1.3.2 La dégradation des tanks Un
désintérêt croissant
Les puits affectent de manière directe la
performance des tanks à travers la réduction de la
dépendance des propriétaires de puits vis-à-vis des tanks
et leur volonté d'augmenter leurs revenus par la vente d'eau de puits.
Ils apportent un complément à la performance des tanks en
réduisant l'incertitude sur les quantités d'eau fournies par les
tanks Le pourcentage d'irrigation par tank au Tamil Nadu est passé de
40% en 1955 à 25% en 2000. Ce désintérêt se
matérialise par un manque de maintenance et de réparation des
édifices. La centralisation de la gestion des tanks,
opérée sous administration britannique, est stigmatisée
par de nombreux fermiers comme étant une cause essentielle du manque
d'entretien. Lors d'une enquête réalisée en 2002, 80% des
fermiers affirment que c'est à l'Etat que revient la charge des
opérations de réhabilitation et de maintenance des tanks
(Balasubramanian et al., 2003). La déprise actuelle s'explique
également parce que la lutte contre les empiétements dans
l'espace du tank et contre les comblements progressifs du lit, des chenaux et
des canaux suppose des actions socialement, économiquement et
politiquement coûteuses.
Relation tank/puits
Il existe tout d'abord un lien hydrologique entre
puits et tanks. Bien que les puits bénéficient aussi de la
percolation des eaux stagnantes des rizières, les infiltrations des eaux
du tank en direction des aquifères est une source importante de recharge
des nappes et donc de performance des puits. En ce sens, les investissements en
direction du tank pourraient de manière indirecte, déboucher sur
une privatisation des eaux du tank, ce qui pose la question de l'utilisation de
ces eaux et de l'objectif des tanks. Il existe déjà certains
tanks dont l'objectif principal est la percolation des eaux stockées
dans le but d'améliorer les rendements des puits. Il est possible que ce
principe tende à se généraliser à
l'avenir.
27
Les facettes sociales et physiques du monde rural
indien
Des études montrent une très forte
liaison en « U » entre le nombre de puits et la dégradation
des tanks : il y a un impact positif des puits sur la performance des tanks
jusqu'à un certain seuil à partir duquel la tendance s'inverse
(Balasubramanian et al., 2003).
Certains propriétaires de puits sont favorables
au maintien des tanks, car en cas d'assèchement de leur puits, ils
peuvent représenter une source d'irrigation essentielle. La plupart
d'entre eux ne participent pas financièrement aux opérations de
maintenance alors qu'on leur permet d'utiliser les eaux stockées. Cette
situation est acceptée en raison du fait que les paysans sans puits sont
dépendants des propriétaires de puits qui leur vendent de
l'eau.
Le rôle des institutions
La présence de certains acteurs locaux semble
permettre le maintien des systèmes d'irrigation traditionnels.
Cependant, on ne peut pas observer, sur cet aspect, de dynamique
générale. En effet, chaque village prend des décisions qui
lui sont propres. Ainsi dans certains d'entre eux, des réunions
annuelles visent à déterminer les actions à entreprendre
et désignent des volontaires chargés de mener à bien les
opérations. Ils sont rémunérés à partir des
fonds villageois ou en nature par les agriculteurs qui profitent des
actions.
En termes d'actions collectives, la taille du groupe
joue un rôle important (Ostrom, 2000). C'est donc indirectement la taille
du tank qui peut influencer positivement ou négativement les actions
entreprises pour son maintien en bon état, étant entendu qu'un
groupe numériquement important aura tendance à moins
coopérer.
Les institutions ont aussi un rôle dans
l'utilisation des fonds tirés des activités dépendantes
des tanks, telles que la foresterie sociale et la pêche. Ces fonds,
réinjectés pour les opérations de maintenance des tanks,
pourraient permettre une performance acceptable pour tous.
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