1.2.3. Processus de séquestration de carbone dans les
écosystèmes forestiers
La séquestration du C implique le transfert de CO2
atmosphérique vers des pools stables, à long terme et de le
stocker en toute sécurité de sorte qu'il ne soit pas
immédiatement réémis. Ainsi, ce processus signifie
l'augmentation des stocks de C organique et de C inorganique dans les sols. La
séquestration du C dans les écosystèmes forestiers est un
processus complexe qui commence par la photosynthèse où les
plantes fixent le C jusqu'à son incorporation dans les sols.
1.2.4. Stocks et flux de carbone dans le sol forestier
Les analyses des études récentes
effectuées par Dixon et al. (1994) montrent que dans les
écosystèmes forestiers, la végétation et le sol
contribuent respectivement au stockage de 359 et 787 GtC d'où la
contribution au stockage de 1146 GtC au total. L'allocation du C entre la
végétation et les sols diffère par la latitude. Une grande
partie des stocks de C (végétation (25%) et sol (59%)) est
située dans les forêts des hautes latitudes.
Environ deux tiers de C dans la biosphère terrestre
sont stockés dans le sol, principalement comme la MO
décomposée. Son cycle se fait rapidement entre
l'atmosphère et le sol sous forme de CO2, Les sols, en fonction de la
façon dont ils sont gérés, représentent une
importante source ou puits de CO2 dans l'atmosphère. Il est à
craindre que les sols sont de plus en plus une source de CO2, que le climat se
réchauffe et que les résultats de changement d'utilisation des
terres conduisent à une augmentation de la perturbation du sol. Les sols
contiennent de grandes quantités de C dans les deux formes organiques et
inorganiques. Le C organique se trouve dans les sols sous forme de divers
composés organiques, appelés collectivement MO et sa
quantité dans cette MO varie de 40 à 60% en masse.
1.2.5. Facteurs influençant la
séquestration de carbone dans le sol
Divers facteurs affectent la quantité et la
concentration du C dans les sols forestiers. Les variations en quantité
des pools de C dans le sol est le résultat net des altérations
entre les intrants par rapport aux pertes. Ces facteurs se subdivisent en deux
grands groupes à savoir : les facteurs naturels et les activités
humaines.
? Facteurs climatiques
Il est généralement admis que les facteurs
climatiques, notamment les précipitations et la température, sont
les plus déterministes de contenu COS (Homann et
8
al., 1995; Alvarez et Lavado, 1998). Ils influent sur
le stockage de C dans le sol en raison de leurs effets sur la quantité
et la qualité des intrants du sol et sur les taux de
minéralisation de MO et ainsi que la décomposition de la
litière (Quideau et al., 2001; Heviaa et al.,
2003).
y' Activités humaines
Les perturbations d'origine anthropique exacerbent les
émissions de CO2 du sol par la respiration lors de la
décomposition de MO dans le sol (Schlesinger, 2000). À
l'échelle globale, les activités de défrichement pour des
fins agricoles résultent en diminution importante des stocks de C, ce
qui est accentué par certaines pratiques d'aménagement forestier.
En Australie, l'on estime que les niveaux de COS ont chuté de
près de 50% par rapport aux périodes préagricoles, la
grande partie de ce phénomène ayant lieu dans les 10 premiers
centimètres du sol. En plus de son impact sur la décomposition de
la MO, le macroclimat du sol a un impact important sur la fraction active du
pool de COS (Trumbore et al., 1996; Franzluebbers et al.,
2001). La capacité du sol pour le stockage de C est affectée
aussi par la conversion des écosystèmes naturels aux
écosystèmes agricoles qui augmente la température maximale
du sol, en diminuant en même temps la capacité de rétention
en eau du sol au niveau de la zone racinaire (Lal, 1996). Le
déclenchement des incendies de forêts par l'homme a des
implications sur le C du sol. Souvent l'on assiste à des pertes et la
libération de C sous forme gazeuse par oxydation ainsi que la
volatilisation de C. Cependant, ce phénomène n'est pas toujours
le cas, car lorsque le feu est d'intensité faible, il peut conduire aux
dépôts. Le charbon de bois, produit par la combustion
incomplète, est un composant passif pouvant constituer jusqu'à
35% du pool total de COS dans les écosystèmes vulnérables
aux incendies (Skjemstad et al., 2002).
Dans l'ensemble, toute activité favorisant
l'accumulation de la biomasse dans les écosystèmes forestiers
contribue à la séquestration du C dans le sol. Ainsi, elle doit
être considérée lors de la planification des projets de
gestion et d'aménagement en forêts.
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