I.1.2. Production et
consommation de soja en R.D.C
L'introduction du soja en RDC date des années 1915
(Vandenput, 1981). Sa production dans ce pays répond au besoin de
résolution de la malnutrition protéique des couches les plus
pauvres de la population.
Contrairement à son importance dans le monde, le soja
est encore une culture secondaire en RDC. Il est à noter toutefois que
sa production est sans cesse croissante dans les milieux ruraux. Cet
accroissement est le fruit de beaucoup de vulgarisation par les ONGs, les
Associations et d'autres services spécialisés autour de la
culture de soja.
Au Sud-Kivu, c'est le comité Anti-bwaki qui avait
lancé la culture de soja depuis 1969 et son essor fut marqué
grâce aux campagnes de vulgarisation organisées de 1970 à
1979 (Fraterne, 2002)
L'apport de protéine à un moindre coût par
le soja est suffisamment connu par la population du Sud-Kivu qui pratique la
culture de soja soit en association avec les céréales comme
maïs ou le sorgho, ou soit en culture exclusive.
I.1.3. L'adoption de nouvelles
technologies dans le secteur agricole
Dans le secteur agricole, l'innovation peut être
définie comme l'introduction d'une pratique agricole nouvelle ou une
modification d'une pratique traditionnelle, plus rarement l'adoption d'un
comportement socio-économique (Chantran, 1972). Adams (1984) quant
à lui voit l'innovation comme une nouvelle idée, une
méthode pratique ou technique permettant d'accroitre de manière
durable la productivité et le revenu agricole. Cette définition
correspond à la perception qu'ont les exploitants agricoles, en
cherchant à comprendre comment la nouveauté est rependue. Ainsi
l'innovation agricole est utile quand elle atteinte une grande couche des
paysans agricoles, d'où l'importance de sa diffusion auprès des
agriculteurs.
Pour Samatana (1980), la diffusion est l'acheminement de
l'innovation depuis le système source jusqu'au système receveur.
Quant à Morvan (1991), conçoit la diffusion comme un processus
par lequel une innovation se propage. Rogers (1995), concevait la diffusion
comme « le procédé par lequel une innovation est
transmise aux membres d'un système social à travers certaines
voies de communication pendant une période de temps ». Cette
définition dégage quatre éléments essentiels
à savoir : l'innovation elle-même, les canaux de
communication, le temps et le système social.
En particulier, Moore (Op. cit.) apporte l'éclairage
intéressant sur le rythme d'adoption des nouvelles technologies par les
différents groupes. L'auteur met en évidence ce qu'il
désigne par « gouffre » et qu'il situe juste avant
l'acception de la nouvelle technologie par la majorité précoce.
Pour lui, certaines innovation franchissent le gouffre et passent dans le
marché de masse en faisant, dans un premier temps, la conquête de
la majorité de pragmatique puis, naturellement le reste des potentiels
utilisateurs.
D'autres sombre dans le gouffre, faute de convaincre la
majorité précoce ; la clé de la réussite se
situant dans le passage délicat entre les visionnaires et les
pragmatiques.
Dans le cas des innovations agricoles, Chambers et al. (1994)
montrent que les agriculteurs ne pensent pas en termes d'adoption ou de rejet
comme le font les chercheurs. L'individu cherche à prendre connaissance
de cette nouveauté, de ces fonctionnalités, de ses avantages et
inconvénients, puis se fait sa propres opinion de l'idée nouvelle
et détermine l'attitude à observer : soit l'adoption, soit
le rejet. Rogers (Op. cit) identifie deux types de cessation à
savoir : la cessation de désillusions : une décision
pour rejeter une idée en raison de mécontentement en ce qui
concerne son exécution et la cessation de remplacement : une
décision pour rejeter une idée dans le but d'adopter la
meilleure. Le profil de la nouveauté, le risque à lui associer
sont considérés parmi les facteurs majeurs qui influencent la
décision des producteurs. En effet, plus un objet nous donne du plaisir
et nous satisfait, plus nous sommes prêts à intervenir de temps
pour l'acquérir (Intsama et al., 2012).
L'agriculteur qui décide d'adopter une nouvelle
technologie, choisit une innovation en fonction de des caractéristiques
techniques et de l'état de l'environnement selon ses caractères
de choix. Fait, une innovation ne sera adoptée que lorsque les individus
convaincus, compte tenu des informations dont ils disposent, de
l'intérêt ou des gains qu'ils peuvent en tirer car d'après
la théorie économique traditionnelle (Jevons 1875, Menger 1892,
Walras 1874 cités dans Intsama et al., 2012), la rationalité de
l'individu se détermine en fonction de son seul intérêt
à travers la main invisible (Smith, 1776). L'adoption, de la part de ces
individus n'est plus le résultat d'un processus social à
proprement parler, mais une conséquence de leurs caractéristiques
propres et intrinsèques.
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