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Les enfants malnutris admis au CREN proviennent
majoritairement (93,3%) du milieu urbain et parmi eux 55% viennent des zones
non loties, c'est-à-dire dans les périphéries de la ville
de Ouagadougou.
La majorité des mères des enfants sont des
musulmanes non instruites, sans emploi, ni aucune activité
génératrice de revenu et habitent dans les zones non loties de la
ville de Ouagadougou. L'écart en matière de nutrition entre les
zones rurales et les zones urbaines s'est amenuisé au cours des
dernières décennies, principalement du fait de la
détérioration de la situation en milieu urbain. Une étude
réalisée en 2006 en Afrique subsaharienne a constaté que
les disparités en matière de nutrition infantile entre les
communautés urbaines riches et pauvres étaient plus importantes
que les disparités entre les zones urbaines et les zones rurales
(UNICEF, 2012).
L'importance de l'éducation des parents a
été maintes fois confirmée dans la plupart des travaux
portant sur les déterminants de la malnutrition des enfants.
L'éducation des parents confère un gain en termes de
réduction de la malnutrition des enfants. Toutefois, les femmes ayant un
niveau d'instruction relativement élevé (secondaire ou plus)
seraient plus aptes à combattre la malnutrition chez leurs enfants.
L'éducation de la mère agit probablement sur la santé des
enfants par l'intermédiaire de plusieurs canaux (Barrera, 1990) :
· Accroissement des ressources de la famille
généré par l'augmentation des gains liés à
la participation au marché du travail ou à l'exercice
d'activités domestiques, ou le mariage avec des personnes plus
fortunées ;
· augmentation de la productivité des moyens
consacrés à la santé inhérente à une
meilleure efficacité des activités domestiques ;
· amélioration de l'allocation des ressources due
à un accès amélioré à l'information
· impact sur les préférences des
ménages, compte tenu des prix, des revenus et de l'information ;
· meilleur statut socio-économique et
volonté des parents (surtout de la mère) de
rehausser les investissements en capital humain, en
matière de nutrition et/ou de formation à l'exercice
d'activités domestiques, ce qui affecte la capacité de la
mère à élever des enfants.
La recherche d'une meilleure santé des enfants
requiert donc un niveau suffisant
d'instruction, car on remarque que la majorité des
mères des enfants n'a aucun niveau d'instruction. La négligence
concernant l'alimentation de l'enfant existe dans certains cas. Certaines
mères ont un niveau d'instruction elévé mais leurs enfants
sont malnutris.
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Les femmes non instruites, quant à elles, sont souvent
celles qui vivent dans les conditions économiques les plus
précaires, caractérisées par une quantité de
nourriture parfois limitée et de faible qualité. C'est cette
conjonction de facteurs, et non le seul niveau d'instruction, qui explique la
forte prévalence de la malnutrition parmi les enfants des femmes sans
instruction.