1.4.3. Historique de
l'exploitation du P. africana au Mont Cameroun
L'exploitation de P.africana a commencé au
début des années 1900 en Afrique du Sud et au Kenya où son
bois était prisé (Tonye et al., 2000). Au Cameroun, elle
a débuté en 1970 dans les Régions de l'Ouest et du
Nord-Ouest (Tassé, 2006 ; Belinga, 2011). Depuis 1972, le Cameroun
est le plus grand fournisseur de l'écorce de Prunus africana du
Monde (Njamnshi et Ekati, 2008). Sa production représente les 2/3 du
marché mondial et provient essentiellement du Mont Cameroun
(Tassé, 2006). Dans la Région du Sud-ouest, l'exploitation
commerciale a débuté en 1977. Cependant, le premier permis
d'exploitation pour cette activité sur le Mont Cameroun avait
été alloué en 1976 à Plantecam. L'exploitation a
été dominée par cette entreprise qui était le seul
exportateur de l'écorce pendant neuf ans (Njamnshi et Ekati, 2008). Donc
elle était capable de contrôler l'exploitation (Tassé,
2006). En 1985, une cinquantaine de permis d'exploitation additionnelle a
été accordé aux entreprises camerounaises (Walter et
Rakotonirina, 1995). Le niveau de contrôle de l'exploitation a
diminué. Ce qui a favorisé la pression sur la ressource
(Cunningham et Mbenkum, 1993). En 1991, le Gouvernement camerounais a suspendu
temporairement l'exploitation à tous les détendeurs de permis
sauf Plantecam (Ondigui, 2001 ; Ingram et al, 2009). En 1993, le
Gouvernement accorde des licences d'exportation à trois compagnies
camerounaises : Plantecam, AFRIMED et CEXPRO (Tasse, 2006) et
l'autorisation d'exploitation sur le Mont Cameroun à plusieurs
entrepreneurs (Moulendé et al., 2010). Le but visé
était de stimuler l'industrie. Mais il a plutôt encouragé
une surexploitation de l'écorce (Cunningham et Mbenkum, 1993). Entre
1994 et 1996, au moins 900 tonnes d'écorce avaient été
récoltées illégalement aux alentours du Mont Cameroun
(Tassé, 2006).
En 1997, le projet Mont Cameroun (projet de conservation et de
développement créé par les Gouvernements Camerounais,
Allemand et Anglais) a négocié des agréments entre
Plantecam et les villages Mapanja et Bokwango. Ces agréments leur ont
permis d'exploiter sous la licence de Plantecam. D'où la création
de l'Union des Récolteurs de P. africana dans lesdits villages
(Tassé, 2006). Cette organisation a créé une valeur
ajoutée non seulement dans le système de récolte mais
aussi dans la relation acheteurs/collecteurs. Au lieu de recevoir le produit
des collecteurs individuellement, la porte d'entrée devait
désormais être l'organisation. Ainsi le prix du kilogramme est
passé de 100 F cfa à 210 F cfa, soit une augmentation de plus de
100% (Awono et al., 2008). En plus du meilleur prix d'achat
proposé par Plantecam, les villageois étaient formés aux
techniques d'exploitation durable (Tassé, 2006). En 2000, le prix du
kilogramme est passé à 240 F cfa et à 350 F cfa en 2012
donc une augmentation de 45,83%.
En 1996, un inventaire de P. africana a
été réalisé au Mont Cameroun sous la conduite de
l'Office National Développement des Forêts (ONADEF) en
collaboration avec le Mount Cameroon Project (MCP) et Plantecam. Cet inventaire
a révélé l'existence d'une population viable susceptible
de procurer un quota d'exploitation d'environ 300 t/an sur le Mont Cameroun
(Tassé, 2006). Ce quota, jugé très insuffisant par
Plantecam, a conduit à la fermeture de la structure (Njamnshi et Ekati,
2008). En 2011, dans le cadre du programme OIBT/CITES, un autre inventaire de
P.africana a été réalisé au Mont Cameroun.
De cet inventaire, il ressort que le Mont Cameroun peut fournir environ 178 t /
an. Mais conscient du statut du parc, ce quota a été revu
à 130 t /an (Eben, 2011).
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