4.2.3 La valorisation des produits du tank
Pour renforcer les liens communautaires et enrayer la
diminution des stocks d'eau, il est fondamental de rétablir la place du
tank dans le paysage rural. Valoriser le tank et ses produits
dérivés revient à reconnaître son rôle
écologique, économique et social pour la paysannerie locale. Dans
tous les cas, les multiples usages du tank doivent être pris en compte
pour évaluer sa performance, de même qu'il doivent
générer plus de bénéfices pour réduire les
maux dont est victime le tank (dégradation des structures et
comblement). On peut classer, par ordre décroissant d'importance, les
principaux usages rattachés au tank : (i) l'irrigation, (ii) le
pâturage, (iii) la pêche, et (iv) les usages domestiques
(Palanisami et al., 2001). Si l'on considère les
bénéfices dégagés par rapport à la surface
occupée, l'irrigation arrive loin devant, suivie de la foresterie
sociale puis dans une moindre mesure, la pêche (idem). Il
semblerait donc important d'élargir les initiatives liées
à la foresterie sociale, compte tenu, non seulement, de sa
rentabilité économique mais aussi en raison de son rôle
primordial dans la lutte contre l'érosion des sols et contre les
empiétements illégaux (habitations et cultures). L'utilisation
des sédiments fins, déposés dans le lit des tanks, pour
fertiliser les terres agricoles irriguées et pluviales devrait aussi
être plus intensive dans le cadre d'une gestion intégrée
des tanks. Il est aussi envisageable de les utiliser afin de rehausser les
berges du tank Cela répondrait à deux objectifs : rétablir
la capacité originelle du tank et limiter l'utilisation
84
Discussion
des engrais chimiques sur les terres agricoles. Il
serait toutefois nécessaire de réduire la
pénibilité de ces travaux qui, de manière traditionnelle,
sont effectués manuellement. Des associations villageoises pourraient
ainsi coopérer pour acquérir et entretenir des engins
mécanisés, des charrettes et des boeufs, avec un endettement
modique grâce à la microfinance. En conclusion, il semble qu'il y
ait une sous-utilisation chronique des potentiels du tank ainsi qu'un
déficit de coordination entre les acteurs et les institutions en charge
de mettre en place les plans de valorisation (plans de conservation des sols,
de reforestation, opérations de curage, etc.).
4.2.4 Les possibilités d'optimiser les
systèmes culturaux
Dans cet objectif, il serait utile en premier lieu de
limiter les apports d'engrais au strict nécessaire. Ceci
empêcherait une pollution excessive des nappes ainsi qu'une probable
eutrophisation des tanks, caractérisée par la présence de
la jacinthe d'eau. Des techniques spécifiques peuvent aussi retreindre
l'utilisation d'herbicides. Ainsi, une pré-irrigation permet le
développement des adventices avant la culture de riz, facilitant leur
élimination ultérieure (Chaudhary et al., 2003). Il
faudrait toutefois mesurer avec précision l'augmentation des rendements
que permet cette technique par rapport à la quantité d'eau
utilisée. De même, un repiquage effectué dès la mise
en eau de la parcelle défavorise les mauvaises herbes qui commencent
tout juste à germer. L'entretien régulier des chenaux par les
ayacutdars tendrait aussi à réduire aussi les sources
d'infestations des eaux d'irrigation. Certaines techniques très simples
peuvent aussi contribuer à répondre aux besoins
spécifiques des plantes. Tel est le cas du tableau de couleur des
feuilles (LCC : leaf color chart) qui aide les agriculteurs à mesurer
l'intensité de la couleur des feuilles. Celle-ci étant
liée à la teneur en chlorophylle et à l'état de
l'azote foliaire, la correspondance avec les couleurs du tableau permet de
déterminer le moment et la quantité d'azote à
épandre (Chaudhary et al., 2003). L'optimisation des
quantités d'azote réduit les frais d'intrants et diminue le
risque financier. Les paysans devraient donc, dans une certaine mesure, adopter
de véritables stratégies d'entrepreneurs pour s'éviter des
frais inutiles. Un des moyens reconnu efficace pour réduire les risques
passe par la diversification des cultures pratiquées. Tous ces
éléments concernent les activités des propriétaires
terriens, ainsi que ceux des tenanciers. Les sans-terre sont, quant à
eux contraints de suivre le mouvement général en
s'adaptant.
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