1.7.3. Fragmentation socio-spatiale
La fragmentation socio-spatiale traite plus directement des
interactions entre le social et le spatial. Elle s'intéresse aux
différences socio-spatiales, à l'organisation
socio-économique des territoires fragmentés, aux modifications
des modes de vie des habitants et l'impact de ces modifications sur la ville.
La fragmentation physique ou spatiale est appliquée à des
situations urbaines caractérisées par un aspect
éclaté, hétérogène et peu articulé
physiquement ou visuellement. La fragmentation renvoie à la question de
l'unité et la partition de la ville. Dans les pays du Sud, il s'agit des
espaces occupés d'une manière anarchique non urbanisés et
non urbanisables avec une quasi absence d'articulation entre les éclats
urbains. Pour les pays du Nord, c'est une désorganisation dans le
système de communication avec les modèles
téléphoniques classiques, voies ferrées, des autoroutes
précaires, et la construction des zones d'habitat non
maîtrisés par l' autorité publique.
« Un critère de la fragmentation sociale
est donc la disparition des espaces publics, leur privatisation, leur
remplacement par des espaces marchands, touristiques ou de loisir, parfois
dénoncés comme simulacres d'espaces publics»
(Navez-Bouchanine, 2002 : 111).
Il s'agit de la privatisation des espaces avec le
développement des formes de marché et de loisirs qui ne font pas
bon ménage avec la moralité humaine. D'un côté, il
s'agit des conséquences de la précarisation de la vie et de
l'autre, il s'agit d'une conséquence de la liberté d'occuper
d'une manière autonome un espace où on peut développer ce
qui convient d'appeler la culture urbaine.
Le recours aux théories de la fragmentation signifie
que les phénomènes observés aujourd'hui sont d'une autre
nature. Elles renvoient à l'autonomie des territoires dans les domaines
économique, culturel, ou même politique. Cette privatisation ou
occupation des territoires peut constituer des menaces à
l'autorité publique.
« C'est bien la fragmentation comme processus de
fermeture de territoires spatialement délimités et habités
par des populations socialement homogènes qui est ici concernée.
Constituant de véritables entités, souvent
désignées par leur enveloppe spatiale, les fragments
représenteraient une forme de division de l'espace qui aurait quelque
parenté avec celle désignée par la
ségrégation » (Ibd : 62).
La mise à profit des disjonctions spatiales par les
individus donne les moyens de saisir comment la fragmentation urbaine peut
être utilisée comme ressource ou intérêt pour les
citadins.
« La fragmentation signifierait une
séparation qui, au-delà du seul espace résidentiel,
concernerait l'espace public ou collectif : la centralité sociale
et fonctionnelle de la ville y serait donc au moins autant en question que
l'unité globale, symbolique ou sociale, du peuplement des
quartiers » (ibd).
En définitive, l'occupation des trottoirs renvoie
à une forme de fragmentation de l'espace et suit une logique
c'est-à-dire que tout se passe comme si la décision d'occuper les
trottoirs est sans précédent et on se l'approprie sans pour
autant se rendre compte que c'est anormal.
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