxon) fait
référence à des manières d'être
particulières, à des comportements imposés par la
société ainsi qu'à des attentes spécifiques
associées à chaque sexe. Autrement dit, le genre est un concept
social qui établit, dans une large mesure, les chances d'un individu
dans la vie, en déterminant sa participation dans la
société et l'économie (Banque mondiale, 2003).
D'après IFAID (2005),
L'intégration du concept de genre dans la pensée et les
stratégies de développement a été
réalisée selon des étapes bien identifiées. La
littérature contemporaine reflète une tension entre deux grandes
approches qui est le fruit de cette histoire. L'une est qualifiée de
« women and development » ou femmes et développement, l'autre
de « gender and development » ou genre et développement.
Historiquement, le concept genre prend
racine dans la création d'un bureau des Nations Unies sur la condition
de la femme en 1946. La convention internationale sur les droits politiques des
femmes en 1952, inspire le concept de « femme et
développement » et entraîne la naissance des mouvements
d'intégration de la femme au développement.
L'approche femme et
développement, s'inscrit dans une perspective macro économique et
sociale et «optimiste» du développement compris comme
processus de modernisation inéluctable. Elle met l'accent sur le secteur
de la production au dépend des aspects reproductifs du travail et de la
vie des femmes. La situation des femmes est perçue principalement comme
une conséquence des structures inégalitaires internationales et
des inégalités des classes.
Bien que les études
féministes soient les premières études ayant permis de
poser la problématique du genre, une étude sur le genre n'est pas
une étude féministe. Une étude sur le genre
s'intéresse avant tout à la dynamique socialement construite des
relations entre hommes et femmes, à tous les niveaux de la vie en
société : politique, social, économique, culturel et
domestique (Locoh et al., 1996).
A la différence du fait
biologique qui est désigné par le sexe, le fait social ou
symbolique est désigné par le genre. L'approche genre et
développement est une vision plus complexe du développement en
mettant l'accent sur ses fondements micro économiques et sociaux, et sur
le caractère aléatoire des gains attendus du changement social
(IFAID, 2005).
Cette approche prend en compte
l'intérêt, le rôle et les responsabilités des femmes.
A la lutte des classes, l'approche genre et développement a
préféré le développement équitable et
durable. L'intérêt que suscite l'approche genre est double. Elle
est porteuse d'un renouvellement potentiel pour les théories, mais aussi
pour les pratiques du développement ; c'est un outil d'analyse et
un instrument de changement social.
L'analyse des relations de genre est
l'effort systématique exercé pour comprendre les relations entre
les genres dans un contexte social donné. Les outils conceptuels guidant
l'analyse de ces rapports sont entre autres :
- la division du travail ;
- le type de travail ;
- l'accès et le contrôle
différenciés de ressources et bénéfices ;
- les facteurs d'influences.
La question de genre a pris rang de
problème central dans les questions de développement au niveau du
PNUD quand celui-ci a décidé de rebaptiser en 1992 sa division
femmes en programme genre et développement. Le PNUD mesure les
inégalités sexuelles grâce aux indicateurs
socio-économiques tels que :
- l' ISDH (indice Sexospécifique
du développement humain) qui donne l'ampleur de
l'inégalité en termes d'accès aux ressources;
- l' IPF (indice de participation des
femmes) qui mesure les inégalités en termes d'accès
à des positions révélatrices du degré de
participation à la dimension décisionnelle et politique de la vie
sociale.
La Banque mondiale quant à elle
considère qu'il y a trois sources majeures d'inégalités
entre les sexes dans le monde : les droits, les ressources et la
participation ou voice (Banque mondiale, 2001 : citée par IFAID,
2005).
Il ressort des données
rassemblées dans les rapports du PNUD et de la Banque mondiale (1995 et
2001) sur une grande variété de pays quel que soit le niveau de
développement économique et « humain » que les femmes
n'ont nulle part les mêmes opportunités que les hommes en
matière d'accès aux ressources économiques et sociales.
Les rapports de genre sont
inégalitaires et en défaveur des femmes dans tous les domaines.
La non-scolarisation des filles s'inscrit dans la problématique
générale de la discrimination de la femme dans la
société.
Belarbi (1985) montre que ce sont les
parents qui forment la personnalité de l'enfant et ses relations avec
autrui. Ainsi, les parents apprennent aux filles à jouer les rôles
féminins et aux garçons à jouer les rôles masculins.
On attend d'une fille qu'elle devienne une bonne épouse et qu'elle fasse
des enfants à son mari dans la société traditionnelle
d'Afrique. Comme l'éducation reçue à l'école ne
cadre pas toujours avec les attentes de la société traditionnelle
africaine, les parents évitent d'envoyer les filles à
l'école. Diagne (1990) montre que c'est la séparation qui
consolide les rôles sociaux de chaque sexe. En effet, dès
l'âge de 6 ou 7 ans une séparation s'opère, les filles
allant trouver leur mère qui leur apprendra à jouer les
rôles féminins; et les garçons étant appelés
à apprendre les rôles masculins auprès de leur
père.
Nous pouvons préciser que les rôles
féminins, dans les sociétés traditionnelles d'Afrique, ne
s'accommodant pas d'une scolarisation poussée, les filles sont
dès l'enfance préparées à une discrimination
scolaire favorable aux garçons.
GIANINI Belotti (1974) démontre
que le comportement et rôle de la femme et de l'homme au foyer sont
conditionnés par l'éducation différentielle qu'ils ont
reçue pendant la petite enfance. Cette différenciation est
perceptible à travers l'éducation reçue à la maison
et à l'école. Ceci par le biais des jeux, des jouets et la
considération qu'ils ont des parents et des éducateurs à
l'école. C'est ainsi qu'on peut justifier l'abandon à la femme
par l'homme de toutes les tâches domestiques et l'éducation des
enfants ; malgré ses occupations extra domestiques. De nombreuses
études expliquent le taux élevé d'abandon scolaire chez
les filles et le faible niveau de leurs résultats scolaires par les
attitudes négatives des enseignants à leur endroit à
travers des préjugés et des comportements sexistes.
Au Sud du Tchad, les mariages, les
cérémonies d'excision, les travaux domestiques sont autant des
occasions pour retirer les filles de l'école. Car on les
considère plus importantes que l'école pour une fille bien
élevée selon la tradition. Dans les sociétés des
zones méridionales du pays, c'est l'homme qui doit exécuter tout
ce qui peut être dur ou difficile à accomplir et la femme ne doit
en aucun cas pas chercher à participer à certaines
activités qui sont réservées aux hommes. Ainsi en milieu
rural si l'école se trouve par exemple dans un autre village
éloigné, on ne permettra qu'aux garçons d'y
fréquenter. De même dans les réunions dans lesquelles se
prennent les grandes décisions ne participent que les hommes.
Ainsi même si le chef de famille est hostile à la
fréquentation scolaire, il cherchera à envoyer au moins un
garçon qui peut le moment venu mieux orienter la famille par rapport aux
échanges commerciaux et les contacts avec l'administration et les
citadins.
Chez les Sara, toujours au Sud du Tchad, les rites
et pratiques ayant trait à l'initiation traditionnelle le
"yondo" contribuent à faire comprendre au garçon qu'il
est le tout-puissant et qu'il ne doit pas se rabaisser devant une femme. On
entre dans la brousse comme "femme" et on en ressort "homme". Le jeune
initié est un être né de nouveau qui se croît
l'égal des autres initiés et un homme appartenant à une
classe supérieure à celle des femmes et autres garçons non
initiés. Dans ce contexte précis, si l'école a pour
tâche de former des élites et chefs de famille responsables, alors
on ne peut qu'envoyer prioritairement les garçons.
Chez les Tchadiens du Nord et dans une moindre
mesure chez ceux du Centre, les filles ne doivent pas être tous les temps
en contact avec les garçons. Et beaucoup de parents ne sont pas
prêts à envoyer leurs filles dans les établissements
mixtes. Habituellement les femmes doivent être toujours voilées et
soumises à leurs maris. Elles n'avaient pas le droit d'élever le
ton quand elles sont en face d'un homme. Or l'école moderne
française met les filles et les garçons ensemble dans une
perspective de rapports d'égal à égal. Ce qui est
très mal apprécié par les parents et surtout les gardiens
de la tradition et autres conservateurs.
Au Nord tout comme au Sud du pays, beaucoup de
filles sont exclues du système éducatif formel simplement parce
que leurs parents pensent qu'elles peuvent mieux remplir leur rôle
traditionnel en dehors de l'école.
D'après Thiriat, il est nécessaire
de se pencher sur les relations de genre en matière de scolarisation
car :
Ø en terme de droits, tout d'abord : recevoir une
éducation de qualité est un droit fondamental, indispensable
à l'exercice d'autres droits. L'éducation est la clé de
tous les progrès en matière d'égalité.
Ø Les indicateurs de l'éducation sont parmi les
plus importants pour évaluer la situation des femmes.
Ø Une stratégie de réduction de la
pauvreté passe par l'acquisition des savoirs fondamentaux, de
compétences nouvelles pour faire face au quotidien. Ces acquisitions
sont des conditions nécessaires à la construction d'une certaine
autonomie des femmes, à leur participation aux décisions qui
affectent leur existence, au processus de développement et à ses
retombées.
Ø L'éducation est la porte d'accès
à l'information et aux services qui permettent aux femmes de mieux
maîtriser leur fécondité, d'améliorer leur
santé et celle de leur famille et d'en accroître le bien
être économique.
Ø Parce qu'il joue un rôle important dans la
socialisation et la transmission de normes et de valeurs, le système
éducatif peut influer significativement sur la remise en cause des
inégalités sexuées et l'acceptation de
l'égalité entre hommes et femmes comme valeur sociale
fondamentale pour autant qu'il en ait les capacités et qu'il soit
appuyé par un engagement politique fort.
Les attitudes et comportements de genre
peuvent être atténués car "le genre se réfère
aux rôles et responsabilités des femmes et des hommes que
construit la société au sein d'une culture ou d'un espace
donné. Ces rôles subissent l'influence des perceptions et attentes
découlant des facteurs culturels, politiques, écologiques,
économiques, sociaux et religieux ainsi que des coutumes, des lois, de
la classe sociale, de l'ethnie et des préjugés individuels ou
institutionnels. Les informations d'ordre social, culturel, et religieux se
transmettent par l'éducation des enfants dans le milieu familial
d'abord, puis à l'école, en cas de scolarisation, et par les
diverses structures sociales, informelles ou non, auxquelles les enfants et les
jeunes vont participer. Les attitudes et comportements des genres sont donc
appris et peuvent être modifiés (URD, 1999).
Les inégalités et
discriminations basées sur le genre nuisent les fondements du
développement. Toute stratégie de développement efficace
doit donc comprendre des mesures favorisant l'égalité entre les
sexes. Les inégalités criantes en matière de droits,
d'accès aux ressources et d'influence politique touchent directement les
femmes et affectent la société entière, car elle
empêche son plein développement.
De plus, les inégalités
fondées sur le genre entraîne des coûts élevés
difficiles à assumer, particulièrement pour les pays à
faibles revenus, sans compter qu'elles affectent davantage les personnes
pauvres. Il n'est pas toujours facile d'identifier et d'évaluer ces
coûts avec précision, mais dans les sociétés
où perdurent des inégalités fondées sur le genre,
qui se traduisent par un accroissement de la pauvreté, de la
malnutrition, de la maladie, de la privation et d'autres fléaux
semblables, doivent défrayer les coûts qui leur sont
associés.
L'impact négatif des
discriminations sur le développement touche la scolarisation et l'emploi
en milieu urbain. L'analphabétisme et le manque d'autonomie des
mères ont des répercussions directes sur les jeunes enfants.
Jusqu'aujourd'hui, un grand nombre (sinon la majorité) des coûts
liés à la discrimination entre les sexes demeurent cachés
tandis que les individus souffrent en silence.
En encourageant le développement,
on cherche à améliorer la qualité de vie des personnes.
Puisqu'elles affectent la qualité de vie des gens, les
inégalités fondées sur le genre ont donc une incidence sur
le développement. Elles comportent un coût indirect en
gênant la productivité, le rendement et le progrès
économique. Parce qu'elle suscite des obstacles à la
présence des femmes sur le marché du travail, et parce qu'elle
interdit systématiquement aux hommes ou aux femmes l'accès
à certaines ressources, à des services publics et à des
activités de production, la discrimination fondée sur le genre
nuit à l'économie en l'empêchant de croître et de
subvenir aux besoins des gens. Enfin, les inégalités
fondées sur le genre contribuent à affaiblir l'exercice de
l'autorité dans un pays et, par conséquent, l'efficacité
de ses politiques de développement (Banque Mondiale, 2003).
Malgré la prise de conscience
effective des gouvernants à l'issue de la conférence de Beijing,
qui a jeté les bases d'une implication réelle de la femme dans le
processus de développement, celle-ci dans la plupart des cas ne se
traduit pas dans les faits pour diverses raisons.
Sans risque d'exagération, les
sociétés des pays en développement et en particulier les
sociétés africaines peuvent aujourd'hui encore être
considérées en grande partie comme profondément
phallocratiques. Les droits de possession, d'administration, de gestion des
biens et décisions appartiennent principalement aux hommes. Les femmes
par contre sont astreintes aux devoirs de procréer, de garder,
d'entretenir, d'exécuter, d'obéir, etc. Elles ne peuvent jouir du
fruit de leur travail que sous la houlette d'un homme qui peut être le
père, le frère ou le mari. En terme d'équilibre des
charges, des droits et des devoirs, la balance pèse lourdement du
côté des hommes (Houeninvo, 2003).
Il est clair que dans un tel contexte, la
femme est non seulement défavorisée, mais chosifiée. On ne
citera jamais assez les difficultés d'accès à
l'éducation et à l'information, l'implication dans l'agriculture
et l'inégalité dans la répartition des avantages
économiques.
En Afrique, on croit parler en général
alors qu'en réalité, on parle toujours au masculin. Dans de
telles conditions, les femmes auront du mal à assumer les nouvelles
responsabilités qui leur ont été confiées lors de
la conférence de Beijing.
Pour arriver à réduire
durablement la pauvreté et instaurer l'équité au niveau de
la scolarisation, il faut avant tout atténuer les
inégalités sociales. D'après la Banque mondiale (1995),
les filles, les pauvres des campagnes, les enfants des minorités
linguistiques et ethniques, les nomades, les réfugiés, les
enfants des rues, les enfants qui travaillent, ceux qui ont des
difficultés d'apprentissage, ceux qui souffrent de déficiences
physiques ainsi que ceux qui ont des besoins spéciaux vont moins
à l'école que les autres. Cela tient, en partie, à un
problème d'accès limité et, en partie, à une
moindre demande.
Si les pauvres gagnent peu, cela tient en
partie à la faiblesse relative de leur dotation en capital humain et, en
partie, à la discrimination à laquelle ils sont en butte sur le
marché du travail. L'éducation peut remédier à leur
faiblesse en capital humain, mais la discrimination appelle d'autres mesures
(Banque mondiale, 1995 : 30). Les structures sociales qui reproduisent par
exemple l'inégalité des sexes devraient être
appréhendées en reconnaissant la complexité des normes
sociales et culturelles et en les remettant en cause.
Inscrite le plus souvent dans la
constitution, l'égalité se heurte au droit coutumier ou aux
pratiques religieuses. Le cas le plus frappant est celui des droits de la femme
africaine en termes d'héritage. L'héritage paternel lui
échappe souvent ou ne lui est que partiellement accordé. Lorsque,
par exemple, aux yeux de la loi coranique, le fils hérite d'une part
entière, la fille ne peut obtenir qu'une demi-part, partage
considéré comme "équitable" par le coran. De même,
dans les sociétés islamiques où est encore appliqué
la loi du lévirat, l'épouse ne peut hériter de son mari
décédé, les biens de celui-ci revenant à ses
frères selon la tradition patrilinéaire (Guillon et Sztokman,
2004 : 296).
Même le revenu de leur propre
travail peut les échapper. Au Zimbabwe par exemple, "il y a quelques
années, on pouvait voir à la sortie d'un hôpital, les maris
des infirmières faire la queue le jour de la paye pour toucher à
leur place..."(Coquery-Vidrovitch, 1994 : cité par Guillon et
Sztokman, 2004).
L'égalité d'accès
à l'instruction est importante aux yeux de nombreux gouvernements. La
mettre en pratique suppose que l'on y accorde une attention plus soutenue que
par le passé, en particulier au niveau du premier degré
d'enseignement, qui correspond à l'accès initial, surtout lorsque
les systèmes comportent des écoles privées et un
financement privé.
L'égalité d'accès
revêt deux aspects principaux : assurer à chacun une
éducation fondamentale et veiller à ce que les
élèves possédant les aptitudes requises ne se voient pas
écarter des établissements scolaires parce qu'ils sont pauvres ou
de sexe féminin, appartiennent à une minorité ethnique,
vivent dans une région isolée ou ont des besoins spéciaux
en matière d'éducation. Il y a plus : en accordant une attention
plus soutenue à l'équité, on augmente l'efficacité
(Banque mondiale, 1995 : 129).
2) HYPOTHÈSES ET CADRE
CONCEPTUEL
Notre étude cherche à
connaître les déterminants des disparités régionales
en matière de scolarisation des enfants au Tchad. Et à partir des
informations tirées de la revue de la littérature en
général et celles relatives à l'approche
socio-démographique en particulier, nous avons formulé des
hypothèses et élaboré un cadre conceptuel.
2.1) HYPOTHÈSES
HYPOTHÈSE GENERALE
Notre hypothèse de base est qu'il
existe des disparités en matière de scolarisation des enfants
entre les différentes régions du Tchad et en particulier entre le
Nord et le Sud, et ces inégalités s'expliquent par certaines
caractéristiques liées à l'offre scolaire, aux
ménages, aux chefs de ménage et aux enfants.
HYPOTHÈSES SPECIFIQUES
Plus spécifiquement :
(H1) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées en
milieu rural qu'en milieu urbain ;
(H2) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées dans
les ménages pauvres que dans les ménages riches, dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction élevé et
dans les ménages dirigés par les hommes que dans ceux
dirigés par les femmes;
(H3) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants augmentent avec l'âge des
enfants ;
(H4) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus importantes chez les
filles que chez les garçons.
2.2) CADRE CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE
Dans la recherche scientifique,
l'élaboration d'un cadre conceptuel est une étape très
importante. Elle permet de présenter les différents
éléments du phénomène étudié dans un
système de réciprocités et d'influences dans le but de
rendre plus intelligible la réalité.
Le contexte socio-économique,
politique et culturel détermine les disparités régionales
en matière d'offre scolaire et agit également sur les
comportements des chefs de ménage entraînant une scolarisation
différentielle des enfants selon leur région de
résidence.
Les caractéristiques des chefs
de ménage selon les régions influencent celles des ménages
conduisant à une scolarisation différentielle des enfants selon
les régions.
Enfin les caractéristiques
individuelles des enfants déterminent leurs chances d'être
scolarisés ou pas selon leur région de résidence.
De ce cadre conceptuel
découle le schéma conceptuel suivant :
Région de résidence
Contexte socio-économique, politique et
culturel
Caractéristiques différentielles des enfants
selon leur région de résidence
Caractéristiques du chef de ménage
Caractéristiques du ménage
Offre scolaire
Scolarisation différentielle des enfants
selon leur
région de
résidence
Figure 2.1 : schéma
conceptuel des déterminants des disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants.
2.3) DÉFINITIONS DES CONCEPTS
La définition de certains concepts
mérite d'être donnée afin de préciser le sens que
nous leur donnons tout au long de cette étude. Il s'agit plus
précisément des concepts suivants :
La scolarisation différentielle des
enfants :
La scolarisation est le fait pour
un enfant d'un âge compris entre 6 et 14 ans d'être
régulièrement inscrit dans un établissement scolaire.
Cette scolarisation est dite différentielle lorsqu'elle n'est pas
accessible aux enfants de la même manière selon leur région
de résidence.
La non-scolarisation : est le
fait pour un enfant d'âge de scolarité obligatoire (6-14 ans) de
n'avoir jamais été à l'école ou d'avoir
abandonné l'école au moment de l'enquête.
Le taux de scolarisation : est le
rapport entre l'effectif des élèves de 6 à 14 ans et celui
de la population de 6 à 14 ans. Il s'agit en fait de la proportion des
enfants de 6 à 14 ans qui fréquentent effectivement un
établissement scolaire au moment de l'enquête.
La région de résidence : C'est
le fait de résider au moment de l'enquête dans une
préfecture faisant partie d'une des trois régions suivantes : le
Nord (pour les préfectures du Batha, Biltine, BET, Lac, Kanem et
Ouaddaï), le Centre (pour les préfectures du Salamat, Guéra
et Chari Baguirmi) et le Sud (pour les préfectures du Logone Occidental,
Logone Oriental, Moyen Chari, Tandjilé et Mayo Kebbi).
L'offre scolaire : est l'ensemble
des ressources scolaires nécessaires à l'organisation de
l'enseignement. Il s'agit notamment des ressources matérielles (locaux,
manuels, matériels didactiques et autres équipements), humaines
(personnel enseignant et non enseignant) et institutionnelles (progrès
scolaires, encadrement et législation).
Le genre : exprime le fait que
les différences entre les rôles masculins et féminins
relèvent des caractères sociaux et non biologiques. Et que la
décision de scolariser une fille ou un garçon soit
dépendante du statut de la femme ou de l'homme dans la
société et des rapports qui en découlent.
Ménage : ensemble de
personnes apparentées ou non, qui vivent sous le même toit,
partagent ensemble leurs principaux repas, mettent en commun leurs
ressources pour subvenir à leurs besoins essentiels et
reconnaissent l'autorité de direction de l'une d'entre elles
appelée chef de ménage.
Conclusion partielle
Ce chapitre a permis de préciser
la base théorique de l'étude. Le cadre conceptuel retenu a
été inspiré de la revue de la littérature qui nous
a conduit à examiner un certain nombre de facteurs évoqués
par la plupart des auteurs ayant traité de la scolarisation. Une revue
thématique de la littérature nous a permis de formuler des
hypothèses en tenant compte des variables disponibles par rapport
à notre fichier d'analyse.
CHAPITRE III
CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS
MÉTHODOLOGIQUES
Ce chapitre présente le cadre
d'analyse et la méthodologie de l'étude. Nous allons dans un
premier temps présenter la source des données qui nous
permettront de tester nos hypothèses. Ensuite, après avoir
apporté quelques éclaircissements par rapport à nos
variables, nous allons évaluer la qualité de nos données
avant d'expliciter nos modèles statistiques.
1) DONNÉES
UTILISÉES
Les sources classiques des données
utilisées pour l'étude de la scolarisation sont : les
statistiques scolaires, les recensements et les enquêtes. Mais avant de
les utiliser, il faut tenir compte des limites et des avantages relatifs
à chacune d'elles.
Les statistiques
scolaires : de part leur nature, les statistiques scolaires
s'avèrent bien limitées pour ce type d'approche. Mis à
part l'âge et le sexe des enfants, elles sont quasiment muettes sur les
caractéristiques individuelles et familiales des enfants : âge,
statut familial, lieu de naissance, co-résidence ou non des enfants avec
leurs parents, ethnie, religion, caractéristiques démographiques
et socio-économiques du chef de ménage, structure du
ménage, conditions d'habitat, etc. (Pilon, 1995 :698).
Les recensements et enquêtes
: utilisant le ménage comme unité de collecte, ils
comportent généralement quelques informations relatives à
l'éducation. Des analyses déjà effectuées à
partir de ces sources de données ont mis en évidence des
différences de scolarisation selon le statut familial des enfants, la
structure démographique des ménages, les conditions d'habitat,
etc. Ces données offrent de grandes possibilités d'analyse,
pouvant répondre, entre autres, à certains aspects de la
problématique du genre (Pilon, 1995 : 27).
Une enquête spécifique avec un volet
qualitatif serait nécessaire pour bien comprendre et expliquer le
phénomène de la non-scolarisation des enfants selon les
régions au Tchad.
Mais cette étude se basera plutôt
sur l'exploitation des données existantes et disponibles même si
elles ne sont pas très récentes et ne tiennent pas compte du
nouveau découpage administratif du pays. Nous aurons recours aux
données de L'Enquête Démographique et de Santé du
Tchad de 1996/ 1997 (EDST). Les données de l'EDS (volet ménage)
sont un peu riches et pourraient nous permettre d'avancer
considérablement dans la recherche des facteurs explicatifs de la
non-scolarisation différentielle des enfants selon les régions au
Tchad et permettre ultérieurement de mieux orienter les enquêtes
spécifiques éventuelles qu'on pourrait mener sur le sujet.
*Description de la nature de
l'enquête
L' EDST de 1996/1997 s'inscrit dans le cadre des
efforts menés par le gouvernement tchadien pour assurer une meilleure
connaissance socio-économique, sanitaire et démographique du
pays. Ses résultats permettent l'évaluation et la mise en oeuvre
des programmes de santé et de la politique de population. Grâce
à cette enquête, on connaît les niveaux réels de la
fécondité, de la connaissance et de l'utilisation de la
contraception, de la couverture vaccinale, de la mortalité infantile,
juvénile et maternelle et de la connaissance des maladies sexuellement
transmissibles (MST) et du SIDA.
De plus, elle fournit les informations sur la
disponibilité et l'accessibilité des services
socio-économiques et sanitaires.
L'ensemble des données collectées
constitue une base des données qui facilitera le suivi et
l'évaluation à long terme des programmes de Santé
Maternelle et Infantile et du Bien-Être Familial au Tchad (SMI/BEF).
PRÉSENTATION SOMMAIRE DU PLAN DE SONDAGE
L'échantillonnage
L'EDS a adopté un sondage en grappes à
deux degrés de tirages.
Premier degré : tirage des Zones de
Dénombrement (ZD) proportionnellement à leur taille en termes de
ménages recensés dans la ZD au dernier recensement (RGPH de
1993).
Deuxième degré : des ménages
ont été tirés à partir de la liste des
ménages établie lors de l'opération de
dénombrement.
Les ménages ont été
sélectionnés par tirage systématique simple correspondant
ainsi à un sondage à probabilité égale. Pour les
besoins de l'enquête, l'EDS a considéré deux
échantillons : un échantillon des femmes éligibles et
un échantillon des hommes (hommes âgés de 15 à 59
ans). Toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans
dénombrés dans les ménages retenus dans
l'échantillon étaient enquêtées. L'enquête
homme a porté sur un tiers des ménages sélectionnés
pour l'enquête principale des femmes. Le tirage des ménages pour
l'enquête homme a été effectué au même moment
que le tirage des ménages pour l'enquête femme, de façon
systématique et avec une probabilité égale à un sur
trois.
L'EDST a utilisé en gros 4 types de
questionnaires :
- le questionnaire ménage ;
- le questionnaire individuel femme ;
- le questionnaire individuel homme ;
- et le questionnaire communautaire sur la
disponibilité des services.
* Domaines d'études
Trois grands domaines d'études ont
été définis pour des analyses.
Domaine 1 : N'djaména.
Domaine 2 : autres centres urbains.
Domaine 3 : milieu rural.
L'échantillon reste
auto-pondéré au sein de chaque domaine, c'est-à-dire qu'on
applique un même taux de sondage à l'intérieur de chaque
domaine d'étude.
L'enquête ménage qui
nous intéresse ici a fourni les résultats suivants : 6840
ménages ont été effectivement enquêtés dont
78% dirigés par les hommes et 22% par les femmes.
Sur 35400 personnes dénombrées, 52%
étaient de sexe féminin contre 48% de sexe masculin. 76% des
personnes recensées vivent en milieu rural contre 24% en milieu urbain
et les enfants de 6 à 14 ans représentent 28,1% (Ouagadjio et
al., 1998).
2) VARIABLES ET
INDICATEURS
Nous présentons dans cette partie
les variables et indicateurs relatifs à quelques concepts définis
précédemment.
* Variable dépendante
La fréquentation scolaire est notre
variable dépendante. La question relative à la
fréquentation scolaire actuelle permettra donc de cerner notre variable
expliquée. Notre population cible sera celle âgée de 6
à 14 ans. La variable fréquentation scolaire comprend les
modalités "oui" pour les enfants qui fréquentent et "non" pour
ceux qui ne fréquentent pas.
* Variables indépendantes
Les variables indépendantes sont
constituées
- au niveau des caractéristiques
contextuelles
. le milieu de résidence
Deux modalités sont à
considérer ici : le milieu urbain et le milieu rural
. la région de résidence
Cette variable est mesurée par la
préfecture de résidence déclarée.
La variable région de
résidence qui compte 15 modalités (Batha, Biltine, BET,
Mayo-kebbi, Moyen Chari, Salamat, Logone occidental, Logone oriental,
Tandjilé, Lac, Kanem, N'djaména, Guéra, Ouaddaï,
Chari Baguirmi) a été regroupée en trois principales
régions (nord, centre et sud) pour deux raisons. D'abord ce regroupement
est opéré sur la base des similitudes du point de vue des
pratiques religieuses, coutumières, linguistiques et historiques, elles
peuvent constituer un "proxi" de l'ethnie mais aussi de la religion. De ce
fait, elles sont le reflet d'une expression culturelle donnée et d'un
mode de vie particulier. Ensuite, les régions n'ont presque jamais le
même niveau de développement (notamment en infrastructures
scolaires). La variation de la fréquentation scolaire des enfants sera
donc ainsi aisément appréhendée. Pour Diallo (2003), les
variations des niveaux de scolarisation peuvent être le résultat
de l'imbrication des facteurs socioculturels dont la région est souvent
l'un des "proxi".
Il faut également relever que
l'offre scolaire sera approchée par le milieu d'habitat.
- au niveau des caractéristiques des
chefs de ménage
. le sexe du chef de ménage
Ses modalités sont : masculin et
féminin.
. le niveau d'instruction du chef de
ménage
Il sera résumé en
distinguant trois modalités à savoir : sans niveau, primaire et
secondaire ou plus. Celles-ci permettent de saisir le niveau d'instruction
déclaré au moment de l'enquête.
- au niveau des caractéristiques des
ménages
. le niveau de vie du ménage
Il est saisi (faute de mieux) par les biens
possédés par les ménages et la qualité de
l'habitat. Il s'agit en réalité d'une variable construite en vue
d'appréhender le niveau de confort du ménage.
- au niveau des caractéristiques des
enfants
. le sexe de l'enfant
Il s'agit du sexe déclaré de
l'enfant à scolariser. Ses modalités sont : masculin et
féminin.
. l'âge de l'enfant
L'indicateur ici, c'est l'âge
déclaré des enfants. Toutefois nous regrouperons l'âge en
deux modalités : 6 à 9 ans et 10 à 14 ans.
* Variables de contrôle
. le statut familial de l'enfant
Il s'agit d'une variable construite
à partir du croisement entre le statut d'orphelin (survie des parents)
et le statut de confiage (présence des parents dans le ménage).
Elle a neuf modalités : les deux parents vivent dans le ménage,
les deux parents sont décédés, père en vie et
mère seulement dans le ménage, mère en vie et père
seulement dans le ménage, père décédé et
mère vivant dans le ménage, mère
décédée et père vivant dans le ménage,
père décédé et mère vivante mais hors du
ménage, mère décédée et père vivant
mais hors du ménage, les deux parents vivent hors du ménage.
. la taille du ménage
Nous allons retenir les modalités
suivantes : petite taille (1 à 5 personnes), taille moyenne (6 à
12 personnes) et grande taille (plus de 12 personnes).
. le nombre d'enfants de moins de 5 ans dans
le ménage
Les modalités de cette variable
sont : aucun enfant de moins de 5 ans, au moins un enfant de moins 5 ans.
. l'âge du chef de ménage
Son indicateur de mesure est l'âge
déclaré au moment de l'enquête. Il varie de 13 à 95.
Nous avons effectué des regroupements pour constituer trois
modalités : Les jeunes (13 à 29 ans) les adultes (30
à 64 ans) et les vieux (65 à 95 ans). Nous avons effectué
de tels regroupements parce que nous pensons d'une part que les attitudes des
uns et des autres à l'égard de la valeur accordée à
la scolarisation des enfants varient avec l'âge et d'autre part que les
moyens (surtout financiers) ne sont pas les mêmes chez les personnes
ayant atteint l'âge de la retraite ou chez les jeunes que chez les
personnes d'âge de pleine activité.
3) CADRE
ANALYTIQUE
Le sexe, l'âge et le statut
familial de l'enfant, la région et le milieu de résidence,
l'âge, le sexe et le niveau d'instruction du chef de ménage, le
niveau de vie et la taille du ménage ainsi que le nombre d'enfants de
bas âge du ménage sont autant de variables qui déterminent
la fréquentation scolaire différentielle des enfants selon leur
région de résidence.
Les caractéristiques
environnementales influencent celles des chefs de ménage et des
ménages qui on le sait déterminent les disparités
scolaires entre les différentes régions.
Le schéma ci-dessous
représente le schéma d'analyse de notre étude.
.sexe de l'enfant
.âge de l'enfant
.statut familial de l'enfant
. Région de résidence
.milieu de résidence
.sexe du CM
.âge du CM
.niveau d'instruction du CM
.niveau de vie du ménage
.taille du ménage
.nombre d'enfants de bas âge
Fréquentation scolaire différentielle
des enfants selon leur région de résidence
Figure 3.1 : schéma d'analyse des
déterminants des disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants.
CONSTRUCTION DE L'INDICATEUR DE NIVEAU DE
VIE
Notre indicateur de niveau de vie est construit
à partir des informations relatives aux matériaux de construction
des murs, du plancher et du toit, à la possession de certains biens
(électricité, radio, télévision,
réfrigérateur, bicyclette, motocyclette, téléphone,
chameaux, chevaux, pirogue, voiture) au mode d'approvisionnement en eau et au
type d'aisance.
Tableau 3.1 : Informations et
pondération utilisées pour la construction de l'indicateur du
niveau de vie des ménages
Variables
|
modalités
|
Points accordés
|
Matériaux des murs
|
pailles
Dur
|
0
1
|
Matériaux du toit
|
Pailles
Tôle
béton
|
0
1
2
|
Matériaux du sol
|
Terre
Ciment
carreaux
|
0
1
2
|
Eau de boisson
|
Eau de surface
Puits
fontaine
|
0
1
2
|
Type de toilettes
|
Nature
Latrines
Chasse eau
|
0
1
2
|
Possession de radio
|
Non
oui
|
0
1
|
Possession de cheval ou chameau
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession de vélo
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession d'électricité
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession de télévision
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession d'un réfrigérateur
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession de moto
|
Non
Oui
|
0
1
|
Possession de voiture
|
Non
oui
|
0
2
|
maximum
|
|
18
|
minimum
|
|
0
|
Source : traitement des données de l'
EDS Tchad 1996/1997.
NB :
Le niveau de vie = nature des matériaux des
murs + nature des matériaux du toit + nature des matériaux du sol
+ source d'approvisionnement en eau de boisson + type de toilettes + biens
disponibles (radio, cheval ou chameau, vélo, électricité,
télévision, réfrigérateur, moto,
voiture).
Nous nous sommes inspiré de la
méthodologie utilisée par Marcoux (1994) qui a travaillé
sur le Mali. Ainsi nous avons attribué des points à chacun des
ménages en fonction de la grille d'évaluation que l'on retrouve
dans le tableau 3.1 ci-dessus.
Nous avons donc calculé un indicateur global
pour chacun des ménages de façon à retenir 3 groupes
distincts. Le groupe de niveau de vie élevé se compose des
ménages qui totalisent au moins 6 points. Les ménages de niveau
de vie moyen sont ceux qui ont cumulé entre 3 et 6 points. Ceux de
faible niveau de vie ont un total de points inférieur à 3.
La répartition des enfants selon les
niveaux de vie des ménages auxquels ils appartiennent est la suivante :
65,1% des enfants sont issus des ménages de niveau de vie faible, 29,1%
résident dans des ménages de niveau de vie moyen et 5,8% dans les
ménages de niveau de vie élevé.
4) ÉVALUATIONS DE LA
QUALITÉ DES DONNÉES
L'utilisation des données de mauvaise
qualité peut introduire des biais dans les résultats d'une
étude. Pour éviter qu'une telle situation ne se produise, nous
évaluons la qualité des données en testant la
vraisemblance des déclarations sur l'âge. Car ces
déclarations constituent les sources d'erreurs les plus couramment
rencontrées lors d'une opération de collecte. La
répartition de la population enquêtée par année
d'âge selon le sexe nous aidera à déceler ces erreurs. Nous
examinerons aussi les taux de non-réponses pour chacune des variables de
l'étude.
a) L'évaluation
numérique
Nous donnerons dans les lignes qui suivent la
taille et la couverture de l'échantillon ainsi que les taux de
réponses selon les variables retenues.
* Taille et couverture de l'échantillon
Le tableau suivant donne les résultats de
l'échantillonnage.
Tableau 3.2 : Effectifs des ménages,
des femmes et des hommes sélectionnés, identifiés et
enquêtés et taux de réponse selon le milieu de
résidence.
Enquête
|
Résidence
|
N'djaména
|
Autres villes
|
Ensemble urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Enquête ménage
Nombre de logements sélectionnés
Nombre de ménages identifiés
Nombre de ménages enquêtés
Taux de réponse des ménages
|
1521
1458
1400
96,0
|
1534
1463
1456
99,5
|
3055
2921
2856
97,8
|
4290
4009
3984
99,4
|
7345
6930
6840
98,7
|
Enquête individuelle femme
Nombre de femmes éligibles
Nombre de femmes enquêtées
Taux de réponse des femmes
|
1483
1355
91,4
|
1699
1658
97,6
|
3182
3013
94,7
|
4523
4441
98,2
|
7705
7454
96,7
|
Ménages pour l'enquête homme
Nombre de logements sélectionnés pour
l'enquête homme
Nombre de ménages identifiés
Nombre de ménages enquêtés
Taux de réponse des ménages pour l'enquête
homme
|
495
477
456
95,6
|
510
484
482
99,6
|
1005
961
938
97,6
|
1433
1349
1341
99,4
|
2438
2310
2279
98,7
|
Enquête individuelle homme
Nombre d'hommes éligibles
Nombre d'hommes enquêtés
Taux de réponse des hommes
|
615
510
82,9
|
629
614
97,6
|
1244
1124
90,4
|
1223
1196
97,8
|
2467
2320
94,0
|
Source : Rapport EDS Tchad
1996/1997.
Exception faite de l'enquête individuelle
homme au niveau de la capitale, toutes les enquêtes enregistrent des taux
de réponses de plus de 90%. Cela peut être un indicateur de la
bonne qualité des données.
* taux de réponses selon les variables
retenues
Plusieurs de nos variables enregistrent des
pourcentages de réponses valides de 100%.
Aucune valeur manquante n'atteint 2%. Ce qui nous permet
d'affirmer que la couverture a été relativement bonne.
Tableau 3.3 : Taux de réponses selon
les variables retenues
Variables
|
valides
|
manquantes
|
pourcentage
|
pourcentage
|
Région de résidence
|
100
|
0
|
Age des enfants
|
100
|
0
|
Sexe des enfants
|
99,9
|
0,1
|
Milieu de résidence
|
100
|
0
|
Instruction du chef de ménage
|
99,3
|
0,7
|
Sexe du chef de ménage
|
100
|
0
|
Age du CM
|
100
|
0
|
Statut familial
|
98,5
|
1,5
|
Présence d'enfants de moins de 5 ans
|
100
|
0
|
Taille du ménage
|
100
|
0
|
Niveau de vie
|
99,3
|
0,7
|
Fréquentation scolaire
|
99,4
|
0,6
|
Source : traitement des données de l'
EDS- Tchad 1996/1997.
b) L'évaluation
graphique
* distribution par année d'âge de la
population scolarisable
Elle consiste à porter sur l'axe des
abscisses les âges des individus et sur l'axe des ordonnées les
effectifs. Cette distribution par année d'âge des enfants
permet d'apprécier en partie, la qualité des données
recueillies. La courbe de répartition de ces effectifs devait en
principe décroître régulièrement au fur et à
mesure que l'âge augmente.
Figure 3.2.1 Répartition des enfants
scolarisables selon l'âge
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Figure 3.2.2 Répartition des effectifs
des garçons par âge
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Figure 3.2.3 Répartition des effectifs
des filles par âge
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Les figures ci-dessus présentent des courbes
aux allures irrégulières indiquant quelques problèmes de
mauvaise déclaration des âges des enfants par les femmes (figures
3.2.1, 3.2.2 et 3.2.3). L'examen des pics montre qu'il y a des attractions au
niveau des âges pairs notamment chez les filles où cela
apparaît clairement. Par contre, les creux font état de la
répulsion pour les âges impairs. Le niveau d'analphabétisme
relativement élevé (78% chez les femmes) pourrait expliquer cette
mauvaise déclaration des âges des enfants par les
enquêtés. Cependant, le biais lié à ces mauvaises
déclarations des âges sera minimisé dans la mesure
où nous utiliserons les groupes d'âges 6-9 ans et 10-14 ans dans
nos analyses.
* distribution des taux de scolarisation par âge
La distribution des taux de scolarisation par
âge des enfants de 6 à 14 ans permet de rendre compte de la
non-scolarisation des enfants par âge. On constate que le taux de
scolarisation augmente avec l'âge malgré une légère
baisse constatée entre 12 et 13 ans.
Figure 3.2.4 Taux de scolarisation par
âge des enfants de 6 à 14 ans
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Compte tenu du fait que nous allons par la suite
intégrer les âges des chefs de ménage dans les
modèles multivariés, il s'avère nécessaire
d'évaluer l'ampleur des biais liés à cette variable.
Certains indices permettent de mesurer le degré d'exactitude des
données sur la déclaration des âges des autres membres des
ménages au moment de l'enquête. Nous calculerons à cet
effet les indices de Myers et de Whipple.
Indice de Myers
Il permet de mesurer le degré d'attraction
et de répulsion de chacun des chiffres compris entre 0 et 9.
Précisons que cette méthode se limite à la tranche
d'âges allant de 10 à 89 ans. L'indice de Myers présente
également l'avantage d'éliminer, au moins en partie, la
diminution des effectifs entre les âges en se servant des effectifs
pondérés. L'indice varie de 0 à 90. Plus il est proche de
0, meilleure est la déclaration des âges. Pour chaque chiffre, le
signe négatif du coefficient indique une répulsion tandis que le
signe positif traduit une attraction. La valeur absolue du coefficient
renseigne sur l'ampleur de la préférence.
Le calcul des indices a donné les
résultats ci-après consignés dans le tableau 3.4
Tableau 3.4 Indices de
Myers
Sexe
|
Indice de Myers
|
Masculin
Féminin
Ensemble
|
18,32
20,49
19,51
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997.
Les différentes valeurs montrent qu'il y a
une préférence pour certains chiffres.
Comparativement aux personnes de sexe masculin (18,32), celles
de sexe féminin (20,49) ont un peu plus de préférence pour
certains chiffres.
Indice de Whipple
Il mesure le degré de
préférence pour les âges se terminant par 0 ou 5. Le calcul
de cet indice consiste à prendre l'effectif des personnes
âgées de 23 à 62 ans, et à calculer la somme des
effectifs des individus de cet intervalle dont les âges se terminent par
les chiffres 0, 5,0 et 5. Puis, on rapporte cette dernière somme au 1/10
de l'effectif total pour les âges se terminant par 0 ou 5 et au 1/5 pour
les âges se terminant par 0 et 5.
L'indice ainsi obtenu varie entre 0 et 5.
Lorsque sa valeur est égale à 1, il n'y a pas de
préférence. Par contre, pour une valeur inférieure
à 1, il y a une répulsion tandis que pour une valeur comprise
entre 1 et 5, il y a une attraction.
On a ainsi :
Iw=0, répulsion totale des chiffres
0 et 5.
Iw=5, tous les âges
enregistrés se terminent par 0 ou 5.
1<Iw<5, attraction autant plus forte
que Iw est voisin de 5.
Tableau 3.5 Indices de
Whipple
sexe
|
Indice de whipple
|
Age se terminant par 0
|
Age se terminant par 5
|
Age se terminant par 0 et 5
|
masculin
Féminin
Ensemble
|
2,36
2,39
2,37
|
1,75
1,86
1,77
|
2,06
2,13
2,07
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997.
Le tableau 3.5 ci-dessus montre qu'il
y a attraction pour les chiffres se terminant par 0,5, 0 et 5. Les personnes
de sexe féminin comparativement à celles de sexe masculin ont un
peu plus de préférence pour certains chiffres puisque dans tous
les cas elles ont l'indice le plus élevé. On peut donc dire que
beaucoup de personnes ont relativement mal déclaré leurs
âges au moment de l'enquête.
5) MÉTHODES
D'ANALYSE
Le choix d'un modèle d'analyse dépend
de la nature des informations utilisées. Compte tenu de nos objectifs et
de nos hypothèses, nous procéderons à deux types
d'analyses : une analyse descriptive et une analyse explicative.
* L'analyse descriptive
Nous procéderons à une analyse
univariée. Elle vise à décrire les modalités de
chaque variable à partir des distributions des tableaux de
fréquences simples. L'étude des distributions des
fréquences nous permettra d'identifier les valeurs aberrantes et
variables à recoder.
* L'analyse explicative
Nous ferons une analyse bivariée suivie d'une
analyse multivariée.
- L'analyse bivariée
L'analyse bivariée consistera en la mesure du
degré d'association entre chaque variable indépendante et la
variable dépendante à l'aide du test de khi-deux. Ceci nous
permettra de rejeter ou non l'hypothèse selon laquelle les deux
variables sont indépendantes par rapport au seuil de
significativité retenu (1%, 5% voire 10%) afin de décrire la
variation de la variable indépendante sur la variable dépendante.
L'avantage de cette étape est de voir laquelle des différentes
variables indépendantes contribue le plus à la variation du
phénomène étudié (la fréquentation
scolaire).
Pour mieux appréhender les disparités
régionales, nous calculerons l'Indice de Parité des Taux IPT(r/i)
qui est le rapport logistique entre la proportion d'enfants non
scolarisés de la région de référence sur chacune
des autres régions. La formule de calcul est la suivante :
IPT (r/i) = TRr * 100- TRi
TRi 100-TRr
où TRr désigne la proportion d'enfants non
scolarisés dans la région de référence ;
TRi(2(*)) la
proportion d'enfants non scolarisés dans la région i.
Un IPT (r/i)>1 indique une sous- scolarisation de la
région de référence par rapport à la
région i.
Un IPT (r/i) <1 indique le contraire.
Par contre un IPT=1 signifie qu'il y a égalité
de chances entre les enfants des deux régions de ne pas être
scolarisé.
De plus nous construirons un indicateur de
mesure de l'inégalité sexuelle en matière de scolarisation
qui sera le rapport logistique des taux de scolarisation. Si nous choisissons
le sexe féminin comme modalité de référence, nous
noterons cet Indice de Parité de Taux : IPT (g/f).
Et il sera calculé grâce à la
formule suivante :
IPT (g/f) = Tg * 100- Tf
Tf 100-Tg
où Tg et Tf désignent respectivement les taux de
scolarisation des garçons et des filles en %.
Lorsque la valeur de l'IPT (g/f) est inférieure
à 1, cela est synonyme de l'existence des inégalités en
matière de scolarisation en faveur des filles.
Quand la valeur de l'IPT (g/f) est égale à 1, il
y a une égalité de chance entre les enfants sans distinction de
sexe. Par contre lorsque l'indice de parité des taux est
supérieur à 1, nous retomberons dans la situation des
inégalités en faveur d'un sexe en occurrence masculin.
Nous calculerons également pour des
besoins de comparaison plus simple le rapport de féminité des
taux de scolarisation (Rf) qui est le rapport entre les taux
féminins (Tf) et masculins (Tm) de scolarisation.
Ce dernier permet de mesurer le nombre de filles scolarisées pour 100
garçons scolarisés. On a Rf =
(Tf/Tm)*100.
Les relations éventuellement observées
peuvent être fallacieuses car ne prenant pas en compte les effets des
autres variables qui peuvent perturber celles-ci. C'est pourquoi dans la
deuxième étape nous allons recourir à une analyse
multidimensionnelle explicative intégrant les variables de
contrôle retenues.
- L'analyse multivariée
Elle prend en compte toutes les variables dans le
but de voir l'effet net de chaque variable indépendante sur la variable
dépendante et d'expliquer la variation de celle-ci. Compte tenu de la
nature dichotomique de la variable dépendante (fréquente, ne
fréquente pas) d'une part, et qualitative ou catégorielle des
variables explicatives d'autre part, nous choisirons parmi la kyrielle de
méthodes d'analyse multivariée qui existe, la méthode de
la régression logistique.
Principe de la méthode
Soit y une variable dépendante et Xk
(k=1, 2, ..., n) n variables indépendantes.
La nature de la variable y est dichotomique (prend la valeur 1
pour la modalité étudiée et 0 sinon).
Soit P la probabilité pour que
l'événement y =1 se réalise.
P = proba(y=1) et donc 1- P= proba(y=0).
Le modèle de régression logistique permet de
mettre Z =Log [P/ (1-P)]=logit (P) sous la
forme linéaire.
L'équation peut se traduire ainsi :
1
P =
1+ e-(ß0 + ß1 X1
+...+ ßn Xn)
où, dans le cas qui nous intéresse :
P est la probabilité d'un enfant de fréquenter
l'école;
ßo est la constante du
modèle indiquant le niveau moyen de Z pour toutes les
valeurs de Xk;
ßk est le coefficient du modèle pour
la variable Xk.
Cette équation peut être
transformée de la façon suivante :
Log [P/ (1-P)] = ß0+ ß1 X1
+...+ ßn Xn = Z.
Les coefficients ßk sont
estimés par la méthode du maximum de vraisemblance. Et compte
tenu de la non linéarité du modèle, ces paramètres
sont estimés par itération. L'interprétation
des résultats peut se faire par rapport aux coefficients
ßk qui permettent d'obtenir les odds. Mais le plus souvent,
elle se base sur les "odds ratio" ou rapports de chances
(eß).
Ainsi, dans les analyses qui suivent, les
coefficients eß <1 (ß
négatifs) indiqueront que les variables de ces coefficients ont pour
effet de diminuer les probabilités de fréquenter
l'école.
Les coefficients eß >1
(ß positifs) indiqueront l'effet inverse,
c'est-à-dire que l'on est en présence des variables qui
augmentent la probabilité de fréquenter l'école.
Le test de signification des paramètres
se fait à partir de la probabilité critique associée. Le
modèle sera significatif si cette probabilité est
inférieure au seuil de signification (1%, 5%, 10%).
Quant au test d'adéquation du
modèle c'est - à - dire la vérification du pouvoir
prédictif du modèle, on le fait à l'aide d'un pseudo
R2 . Ce dernier a la même signification que
R2 (coefficient de détermination dans le cas
d'une régression linéaire) et varie entre 0 et 1.
Plus il se rapproche de 1 plus le modèle
est adéquat.
Les variables seront introduites de façon
cumulative et successive. Ainsi plusieurs modèles ont été
générés à l'aide du logiciel SPSS sous Windows
à partir de nos variables indépendantes et de contrôle sur
la scolarisation des enfants.
Nous aurons ainsi les effets bruts et nets de
l'ensemble des variables indépendantes sur la scolarisation des enfants.
Les effets bruts correspondent aux contributions de chaque variable
indépendante ou de contrôle, prise isolément, sur la
variable dépendante (modèle M0). Par contre, les effets nets
correspondent aux différentes contributions des variables
indépendantes sur la variable dépendante (modèles Mi avec
i = 1).
Conclusion partielle
L'objet de ce chapitre était de
présenter la source des données, les variables, les
modèles statistiques et d'évaluer la qualité des
données. L'élément essentiel à relever ici est que
bien que les âges ne soient pas parfaitement déclarés, les
données de l'EDST de 1996/1997 sont dans l'ensemble acceptables pour se
prêter à des analyses statistiques adéquates surtout que
les taux de réponses sont très élevés. Ainsi
grâce à des analyses descriptives et explicatives, nous allons
essayer de tester la validité de nos hypothèses et
répondre aux questions qui ont suscitées la réalisation de
cette étude scientifique.
CHAPITRE
IV
LES INÉGALITÉS
RÉGIONALES EN MATIÈRE
DE SCOLARISATION AU
TCHAD
Ce chapitre vise non seulement la mise en
évidence de la répartition des enfants ciblés par cette
étude selon les régions mais il permet aussi d'avoir une
idée sur les variations des taux de scolarisation des enfants en
fonction de certaines caractéristiques selon les régions avec un
accent particulier sur les différences Nord/Sud.
1) VARIATIONS DE LA SCOLARISATION SELON LA
RÉGION DE RÉSIDENCE
1.1) RÉPARTITION DES ENFANTS DE 6-14 ANS SELON
LA RÉGION DE RÉSIDENCE
La variable région de
résidence comprend trois modalités : le Nord (6
préfectures), le
Centre (3 préfectures) et le Sud (5
préfectures). La grande majorité des enfants de 6 à 14
ans
(47,3%) résident au Sud du Tchad. On les trouve 24,3%
au Nord, 19,4% au Centre (sans
N'djaména) et 9,0% à N'djaména (tableau
4. 1.1).
Tableau 4.1.1 : Répartition des
enfants de 6 à 14 ans selon la région de résidence
Région de résidence
|
pourcentage
|
Nord
Centre*
N'djaména
Centre
Sud
|
24,3
19,4
9,0
28,4
47,3
|
total
|
100
|
* : sans N'djaména.
|
Source : traitement des données
EDST de 1996/1997
NB : N'djaména la capitale fait partie de la
préfecture du Chari Baguirmi donc de la région du Centre.
1.2) VARIATIONS DES TAUX DE SCOLARISATION DES ENFANTS
DE 6-14 ANS SELON LE DEGRÉ D'URBANISATION ET LA PRÉFECTURE DE
RÉSIDENCE
Avant d'évaluer les disparités
régionales selon le regroupement effectué, il semble
intéressant de présenter la situation selon le degré
d'urbanisation et la préfecture de résidence (tableaux 4.1.2. a
et 4.1.2 .b).
Le taux de scolarisation des enfants de 6 à
14 ans de l'échantillon est 32,6%.
Par rapport au degré d'urbanisation, les taux
sont supérieurs au taux national à N'djaména et dans les
autres centres urbains alors qu'en milieu rural on enregistre un taux
équivalent au 4/5 du taux national (tableau 4.1.2.a). Le taux de
scolarisation augmente avec le degré d'urbanisation.
Sur les 15 unités administratives (tableau
4.1.2. b), sept présentent des taux de scolarisation supérieurs
au taux national (32,6%). Il s'agit du BET au Nord (35,0%), de N'djaména
la capitale au Centre (60,8%) et toutes les cinq préfectures du Sud avec
des taux avoisinant 40%. Le Lac dans le Nord enregistre le taux le plus bas
(1,3%).
Tableau
4.1.2.a Taux de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon le degré
d'urbanisation en 1996/1997
Milieu de résidence
|
Taux de scolarisation (en %)
|
N'djaména
Autres centres urbains
Milieu rural
ensemble
|
60,8
47,7
26,8
32,6
|
Probabilité de
khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Tableau
4.1.2.b Taux de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon la préfecture de
résidence en 1996/1997
région
|
préfecture
|
Taux de scolarisation (en %)
|
Nord
|
Batha
Biltine
BET
Lac
Kanem
Ouaddaï
|
6,1
8,3
35,0
1,3
17,8
8,0
|
Centre
|
Salamat
Guéra
Chari Baguirmi
N'djaména
|
16,8
21,0
22,0
60,8
|
Sud
|
Logone Occidental
Logone Oriental
Moyen Chari
Tandjilé
Mayo Kebbi
|
46,8
48,7
39,5
43,8
43,5
|
Ensemble
|
32,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
1.3) EXAMEN DE LA NON-SCOLARISATION DES ENFANTS SELON
LES RÉGIONS
Dans la suite du chapitre nous effectuerons
presque toutes les analyses en faisant ressortir les inégalités
régionales en matière de scolarisation selon les
caractéristiques contextuelles, des ménages et des chefs de
ménage en mettant un accent particulier sur les différences
Nord/Sud. Mais avant cela nous vous présentons en préfiguration
la situation globale de la non-scolarisation selon les régions du
Tchad.
Tableau 4.1.3 : Répartition des
enfants de 6 à 14 ans par région selon la fréquentation
scolaire (avec
N'djaména comme région)
Région
|
Fréquentation scolaire
|
Enfants
scolarisés
|
Enfants non
scolarisés
|
Total
|
Pourcentage
|
Nord
Centre*
N'djaména
Sud
|
9,3
20,9
60,8
44,0
|
90,7
79,1
39,2
56,0
|
100
100
100
100
|
total
|
32,6
|
67,4
|
100
|
Probabilité de
khi-deux=0,000
|
* : sans N'djaména.
|
Source : traitement des données EDST de 1996/1997
Figure 4.1 Proportions d'enfants non
scolarisés par région (avec N'djaména comme région)
Source : traitement des données EDST
de 1996/1997
La non-scolarisation varie fortement avec la
région de résidence. Pendant qu'au Sud, près de 6 enfants
sur 10 (56,0%) ne fréquentaient pas en 1997, au Nord 9 enfants sur 10
(90,7%) de 6 à 14 ans étaient non scolarisés. Cette
proportion est de 79,1% au Centre* (sans N'djaména) et 39,2% à
N'djaména. Les deux extrémités en matière de
non-scolarisation des enfants sont constituées de N'djaména et du
Nord. Sur le plan national, quand on prend 10 enfants âgés de 6
à 14 ans, 7 sont non scolarisés. Le Nord et le Centre*
dépassent largement cette proportion nationale.
La statistique de khi-deux montre que la
région de résidence est significativement associée
à la fréquentation scolaire au seuil de 5%. Le tableau 4.1.3 et
la figure 4.1 ci-dessus présentent ces résultats avec les
détails nécessaires.
En ne considérant que les trois
régions, on a les résultats consignés dans le tableau
4.1.4 qui donne une proportion d'enfants non scolarisés de 66,5% au
Centre. Ce qui est inférieure à la proportion observée au
Centre sans tenir compte de N'djaména (79,1%). Ainsi la situation de
N'djaména-milieu uniquement urbain- peut occulter certains
déficits au niveau de la scolarisation au Centre du Tchad. Dans tous les
cas la variable région de résidence discrimine significativement
les ménages en matière de scolarisation au Tchad tant au seuil de
5% que de 1%.
Tableau 4.1.4 : Répartition des
enfants de 6 à 14 ans dans les trois régions selon la
fréquentation scolaire
Région
|
Fréquentation scolaire
|
Enfants scolarisés
|
Enfants non scolarisés
|
Total
|
pourcentage
|
Nord
Centre
Sud
|
9,3
33,5
44,0
|
90,7
66,5
56,0
|
100
100
100
|
Ensemble
|
32,6
|
67,4
|
100
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Figure 4.2 Proportions d'enfants non
scolarisés dans les 3 régions
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
La figure 4.2 montre que la non-scolarisation des
enfants au Tchad est très importante au Nord et au Centre et moindre au
Sud. La position du Nord par rapport aux autres régions est
particulièrement alarmante : presque 91% des enfants de 6 à 14
ans ne fréquentent pas effectivement en 1997 dans cette
région.
L'histoire de l'introduction des religions
révélées au Tchad peut expliquer en partie ce
déséquilibre. En effet, d'un côté la
pénétration de l'islam au Tchad vers le XIIe
siècle a introduit l'école coranique, de l'autre la colonisation,
puis le christianisme, y ont ajouté l'école française. Si
le colonisateur a été le premier à ouvrir des
écoles, certaines régions (particulièrement dans la partie
méridionale) ont vu leur développement avec l'arrivée des
missionnaires. Ces derniers pour les besoins de la cause se sont attelés
à l'oeuvre d'alphabétisation et de scolarisation en plus de leur
mission d'évangélisation (RT, 1995 : 90). La population du Sud
s'est beaucoup plus adaptée par rapport au changement intervenu dans le
domaine de l'éducation des enfants que les autres.
Par ailleurs par rapport à la sous-
scolarisation des musulmans, Issa Khayar (1976) affirme que " le refus de
l'école publique n'est pas un phénomène propre à un
peuple déterminé du Tchad, il est commun à tous les
musulmans à l'intérieur de la société
tchadienne".
En ce qui concerne la région du
Centre, on y rencontre à la fois des musulmans, des chrétiens et
des animistes avec des traditions totalement différentes. Ainsi on peut
y rencontrer des adeptes de l'école moderne et des farouches opposants
à cette dernière.
Il faut aussi signaler que les
premières écoles furent introduites au Nord et au Centre et non
au Sud. Les premières écoles crées furent celle de Mao
(Kanem) en 1911, celle de Fort-Lamy (actuel N'djaména) en 1921,
Abéché (Ouaddaï) en 1923, Béhagle (actuel Laï
dans la Tandjilé) en 1923, Fort-Archambault (actuel Sarh dans le Moyen
Chari) en 1927 et Moundou (Logone Occidental) en 1932.
Tableau 4.2 : Indice de Parité de
Taux de non-scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes
régions du Tchad
IPT(r/i)
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
0,13
|
0,64
|
Notes : IPT : Indice de Parité de Taux.
région de référence : r = Sud.
i = Nord, Centre.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Les indices de parité de taux qui
rappelons-le sont des rapports logistiques entre les taux de non-scolarisation
du Nord ou du Centre et du Sud sont inférieurs à 1 donc il y a
sous- scolarisation des enfants du Nord et du Centre par rapport à ceux
de la région de référence à savoir le Sud (tableau
4.2). Les enfants du Nord ont par rapport à ceux du Sud 87% moins de
chances d'être scolarisés (IPT(r/i) = 0,13). Les enfants du Centre
ont par rapport à ceux du Sud 36% moins de chances d'être
scolarisés (IPT(r/i) = 0,64).
Notre souci étant beaucoup plus de
comparer le Nord et le Sud du Tchad, nous utiliserons dans toutes nos analyses
comme unique région de référence le Sud.
2) ANALYSE DES DISPARITÉS
RÉGIONALES SELON LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE
L'ÉTUDE
2.1) VARIATIONS RÉGIONALES DE LA SCOLARISATION
SELON LE MILIEU DE RÉSIDENCE
En faisant un examen par rapport au milieu de
résidence (tableau 4.3.1.a), on se rend compte que les enfants du milieu
urbain sont plus scolarisés (52,9%) que leurs camarades du milieu rural
(26,8%). En milieu rural, les enfants sont mieux scolarisés au Sud que
dans les autres régions. En milieu urbain, ils sont mieux
scolarisés au Sud (58,9%) et au Centre (54,0%) qu'au Nord (34,7%). Les
écarts de taux entre le Nord et le Sud en milieu urbain (24,2) et le
Nord et le Sud en milieu rural (35,6) sont particulièrement très
importants alors qu'on a un écart moindre en milieu urbain entre le
Centre et le Sud (4,9).
Tableau 4.3.1.a : Taux de
scolarisation des enfants de 6-14 ans des différentes régions du
Tchad selon le milieu de résidence
variable
|
modalité
|
Taux de scolarisation (en %)
|
région de résidence
|
Ensemble du pays
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Milieu de résidence
|
Rural
Urbain
|
5,6
34,7
|
19,3
54,0
|
41,2
58,9
|
26,8
52,9
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
En 1996/1997, les enfants du Nord
avaient par rapport à ceux du Sud 87% moins de chances d'être
scolarisés (tableau 4.3.1.b). Cette chance devient 92% de moins quand
ces enfants résident au Nord rural. Cette disparité se
réduit considérablement quand on procède à une
comparaison entre zones urbaines. Ainsi les enfants résidant en ville au
Nord du Tchad n'ont que 63% moins de chances d'être scolarisés que
leurs camarades du Sud. Ce qui est nettement mieux par rapport à la
situation globale.
De même la chance de
scolarisation des enfants du Centre par rapport à ceux du Sud qui
était de 66% de moins que celle des enfants du Sud en campagne passe
à 18% seulement quand ces enfants vivent en ville. Les disparités
régionales sont donc plus prononcées en milieu rural qu'entre
zones urbaines.
Tableau 4.3.1 b : Variations des IPT(r/i)
et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le milieu de
résidence
variable
|
modalité
|
IPT(r/i)
|
Taux de scolarisation
(en %)
|
Nord
|
Centre
|
Milieu de résidence
|
Rural
Urbain
|
0,08
0,37
|
0,34
0,82
|
26,8
52,9
|
Ensemble
|
0,13
|
0,64
|
32,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Notes : IPT : Indice de Parité de Taux.
région de référence : r = Sud.
i = Nord, Centre.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
2.2) VARIATIONS RÉGIONALES DE LA SCOLARISATION
SELON LES CARACTÉRISTIQUES DES MÉNAGES
Le tableau 4.3.2.a montre que les enfants sont moins
scolarisés quand il n'y a aucun enfant de moins de cinq ans dans le
ménage alors que dans toutes les régions quand il y a au moins un
enfant de bas âge, on observe une amélioration du niveau de
scolarisation des enfants.
Il montre également que les taux de
scolarisation augmentent au fur et à mesure que la taille du
ménage augmente dans toutes les régions du Tchad.
En supposant comme l'affirme les tenants de la
théorie du quality-quantity trade-off qu'un nombre
élevé de personnes dans le ménage, notamment des enfants
de bas âge, exerce une ponction importante sur les ressources
financières du ménage, et limite par conséquent les
capacités de celui-ci à investir dans la scolarisation, la
relation attendue devrait être négative mais nous trouvons
plutôt une relation positive entre la taille des ménages et la
scolarisation des enfants dans les différentes régions du
Tchad.
Bien que cette relation ne soit pas encore
contrôlée nous pensons qu'elle est acceptable dans le contexte
tchadien puisqu'elle n'est pas totalement en désaccord avec les
affirmations de certains observateurs avertis qui considèrent que les
ménages de grande taille sont le plus souvent tenus par des individus
nantis et reflète les stratégies de solidarités familiales
matérialisables par la pratique de confiage des enfants pour des fins
éducatives.
Les taux de scolarisation des enfants au Tchad
augmentent avec le niveau de vie des ménages. Les enfants sont d'autant
mieux scolarisés que le niveau de vie de leur ménage de
résidence est élevé. Alors que les différences
régionales en matière de scolarisation sont moindres dans les
ménages riches, les niveaux de scolarisation se différencient
grandement selon les régions dans les ménages de niveau de vie
faible ou moyen (4.3.2. a et 4.3.2.b). Les enfants des ménages pauvres
du Nord et du Centre ont respectivement 91% et 75% moins de chances
d'être scolarisés que ceux vivant dans les ménages pauvres
du Sud du Tchad. La situation est meilleure chez les riches où les
enfants du Centre ont 1,2 fois plus de chances d'être scolarisés
que les enfants résidant au Sud. Les enfants vivant dans les
ménages riches du Nord n'ont que 4% moins de chances d'être
scolarisés que ceux vivant dans les ménages riches du Sud.
Quand le niveau de vie est élevé, on
constate que la valeur de l' IPT(r/i) est proche de 1.
Ce qui suppose que les disparités régionales en
matière de scolarisation s'estompent quand le niveau de vie est
nettement amélioré dans toutes les régions. Les
inégalités régionales de chances de scolarisation sont
donc plus prononcées dans les ménages pauvres que dans les
ménages riches.
Tableau 4.3.2 .a : Taux de scolarisation
des enfants de 6-14 ans des différentes régions du Tchad selon
les caractéristiques des ménages
variable
|
modalité
|
Taux de scolarisation (en %)
|
région de résidence
|
Ensemble du pays
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Niveau de vie du ménage
|
Faible
Moyen
élevé
|
6,0
16,2
69,2
|
14,6
38,3
73,7
|
40,5
52,8
70,0
|
26,2
38,7
72,6
|
Taille du ménage
|
Petite (1 à 5 pers.)
Moyenne (6 à12 p.)
Grande (plus de 12 personnes)
|
8,4
9,1
18,6
|
29,7
33,7
38,4
|
37,9
44,5
46,9
|
25,1
32,4
42,8
|
Nombre d'enfants de moins de cinq ans
|
Aucun
Au moins un
|
8,8
9,5
|
31,0
34,3
|
45,6
43,7
|
30,5
33,1
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Tableau 4.3.2. b : Variations des IPT(r/i)
et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le niveau de vie du
ménage
variable
|
modalité
|
IPT(r/i)
|
Taux de scolarisation
(en %)
|
Nord
|
Centre
|
Niveau de vie du ménage
|
Faible
Moyen
élevé
|
0,09
0,17
0,96
|
0,25
0,55
1,20
|
26,2
38,7
72,6
|
Ensemble
|
0,13
|
0,64
|
32,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Notes : IPT : Indice de Parité de Taux.
région de référence : r = Sud.
i = Nord, Centre.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
2.3) VARIATIONS RÉGIONALES DE LA SCOLARISATION
SELON LES CARACTÉRISTIQUES DES CHEFS DE MÉNAGE
D'après le tableau 4.3.3.a, les
chefs de ménage d'âge de pleine activité économique
(30-64 ans) scolarisent davantage les enfants qui sont sous leur
responsabilité que les jeunes (moins de 30 ans) et les vieux (plus de 65
ans) et ce, quelle que soit la région de résidence
considérée. Cela est dû au fait que les chefs de
ménage de 30-64 ans sont économiquement plus aisés que les
CM de moins de 30 ans et les vieillards (plus de 65 ans).
Ce sont les chefs de ménages les
plus instruits qui comprennent mieux le bien fondé de la scolarisation
des enfants. Ainsi c'est dans les ménages dirigés par ces
derniers que les enfants sont davantage scolarisés. A niveau
d'instruction égal, les chefs de ménage du Centre scolarisent
davantage les enfants que ceux des autres régions. Quel que soit la
région de résidence, plus de la moitié des enfants sont
scolarisés quand le chef de ménage est de niveau scolaire
secondaire ou plus (cf. tableaux 4.3.3.a et 4.3.3.b).
Les chefs de ménage de niveau
secondaire et plus scolarisent 2,5 fois plus d'enfants au Centre qu'au Sud et
ceux du Nord 44,2% de moins que ceux du Sud. Alors que quand le chef de
ménage est sans instruction, les enfants ont dans le Nord et le Centre
respectivement 86% et 55% de chances de moins que ceux du Sud. Les
inégalités régionales en matière de scolarisation
sont ainsi plus criardes dans les ménages dont le chef a un niveau
d'instruction bas que dans les ménages dont le chef a un niveau
d'instruction élevé.
En faisant un examen par rapport au
sexe du chef de ménage, on arrive au constat suivant : au Nord tout
comme au Centre, les enfants sont mieux scolarisés par les femmes chefs
de ménage que par les hommes. Au Sud ce sont plutôt les hommes
chefs de ménage qui scolarisent davantage les enfants que leurs
homologues femmes. Lorsqu'on observe l'écart entre les taux, il passe de
33,1 points (en pourcentage) entre le Sud et le Nord dans les ménages
dirigés par les femmes à 34,9 points entre le Sud et le Nord dans
les ménages dirigés par les hommes.
Au vu des IPT(r/i), on peut dire
que les enfants vivant avec des femmes chefs de ménage au Nord tout
comme au Centre sont mieux scolarisés que ceux vivant avec les hommes
chefs de ménage par rapport aux enfants du Sud.
Tableau 4.3.3.a : Taux de scolarisation des
enfants de 6-14 ans des différentes régions du Tchad selon les
caractéristiques des chefs de ménage
variable
|
modalité
|
Taux de scolarisation (en %)
|
région de résidence
|
Ensemble du pays
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Age du chef de ménage
|
Jeune (13-29 ans)
Adulte (30 à 64 ans)
Vieux (plus de 65 ans)
|
8,6
9,4
8,8
|
33,0
33,9
30,4
|
39,8
45,4
36,2
|
30,2
33,3
28,0
|
Niveau d'instruction du chef de ménage
|
Sans niveau
Primaire
Sec ou sup.
|
7,6
39,1
55,8
|
20,7
55,6
84,8
|
36,8
48,2
68,6
|
22,0
48,9
75,4
|
Sexe du CM
|
Féminin
Masculin
|
9,4
9,3
|
37,0
32,8
|
42,5
44,2
|
27,4
33,5
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Tableau 4.3.3. b : Variations des IPT(r/i)
et taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le niveau d'instruction
et sexe du CM
variable
|
modalité
|
IPT(r/i)
|
Taux de scolarisation
(en %)
|
Nord
|
Centre
|
Niveau d'instruction du CM
|
Sans niveau
Primaire
Sec ou sup.
|
0,14
0,69
0,58
|
0,45
1,35
2,55
|
22,0
48,9
75,4
|
Sexe du chef de ménage
|
Masculin
féminin
|
0,13
0,14
|
0,62
0,79
|
33,5
27,4
|
Ensemble
|
0,13
|
0,64
|
32,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Notes : IPT : Indice de Parité de Taux.
région de référence : r = Sud.
i = Nord, Centre.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
2.4) VARIATIONS RÉGIONALES DE LA SCOLARISATION
SELON LES CARACTÉRISTIQUES DES ENFANTS
L'examen des variations des taux de
scolarisation selon les régions révèle que les
garçons sont plus scolarisés que les filles dans toutes les
régions du Tchad. Quant aux IPT(r/i), ils montrent principalement que
les disparités régionales en matière de scolarisation sont
moindres chez les filles que chez les garçons.
L'examen par rapport à la tranche
d'âges des enfants montre d'une part que les 6-9 ans sont moins
scolarisés que les 10-14 ans-situation explicable en partie par
l'entrée tardive des enfants dans le système scolaire- quelle que
soit la région de résidence. D'autre part les écarts entre
les enfants de 6-9 ans et ceux de 10-14 ans sont très importants au Sud
(22,5) et au Centre (6,9) qu'au Nord (1,3). Il ressort clairement au vu des
IPT(r/i) que les disparités régionales sont plus visibles chez
les 10-14 ans que chez les 6-9 ans.
Tableau 4.3.4.a : Taux de scolarisation des
différentes régions du Tchad selon le sexe et l'âge de
l'enfant
Variable
|
modalité
|
Taux de scolarisation (en %)
|
région de résidence
|
Ensemble du pays
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Sexe de l'enfant
|
Féminin
Masculin
|
6,0
12,9
|
28,0
38,7
|
33,3
54,8
|
24,9
40,3
|
Age de l'enfant
|
6-9 ans
10-14 ans
|
8,7
10,0
|
30,3
37,2
|
33,1
55,6
|
26,3
39,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Tableau 4.3.4. b : Variations des
IPT(r/i) et taux de scolarisation selon le sexe et l'âge de
l'enfant
variable
|
modalité
|
IPT(r/i)
|
Taux de scolarisation
(en %)
|
Nord
|
Centre
|
Sexe de l'enfant
|
Féminin
Masculin
|
0,13
0,12
|
0,78
0,52
|
24,9
40,3
|
âge de l'enfant
|
6-9 ans
10-14 ans
|
0,19
0,09
|
0,88
0,47
|
26,3
39,6
|
Ensemble
|
0,13
|
0,64
|
32,6
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Notes : IPT : Indice de Parité de Taux.
région de référence : r = Sud.
i = Nord, Centre.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
3) VARIATIONS RÉGIONALES DES
INÉGALITÉS SEXUELLES EN MATIÈRE DE SCOLARISATION DES
ENFANTS AU TCHAD
3.1) EXAMEN SELON LES CARACTÉRISTIQUES
CONTEXTUELLES
* EXAMEN DE LA SCOLARISATION DIFFÉRENTIELLE DES
ENFANTS SELON LE MILIEU DE RÉSIDENCE
Le tableau 4.4 présente la variation des taux
de scolarisation des filles et des garçons et les IPT (g/f) par
région de résidence selon le milieu de résidence au Tchad
en 1996/1997. Les IPT (g/f) sont des rapports logistiques des taux
de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans calculés en prenant le
sexe féminin comme modalité de référence alors que
les rapports de féminité des taux de scolarisation
(Rf) sont des rapports simples entre les taux féminins et
masculins de scolarisation.
Dans l'ensemble, la scolarisation se fait à
l'avantage des garçons, quel que soit la région ou milieu de
résidence. En général, les filles sont plus
discriminées au Nord et au Sud du Tchad qu'au Centre. La discrimination
sexuelle en matière de scolarisation atteint son niveau le plus
élevé au Sud rural avec un IPT (g/f) s'approchant de 3. Vivre au
Sud ou au Nord et en milieu rural expose toute fille à la plus grande
possibilité de non-scolarisation observable au Tchad.
Quand on est en milieu urbain, les
différences régionales en matière de scolarisation
différentielle des filles et des garçons se réduisent
considérablement.
Tableau 4.4 Taux
de scolarisation des filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) par
région selon le milieu de résidence
Milieu de
résidence
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
total
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
IPT (g/f)
|
Urbain
Rural
|
26,5
3,5
|
42,5
8,1
|
2,1
2,4
|
47,1
14,8
|
60,4
23,7
|
1,7
1,8
|
53,5
29,4
|
64,7
53,0
|
1,6
2,7
|
1,7
2,3
|
Ensemble
|
6,0
|
12,9
|
2,3
|
28,0
|
38,7
|
1,6
|
33,3
|
54,8
|
2,4
|
2,0
|
Probabilité de
khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
* EXAMEN DE LA SCOLARISATION DIFFÉRENTIELLE DES
ENFANTS SELON LA RÉGION DE RÉSIDENCE
Les taux nationaux en matière de
scolarisation dissimulent des disparités considérables entre les
différentes régions selon leur niveau de développement
socio-économique. En effet, le niveau de scolarisation d'une
région dépend en partie des infrastructures d'accueil dont est
dotée ladite région et de la perception par les parents de
l'école. La situation observée en 1996/1997 au Tchad met en
lumière ces déséquilibres. La valeur de l'IPT (g/f) est
supérieure à 1 dans toutes les régions, cela est synonyme
de l'existence des inégalités en matière de scolarisation
en faveur des garçons.
Malgré les progrès
réalisés, des formes d'inégalités sexuelles
perdurent. Les inégalités sont plus importantes dans la
région Nord à majorité musulmane et dans la région
Sud à majorité chrétienne (IPT (g/f) égal à
2,3 et 2,4 respectivement). Le risque de fréquentation scolaire des
garçons de 6 à 14 ans est un peu plus du double de celui des
filles dans ces deux régions. Au Centre par contre, les
inégalités sont moins importantes. Les garçons courent 1,6
fois plus de risque de fréquenter que les filles.
Pour 100 garçons scolarisés, on
a 47 filles scolarisées au Nord, 72 au Centre et 61
au Sud. Dans l'ensemble, on enregistre 62 filles
scolarisées pour 100 garçons scolarisés au
Tchad en 1996/1997 (Rf = 61,8%).
Tableau 4.5.1 : Variations des rapports de
féminité des taux de scolarisation (Rf ) et
indice de parité des taux IPT (g/f) selon la région de
résidence au Tchad à l'EDS de 1996/1997
Région de résidence
|
Taux de scolarisation
|
Rapport de féminité des taux de
scolarisation Rf (en %)
|
IPT (g/f)
|
filles
|
Garçons
|
Nord
Centre
Sud
|
6,0
28,0
33,3
|
12,9
38,7
54,8
|
46,5
72,4
60,8
|
2,3
1,6
2,4
|
Ensemble
|
24,9
|
40,3
|
61,8
|
2,0
|
Probabilité de
khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
NB : le rapport de féminité
des taux tel que défini ici est pratiquement considéré
comme Indice de Parité de Taux IPT (f/g) dans certaines études
portant sur la scolarisation des enfants.
En prenant en compte la tranche d'âges des enfants, on a
le tableau suivant
Tableau 4.5.2 : Variations des taux de
scolarisation des filles et garçons et indice de parité des taux
IPT (g/f) selon la région de résidence au Tchad à l'EDS de
1996/1997 par tranche d'âges.
Région de
résidence
|
Tranche
d'âges
|
Enfants de 6-9 ans
|
Enfants de10-14 ans
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
Nord
Centre
Sud
|
6,3
25,2
26,9
|
11,4
35,6
39,7
|
1,9
1,6
1,8
|
5,8
31,5
40,4
|
14,7
42,2
70,0
|
2,8
1,6
3,4
|
Ensemble
|
21,2
|
31,6
|
1,7
|
29,1
|
49,7
|
2,4
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
La valeur de l'IPT (g/f) est
supérieure à 1 dans toutes les régions, cela est synonyme
de l'existence des inégalités en matière de scolarisation
en faveur des garçons dans toutes les deux tranches d'âges. Les
disparités régionales en matière de scolarisation selon le
sexe des enfants sont plus prononcées chez les 10-14 ans (IPT(g/f)
allant de 1,6 à 3,4) que chez les 6-9 ans (IPT(g/f) allant de 1,6
à 1,9) .
L'IPT (g/f) est invariable au Centre par
rapport aux tranches d'âges. Au Sud tout comme au Nord, il croît
avec l'âge des enfants c'est-à-dire aux âges avancés
(âges de nuptialité, d'activité rémunératrice
et de début de fécondité), les filles ont davantage moins
de chances d'être scolarisées par rapport aux garçons
qu'elles ne l'étaient plus jeunes.
Au Sud du Tchad, le risque d'
inégalités de genre en matière de scolarisation double
quand on passe du groupe d'âges 6-9 ans à 10-14 ans. Ainsi le
rapport de chances des garçons de 10-14 est 3,4 fois plus
élevé que celui des filles alors que ce même rapport est de
1,8 chez les 6-9 ans. Ceci s'explique en partie par la déscolarisation
fréquente des filles de plus de 10 ans pour des raisons diverses.
D'après MEN (2003), en se
basant sur une cohorte fictive de 1000 enfants inscrits en classe de CP1 en
2000/2001 sur l'hypothèse de stabilité de taux de promotion, de
redoublement et d'abandon par niveau et en acceptant trois redoublements au
plus aux élèves dans le cursus, seulement 233 arrivent à
finir le cycle avec diplôme pour une durée variable.
Durant les neuf années
d'études observées, 67,2% d'élèves ont
abandonné le cursus scolaire avant d'atteindre la classe de CM1 et 44,3%
ont obtenus leurs diplômes de CEPE.
Comme la sortie prématurée de
l'école s'observe beaucoup plus chez les filles, nous pouvons dire que
les filles sont majoritaires dans l'équipe des enfants qui ont
précocement abandonné l'école aggravant ainsi les
écarts constatés aux jeunes âges entre les deux sexes.
3.2) EXAMEN SELON LE NIVEAU DE VIE DES
MÉNAGES
Dans toutes les régions, les
discriminations sexuelles sont plus prononcées dans les ménages
pauvres. Au Sud, elles diminuent avec le niveau de vie des ménages alors
qu'au Nord et au Centre elles évoluent en dents de scie en atteignant
leur maximum dans les ménages de niveau de vie faible et leur minimum
dans ceux de niveau de vie moyen.
Tableau 4.6 Taux de scolarisation des
filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) par région selon
le niveau de vie des ménages
Niveau de vie
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
total
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
IPT (g/f)
|
Faible
Moyen
Elevé
|
3,3
12,5
58,3
|
9,1
20,0
78,6
|
2,9
1,7
2,6
|
10,4
32,2
67,6
|
18,9
43,8
79,8
|
2,3
1,6
1,9
|
29,4
42,5
66,7
|
51,6
62,7
73,9
|
2,6
2,3
1,4
|
2,3
1,8
1,8
|
Ensemble
|
6,0
|
12,9
|
2,3
|
28,0
|
38,7
|
1,6
|
33,3
|
54,8
|
2,4
|
2,0
|
Probabilité de khi-deux= 0,000
|
Source : traitement des données EDS-Tchad,
1996/1997.
3.3) EXAMEN SELON LE SEXE DU CHEF DE
MÉNAGE
De nombreuses études menées dans
certains pays africains ont fait état d'une meilleure scolarisation des
enfants vivant dans les ménages dirigés par les femmes. Nous
avons voulu à cet effet examiner les taux de fréquentation des
enfants selon le sexe du chef de ménage auquel ils appartiennent.
Soulignons au passage que trois enfants sur vingt sont membres d'un
ménage dirigé par une femme soit 15,4% alors que 84,6% d'entre
eux vivent dans les ménages dirigés par les hommes.
Le tableau 4.7 montre que la scolarisation des
enfants est bien fonction du sexe du chef de ménage. Pendant que le
risque de fréquentation scolaire des garçons de 6-14 ans vivant
dans les ménages dirigés par les hommes est le double de celui
des filles, ce même risque n'est que de 1,9 fois plus élevé
que celui des filles dans les ménages dirigés par les femmes.
Alors que les femmes scolarisent 63 filles pour 100 garçons, les hommes
ne scolarisent que 62 pour 100 garçons.
On peut affirmer au vu des résultats
qu'il y a plus d'égalité dans la scolarisation des enfants dans
les ménages dirigés par les femmes et que globalement les hommes
chefs de ménage scolarisent plus les enfants que leurs homologues
femmes.
Tableau 4.7 : Variations des rapports
de féminité des taux de scolarisation (Rf) et
des IPT (g/f) selon le sexe du chef de ménage au Tchad
Sexe du chef de ménage
|
Taux de scolarisation (en %)
|
Rf (en %)
|
IPT (g/f)
|
filles
|
Garçons
|
Féminin
Masculin
|
21,9
25,5
|
34,8
41,2
|
62,9
61,9
|
1,9
2,0
|
Ensemble
|
24,9
|
40,3
|
61,8
|
2,0
|
Probabilité de khi-deux= 0,000
|
Source : traitement des données EDS-Tchad,
1996/1997.
En scrutant les différences
régionales (tableau 4.8), on se rend compte que les femmes chefs de
ménage du Nord et du centre scolarisent davantage et mieux les
garçons que les filles.
Cette situation peut s'expliquer
d'abord par le fort taux d'analphabétisme des femmes et surtout des
musulmanes du Nord. Et ensuite les femmes musulmanes des anciennes
générations respectent scrupuleusement certaines règles et
pratiques religieuses qui le plus souvent assignent aux femmes des rôles
de second plan dans la société. Ainsi elles privilégient
les garçons qu'elles considèrent comme futur protecteur au
détriment des filles appelées beaucoup plus à se marier et
quitter la famille. Au Sud, l'instruction et les valeurs idéologiques
liées aux religions chrétiennes poussent les femmes chefs de
ménage à scolariser de façon plus égalitaire les
filles et les garçons.
Quant aux hommes chefs de
ménage, au Nord tout comme au Centre bien qu'ils scolarisent plus les
garçons, ils se préoccupent un peu mieux de la scolarisation des
filles que leurs homologues femmes. Les hommes chefs de ménages du Sud
discriminent les filles plus que leurs homologues femmes. Ainsi les
garçons vivant dans des ménages dirigés par les hommes ont
2,5 fois plus de chances d'être scolarisés que leurs consoeurs.
Les inégalités
sexuelles en matière de scolarisation selon les régions sont donc
dépendantes du sexe du chef de ménage.
Tableau 4.8 Taux de scolarisation des
filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) par région selon
le sexe du chef de ménage
Sexe du chef de ménage
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
total
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
IPT (g/f)
|
Féminin
Masculin
|
5,4
6,2
|
14,7
12,4
|
3,0
2,1
|
30,1
27,5
|
45,4
37,6
|
1,9
1,6
|
36,4
32,9
|
51,1
55,1
|
1,8
2,5
|
1,9
2,0
|
Ensemble
|
6,0
|
12,9
|
2,3
|
28,0
|
38,7
|
1,6
|
33,3
|
54,8
|
2,4
|
2,0
|
Probabilité de khi-deux= 0,000
|
Source : traitement des données EDS-Tchad,
1996/1997.
3.4) EXAMEN SELON LE NIVEAU D'ÉTUDE DU CHEF DE
MÉNAGE
Les données du tableau 4.9 montrent en effet,
que plus le chef de ménage est instruit, moins inégalitaire sera
la scolarisation des enfants des deux sexes. L'indice de parité de taux
est plus élevé (2,5) dans les ménages dirigés par
des chefs sans instruction. Autrement dit, les garçons de 6 à 14
ans courent deux fois et demi plus de risque de fréquenter que les
filles quand le chef de ménage est analphabète.
Ces disparités sexuelles diminuent au
fur et à mesure que le niveau d'instruction du chef de ménage
augmente. Le rapport de chance de scolarisation des garçons est le
double (2,1) de celui des filles chez les chefs de ménage de niveau
primaire et valent à peine deux fois (1,8) dans les ménages
dirigés par un chef de ménage de niveau secondaire et plus.
Tableau 4.9 : Variations des taux de
scolarisation des filles et des garçons de 6-14 ans et IPT (g/f) selon
le niveau d'études du chef de ménage au Tchad
Niveau d'études du chef de ménage
|
filles
|
Garçons
|
IPT (g/f)
|
Sans instruction
Primaire
Secondaire et plus
|
14,4
39,6
70,1
|
29,7
58,1
81,1
|
2,5
2,1
1,8
|
Ensemble
|
24,9
|
40,3
|
2,0
|
Probabilité de khi-deux=0,000
|
Source : traitement des données EDS-Tchad,
1996/1997.
En prenant en compte les variations
régionales, on a le tableau 4.10.
Au Centre tout comme au Sud, les
discriminations sexuelles diminuent au fur et à mesure que le niveau
d'instruction du chef de ménage augmente. On observe plutôt le
contraire au Nord où les chefs instruits discriminent plus les filles en
matière de scolarisation que leurs homologues analphabètes.
Cela est dû au fait que les chefs
de ménage instruits du Nord investissent considérablement dans la
scolarisation des garçons augmentant ainsi leur niveau de scolarisation
sans pour autant chercher à augmenter celui des filles. Comme la
situation des garçons a nettement évolué alors que celle
des filles n'a pas beaucoup changé, cela creuse les écarts entre
les deux sexes. Dans l'ensemble l'écart entre les sexes diminuent au fur
et à mesure que le niveau d'instruction augmente (IPT (g/f) allant de
2,5 chez les analphabètes à 1,8 chez les chefs plus instruits en
passant par 2,1 chez les chefs de ménage de niveau primaire).
Tableau 4.10 : Variations
régionales des taux de scolarisation des filles et des garçons de
6-14 ans et IPT (g/f) selon le niveau d'études du chef de ménage
au Tchad
Niveau d'études du chef de ménage
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
total
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
filles
|
garçons
|
IPT (g/f)
|
IPT (g/f)
|
Sans instruction
|
4,7
|
10,7
|
2,4
|
13,2
|
27,4
|
2,5
|
24,9
|
49,1
|
2,9
|
2,5
|
Primaire
|
27,8
|
53,6
|
3,0
|
49,7
|
62,5
|
1,7
|
38,4
|
57,6
|
2,2
|
2,1
|
Secondaire et plus
|
43,5
|
70,0
|
3,0
|
82,0
|
87,9
|
1,6
|
61,0
|
76,0
|
2,0
|
1,8
|
Ensemble
|
6,0
|
12,9
|
2,3
|
28,0
|
38,7
|
1,6
|
33,3
|
54,8
|
2,4
|
2,0
|
Probabilité de khi-deux= 0,000
|
Source : traitement des données EDS-Tchad,
1996/1997.
Conclusion partielle
L'objet de ce chapitre était de
décrire le niveau de fréquentation scolaire des enfants selon
certaines caractéristiques des chefs de ménage, des
ménages, des enfants et contextuelles. Au terme de cette analyse, nous
pouvons dire que la fréquentation scolaire des enfants varie
considérablement selon toutes ces caractéristiques.
Il ressort de prime abord que 32,6% seulement
des enfants de 6 à 14 ans fréquentent
effectivement un établissement scolaire au Tchad en
1996/1997 et qu'il y a sous- scolarisation
des enfants du Nord et du Centre par rapport à ceux du
Sud. Les enfants sont mieux scolarisés
au Sud du Tchad (44,0%) et au Centre (33,5%) qu'au Nord
(9,3%). Pour 100 garçons
scolarisés, on a 47 filles scolarisées au Nord,
72 au Centre et 61 au Sud. Dans l'ensemble, on
enregistre 62 filles scolarisées pour 100
garçons scolarisés au Tchad en 1996/1997.
En faisant une analyse par rapport aux
caractéristiques contextuelles, on se rend compte que les enfants sont
plus scolarisés au Sud et en milieu urbain. Si on s'en tient aux
caractéristiques des ménages, ils le sont dans les ménages
de niveau de vie élevé, de grande taille et dans ceux dans
lesquels réside au moins un enfant de moins de cinq ans. Un examen selon
les caractéristiques des chefs de ménage conduit au constat
suivant : les enfants sont plus scolarisés dans les ménages
dirigés par des chefs d'âge de pleine activité
économique(30 à 64 ans), de niveau d'instruction secondaire ou
supérieur et de sexe masculin. Par rapport aux caractéristiques
individuelles, ce sont les garçons et les enfants de 10 à 14 ans
qui sont plus scolarisés.
Les résultats saillants relatifs aux
disparités régionales et sexuelles sont les suivants :
- les disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants sont plus prononcées en milieu rural
qu'entre zones urbaines.
- Les inégalités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus criardes dans les
ménages pauvres que dans les ménages riches, dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dirigés par des personnes très instruites, dans
les ménages dirigés par les hommes que dans ceux dirigés
par les femmes.
- Les disparités régionales en matière
de scolarisation sont plus importantes chez les enfants de 10-14 ans que chez
les enfants de 6-9 ans.
- Les disparités régionales en matière
de scolarisation sont moindres chez les filles que chez les garçons.
- Les inégalités sexuelles en matière de
scolarisation sont plus prononcées chez les enfants de 10-14 ans que
chez les 6-9 ans.
L'effet des autres variables n'ayant pas
été contrôlé, il nous semble encore très
tôt de faire des déductions adéquates c'est pourquoi nous
allons procéder à une analyse multivariée qui nous
permettra de mieux comprendre cette situation.
CHAPITRE V
ESSAI D'IDENTIFICATION DE QUELQUES DÉTERMINANTS
DES
DISPARITÉS RÉGIONALES EN MATIÈRE
DE SCOLARISATION
DES ENFANTS AU TCHAD
L'analyse bivariée nous a permis
de déceler les variables liées à la fréquentation
scolaire. Le test de khi-deux de Pearson indiquait que ces liaisons
étaient parfois très fortes. Pour autant, elle ne nous permet pas
de tirer des conclusions fiables sur la nature des associations
observées. L'analyse multivariée explicative nous permet de
répondre à ces préoccupations dans la mesure où
elle peut confirmer ou infirmer les résultats de l'analyse
bivariée.
Nous envisageons dans ce chapitre, présenter
les résultats et les commentaires de la régression logistique
entre la fréquentation scolaire et les variables indépendantes et
de contrôle retenues.
1) VUE GLOBALE DES DISPARITÉS RÉGIONALES
EN MATIÈRE DE SCOLARISATION
* Effet brut de la région de
résidence sur la scolarisation des enfants
Pris individuellement (modèle Mo :
effet brut de la région de résidence), la contribution de la
région de résidence à l'explication de la
fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans au Tchad
était significative au seuil de 1% en 1996/1997. Comme nous l'avons
constaté au niveau des IPT(r/i) dans le chapitre
précédent, les enfants du Nord et du Centre ont respectivement
87% et 36% moins de chances d'être scolarisés que ceux du Sud.
* Effets nets
A partir du modèle M1, nous
intégrons de façon progressive les variables indépendantes
et de contrôle. Ainsi, l'introduction des variables liées à
l'enfant dans l'équation de régression entre la scolarisation et
la région (modèle M1) diminue légèrement les
rapports de chances des régions. Les rapports de chances du Nord et du
Centre passent respectivement de 0,13 à 0,12 et de 0,64 à 0,62.
On constate d'autre part que les garçons ont 2,12 fois plus de chances
d'être scolarisés que les filles, les enfants dont les parents
sont en vie et seul le père réside dans les ménages ont
1,4 fois plus de chances d'être scolarisés que les enfants vivant
avec leurs deux parents. De même les enfants de 10-14 ans ont presque
deux fois plus de chances d'être scolarisés que les enfants de 6-9
ans.
Dans le troisième modèle
(M2), nous avons introduit le groupe de variables qui rendent compte des
caractéristiques des chefs de ménage. On observe alors une
légère augmentation du rapport de chances au Nord alors que c'est
le statu quo au Centre. Les enfants vivant sous le toit des chefs de
ménage jeunes (moins de 30 ans) ont 42% moins de chances d'être
scolarisés que ceux qui sont chez les adultes (30-64 ans) alors que le
coefficient net pour les enfants vivant chez les vieux (plus de 64 ans) devient
non significatif. Les enfants vivant chez les chefs de ménage de niveau
primaire ont 2,56 fois plus de chances d'être scolarisés que ceux
vivant avec les chefs de ménage sans niveau. Ceux qui vivent chez les
chefs de ménage de niveau secondaire ou plus ont 11,73 fois plus de
chances d'être scolarisés que ceux vivant avec les chefs de
ménage sans niveau.
L'introduction du niveau d'instruction du
chef de ménage fait passer le pseudo R2 de
14,2 % à 21,6 % au seuil de 1%. Ce qui
confirme qu'il y a une forte contribution du niveau d'instruction du chef de
ménage dans l'explication de la variance totale de la
fréquentation scolaire.
Dans le modèle M3, nous
intégrons le niveau de vie des ménages dans l'équation de
régression. On note alors une forte variation des rapports de chances
des différentes régions.
En introduisant le nombre des enfants de moins de
cinq ans et la taille du ménage (modèle M4), les rapports de
chances restent pratiquement les mêmes dans les différentes
régions.
Enfin, dans le dernier modèle (M5), nous
avons intégré le milieu de résidence.
Dans le modèle complet (M5), on
constate ce qui suit :
- au niveau des caractéristiques
contextuelles :
. les enfants vivant au Centre ont 67% moins de
chances d'être scolarisés que ceux vivant au Sud et ceux du Nord
85% de chances de moins.
. Les enfants résidant en milieu urbain ont
1,97 fois plus de chances d'être scolarisés que ceux du milieu
rural;
- au niveau des caractéristiques des chefs
de ménage :
. les enfants vivant avec les chefs de ménage
de niveau primaire et les enfants vivant avec les chefs de niveau secondaire
ou plus ont respectivement 2,28 fois et 6,96 fois plus de chances d'être
scolarisés que ceux vivant chez les chefs de ménage sans
niveau.
. Les enfants vivant chez les chefs de ménage
jeunes (13-29 ans) ont 30% moins de chances d'être scolarisés que
ceux vivant avec les chefs de ménage d'âge de pleine
activité (30-64 ans). Et les enfants vivant chez les chefs de
ménage vieux (plus de 65 ans) ont 1,18 fois plus de chances d'être
scolarisés que ceux vivant avec les chefs d'âge de pleine
activité.
. Les enfants vivant chez les hommes chefs de
ménage ont 43% moins de chances d'être scolarisés que ceux
vivant chez les femmes chefs de ménage;
- au niveau des caractéristiques des
ménages :
. les enfants vivant dans les ménages de
niveau de vie moyen et élevé ont respectivement 1,45 fois et 3,67
fois plus de chances d'être scolarisés que ceux vivant dans les
ménages pauvres.
. Les enfants vivant dans les ménages de
petite taille ont 15% moins de chances d'être scolarisés que ceux
vivant dans les ménages de taille élevée;
- au niveau des caractéristiques
individuelles des enfants :
. les enfants orphelins de père et de
mère ont 44% moins de chances d'être scolarisés que leurs
camarades vivant avec leurs deux parents biologiques.
. Les garçons ont deux fois et demi plus de
chances d'être scolarisés que les filles.
. Les enfants âgés de 10 à 14
ans ont 2,15 fois plus de chances d'être scolarisés que leurs
petits frères de 6 à 9 ans.
En définitive, après
contrôle par toutes les variables, l'effet de la région de
résidence persiste. La région de résidence est donc une
variable cruciale pour l'explication de la scolarisation des enfants au
Tchad.
En nous référant à la
statistique R2 du dernier modèle, nous constatons que,
prises ensemble, les variables indépendantes considérées
expliquent 25% de la variation de la fréquentation scolaire au Tchad au
seuil de 1%. D'autres variables non prises en compte ici permettent d'expliquer
le reste de la variance totale de la fréquentation scolaire au Tchad.
Tableau 5.1 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence au Tchad
Variables indépendantes
et de contrôle
|
Rapports de chances par rapport à la modalité de
référence
|
Effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
Région
|
|
Nord
Centre
Sud
|
2485
2899
4826
|
0,13***
0,64***
m r
|
0,12***
0,62***
m r
|
0,17***
0,64***
m r
|
0,15***
0,44***
m r
|
0,16***
0,44***
m r
|
0,16***
0,44***
m r
|
Sexe de l'enfant
|
|
Masculin
Féminin
|
5079
5119
|
2,05***
m r
|
2,12***
m r
|
2,43***
m r
|
2,47***
m r
|
2,47***
m r
|
2,48***
m r
|
Age de l'enfant
|
|
6-9 ans
10-14 ans
|
5395
4815
|
m r
1,84***
|
m r
1,92***
|
m r
2,09***
|
m r
2,16***
|
m r
2,15***
|
m r
2,15***
|
Statut familial de l'enfant
|
|
1. parents en vie et dans le ménage
|
6605
|
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
2. parents en vie et mère dans le ménage
|
870
|
0,87*
|
1,25**
|
1,08 ns
|
1,06 ns
|
1,05 ns
|
0,98 ns
|
3. parents en vie et père dans le ménage
|
464
|
1,40***
|
1,40***
|
1,30**
|
1,21 ns
|
1,19 ns
|
1,02 ns
|
4. parents en vie et aucun dans le ménage
|
1037
|
1,07 ns
|
1,07 ns
|
0,97 ns
|
0,90 ns
|
0,91 ns
|
0,87 ns
|
5. père décédé et mère hors du
ménage
|
267
|
0,97 ns
|
0,97 ns
|
0,82 ns
|
0,62 ns
|
0,83 ns
|
0,82 ns
|
6. mère décédée et père hors du
ménage
|
126
|
0,87 ns
|
0,87 ns
|
0,73 ns
|
0,62*
|
0,63*
|
0,62*
|
7. père et mère décédés
|
81
|
0,99 ns
|
0,99 ns
|
0,69 ns
|
0,60*
|
0,60*
|
0,56**
|
8. père décédé et mère dans le
ménage
|
435
|
1,01ns
|
0,96 ns
|
0,92 ns
|
0,93 ns
|
0,93 ns
|
0,85 ns
|
9. mère décédée et père dans le
ménage
|
170
|
1,05 ns
|
1,06 ns
|
1,16 ns
|
1,17 ns
|
1,18 ns
|
1,19 ns
|
Sexe du CM
|
|
Masculin
Féminin
|
8638
1572
|
1,34***
m r
|
m r
|
0,62***
m r
|
0,69***
m r
|
0,54***
m r
|
0,57***
m r
|
Age du chef de ménage
|
|
Jeune (13-29 ans)
Adulte (30-64 ans)
Vieux (65-95 ans)
|
744
8467
969
|
0,87*
m r
0,79***
|
m r
|
0,62***
m r
1,14 ns
|
0,67***
m r
1,22**
|
0,69***
m r
1,21**
|
0,70***
m r
1,18*
|
Niveau d'instruction du CM
|
|
Sans niveau
Primaire
Sec ou sup.
|
7042
2258
842
|
m r
3,40***
10,89***
|
m r
|
m r
2,56***
11,73***
|
m r
2,34***
7,56***
|
m r
2,34***
7,59***
|
m r
2,28***
6,96***
|
Taille du ménage
|
|
Petite (1-5 pers.)
Moyenne (6-12 p.)
Grande (+12 pers.)
|
2253
6217
1740
|
0,45***
0,64***
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
0,86*
0,95 ns
m r
|
0,85*
0,95 ns
m r
|
Niveau de vie
|
|
|
|
|
|
|
|
Faible
Moyen
Elevé
|
6602
2949
586
|
m r
1,77***
7,47***
|
m r
|
m r
|
m r
1,86***
6,12***
|
m r
1,84***
5,99***
|
m r
1,45***
3,67***
|
Nbre d'enfants de moins de 5 ans
|
|
Aucun
Au moins un
|
2192
8018
|
m r
1,13**
|
m r
|
m r
|
m r
|
m r
0,96 ns
|
m r
0,95 ns
|
Milieu de résidence
|
|
Urbain
Rural
|
2270
7941
|
3,08***
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
m r
|
1,97***
m r
|
Pseudo R2 des modèles
|
|
|
14,0%
|
21,6%
|
23,9%
|
23,9%
|
24,6%
|
Niveau de signif. des modèles
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe, statut familial et âge de l'enfant
B : âge, niveau d'instruction du CM et sexe du chef de
ménage
C : niveau de vie du ménage
D : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage
E : milieu de résidence.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
2) DIFFÉRENCES SELON LE
MILIEU DE RÉSIDENCE
Au niveau brut, nous retrouvons les
résultats du tableau 4.3.1.b. à savoir que les écarts
entre les régions sont très importants en milieu rural (rapports
de chances équivalant à 1,00 au Sud, 0,09 au Nord et 0,34 au
Centre) qu'en milieu urbain (rapports de chances équivalant à
1,00 au Sud, 0,37 au Nord et 0,82 au Centre).
En intégrant les
caractéristiques de l'enfant (modèle M1) puis le sexe du chef de
ménage (modèle M2) dans l'équation de la
régression, on observe en milieu urbain tout comme en milieu rural une
légère diminution des rapports de chances de scolarisation des
enfants du Nord et du Centre au seuil de 5%.
En milieu urbain, l'introduction du niveau
d'instruction du chef de ménage (modèle M3), rend le coefficient
du Centre non significatif et provoque une forte augmentation des rapports de
chances de scolarisation des enfants du Nord. Ainsi le rapport de chances de
scolarisation du Nord qui était de 65% de moins que celui du Sud devient
46% de moins avec la prise en compte du niveau d'instruction du chef de
ménage. Le niveau d'instruction est donc une variable pertinente qui
influence effectivement la scolarisation différentielle des enfants
selon les régions en milieu urbain. Ce qui empêche de voir la
relation entre la scolarisation et les variables indépendantes au Centre
dans le modèle précédent est le niveau de vie des
ménages. Son introduction (modèle M4) permet de rendre
significatif le coefficient du Centre. Les autres
variables de contrôle à savoir l'âge du CM, le nombre
d'enfants de bas âge et la taille du ménage ont des effets
additifs sur la scolarisation différentielle des enfants selon les
régions en milieu urbain.
En milieu rural, les rapports de chances
n'ont pas beaucoup évolué après contrôle laissant
transparaître clairement la persistance des disparités scolaires
selon les régions en milieu rural. Ainsi, les enfants du Nord ont dans
le modèle complet (M6), 90% moins de chances d'être
scolarisés que ceux du Sud et les enfants du Centre 68% moins de chances
d'être scolarisés que les enfants résidant au Sud. Le sexe,
l'âge et le statut familial de l'enfant, le sexe, l'âge et le
niveau d'instruction du chef de ménage, le niveau de vie et la taille du
ménage ainsi que le nombre d'enfants de moins de cinq ans du
ménage ont des effets additifs sur les disparités
régionales en matière de scolarisation en milieu rural tchadien.
Plusieurs raisons peuvent expliquer
ces disparités régionales en matière de scolarisation au
Tchad. Si on se réfère aux statistiques du dernier recensement de
1993, de grandes disparités scolaires s'observent dans les grands
groupes ethniques et religions au Tchad. La région de résidence
étant un "proxi" indéniable des facteurs socioculturels, ces
inégalités peuvent donc se répercuter au niveau des
régions. On a remarqué au RGPH de 1993 que les grands groupes
ethniques qui ont le niveau de scolarisation élevé sont ceux qui
sont en majorité chrétiens ou animistes. Et la répartition
de ces groupes selon la religion donne le groupe "Sara" à 85,3%
chrétien (protestants et catholiques), le groupe "Tandjilé"
à 85,3% chrétien et le groupe "Mayo-kebbi" à 43,0%
chrétien et 42,5% animiste (RT, 1995 : 96). Ces trois grands groupes
ethniques scolarisent plus les enfants que les autres groupes (cf. annexes,
tableau A7). Or ce sont tous des groupes ethniques basés au Sud du
Tchad. Ce qui peut aisément expliquer la forte scolarisation des enfants
résidant au Sud du Tchad.
L'écart observé entre
les musulmans et les pratiquants d'autres religions en 1993 en matière
de scolarisation est assez conséquent pour pouvoir rendre compte de la
sous-scolarisation de la région du Nord. Ainsi 13,1% seulement des
enfants musulmans sont scolarisés alors que 64,7% des enfants
protestants et 53,6% des enfants catholiques le sont au niveau national (cf.
annexes, tableau A6). Les enfants musulmans sont surtout moins
scolarisés dans les campagnes (6,6% scolarisés) que dans les
villes (36,0% scolarisés).
Par ailleurs si l'on tient compte des
types de population, en 1993 moins d'un enfant nomade sur 100 est
scolarisé (0,2%) alors qu'un enfant sédentaire sur trois l'est
(33,8%).Nous rappelons au lecteur qu'on rencontre les populations nomades et de
confession musulmane beaucoup plus au Nord et les populations
sédentaires et de religion chrétienne au Sud du Tchad. Au Sud et
surtout en milieu urbain, les mouvements de jeunes très actifs dans les
églises (scoutisme, guidisme, âmes vaillantes, flambeaux,
lumière, jeunesse ouvrière, jeunesse étudiante...)
utilisent beaucoup plus le français incitant ainsi les parents à
scolariser leurs enfants.
La sous-scolarisation rurale au Nord
peut s'expliquer aussi par le fait qu'au Sud les écoles communautaires
francophones essentiellement rurales sont très importantes (cf. annexes,
tableaux A3 et A5). Ce qui n'est pas le cas au Nord où la
création d'écoles communautaires arabophones ou bilingues aurait
pu attirer un grand nombre d'enfants et réduire les écarts
entre les régions.
Tableau 5.2 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence et le milieu de résidence au Tchad
Milieu de résidence
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Milieu urbain
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
318
1187
764
|
0,37***
0,82**
m r
2,3%
***
|
0,36***
0,81**
m r
6,1%
***
|
0,35***
0,80**
m r
6,1%
***
|
0,54***
0,94 ns
m r
19,9%
***
|
0,54***
0,74***
m r
23,2%
***
|
0,53***
0,74***
m r
23,8%
***
|
0,51***
0,72***
m r
24,0%
***
|
Milieu rural
|
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
2168
1712
4061
|
0,09***
0,34***
m r
13%
***
|
0,08***
0,32***
m r
17,9%
***
|
0,08***
0,31***
m r
17,9%
***
|
0,10***
0,36***
m r
20,7%
***
|
0,10***
0,31***
m r
21,1%
***
|
0,10***
0,31***
m r
21,2%
***
|
0,10***
0,32***
m r
21,2%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe, statut familial et âge de l'enfant
B : sexe du chef de ménage
C : niveau d'instruction du CM
D : niveau de vie du ménage
E : âge du chef de ménage
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
3) DIFFÉRENCES SELON LES
CARACTÉRISTIQUES DU CHEF DE MÉNAGE
Vu que les effets propres (modèle Mo :
chaque variable indépendante, prise isolément, est croisée
avec la fréquentation scolaire actuelle) ont été
déjà analysés dans le chapitre précédent
(grâce aux IPT), nous n'examinerons que beaucoup plus les effets nets
(effets obtenus après contrôle) dans la suite du chapitre.
*EXAMEN SELON LE SEXE DU CHEF DE
MÉNAGE
Le tableau ci-dessous montre que les rapports de
chances diminuent avec la prise en compte du milieu de résidence et ce
quel que soit le sexe du ménage. On constate également que quel
que soit le sexe du CM, les odds ratios ou rapports de chances du Centre
diminuent alors qu'il n'y a pas de grand changement au Nord et les
inégalités entre le Centre et le Sud sont plus prononcées
chez les hommes CM. Au Nord, en prenant en compte le niveau de vie des
ménages, on se rend compte que l'écart entre ce dernier et le Sud
est plutôt plus grand chez les femmes CM.
Dans le modèle complet (M6), on constate que
les disparités régionales de chances de scolarisation des enfants
sont presque identiques chez les hommes CM et chez les femmes CM.
Tableau 5.3.1 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence et le sexe du chef de ménage au Tchad
Sexe du chef de ménage
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Hommes CM
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1849
2423
4366
|
0,13***
0,62***
m r
9,0%
***
|
0,12***
0,60***
m r
13,5%
***
|
0,11***
0,40***
m r
18,2%
***
|
0,17***
0,47***
m r
23,5%
***
|
0,17***
0,47***
m r
23,8%
***
|
0,16***
0,40***
m r
24,6%
***
|
0,16***
0,40***
m r
24,7%
***
|
Femmes CM
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
636
477
460
|
0,14***
0,80*
m r
11,7%
***
|
0,13***
0,77*
m r
14,8%
***
|
0,14***
0,58***
m r
19,6%
***
|
0,17***
0,59***
m r
21,6%
***
|
0,17***
0,59***
m r
21,8%
***
|
0,14***
0,44***
m r
23,4%
***
|
0,14***
0,44***
m r
23,4%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe et âge de l'enfant
B : milieu de résidence
C : niveau d'instruction du chef de ménage
D : âge du chef de ménage
E : niveau de vie du ménage
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
* EXAMEN SELON LE NIVEAU D'INSTRUCTION DU CHEF DE
MÉNAGE
Par rapport au Sud, quand le chef de
ménage est de niveau au moins secondaire, les enfants sont plus
scolarisés au Centre et moins scolarisés au Nord.
Quand le ménage est dirigé par
un chef de niveau primaire, on constate que :
- le coefficient associé à la région du
centre qui était significatif à l'état brut devient non
significatif sous contrôle du milieu de résidence et des
caractéristiques des ménages et de l'âge et du sexe du
CM;
- on a un effet non significatif au Nord à
l'état brut qui devient significatif sous contrôle du milieu de
résidence et des caractéristiques des ménages et de
l'âge et du sexe du CM.
Quand le CM est sans instruction, les rapports
de chances en matière de scolarisation des enfants résidant au
Nord et au Centre du pays par rapport à ceux qui vivent au Sud passent
respectivement de 0,14 et 0,45(effet brut) à 0,12 et 0,28(effet net).
Ainsi toutes choses étant égales par ailleurs, les enfants du
Nord ont 88% moins de chances d'être scolarisés que leurs
camarades du Sud. Et les enfants du Centre ont 72% moins de chances
d'être scolarisés que ceux du Sud quand ils sont dans un
ménage dirigé par un chef de ménage sans instruction. Les
écarts de chances entre les enfants des trois régions se creusent
davantage sous contrôle des autres variables quand le chef de
ménage est sans instruction.
Il est à souligner que les enfants vivant
chez les chefs de ménage de niveau d'instruction élevé
sont proportionnellement plus nombreux au Centre, les enfants vivant chez les
chefs de niveau primaire plus nombreux au Sud et ceux résidant chez les
chefs sans instruction sont majoritaires au Nord du Tchad (cf. annexes tableau
A1).
Tableau 5.3.2 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence et le niveau d'instruction du chef de ménage au Tchad
Niveau d'instruction du chef de ménage
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Sans niveau
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
2363
2166
2513
|
0,14***
0,45***
m r
8,8%
***
|
0,13***
0,42***
m r
13,1%
***
|
0,13***
0,32***
m r
15,5%
***
|
0,12***
0,32***
m r
15,6%
***
|
0,12***
0,32***
m r
15,8%
***
|
0,12***
0,28***
m r
16,4%
***
|
0,12***
0,28***
m r
16,4%
***
|
Primaire
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
64
303
1890
|
0,70 ns
1,35**
m r
0,4%
**
|
0,70 ns
1,50***
m r
9,7%
***
|
0,52**
1,06 ns
m r
11,3%
***
|
0,52**
1,04 ns
m r
11,4%
***
|
0,54**
1,05 ns
m r
11,7%
***
|
0,52**
0,84 ns
m r
12,5%
***
|
0,52**
0,88 ns
m r
12,8%
***
|
Sec ou sup.
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
43
391
408
|
0,57*
2,56***
m r
4,5%
***
|
0,55*
2,60***
m r
8,8%
***
|
0,45**
2,09***
m r
11,4%
***
|
0,45**
2,09***
m r
11,4%
***
|
0,43**
2,03***
m r
11,9%
***
|
0,48**
1,47*
m r
15,0%
***
|
0,50*
1,42*
m r
15,9%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe et âge de l'enfant
B : milieu de résidence
C : sexe du chef de ménage
D : âge du chef de ménage
E : niveau de vie du ménage
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
4) DIFFÉRENCES SELON LE NIVEAU DE VIE DU
MÉNAGE
Le tableau 5.4 montre que l'amélioration
des conditions de vie des populations de toutes les régions du Tchad
fait disparaître les inégalités régionales en
matière de scolarisation constatées en 1996/1997.
Ainsi la relation entre la région de
résidence de l'enfant et sa fréquentation scolaire est non
significative au seuil de 5% dans les ménages de niveau de vie
élevé. Mais quand le niveau de vie du ménage est moyen,
les rapports de chances en matière de scolarisation des enfants
résidant au Nord et au Centre du pays par rapport à ceux qui
vivent au Sud passent respectivement de 0,17 et 0,56(effet brut) à 0,24
et 0,57(effet net) au seuil de 1%. Ce qui suppose l'existence
d'inégalités de chances entre les enfants des différentes
régions. Ces disparités se sont nettement atténuées
au niveau du modèle complet vu les rapports de chances observés
au niveau de M6. Quand le niveau de vie du ménage est faible, les
rapports de chances en matière de scolarisation des enfants
résidant au Nord et au Centre du pays par rapport à ceux qui
vivent au Sud passent respectivement de 0,09 et 0,25(effet brut) à 0,11
et 0,27(effet net). Ainsi toutes choses étant égales par
ailleurs, les enfants du Nord ont 89% moins de chances d'être
scolarisés que leurs camarades du Sud. Et les enfants du Centre ont 73%
moins de chances d'être scolarisés que ceux du Sud quand ils sont
dans un ménage de niveau de vie faible. Les écarts de chances
entre les enfants des trois régions se creusent davantage sous
contrôle des autres variables quand le ménage est de niveau de vie
faible. Les disparités régionales sont plus prononcées
dans les ménages pauvres que dans les ménages riches.
Il est à souligner que les enfants
vivant dans des ménages riches sont proportionnellement plus nombreux au
Centre et ceux résidant dans des ménages pauvres sont
majoritaires au Nord et au Sud du Tchad (cf. annexes tableau A2).
Tableau 5.4 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon leur région de
résidence et le niveau de vie du ménage au Tchad
Niveau de vie du ménage
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
faible
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1793
1237
3573
|
0,09***
0,25***
m r
13,3%
***
|
0,09***
0,24***
m r
18,3%
***
|
0,09***
0,23***
m r
18,5%
***
|
0,11***
0,27***
m r
19,8%
***
|
0,11***
0,27***
m r
19,9%
***
|
0,11***
0,27***
m r
20,0%
***
|
0,11***
0,27***
m r
20,1%
***
|
moyen
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
650
1226
1073
|
0,17***
0,56***
m r
7,9%
***
|
0,17***
0,54***
m r
11,4%
***
|
0,17***
0,44***
m r
15,8%
***
|
0,29***
0,63***
m r
22,7%
***
|
0,29***
0,63***
m r
22,9%
***
|
0,27***
0,60***
m r
23,8%
***
|
0,24***
0,57***
m r
24,2%
***
|
élevé
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
25
420
141
|
0,10 ns
1,20 ns
m r
0,1%
ns
|
1,06 ns
1,21 ns
m r
3,9%
***
|
1,04 ns
1,31 ns
m r
4,7%
***
|
1,92 ns
1,49 ns
m r
22,4%
***
|
1,90 ns
1,46 ns
m r
22,7%
***
|
1,84 ns
1,46 ns
m r
23,2%
***
|
1,87 ns
1,46 ns
m r
23,3%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe et âge de l'enfant
B : milieu de résidence
C : niveau d'instruction du chef de ménage
D : âge du chef de ménage
E : sexe du chef de ménage
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
5) DIFFÉRENCES SELON LE
SEXE DES ENFANTS
Le tableau 5.5.1 montre que les disparités
régionales sont plus grandes chez les garçons de 6 à 14
ans que chez les filles de 6-14 ans.
Cette situation se maintient-elle quand on fait
une analyse par tranche d'âges ?
Le tableau A.8 fournit la réponse à cette
question. Quand on compare la situation des enfants
de 6 à 9 ans, on s'aperçoit que les
disparités régionales sont presque identiques chez les filles
et chez les garçons. Chez les 10-14 ans, on observe que
les disparités régionales en matière de
scolarisation sont plus importantes chez les garçons
que chez les filles.
Ainsi les garçons de 10-14 ans du Nord et du
Centre ont respectivement 92% et 82%
moins de chances d'être scolarisés que les
garçons de 10-14 ans du Sud. Par contre les filles
de 10-14 ans du Nord et du Centre n'ont respectivement que 87%
et 59% de chances de moins
d'être scolarisées que celles du même
groupe d'âge du Sud.
Contrairement à nos attentes, ce sont les
différences en matière de scolarisation des
garçons de 10 à 14 ans selon les
différentes régions du Tchad qui influe grandement sur les
disparités régionales en matière de
scolarisation constatée au Tchad en 1996/1997. Les
familles tchadiennes du Nord et du Centre scolarisent moins
les garçons de 10-14 ans que
celles résidant au Sud du pays entraînant de
fortes disparités régionales en matière de
scolarisation au Tchad. Les garçons des zones
septentrionales sont donc probablement plus
orientés vers le travail que vers l'école que
leurs camarades du Sud à partir de 10 ans.
Tableau 5.5.1 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon la région de
résidence et le sexe de l'enfant au Tchad
Sexe de l'enfant
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Masculin
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1182
1479
2418
|
0,12***
0,52**
m r
11,8%
***
|
0,12***
0,52**
m r
14,8%
***
|
0,12***
0,51**
m r
14,9%
***
|
0,15***
0,54 ns
m r
20,9%
***
|
0,14***
0,38***
m r
23,2%
***
|
0,14***
0,35***
m r
23,9%
***
|
0,14***
0,35***
m r
23,9%
***
|
féminin
|
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1301
1419
2398
|
0,13***
0,78***
m r
7,8%
***
|
0,13***
0,79***
m r
8,7%
***
|
0,13***
0,78***
m r
8,9%
***
|
0,20***
0,80***
m r
18,5%
***
|
0,18***
0,54***
m r
20,7%
***
|
0,18***
0,50***
m r
21,4%
***
|
0,19***
0,51***
m r
24,5%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : âge de l'enfant
B : sexe et âge du chef de ménage
C : niveau d'instruction du CM
D : niveau de vie du ménage
E : milieu de résidence
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
6) DIFFÉRENCES SELON
L'AGE DES ENFANTS
Le tableau 5.6.1 montre que les disparités
régionales sont plus prononcées chez les 10-14
ans que chez les 6-9 ans. Si l'on tient compte des
inégalités sexuelles (tableau A.9), on se rend
compte que les garçons de 6-9 ans ont à peu
près deux fois plus de chances d'être scolarisés
dans toutes les régions que les filles du même
groupe d'âges alors que les comportements se
différencient grandement selon les régions quand
on est dans la tranche d'âges 10-14 ans.
Ainsi les garçons de 10-14 ans du Nord, du
Centre et du Sud ont respectivement 3,2 ;
2,8 et 3,8 fois plus de chances d'être scolarisés
que les filles de 10-14 ans de la même région
qu'eux.
L'écart entre les filles et les garçons
reste énorme dans toutes les régions et tend à augmenter
avec l'âge. Ceci peut s'expliquer par le fait que les filles ne restent
pas longtemps dans le cursus scolaire et supportent un peu plus le poids de la
tradition que les garçons. Ainsi les mariages précoces des filles
d'une part et la faible importance attachée par les parents à
leur scolarisation les conduit directement à la
déscolarisation.
Tableau 5.6.1 Rapports de chances de
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans selon la région de
résidence et l'âge de l'enfant au Tchad
Tranche d'âge de l'enfant
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
6 à 9 ans
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1334
1576
2485
|
0,19***
0,88*
m r
6,0%
***
|
0,19***
0,87*
m r
7,3%
***
|
0,19***
0,86**
m r
7,4%
***
|
0,28***
0,96 ns
m r
14,6%
***
|
0,26***
0,68***
m r
16,6%
***
|
0,26***
0,64***
m r
17,3%
***
|
0,26***
0,64***
m r
17,3%
***
|
10 à 14 ans
|
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
1151
1324
2341
|
0,09***
0,47***
m r
14,6%
***
|
0,08***
0,45***
m r
18,5%
***
|
0,08***
0,44***
m r
18,7%
***
|
0,11***
0,43***
m r
27,1%
***
|
0,10***
0,28***
m r
29,5%
***
|
0,10***
0,26***
m r
30,3%
***
|
0,10***
0,26***
m r
30,3%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : sexe de l'enfant
B : sexe et âge du chef de ménage
C : niveau d'instruction du CM
D : niveau de vie du ménage
E : milieu de résidence
F : nombre d'enfants de moins de 5 ans et taille du
ménage
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
CONCLUSION PARTIELLE
L'objet de ce chapitre était de voir comment
évolue l'influence de la région de résidence de l'enfant
sur la fréquentation scolaire actuelle à travers une analyse
multivariée explicative et de trouver dans la mesure du possible des
éléments explicatifs de la non-scolarisation des enfants
tchadiens d'âge de scolarité obligatoire en 1997.
L'analyse s'est faite en cinq étapes.
Dans un premier temps, nous avons examiné les
disparités régionales en matière de scolarisation des
enfants de façon globale. Cette analyse a permis de constater
qu'après contrôle par toutes les variables, l'effet de la
région de résidence persiste. La région de
résidence est donc une variable cruciale pour l'explication de la
scolarisation des enfants au Tchad.
Nous avons dans un deuxième temps observé la
situation en nous référant uniquement au milieu de
résidence. Il découle de l'analyse que toutes choses
étant égales par ailleurs, en milieu urbain, les enfants du Nord
et du Centre ont respectivement 49% et 28% moins de chances d'être
scolarisés que leurs camarades du Sud. Le sexe, l'âge et le statut
familial de l'enfant, le sexe, l'âge et le niveau d'instruction du chef
de ménage, le niveau de vie et la taille du ménage ainsi que le
nombre d'enfants de moins de cinq ans du ménage ont des effets additifs
sur les disparités régionales en matière de scolarisation
en milieu rural tchadien.
Les disparités régionales sont plus
prononcées en milieu rural qu'en milieu urbain.
Troisièmement, nous avons évalué les
inégalités en matière de scolarisation selon les
caractéristiques du chef de ménage. Et nous avons constaté
que quel que soit le sexe du chef de ménage, les rapports de chances du
Centre diminuent alors qu'il n'y a pas de grand changement au Nord et les
inégalités régionales en matière de scolarisation
des enfants sont presque identiques chez les hommes CM et chez les femmes CM.
Par rapport au Sud, quand le chef de ménage est de niveau au moins
secondaire, les enfants sont plus scolarisés au Centre et moins
scolarisés au Nord. Les écarts de chances entre les enfants des
trois régions se creusent davantage sous contrôle des autres
variables quand le chef de ménage est sans instruction. Et les
disparités régionales sont plus prononcées que quand le
chef de ménage est sans instruction.
Nous avons ensuite voulu voir comment évolue l'effet
de la région de résidence sur la scolarisation des enfants selon
le niveau de vie des ménages. Ce qui nous a conduit à observer
que les disparités régionales sont plus prononcées dans
les ménages pauvres que dans les ménages riches.
Nous avons enfin procédé à
une évaluation des inégalités régionales selon les
caractéristiques des enfants. A ce niveau, nous avons constaté
que :
· les disparités régionales sont plus
grandes chez les garçons de 6 à 14 ans que chez les
filles de 6 à 14 ans ;
· les disparités régionales sont plus
prononcées chez les 10-14 ans que chez les 6-9 ans;
quand on compare la situation des enfants de 6
à 9 ans, on s'aperçoit que les disparités
régionales sont presque identiques chez les filles et chez les
garçons. Chez les 10-14 ans, on observe que les disparités
régionales en matière de scolarisation sont plus importantes chez
les garçons que chez les filles ;
· les garçons de 6-9 ans ont à peu
près deux fois plus de chances d'être scolarisés dans
toutes les régions que les filles du même groupe d'âges ;
· les garçons de 10-14 ans du Nord, du Centre et
du Sud ont respectivement 3,24, 2,75
et 3,75 fois plus de chances d'être
scolarisés que les filles de 10-14 ans de la même
région qu'eux.
Le milieu de résidence, le niveau de vie des
ménages, le niveau d'instruction du chef de ménage, le sexe du
chef de ménage, l'âge et le sexe de l'enfant déterminent
donc la scolarisation différentielle des enfants selon les
régions au Tchad.
SYNTHÈSE ET CONCLUSION
GÉNÉRALE
L'objectif général de cette
étude était de mettre à la disposition des
décideurs et autres utilisateurs potentiels des informations
susceptibles de les éclairer dans la prise des décisions
relatives au développement social et économique du Tchad en
tenant compte des spécificités régionales.
Il s'agissait plus
spécifiquement :
1) de rendre compte des disparités
régionales en matière de scolarisation des enfants au Tchad ;
2) d'identifier la part des
caractéristiques des enfants (plus particulièrement du sexe et de
l'âge) dans l'explication des disparités régionales de
chances de scolarisation des enfants au Tchad ;
3) de cerner les déterminants de la
non-scolarisation des enfants selon les régions au Tchad.
Nous cherchions à mettre en évidence
les inégalités existant entre les enfants selon leur
région de résidence en répondant aux questions suivantes
:
- les disparités régionales
en matière de scolarisation des enfants varient-elles en fonction de
l'âge et du sexe des enfants ?
- les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont-elles identiques en milieu
rural et en milieu urbain ? dans les ménages pauvres et dans les
ménages riches ? dans les ménages dirigés par des
chefs instruits et dans ceux dirigés par des analphabètes ?
dans les ménages dirigés par des hommes et dans les
ménages dirigés par des femmes ?
Pour mener à bien cette
étude, à la suite de la revue de la littérature qui nous a
conduit à retenir l'approche socio-démographique d'étude
de la scolarisation des enfants comme approche théorique de notre
travail, nous avons émis des hypothèses et élaboré
le cadre conceptuel correspondant.
L'hypothèse principale
étant qu'il existe des disparités en matière de
scolarisation des enfants entre les différentes régions du Tchad
et en particulier entre le Nord et le Sud, et ces inégalités
s'expliquent par certaines caractéristiques liées à
l'offre scolaire, aux ménages, aux chefs de ménage et aux
enfants.
Nos hypothèses spécifiques
étaient les suivantes :
(H1) les disparités régionales en matière
de scolarisation des enfants sont plus prononcées en milieu rural qu'en
milieu urbain ;
(H2) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées dans
les ménages pauvres que dans les ménages riches, dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction élevé et
dans les ménages dirigés par les hommes que dans ceux
dirigés par les femmes;
(H3) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants augmentent avec l'âge des
enfants ;
(H4) les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus importantes chez les
filles que chez les garçons.
Pour tester la validité de nos
hypothèses nous nous sommes servis des données de l'Enquête
Démographique et de Santé (EDS) collectées au Tchad en
1996/1997.
Après l'évaluation des
données, nous avons effectué deux types d'analyses : l'analyse
univariée pour décrire le phénomène et l'analyse
multidimensionnelle pour expliquer la situation. Au niveau multivarié,
nous avons choisi d'utiliser la régression logistique compte tenu de la
nature dichotomique de notre variable dépendante à savoir la
fréquentation scolaire actuelle.
Il ressort de nos analyses qu'il y a bien des
inégalités régionales en matière de scolarisation
au Tchad. Il apparaît de prime abord que 32,6% seulement des enfants de 6
à 14 ans fréquentent effectivement un établissement
scolaire au Tchad en 1996/1997 et qu'il y a sous- scolarisation des enfants du
Nord et du Centre par rapport à ceux du Sud. Les enfants sont mieux
scolarisés au Sud du Tchad (44,0%) et au Centre (33,5%) qu'au Nord
(9,3%). Pour 100 garçons scolarisés, on a 47 filles
scolarisées au Nord, 72 au Centre et 61 au Sud. Dans l'ensemble, on
enregistre 62 filles scolarisées pour 100 garçons
scolarisés au Tchad en 1996/1997.
Au niveau multivarié, toutes choses
étant égales par ailleurs, il ressort que par rapport au
Sud :
· les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées en
milieu rural qu'en milieu urbain ;
· les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées dans
les ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction élevé et
dans les ménages pauvres que dans les ménages riches ;
· les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont presque identiques dans les
ménages dirigés par les hommes et dans ceux dirigés par
les femmes ;
· les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus grandes chez les
garçons de 6 à 14 ans que chez les filles de 6 à 14 ans
;
· les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées chez
les 10-14 ans que chez les 6-9 ans ;
· quand on compare la situation des enfants de 6 à
9 ans, on s'aperçoit que les disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont presque identiques chez les
filles et chez les garçons. Chez les 10-14 ans, on observe que les
disparités régionales en matière de scolarisation sont
plus importantes chez les garçons que chez les filles ;
· les garçons de 6-9 ans ont à peu
près deux fois plus de chances d'être scolarisés dans
toutes les régions que les filles du même groupe d'âges ;
· les garçons de 10-14 ans du Nord, du Centre et
du Sud ont respectivement 3,2; 2,6 et 3,8 fois plus de chances d'être
scolarisés que les filles de 10-14 ans de la même région
qu'eux.
En somme, le milieu de résidence, le niveau
de vie des ménages, le niveau d'instruction du chef de ménage,
l'âge et le sexe de l'enfant déterminent la scolarisation
différentielle des enfants selon les régions au Tchad.
Sur les quatre hypothèses que nous avons
émises, deux n'ont pas été totalement
confirmées. Il s'agit des hypothèses 2 et 4.
L'hypothèse 2 a été
partiellement vérifiée. Les résultats montrent que les
disparités régionales en
matière de scolarisation des enfants sont plus prononcées dans
les ménages dont le chef a un niveau d'instruction bas que dans les
ménages dont le chef a un niveau d'instruction élevé et
dans les ménages pauvres que dans les ménages riches mais presque
identiques dans les ménages dirigés par les hommes et dans ceux
dirigés par les femmes.
Pour l'hypothèse 4, les résultats
confirment bien l'existence des disparités scolaires entre les enfants
des différentes régions. Mais ces inégalités sont
plutôt plus importantes chez les garçons que chez les filles.
Au regard de ces résultats, nous pouvons
dire que les familles tchadiennes mettent le plus souvent les fillettes
à l'école pour un temps et les retirent ensuite quand elles sont
un peu grandes pour s'occuper de certains travaux. En milieu rural musulman,
l'école moderne n'est pas souvent à l'ordre du jour laissant la
place soit à l'école coranique soit aux activités
agro-pastorales. Chez les chrétiens, les enfants ruraux allient tant
bien que mal l'école et les travaux champêtres. Les garçons
des zones septentrionales sont plus orientés vers le travail que vers
l'école que leurs camarades du Sud à partir de 10 ans. Les
disparités régionales découlent des conditions de vie
défavorables de certains ménages qui choisissent d'occuper
autrement leurs enfants en vue de parer au plus urgent que de les envoyer
à l'école.
Notons aussi que le Nord du Tchad fait partie du
Sahara et de la zone sous-scolarisée du sahel qui s'étend du
Tchad au Sénégal en passant par le Niger, le Burkina Faso, le
Mali et la Guinée. Les ethnies vivant dans ces pays sont en
majorité musulmanes et font partie des sociétés qui se
sont le plus illustrées dans la lutte contre la
pénétration coloniale. Et la scolarisation des enfants est
assimilée à un acte d'avilissement aux colons voire un contact
avec des non-croyants nuisible à l'affermissement de la foi. Au Sud du
Tchad, la création des écoles communautaires francophones et la
présence en nombre relativement élevé des chefs de
ménage de niveau primaire et plus ont contribué à
l'amélioration du niveau de scolarisation. Au Centre du pays, les
facteurs de modernisation (l'instruction des chefs de ménage,
l'urbanisation et le niveau de vie des ménages) ont influencé
positivement la scolarisation des enfants de ladite région.
Malgré ces résultats
significatifs et importants, cette étude présente quelques
limites que nous jugeons utile de mentionner.
· La
première est liée à la pauvreté de notre fichier
qui ne nous a pas permis de prendre en compte directement certaines variables
telles que la religion et l'ethnie.
·
L'absence d'informations permettant d'appréhender les motivations et
stratégies des uns et des autres en matière de scolarisation
ainsi que les raisons de la déscolarisation des filles.
· L'ancienneté de nos données qui ne
prennent pas en compte le nouveau découpage du pays en régions
administratives et partant la nouvelle structure du système
éducatif tchadien.
Cependant, ces limites n'entravent en rien la
pertinence scientifique de ce travail. C'est la raison pour laquelle, au vu des
résultats obtenus, nous nous sommes permis de formuler un certain nombre
de recommandations scientifiques et programmatiques.
Les principales recommandations programmatiques et
scientifiques découlant de cette recherche :
· l'offre scolaire en milieu rural doit être
améliorée par les pouvoirs publics : mise en place et
amélioration des infrastructures scolaires dans toutes les
régions et surtout la création des écoles bilingues dans
les régions habitées majoritairement par des musulmans ;
· le développement des campagnes d'Information,
d'Education et de Communication (IEC) sur les pratiques socioculturelles qui
défavorisent la scolarisation des enfants dans les familles tchadiennes.
Ces programmes viseraient aussi l'amélioration des connaissances des
parents dans le domaine de l'éducation des enfants avec un volet
alphabétisation des chefs de familles ;
· le programme scolaire doit être défini en
tenant compte des aspirations socioculturelles et économiques
régionales ;
· lutter contre la pauvreté des ménages par
une meilleure prise en charge de la demande scolaire des milieux
défavorisés et réduire les coûts d'acquisition des
fournitures scolaires ;
· inciter les autorités coutumières ou
traditionnelles et religieuses de toutes les régions et surtout celles
du Sud du pays à promouvoir le maintien des filles et enfants en
situation nécessitant une protection spéciale à
l'école au moins jusqu'à la fin du cycle primaire ;
· organiser une enquête spécifique sur les
facteurs explicatifs de la scolarisation différentielle des enfants
selon les régions avec un volet qualitatif s'intéressant aux
raisons de la non fréquentation scolaire des enfants de 10 à 14
ans et plus particulièrement à la situation des filles.
Etant à notre première
expérience dans un exercice de recherche, nous ne pouvons que
reconnaître l'existence de nombreuses faiblesses que contient ce travail,
surtout que nous nous sommes confrontés à de nombreux
problèmes au cours de sa réalisation. Nous implorons l'indulgence
du lecteur et restons ouvert aux critiques constructives.
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n°17, vol. 2, pp. 1-22.
82) WAKAM Jean (2002b), "la situation des
enfants orphelins en matière de scolarisation en Afrique. Le cas du
Cameroun", in GENDREAU et al., Jeunesse, vieillesse, démographie et
sociétés, Quatrièmes Journées scientifiques
du Réseau Démographie de l'AUF, Chaire Quetelet 2001,
Académia-bruyant/L'harmattan, Louvain -La-Neuve, pp. 177-195.
83) WAKAM Jean (2003), «Structures
démographiques des ménages et scolarisation des enfants au
Cameroun », in M. COSIO, R. MARCOUX, M. PILON et A. QUESNEL (dir.),
Education, famille et dynamiques démographiques, CICRED, Paris,
pp. 183-217.
84) WAKAM Jean (2005), notes de cours de
population scolaire, année académique 2004-2005, IFORD,
Yaoundé, 55 p.
85) YARO Yacouba (1993), «la
répartition des infrastructures scolaires et les mouvements des jeunes
ruraux vers les villes au Burkina Faso», in Livenais P. et Vaugeade
J.(eds) , Education, changements démographiques et
développement, ORSTOM, Paris, pp. 119-124.
86) YARO Yacouba (1995), «les
stratégies scolaires des ménages au Burkina Faso», in
cahiers des sciences humaines, vol.31, n°3, ORSTOM, Paris,
pp.45-76.
87) ZOUGRANA Cécile et al. (1998), "la
trajectoire scolaire des filles de Bamako.
Un parcours semé d'embûches", in LANGE
Marie-France (éd.), l'école et les filles en Afrique.
Scolarisation sous conditions, Karthala, Paris, pp. 167-196.
ANNEXES
Tableau A 1 : Répartition des
enfants de 6 à 14 ans par région de résidence selon le
niveau d'instruction du chef de ménage au Tchad en
1996/1997
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Ensemble
|
Chef de ménage sans instruction
|
95,7%
|
75,7%
|
52,2%
|
69,4%
|
Chef de ménage de niveau primaire
|
2,6%
|
10,6%
|
39,3%
|
22,3%
|
Chef de ménage de niveau secondaire ou plus
|
1,7%
|
13,7%
|
8,5%
|
8,3%
|
Source : traitement des données de
l'EDS de 1996/1997.
Tableau A 2 : Répartition des
enfants de 6 à 14 ans par région de résidence selon le
niveau de vie du ménage au Tchad en 1996/1997
|
Nord
|
Centre
|
Sud
|
Ensemble
|
Niveau de vie faible
|
72,6%
|
42,9%
|
74,6%
|
65,1%
|
Niveau de vie moyen
|
26,3%
|
42,5%
|
22,4%
|
29,1%
|
Niveau de vie élevé
|
1,0%
|
14,6%
|
2,9%
|
5,8%
|
Source : traitement des données de
l'EDS de 1996/1997.
Tableau A3 : Répartition des
écoles selon le milieu d'implantation en 2000/2001 au
Tchad
|
effectifs
|
pourcentage
|
Ecoles publiques
Milieu urbain
Milieu rural
|
2182
|
54,2%
|
409
1773
|
10,2%
44,0%
|
Ecoles privées
Milieu urbain
Milieu rural
|
297
|
7,3%
|
231
66
|
5,7%
1,6%
|
Ecoles communautaires
Milieu urbain
Milieu rural
|
1549
|
38,5%
|
0
1549
|
0%
38,5%
|
Ensemble
Milieu urbain
Milieu rural
|
|
640
|
15,9%
|
3388
|
84,1%
|
Total
|
4028
|
100%
|
Source : Données statistiques sur
l'éducation, année scolaire 2000/2001 (MEN,
2003).
Tableau A.4 : Répartition des
écoles élémentaires selon l'année de
création en 2000/2001 au Tchad
|
Ecole publique
|
Ecole
privée
|
Ecole communautaire
|
Ensemble
|
Catholique
|
laïque
|
Protestante
|
arabophone
|
bilingue
|
2000
|
15
|
1
|
4
|
1
|
4
|
4
|
86
|
115
|
1999
|
37
|
1
|
3
|
3
|
2
|
0
|
151
|
197
|
1998
|
46
|
1
|
8
|
0
|
6
|
3
|
188
|
252
|
1997
|
47
|
1
|
13
|
6
|
3
|
2
|
168
|
240
|
1996
|
25
|
3
|
9
|
8
|
6
|
4
|
161
|
216
|
1995
|
41
|
1
|
10
|
3
|
4
|
3
|
100
|
162
|
1994
|
25
|
3
|
9
|
2
|
6
|
5
|
57
|
107
|
1993
|
20
|
3
|
5
|
3
|
2
|
1
|
65
|
99
|
1992
|
24
|
2
|
8
|
2
|
3
|
3
|
55
|
97
|
1991
|
34
|
0
|
4
|
2
|
4
|
1
|
52
|
97
|
1980 à 1990
|
908
|
2
|
11
|
4
|
20
|
7
|
416
|
1368
|
1970 à 1980
|
252
|
0
|
1
|
3
|
23
|
4
|
20
|
303
|
1960 à 1970
|
449
|
8
|
0
|
2
|
2
|
0
|
6
|
467
|
Avant 1960
|
245
|
19
|
0
|
0
|
3
|
0
|
2
|
269
|
Non définit
|
14
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
22
|
39
|
Total
|
2182
|
45
|
86
|
39
|
89
|
38
|
1549
|
4028
|
Source : Données statistiques sur
l'éducation, année scolaire 2000/2001 (MEN, 2003).
Tableau A5 : Répartition des
écoles selon la langue d'enseignement en 2000/2001 au
Tchad
|
Langue
d'enseignement
|
Total
|
|
Français
|
Arabe
|
Bilingue
|
publique
|
2127
174
1486
|
20
67
40
|
35
56
23
|
2182
|
Privée
|
297
|
Communautaire
|
1549
|
Ensemble
|
3787
|
127
|
114
|
4028
|
Source : Données statistiques sur
l'éducation, année scolaire 2000/2001 (MEN,
2003).
Tableau A6 : Taux de scolarisation par
sexe, selon le milieu de résidence et la religion au RGPH du Tchad de
1993(en %)
Milieu de
résidence et
religion
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Rapport de
féminité
|
Urbain
Animiste
Catholique
Musulmane
Protestante
Autres
Sans religion
Indéterminé
|
59,4
|
46,4
|
53,0
|
78,1
|
75,1
82,8
43,8
85,6
80,8
72,9
58,3
|
44,1
70,1
27,5
77,2
68,0
48,5
44,3
|
60,6
76,2
36,0
81,3
74,5
62,4
51,6
|
58,7
84,7
62,8
90,2
84,2
66,5
76,0
|
Rural
Animiste
Catholique
Musulmane
Protestante
Autres
Sans religion
Indéterminé
|
35,6
|
16,8
|
26,4
|
47,2
|
48,2
65,5
9,1
75,9
68,7
48,0
34,0
|
13,9
31,1
4,0
42,7
34,8
17,0
14,7
|
31,9
48,4
6,6
59,5
52,8
34,5
24,7
|
22,8
47,5
44,0
56,3
50,7
35,4
43,2
|
Ensemble
Animiste
Catholique
Musulmane
Protestante
Autres
Sans religion
Indéterminé
|
40,4
|
22,8
|
31,8
|
56,4
|
49,6
68,7
17,0
78,2
70,4
51,1
40,3
|
15,4
38,7
9,0
51,2
39,9
20,8
22,4
|
33,4
53,6
13,1
64,7
56,0
37,9
31,7
|
31,1
56,3
52,9
65,5
56,7
40,7
55,6
|
Source : RGPH, volume III : Analyse, Tome
6, Alphabétisation- Scolarisation- Instruction
(RT, 1995).
Tableau A7 : Taux de scolarisation par
milieu de résidence et sexe, selon le grand groupe ethnique au RGPH du
Tchad de 1993(en %)
Grand groupe ethnique
|
Urbain
|
Rural
|
masculin
|
Féminin
|
total
|
masculin
|
féminin
|
total
|
Arabe
Baguirmien
Fitri-Batha
Gorane
Hadjaraï
Kanem-Bornou
Lac Iro
Mayo Kebbi
Ouaddaï
Peul
Sara
Tandjilé
Autres
Divers
Etrangers
Indéterminé
|
40,0
65,1
30,4
45,6
49,6
41,3
58,6
84,8
45,0
39,7
84,0
78,6
44,8
36,9
58,8
53,2
|
25,0
46,3
16,9
24,8
33,5
23,3
28,7
69,1
30,0
20,3
73,2
62,5
32,7
22,5
49,8
47,3
|
32,9
56,0
24,2
35,7
41,9
32,7
44,2
77,0
37,8
30,3
78,4
70,5
39,0
29,9
54,4
50,4
|
4,3
33,2
9,3
10,5
26,4
8,2
27,1
62,1
3,4
2,4
66,1
64,1
10,6
6,3
17,5
20,4
|
2,0
11,0
4,0
5,1
12,5
4,1
8,2
25,4
0,9
0,6
35,9
24,6
5,6
1,8
10,0
7,5
|
3,1
22,5
6,7
7,9
19,4
6,2
17,7
43,9
2,2
1,6
51,5
44,5
8,1
4,1
14,0
14,0
|
Total
|
59,4
|
46,4
|
53,0
|
35,6
|
16,8
|
26,4
|
Source : RGPH, volume III : Analyse, Tome
6, Alphabétisation- Scolarisation- Instruction
(RT, 1995).
Tableau A.8 Rapports de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6 à 9 ans et ceux de 10
à 14 ans en fonction de leur sexe au Tchad en 1996/1997
Sexe de l'enfant
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Enfants de 6 à 9 ans
|
Garçons
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
635
780
1216
|
0,20***
0,84*
m r
6,8%
***
|
0,19***
0,61***
m r
10,9%
***
|
0,19***
0,61***
m r
10,9%
***
|
0,19***
0,61***
m r
10,9%
***
|
0,25***
0,73***
m r
14,6%
***
|
0,25***
0,65***
m r
15,2%
***
|
0,26***
0,67***
m r
15,3%
***
|
Filles
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
698
796
1264
|
0,18***
0,91 ns
m r
5,3%
***
|
0,18***
0,63***
m r
10,3%
***
|
0,19***
0,63***
m r
10,4%
***
|
0,19***
0,63***
m r
10,4%
***
|
0,30***
0,76**
m r
16,3%
***
|
0,27***
0,61***
m r
17,2%
***
|
0,27***
0,61***
m r
17,3%
***
|
Enfants de 10 à 14 ans
|
Garçons
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
546
700
1202
|
0,07***
0,31***
m r
19,0%
***
|
0,06***
0,20***
m r
24,0%
***
|
0,06***
0,19***
m r
24,0%
***
|
0,06***
0,19***
m r
24,1%
***
|
0,08***
0,22***
m r
28,2%
***
|
0,08***
0,18***
m r
29,6%
***
|
0,08***
0,18***
m r
29,6%
***
|
Filles
|
|
Nord
Centre
Sud
Pseudo R2
Niv.de signif
|
603
624
1134
|
0,09***
0,68***
m r
11,2%
***
|
0,09***
0,42***
m r
17,0%
***
|
0,09***
0,42***
m r
17,0%
***
|
0,09***
0,42***
m r
17,3%
***
|
0,13***
0,46***
m r
24,7%
***
|
0,12***
0,39***
m r
25,5%
***
|
0,13***
0,41***
m r
25,7%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : milieu de résidence
B : sexe du chef de ménage
C : âge du chef de ménage
D : niveau d'instruction du CM
E : niveau de vie du ménage
F : taille du ménage et nombre d'enfants de moins de 5
ans.
|
Source : traitement des données EDST de
1996/1997
Tableau A.9 Rapports de chances de
fréquentation scolaire des filles et des garçons de 6 à 9
ans et ceux de 10 à 14 ans par région de résidence en
fonction de leur âge au Tchad en 1996/1997 .
Région de résidence
|
Rapports de chances par rapport
à la modalité de référence
|
effectifs
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A à B
|
A à C
|
A à D
|
A à E
|
A à F
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
Enfants de 6 à 9 ans
|
Nord
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
635
698
|
1,91***
m r
0,8%
***
|
1,86***
m r
6,0%
***
|
1,87***
m r
6,0 %
***
|
1,87***
m r
6,1%
***
|
2,02***
m r
7,7%
***
|
2,06***
m r
8,1%
***
|
2,09***
m r
8,3%
***
|
Centre
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
780
796
|
1,64***
m r
1,3%
***
|
1,71***
m r
11,5%
***
|
1,71***
m r
11,5%
***
|
1,72***
m r
11,7%
***
|
2,22***
m r
25,2%
***
|
2,29***
m r
26,9%
***
|
2,28***
m r
27,0%
***
|
Sud
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
1216
1264
|
1,79***
m r
1,8%
***
|
1,82***
m r
3,8%
***
|
1,81***
m r
3,9%
***
|
1,82***
m r
4,0%
***
|
1,91***
m r
6,6%
***
|
1,85***
m r
6,8%
***
|
1,86***
m r
7,0%
***
|
Enfants de 10 à 14 ans
|
Nord
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
546
603
|
2,85***
m r
2,3%
***
|
2,97***
m r
12,2%
***
|
2,96***
m r
12,2%
***
|
2,96***
m r
12,2%
***
|
3,11***
m r
13,4%
***
|
3,19***
m r
14,3%
***
|
3,24***
m r
14,6%
***
|
Centre
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
700
624
|
1,59***
m r
1,2%
***
|
1,77***
m r
15,6%
***
|
1,79***
m r
15,7%
***
|
1,79***
m r
15,8%
***
|
2,61***
m r
30,6%
***
|
2,63***
m r
33,8%
***
|
2,75***
m r
34,4%
***
|
Sud
|
|
Garçons
Filles
Pseudo R2
significativité
|
1202
1134
|
3,45***
m r
8,6%
***
|
3,54***
m r
10,1%
***
|
3,54***
m r
10,1%
***
|
3,54***
m r
10,6%
***
|
3,70***
m r
14,2%
***
|
3,74***
m r
14,5%
***
|
3,75***
m r
14,8%
***
|
Notes : m r (modalité de référence) :
correspond à 1,00.
ns : non significatif ;* : significatif au seuil de
10%;** significatif au seuil de 5%; *** significatif au seuil de 1%.
A : milieu de résidence
B : sexe du chef de ménage
C : âge du chef de ménage
D : niveau d'instruction du CM
E : niveau de vie du ménage
F : taille du ménage et nombre d'enfants de moins de 5
ans.
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Source : traitement des données EDST de
1996/1997
* 1 Il est à noter
qu'un nouveau découpage en 29 DDEN (Délégation
Départementale de l'Education Nationale) est déjà
opérationnel depuis l'année scolaire 2000/2001.
* 2 Le complément
(100-TRi) correspond au taux de scolarisation dans la région i.
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