UNIVERSITE DE BUEA UNIVERSITY OF BUEA
FACULTE DES ARTS FACULTY OF ARTS
Département de Français
SPECIFICITE DE LA TRADUCTION POLITIQUE : LE CAS DE
LA TRADUCTION DE CAMEROON POLITICAL STORY : MEMORIES OF AN AUTHENTIC
EYE WITNESS DE NERIUS NAMASO MBILE
Mémoire complémentaire en vue de
l'obtention de la Licence des Lettres Bilingues
(Français-Anglais)
PRESENTE PAR:
Cynthia CHEDJE BIDJANGA
AR08A014
SUPERVISEUR:
Mr J. Blaise NGANDEU Septembre 2012
CERTIFICAT DE CONFORMITE
Je soussigné, Mr NGANDEU Joseph Blaise,
enseignant au département de Français, Faculté
des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Buea, atteste
avoir dirigé et approuvé le travail de recherche de
l'étudiante nommée Cynthia CHEDJE BIDJANGA (AR08A014)
dont le libellé est : «SPECIFICITE DE LA
TRADUCTION POLITIQUE : LE CAS DE LA TRADUCTION DE CAMEROON POLITICAL
STORY : MEMORIES OF AN AUTHENTIC EYE WITNESS DE NERIUS NAMASO
MBILE », dans le cadre de la dissertation
en vue de l'obtention de la licence des Lettres Bilingues
(Français/Anglais).
En foi de quoi, la présente attestation est
délivrée pour servir et valoir ce que de droit.
Fait à Buea, le 12 septembre 2012
Le Directeur
Mr NGANDEU Joseph Blaise
DEDICACE
A l'Eternel Dieu Tout Puissant, qui m'a montré une fois
de plus que la terre est Son marchepied, qu'Il peut tout et que Son amour
abonde et surabonde à jamais.
Seigneur ceci est l'oeuvre de l'intelligence que tu m'as
donné et je te le dédicace, pour ta gloire et ton honneur.
REMERCIEMENTS
A
Ma maman chérie Madame PITHON née
Tchatchoua Laure Minette alias « Mother LOVE », pour son
amour démesuré, son financement constant et incalculable, mais
surtout ses prières qui m'ont toujours soutenue.
Ma tata chérie Madame EWONGO Vivianne, qui n'a jamais
freiné devant une occasion de me soutenir tant sur le plan
conseillé, que matériel et financier.
Ma petite soeur Isabelle Mbala Bidjanga, pour son
exemplarité et son soutien moral.
Mon cher et tendre don de Dieu, TIENTCHEU DJEUKAM Ralph
Gregory, qui par son amour unique, sa présence, son soutien sans pareil
et ses encouragements sans relâche, ont permis que je me relève
après chaque chute, les unes aussi violentes que les autres.
Mais surtout à Monsieur NGANDEU BLAISE, mon superviseur
dévoué, qui malgré la distance, n'a ménagé
aucun effort pour le succès dans l'aboutissement de ce travail. Merci
Monsieur
TABLE DES MATIERES
CERTIFICAT DE
CONFORMITE..................................................1
DEDICACE.............................................................................2
REMERCIEMENTS....................................................................3
TABLE DES
MATIERES.............................................................4
INTRODUCTION
GENERALE.....................................................7
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE
I.1 Présentation des concepts
clés...................................................10
I.1.1 La traduction
spécifique/spécialisée..........................................10
I.1.2 La
politique......................................................................12
I.2 Spécificité de la traduction
politique...........................................12
I.2.1 Les théories applicables à la traduction
politique...........................13
I.2.1.1 La théorie
sociolinguistique..................................................13
I.2.1.1 La théorie de la traduction
communicative................................14
I.2.1.1 La théorie du
sens............................................................15
I.2.2 Les techniques de traduction applicables au texte
politique...............15
I.2.2.1 La traduction littérale
........................................................16
I.2.2.2 La modulation
................................................................16
I.2.2.3 La
transposition...............................................................17
I.2.2.4 L'étoffement
..................................................................17
I.2.2.5
L'emprunt.........................................................................17
I.2.2.1 La compensation
.............................................................18
I.3 Situation
politico-historique.....................................................18
I.3.1 Histoire de la politique du Cameroun comme
thématique de Cameroon Political Story : Memories of an
Authentic Eye Witnsess de Nerius Namaso
Mbile...............................................................................................................18
I.3.1.1 L'unité
nationale..............................................................19
I.3.1.2 L'intégration
nationale.......................................................20
I.3.1.3
Patriotisme.....................................................................21
I.3.1.4 Le problème
anglophone....................................................22
CHAPITRE II: ILLUSTRATIONS ET ANALYSES
II.1 Les
théories.........................................................................25
II.1.1 La théorie
sociolinguistique..................................................25
II.1.2 La traduction
communicative................................................26
II.1.3 La théorie du
sens..............................................................27
II.2 Les
techniques....................................................................28
II.2.1 La traduction
littérale.........................................................30
II.2.2 La
modulation...............................................................31
II.2.3 La
transposition................................................................32
II.2.4
L'étoffement..................................................................35
II.2.5 L'emprunt
......................................................................36
II.2.6 La
compensation...............................................................37
CHAPITRE III: INTERPRETATIONS ET COMMENTAIRES
III.1 Interprétation de l'application des
théories..................................39
III.1.1 La traduction politique comme un moyen de rapprocher
les gens......40
III.1.2 La traduction communicative centrée sur le
récepteur..................41
III.1.3 La traduction politique pour restituer
l'idéologie du texte de
départ............................................................................................................42
III.2 Interprétation de l'application des
techniques.......................................43
III.2.1 La traduction Littérale comme stratégie
pour préserver l'unité
nationale................................................................................43
III.2.2 La traduction comme outil de manipulation politique
à travers la
« modulation »........................................................................44
III.2.3 La transposition comme technique de traduction
politique au service du
traducteur...........................................................................45
III.2.4 L'étoffement technique de traduction politique
au service de du
pacifisme...............................................................................46
III.2.5 Application de l'Emprunt comme outil de
flatterie......................47
III.2.6 Démonstration de solidarité à
travers « la compensation................47
Conclusion...............................................................................50
Références................................................................................52
INTRODUCTION GENERALE
La traduction est une activité de plus en plus
indispensable aujourd'hui, pour une communication effective à travers le
monde. Au Cameroun précisément, la nécessité de la
traduction n'est plus à prouver quand on sait que ses deux langues
officielles sont l'anglais et le français et qu'il y a deux
communautés linguistiquement. Le statut bilingue du Cameroun et la
complexité de son histoire, notamment sur le plan politique, sont les
bases de ce travail. En effet, le choix du présent sujet a
été motivé par la prise de conscience du fait que pour des
besoins de paix et d'unité nationale, les textes politiques ne sont pas
toujours traduits tels quels. Autrement dit, des mesures sont prises chaque
fois qu'il faut traduire un texte politique vers le français ou
l'anglais selon que le destinataire est anglophone ou francophone. La raison
générale de ce phénomène est que les Camerounais
d'expression française et ceux d'expression anglaise n'ont pas connu les
mêmes expériences pré et postcoloniales et n'ont pas subis
les mêmes traitements. Ainsi nous avons pensé que la traduction
des textes politiques, surtout dans notre contexte, devrait avoir des
spécificités. Dans le cas que nous étudions dans le cadre
de ce travail, nous faisons l'hypothèse que la traduction politique
pourrait servir d'instrument de manipulation ; puisque le destinataire est
visé au même titre que celui du texte source. Ce mémoire
consistera ainsi non seulement à montrer les spécificités
de la traduction politique mais aussi à montrer que ces
spécificités-là ont permis une traduction politique
manipulée du corpus à pour des raisons du même ordre.
Ledit corpus s'intitule Cameroun Political Story: Memories
of an Authentic Eye Witness de Nerius Namaso Mbile. C'est un texte qui
raconte l'histoire politique du Cameroun du point de vue d'un Anglophone. Il
relate les faits du temps des Cameroun Français et Britannique, des
décisions prises à la conférence de Foumban de 1961 sans
demander l'avis des Anglophones et qui les prive de nombreux avantages, des
activistes de la SCNC (Southern Cameroons National Council) qui militent pour
la re-séparation des anglophones et des francophones en insistant sur le
fait que les anglophones sont marginalisés et relégués au
second plan dans les prises de décisions au Cameroun. Mbile se dit
témoin de tout ce qui s'est passé et de toutes les injustices
dont les anglophones ont été victimes, mais il n'entend pas
susciter une quelconque division pour autant. Au contraire, il demande à
ses confrères de taire les querelles qui émanent de la
Conférence de Foumban et qui seraient à l'origine du
problème anglophone. Il prône l'unité nationale, le
patriotisme et l'intégration nationale.
La traduction du corpus a par conséquent
été réalisée en manipulant la langue de
manière à ce que toute chose qui a un caractère
péjoratif pour le francophone soit masquée et ce qui est
prôné comme le patriotisme, l'unité et l'intégration
nationales, soit mis en avant et renforcé, d'où la manipulation
politique. Tout ceci dans un seul but, celui de préserver la paix au
Cameroun, ce qui renvoie tout simplement à la finalité et la
raison de cette traduction politique.
Ce travail est organisé en trois chapitres dans
lesquels sont organisées les idées. Le chapitre 1, titré
« cadre théorique », nous présentera d'abord
la traduction basique, ainsi que la politique basique. Ensuite, on y
retrouvera aussi les éléments qui sont spécifiques
à la traduction politique. Et enfin cette première partie nous
fait un dessein de la scène politico-historique afin de nous
éclairer sur les raisons latentes des comportements divers dans les
rédactions et les traductions.
Le deuxième chapitre porte pour
titre « illustrations et analyses ». Il montre comment
les éléments propres à la traduction politique sont
utilisés et par la suite analysés pour une bonne
compréhension.
La troisième et dernière partie de ce travail
s'intitule « interprétations et commentaires ».
Elle a pour objectifs de mettre en relation les illustrations et le contexte
politique du Cameroun, puis de les commenter afin de voir si notre
hypothèse va être confirmée ou infirmée. Aussi, on
verra comment la traduction a réussie à préserver
l'idéologie de paix et d'unité que prône l'auteur du
corpus.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
I.1 PRESENTATION DES CONCEPTS CLES
Pour commencer ce travail, il est important de
présenter les mots clés autour desquels ce mémoire tout
entier sera axé. Il s'agit ici de la politique proprement dite et de la
traduction spécialisée ou spécifique. Ces concepts seront
par conséquent définis de manière à nous permettre
d'aboutir à une bonne compréhension du sens induit par la
juxtaposition de ces deux termes qui entretiennent, par ailleurs, une relation
de détermination, afin d'avoir un bon éclairage pour notre
travail.
I.1.1 La traduction
spécifique/spécialisée
La traduction spécialisée par opposition
à la traduction littéraire est celle qui nous concerne dans le
cadre de ce travail étant donné la technicité requise pour
le traitement d'une traduction dans un domaine aussi délicat que la
politique.
La traduction spécialisée se distingue par
l'absence de tout intérêt littéraire. Il s'agit de textes
contraires à la prose et la poésie. Leur particularité est
l'expression de l'imaginaire par la prévalence de la fiction. L'autre
particularité des traductions spécialisées porte sur la
diffusion de la science. Ce sont des traductions techniques, technologiques,
industrielles et scientifiques .Toutefois, Monod reconnaît que la
distinction entre texte littéraire et texte spécialisé est
« arbitraire ».
Le texte spécialisé est de nature cognitive ou
informative car l'objectif visé est la communication des connaissances
dans une filière précise. D'où le réel dosage des
procédés cognitifs dans lesdits textes : définition,
description, raisonnement inductif et déductif,
l'énumération... Par ailleurs, l'auteur se garde de toute
expression sentimentale et émotionnelle d'après Maillot
(1981 :98), « la littérature scientifique et
technique se caractérise par ce qu'on appelle le style neutre,
impersonnel ». Cette rédaction interpelle une stricte
objectivité de la part de l'auteur. Elle est matérialisée
par l'exploitation de la syntaxe de l'impersonnalité avec des pronoms
tels que « nous » et « on ». En outre,
la longueur des phrases et leur complexité ne sont pas toujours de
nature à faciliter la compréhension du message. Toutefois, la
cohérence dépend de l'emploi des connecteurs logiques. Il s'agit
des conjonctions (mais, et, donc...), des adverbes (toutefois,
néanmoins...) et des locutions (en effet, au contraire...). Les textes
spécialisés puisent également leur substance dans les
chiffres (arabes, romains, ordinaux et cardinaux), dans les lettres et les
symboles. Enfin, ils intègrent les éléments
non-linguistiques que sont les représentations graphiques (tableaux
courbes...).
La compréhension est une approche essentielle
en traduction. Horgeulin (1996 :20) pense qu'elle marque la
différence entre la traduction spécialisée et les autres
formes de traductions. Par ailleurs, elle en constitue la principale
difficulté car la traduction d'un terme ou d'un procédé
inconnu reste possible même si ces tenants et ces aboutissants nous
échappent. Toutefois, nul n'a l'assurance de la maitrise de tous les
domaines. Aussi, le traducteur a-t-il souvent à faire, à des
filières inconnues ou méconnues causé parfois par
l'excès de spécialisation de certains textes. En outre, la
traduction technique exige précision et exactitude et donc pour aboutir
à une bonne traduction spécialisée l'on devrait faire
montre d'une bonne maitrise du sujet concerné. En ce qui nous concerne,
le sujet est celui de la politique en générale, et au Cameroun en
particulier.
I.1.2 La Politique
D'après l'encyclopédie libre
Wikipédia, le terme « politique » vient de la racine
grecque « polis » qui veut dire « la
cite ». Elle désigne donc la gestion des affaires de la cite
ou e la république. De nombreuses autres approches selon les mêmes
sources définissent la politique comme l'organisation du pouvoir dans
l'état. Si l'on définit la politique comme un ensemble de jeux de
pouvoirs déterminé par une situation sociale et historique bien
précise, le discours politique, lui, représente le dispositif de
manipulation par excellence pour faire triompher une idéologie
particulière. Le discours politique se veut le reflet de ce qui se passe
dans une société à un moment donné, de l'histoire,
tout en contribuant aux mouvements sociologiques d'un pays ou d'une nation.
Dans ce contexte, nous avançons l'hypothèse que la traduction
d'un discours politique peut servir à son tour d'instrument politique,
particulièrement si le destinataire de la traduction est visé au
même titre que celui du texte source.
I.2 SPECIFICITE DE LA TRADUCTION POLITIQUE
Compte tenu de notre désormais bonne
compréhension des concepts de « traduction
spécifique » et de « la politique »,
il nous serait important de comprendre qu'il y a une spécificité
dans la traduction politique qui vise à traduire une idéologie
politique d'une langue à une autre, et donc d'un groupe de personnes
à un autre qui s'oppose, de façon pacifique. Notre proposition
de formulation d'une approche pacifiante en traduction s'inspire de la
doctrine de la politique intitulée « pacifisme ». Le
dictionnaire encyclopédique libre Wikipédia le définit
comme « l'engagement d'atteindre ses objectifs par des moyens
non-violents ou non agressifs ».
Ainsi, d'après les recherches faites dans une
thèse de master à l'université de Buea au Cameroun par
Mba. B .T, en 2004, des procédés applicables à la
traduction spécifique à la politique ont été
relevés.
I.2.1 Les théories applicables à la
traduction politique
Les théories de traduction
identifiées et utiles à la restitution des textes
politico-historiques sont les suivantes :
I.2.1.1 La théorie sociolinguistique
Selon la théorie
sociolinguistique, la traduction est un acte de communication. Il met en
rapport deux langues, peuples, deux cultures. Pour les défenseurs de
cette théorie, notamment Pergnier(1993), le traducteur est comme un
intermédiaire entre deux cultures et deux mondes différents. Par
conséquent, le destinataire francophone dans le cas de ce présent
travail doit être au centre de l'activité de traduction. En
d'autres termes, l'énoncé doit être traduit en tenant
compte des us et coutumes du public cible francophone. Pour ce faire, il est
nécessaire de prendre en considération des paramètres tels
que l'origine, le cadre de vie, la profession et la culture du destinataire du
message. Toutefois, l'analyse de tous ces paramètres s'appuie sur les
structures linguistiques. On note donc dans la théorie sociolinguistique
la présence des éléments des théories philologiques
et linguistiques. En effet, la connaissance de la culture et des
réalités du destinataire prônée par la
théorie sociolinguistique rejoint ce que les philologues
désignent par « la connaissance historique »
alors que la maitrise des langues de travail n'est rien d'autre que
l'application de la théorie linguistique. Pergnier (1993 :110)
insiste sur l'adaptation du texte au destinataire, lorsqu'il considère
l'opération de traduction comme une reformulation d'information. Elle
peut se manifester par une réorganisation totale de
l'énoncé : Niba(1964) ; quant à lui, introduit
la notion « d'équivalence dynamique » dans la
théorie sociolinguistique. Il estime que le traducteur doit s'atteler
à provoquer sur son public cible le même effet que le texte de
départ a sur son lecteur.
I.2.1.2 La théorie de la traduction
communicative
D'après le traducteur en
communication New mark, la « communicative translation
attempts to produce on its reader an effect as close as possible to that
obtained on the readers of the originals » (p.39). Ainsi
donc, la traduction communicative tente autant que faire se peut de produire
sur les lecteurs francophones un effet semblable à celui que le texte
original doit produire sur les lecteurs Anglophones. La traduction
communicative s'intéresse donc davantage à la réaction des
locuteurs de la langue d'arrivée. Il y a même lieu d'affirmer
qu'elle est une procédure subjective, car son intention principale est
de produire un effet certain dans l'esprit des lecteurs.
I.2.1.3 La théorie du sens
La théorie du sens ou
théorie interprétative émane du principe suivant : la
traduction n'est pas une opération de conversion des mots d'une langue a
l'autre ; elle est précisément la transmission du message
véhicule par les mots ou la langue. Aussi, le message est-il le point
focal de la traduction en lieu et place du mot. Il est également
l'élément de communication central entre les hommes.
Pour les partisans de cette théorie, la
fidélité au vouloir dire de l'auteur constitue la notion
cardinale en traduction. A cet effet, la traduction est l'addition de la
compréhension (du message) et de la réexpression (de celui-ci).
Elle est l'éloge du fond au détriment de la forme, louange du
contenant au dépend du contenu.
I.2.2 Les techniques de traduction applicables au texte
politique
Nombres de difficultés sont
en effet, rencontres dans la traduction des textes politiques. Elles
relèvent souvent des structures linguistiques et syntaxiques. Il s'agit
des difficultés inhérentes aux textes à traduire. Ainsi,
ces difficultés pourraient résulter à un travail
approximatif de la part du traducteur même si elles ne dédouanent
pas le traducteur en cas de rendu approximatif. Le traducteur est donc
appelé, par conséquent, a s'imprégner du texte de
départ au prix d'une lecture critique mais aussi et surtout de savoir
quel technique de traduction est appropriée pour le texte politique.
Ainsi, Vinay et Darbelnet nous propose quatre de leurs
sept techniques de traduction et d'autres méthodes, toutes
adéquates pour les traductions spécialisées telles que la
traduction politique dans Stylistique comparée du français et
de l'anglais(1977).
I.2.2.1 La traduction littérale
La traduction littérale est encore
appelée traduction directe ou mot-a-mot. Elle désigne le fait que
« le message LD (langue de départ) se laisse parfaitement
transposer dans le message LA (langue d'arrivée), parce qu'il repose
soit sur les catégories parallèles (parallélisme
structural), soit sur des conceptions parallèles (parallélisme
métalinguistique) » (Vinay et Darbelnet, 1984 :47). Cette
technique est simple et efficace.
I.2.2.2 La modulation
« La modulation est une variation dans le
message, obtenue en changeant de point de vue, d'éclairage et
très souvent de catégorie de pensée » (Vinay et
Darbelnet, 1984 :11). Cette variation devient indispensable lorsque
le passage de LD a LA ne peut s'opérer sans trahir le génie de
la langue d'arrivée.
I.2.2.3 La transposition
Elle est définie « le
procédé qui consiste à remplacer une partie du discours
par une autre sans en changer le sens » (Vinay et Darbelnet,
1984 :50) ou « le procédé par lequel un
signifié change de catégorie grammaticale »
(op.cit. :16). La transposition permet de transformer un nom en un
adjectif qualificatif et vice versa, un adjectif en un adverbe et vice versa,
etc. Elle est applicable aussi bien à l'intérieur d'une langue
que dans le passage d'une langue a l'autre.
I.2.2.4 L'étoffement
« L'étoffement est
le renforcement d'un mot qui ne suffit pas à lui-même et qui a
besoin d'être épaulé par d'autres » (Vinay et
Darbelnet)
I.2.2.5 L'emprunt
« Trahissant une lacune,
généralement une lacune métalinguistique, technique
nouvelle, concept inconnu, l'emprunt est le plus simple des
procédés de traduction » (Vinay et Darbelnet,
1984 :47). Il s'agit de copier sans contour un terme d'une langue pour une
autre. Le recours à ce procédé participe de la
volonté de création par le traducteur d'un effet de style,
notamment l'introduction de la couleur locale.
I.2.2.6 La compensation
La compensation est un procédé stylistique qui
vise à garder la tonalité de l'ensemble en rétablissant
sur un autre point l'énonce la nuance qui n'a pas pu être rendue
au même endroit dans l'original.
I.3 SITUATION POLITICO-HISTORIQUE
Il est important dans notre travail de savoir quelle
est la politique dont nous parlons. Il s'agit de l'histoire de la politique du
Cameroun. Nous la décrivons telle qu'elle se présente dans notre
corpus de travail.
I.3.1 Histoire de la politique du Cameroun comme
thématique de Cameroon Political Story : Memories of an Authentic
Eye Witnsess de Nerius Namaso Mbile
Ce livre dont il est important de préciser que l'auteur
est anglophone, porte sur l'histoire de la politique du Cameroun qui selon lui
et d'autres acteurs de cette époque aurait posé une
barrière au progrès des Anglophones. Nous présenterons,
tels qu'ils le sont, des thèmes qui sont développés pour
comprendre la situation du Camerounais Anglophone perçue par un
Anglophone.
I.3.1.1 L'Unité Nationale
Le Président Paul Biya définit
l'unité nationale dans une allocution le 4 mai 1983 à Maroua
comme il suit: « National unity does not amount to the always restricted
and passive feeling of belonging or wishing to belong to one and the same
community. It is above all a common and unanimous determination to walk
together and share in a brotherly manner the same common ideals and the same
hopes. »
Ce thème occupe d'une place de choix dans Cameroon
Political Story: Memories of an Authentic Eye Witness. L'auteur recommande
aux Camerounais de tourner le dos aux revendications rétrogrades,
notamment la réclamation de l'indépendance par les activistes du
Southern Cameroons National Conférence, S.C.N.C. A cet effet, Mbile
reprécise les idées majeures du pamphlet The Other Side Of
The SCNC story par lui rédigé. C'était contre ce
mouvement sécessionniste issu de la « All
Anglophone Conference». Il s'agit du congrès tenu à
Buéa en 1993. Il avait regroupé environ 5000 intellectuels,
haut-fonctionnaires, sauveteurs...anglophones. Ces participants avaient
planché sur le devenir des populations anglophones. Une
délégation composée de Messieurs Foncha, Muna, Njoh
Litumbe, Munzuh,... s'était donc rendue aux !nations Unies en 1995
pour négocier l'indépendance de l'ancien Cameroun occidental. De
retour de cette expédition, la délégation avait, en
présence des centaines de curieux, montré un drapeau. Ce symbole
d'indépendance leur aurait été remis par les Nations
Unies. L'argumentaire élaboré par Mbile pour battre en
brèche la thèse sécessionniste porte sur cinq
axes :
- L'impossibilité pour les Nations Unies de remettre
sur table le dossier Southern Cameroons clos en 1961.
- Le caractère non-fondé de la mention de
l'absence des avocats et de la seule présence des instituteurs
incapables de faire comprendre la portée du plébiscite de 1961
aux populations.
- L'absence de la moindre instance onusienne capable de
prêter l'oreille à des revendications des individus en faveur de
la sécession d'un Etat membre.
- « The UN could on no account have handed a flag to
the Elad delegation as a token that Southern Cameroon had reverted to the
Trusteeship status again.
- Le déboussolement des partisans de la cause
sécessionniste et la quête d'un point de chute dans le nouveau
contexte multipartiste.
L'auteur de Cameroon Political Story : Memories of an
Authentic Eye Witness prône amour et entente entre les fils et
filles du Cameroun. Mbile apporte foi à l'orientation de l'amour
définie par Antoine de Saint-Exupéry : « s'aimer,
ce n'est point se regarder face à face, c'est regarder ensemble vers la
même direction ». Il s'agit d'orienter les énergies dans
le sens d'une cause commune : la construction d'une nation stable et
prospère. Cet objectif pour le moins noble commande à tous de
dépassionner le débat et de taire les intérêts
individualistes et régionalistes. C'est un appel patriotique. Il
fragmente l'unité nationale en deux sous-thèmes
clés : patriotisme et intégration nationale.
I.3.1.2 L'intégration nationale
L'actuel Président de la République du
Cameroun, Paul Biya, définit la notion de nation dans Pour le
Libéralisme Communautaire comme une communauté humaine
consciente de son unité et de sa solidarité, des armes pour
transcender les barrières d'ordre linguistique, ethnique et religieux.
Par conséquent, l'adjectif qualificatif national désigne la
quête des valeurs, des idéaux et des aspirations partagés
par les citoyens d'une nation. A cet effet, l'intégration nationale
désigne la politique gouvernementale qui vise à susciter chez le
citoyen le sentiment d'appartenance à un territoire donné et
à l'assurance de se sentir comme à la maison partout au Cameroun.
L'application de cette politique a débuté en 1961 à la
faveur de l'instauration du fédéralisme. Aussi, les
fonctionnaires étaient-ils affectés partout à travers le
pays pour une cause précise : servir la nation. Par ailleurs, les
populations, affirme Mbile, étaient encouragés à trouver
du travail de part et d'autre. La présence de nombreuses
communautés du grand Sud camerounais dans les plantations de la CDC
participe de la dite politique. Ses fruits sont la multiplication des mariages
inter-ethniques et la naissance des enfants hybrides entre les
différentes communautés nationales. Cet état des choses,
souligne Mbile, n'a été possible qu'au prix de la
clairvoyance politique des différents Chefs d'Etat, bâtisseurs de
la paix et de la stabilité politique dont les Camerounais tirent
fierté aujourd'hui.
I.3.1.3 Patriotisme
Le patriotisme se conçoit comme l'amour porté
par un citoyen à la patrie. Ce sous-thème est manifeste dans
l'ensemble des deux publications de Mbile. Malgré ses défaites
politiques, notamment le rattachement manqué au Nigéria ou son
éviction du gouvernement Muna, Mbile a continué, comme tous ses
camarades du combat politique, à servir la nation avec
dévouement. A ce titre, il plaint la jeunesse actuelle. Il la trouve
éprise par la quête effrénée du grain facile. Tout
le contraire de son époque racontée dans le premier chapitre de
Cameroon Political Story intitulé : « My Early
Days ». Mbile y précise la petitesse des salaires. Ils
étaient invariablement proportionnels à la ferveur de servir la
nation. Il souligne par ailleurs les sacrifices consentis au nom du
Cameroun.
I.3.1.4 Le problème anglophone
Evoquer une telle question impose de définir la notion
d'Anglophone. Elle est conçue par Gam Kwi comme :
A person speaking English especially where English is not the
only language spoke...an indigene whose first culture is Anglo-Saxon and whose
problem is that of identification within a cultural milieu which is 85 per cent
Gaullic (Ngoh, 189:2004).
Aussi, le problème Anglophone revient-il à
souligner la plainte relative à la marginalisation des populations
originaires de l'ancien Cameroun britannique. En d'autres termes, les
Camerounais anglophones ne joueraient pas les premiers rôles au niveau de
la prise des décisions. Selon Joseph Takougang cité Gam Nkwi, en
1991, 37 of the 47 Senior Prefets [Senior Divisional Officers] were Beti
[Francophones], as where three-quarters of the directors and general managers
of the parastatals, and 22 of 38 high-ranking bureaucrats who had been
appointed in the newly created office of the Prime minister». Ce
problème tire sa genèse, selon Gam Nkwi, de la conférence
de Foumban en 1961. En effet, les dignitaires de l'ex-Cameroun britannique
étaient divisés sur la question du Plébiscite et s'y
étaient rendus en rangs dispersés. A l'occasion, le statut de
langue inférieure fut conféré à l'anglais
« The revised constitution shall be published in French and English,
the French text being authentic ». Cette question fait couler
beaucoup d'encre et de salive auprès des chantres. A ce tire, Njoh
Litumbe (1993 :2) préconise le retour au fédéralisme
comme alternative à la souffrance des populations anglophones :
« I present to those who believe in Federalism
that one political party has been consistent since its inception in preaching
Federalism for a bi-cultural Cameroon, and i urge all of you to seek it out and
join it so that together we can constitute a political bargaining
force ».
Selon Njoh Litumbe, atteindre cet objectif exige aux
populations des deux provinces Anglophones, en l'occurrence le Sud-ouest et le
Nord-Ouest de rester unies afin de rassembler la force indispensable à
la libération du joug francophone. Il rejoint de ce fait la thèse
de Kenneth Asa'ah Fon-Ndikum. Selon ce dernier, il est impératif de
redéfinir les priorités et de taire le différent
Nord-Ouest / Sud-Ouest car, affirme-t-il, « the NW/SW issue is a
non-issue». Aussi, la communauté anglophone doit-elle tirer
avantage, précise Francis Wache, du ferme engagement littéraire
des écrivains de la dimension de Bate Bisong, Bole Butake...car leur
aura est capable de mobiliser le peuple « liberation does not come as
a gift from anybody ; it i seized by the masses with their own
hands » (Ngwane, 1990 :30).
Au sujet de la question anglophone, Nerius Namaso Mbile
demande à la postérité de ne point tenir rigueur aux
membres de l'opposition car le projet de constitution rédigé par
leurs homologues du Cameroun oriental ne leur avait été
présenté qu'à Foumban. Pourtant, le conclave
préparatoire de Mankon à Bamenda aurait dû servir de cadre
à ce travail. Aussi, leur tâche se réduisait-elle à
parcourir et à en faire des propositions d'amendements dans des
délais peu humains. D'ailleurs, au sujet des conditions de
rédaction de cette constitution-là, Mbile est peu amère.
Les rédacteurs qu'ils étaient, pense-t-il, auraient pu produire
du bon comme du mauvais en cinq jours comme en cinq mois. Aussi, invite-t-il
ses compatriotes à taire la querelle des délais brefs. Même
si les Camerounais du bord occidental étaient partis de Foumban peu
comblés au regard de leurs attentes de départ formulées
à Mankon, aucun regret ne devrait être exprimé à
cause des événements à l'origine de l'abandon des clauses
de Mankon. A ce niveau, Mbile nuance ses propos. Les propositions de Bamenda,
affirme-t-il, présentaient également des risques. Une large union
avec deux Etats fédérés à forte autonomie aurait
sans doute pu céder à la moindre fiction pour deux raisons
fondamentales : les éventuels élans séparatistes d'un
Cameroun occidental trop libre de ses mouvements et la possibilité du
déclenchement d'une guerre civile au cas où les compatriotes de
l'Est venaient à s'opposer à la rupture. Nul ne peut affirmer
qu'un Cameroun occidental séparé, pense Mbile, n'aurait pas
produit un autre Macias Nguela, un dictateur. La fédération libre
telle que conçue à Mankon projetait le spectre du danger et des
troubles graves.
Nous venons de décrire l'histoire de la politique du
Cameroun du point de vue de l'auteur du corpus de choix-Nerius Namaso Mbile.
Tout ceci mais surtout la bonne compréhension du
« problème anglophone », sont des pistes qui nous
servirons dans la suite de notre travail, pour établir le lien entre la
traduction politique et la scène politico-historique du Cameroun.
CHAPITRE II : ILLUSTRATIONS ET ANALYSES
Il est question dans ce chapitre d'illustrer à l'aide
des cas pratiques, toutes les théories et technique
précitées, pour étayer les propositions faites quant
à la spécificité de la traduction politique ou pacifiante.
Ainsi nous maintenons que la traduction politique a pour but majeure de
traduire en conservant l'idéologie de base, tout en respectant les
cultures et croyances du destinataire, pour ne pas heurter la
sensibilité de ce dernier. Nous nous servirons de notre corpus
d'étude pour ressortir les éléments à illustrer.
II.1 LES THEORIES
II.1.1 La théorie sociolinguistique
Nous avons dit que sur le plan sociolinguistique, la
traduction est un acte de communication en rapport avec les
sociétés des locuteurs natif des langues concernées. Il
met en rapport deux langues, deux peuples, deux cultures. Pour les
défenseurs de cette théorie, notamment Pergnier(1993), le
traducteur est comme un intermédiaire entre deux cultures et deux mondes
différents.
Cas pratique: No doubt
there was in the romantic Foumbanese, the natural curiosity to know who these
`inglis' looked like. (p.168)
Traduction proposée: Les
romantiques foumbanais furent, à coup sûr, visites par la
curiosité naturelle de savoir à quoi ressemblaient ces
«Camerounais d'expression anglaise».
Nous remarquons dans notre exemple que
« inglis » a été traduit par
« camerounais d'expression anglaise » .Sur le plan
sociolinguistique, ce terme ci-dessus mentionné est de nature risible et
connote l'absence de sérieux dans la considération entretenue
à l' endroit des citoyens issus du bloc occidental. Or, loin de
détruire, le souci du traducteur a été de construire un
cadre de vie harmonieux entre Camerounais de tous bords. D'où l'usage
des termes convoyeurs de respect et de dignité.
II.1.2 La traduction communicative
Comme nous l'avons dit la traduction communicative
s'intéresse donc davantage à la réaction des locuteurs de
la langue d'arrivée. Il y a même lieu d'affirmer qu'elle est une
procédure subjective, car son intention principale est de produire un
effet certain dans l'esprit des lecteurs.
Cas pratique 1 :
K .N.D.P . Does it alone during provisional
arrangement (p.174)
Traduction proposée:
Période des accords provisoires : confiscation du
pouvoir par le KNDP (Parti Démocratique National du Kamerun).
L'approche communicative de la traduction a été
d'un apport précieux dans la restitution du message énoncé
par « does it alone » pour signifier
« confiscation ». En effet le privilège a
été accordé à l'efficacité et à
l'effectivité de la communication, notamment la transmission du contenu
informatif. De fait, l'on a fait peu de cas du nombre et de l'agencement des
mots pour les saisir en une unité de traduction unique, ce d'autant
plus qu'il s'agit d'un sous-titre.
Cas pratique 2: By December 1951, the country
was ready for its first general elections. (p.39)
Traduction proposée: Vers
décembre 1951, le pays était sur le point de tenir ses
élections.
Le traducteur a brulé la politesse de la restitution
littérale de l'énoncé « ready for » ou
« prêt à ». Il l'a plutôt rendu par
« sur le point de ». Ici encore, l'intérêt est
porté sur la méthode droite au but, c'est-à-dire, donner
tout, tout de suite. Mais est-ce que ce jeu de mots n'a pas pour but de jouer
sur la psychologie du lecteur à l'arrivée ?
II.1.3 La théorie du sens
Nous avons dit que la théorie du sens
ou théorie interprétative émane du principe suivant :
la traduction n'est pas une opération de conversion des mots d'une
langue à l'autre ; elle est précisément la
transmission du message véhicule par les mots ou la langue. Aussi, le
message est-il le point focal de la traduction en lieu et place du mot?
Cas pratique: They presented a
staggering sight. Hundreds of men were lying across the tarmac in heaps for
something like three hundred yards while hundreds of others stood, sat or lay
on both sides of the road deep among the low bush and grass. Almost every man
held one type of implement or the other: stick, spear, cutlass; but the oldest
carried by each was lighted lanterns, the dark figures of men, some in groups,
others apart, standing among the low bush and grass. All this against the dark
background of the African night, presented a picture few ever beheld
(p.34).
Traduction proposée: Ils
étaient dans un piteux état. Des centaines d'hommes
étaient à même l'asphyxie en plusieurs petits groupes sur
à peu près trois cents mètres tandis que des centaines
d'autres étaient debout ou assis de part et d'autre de la route. La
broussaille et les herbes finissaient de couvrir un dernier groupe. Tous ou
presque tenaient une arme : bâton, lance, couteau. Mais, tout
curieusement, un outil était commun à tous : une lanterne
allumée. Quel spectacle! La route et les buissons environnants, tout
comme les visages noirs, scintillaient sous l'éclat des centaines de
lanternes allumées. Les uns formaient des groupes et les autres, le
buste émergeant de la broussaille ou des herbes, étaient seuls.
Tout ce tableau était peint en grandeur nature sur un fond de nuit
d'encre africaine.
On remarque ici qu'une restitution plutôt
sémantique que littérale a été faite. L'accent a
été mis sur le contenu plutôt que les mots; par
exemple « they presented a staggering sight » a
été rendu par « ils étaient dans un piteux
état », ce qui à première vue ne veut pas dire
la même chose pourtant émet la même idée
sémantique.
II.2 LES TECHNIQUES
Les techniques applicables à la
traduction politique ont été utilisées dans la traduction
de notre corpus d'étude et les éléments qui les illustrent
feront l'objet de cette autre partie.
II.2.1 La traduction littérale
Dans notre corpus nous avons relevé des cas de
traduction littérale.
La traduction littérale veut tout simplement dire
traduction directe. Elle est utilisée le traducteur éprouve le
besoin de dire la chose telle quelle, sans changement quelconque, afin d'en
préserver toute l'intention de la langue du départ. Il faut dire
que si la traduction littérale est asémantique ou agrammaticale
elle ne saurait faire l'affaire en matière de restitution de message.
Cas pratique 1: Why did the
opposition come to this conclusion? (p.177)
Traduction: Pourquoi l'opposition
parvint-elle à cette conclusion?
Cas pratique 2: The only means of
transport available to us was my Raleigh bicycle.
Traduction: Le seul moyen de locomotion
à notre disposition était ma bicyclette Raleigh.
Cas pratique 3: The East Cameroun
proposals were poles away from our ideas in Mankon. (p.169)
Traduction: Les propositions
du Cameroun oriental étaient diamétralement opposées
à nos idées de Mankon.
Tous ces exemples sont des illustrations
de la traduction littérale. On s'appesantira cependant sur le cas
pratique 1 dans le cadre de notre travail. Ainsi, on observe que dans cet
exemple-là, une traduction directe a été faite.
« Why » a été rendu par
« pourquoi », « the opposition »
par « l'opposition » et « to this
conclusion » par « à cette conclusion »
sans en altérer le sens. Mais notons que bien qu'il s'agisse ici d'une
traduction littérale « arrive at» n'a pas
été rendu directement. On sait qu'un rendu direct n'aurait pas
altéré le message et la question se pose ; pourquoi
« parvint-elle » au lieu d'« arriver
à » ? On se demande si le fait de ne restituer que
certains mots littéralement ne cache pas une manipulation quelconque.
II.2.2 La modulation
La modulation comme nous l'avons dit est une «
variation dans le message, obtenue en changeant de point de vue,
d'éclairage et très souvent de catégorie de
pensée » (Vinay et Darbelnet, 1984 :11). Cette
variation devient indispensable lorsque le passage de LD à LA ne peut
s'opérer sans trahir le génie de la langue d'arrivée.
Voici certains exemples de modulation sous ses diverses formes :
- Changement de point de vue
Cette forme de modulation qui consiste
à passer du point de vue de la langue A, à un autre point de vue
dans la langue B, a servi dans la traduction de notre corpus d'étude.
Cas pratique: Also, out of the thirteen
Trust Territory members, at least one of them was to be a
member of the Eastern Region Government at Enugu.
Traduction: En outre, un portefeuille,
pas moins, au Gouvernement de la Région orientale
à Enugu revenait de droit à l'un des treize députés
du Territoire sous tutelle.
- Passage du particulier au
général
Cas pratique: Almost every
man held one type of implement or the other.
Traduction: Tout le monde, ou
Presque, tenait un type d'arme.
- Passage du concret à l'abstrait
Cas pratique: However, the joy of
homecoming was soon swept away as my house looked empty and
desolate, my young wife with our first son having left for my village.
Traduction: Cependant, cette
joie du retour au bercail allait bientôt être balayée par
une impression de vide et de désolation. Elle se dégageait de
chez-moi du fait du départ de ma jeune épouse
pour mon village en compagnie de notre premier fils.
- Passage de l'abstrait au concret
Cas pratique 1 : My father's
exit
Traduction : Le
décès de mon père
Cas pratique 2: My brothers in struggle
for a mere crumb for the stomachs of our hungry children and
ourselves please listen to me (p.34).
Traduction: Ecoutez, s'il vous plait,
chers frères. Ensemble, nous luttons pour l'obtention d'une simple
miette de pain pour les estomacs creux de nos enfants, y
compris les nôtres.
- Passage d'une partie pour le tout
Cas pratique: ...to hear from
the horse's mouth what exactly i had become.
Traduction: ...d'apprendre les tenants et
les aboutissants de ce que j'étais devenu de la
personne la plus indiquée.
L'exemple qui nous interpelle dans
le cadre d'une traduction politique est celui du changement de point de vue
où on le constate de la personne qui parle dans la phrase en
français par rapport à celle en anglais. On dirait que la
traduction en français évite de dire la chose telle qu'elle a
été dite en anglais en étant moins spécifique que
la langue de départ et l'on se demande pourquoi ? Quand
« was to be » est rendu par « revenait de
droit », on constate que le point de vue a changé et
même que ce changement est volontaire.
II.2.3 La transposition
Nous avons dit que la transposition est
définie comme « le procédé qui consiste
à remplacer une partie du discours par une autre sans en changer le
sens » (Vinay et Darbelnet, 1984 :50) ou « le
procédé par lequel un signifié change de catégorie
grammaticale » (op.cit. :16). La transposition permet de
transformer un nom en un adjectif qualificatif et vice versa, un adjectif en un
adverbe et vice versa, etc. Elle est applicable aussi bien à
l'intérieur d'une langue que dans le passage d'une langue à
l'autre. Nous avons relevé des exemples dans notre corpus sous ses
différentes apparitions.
- Passage d'un adjectif qualificatif au
nom
Cas pratique: By December, the
country was ready for its first general elections
(p:39)
Traduction: Vers
décembre, le pays était sur le point d'organiser
ses premières élections législatives.
- Passage d'un nom a un adjectif
qualificatif
Cas pratique 1 : My village
of birth
Traduction : Mon village
natal
Cas pratique 2: ...to hear from
the horse's mouth what exactly i had become.
Traduction: ...d'apprendre les
tenants et les aboutissants de ce que j'étais devenu de la personne
la plus indiquée.
Cas pratique 3: ...it is the law
of laws. (p.172)
Traduction:...c'est la loi
fondamentale.
Cas pratique 4: ...found the
once busy docks as silence as a grave yard (p.32)
Traduction:...trouvèrent
les quais autrefois animés dans un silence
sépulcral.
- Passage d'un adverbe à un nom
Cas pratique 1:...of the
Cameroons, was scrupulously respected...
Traduction:...du Cameroun sous
tutelle britannique, était respecté à la lettre...
Cas pratique 2:...for their men
to off load the ships off Bota
Traduction:...obtenir un renfort
d'effectifs pour décharger les bateaux au large de Bota.
Cas pratique 3:...delegates
spoke proudly of their individual and union achievements
Traduction:..., les
délégués évoquèrent avec fierté leurs
succès tant individuels que syndicaux.
Cas pratique 4: The
well-cultivated Bamileke land lay below us
Traduction: A nos pieds
s'étalait la terre aux cultures harmonieuses du pays
Bamiléké.
- Passage du verbe au nom
Cas pratique: ...When a few
weeks later news leaked that...
Traduction:...Quand quelques
semaines plus tard il y eût fuite de l'information
relative à...
- Passage du verbe a l'adjectif
qualificatif
Cas pratique: The CDC turned to
the Elders and Fyffes who owned the Likomba estate.
Traduction: La CDC tendit la main
à l'entreprise propriétaire de la plantation de
Likomba: la Elders and Fyffes.
-
Chassé-croisé : Il s'agit d'un cas
particulièrement fréquent de transposition. Le français va
droit au résultat pour faire intervenir le
moyen après. L'anglais, par contre, suit l'ordre des
images.
Cas pratique: However, the joy
of homecoming was soon swept away as my house looked empty and
desolate.
Traduction: Cependant, cette
joie du retour au bercail allait bientôt être balayée par
une impression de vide et de désolation. Elle se dégageait de
chez-moi.
MOYEN : swept away
RESULTAT : balayée par une impression
de vide et de désolation
Le cas pratique qui nous servira au cours de ce travail
est celui du chassé-croisé où « swept
away » devient, en français, « balayée
par... ». Sauf que tandis qu'en anglais ca exprime le moyen par
lequel le résultat arrive, en français le résultat est
directement présenté, puis le moyen. Cette transposition sur le
plan du changement de l'ordre des idées traduit une volonté
certaine, mais laquelle ?
II.2.4 L'étoffement
« L'étoffement est le renforcement d'un
mot qui ne se suffit pas à lui-même et qui a besoin d'être
épaulé par d'autres » (Vinay et Darbelnet). Et dans les
exemples qui suivent, on observe de l'étoffement :
- Etoffement de la préposition
Cas pratique 1: My brothers in
struggle for a mere crumb for the stomachs of our hungry
children and ourselves please listen to me
Traduction: Ecoutez, s'il vous
plait, chers frères. Ensemble, nous luttons en vue de
l'obtention d'une simple miette de pain pour les estomacs
creux de nos enfants, y compris les nôtres.
Cas pratique 2: There was a
thunderous applause and the men slowly melted away into the darkness,
to their homes
Traduction: Il y eût un
tonnerre d'applaudissements et, lentement, les gars fondirent dans le noir
à destination de leurs domiciles.
- Etoffement du nom
Cas pratique:
Premier Foncha and Dr Endeley spoke in the same vein as their
earlier speaker.
Traduction: Les allocutions du
Premier ministre Foncha et Dr Endeley abondèrent dans
le même sens que leur prédécesseur à la
tribune.
Ce dernier cas pratique fera l'objet de notre analyse dans le
cadre de notre travail. « Premier Foncha » dans la phrase
en anglais a été étoffé par
« ministre » dans « premier ministre
Foncha ». Cet étoffement n'est pas gratuit, et encore moins
accidentel.
II.2.5 L'emprunt
Nous avons dit que
« trahissant une lacune, généralement une
lacune métalinguistique, technique nouvelle, concept inconnu, l'emprunt
est le plus simple des procédés de traduction » (Vinay
et Darbelnet, 1984 :47). Il s'agit de copier sans contour un terme d'une
langue pour une autre. Le recours à ce procédé participe
de la volonté de création par le traducteur d'un effet de style,
notamment l'introduction de la couleur locale. Tel que nous l'illustrons.
Cas pratique 1: It was lunch time, and we had
to go with the rest, and to convene only after midi.
Traduction: L'heure du déjeuner avait
sonné, et nous devions nous joindre aux autres pour ne reprendre que
dans l'après-midi.
Cas pratique 2: We were surprise to find
Resident Shute waiting for us in Chief Endeley's sitting room in such an odd
hour of the night.
Traduction: Quelle ne fût pas notre
surprise! M.DAF Shute, le Représentant-Résident, nous attendait
dans la salle prévue à cet effet chez Chief
Endeley à une heure aussi indue.
Le premier cas pratique montre que
c'est l'anglais qui a d'abord emprunté « midi » au
français et que le traducteur a tout simplement conservé dans la
traduction. Toujours est-il qu'il y a un emprunt dont la conservation par le
traducteur n'est pas à négliger. Dans le dernier cas pratique,
« Chief » dans « chief Endeley » a
été emprunté.
II.2.6 La compensation
Rappelons-nous que la compensation qui est un
procédé stylistique qui vise à garder la tonalité
de l'ensemble en rétablissant sur un autre point de
l'énoncé, la nuance qui n'a pas pu être rendue au
même endroit dans l'original. Nous en faisons l'illustration dans les
lignes suivantes:
Cas pratique 1: My brothers in
struggle for a mere crumb for the stomachs of our hungry children and ourselves
please listen to me
Traduction: Ecoutez,
s'il vous plait, chers frères. Ensemble, nous luttons
en vue de l'obtention d'une simple miette de pain pour les estomacs creux de
nos enfants, y compris les nôtres.
Cas pratique 2: My
father had become more than a father.
Traduction: Papa était
devenu plus qu'un parent.
Dans le cas pratique 1
« chers » dans « chers frères »
a été utilisé pour compenser
« frère » et dans le cas pratique 2 au lieu de
traduire « my father » par mon père, le traducteur a
plutôt compensé en utilisant l'appellation affective
« papa ».
Au terme de ce chapitre qui consistait à
illustrer, à l'aide de notre corpus, les utilisations et les mises en
pratique des théories et des techniques appropriées à une
traduction pacifiante, on a pu voir les différentes manières dont
les techniques et théories présentées au préalable
ont été utilisées. Leurs analyses et commentaires seront
ainsi faits dans le chapitre qui suit, ce qui permettra de disséquer ces
illustrations, à la lumière des explications
CHAPITRE 3 : INTERPRETATIONS ET COMMENTAIRES
Au cours des chapitres précédents,
il était question de présenter et illustrer les différents
procédés de traduction d'un texte politique. Pour ce faire, nous
avons jugé important, voire indispensable de décrire la
scène politico-historique du Cameroun pour comprendre la
nécessité d'une attention particulière dans une traduction
politique. Ayant donc présenté ces procédés et les
ayant illustrés, ce chapitre consistera à les interpréter,
afin de voir si notre hypothèse peut être réfutée ou
confirmée. Cette hypothèse est que la traduction d'un discours
politique peut servir à son tour d'instrument politique,
particulièrement si le destinataire de la traduction est visé au
même titre que celui du texte source comme c'est le cas dans notre corpus
d'étude.
III.1 INTERPRETATION DE L'APPLICATION DES THEORIES
Les théories que nous avons proposées comme
étant applicables à la traduction d'un texte politique ont
été ressorties dans la traduction de notre corpus de travail et
nous avons relevés les éléments qui les illustrent. Une
interprétation de l'utilisation de ces théories en vue de
confirmer ou pas notre hypothèse, fera l'objet de cette partie.
III.1.1 La traduction politique comme un moyen de
rapprocher les gens
Nous avons dit que la sociolinguistique met en rapport la
langue et la société dans laquelle cette dernière est
parlée et comment les habitudes langagières se ressentent dans la
manière de s'exprimer des locuteurs de cette société. Ce
n'est pas différent dans le cadre d'une traduction, sauf que l'on doit
prendre en considération le fait que deux langues sont concernées
et donc deux groupes de locuteurs. Dans notre cas précis la
société dont il est question est celle du Cameroun, pays bilingue
avec pour langues officielles l'anglais et le français. Pour illustrer
cette théorie dans la traduction politique, il y avait l'expression
« inglis » rendu en français par
« camerounais d'expression anglaise ». En anglais,
quand on utilise « inglis » c'est une façon
pour l'auteur du texte source (un anglophone), de montrer comment le
francophone camerounais fait référence à son compatriote
anglophone. Inglis du point de vue francophone porte une forte charge
négative qui en dit long sur l'image que les camerounais de l'autre
côté du moungo ont des anglophones. Nous avons là une
expression de la sociolinguistique, d'un lien entre la langue et l'imaginaire,
mieux la culture d'un peuple; lien que le traducteur, intermédiaire,
entre deux cultures, devrait rendre fidèlement. Or, on remarque que dans
la traduction qui a été faite la connotation négative,
risible et moqueuse est évitée, nous pouvons même dire
volontairement supprimée. Le traducteur (un francophone) n'a pas
conservé cet aspect, comme pour réfuter le fait qu'il y ait une
moquerie quelconque. Le fait que l'auteur du texte source veuille montrer que
le francophone Camerounais a peu de considération pour l'anglophone
camerounais pourrait menacer l'unité et l'intégrité
nationales. Néanmoins, le traducteur a compris que l'auteur du texte
source n'avait pas l'intention de diviser mais plutôt de peindre une
réelle image. Et donc, il a restitué de manière
pacifique, avec des mots qui épousent mieux la compréhension
sociétale du francophone. On réalise donc que la traduction a
été utilisée ici pour renouer les liens d'unité
nationale qui ont une fois été brisés par les activistes
d'antan. Cette théorie a donc été utilisée dans la
restitution de « inglis » comme outil de
manipulation politique.
III.1.2 La traduction communicative centrée sur le
récepteur
Il s'agit ici d'une traduction qui s'intéresse
d'avantage à la réaction du locuteur de la langue
d'arrivée et cette théorie rend la manipulation plus perceptible.
Si le traducteur doit s'attarder sur comment le destinataire va réagir
face à la communication que sa restitution portera, il doit donc se
garder de dire des choses qui pourraient causer des soulèvements. Dans
l'illustration « ready for » a été
rendu par « sur le point de ». Quand on regarde de
près, on réalise que cette traduction ne communique pas le
message de départ mais plutôt l'intention souhaité à
l'arrivée. Alors, pour un besoin de transmission d'idéologie
politique, le traducteur a fait un jeu de mots qui a pour but de dire la chose
telle que le francophone comprendrait mieux et donc y réagirait mieux.
« Ready for » en anglais ne précise pas si
l'action est dans un futur proche ou pas, alors que « sur le
point de » laisse voir que l'action est très près
de se réaliser. Ceci implique que la communication passerait mieux de
cette façon auprès du destinataire que si la traduction avait
été faite littéralement. Pour les besoins de
réaction positive ce choix de restitution est donc à
féliciter. Le besoin de traduire ces mots de cette façon repose
sur le but même de la traduction communicative, qui subjectivement,
s'attarde plutôt sur la réception et réaction du locuteur
d'arrivée que sur le message même. Cette traduction réelle
mais en même temps modifiée, montre une fois de plus qu'il y a une
volonté indirecte de détourner les dires pour un meilleur
résultat. Ce résultat qui devra rentrer dans l'objectif de paix
recherché.
III.1.3 Traduction politique pour restituer
l'idéologie du texte de départ
Nous avons dit que la traduction n'est pas une
opération consistant en la conversion des mots d'une langue à
l'autre mais plutôt en la transmission du message véhiculé
par les mots. En traduction, le message est le point focal et il l'est encore
plus pour le texte politique. L'illustration « they presented a
staggering sight » rendue en français par
« ils étaient dans un piteux état »,
fait preuve d'une bonne restitution du message même si à
première vue, les mots ne semblent pas réellement se
correspondre. Le problème qui se pose est que si l'on ne doit traduire
que le sens des mots et pas les mots eux-mêmes, ça veut dire que
le traducteur a le droit d'utiliser n'importe quel mot pourvu que cela traduise
le message. Or, le choix des mots peut aussi influencer le lecteur, raison pour
laquelle cette théorie est utile à la traduction politique, vu
qu'elle peut permettre au traducteur de changer les mots ou de leur trouver des
substituts qui marcheraient mieux en matière de conviction du lecteur.
C'est donc cet outil que le traducteur a utilisé pour sa restitution,
afin d'en épouser à son aise, l'idéologie de l'auteur du
texte source. Cette théorie lui a ainsi permis de ne restituer que le
sens voulu tel que son destinataire le comprendrait et l'accepterait mieux.
Rappelons que le but d'une traduction politique c'est de rendre un message,
mais davantage son sens politique d'une langue A vers une langue B, en tenant
compte du fait que les mots et leurs sens peuvent avoir une influence sur le
statut de la paix dans un pays.
III.2 INTERPRETATION DE L'APPLICATION DES
TECHNIQUES
Les techniques applicables à la traduction d'un texte
politique que nous avons proposées ont été
retrouvées dans la traduction de notre corpus qui, rappelons, est un
texte qui relate l'histoire de la scène politique du Cameroun post
indépendant. Nous avons relevés les éléments dans
lesquels ces techniques ont été utilisées à travers
des illustrations. Nous nous attèlerons donc à mettre en relation
ces illustrations et notre hypothèse au travers des
interprétations.
III.2.1 La traduction Littérale comme
stratégie pour préserver l'unité nationale
Etant une traduction directe, comme nous l'avons dit, cette
technique sert à préserver toute l'intention de la langue de
départ. Si l'on est sûr que l'intention ne va pas être
altérée, ce procédé est très utile et
même facile. La manipulation ici réside dans le fait que, bien
que la restitution soit directe, il y a des mots qui ne sont pas rendus
littéralement. Ce choix de rendre littéralement certains mots et
pas d'autres n'est pas anodin. Dans notre illustration 1, «Why did the
opposition come to this conclusion? (p.177)», on constate que tout a
été rendu littéralement, parce que ça ne
compromettait pas la coloration désirée du message. Par contre,
« come to » n'a pas été rendu
littéralement par « parvint-a » parce que
cette restitution préserve à la fois l'intention et la conviction
politique qui s'y cachent. On retrouve ici l'intention de préserver
l'unité nationale par le pacifisme de la traduction qui doit
protéger l'auteur, en disant les choses au lecteur de manière
à ne pas créer de discorde, même mentale.
III.2.2 La traduction comme outil de manipulation politique
à travers la « modulation »
La modulation qui est la variation dans le message, obtenue
en changeant de point de vue, d'éclairage et très souvent de
pensée selon Vinay et Darbelnet. Modulation sous-entend changement et
donc elle serait une technique intéressante dans une traduction
politique puisqu'elle cherche à diluer ou transformer l'information dans
la langue d'arrivée pour qu'elle corresponde à son destinataire.
Dans notre illustration, «Also, out of the thirteen Trust
Territory members, at least one of them was to be a member of
the Eastern Region Government at Enugu », il y avait un
changement de point de vue dans la restitution de « was to
be » en « revenait de droit ».
Alors, que « devait être » et
« revenait de droit » ne veulent en aucun cas dire
la même chose, même si ça peut signifier la même chose
selon le contexte. Dans la situation politico-historique du Cameroun, la partie
anglophone pense que si elle était restée avec le Nigeria, elle
ne souffrirait pas de « marginalisation » au lieu d'avoir
à partager un pays avec des gens qui « ne les
estiment » pas assez. Dans notre phrase d'illustration, le traducteur
a rendu cette phrase de cette façon pour insinuer que le Nigeria aussi
leur a refusé ce qui leur « revenait de
droit ». Loin de vouloir s'attarder sur des vieux problèmes
qui nous divisent au lieu de nous réunir, cette restitution est juste
une preuve parmi d'autres que la traduction politique peut subir une modulation
quand elle doit servir d'outil de manipulation au même titre que le texte
source. On constate donc qu'au cours de la traduction le message a
été rendu mais le point de vue a été changé
pour épouser une idéologie politique qu'il n y a pas de
distinction entre francophone et anglophones au Cameroun, qu'il n y a que des
citoyens bilingues unis. D'ailleurs c'est ce l'auteur du texte source-Nerius
Namaso Mbile, tente tant bien que mal de démontrer.
III.2.3 La transposition comme technique de traduction
politique au service du traducteur
Tel que définie par Vinay et Darbelnet, la
transposition est un procédé qui consiste à remplacer une
partie du discours par une autre sans changer le sens. Cette définition
est plus que suffisante pour montrer son utilité dans le cadre d'une
traduction politique. Notre illustration de choix qui est celui du
chassé-croisé, nous indique clairement ce changement. La phrase
en anglais « was soon swept away by... » A
été rendu en français
par «... balayée par une impression de vide et de
désolation ». En se basant sur notre analyse
préalablement faite, on se rend compte que le traducteur utilise la
latitude qu'offre cette technique pour rendre possible le mouvement du moyen
vers le résultat et le résultat vers le moyen, qui a eu lieu au
cours de la traduction. Cette latitude qu'a le traducteur de changer l'ordre
d'occurrence des choses et d'interchanger l'ordre des causes et des effets dans
cette restitution est très porteuse. Elle parle d'avantage à son
destinataire selon que ça arrange le traducteur. Ceci démontre
encore que le traducteur peut manipuler la restitution du message à sa
guise, mais doit respecter l'intention de l'auteur source. L'intention ici est
donc de tromper la vigilance du lecteur francophone sur l'ordre de
déroulement des faits politiques de cette époque et
empêcher d'éventuels questionnements qui peuvent susciter de la
haine entre les deux groupes.
III.2.4 L'étoffement technique de traduction
politique au service de du pacifisme
C'est une technique qui consiste à renforcer un mot qui
ne suffit pas à lui-même et qui a besoin d'être
épaulé. En d'autres termes il s'agit d'ajouter un mot à un
autre pour lui donner le sens ou l'impact qu'on veut. Ainsi comme on l'a vu
dans notre exemple en anglais « Premier
Foncha » qui a été rendu par « premier
ministre Foncha ». L'adjonction du
mot « ministre » a pour but de renforcer la
signification. Celui qui traduit veut faire croire au lecteur par ce mot,
faire preuve d'intégration nationale en laissant croire que cet homme
(Foncha), est aussi admis et reconnu par le francophone. Il y a une sorte de
flatterie qui rime avec tricherie mais le but est toujours une fin de pacifisme
entre les deux groupes linguistiquement différents au Cameroun. L'on
perçoit ici aussi une volonté de démentir l'existence
d'une marginalisation quelconque des anglophones, qui serait la
« cause » immédiate du « problème
anglophone » parce que l'on ne peut pas marginaliser celui qu'on
considère.
III.2.5 Application de l'Emprunt comme outil de flatterie
Etant un procédé qui sert à
préserver la couleur locale et à créer un effet de style,
il est aussi porteur d'un message caché comme c'est le cas dans notre
illustration. Il s'agissait de « chief Endeley » a
été rendu par « chief Endeley » où on
remarque un emprunt du mot « chief » pour non seulement
préserver la coloration qu'elle apporte au nom auquel qu'il est
attaché mais aussi pour dire montrer que peu importe qu'il soit en
anglais ou en français il n'y a pas de différence. Aussi il y a
comme une volonté pour le traducteur de préserver le respect
local qui se cache derrière le mot «chief» dans la
culture anglophone du Cameroun et montrer qu'il reconnait l'importance de ce
titre. Ici il y a aussi ici le souci de préserver d'unité
nationale en permettant au francophone de lire « chief »
comme tel et se sentir aussi imprégné de la culture anglophone
que la sienne. Ceci est aussi un phénomène sociolinguistique,
puisqu'il s'agit de langue en rapport avec les cultures et les
sociétés différentes.
III.2.6 Démonstration de solidarité à
travers « la compensation »
La compensation comme son nom l'indique, nous l'avons dit est
le procédé qui comme l'étoffement sert à combler
les vides. Sauf que c'est un procédé stylistique qui vise
à la fois à garder la tonalité de l'ensemble en
rétablissant la nuance qui n'a pas pu être rendu dans le texte
original. Dans l'objectif d'une traduction politique donc, elle peut servir
à soutenir ou à ajouter de manière indirecte un mot ou une
expression qui compense une lacune ou une qui apporte une information
supplémentaire souhaitée au cours de la traduction. Ce dernier
est le cas de notre illustration dans laquelle l'expression « my
brothers» a été traduite et compensé par
« chers frères » au lieu de
« frères » tout cour. Alors dans cette restitution
cette compensation sert à apaiser la situation qui est plutôt
triste. L'intention et le sens ont été préservés
tout en étant soutenu ou compensé par le
mot « cher » pour qu'il y ait plus d'impact sur
destinataire en guise de solidarité du traducteur. Ce qui se cache
derrière cette compensation est politique parce que le traducteur
préserve aussi l'idéologie politique qu'il protège en
feignant de comprendre la situation en cours et de se sentir
concerner.
Au terme de cette mise en relation des illustrations faites et
de la situation politico-historique du Cameroun, on réalise que la
traduction est effectivement au même titre que le texte source, un outil
de manipulation politique dans la mesure où, elle essaie de
réfuter le fait qu'il existe effectivement une distinction maligne entre
les anglophones et les francophones. Aussi, le traducteur qui est francophone
n'a pas pris parti au cours de sa traduction mais a des fois utilisé les
théories et techniques à sa disposition pour denier le fait.
L'auteur du texte source raconte la réalité de son point de vue,
non pas dans le but de diviser, mais au contraire, il veut que son lecteur
comprenne que si l'on s'attarde sur ce passé qui divise le Cameroun,
l'on va compromettre non seulement notre unité et intégration
nationales, mais aussi notre patriotisme et notre paix. A son tour, le
traducteur n'a pas présenté les parties qui exposent la relation
inégale qui existe entre anglophone et francophone. Il a choisi de
narrer l'histoire en prônant la paix et l'unité tout court, sans
accepter à aucun moment l'existence du problème anglophone. On
remarque donc que, tandis que l'auteur du texte source tente de jouer sur la
psychologie des anglophones en prétendant qu'il peut y avoir un Cameroun
uni, le traducteur lui s'applique juste sur la partie qui fait appel à
la paix et l'unité nationale en effaçant toutes les parties qui
montrent une dévalorisation quelconque de l'anglophone. Ainsi, l'on
n'aurait pas tort d'accepter sans crainte de contradiction, que notre
hypothèse s'est avérée être vraie. Tous les
éléments que nous avons relevés sont très porteur
de cette « désormais » réalité.
Le traducteur a compris l'intention du texte source et connait aussi le
destinataire de la traduction, donc il joint ces deux éléments
pour remplir les fonctions qui sont les siennes, c'est-à-dire de
communiquer les besoins de l'auteur tout en respectant les principes culturels
et sociologiques du destinataire. Effectivement, il y a eu utilisation de la
traduction comme outil de manipulation idéologique de la part du
traducteur qui devait épouser les intentions de l'auteur et savoir
comment les rendre en français pour le francophone.
CONCLUSION
Au terme de ce travail, on réalise que contrairement
à d'autres pays dans le monde, au Cameroun la traduction n'est pas juste
un besoin de restituer un message d'une langue à l'autre pour
communiquer. C'est surtout la capacité à comprendre la nature
délicate des rapports que les deux groupes linguistiques du Cameroun
entretiennent entre eux. On se souvient que les expériences
politico-historique de chacun des deux groupes sont différents,
d'où la nécessité de faire attention à la
sensibilité des mots utilisés vers l'un ou pour l'autre.
Alors, notre hypothèse selon laquelle la traduction est
à son tour un outil de manipulation politique, s'est
avérée vraie. Ceci quand on voit comment le traducteur du corpus
d'étude a utilisé les théories et techniques applicables
à l'approche pacifiante pour modifier, atténuer ou même
supprimer des dires qui pouvaient heurter le lecteur francophone. Etant
donné que le but de l'auteur du texte source était de promouvoir
la paix en militant pour le patriotisme, l'unité nationale et
l'intégration nationale, causer des rebellions n'aurait pas satisfait le
besoin de la traduction attendue.
Dans notre travail on a d'abord relevé les
éléments spécifiques à la traduction politique,
puis on les a illustrés et analysés. Ensuite, on s'est
chargé de démontrer que toutes les présentations faites au
préalable avait pour finalité une manipulation politique tendant
à préserver la paix et la stabilité du Cameroun.
L'on peut donc conclure sans crainte de contradiction que, la
politique et la traduction sont des alliés dans la manipulation citoyens
du Cameroun. En sachant qu'à chaque fois il faut comprendre ce que le
politicien prône et savoir l'épouser. Et savoir en plus qui est le
destinataire ciblé et comment lui parler.
REFERENCES
Bibliographie
Ø NIDA Eugène Albert, 1964.Towards a Science
of Translation, Brill archive.
Ø PERGNIER Maurice, 1984. « Les fondements
sociolinguistiques de la traduction », in Revue belge de la
philologie et d'histoire, Volume 2, Numéro 62-3, p. 331.
Ø TYMOCZKO Maria, « Translation and
political engagement: Activism, social change and the role of translation in
geopolitical shifts », The Translator, Volume 6,
Numéro 1, pp. 23-47.
Ø MBA M.A, 2004. Traduction commentée de
Cameroon political story:memories of an authentic eye witness,
Mémoire master Asti.
Ø NIKEDJOU Nime, 2010. Traductologie et journalisme
franco-iranien, Mémoire master université de
Téhéran.
Ø NAMASO MBILE Nerius, Juillet 2011. Cameroon
political story:memories of an authentic eye witness, African books
collection.
Webographie
Ø http://www.sras.org
Ø http://www.fr.wikipedia.org/wiki
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