B. Au niveau des autres paramètres
climatiques
B.1. Le vent
Le vent est un paramètre difficile à estimer en
ville, que ce soit pour sa vitesse ou sa direction. La complexité de la
morphologie urbaine empêche ce dernier de pouvoir s'écouler de
manière régulière, celui-ci soufflant
préférentiellement en rafales. La rugosité de la surface
crée également de nombreuses perturbations prenant la forme de
contre-courants, de rotors et autres tourbillons (Kastendeuch, 2015).
2 Pouvoir réfléchissant d'une
surface.
3 Hauteur de rue/largeur de rue (en mètres).
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On estime que le vent diminue en moyenne de 30% par rapport
à sa zone rurale proche, ce qui contribue à favoriser l'ICU.
Les difficultés pour mesurer ce paramètre
climatique ont notamment été visibles lors de nos mesures sur le
terrain, comme expliqué en deuxième partie.
B.2. Les précipitations et l'humidité
relative
La ville est en moyenne plus sèche de 2% par rapport
à la campagne (en humidité relative), notamment à cause de
son déficit en végétation. Cependant, ce paramètre
varie au cours de l'année et on peut observer une plus grande
humidité en ville durant l'hiver, sa capacité
hygrométrique étant plus élevée du fait des
températures supérieures.
Les précipitations sont quant à elles
généralement plus importantes en ville par rapport à la
campagne, même si ceci n'a pas été démontré
de manière globale.
On constate également une augmentation des
phénomènes orageux, du fait de la plus forte convection de l'air
apportée par les surfaces plus chaudes (Kastendeuch, 2014).
C. Le rôle de la végétation sur
l'ambiance thermique urbaine
Plusieurs articles ont démontré que le
problème de l'îlot de chaleur urbain s'est accentué
à cause de la réduction de la densité des espaces verts
(Gauthiez, 2003). Il apparaît assez clairement que la
végétation permet de rafraîchir localement l'ambiance
thermique et de la rendre de ce fait plus confortable, essentiellement en
période de chaleur intense. Des études ont montré qu'un
parc était en moyenne plus frais de 0,94°C que la ville (Bowler,
2010). Mieux que cela, s'il est suffisamment grand, il peut exercer une
influence sur les canyons urbains alentours et pourrait donc diminuer les
écarts entre zone urbaine et zone rurale. Par exemple, dans la ville de
Taipei, il a été observé que les parcs de plus de 3
hectares étaient généralement plus frais que les espaces
urbains alentours, tandis que les différences de température
étaient plus variables pour les parcs de moins de 3 ha. Selon la
même étude, on sait que le pourcentage d'arbres et d'arbustes
expliquent les différences de température entre les parcs et
leurs alentours et ce n'est pas seulement du à l'ombre portée par
les arbres (Chang et al., 2007).
Le type d'essence végétal au sein même
d'une zone végétalisée a une influence sur le comportement
des températures. En revanche, on recense également certains
aspects souvent mal renseignés. Il existe en effet des espèces
d'arbres étant néfastes et qui contribuent même à
l'amplification de l'ICU. C'est notamment le cas du saule pleureur, ce dernier
émettant de grandes quantités d'hydrocarbures qui, lorsqu'ils
sont combinés avec des oxydes d'azote (gaz d'échappement),
peuvent créer un smog d'ozone lors des journées
ensoleillées (Chameides et al., 1988 ; Gillespie & Brown,
2007). A l'inverse, l'érable à sucre n'émet que de
très petites quantités et ne contribuent donc pas à la
pollution de l'air.
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C'est donc un véritable travail interdisciplinaire que
doit mener climatologues, urbanistes et écologues, afin d'organiser au
mieux le territoire en tenant compte de toutes ces
spécificités.
L'influence du climat urbain et les paramètres qui
l'expliquent jouent donc un rôle important sur le confort thermique
ressenti par les individus. Un confort recherché de plus en plus par la
population, essentiellement en période de fortes chaleurs. C'est dans le
but de comprendre les interactions entre corps humain et climat que la
bioclimatologie s'est développée, ainsi que la multitude
d'indices de confort qui tentent de traduire cette notion subjective.
1.1. La bioclimatologie humaine et le confort thermique
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