Introduction
Cette réflexion autour de l'exposition et du spectateur
s'inscrit dans une problématisation que j'ai commencée durant une
grande partie de ma scolarité en école supérieure d'art.
Dans le cadre de cette formation, mon statut d'apprentie-plasticienne me donne
aujourd'hui d'avoir un certain recul concernant la mise en oeuvre d'un
dispositif et d'une mise en espace de l'oeuvre.
En outre, j'ai été imprégnée
durant cette période de formation par une réflexion sur la
conceptualisation d'un critère d'intentionnalité,
véhiculé par la construction du processus de mon propre travail
de recherche autour de l'oeuvre.
Lors de cette activité de production d'oeuvres,
j'étais amenée à réfléchir sur la place que
je proposais à un public potentiel, en essayant de le placer au coeur du
processus de production de l'oeuvre. Ce fut d'ailleurs un de mes
questionnements concernant la relation du plasticien avec son spectateur,
à travers des réflexions autour d'un « pacte de
lecture20 » : réflexions tout d'abord
orientées vers une forme « d'authenticité » durant la
première période de ma formation en école d'art, qui se
sont avérées plus en accord ensuite avec des critères de
« générosité » et de « don » dans la
seconde partie de ce cursus. Ce critère de
générosité permettrait à l'oeuvre d'être un
vaste creuset de l'imaginaire du visiteur.
De plus, cette pratique individuelle de la conception et de la
monstration d'un dispositif d'exposition s'est accompagnée d'une
pratique régulière de ce que l'on considère comme la
phase de construction, à travers la collaboration à
plusieurs montages d'expositions. Celle-ci s'étant
déroulée dans des structures culturelles me permettant de
m'immiscer dans les « coulisses » de l'oeuvre, à la naissance
même de la production de l'événement.
De même, ma culture de l'exposition s'est aussi nourrie
de différentes visites de lieux dédiés à la culture
artistique, mais aussi de toutes mes autres expériences
socio-culturelles au gré des échanges et rencontres que j'ai pu
faire.
20 Umberto Eco, L'oeuvre ouverte, Editions du Seuil,
Paris, 1965.
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Aussi, ma formation transdisciplinaire de
Médiation, Art, Culture me permet de continuer à
progresser dans cette réflexion, en me concentrant cette fois-ci de
manière plus précise sur les interrelations tissées entre
les trois pôles de production du sens, à l'intérieur du
système triadique de Peirce (Peirce, 1990) : oeuvre, production
et réception.
Enfin, il semble important de constater que ma posture de
visiteur régulier au sein de la structure du VOG - dans laquelle je vais
poursuivre mon étude de terrain - suppose de prendre quelques
précautions relatives à l'apprentissage de ma posture
d'observateur.
L'objectif de cette mise en garde vise à se rendre
compte de l'importance de se détacher de ses pré-notions, de ses
pré-requis sur le lieu d'institution, et de se concentrer sur les
conditions de production de ses propres observations, du côté de
la fabrication des données dans un espace dédié à
l'art contemporain.
Somme toute, la connaissance de ce lieu me donne la
possibilité de mobiliser certaines connaissances et compétences
sous la forme d'une « observation participante » - au sens de Bruno
Latour - qui me donne une idée de la construction d'un certain type de
langage et de certains rituels de visite.
I. Une première approche ethnographique du lieu
d'enquête
1. Historique du lieu
Implanté dans la ville de Fontaine, le VOG donne
directement sur la rue, le long de laquelle passe quotidiennement le tramway
près des berges de l'Isère. Il a ouvert ses portes au public en
2005, et compte à son actif plus de 35 expositions en 8 années
d'existence.
Ce lieu dédié à la création
contemporaine revendique la diffusion d'oeuvres d `artistes émergents ou
reconnus, tant sur la scène régionale qu'internationale; avec
plusieurs partenariats du VOG avec d'autres institutions culturelles de France,
comme par exemple le Centre d'Art du Parc St-Léger à
Pougues-les-Eaux pour la co-exposition du diptyque d'Alain Bublex, en 2012 ;
mais aussi avec L'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne, plus
récemment, dans le cadre de l'exposition de Mathilde Barrio Nuevo.
Du point de vue de son identité, le VOG s'inscrit dans
une réflexion institutionnelle autour de l'accessibilité au plus
grand nombre, à travers des enjeux liés plus directement à
l'action socioculturelle d'un territoire.
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En outre, j'ai remarqué différents types de
dispositifs de médiation tentant de répondre aux besoins des
différents publics : des médiations individuelles pour chaque
visiteur, des visites guidées le samedi, ou ludiques pour les familles
(mises en place en 2011).
Mais aussi des visites accompagnées d'outils
pédagogiques pour les publics scolaires (assorties d'un dossier
pédagogique à disposition des enseignants), ainsi que des
conférences d'histoire de l'art et des rencontres avec les artistes.
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