En conclusion
L'enjeu de cette recherche fut d'analyser l'articulation de
certains fragments de gestes liés au processus de production du
sens et de la connaissance chez le visiteur, dans l'étude de
l'expérience de visite d'une exposition d'art
contemporain.
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À
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partir de l'élaboration d'une
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analyse ethnographique de la gestualisation de
visite, j'ai observé la mise en branle et l'enchevêtrement de ces
différents types de médiation de l'oeuvre - à travers
l'observation des mouvements corporels, sensoriels, émotionnels,
interprétatifs, mémoriels et culturels déployés par
une cohorte de 8 visiteurs lors de leur déambulation dans l'exposition
Nuages de poussière.
Cette immersion au coeur du processus de création de
Lina Jabbour, m'a fait entrer en résonance avec l'univers
nomade de cette artiste: cela m'a permis de dialoguer avec ses oeuvres, par le
biais de mon propre corps, sous la forme d'une socio-analyse de mon
appréhension de l'espace, de l'oeuvre et du sens. Cette
expérience de montage a aussi engagé une réflexion sur la
façon dont ont évolués les interrelations entre les
différents types d'acteurs présents lors de la production de
l'exposition. La richesse et la variété de ces entretiens de
visite, ont révélé les modalités respectives
d'appropriation et de compréhension gestuels des oeuvres par ces 8
visiteurs - par la mise en évidence de la production micro-gestuelle et
infra-verbale liée aux états mentaux de ces individus durant leur
expérience de visite. C'est aussi, à travers le récit de
leurs expériences que j'ai pu tendre vers une première approche
de cette déterritorialisation du langage de l'oeuvre au sein du
processus de négociation à partir duquel on peut commencer
à saisir certaines bribes expérientielles liées au lieu
d'où le visiteur traite de sa propre culture. L'analyse croisée
de cette étude sur la gestualisation de visite avec celle
analysée par d'Eliseo Veron et Martine Levasseur dans le cadre leur
ethnographie de l'exposition, m'a permis de manière large,
d'envisager la gestualisation de visite sous la forme d'un trajet. Celui-ci
dévoilant graduellement différents types de relations
tendancielles de chacun de ces 8 individus vis-à-vis de l'espace ainsi
que des objets culturels concernés, mais aussi les contenus de leur
l'attention portée à l'univers de l'artiste. Enfin, l'analyse
ethno-photographique de la déterritorialisation de l'oeuvre à
travers la collecte d'images par les visiteurs m'a permis d'aller plus loin
dans l'acquisition mémorielle et émotionnelle de leur
expérience de visite.
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