RÉSUMÉ
Le projet ITER a pour but de contrôler la fusion de
noyaux d'hydrogène afin de produire de l'énergie. Un plasma chaud
d'hydrogène est confiné magnétiquement au coeur de la
machine de fusion (tokamak). Pour chauffer ce plasma on utilise des faisceaux
d'hydrogène atomique H énergétiques produits à
partir de faisceaux d'ions négatifs H- neutralisés. Le
développement de sources d'ions négatifs est donc primordial pour
la fusion. En plasma d'hydrogène, les ions négatifs H- sont
produits en volume mais peuvent également être produits en
surface. Ce phénomène a peu été
étudié dans la communauté plasma c'est pourquoi nous nous
y intéressons.
Afin d'augmenter la production des ions négatifs en
surface, on dépose sur les surfaces du césium, en raison de sa
propriété de réduire le travail de sortie. Il augmente le
rendement de la production des ions négatifs en surface, mais le
césium peut échapper à la source d'ions et polluer la
décharge.
Notre étude concerne le graphite, un des plus
prometteurs matériaux destinés à être
utilisés comme matériaux de surface. Notre but est de comprendre
le mécanisme de formation des ions négatifs sur cette surface par
bombardement d'ions positifs du plasma.
A l'aide d'un spectromètre de masse (EQP 300) dans le
réacteur helicon « PHISIS » et d'une sonde de langmuir, nous
avons mesuré des distributions d'ions négatifs. Notre plasma est
excité à basse énergie, en régime capacitif et
inductif, avec deux gaz (D2 et H2), le deutérium est utilisé pour
son effet isotopique.
Nous mesurons les fonctions de distributions résolues
en énergie (IEDF en anglais) pour des ions négatifs H- et D-.
Nous avons obtenus des spectres qui montrent la présence de plusieurs
mécanismes de création, sur la surface à partir des
neutres ou des ions positifs, et/ou dans le volume à partir de
l'hydrogène.
MOTS CLES : Plasma, helicon, negative ions, mass spectrometer,
argon, hydrogen, graphite, plasma-surface physics.
Remerciements
Ce travail a été effectué au laboratoire
PIIM (Physique des Interactions et Ionisations Moléculaires), Equipe
plasma-surface, je tiens à exprimer toute ma gratitude à Monsieur
R. STAMP, directeur e tMonsieur J.M. LAYET, responsable équipe plasma
surface, pour l'amabilité de son accueil et l'attention constante qu'il
a porté à la progression de cette étude.
Que Monsieur BENDERDOUCHE N., qui a bien voulu accepter la
présidence du jury de soutenance, trouve ici l'expression de ma
reconnaissance.
J'exprime ma gratitude à Messieurs BELOUATHEK A. et
BENOSTHMANE A., qui, malgré de lourdes charges ont accepté de
juger ce travail.
C'est sous la direction de Mr. TERKI HASSAINE M., responsable
au laboratoire LEOG (Laboratoire Electronique des Ondes Guidées) que
j'ai réalisé cette étude et, qui a accepté
d'être encadreur de ce travail, qu'il en soit remercié.
Je tiens à remercier plus particulièrement, M.
CARRERE et G. CARTRY pour leurs aides précieuses tout au long de mon
travail. Ils ont su répondre à la fois aux questions
théoriques que nous nous posions et proposer des solutions aux
problèmes expérimentaux. Notre collaboration, leurs
encouragements et suggestions très constructifs, ont permis
l'aboutissement de ce travail. Qu'ils veuillent bien trouver ici, le
témoignage de mon amical gratitude. Je remercie encore Gill pour son
aide à la rédaction de ce mémoire.
Que soit chaleureusement associé à ces
remerciements, L. SHIESKO pour ses conseils et sa disponibilité tout au
long de notre travail. Merci BENI.
Je n'oublie pas dans ces remerciement les autres membres de
l'équipe : Sédrick, Patrick, Thierry ANGOT, Jean-Pierre LEGRE,
Etienne, Joe et Jean-Bernard FAURE, qui ont contribué à la bonne
ambiance de l'équipe. Merci à tous !
J'exprime aussi toute mon amitié à D. CHANDRA
et S. FUTATANI, en souvenir de très bons moments passés
ensemble.
Que tous ceux qui, par leur gentillesse et leur bonne humeur,
ont contribué à créer une excellente ambiance de travail
sachent combien elle m'a été agréable.
Ce mémoire n'aurait pu être
réalisé sans le soutien moral du professeur S. BENKADDA,
et de mon père.
Merci encore une fois pour votre aide dans ma nouvelle
vie.
Table des matières
Table des matières
Avant Propos
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1
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I. Introduction
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3
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I.1 La fission et la fusion
|
3
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I.2 La fusion magnétique
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4
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I.3 Le projet ITER
|
6
|
I.3.1 Historique
|
6
|
I.3.2 Description du projet
|
7
|
I.3.3 Perspective
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9
|
I.4 Problématique IDN
|
10
|
I.4.1 Le chauffage du plasma
|
10
|
I.4.2 Le chauffage par injection de neutre
|
10
|
I.5 Présentation du travail
|
11
|
I.5.1 Aspect historique
|
12
|
I.5.2 Travail actuel
|
12
|
|
|
II. Notions fondamentales sur les plasmas
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14
|
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II.1 Introduction
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14
|
II.1.1 Définition
|
14
|
II.2 Comportement du plasma
|
15
|
II.3 Taux d'ionisation
|
16
|
II.4 Température électronique
|
17
|
II.5 Longueur de Debye
|
19
|
II.6 La gaine
|
20
|
II.7 Conclusion
|
22
|
|
|
III. Dispositif expérimental et
diagnostics
|
23
|
|
|
III.1 Le réacteur Helicion Phisis:
|
23
|
III.1.1 Bref historique
|
23
|
III.1.2 Description du réacteur
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24
|
III.2 DIAGNOSTICS UTILISES
|
28
|
III.2.1 Les sondes de Langmuir
|
28
|
III.2.2 La spectrométrie de masse
|
34
|
Table des matières
III.3 PARAMETRES EXPERIMENTAUX
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37
|
III.3.1 Pompage de gaz et pression
|
37
|
III.3.2 Paramètres générateurs RF
|
38
|
III.3.3 Echantillon
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38
|
III.4 CONCLUSION
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38
|
IV. Mesures expérimentales
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39
|
|
|
IV.1 INTRODUCTION
|
39
|
IV.2 ETUDE DES IONS POSITIFS
|
40
|
IV.2.1 Mécanisme de création des ions positifs
|
40
|
IV.2.2 Exemple et méthode d'acquisition des FDI
|
41
|
IV.2.3 Rôle de la pression sur la concentration des
différents types ions
|
43
|
IV.2.4 Rôle de la puissance
|
48
|
IV.2.5 Tableau récapitulatif et conclusion
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53
|
IV.3 PLASMAS MELANGE HELIUM - HYDROGENE
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54
|
IV.3.1 Introduction
|
54
|
IV.3.2 Influence du pourcentage d'Hélium dans le
mélange
|
55
|
IV.3.3 Conclusion
|
57
|
IV.4 PLASMAS MELANGE ARGON - HYDROGENE
|
57
|
IV.4.1 Introduction
|
57
|
IV.4.2 Influence du pourcentage d'argon dans le mélange
|
59
|
IV.4.3 Influence du réglage du spectromètre
|
61
|
IV.4.4 Le rôle de la puissance sur le pourcentage d'ions
hydrogénoides
|
62
|
IV.4.5 Interprétation des résultats
|
64
|
IV.4.6 Conclusion
|
64
|
IV.5 ETUDE DES IONS NEGATIFS
|
65
|
IV.5.1 Introduction
|
65
|
IV.5.2 Transmission des ions négatifs dans le
spectromètre
|
66
|
IV.5.3 Les fonctions de distribution des ions négatifs
|
68
|
IV.5.4 Interprétation
|
71
|
IV.5.5 Conclusion
|
77
|
|
|
V. Conclusion générale
|
78
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|
Annexe
|
82
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|
Bibliographie
|
90
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|
- 1 -
Avant propos
AVANT-PROPOS
Dans toutes les régions du monde, la consommation
d'énergie est en constance progression. Cette augmentation est
particulièrement forte dans les pays en voie de développement
où la croissance économique est élevée et
s'accélère. Elle pourrait atteindre en 2050, deux à trois
fois la consommation actuelle. L'épuisement des combustibles fossiles
(dont le pic de production se situerait autour de 2030-2050), et l'adaptation
difficile des énergies renouvelables à une production
d'énergie centralisée capable de subvenir aux besoins des
régions ou des pays à forte densité de population rendent
indispensable le développement de nouvelles énergies. Ce qui a
conduit à l'utilisation de sources énergétiques pouvant
fournir une importante densité énergétique : plus grande
quantité d'énergie pour une masse de matière
donnée.
Ces nouvelles formes d'énergie devront bien
évidemment satisfaire des critères économiques mais aussi
prendre en compte des exigences en termes d'environnement, de
sûreté de fonctionnement, de disponibilité des ressources.
Le nucléaire répond en partie à l'ensemble de ces
exigences. Contrairement à la production d'électricité
fondée sur la combustion du pétrole, du gaz ou du charbon, le
nucléaire ne rejette ni gaz à effet de serre, ni polluant acide,
ni poussières. A condition d'assurer une gestion des
déchets radioactifs qui soit sûre, claire et
rigoureuse.
La préparation du futur conduit donc à
s'interroger sur la nature et le type de nouveaux réacteurs
maîtrisant l'impact des installations nucléaires, surtout par un
contrôle de la gestion des déchets radioactifs. La mise en oeuvre
de la fusion thermonucléaire contrôlée pour la production
d'énergie requiert encore considérablement d'effort.
Ces nouveaux défis seront relevés et mis en
oeuvre par le projet de réacteur international ITER,
dernière étape de recherche avant la construction d'un prototype
industriel de réacteur à fusion thermonucléaire
contrôlée.
Les recherches progressent de façon considérable
ces dernières années dans tous les domaines, que cela soit au
niveau de la physique, des matériaux, des technologies et sur l'image
d'un réacteur électrogène de fusion du futur.
- 2 -
Avant propos
Différents acteurs répondent à ce souci,
en s'efforçant d'atteindre une taille critique suffisante pour mener sur
plusieurs installations expérimentales, dans des conditions de
compétitivité optimales, les opérations d'envergure
relatives au lancement de nouvelles générations de
réacteurs. Ainsi par exemple, JET se consacre
plutôt à la physique des plasmas performants sur des temps courts
(quelques secondes). La machine Tore Supra, plus
spécialisée sur la maîtrise des plasmas moins performants
mais sur des durées beaucoup plus importantes (2 minutes et plus). Enfin
ITER (International
Thermonuclear Experimental
Reactor), prochaine installation expérimentale, un
pas supplémentaire sur la maîtrise de la combustion entretenue
d'un plasma deutérium-tritium sur des temps longs.
Le projet ITER a pour but de contrôler
la fusion de noyaux d'hydrogène afin de produire de l'énergie. Le
laboratoire de Physique des Interactions Ioniques et Moléculaires
(PIIM), dont la vocation est de développer des
recherches fondamentales s'inscrit pleinement dans cet axe. Il doit être
porteurs de concepts nouveaux, de maitriser des technologies fondamentales
avancées, développer d'importantes modélisations,
permettant un certain nombre d'investigations sur les propriétés
de plasma chaud d'hydrogène (Interaction non linéaire,
contrôle du chaos, transport non diffusif, sources d'ions
négatifs...).
L'équipe Plasma-Surface du laboratoire PIIM
a pour mission d'étudier les interactions des plasmas
d'hydrogène avec les matériaux d'intérêt pour la
fusion. En particulier elle s'intéresse à la production d'ions
négatifs en surface en plasma d'hydrogène. Elle se doit de
renforcer et d'étendre sa compréhension sur les mécanismes
de formation des ions négatifs et les paramètres
influençant leurs productions.
Les résultats exposés ici constituent une
étape d'un long travail, à l'aide d'un réacteur plasma
radio-fréquence (RF) de type hélicon, développé par
le laboratoire, qui doit amener à mieux comprendre les problèmes
de production de l'énergie par plasma chaud d'hydrogène,
confiné magnétiquement au coeur de la machine de fusion
(tokamak).
Chapitre I Introduction
- 3 -
CHAPITRE I
INTRODUCTION
Ce chapitre introduira la problématique du sujet, en
précisant quelques notions sur la production d'électricité
nucléaire, notamment le projet ITER.
1.1 LA FISSION ET LA FUSION:
La fission et la fusion sont deux processus différents
; elles n'ont guère autre chose en commun que de faire interagir des
noyaux d'atomes. Deux grands types de réactions nucléaires
faisant baisser la masse et libérant donc de l'énergie sont
possibles :
? A partir de noyaux d'atomes très légers
(exemple le deutérium et le tritium) pour construire des atomes plus
lourds, c'est la fusion.
? A partir du noyau d'un atome suffisamment lourd (par exemple
l'atome d'uranium) pour en faire des atomes plus légers, c'est la
fission.
Fig. 1.1 Types de réaction
nucléaire
a) Fusion de deux noyaux légers b) Fission d'un noyau
lourd
L'énergie nucléaire par fission est actuellement
une importante source de production d'électricité sans
émissions de carbone. Toutefois, ses aspects économiques actuels
en font une option peu attrayante pour de nouvelles capacités de
production sans émissions de carbone, face à des risques majeurs
tels que : le risque d'explosion ; le problème du stockage et de
l'élimination des déchets.
Chapitre I Introduction
- 4 -
Ambitionnant de produire une énergie propre et
sûre en recréant sur Terre les mécanismes à l'oeuvre
au coeur des étoiles, le concept de la fusion par confinement
magnétique, que des physiciens enthousiastes avaient imprudemment
prédit pour l'an 2000, et avaient ainsi fortement sous-estimé les
difficultés que la nature mettrait sur leur chemin.
Il est largement temps de mettre en oeuvre aussi vite que
possible, toutes les connaissances acquises afin de finaliser ce projet, dont
le développement doit demander encore une cinquantaine d'années.
Certains experts affirment qu'à ce rythme, il pourra difficilement
donner lieu à une production significative d'électricité
au plan mondial avant la fin du siècle.
1.2 LA FUSION MAGNETIQUE :
Pour obtenir une réaction de fusion, il faut rapprocher
suffisamment deux noyaux qui, puisqu'ils sont tous deux chargés
positivement, se repoussent. Une certaine énergie est donc indispensable
pour franchir cette barrière et arriver dans la zone, très proche
du noyau, où se manifestent les forces nucléaires capables de
l'emporter sur la répulsion électrostatique. La
probabilité de passage de cette barrière peut être
quantifiée par la "section efficace".
Fig. 1.2 Variation des sections efficaces en fonction de
l'énergie d'interaction (keV)
(Document CEA)
Chapitre I Introduction
- 5 -
Ce graphe nous montre que lorsque des noyaux légers se
rencontrent de façon suffisamment violente, ils fusionnent et produisent
la réaction de fusion. La plus plausible reste la réaction
mettant en oeuvre le Deutérium et Tritium qui a la plus grande section
efficace et c'est la seule envisagée. Car les réactions H/H ont
des seuils énergétiques élevés, mais pour des
raisons de facilité et de sécurité la plupart des
études menées jusqu'à présent se font en H2 ou D2.
Ils créent des noyaux un peu plus lourds (des noyaux d'Hélium
aussi appelés " particules alpha ") et en libérant une
quantité d'énergie considérable sous forme de particules
rapides, Hélium et neutrons.
C'est sur cette réaction que se concentrent les
recherches sur la fusion contrôlée `projet ITER'.
Ces réactions ne sont pas des réactions de
combustion (pas de production de CO2 associée), ni des réactions
nucléaires de fission (pas d'utilisation de produits
d'éléments radioactifs de longue période). Ce sont ces
deux points qui permettent de qualifier cette énergie de "propre". La
domestiquer serait, si on y parvient, une alternative considérable
à nos sources actuelles d'énergie non renouvelables.
Pour déclencher et entretenir les réactions de
fusion, il faut des conditions de température et de pressions
extraordinaires. A de telles situations, les électrons se sont
détachés complètement du noyau ; on dit que l'atome
s'ionise et l'on entre alors, dans le quatrième état de la
matière, l'état de plasma.
Celles-ci sont naturellement remplies au coeur des
étoiles, les particules étant comprimées très
fortement les unes contre les autres par la pesanteur qui y règne. Sur
Terre, nous n'avons pas cette facilité, et il faut déployer des
efforts considérables pour créer les conditions favorables
à la fusion.
Lorsque l'on chauffe le plasma que constituent les particules
légères, celui-ci tend naturellement à se dilater, ce qui
s'oppose à l'augmentation de pression recherchée. Pour
empêcher cette dilatation et parvenir à la fusion, il faut donc
être capable de confiner le plasma au centre de la machine pendant une
durée suffisamment longue.
La pesanteur des étoiles est ici remplacée par
un champ magnétique extrêmement fort qui s'oppose, malgré
la forte température, à l'expansion du plasma. En piégeant
les particules, ce champ magnétique évite au plasma de se dilater
jusqu'au contact des parois physiques de la machine : si cela arrivait, le
plasma serait en effet refroidi et pollué, ce qui aurait pour
conséquence immédiate d'arrêter les réactions de
fusion.
Chapitre I Introduction
- 6 -
Chapitre I Introduction
Mais force est de reconnaître qu'au stade actuel de nos
connaissances, si la majorité des phénomènes limitant la
durée du confinement dans les machines existantes sont connus, plusieurs
inconnues demeurent, comme :
? L'extrapolation de ce qu'on sait pour les " petites "
machines actuelles aux tailles des futurs réacteurs opérationnels
(mais on attend là peu de surprises car le changement d'échelle
est moins important que celui qu'on a connu lors de la construction des
machines actuelles);
? L'étude du comportement d'une machine où le
chauffage est principalement créé par la réaction de
fusion et non pas injecté de l'extérieur.
1.3 LE PROJET ITER :
Grâce aux résultats remarquables obtenus ces
dernières années, la communauté des chercheurs et
ingénieurs impliqués dans les études sur la fusion
contrôlée magnétique est maintenant prête à
effectuer un pas supplémentaire : Démontrer, par un choix d'une
« grande » machine pour la fusion magnétique, la
maîtrise de la combustion entretenue d'un plasma deutérium-tritium
sur des temps longs. La recherche dans les machines actuelles de taille modeste
a rempli son office et elle touche maintenant au but.
Toutes les expériences réalisées
jusqu'ici, appuyées par les simulations, montrent que les
réacteurs devront avoir environ une taille optimale pour produire
l'électricité de façon efficace (augmenter le rapport
volume/ surface du plasma confiné et limiter les pertes).
Il s'agit maintenant de construire une machine de recherche
afin de comprendre et de régler les différents problèmes
avant de passer au stade opérationnel, tels que : la maîtrise des
réactions de fusion proprement dites, la production des
éléments devant fusionner, la tenue des matériaux des
enceintes de confinement. C'est l'objectif principal d'ITER (International
Thermonuclear Experimental Reactor), la prochaine installation
expérimentale, qui aura à peu près la taille de ces
futures machines, et doit constituer une étape que ses acteurs
espèrent déterminante dans le programme déjà
engagé vers la " fusion magnétique " et permettre de
répondre à ces questions fondamentales.
1.3.1 Historique :
Le projet est né en Novembre 1985, l'Union
Soviétique propose de construire la prochaine génération
de tokamak sur la base d'une collaboration intégrant les trois autres
partenaires majeurs du programme fusion (les Etats-Unis, l'Europe et le
Japon).
- 7 -
Un tokamak est une chambre de confinement
magnétique inventé au début des années 1950 par les
Russes Igor Tamm et Andreï Sakharov. Elle est destinée à
contrôler un plasma pour étudier la possibilité de la
production d'énergie par fusion nucléaire. Ce terme vient du
russe « toroidal'naja kamera magnetnymi katushkami », en
français : chambre toroïdale avec bobines magnétiques.
Il s'agit d'une technologie de recherche expérimentale.
L'objectif à long terme est de produire de l'électricité
en récupérant la chaleur qui serait produite par la
réaction de fusion nucléaire.
La première phase d'études et
d'ingénierie d'ITER démarre en avril 1988 et s'achève en
décembre 1990. La phase suivante ou phase de coordination des
activités techniques est achevé fin 2002. Elle a pour objectif de
préparer les procédures nécessaires pour la construction
et l'exploitation en commun d'ITER et du choix du site porté sur
Cadarache.
La phase de construction d'une durée de 8 à 10
ans a débuté en 2005 et les premiers plasmas d'ITER sont
envisagés en 2015. La phase d'exploitation devrait durer un minimum de
20 ans.
1.3.2 Description du projet :
Le tableau ci-dessous décrit les principaux
paramètres du projet, par comparaison aux autres machines :
Paramètres
|
Tore Supra
|
JET
|
ITER
|
Grand rayon du plasma (m)
|
2.25
|
3
|
6.21
|
Petit rayon du plasma (m)
|
0.7
|
1.25
|
2.0
|
Volume du plasma (m3)
|
25
|
155
|
837
|
Courant plasma (MA)
|
1.7
|
5-7
|
15
|
Champ magnétique (T)
|
4.5
|
3.4
|
5.3
|
Durée des impulsions (s)
|
120 s
|
10
|
> 300 s
|
Type de Plasma
|
D-D
|
D-D / D-T
|
D-T
|
Puissance thermonucléaire (Pth)
|
~ kW
|
50kW/ 10MW
|
500 MW
|
Q = Pth / puissance de chauffage
|
~ 0
|
~1
|
>10
|
Puissance neutronique au bord
|
20 W/m2
|
60 kW/m2
|
0.57 MW/m2
|
Tableau 1.1 Paramètres ITER (Document
CEA)
Chapitre I Introduction
- 8 -
L'évolution au cours du temps de la taille des machines
(coupe du plasma) de type Tokamak est indiquée sur la figure
ci-dessous.
R=grand rayon du plasma a=petit rayon du plasma
Figure 1.3 Evolution de la taille des
réacteurs expérimentaux
ITER sera un Tokamak supraconducteur de taille sans
précédent. L'utilisation d'aimants supraconducteurs permet
l'accès aux décharges de longue durée.
Chapitre I Introduction
- 9 -
1.3.3 Perspective :
En parallèle avec l'aspect recherche fondamentale bien
balisé dont on vient de parler, ITER sera également, et
même surtout, une machine de développement technologique. Il reste
en effet à résoudre plusieurs problèmes technologiques,
concernant les bobines supraconductrices qui créent le champ
magnétique confinant le plasma, la maintenance robotisée et les
matériaux.
Le revêtement de la " première paroi " sera
soumis à un flux de chaleur comparable à celui au niveau de la
surface du soleil. L'acier de la structure doit être adapté au
flux de neutrons, c'est-à-dire être à " basse activation ",
pour que la radioactivité secondaire induite par les collisions sur
cette paroi soit de courte période, pour ne pas perdre l'avantage de la
non production directe de déchets radioactifs.
Le choix des matériaux de paroi adapté au flux
de neutrons et sans effet secondaire de productions radioactifs de courte
période demeure l'objet essentiel des recherches technologiques
engagées. Actuellement, pour les parties qui reçoivent les plus
gros flux de chaleur et de particule, on utilise pour ces excellentes
propriétés thermiques et mécaniques, du carbone sous forme
de fibres graphitiques. C'est aussi un matériau à faible Z qui
n'entraîne pas une forte perte énergétique par rayonnement
lorsqu'il pollue le plasma.
Mais le carbone a ces défauts :
* Il s'érode sous le flux de particules
* Les produits d'érosion forment des molécules
d'hydrocarbures (CxHy) qui vont se déposer dans des zones non soumises
au flux de particules. Dans le cas de l'hydrogène ça n'est pas
grave mais dans le cas du tritium c'est rédhibitoire. En effet le
tritium est radioactif et on ne peut pas se permettre d'en perdre dans la
machine.
* Le carbone érodé forme aussi des
poussières (grosses chaines carbonées contenant de
l'hydrogène) qui pourrait exploser en cas d'entrée d'air dans la
machine.
Tous ces sujets sont des axes de recherche, l'érosion
par exemple est un des points d'études de l'équipe Plasma Surface
du laboratoire PIIM.
Chapitre I Introduction
- 10 -
1.4 PROBLEMATIQUE IDN (ou NBI):
H + e ? ? ?? H ? +
H
1.4.1 Le chauffage du plasma :
Quelle que soit la façon dont on a créé
le plasma à l'intérieur d'une structure de confinement, il n'a
jamais d'emblée la température requise pour les réactions
de fusion. Trois méthodes sont possibles pour chauffer un plasma :
? le courant circulant dans le plasma sert également
à chauffer le plasma par effet Joule. Ce dernier reste efficace
jusqu'à une température de l'ordre de 10 millions de
degrés. Au delà, la résistivité du plasma devient
trop faible et l'efficacité de cette méthode
décroît.
? le plasma peut absorber l'énergie d'ondes
électromagnétiques aux fréquences caractéristiques
du milieu. Ce chauffage par ondes électromagnétiques est transmis
au plasma par des antennes qui tapissent une partie de l'enceinte de
confinement. Le choix de la fréquence permet de définir
l'espèce de particules (ions ou électrons) qui sera
chauffée et la région où se fera l'absorption de l'onde et
donc le chauffage.
? le chauffage par injection de neutres consiste à
créer et accélérer un faisceau d'ions, en dehors de la
machine de confinement. Ce faisceau est ensuite neutralisé avant de
pénétrer dans le plasma où les particules sont
ionisées et confinées par le champ magnétique. Les
collisions redistribuent l'énergie et la température du plasma
augmente.
H + + surf ? ?? H ?
1.4.2 Le chauffage par injection de neutre
:
Dans le cas du tokamak ITER, le plasma est chauffé par
injection de neutres IDN (les anglo-saxons disent NBI : Neutral Beam
Injection), qui reste actuellement la méthode
préférée pour le chauffage des tokamaks, Pour cela :
1. il faut une source de neutre qui est
généralement un plasma froid, situé en dehors du tokamak,
et dans lequel des ions négatifs sont crées en volume et/ou en
surface [1] :
2
? en volume par l'attachement dissociatif :
(1.1)
x
? en surface par le bombardement de particules
énergétiques:
o La capture de deux électrons par un ion positif incident
:
+ ... (1.2)
o
Chapitre I Introduction
- 11 -
La simple capture d'un électron par un atome
énergétique incident
H + surf H- + ... (1.3)
o La pulvérisation d'un atome adsorbé sous forme
d'un ion négatif : (1.4)
H+x + Hads H- + ... (1.5)
2. La deuxième étape consiste à extraire
et à accélérer, les ions ainsi crées, par un champ
électrique entre la grille du plasma et l'accélérateur.
3. En dernière phase, ils seront neutralisés
dans une cellule de gaz qui est aussi appelée `Neutralisateur'. Le
faisceau de neutre résultant passe à travers le champ
magnétique du tokamak et rentre dans le plasma thermonucléaire en
lui transférant son énergie par collisions.
Généralement, afin d'augmenter la production des
ions négatifs en surface, on dépose sur les surfaces du
césium [2,3]. En effet, en raison de sa propriété de
réduire le travail de sortie, le césium permet ainsi d'encourager
et d'augmenter le rendement de la production des ions négatifs en
surface. Toutefois, le césium peut échapper à la source
d'ions et polluer la décharge et contaminer l'accélérateur
d'injection du faisceau de neutre.
Un important effort de recherche est actuellement entrepris
pour développer une source de production d'ions négatifs sans
césium. Le graphite est un des plus prometteurs matériaux
destinés à être utilisés comme matériaux de
surface. En effet, il peut être source de production d'ions
négatifs par bombardement d'ions positifs H+ [4,5,6]
D'où l'importance d'un travail de recherche en amont
qui consiste à produire des ions négatifs, dans un environnement
plasma d'hydrogène, en surface d'un matériau échantillon
en graphite à source sans césium. Cette étude est une des
préoccupations majeures de l'équipe plasma-surface du laboratoire
PIIM.
1.5 PRESENTATION DU TRAVAIL:
Le développement de sources d'ions négatifs est
donc primordial pour la fusion, les phénomènes de production des
ions en surface sont peu étudiés dans la communauté plasma
c'est pourquoi nous nous y intéressons.
Chapitre I Introduction
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1.5.1 Aspect historique :
Les observations de ces ions négatifs induits par
faisceaux d'ions positifs sont assez nombreuses. Elles ont été
commencées durant une même période par M. Maazouz et al.
[7] et P. Wurz et al. [8].
Le premier a montré une conversion de 1 à 6% du
faisceau d'ions d'hydrogène en ions négatifs et ce, pour une
énergie de 1keV et 4 keV, en fonction de l'angle d'incidence avec la
surface. Dans [8] P. Wurz et al. confirme l'observation d'un pourcentage de
conversion de 5,5% pour l'hydrogène et de 29% pour la conversion
d'oxygène.
Afin d'améliorer la densité du rayonnement des
neutres, Kraus [9] a ajouté une petite quantité d'argon (20%)
à la chambre de l'hydrogène : Une amélioration de plus de
30% dans la production d'ions négatifs a été
observée.
Hopkins [10] a confirmé l'effet d'argon sur la
production des ions négatifs, mais en appliquant un potentiel RF
à la grille d'extraction (2 à 10 kHz), il a pu obtenir une
augmentation conséquente, multiplié par un facteur 4 sur les
précédents résultats.
Des travaux des mesures des ions négatifs dans
différents types de plasma à basse pression ont été
également faits. On citera Stoffels [11], Kono [12] et Wada [13].
Sur la formation des ions négatifs en surface sans
césium dans un plasma, très peu d'études [14,15,16] ont
été élaborés. Des résultats
différents sont donnés parce qu'au niveau de la paroi du plasma,
l'énergie des particules ioniques à trajectoire perpendiculaire
à la surface varient de quelques eV à une centaine eV et,
également pour cause de synergie qui peut avoir lieu entre les ions et
les neutres.
1.5.2 Travail actuel :
Ici, le plasma sera obtenu à partir d'un
réacteur Hélicon classique, à basse puissance RF
injectée, dans un régime capacitif
Le chapitre III donnera une description
détaillée du réacteur Phisis,
réacteur de type Hélicon de l'équipe Plasma-Surface. Dans
le but d'effectuer des mesures sur les ions, il est indispensable de
connaître précisément le plasma, et donc de mesurer
certains paramètres importants, tels que la densité, la
température électronique et le potentiel plasma. Ces
données seront obtenues par des sondes de Langmuir décrites dans
ce même chapitre.
Le deuxième diagnostic, dont nous disposons sur le
réacteur Phisis, est un spectromètre de masse doté d'un
secteur d'analyse en énergie (Hiden EQP 300). Cet outil peut fournir
une
Chapitre I Introduction
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quantité importante d'informations sur les constituants
du plasma, à savoir les espèces neutres (atomes,
molécules, radicaux) et les ions, positifs ou négatifs.
Avant d'entamer cette partie descriptive de
l'expérience, il nous a paru nécessaire de préciser en
chapitre II, quelques notions fondamentales sur la physique des plasmas et,
définir des caractéristiques importantes comme la
température électronique, la longueur de Debye.
Dans le but de ne pas alourdir ce chapitre, la partie
théorique sur les différents modes de couplage,
phénomènes de transition de la puissance au plasma, a
été renvoyée en annexe du document. Les trois
régimes distincts (capacitif à basse puissance, appelé
mode E, inductif pour des puissances plus élevées, appelé
mode H et régime hélicon, pour des fortes puissances,
appelé mode W) seront étudiés.
Le chapitre IV analyse la génération des ions
négatifs en surface, en plasma d'hydrogène et du
deutérium. Notre but est de comprendre le mécanisme de formation
des ions négatifs sur une surface de graphite HOPG sans césium,
en plasma d'hydrogène et de deutérium et d'essayer de donner une
interprétation de la fonction de distribution ionique (IEDF) en
corrélation avec les ions positifs présents dans le plasma. Nous
commençons donc ce chapitre par une étude des ions positifs. La
seconde partie est consacrée aux ions négatifs et à leur
IEDF.
Chapitre II Notions fondamentales sur les plasmas
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