Les relations entre la république démocratique du Congo et ses voisins après l'avènement de l'AFDL ( Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Contraintes des enjeux géostratégiques et recherche d'une paix durable( Télécharger le fichier original )par Fulgence ALITRI TANDEMA Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études approfondies en droits de l'homme, Option: prévention, médiation et gestion des conflits 2005 |
II. La renaissance africaineLa vision politique des lumumbistes est fondée sur la renaissance africaine qui est l'idée chère aux pays non alignés. En effet, cette vision est en fait la traduction moderne du projet panafricaniste qui a retrouvé son actualité depuis que l'Afrique a cessé d'être un enjeu de la rivalité entre l'Est et l'Ouest. Le panafricanisme reste la voie sûre pour le développement de l'Afrique. Les potentialités que regorge la RDC lui permettraient la réalisation de ce projet. Ainsi, à la Révolution du 17 mai, le Président Laurent Désiré Kabila donnera à la politique étrangère de la RDC un contenu commercial et économique sous-tendu par son désir de créer des Organisations Internationales rassemblant tous les Etats de la Région des Grands Lacs.135(*) Malheureusement, c'est au moment où cette diplomatie s'est engagée dans la recherche d'une paix durable indispensable à l'achèvement du processus de démocratisation et à la poursuite du programme de reconstruction nationale que les agresseurs rwando-burundo-ougandais ont déclenché, le 02 août 1998, la guerre d'agression contre la RDC.136(*) Ce projet de panafricanisme donne l'ouverture à Kabila de faire de la RDC, un membre de la SADC. En effet, la SADC est une organisation régionale regroupant les pays de l'Afrique australe. En tant que l'organisation économique, la SADC concerne aussi un pacte militaire entre les pays membres. En cas d'agression d'un pays membre, les autres membres ont droit d'intervenir en sa faveur. III. La répétition de l'histoireLe souvenir de l'indépendance fait naître la méfiance de l'Occident à l'égard de Kabila. Ses discours nationalistes devant la face du monde, la coopération sud-sud. C'est ainsi que dès sa prise du pouvoir, les relations entre Laurent Désiré Kabila et l'Occident entre dans une zone de fortes turbulences. Ayant réalisé que la RDC avait cessé d'être une puissance courtisée, le Président Kabila développe un profond ressentiment à l'égard des bailleurs de fonds occidentaux qui tardent à venir au secours de son régime et d'une économie congolaise complètement sinistrée.137(*) Les autorités américaines ont ainsi très vite compris qu'avec cet ancien maquisard ayant bien du mal à abandonner son antédiluvienne rhétorique anti-impérialiste, elles avaient misé sur le mauvais cheval. Les événements se succéderont pour augurer le sort de Kabila. C'est en décembre 1997 que les dés sont définitivement jetés. La réunion des amis du Congo n'est pas terminée que tous, Américains en tête, décident d'abandonner Kabila. Son ministre des affaires étrangères, Bizima Karaha, a tout fait pour discréditer le chef de l'Etat : mener une diplomatie erratique, dont il impute la responsabilité au président, contribuer à saboter l'enquête de l'ONU sur le massacres des réfugiés, dénigrer Kabila à l'occasion de ses missions, torpiller la visite à Kinshasa de plusieurs émissaires occidentaux.138(*) Ainsi, contre le gré de ses maîtres, Kabila se réalise qu'il faut répondre aux espoirs de son peuple, impatient de reconstruire le pays ; les Congolais avaient beaucoup souffert de la dictature de Mobutu. Ainsi, un vaste programme salarial fut initié. A la joie de tous les Congolais l'espoir renaissait: « Dans tout le pays malgré les difficultés économiques, le manque d'aide extérieure, l'espoir renaissait. La nouvelle monnaie avait été acceptée dans tout le pays, les gens s'étaient remis au travail et l'administration avait commencé à distribuer des patentes, des timbres fiscaux afin de donner à l'Etat les moyens de fonctionner normalement. Les appels de Kabila incitant ses compatriotes à compter d'abord sur leurs propres forces pour développer le pays avaient été entendus. Dans les villes, les changements étaient visibles.139(*) Kabila revoit tous les contrats miniers signés avec les multinationales pendant la rébellion. Ce qui envenime les relations avec les Américains. En effet, les relations ne sont plus guère amicales avec les Etats Unis qui au départ, avaient pourtant vu d'un bon oeil l'arrivée de l'AFDL et de Kabila à la tête de la RDC. La remise en cause unilatérale des accords miniers conclus lors de la guerre de Libération nationale avec des compagnies nord-américaines a mis la poudre au feu. Alors qu'il est aujourd'hui reconnu que l'AFDL avait bénéficié lors de sa campagne militaire en 1996-1997 d'un soutien logistique et financier nord-américain.140(*) Mais le rêve de la reconstruction de la RDC ne sera que de courte durée. Un vaste plan de sabotage du gouvernement Kabila est à jour par les Occidentaux et aussi les alliés directs notamment ceux qui l'ont visiblement soutenu. * 135LABANA LASAY'ABAR et LOFEMBE BENKENYA, op. cit. p. 146 * 136 Ibidem * 137Olivier LANOTTE, La politique étrangère du Congo-Zaïre en quête de la stabilité institutionnelle : http://www.erudit.org/revue/ei * 138Colette BRAECKMAN, L'enjeu congolais, op. cit. p. 341 * 139 Ibidem * 140Olivier LANOTTE, La politique étrangèredu Congo-Zaïre en quête de stabilité institutionnelle, op.cit. |
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