2. L'activité des maréchaux ferrant
2.1. Le métier de maréchal ferrant en 2013
Comme on peut le deviner, le ferrage est au coeur de
l'activité du maréchal ferrant. L'intérêt du ferrage
est de limiter l'usure de la corne et de favoriser l'amortissement de la
boîte cornée de l'équidé car la paroi du sabot est
constituée d'une multitude de fibres verticales sur la corne qui
répercutent des chocs sur la partie supérieure du pied. Le fer
permet donc une bonne répartition des pressions sur l'ensemble du pied.
Soulignons que le ferrage est également employé pour corriger les
défauts d'aplomb et soulager et/ou guérir d'autres cas
pathologiques. Un ferrage s'effectue toutes les six à huit semaines,
à intervalles réguliers. En effet, le manque de
régularité peut provoquer des lésions : si le ferrage est
trop rapproché dans le temps la paroi peut être fragilisée
par le passage des clous ce qui minimisera le maintient du fer ; à
l'inverse si la ferrure est trop espacée dans le temps cela provoquera
des entorses et élongations ainsi qu'un inconfort pour
l'équidé. Les membres antérieurs du cheval portent 70% du
poids de son corps et il est important de prévenir toute lésion
au niveau d'une jambe qui entrainerait alors la surcharge d'une jambe voisine.
La cornée est particulièrement importante notamment parce qu'elle
a une fonction:
- de protection, la cornée protège les
structures internes du sabot contre les changements de températures ou
des fortes pressions, tout en laissant au cheval une sensation aiguë du
sol sur lequel il se trouve.
- de traction, la cornée permet une bonne prise sur
tous les terrains (surfaces humides, glacées, enneigées).
- d'absorption de chocs, la boite cornée absorbe 70
à 80% de l'énergie d'impact.
- d'aide à la circulation et au coeur par effet de
pompage, la cornée agit comme une pompe par son
élasticité.
Un soin et une protection régulière des sabots
sont primordiaux pour le bien être des équidés et allonger
leur espérance de vie.
Cette tâche principale du métier de
maréchal ferrant est conditionnée par des changements (et des
contraintes) nouvelles. Par exemple, les maréchaux ferrants doivent
maintenant s'adapter pour servir des chevaux de sport, qu'ils soient de loisirs
ou de compétition. Plus personne n'ignore non plus que c'est maintenant
le maréchal-ferrant qui se déplace chez les clients et non le
cheval qui, comme au temps jadis, vient à la forge.
2.2. Risques associés à l'activité de
maréchal ferrant
Les maréchaux sont exposés à des risques
d'accidents nombreux et variés dont les conséquences sont plus ou
moins graves selon l'environnement professionnel.
? Les accidents liés au cheval
Le cheval est un animal craintif qui développe des
réactions de peur parfois excessives, privé de ses moyens de
défenses naturels (info-cheval, 2009). Les réactions
provoquées par la peur sont souvent les plus dangereuses, donc une bonne
connaissance de la psychologie du cheval permet de les prévenir ou du
moins de savoir comment se comporter pour ne pas accroître sa panique. Le
maréchal ferrant travaille aussi bien avec des chevaux de trait, des
chevaux de selle et des poneys, il aura donc des manières
différentes de travail. En effet, avec les chevaux de sang, le
maréchal exercera son activité dans leur box, il ne changera donc
pas leurs habitudes pour ne pas prendre de risques.
? Les chutes de plain-pied ou les glissades
Elles sont souvent dues aux déjections et à
l'urine de l'animal, mais aussi aux outils et machines pouvant occasionner une
gène dans les déplacements successifs du maréchal-ferrant
lors du ferrage du cheval. Le port de chaussures adéquates de type
sécurité pour favoriser l'adhérence au sol limite ces
chutes.
? Les accidents liés à l'utilisation du
matériel
Les outils sont indispensables et sont propres à
chacun. Chaque maréchal possède des outils plus ou moins
ergonomiques (annexe 1). Bien souvent, les maréchaux en activité
débutent avec un outil et par habitude le garde le plus longtemps
possible. Cela présente des risques liés à l'usure du
matériel comme par exemple la tête du marteau qui peut se
détacher lors d'un coup donné sur l'enclume. La fabrication du
fer demande autant de formes différentes qu'il existe de
variétés de pieds. Pour répondre à cette exigence,
le maréchal n'a recours qu'à l'usage exclusif du marteau, pour
donner au métal sa forme définitive.
? Les risques routiers
Les maréchaux ferrants se déplacent
fréquemment et sur des distances parfois assez importantes. Ce travail
itinérant, à cause de rendez-vous programmés à des
endroits différents, lui fait parcourir plus de 1000 km par semaine. Le
risque d'accident de la route est élevé.
? Les maladies professionnelles
Les maréchaux ferrants sont exposés à
trois types de risques : les risques posturaux, les risques physiques, les
risques chimiques et les risques infectieux. Ces risques sont susceptibles
d'entrainer des maladies professionnelles (annexe 2).
2.3. Un contexte pour étudier l'activité des
maréchaux-ferrants : l'Établissement Public Local d'Enseignement
et de Formation Professionnelle Agricole de Saint Hilaire du Harcouët.
L'EPLEFPA [Etablissement Public Local d'Enseignement et de
Formation Professionnelle Agricole] de Saint Hilaire du Harcouët regroupe
sur un même site le LEGTPA [Lycée d'Enseignement
Général technologique et Professionnelle], le CFA [Centre de
Formation d'Apprentis], le CFPPA [Centre de Formation Professionnelle et de
Promotion
Agricole], l'Exploitation Agricole et le Centre
Équestre Atelier Technologique. Il accueille aujourd'hui près de
300 élèves en formation initiale scolaire et 64 apprentis et
stagiaires en maréchalerie (figure 2).
Figure 2 : les différentes formations de
maréchalerie en France (AOCDTF/IM2007)
Avec des formations orientées vers la filière
équine et l'élevage des bovins viande (vaches allaitantes et
taurillons), l'établissement propose des formations adaptées au
niveau et aux projets de chacun. Plus précisément, le
lycée agricole de la Baie du Mont-Saint-Michel propose
différentes formations telles que :
- La formation par apprentissage :
CAPA Maréchalerie. Le titulaire de ce
diplôme maîtrise les techniques de fabrication et de pose des fers
et assure les soins de première urgence des pieds des chevaux. La
formation en apprentissage de niveau V dure 3 ans avec un rythme de travail de
35 heures par semaine, 12 semaines par an. L'apprenti suit 14.5 heures de cours
dans les domaines généraux (français,
mathématiques, EPS, économie, éducation socioculturelle,
anglais) et 20.5 heures de domaines professionnels (hippologie, pratique,
science). L'employeur versera à l'apprenti un salaire de 25 à 78
% du SMIC selon l'âge et l'ancienneté dans l'entreprise.
BTM maréchalerie. Le titulaire de ce
diplôme maîtrise les techniques de fabrication et de pose de fers.
Il assure en fonction des besoins des ferrures orthopédiques et travail
en étroite concertation avec les vétérinaires. Pour
intégrer la formation il faut être titulaire d'un
diplôme de niveau V (CAPA ou BEPA) en
maréchalerie. Le rythme de travail est de 35 heures par semaine, 12
semaines par an. L'apprenti suit 13 heures de domaines transversaux (gestion,
communication, anglais) et 22 heures de domaines professionnels (forge/ferrure,
hippologie, technologie). L'employeur versera à l'apprenti un salaire de
25 à 78 % du SMIC selon l'âge et l'ancienneté dans
l'entreprise.
- La formation pour adulte :
SIL CAPA Maréchalerie. Ce type de
formation dure une année en alternance, elle apporte des
compléments indispensables à l'installation. Les
élèves en formation sont 34 semaines au CFPPA et 12semaines en
entreprises. Le contenu de la formation par semaine se compose de 25h de
pratique, 7h de gestion de l'entreprise et communication, 2h d'hippologie et 1h
de sciences (biologie, physique-chimie). Il faut avoir un an
d'expérience professionnelle pour avoir accès à cette
formation.
Pour assurer les formations en maréchalerie, l'EPLEFPA
de Saint Hilaire du Harcouët possède un atelier de
maréchalerie qui contient 24 postes de forge et 6 stalles de ferrage et
un centre équestre doté d'environs 35 chevaux et 15 poneys.
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