2.2.3 L'implication des acteurs dans la gestion des
tanks
Le meilleur moyen d'établir le degré
d'intervention des acteurs revient à considérer les
investissements financiers réalisés. Le PWD est sensé
être le garant de la bonne tenue des structures et des divers
aménagements du tank.
Il est effectivement intervenu dans la plupart des
tanks sélectionnés mais de manière assez inégale et
très ponctuelle entre 1990 et 1995 (cf. figure 18). Cette
inégalité se retrouve non
Figure 18- Contributions du PWD et des ayacutdars
dans les opérations de maintenance et de réparations des
tanks
seulement d'un tank à l'autre mais aussi et
surtout entre les deux types de tanks parmi lesquels les system tanks
apparaissent favorisés. Les actions entreprises sont
essentiellement des opérations de maçonnerie : renforcement des
digues et réparation/reconstruction des vannes, et des opérations
de déblaiement des chenaux. Les non-system tanks ont toutefois
bénéficié d'une maintenance des chenaux quantitativement
plus importante (cinq non-system
43
Le bassin versant de la Vaigai-Periyar,
unité régionale d'analyse spatiale et sociale des
tanks
tanks contre deux system tanks).
Cette attention particulière aux system tanks explique les
différences d'état des infrastructures analysées plus haut
et s'avère être le résultat d'une politique favorisant
les system tanks au détriment des non-system tanks.
Appartenant à un réseau plus complexe et plus coûteux
(canaux, barrages, régulateurs), le gouvernement tiendrait donc à
s'assurer du bon fonctionnement des system tanks.
En contrepartie, la maintenance des non-system
tanks incombe beaucoup plus largement aux ayacutdars et aux
organisations villageoises. Leurs engagements financiers sont plus
élevés et les actions entreprises plus nombreuses (cf. figure
18). Le renforcement des structures est également leur principale
activité. Ils fournissent néanmoins un effort particulier dans
les tanks du paléo-delta en combattant l'avancée de certaines
plantes aquatiques invasives (Vaidyanathan, 2001).
Ces actions sont le résultat d'un effort
collectif qui peut ou non être rémunéré par le
village. Lorsqu'une situation extrême l'exige, une coopération
s'organise entre les ayacutdars, sous l'oeil attentif de
l'organisation villageoise. Lorsque des volontaires sont
désignés, leur rémunération est assurée par
les ayacutdars, la plupart du temps en nature. Un des problèmes
majeur est le manque de fonds à l'échelle du village. C'est une
des raisons pour lesquelles certains d'entre eux utilisent les
bénéfices tirés du tank (ventes aux enchères du
bois, ressources piscicoles, etc.) pour les réinvestir dans les
opérations de maintenance. Néanmoins ces décisions sont
dépendantes des dirigeants en place et de leur caste. Les
bénéfices peuvent être utilisés pour augmenter le
capital symbolique ou honorifique d'un groupe familial ou social (ou celui de
la caste) par le biais d'une rénovation du temple, par
exemple.
La fréquence avec laquelle sont
effectuées les actions des ayacutdars est plus forte que dans
le cas des tanks entretenus par le PWD, ce qui suppose une efficacité
accrue, étant entendu que les structures subissent de fortes
sollicitations extérieures d'une année sur l'autre.
Enfin, une remarque importante tient au fait qu'on
observe une relation inverse assez forte entre la densité de puits dans
l'ayacut et l'intensité de la contribution des ayacutdars,
a fortiori dans les sections médianes et supérieures.
L'accès à une source alternative réduit en effet la
dépendance au tank, et donc les engagements pour maintenir sa
performance. Ceci s'en ressent au niveau de la cohésion du
village.
|