Elle vise à fournir une méthode
d'évaluation et d'amélioration des résultats en
matière de prévention des accidents et incidents survenus sur le
lieu de travail, par une gestion effective des dangers et des risques au
travail.
Les professionnels soignants s'inquiètent souvent des
charges de travail trop importantes et impossibles à assumer. Celles-ci
sont à l'origine de mauvaises performances, d'une faible motivation et
de l'épuisement; à terme, elles risquent d'entraîner
l'abandon de leurs emplois, voire de leur secteur d'activité.
Rhéaume (2006) définit
« la charge de travail normale » en
établissant ainsi une distinction claire entre charge et surcharge de
travail sur les plans du nombre d'heures consacrées au travail et de
l'utilisation des compétences et des capacités de l'individu.
Selon lui, une charge de travail « normale » est constituée de
tâches impliquant une charge physique, mentale et psychique correspondant
aux capacités et aux compétences de la personne, pouvant
généralement s'effectuer à l'intérieur d'une
période d'environ 40 heures par semaine.
Rédigé et présenté par TSAKEU
NEKDEM Arsène Raoul
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Au-delà de cette charge de travail normale, il y a
parfois l'hyperactivité au travail, aussi appelée hypertravail.
Ce concept désigne « une surcharge de travail, dépassant de
façon significative une charge dite « normale », qui se
manifeste de façon soutenue dans le temps et qui est acceptée
volontairement voire avec enthousiasme ». Lorsque le sujet lui-même
prétend ne pas arriver à réduire une charge de travail
qu'il considère excessive, il y a hyperactivité professionnelle.
Elle est la conséquence évolutive des efforts
considérables pour assumer des contraintes croissantes imposées
par l'organisation du travail en continuant de produire un travail de
qualité (Dejours, 2004).
Ces peines sont ressenties différemment selon les
personnes et relèvent du niveau subjectif du travail qui n'est pas
évident dans la mesure de la charge de travail Infirmière.
Nous ne disposons pas d'indicateurs pertinents pour
évaluer la charge de travail des soignants. Il n'est pas toujours
possible d'avoir une approche quantitative de cette charge. Par ailleurs, nous
ne pouvons pas toujours contextualiser. Au plus pouvons-nous repérer
:
· Des déclencheurs : un accroissement du volume
de travail à réaliser avec une organisation et des
compétences inchangées ; une réduction du temps de travail
avec un volume de travail et une organisation inchangées
· Des révélateurs : une augmentation des
accidents du travail ; une augmentation de l'absentéisme.
Mais il n'y a pas de lien direct entre le constat
effectué et une cause unique qui serait la (sur)charge de travail.
Les fluctuations liées à celles-ci ne sont pas
prises en considération et révèlent l'inefficacité
d'une mesure comptable de la charge de travail. Donc, la vision qu'on a de la
charge de travail des soignants est une vision purement instrumentale de ce qui
est à faire, en décalage avec la perception et le vécu
qu'en ont les personnels soignant.
La charge de travail sous l'angle des soins directs (soins
infirmiers) et des soins indirects (tout ce qui participe à la prise en
charge du malade) demeure un projet de recherche en nursing.
Les conséquences de la charge de travail ne se
limitent pas aux ressources humaines, mais affectent également les
organisations.
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29
D'une part, celles-ci doivent ingérer les coûts
de l'absentéisme, du présentéisme et du roulement de
personnel associés à des conditions de travail difficiles et
exigeantes.
Les coûts relatifs aux problèmes de santé
mentale découlant indirectement de la charge de travail sont
estimés, au Québec, à 4 milliards de dollars annuellement
(Vinet, 2004). De ce fait, les organisations
risquent, à plus long terme, de subir une diminution de la
quantité et de la qualité des prestations puisque l'augmentation
de la charge de travail freine l'initiative et la créativité des
personnels. Enfin, certains modèles permettent une évaluation
subjective de la charge de travail.
4-2-4-1. Le Modèle demande-autonomie-soutien
social
Le modèle demande-autonomie-soutien social propose
qu'une situation de travail caractérisée par une demande
psychologique élevée et une faible latitude décisionnelle
entraîne des conséquences sur les individus en termes de stress et
de problèmes de santé physiques et psychologiques divers
(Theorell & Karasek, 1996). La notion de
soutien social est également un facteur impliqué dans
l'équation (Johnson & Hall, 1988).
Les trois dimensions du modèle se résument ainsi:
· Demande psychologique: renvoie à
l'intensité, à la rapidité, à la quantité de
travail, à la contrainte temporelle, aux interruptions et aux
contradictions des exigences;
· Latitude décisionnelle: dépend, d'une
part, de l'autonomie décisionnelle, d'autre part, de la
possibilité de mettre en oeuvre ses compétences et d'en
développer de nouvelles;
· Soutien social au travail: réfère
à la reconnaissance de son travail par la hiérarchie et à
l'appui des collègues.
Le modèle de Karasek et Theorell
(1990) est probablement celui qui a obtenu la plus forte audience
internationale et qui a été le plus évalué, souvent
de façon positive. Les critiques à son encontre portent sur le
fait qu'il sous-estime les facteurs individuels et que la latitude
décisionnelle confond deux dimensions hétérogènes
(prise sur l'environnement et développement personnel). Par ailleurs, ce
modèle étant élaboré à partir de très
larges échantillons dans une perspective épidémiologique,
son application dans le cadre d'une microanalyse de situations de travail se
révèle difficile. Néanmoins, compte tenu de l'appui
scientifique dont bénéficie ce modèle, il apparaît
essentiel de prendre en compte les dimensions qui le composent.
Rédigé et présenté par TSAKEU
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4-2-4-2. Objectivation quantitative de la charge de
travail
Le discours des gestionnaires en ressources humaines et en
soins infirmiers est principalement axé sur la transparence et la mesure
comptable de la charge de travail du personnel soignant. Fort
imprégné des courants des années 90 de mesure objective de
la charge de travail, la direction des hôpitaux parle de la charge de
travail à travers deux méthodes de quantification de celle-ci
:
- la méthode SIIPS (soins infirmiers
individualisés à la personne soignée) : l'objectif de
cette méthode est de déterminer un indicateur en soins infirmiers
par une appréciation globale et synthétique des soins pour chaque
malade. Elle renseigne notamment pour chaque malade l'intensité des
soins et leur structure. Les soins sont classés en trois
catégories, les soins de base (liés à l'alimentation,
l'hygiène et le confort) ; les soins techniques ; les soins relationnels
et éducatifs. Des coefficients sont attribués à chacun des
soins en fonction de la pathologie et du degré de dépendance de
la personne soignée. Cette méthode doit permettre
d'évaluer en fonction de l'unité de soins (courts, moyens ou
longs séjours), des pathologies traitées et du degré de
dépendance des malades l'effectif soignant requis.
- La méthode PRN (programme de recherche en nursing) :
Il s'agit d'une méthode canadienne dont l'objectif est de quantifier la
charge de travail. Cette méthode repose sur la charge de travail en
soins directs (soins dont bénéficie directement le patient) et
soins indirects (soins afférents aux soins directs, par exemple, prise
de rendez-vous, planification des soins, communications avec le médecin
etc.). A chaque soin est attribué un temps de réalisation qui au
final doit permettre d'établir un effectif d'efficacité
maximale.
La méthode principalement retenue en France a
été la méthode SIIPS, mais qui s'est
révélée infructueuse. En effet, elle a été
abandonnée parce qu'elle ne prenait en compte que l'aspect objectif du
travail soignant, mais ne considérait absolument pas ce que les
canadiens nomment les soins indirects. De plus, elle s'est
révélée particulièrement consommatrice en personnel
soignant.
Cependant, les discours des membres de la direction sont
essentiellement tournés vers une définition de la charge de
travail donnée par les SIIPS. « En fonction des soins, il y a
trois catégories de soins qui sont codifiées : les soins de base
: toilettes, hygiène, alimentation etc. qui sont plus des soins
délégués aux aides-soignantes ; les soins techniques :
tout ce qui est perfusion, prise de sang,
etc. et les soins relationnels.
Donc ça donne un score de la charge en soins qui permet de mesurer la
charge de travail en soins et l'évolution de l'autonomie du patient
» (DSI, La Timone).